Avoir affaire au léviathan : la politique américaine au Moyen-Orient et l’Iran

Professeur Nader ENTESSAR

Décembre 2005
« Avec une lourde dose de terreur et de violence, et beaucoup d’argent pour des projets, je pense que nous pouvons convaincre ces gens (les Irakiens) que nous sommes ici pour les aider »1

« Ceci [l’invasion de l’Irak] n’est que le début… je n’excluerais pas le même scénario survenu en Irak, pour l’Iran et la Corée du Nord »2

« La notion que les Etats-Unis s’apprêtent à attaquer l’Iran est tout sim­plement ridicule. Et ayant affirmé cela, toutes les options sont ouvertes »3

« Il s’agit d’une grande erreur pour nous [les Etats-Unis] d’acorder quelque validité que ce soit au droit international même lorsque cela semble­rait dans notre intérêt à court terme de ce faire – parce que, à la longue, le but de ceux qui pensent que le droit international veut vraiment dire quelque chose, sont ceux qui veulent limiter les Etats-Unis »4

« Les Etats-Unis promettent qu’il est et restera que la politique des Etats-Unis, de ne pas intervenir directement ou indirectement, politiquement ou militairement, dans les affaires internes de l’Iran »5

Dans les séquelles des attaques terroristes du 11 septembre 2001 et de l’invasion des Etats-Unis contre l’Irak, une nouvelle « grande straté­gie » émerge pour guider la politique étrangère américaine dans le vingt et unième siècle.

Cette stratégie a été largement le produit d’un groupe de faucons néoconservateurs d’influence, ou, dans les paroles de James Mann, les « volcans » à l’intérieur et à l’extérieur de l’administration Bush.6 Avec leur insistance pour faire changer le régime. Les néoconservateurs ont esquis­sé des plans grandioses afin de tracer leur carte géostratégique du Moyen-Orient en vue d’établir l’hégémonie de Washington à long terme dans la région.

Tout comme l’a déjà noté Sherle Schwenninger, l’administration Bush a remplacé l’Europe et l’Asie de l’Est par le Moyen-Orient, en tant que « pivot de la géopolitique, la zone dans laquelle la forme de l’ordre mondial sera forgée. La Réforme du Moyen-Orient, surtout en apportant la démocratie aux nations arabes et islamiques de la région, donc, doit être la mission prioritaire américaine, puisque ce n’est qu’en remodelant ces sociétés que les Etats-Unis pourront se sentir en sécurité. »7 Ceci, de bien des manières, reflète un changement conséquent entre les priorités en politique étrangère d’avant le 11 septembre de George Bush et la pré­ference confessée de celui-ci pour l’approche « réaliste » traditionnelle dans les prises de décision en matière de politique étrangère. Quoique des néoconservateurs tels le Vice Président Dick Cheney et le Secrétaire de la défense Donald Rumsfeld étaient connus pour leur plaidoyer en faveur de politique étrangère musclée et la primauté de l’unilatéralisme, l’Administration Bush est restée prudente à propos d’impulsions interven­tionnistes, et les Etats-Unis devait « minimiser ses prétentions d’ingénieur social international. »8

La « Realpolitik » a vite cédé à une nouvelle grande stratégie dont les fondements, tout comme l’a observé John Lewis Gaddis, reposent dans la tradition américaine du dix-neuvième siècle d’hégémonie et d’uni-latéralisme.9 Mais à la différence de sa manifestation du dix-neuvième siècle, la grande stratégie américaine d’interventionisme du vingt et uniè­me siècle se destine à être globale en portée. L’expression « néoconserva­tisme » a été exploitée pour la première fois par feu Michael Harrington afin d’indiquer une philosophie évoluée par des démocrates libéraux tels Hubert Humphrey, Daniel Patrick Moynihan et Henry « Scoop » Jackson. Beaucoup de ces néoconservateurs anticommunistes se traitaient de « paléolibéraux » en vue de se distinguer des conservateurs généralement

