Asie centrale ex-soviétique, Les enseignements de la géopolitique des populations

Recteur Gérard-François Dumont

Professeur à l’Université de Paris-Sorbonne

Trimestre 2010

L’AsiE centrale ex-soviÉTIQue se caractérise d’abord par un peuplement relativement faible, tant en considérant la totalité de ses territoires qu’à l’examen de chacun de ses cinq États, indépendants depuis 1991. Rien ne laisse penser à une évolution significative, dans la mesure où la croissance démographique naturelle se trouve en partie compensée par une forte émigration. Une autre grande caractéris­tique démographique de cette région tient à la diversité ethnique des populations.

Il en résulte des questions de géopolitique interne et externe. Les premières sont fondées sur la capacité à construire une stabilité interne en transcendant les diversités ethniques, à l’éventail plus large que les diversités religieuses, puisque les populations sont majoritairement de confession musulmane[1]. Les secondes s’inscri­vent dans les problématiques géopolitiques de ces pays. Ils ne peuvent que souhaiter profiter de leurs puissants voisins ou des puissances éloignées, intéressés par leurs ressources ou par leur positionnement géographique. Quant aux pays voisins, ils connaissent des questionnements comparables, et tout particulièrement la Russie dont nombre de ressortissants sont encore présents dans la région.

Un faible peuplement

Les cinq pays de l’Asie centrale ex-soviétique sont faiblement peuplés. Trois d’entre eux, soit le Turkménistan, qui s’étend du littoral de la Caspienne à l’Afgha­nistan, le Tadjikistan, limitrophe, au sud, de l’Afghanistan et, à l’est, de la Chine, et le Kirghizstan, contigu, sur son flanc oriental, de la Chine, comptent moins de 8 millions d’habitants[2]. Le plus peuplé, l’Ouzbékistan, a moins de 30 millions d’habitants, 28 millions environ, et le cinquième, le Kazakhstan, environ 16 mil­lions d’habitants. Les cinq pays totalisent 61 millions d’habitants, soit moins que les quatre grand voisins limitrophes. En effet, au nord, la Russie, frontalière du Kazakhstan, en compte 141 millions. À l’est, la Chine, frontalière du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, possède 1 331 millions d’habitants. Au sud-est, la population du Pakistan, séparé de l’Asie centrale ex-soviétique par l’Afgha­nistan, atteint 180 millions d’habitants. Au sud-ouest, l’Iran, pays frontalier du Turkménistan, compte 73 millions d’habitants. À l’est, au-delà du Sud-Caucase, la Turquie[3] compte plus de 75 millions d’habitants. Enfin, seul l’Afghanistan, au sud, peut paraître moins peuplé avec 28 millions d’habitants, mais sa population est en fait du même ordre de grandeur que son voisin septentrional, le pays le plus peuplé de l’Asie centrale ex-soviétique, l’Ouzbékistan.

Ce faible peuplement apparaît encore plus nettement après examen de la super­ficie des pays, dont les données respectives tiennent aux frontières postsoviétiques qui ont repris le tracé des limites antérieures, malgré les choix discutables effectués par le pouvoir soviétique[4]. L’immense Kazakhstan est plus de cinq fois plus vaste que la France métropolitaine, d’où une très faible densité de population : moins de 6 habitants au km2. Ce faible peuplement moyen présente une répartition très inégale, qui s’explique notamment par les « disponibilités en eau et les formes de mise en valeur de l’espace. L’aride cuvette aralo-caspienne, les steppes kazakhes et les montagnes (Tian-Chan, Pamir), espaces du pastoralisme, sont très peu peuplées. Les fertiles oasis de piémont et les deltas de l’Amou Daria ou du Mourgab, anciens foyers de peuplement, accueillent la majorité de la population et forment un liseré de régions densément peuplées. Ainsi, dans la dépression du Ferghana, peuplée de plus de 10 millions d’habitants, la densité dépasse 400 habitants/km2 6 ».
L’Ouzbékistan et le Turkménistan ont chacun une superficie égale aux quatre cinquièmes de la France, ce qui conduit à deux densités fort différentes, mais tou­tefois faibles : avec 62 habitants au km2, l’Ouzbékistan a une densité deux fois moins élevée que la France, et le Turkménistan a seulement 11 habitants au km2. Les deux pays à la plus faible superficie peuvent se comparer, selon ce critère, pour le Kirghizstan, à la Biélorussie, et pour le Tadjikistan, à la Grèce, mais avec des den­sités beaucoup plus faibles, soit respectivement 26 et 10 habitants au km2.

Ce faible peuplement s’explique en partie par les conditions physiques. Hautes montagnes[5] et déserts occupant une partie significative du territoire, seule l’autre partie offre des terres arables. Ensuite, le caractère souvent compartimenté de ces pays complique les échanges. Les modes de vie forment une deuxième explication au faible peuplement : nombre de populations de cette région centre-asiatique pra­tiquaient traditionnellement le nomadisme, qui ne conduit jamais à un peuplement important.

Une troisième raison du faible peuplement tient à l’héritage du système sovié­tique. De l’instauration du pouvoir bolchevique résultent nombre de transforma­tions des structures économiques et sociales, modifiant notamment les pratiques pastorales. Par exemple, au début des années 1930, la population kazakhe souffre particulièrement au cours de la collectivisation et de son corollaire nécessaire pour assurer un contrôle efficace de la population, la disparition du nomadisme. Cet épisode dramatique entraîne la mort d’environ 2 millions de Kazakhs[6] et une di­minution de la population sans précédent. En effet, la population du Kazakhstan est passée de 5,873 millions en 1930 à 2,493 millions en 1933. Cela tient au refus de nombreux éleveurs de se fixer dans les kolkhozes, comme à l’abattage massif du cheptel afin d’éviter son incorporation dans les structures soviétiques. Une grande partie de la population kazakhe est donc morte de faim. D’autres Kazakhs émigrent vers la Chine, la Mongolie et, dans une moindre mesure, vers l’Afghanistan, l’Iran et la Turquie, pour échapper aux politiques staliniennes.

La quatrième cause du sous-peuplement de l’Asie centrale ex-soviétique est plus récente : il s’agit de la forte émigration enregistrée durant la décennie ayant suivi la fin de l’URSS. Par exemple, de 1993 à 1998, 1,5 million d’habitants quittent le Kazakhstan, dont 880 000 Russes et 397 000 Allemands.

Toutefois, dans ce contexte de faible peuplement, deux États ont une impor­tance particulière : l’Ouzbékistan, avec ses 28 millions d’habitants, et l’immense Kazakhstan (2 700 000 km2), très riche en hydrocarbures et minéraux, même s’il ne compte que 16 millions d’habitants.

Un mouvement migratoire inverse du mouvement naturel

Ce faible peuplement est-il pérenne ou faut-il envisager une croissance démo­graphique susceptible de hisser ces pays à des niveaux plus significatifs, comme cela a été constaté, sous l’effet de la transition démographique[7], dans d’autres pays[8] ? En considérant le mouvement naturel, une réponse partiellement positive à cette question pourrait être avancée. En effet, les cinq pays comptent une fécondité supé­rieure au seuil de remplacement des générations. Associée à une pyramide des âges assez jeune, elle conduit à un taux d’accroissement naturel nettement positif, grosso modo proportionnel à la fécondité de chaque pays.

La croissance démographique naturelle la plus élevée s’observe donc au Tadjikistan, dont la fécondité des années 2008-2009 est estimée à 3,4 enfants par femme. Bien que ce pays ait aussi le taux de mortalité infantile le plus élevé des cinq États de l’Asie centrale ex-soviétique, son taux de croissance naturelle est donc le plus fort, dépassant par an 2 %. Toutefois, sa fécondité baisse, conformément à la logique de la transition démographique, puisqu’elle était de 6 enfants par femme dans les années 1950.

Les projections de population de l’ONU annoncent une progression démo­graphique modeste des pays de l’Asie centrale ex-soviétique, donc des densités qui devraient demeurer faibles à l’horizon 2050. Ces projections démographiques in­diquent des croissances modestes pour une autre raison que la baisse de la fécon­dité : elles tablent sur la poursuite d’un solde migratoire négatif, constaté depuis les années 1980, et qui semble effectivement se poursuivre, sauf au Kazakhstan où il a cessé d’être négatif en raison de son besoin de main-d’œuvre pour exploiter ses considérables richesses. Autrement dit, la croissance démographique des cinq pays s’est trouvée ou se trouve ralentie par l’émigration. Après les indépendances, le solde migratoire négatif, dans les cinq pays, s’est surtout expliqué par le départ de Russes ou d’Allemands, si intense au Kazakhstan qu’il y a même entraîné un dépeuplement. Il se poursuit dans quatre d’entre eux, désormais surtout en raison de l’émigration économique, notamment vers une Russie qui manque de main-d’œuvre[9], et du départ d’ethnies non asiatiques. L’Asie centrale ex-soviétique peut aussi connaître en son sein des migrations des ethnies asiatiques sous l’effet des ten­sions existantes, comme cela s’est constaté par exemple au Kirghizstan au printemps 2010. Car chaque pays de l’Asie centrale ex-soviétique se compose d’une mosaïque de peuples, qui comprend des dizaines de nationalités[10].