sociopolitiques et économiques. Après la chute de l’Union soviétique et la dérive droitiste du Parti démocrate, beaucoup des paléolibéraux se sont ralliés au Conseil du Directoire Démocrate « centriste » émergeant. Tout comme Michael Lind, lui-même un ancien néoconservateur notoire, l’a noté avec justesse, les néoconservateurs d’aujourd’hui sont « les restes désséchés de la coalition néocoservatrice considérable originale. »10 Plusieurs des néoconservateurs dans l’administration de Bush jouissent du Weltanschauung straussien. C’est à dire, ils ont été soit directement for­més par feu Léo Strauss qui enseignait la philosophie politique à l’Université de Chicago, ou sont devenus ses admirateurs par la suite. Les intérêts de Strauss étaient variés, mais ses disciples américains dans l’Administration de Bush méprisent la démocratie libérale, le droit inter­national et les projets multilatéraux en matières de paix et de guerre. Selon Gerhard Sprol, Strauss méprisait l’Illumination (Enlightenment) et estimait que le libéralisme démocrate était inuitivement dangereux.11 Quelle est la connection entre la philosophie politique straussienne et le fait que l’administration Bush a vendu la guerre d’Irak et d’autres guerres contre les restes des membres visés de « l’axe de Mal » ? Selon Shadia Drury, une critique académique de pointe de la philosophie straussienne, Léo Strauss fut un grand croyant en l’efficacité et en l’utilité de la décep­tion en affaires politiques. Le soutien pubic pour la guerre d’Irak se fon­dait sur la désinformation que l’Irak présentait une menace imminente contre les Etats-Unis – les histoires d’armes de destruction massive et d’al­liance fantaisistes entre al-Qaida et le régime irakien sont une invention.12

Dans le cadre de la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen Orient, les néoconservateurs se sont mis à dessiner un nouvel itinéraire pour la politique régionale de l’Amérique dans les séquelles immédiates de la première guerre du Golfe et la révolte chiite a échouée contre le régime de Saddam Hussein. En 1992, Paul Wolfowitz, Secrétaire adjoint à la défense en formulation de politique, et le Secrétaire adjoint à la défense pendant le premier terme présidentiel de George W. Bush et par­tisan de pointe de la guerre en Irak, a pris la tête dans l’élaboration d’une série de règles de conduite militaire appelée « Conseils pour la planifica­tion de la défense », que le Pentagone publie à quelques années d’inter­valle. Le dessein Wolfowitz débattait en faveur d’une stratégie militaire et politique révolutionnaire dans l’ère post-Guerre Froide, en rejetant l’utili­té de « contenir » comme n’étant qu’une relique de la Guerre Froide. Le plus important, le rapport exigeait l’adoption d’une nouvelle stratégie préemptive d’une part pour remplacer celle de contenir, d’autre part per­mettant d’agir seul lorsque l’action militaire devient nécessaire.

Ainsi, Wolfowitz défia la primauté des deux politiques aussi bien, contenir que le multilatéralisme. De par les implications, le fait d’adhérer aux principes de loi et aux normes internationales a aussi été placé sous attaque par les personnalités néoconnes émergeantes.

Dans cette optique, John Bolton, l’ancien Sous Secrétaire d’Etat pour le Contrôle des Armes et pour la Sécurité Internationale tout en étant un néoconservateur d’influence, a affirmé : « Il s’agit d’une grande erreur pour nous d’acorder quelque validité que ce soit au droit international même lorsque cela semblerait dans notre intérêt à court terme de ce faire – parce que, à la longue, le but de ceux qui pensent que le droit interna­tional veut vraiment dire quelque chose, sont ceux qui veulent limiter les Etats-Unis. »13 Lorsque le brouillon du commentaire politique de Wolfowitz a été découvert par la presse, la Maison Blanche a ordonné au Secrétaire à la défense Dick Cheney de minimiser l’importance de ce document. L’arrivée à la présidence de Bill Clinton, ledit brouillon a été classé en même temps que les néoconservateurs qui se sont trouvés pri­vés de pouvoir et incorporés dans de diverses cellules de réflexion à Washington.