La typologie ethnique des pays

En effet, l’Asie centrale ex-soviétique comprend deux types de populations. Les ethnies centre-asiatiques sont turciques (Ouzbeks, Kazakhs, Kirghizes, Turkmènes, Karakalpaks, Ouïgours) ou iraniennes (Tadjiks, Pamiri). L’autre type est formé des populations plus récemment installées dans la région, slaves, allemandes, coréennes, caucasiennes, ou, plus précisément, de celles de ces populations qui n’ont pas par­ticipé aux flux intenses d’émigration des années 1990 signalés ci-dessus. Ces der­nières populations sont surtout présentes au Kazakhstan et dans les grandes villes des autres républiques.

À l’analyse du kaléidoscope ethnique centre-asiatique, les cinq pays se répartis­sent en trois catégories. D’abord, deux pays, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, se caractérisent par la présence d’une ethnie largement majoritaire puisque regrou­pant plus des sept dixièmes de la population. Au Turkménistan, le pourcentage des Turkmènes est estimé à 77 % de la population[11]. Les 23 % restants se partagent entre deux principales ethnies, les Russes et les Ouzbeks, et de nombreuses autres, notamment des Kazakhs et des Ouighours.
En Ouzbékistan, pays turcophone, les estimations indiquent 71 % d’Ouzbeks. La deuxième ethnie serait formée par les Russes (6 % de la population totale), précédant les Tadjiks et les Kazakhs. La minorité tadjike est historiquement im­plantée dans les vieilles cités-oasis de Boukhara, Samarkand, Khiva… L’Ouzbékistan compte aussi de nombreuses autres minorités, comme les Tatars, les Karakalpaks et les Ouighours.

La deuxième catégorie comprend deux pays, le Kirghizstan et le Tadjikistan, où une ethnie principale est majoritaire, mais forme moins des deux tiers de la population. Au Kirghizstan, l’ethnie kirghize représente 65 % de la population du pays. Ce dernier compte ensuite une forte minorité d’Ouzbeks (environ 14 %) puis un pourcentage significatif de Russes (12 %). Toutefois, le pourcentage des Russes est en diminution, pour trois raisons que nous retrouvons, avec des intensités va­riables, selon les pays de l’Asie centrale ex-soviétique. D’abord, 40 % d’entre eux auraient quitté le Kirghizstan depuis 1990. Ensuite, leur fécondité est moindre que la moyenne du pays[12]. Enfin, il s’agit d’une population vieillie parce que les jeunes générations ont davantage émigré que les personnes âgées. Au total, la combinaison d’une faible fécondité avec une population vieillie engendre un dynamisme naturel si faible qu’il se traduit par une dépopulation[13] chez les Russes, ce qui concourt à affaiblir leur proportion.

Le Comité national de la statistique de la République du Kirghizstan men­tionne aussi, parmi les groupes ethniques, les Dounganes (1,1 %), les Ukrainiens (1 %), les Ouïgours (1 %), les Tatars, les Kazakhs, les Tadjiks, les Turcs, les Coréens et les Allemands. Comme dans toute l’ex-URSS, le nombre de ces derniers a nette­ment diminué depuis 1991, avec la possibilité pour eux de gagner l’Allemagne, où ils sont considérés comme des Aussiedler (rapatriés tardifs). Il s’agit de personnes de souche allemande qui, les frontières n’étant plus infranchissables, ont quitté l’ex-URSS, dont la Russie, pour aller résider en Allemagne, droit reconnu par ce pays en application de sa loi fondamentale (équivalent d’une Constitution) de 1949[14]. Il faut également citer une très importante émigration dans la population juive.

Quant au Tadjikistan, pays pluriethnique comptant près d’une quarantaine de peuples aux origines très variées, son ethnie majoritaire est effectivement celle des Tadjiks (62 %), peuple d’origine iranienne, persanophone et de confession mu­sulmane sunnite (environ 80 %) ou chiite (environ 5 %). Avec l’Afghanistan, le Tadjikistan est le seul État de l’Asie centrale possédant une civilisation de type indo-iranien, contrairement aux quatre autres pays (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan et Turkménistan) de l’Asie centrale ex-soviétique, qui sont de tradi­tion turcophone. La deuxième ethnie du Tadjikistan est celle des Ouzbeks, très importante minorité (21 %). La plupart des Ouzbeks du Tadjikistan vivent dans la fertile vallée de Ferghana et dans tout le Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l’Ouzbékistan. Les Russes forment la troisième ethnie, mais elle est beaucoup moins importante (3 % de la population) et même la moins importante des cinq pays de l’Asie centrale ex-soviétique. Les Russes résident surtout dans la capitale, Douchanbe, ainsi que dans la deuxième ville, Khoudjend ou Khujand (autrefois Leninabad). Le Tadjikistan compte aussi des Kirghizes, des Tatars, des Pamiri (ou Pamirs) et des Persans.

Les autres minorités nationales du Tadjikistan sont peu nombreuses (0,3 % ou moins de la population) dans un ordre décroissant estimé ainsi : Turkmènes (0,3 %), Ukrainiens (0,2 %), Coréens (0,2 %), Kazakhs (0,2 %), Ossètes (0,1 %), Tatars de Crimée (0,1 %), Bachkirs (0,1 %), Arméniens (0,1 %), Mordves (0,1 %), Aïmaks, Boukhariques (Juifs), Biélorusses, Baloutches, Azéris, Juifs, Tchouvaches, Allemands, Lacks, Bulgares, Parya, Géorgiens, Arabes, Turcs, Polonais, Mari, Oudmourtes, Lituaniens, Sanglechi, Ouïgours et Roumains.

Enfin, troisième catégorie de variété ethnique, le Kazakhstan se présente diffé­remment des quatre pays précédents puisque les Kazakhs y sont minoritaires, même s’ils composent l’ethnie la plus nombreuse. Cela résulte d’abord du fait que l’ethnie russe kazakhstanaise y atteint la plus forte proportion des cinq de l’Asie centrale ex­soviétique, soit plus du tiers de la population. Toutefois, le Kazakhstan comprend également une forte diversité d’ethnies, même si, depuis les années 1990, certaines ont largement diminué sous l’effet de l’émigration : Ukrainiens, Allemands, Tatars, Ouïghours…

 

Une diversité ethnique accentuée par l’histoire russo-soviétique

Comment comprendre l’éventail considérable de cette diversité ethnique de l’Asie centrale ex-soviétique ? Pour ce qui concerne les populations asiatiques, le caractère pluriethnique des États qui composent l’Asie centrale ex-soviétique est une constante qui puise dans une longue l’histoire. S’ajoutent les déplacements de populations effectués durant le siècle où cette région est restée sous la forte emprise de Moscou. Pour expliquer ce qui conduit à une telle diversité ethnique, prenons le cas du Kazakhstan, pays où la proportion des Russes est la plus importante.

Dès la fin du xixe siècle, en particulier à partir de 1880, la colonisation impériale se traduit par une progression du peuplement russe, principalement dans le Nord (oblast d’Akmola, de Turgaï et de l’Oural). En 1892-1894, la construction du tron­çon occidental du Transsibérien vers Omsk accélère ce mouvement. Après 1906, date de la réforme de Stolypine transformant les structures agricoles et rurales, l’ar­rivée de Russes s’intensifie, Moscou incitant les migrations. L’importance de l’im­migration russe est mise en évidence par ces pourcentages : les Kazakhs, 81,8 % au recensement de 1897, tombent à 58,5 % de la population en 1914 tandis que les Russes montent à 29,6 %.

À partir des années 1930 jusqu’au début des années 1960, la politique de peu­plement du Kazakhstan entreprise par le pouvoir soviétique poursuit la pratique de l’empire russe, en ajoutant des déplacements forcés.

Parmi des vagues migratoires de nature très diversifiée, il faut distinguer les populations implantées de force par le pouvoir soviétique des populations arri­vées volontairement pour mettre en valeur les terres vierges ou participer au déve­loppement de l’outil industriel et minier. Les migrations volontaires sont surtout de nature économique, à l’exemple des mineurs jouissant d’un statut reconnu et avantageux. Pourtant, certaines ont un motif idéologique, comme, en 1933, les 1 500 communistes et 3 000 komsomols[15] venus travailler dans les mines de char­bon de Karaganda[16].

Aux migrations volontaires s’ajoutent des déplacements forcés de population organisés par le pouvoir stalinien, de deux types. Il s’agit, d’une part, de prisonniers transférés au Kazakhstan par l’administration pénitentiaire (gulag), les uns parce que jugés « contre-révolutionnaires », les autres considérés comme prisonniers de droit commun. Or, lors de leur éventuelle libération, d’anciens prisonniers restent vivre dans la région.

Deuxième type de déplacements forcés : les peuples déportés par le pouvoir sta­linien. De 1936 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, par ordre chronologique, des Allemands d’Ukraine, des Coréens arrachés à la région de Vladivostok par Staline, craignant l’influence japonaise, des Kurdes, des Arméniens, des Iraniens, des Grecs, des Polonais, des Allemands de la Volga, des Kalmouks, des Karatchs, des Tatars de Crimée et des Turcs meskhètes habitant dans le Caucase (que Staline craint trop proches de la Turquie puisqu’ils sont musulmans), des Tchétchènes et des Ingouches sont déplacés manu militari vers le Kazakhstan[17]. Au total, selon les chiffres du NKVD, en octobre 1946, la république abritait 890 698 personnes officiellement considérées comme déportées[18]. S’ajoutent au Kazakhstan, ainsi que dans les autres républiques d’Asie centrale ex-soviétique, des réfugiés des pays voisins : Doungaves (Chinois musulmans), Ouïghours et Kazakhs du Xinjiang, et Afghans.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’immigration au Kazakhstan comprend aussi des Slaves venant exploiter des « terres vierges » du Nord-Kazakhstan, des « re­constructeurs » de Tachkent après le tremblement de terre d’avril 1966, et des ou­vriers venant participer à l’industrialisation du pays. La population du Kazakhstan, plus intensément que celles des autres républiques de l’Asie centrale ex-soviétique, porte la marque du passé soviétique, tant par le cheminement douloureux du peuple kazakh que comme important réceptacle de populations déportées et terri­toire d’application des politiques soviétiques d’aménagement du territoire.