Le 26 janvier 1998, ces faucons néoconservateurs, sous les auspices d’un Projet visant un Nouveau Siècle Américain, ont envoyé une « lettre ouverte » au Président Clinton en débattant en faveur d’un leadership global américain beaucoup plus fort exercé par voie de « puissance mili­taire et clarté morale ».14 Dans leur lettre, le groupe a revendiqué une remise en cause et à jour de la stratégie militaire américaine au Moyen Orient, surtout par rapport à l’Irak qui, à ce moment-là se basait sur la politique d’endiguement et de sanctions punitives. Les rédacteurs de la lettre ont écrit : « La seule stratégie acceptable est celle qui élimine la pos­sibilité que l’Irak pourra utiliser ou menacer d’utiliser des armes de des­truction massive. Dans le proche avenir, ceci veut dire que la volonté d’en­treprendre une action militaire à titre diplomatique est clairement en train d’échouer. Au long terme, cela implique l’éloignement du pouvoir de Saddam Hussein et de son régime. Cela devra nécessairement devenir sujet perspectif de la politique étrangère américaine [au Moyen Orient]. »15 Les signataires de la lettre incluaient Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Perle, William Kristol (l’éditeur du magazine néocon­servateur influent « Weekly Standard », et plusieurs autres membres de l’administration Bush, dont l’ancien Secrétaire adjoint d’Etat Richard Armitage et l’ancien Sous Secrétaire pour le Contrôle des Armes, John Bolton. Après les attaques terroristes du 11 septembre, les néoconserva­teurs dans l’administration Bush ont découvert un président qui était attentif à leurs prescriptions politiques, et ils ont cherché à exploiter « la guerre contre le terrorisme », comme prétexte pour amplifier leurs pro­grammations. Le 13 septembre 2001, Paul Wolfowitz a déterminé l’am­biance en faisant le lien entre les terroristes du 11 septembre et l’Irak. Dans son « briefing » au Pentagone, Wolfowitz a affirmé : « Je pense que l’on doit dire ce n’est pas simplement une affaire de capturer des gens et de les tenir comme responsables,… mais on a besoin de mettre fin aux Etats qui sponsorisent le terrorisme. »16 Et dans son discours du 20 sep­tembre 2001 à la séance conjointe du Congrès, le Président Bush a infor­mé dans un ton manichéen le monde : « Soit vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes. », ainsi signalant l’ascendant définitif des néocons dans son administration. Dans la même optique, dans son adres­se de janvier 2002 sur l’Etat de l’Union, Bush a incorporé l’expression « axe du Mal » exploitée par les néocons, pour se référer non seulement à l’Irak mais aussi à l’Iran et au Corée du Nord – des pays ayant des sys­tèmes sociopolitiques et des histoires culturelles bien différents. Ceci a réflété clairement le penchant messianique des néocons pour voir le monde en termes noir-sur-blanc bien distincts.17

A qui le tour ?

Les stratèges néoconservateurs ont depuis longtemps considéré une guerre contre l’Irak comme étant le prélude à une intervention plus consé­quente en Iran. Tout comme l’a affirmé Michael Ledeen, fonctionnaire de la sécurité nationale américaine et stratège principal du mouvement néo­conservateurs : « Je pense que nous allons être obligés de créer une guer­re régionale [au Moyen Orient], que nous le veuillions ou non,.. Cela pourrait se métamorphoser en guerre pour refaire le monde. »18 Selon Richard Perle, ancien membre de la Commission très influente de conseils de défense du Pentagone, un changement de régime en Irak aurait un effet domino sur le restant de la région et porterait un message clair en Iran, en Syrie et dans de divers autres Etats de la région. Selon Perle : « Nous pourrions livrer un court message, un message en un mot : « C’est à vous le tour »19 En plus, un cercle de journalistes néoconservateurs a maintenu en vie dans leurs articles réguliers le battement de tambour pour rythmer le changement de régime en Iran.20 Lors d’un entretien récent avec l’Agence d’actualités Fars News d’Iran, Elie Krakowski, conseiller au Pentagone et associé cadre du Conseil en politique étrangè­re américaine néoconservateur, a confirmé que l’Iran pourrait bien être la prochaine cible de « la guerre contre le terrorisme » livrée par Washington et le foyer de ses politiques de « changement de régime ».21