Aussi, sous l’effet de ces diverses vagues migratoires, au recensement de 1959, les Kazakhs sont non seulement devenus minoritaires, mais ne forment plus l’ethnie la plus nombreuse. Ils composent seulement 30 % de la population, contre 42 % de Russes ou 7 % d’Allemands. Il faut attendre le recensement de 1989 pour constater un renversement dans l’ordre des deux principales ethnies : 46 % de Kazakhs et 34,7 % de Russes. Ce renversement tient donc à l’émigration des Russes et à leur moindre fécondité. Il est ensuite conforté par une immigration de Kazakhs. En effet, dans les années 1990, le nouveau pouvoir kazakhstanais encourage fortement le retour des Kazakhs de l’étranger[19], en particulier ceux résidant en Mongolie et en Chine de l’Ouest, par des aides financières et des discours aux accents nationalistes. Comme l’écrit Julien Thorez : « Ces Kazakhs de l’étranger sont jugés comme ayant conservé des pratiques proches des représentations traditionnelles de l’âge d’or ka-zakh puisqu’ils ont échappé à la sédentarisation forcée et à la russification, ayant fui la politique soviétique[20]. »

Ainsi, l’Asie centrale ex-soviétique peut se résumer à trois traits démographiques principaux : un faible peuplement, une forte diversité ethnique et la présence encore significative des Russes, en dépit d’une importante émigration de ces derniers, sur­tout dans les années 1990. Chacun de ces traits a des conséquences géopolitiques.

Faiblepeuplement et géopolitique interne

Pour des États faiblement peuplés, se pose d’abord la question d’assurer leur souveraineté sur l’ensemble de leur territoire. Cela peut paraître aisé sur les pays les moins vastes de l’Asie centrale ex-soviétique, sauf que leur caractère géographique-ment compartimenté ne facilite guère le contrôle de l’ensemble du territoire, d’où parfois l’existence de milices locales organisées autour d’un « chef de guerre ».

Cela est évidemment difficile dans un vaste pays comme le Kazakhstan. Certes, sa superficie est un atout. Le territoire kazakhstanais s’étend d’ouest en est sur près de 2 800 kilomètres, depuis les côtes septentrionales de la Caspienne et les abords de la Volga à l’ouest, jusqu’aux frontières du Xinjiang chinois[21] et de la Mongolie. Dans le sens nord-sud, des frontières de la Russie jusqu’à celles de l’Ouzbékistan, le Kazakhstan couvre plus de 1 600 km, depuis les steppes herbeuses de la Sibérie occidentale jusqu’au désert du Kyzylkoum, au sud de la vallée du Syr Daria.

Or, le pouvoir kazakhstanais veut disposer de relais sur cet immense territoire, sachant en outre que certaines régions ont parfois quelques velléités d’autonomie, notamment en raison de leurs richesses en hydrocarbures. Enfin, les distances rendent difficile tout acheminement d’hommes, de marchandises et de matériels, d’autant que le réseau d’infrastructures routières secondaires s’est progressivement détérioré et que le réseau ferroviaire, bien qu’important, reste relativement lent.

Ce territoire, occupé en grande partie par des steppes et des grands lacs, repré­sente une richesse sur les plans agricole, minier et énergétique, mais il constitue aussi un espace difficile à maîtriser. Aussi le président du Kazakhstan a-t-il déplacé la capitale politique à Akmola-Astana, ville située à plus de 1 000 km au nord-ouest de la précédente capitale, Almaty, ex-Alma-Ata, pour montrer son opposition déterminée à toute éventuelle tentative de partition du pays entre un Nord russe et un Sud kazakh. Le transfert de la capitale d’Almaty à Astana, nouvelle capitale inaugurée officiellement le 10 décembre 1998 par le président Nazarbaiev, apparaît en partie motivé par la volonté de l’État kazakhstanais de rappeler ses prérogatives sur le Nord de la république et, pour cela, de renforcer la part de la population kazakhe dans la région septentrionale. Le choix d’Akmola, « tombe blanche » en kazakh, fortin de colons cosaques au xixe siècle, permet en outre au président de s’extraire des rivalités des différentes djouz (ou hordes) qui constituent la division traditionnelle du pays. Le transfert de la capitale à Akmola témoigne des difficultés de l’État kazakhstanais dans la gestion de cet immense territoire[22].