L’administration Bush et les néoconservateurs savent bien que l’Iran est le pays stratégique le plus important de la région, et la clé à leurs des­seins à long terme au Moyen Orient. Ils sont également conscients de la nature complexe de la société iranienne et de la constellation de forces à l’horizon de la vie politique iranienne. Donc un assaut contre l’Iran n’im­plique pas nécessairement une intervention militaire américaine directe. Plusieurs fonctionnaires de haut niveau dans l’administration Bush, y inclus le Secrétaire de la défense Donald Rumsfeld, l’ancien secrétaire d’état Colin Powell, et l’actuelle secrétaire d’état Condoleeza Rice, ont à maintes reprises minimisé la probabilité d’un assaut militaire américain direct sur l’Iran. Nénamoins on ne devrait pas oublier la poqssibilité d’un tel assaut, au moins en forme limitée, dans le futur. Quelques pontifes néoconservateurs ont suggéré une intensification progressive de la confrontation avec l’Iran. Dans cette optique, l’opposition iranienne exi­lée peut être enrôlée dans « la guerre contre le terrorisme » en vue de déstabiliser la République islamique et de galvaniser les forces d’opposi­tion en Iran, afin de renverser le gouvernement.

Mais tout comme l’a observé Reuel Marc Grecht, ancien officier CIA et stratège fauconnier, les Etats-Unis doivent être prêts « de livrer la bataille plus directement aux mollahs » en frappant les unités des Gardiens de la révolution d’Iran. Selon Grecht, les Etats-Unis ne dispose que de 2 oppositions conséquents vis-à-vis de Téhéran : « Confronter militairement l’Iran du clergé et ses acolytes, ou remettre en place l’em­bargo pétrolier. »22 La politique de l’escalade de tension avec Téhéran n’a pas été limitée aux cercles néoconservateurs des Etats-Unis. Par exemple, Ivo Daalder et Michael Levi, associés à la « libérale » Institution Brookings, ont récemment recommandé une politique dangereuse envers Téhéran pour sanctionner les allégations de « non respect » des obligations décou­lant du Traité de non prolifération nucléaire (TNP). Selon Daalder et Levi, cette politique visant confrontation devrait inclure un menu d’options, en commençant par l’imposition de sanctions économiques par voie de l’ONU et ultimement l’utilisation de violence contre les installations nucléaires iraniennes.23 La stratégie de sécurité nationale de l’administra­tion de Bush, exploitant des « frappes anticipatoires » a aiguisé la crainte du gouvernement iranien, que les Etats-Unis ne s’attaquent à l’Iran et à son industrie de puissance nucléaire naissante.24 En réduisant l’importan­ce de la politique de dissuasion, en faveur de mesures anticipatoires, la nouvelle doctrine nucléaire de Washington rejette en effet les prémisses fondamentale de plusieurs mesures de contrôle d’armements majeures, incluant le Traité de non prolifération. Ainsi, en ce qui concerne l’adminis­tration Bush et ses « radicaux tels Robert Joseph (alors fonctionnaire cadre de contre prolifération du Conseil de sécurité national), Douglas Feith (alors Sous secrétaire de défense en matière de politique), John Bolton (alors Sous secrétaire d’Etat), et Stephen Cambone (alors principal Sous secrétaire adjoint de défense), les armes nucléaires ne constituent pas de problème – c’est quand les « méchants » en ont. »25Ainsi, le Pakistan, qui a été lourdement impliqué dans la prolifération de technologie d’armements nucléaires, a été épargné par l’administra­tion Bush, parce que le régime militaire est « du bon côté » de la guerre de Washington contre le terrorisme.26 En classant les pays en « bons » et « mauvais » ou « malveillants », les faucons néoconservateurs ont réduit les relations internationales, en une construction manichéenne et un jeu apocalyptique, mais ils n’ont pas contribué à notre compréhension de la manière dont le monde civilisé devrait se comporter ni de la manière com­ment établir un corps gouvernant humain juste et paisible au vingt-et-unième siècle.

Le Défi des armes nucléaires

L’Iran cherche-t-il a compenser sa faiblesse relative en armes conven­tionnelles, par le développement d’une capacité nucléaire ? Les armes nucléaires sont-elles utiles pour favoriser l’identité militaire iranienne dans la région, et dissuader une menace éventuelle par l’Israël ? Nous ne pou­vons répondre à ces questions et à d’autres semblables, d’une manière tout à fait certaine. Bien que les Etats-Unis et l’Israël accusent depuis long­temps l’Iran, de chercher à acquérir des armes nucléaires, les ambiguités abondent en termes aussi bien sur les intentions que sur les capacités de l’Iran d’être un état manoeuvrant des armes nucléaires. L’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA), en dépit de pression inten­se par les Etats-Unis, n’a pu conclure que les programmes nucléaires de l’Iran aient violé les obligations du pays par rapport au Traité de non pro­lifération (TNP).27 Compte tenu du fait que l’Israël est un Etat disposant d’armes nucléaires mais non signataire des traités concernant leur prolifé­ration ainsi leur utilisation ; et compte tenu de la stratégie nucléaire ambi­guë (opacité) de l’Israël, alors l’Iran possède théoriquement la bonne rai­son de développer une capacité nucléaire dissuasive contre la menace nucléaire par l’Israël.28 Qui plus est, l’Israël dispose d’une gamme de véhi­cules de livraison pour lancer ses ogives nucléaires contre tout adversaire régional. Les escadrons F-16 d’Israël, basés à Nevatin et à Ramon, sont « les avions de guerre disposés à porter des ogives nucléaires, en même temps un petit groupe de pilotes a été formé pour effectuer des frappes nucléaires. Les F-4 et F-15 possèdent aussi la capacité nucléaire. »29

En plus, les missiles sol-air Jéricho I et II et Shavit peuvent porter des ogives nucléaires. Les Jérichos I et II ont une portée de 500km et 1.500km respectivement, alors que le Shavit c’est un missile balistique interconti­nental (portée: 8.000km). L’Israël a aussi développé une puissance ato­mique sous-marine, avec son acquisition de trois sous-marins diesels Classe Dolphin (Dolphin, Léviathan et Tekuma). Tout comme l’ont noté Joseph Ciricione, directeur du projet de non prolifération de la Fondation Carnegie, et ancien membre cadre du Comité des Services Armés du Congrès, ainsi d’autres anciens fonctionnaires du Pentagone et du Département de l’état : « Probablement le développement nucléaire le plus important d’Israël est la formation de son armement nucléaire sous­ marin », « parce qu’il donne pour la toute première fois à ce pays une puissance nucléaire composée d’une triade (terrestre, sous-marine et aérienne) ».30 Enfin, mais non la moindre des choses, l’Israël possède aussi « une capacité nucléaire tactique incluant de petites mines terrestres nucléaires et des ogives nucléaires stratégiques aptes à être tirées par des canons. »31

Fait contrastant à la capacité nucléaire d’Israël : l’Iran ne possède pas d’armes nucléaires – les accusations par l’Amérique et par l’Israël à pro­pos des possibilités nucléaires d’Iran se focalisent sur les intentions nucléaires présumées et non sur une réalité de frappe nucléaire. C’est pourquoi les dirigeants d’Iran ont souvent argumenté que ce n’est pas la République islamique qui pose la menace nucléaire régionale, plutôt ce sont les armes nucléaires israëliennes qui apportent le plus grand danger à la sécurité et à la stabilité du Moyen orient. Selon un fonctionnaire du ministère des relations extérieures iranien, malgré « des observations sou­cieuses réitérées par les pays de la région à propos de la menace nucléai­re par l’Israël qui serait la principale cause d’instabilité et d’insécurité au Moyen orient, et son refus de permettre un contrôle par une organisation internationale soit essentiellement l’Agence d’énergie atomique interna­tionale, ce régime [le gouvernement d’Israël] continue encore à dévelop­per des armes non conventionnelles. »32