L’ethnicité, trait d’union ou de désunion ?

Quant aux caractéristiques ethniques des cinq pays de l’Asie centrale ex-sovié­tique, elles pourraient donner lieu à des liens transfrontaliers puisque les principales ethnies débordent les frontières, dont les découpages sont historiquement récents[23]. Par exemple, la plupart des Kirghizes, environ 93 %, vivent en Kirghizie, tandis que d’autres Kirghizes, minoritaires, habitent le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouz­békistan, ainsi que l’Afghanistan, la Chine et la Turquie. La répartition ethnique des pays de l’Asie centrale ex-soviétique peut en effet être jugée comme un atout pour trois raisons. D’abord, elle peut créer des liens entre eux et avec des pays tiers. Elle peut donc être un avantage d’une part pour conduire des actions « commu­nautaires », selon l’adjectif utilisé au sein de l’Union européenne[24], et d’autre part pour développer des échanges avec des pays tiers ayant des minorités appartenant aux mêmes ethnies.

En deuxième lieu, le caractère pluriethnique n’est pas a priori défavorable à la concorde sociale. D’ailleurs, historiquement, les relations entre les différents groupes ethniques ont été relativement harmonieuses. En troisième lieu, la Constitution de ces États consacre théoriquement le respect des minorités.

Mais ces éléments d’entente et de synergie apparaissent fréquemment compen­sés par des désunions. D’abord, le désir des États d’asseoir leur souveraineté ou celui d’acteurs politiques de conquérir, conserver ou reconquérir le pouvoir, en s’appuyant sur la principale ethnie, se sont souvent exercés au détriment des autres. En conséquence, les conflits internes à tel ou tel pays et exploitant les différences ethniques ont déclenché des exodes. Par exemple, en 1992 et 1993, des victimes de la guerre civile du Tadjikistan ont dû se réfugier dans le Sud du Kirghizistan. Les Russes ont massivement quitté le pays au moment de cette guerre civile de 1992. Au printemps 2010, des violences ont entraîné un exode d’Ouzbeks de la région d’Och, au Kirghizistan, vers l’Ouzbékistan, soit « au moins 400 000 réfugiés et dé­placés », selon les estimations de l’ONU. Un auteur considère alors que les Ouzbeks sont les « véritables boucs émissaires d’un conflit politique kirghizo-kirghize, ils sont pris en étau entre un gouvernement provisoire pris au dépourvu et un Ouzbékistan préoccupé avant tout par sa propre stabilité dans une vallée du Ferghana hautement sensible et encore traumatisée par la violente répression d’Andijan de mai 2005. Les violences ethniques révèlent la bestialité de l’homme, mais elles cachent aussi le cy­nisme avec lequel des leaders politiques n’hésitent pas à instrumentaliser les clivages de la société pour assouvir leur soif de pouvoir[25] ».

Hormis les situations de violence conflictuelle, il apparaît que, au Tadjikistan, les Tadjiks se méfient des Ouzbeks et ont tendance à les discriminer dans les em­plois de la fonction publique ainsi que dans les médias écrits. Au Tadjikistan, les Russes encore présents se disent victimes de discrimination de la part de la ma­jorité tadjike, ne serait-ce que parce que le russe n’est pas langue coofficielle. Au Kirghizstan, l’armée est essentiellement composée de Kirghizes, excluant donc les Ouzbeks.

Au Kazakhstan, les différences ethnoculturelles entre les Russes, à culture or­thodoxe fracturée par l’athéisme, et les Kazakhs, aux mœurs chamaniques mâtinées d’islam, signifient des risques de tension. Les Russes s’interrogent sur la politique générale de kazakhisation qui comprend notamment le développement de la langue kazakhe dans l’administration et les médias[26], sachant que la nationalité reste ins­crite sur les passeports. Par exemple, le départ de nombreux Russes d’Astana semble la conséquence de pratiques nationalistes.

Une troisième conséquence de la géographie de la population s’ajoute aux effets du faible peuplement et complète la question de la diversité ethnique.

La Russie inévitablement présente en Asie centrale

En effet, la Russie ne peut se désintéresser de l’Asie centrale pour deux rai­sons. D’une part, elle ne peut ignorer les réalités ethnico-démographiques de l’Asie centrale ex-soviétique. D’autre part, elle ne peut méconnaître sa propre évolution démographique.

En dépit de l’importance du mouvement des « pieds rouges », ces Russes des ex-républiques soviétiques revenus s’installer en Russie, la proportion des Russes dans la population des pays de l’Asie centrale ex-soviétique reste importante, tout particulièrement au Kazakhstan.