Le missile Shahab-3 d’Iran, qui a une portée de 1.300km, est le seul armement dans l’inventaire iranien qui peut être considéré comme un véhicule éventuel de livraison nucléaire. Cependant, ce missile est encore dans son étape de mise à épreuve avant développement. Néanmoins, le projet Shahab-3 doit être estimé dans le contexte de la perception iranien­ne de la menace. Tout comme l’a affirmé Ahmad Vahid, directeur du pro­gramme de développement spatial d’Iran : le principal objectif de la République islamique d’Iran pour développer Shahab-3 est de dissuader l’Israël de lancer une frappe anticipées contre des cibles en Iran qui pour­raient riposter à une agression israëlienne. Vahid a en outre expliqué que l’Iran est tout à fait conscient de l’inventaire d’armements formidable de l’Israël, mais « ils [les Israëlis] savent qu’ils ne vivent que dans une maison en verre »33 et donc ne peuvent se permettre des projets déraisonnés contre l’Iran.

Scénarios nucléaires : Estimation prudente

Revoyons les trois scénarios principaux qui se discutent depuis une décennie à propos des motivations amenant l’Iran à l’acquisition d’armes nucléaires.

Scénario numéro un

L’Iran a besoin de développer des armes nucléaires afin de dissuader une menace éventuelle en provenance de l’Irak. La Première Guerre du Golfe a révélé l’étendue de l’implication du gouvernement de Saddam Hussein, dans le développement d’armes nucléaires.34 Le régime de Saddam Hussein avait reconnu sa tentative d’obtenir une bombe à radia­tion destinée à frapper l’Iran en 1987. Dans une lettre à Kofi Annan, secrétaire général de l’O.N..U., Mohamad Douri, Ambassadeur d’Irak à l’O.N.U. a affirmé que : « Les spécialistes irakiens ont étudié les aspects pratiques et techniques de l’idée, [mais] ils l’ont abandonnée au motif qu’elle ne suffisait pas tout en risquant une contamination territoriale qu’il serait . difficile de neutraliser après l’expulsion de l’envahisseur [troupes iraniennes] »35 Nonobstant la revendication du contraire par le gouvernement de l’Irak, en décembre 1995 un rapport de la Commission Spéciale de l’O.N.U. (UNSCOM) incluait le compte rendu d’une expérien­ce « dans le champs des armements radiologiques » que le régime de Saddam Hussein avait avoué avoir réalisé.36 Dans la même optique, Khidhir Hamza, ancien fonctionnaire cadre du programme d’armements nuclaires de l’Irak qui avait fait défection vers les Etats-Unis en 1994, a revendiqué savoir que Saddam Hussein avait poursuivi son programme d’armements nucléaires alors que le pays avait été sous un régime de sanctions presque total de l’O.N.U. depuis la fin de la Guerre du Golfe de 1991. Dans un discours le 20 juin 2001 à l’Institut d’entreprise américai­ne, une cellule majeure de réflexion néoconservatrice à Washington D.C., présidée par Hamza a affirmé que le programme d’armements nucléaires d’Irak avait gagné du terrain et que c’était impossible de le renverser tant que Saddam Hussein restait au pouvoir.37 Bien sûr, les faits ultérieurs ont prouvé que Hamza avait fabriqué la plupart de son récit du programme d’armements nucléaires d’Irak, et que les programmes nucléaires irakiens avaient été découverts, et que beaucoup de leur infrastructure avait été détruit par les inspecteurs d’armements de l’O.N.U. bien avant la chute du régime en 2003.