Autrement dit, le processus de dérussification mis en œuvre depuis les indépen­dances ne peut totalement effacer[27] le précédent processus de russification forte­ment déployé sous le régime soviétique, avec toutes ces vagues migratoires voulues ou imposées par Moscou. Lors du dernier recensement de l’ère soviétique, en 1989, la proportion de Russes indique en effet que la population du Kazakhstan est russe à 34,7 % (soit environ 6 millions de personnes), celle du Kirghizstan à 21,5 %, celle de l’Ouzbékistan à 8,3 %, celle du Tadjikistan à 7,6 % et celle du Turkménistan à 9,3 %. Depuis, des pourcentages se sont abaissés mais demeurent significatifs, comme indiqué ci-dessus.

Bien sûr, la mise en œuvre de la géopolitique russe en Asie centrale ex-soviétique est complexe car la Russie ne veut ni apparaître néocoloniale, ni risquer de s’em­bourber par des interventions trop directes. Mais elle ne peut rester neutre vis-à-vis de ses anciennes républiques. D’ailleurs, elle affiche la volonté d’exercer une impor­tante influence sur ses anciennes possessions, qu’elle désigne comme son « étranger proche ». Nous savons en outre, par exemple, que la Russie dispose – gratuitement – au Kirghizistan depuis 2003 d’une base militaire à Kant, près de Bichkek. Un des arguments officiellement avancés[28] par la Russie pour justifier une telle implanta­tion est la protection des russophones. D’ailleurs, au lendemain des affrontements de Maevka, le 19 avril 2010, le président Medvedev ordonna à son ministre de la Défense de protéger les Russes résidant en Asie centrale et leurs propriétés. En outre, la présence de Russes justifie que la Russie s’intéresse à des pays à partir desquels il est plus aisé de surveiller la Chine, puissance inévitablement rivale et très présente.

La Russie se trouve aussi impliquée en Asie centrale ex-soviétique du fait de sa décroissance démographique et, tout particulièrement, de la baisse de sa popula­tion active[29]. Or, l’économie russe a besoin de main-d’œuvre pour son économie, besoin en partie satisfait par des immigrés des pays de l’Asie centrale ex-soviétique. Par exemple, environ 1 million de Kirghizes travailleraient en Russie. La Russie ne peut donc agir comme si ne vivaient pas sur son sol des diasporas des pays de l’Asie centrale ex-soviétique. Elle doit aussi éviter que des conflits externes[30] ou internes aux pays de l’Asie centrale ex-soviétique soient transmis au sein de leurs diasporas vivant en Russie.

En Asie centrale ex-soviétique, comme dans toutes les régions du monde, la connaissance de la géographie de la population est indispensable pour décrypter les caractéristiques géopolitiques des pays[31]. Dans cette région centre-asiatique, doivent d’abord être soulignées les difficultés de géopolitique interne dues au faible peuplement. S’y ajoute la complexité des équilibres politiques à trouver, compte tenu des diversités ethniques, parfois utilisées comme bouc émissaire dans les conflits de pouvoir. Enfin, comment imaginer être totalement indépendant de Moscou alors que, malgré la forte émigration de Russes des années 1990, ces derniers demeurent des minorités significatives dans les pays de l’Asie centrale ex-soviétique ? Le système soviétique a sans doute disparu, mais il n’a pas fini d’engendrer des conséquences géopolitiques.

 

Éléments bibliographiques

Vincent FOURNIAU, Histoire de l’Asie centrale, PUF, « Que sais-je ? », 1992.

Gérard-François DUMONT, Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations, Ellipses, 2007.

Catherine POUJOL, Dictionnaire de l’Asie centrale, Ellipses, 2001.

Catherine POUJOL (dir.), Asie centrale : aux confins des empires, réveil et tumulte, Autrement, série « Monde », HS, n° 64, octobre 1992.

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Julien THOREZ, « Les populations de l’Asie centrale postsoviétique », Population & Avenir, n° 664, septembre-octobre 2003, www.population-demographie.org.

[1]Une confession néanmoins marquée par la diversité puisque majoritairement sunnite dans une région qui compte aussi des chiites et des ismaéliens.

[2]« La population des continents et des États », Population & Avenir, n° 695, novembre-décembre 2009, www.population-demographie.org.

[3]Concernant ce pays, nous n’avons pas la place ici d’étudier les questions de la turcophonie, du panturquisme ou du pantourinisme. Renvoyons notamment à « Les territoires des nations turques », Les Cafés géographiques, n° 1840, 26 janvier 2010.

[4]Daniel BALLAND, « Diviser l’indivisible : les frontières introuvables des États centrasiatiques », Hérodote, n° 84, 1997, p. 77-123.

[5]Par exemple, 90 % de la surface du Kirghizistan se trouvent au-dessus de 1 500 m.

[6]N. V. ALEKSEENKO, A. N. ALEKSEENKO, Naselenie Kazahstana za 100 let (1897­1997), Ust-Kamenogorsk, 1999, p. 115, cité par Julien THOREZ.

[7]Gérard-François DUMONT, Les Populations du monde, Armand Colin, deuxième

édition, 2004.

[8]Citons un seul exemple : la multiplication par quatre de la population de l’Angleterre, en dépit d’importantes vagues d’émigration, notamment vers l’Amérique.

[9]Gérard-François DUMONT, « La Russie : un peuplement faible, inégal et diversifié », « La Russie : des évolutions démographiques inédites », dans Gabriel WACKERMANN (dir.), La Russie, Ellipses, 2007.

[10]Le terme de « nationalité » correspond à l’appartenance ethnique, dont le critère culturel est la langue. Il se distingue de la notion de citoyenneté, définie en termes purement politiques.

[11]Il s’agit des pourcentages établis d’après différentes sources nationales et internationales qui, parfois, ne concordent pas, même lorsqu’elles proviennent du gouvernement.

[12]Par exemple, entre 1991 et 2001, l’indice synthétique de fécondité du Kirghizistan passe de 3,58 enfants par femme à 2,38 ; puis la fécondité remonte à 2,75 enfants par femme. Les fécondités les plus élevées se constatent dans les ethnies asiatiques ; la fécondité des Européens (les Russes, essentiellement) est depuis longtemps en dessous du seuil de simple remplacement des générations. Cf. Victor AGADJANIAN, Lesia NEDOLUZHKO, « Marriage, childbearing, and migration in Kyrgyzstan: Exploring interdependences », Démographie Research, volume 22, article 7, 2 février 2010, p. 159-188.

[13]La dépopulation provient d’un solde naturel négatif, le dépeuplement d’une diminution de la population totale, donc d’un accroissement négatif résultant de l’addition du solde naturel et du solde migratoire. Cf. Gabriel WACKERMANN (dir.), Dictionnaire de géographie,

Ellipses, 2005.

[14]Gérard-François DUMONT, Les Migrations internationales. Les nouvelles logiques migratoires, Sedes, 1995.

[15]Jeunes appartenant à l’Union des jeunesses léninistes communistes.

[16]Ville située à 187 km au sud-est d’Astana.

[17]N. V. ALEKSEENKO, A. N. ALEKSEENKO, op. cit., p. 64-66.

[18]Deportirovannye Narody v Kazahstan ; vremja i sud’by, Almaty, 1998, p. 370.

[19]Les Kazakhs arrivant de l’étranger lointain sont appelés en kazakh mais aussi en russe les Oralman, ce qui signifie en kazakh « ceux qui reviennent ».

[20]Op. cit.

[21]Le Kazakhstan compte 6 023 km de frontières communes avec la Russie et 1 500 km avec la Chine.

[22]Sénat, Rapport d’information 412, 1997-1998.

[23]Par exemple, le Tadjikistan, seulement apparu sur les cartes en 1924 comme république autonome incluse dans l’Ouzbékistan, puis république socialiste soviétique en 1929. Quant au Kazakhstan, État indépendant depuis décembre 1991, son territoire est une création du pouvoir bolchevique, même si ses frontières reprennent partiellement les limites des territoires impériaux. Le Kazakhstan ne devient une république socialiste soviétique qu’en décembre 1936.

[24]Gérard-François DUMONT, Pierre VERLUISE, Géopolitique de l’Europe, Sedes, 2009.

[25]Olivier FERRANDO, « Violences au Kirghizstan : l’ethnicité a bon dos ! » Le Monde, 18 juin 2010.

[26]H. CASTELLI, Puissance et impuissance du Kazakhstan postcolonial, fondements et héritage de la domination russe, thèse de doctorat, INALCO, 2000, p. 275-294.

[27]C’est également le cas dans les pays baltes. Cf. Gérard-François DUMONT, « L’héritage russe dans les pays baltes », dans Gabriel WACKERMANN (dir.), La Russie, Ellipses, 2007 ; et Gérard-François DUMONT, « Plaidoyer pour une géopolitique de terrain : le cas de la géopolitique de la Russie vue de ses périphéries », Géostratégiques, n° 24, 2009.

[28]Qui ne doit pas masquer d’autres facteurs géopolitiques. Cf. Patrice Gourdin, « La crise au Kirghizistan : analyse des différentes dimensions spatiales », Diploweb.com, 18 juin 2010.

[29]Gérard-François DUMONT, « la Russie en forte dépopulation », Population & Avenir, n° 684, septembre-octobre 2007, www.population-demographie.org.

[30]Par exemple, l’Ouzbékistan revendique certains territoires de la vallée de Ferghana situés au Kirghizistan.

[31]Gérard-François DUMONT, Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations, Paris, 2007.

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