Etant donné les ambitions nucléaires d’Irak pendant les années 1980 et le début des années ’90, l’Iran disposait de « raison de douter des réponses autres que la dissuasion contre la menace d’un Irak nucléai­re. »38 Cependant, la fin du régime de Saddam Hussein a dissipé la crain­te de l’Iran, que l’Irak possède l’armement nucléaire. De surcroît, les fonc­tionnaires iraniens avaient maintes fois minimisé l’importance de la ripos­te « œil pour œil » au défi nucléaire de l’Irak. Bien sûr, l’incertitude à pro­pos de la nature de l’Irak post-Saddam et des intentions des forces d’oc­cupation ainsi que celles des nouveaux dirigeants du pays, pourraient empêcher de dissiper l’appréhension de l’Iran vis-à-vis des défis militaires présentés par l’Etat irakien reconstitué, toutefois la menace nucléaire a certainement disparue.

Scénario numéro deux

L’Iran a besoin d’une puissance nucléaire, afin de dissuader une agression par l’Israël (le seul Etat à armes nucléaires au Moyen Orient), ou même à titre de contrepoids d’une attaque conventionnelle ou nucléaire tactique prononcée par les Etats-Unis contre des cibles en Iran. Le débat à ce sujet est intense dans les milieux du pouvoir en Iran, alors qu’il n’exis­te qu’à peine en débat public. Le Général Yahya Rahim Safavi, comman­dant des Gardiens de la rpublique, a effectué la plus rapide et la plus conséquente évaluation du besoin de l’Iran, de développer une puissance nucléaire. Dans un discours à portes fermées adressé en avril 1998 à un groupe de ses officiers, le général Safavi a posé la question rhétorique : « Pouvons-nous résister aux menaces venant de l’Amérique ainsi qu’à son attitude dominatrice, si nous adoptons une politique de détente ? Pouvons-nous déjouer les dangers venant de l’Amérique, si nous propo­sons un dialogue fondé dans l’histoire des civilisations ? Pourrons-nous protéger la République Islamique, face aux dangers propagés par le sio­nisme international, si nous signons des conventions interdisant la proli­fération d’armes chimiques et nucléaires ? »39 Bien que ce discours ait été exploité par les critiques en Occident, afin de faire porter au gouverne­ment iranien l’accusation de vouloir développer une gamme étendue d’armements de destruction massive, les propos de monsieur Safavi ont été effectués dans le contexte d’une lutte aïgue pour le pouvoir dans le pays. En fait, ce discours visait directement le rejet du projet favori du Président Khatami – dialogue entre civilisations – plutôt qu’une déclara­tion sur la planification stratégique iranienne.

C’est vrai que la République islamique à une conception hostile d’Israël et de sa politique envers les Palestiniens. C’est également vrai que la République islamique conçoit Israël comme étant une menace éventuel­le à sa sécurité nationale et craint que le but principal de l’Israël en ce qui concerne l’Iran, ne soit identique à celui de ses sympathisants néoconser­vateurs américains. Ceci dit, c’est également vrai qu’en ce moment il n’existe aucun conflit stratégique signifiant entre l’Iran et l’Israël qui pour­rait obliger ces deux pays à se battre. Même le rejet par l’Iran du « procé­dé de paix » arabo-israëlien n’est pas suffisamment conséquent pour faire dérailler le procédé si des conditions objectives sur le terrain permettent un arrangement mutuellement acceptable entre les Israëliens et les Palestiniens. L’Iran n’est tout bonnement pas un Etat « frontal » du diffé­rend arabo-israëlite. Au mieux il est joueur de second plan dont les inté­rêts nationaux sont ailleurs. Tout comme l’a justement observé Shahram Chubin : « L’Iran et l’Israël n’ont aucune différence ni occasion pour enga­ger des hostilités actives, encore moins un échange nucléaire…. Dans l’absence d’une menace directe à l’Israël, ce pays ne pose aucune mena­ce à l’Iran, et certainement aucune qui justifierait l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires. »40

Similairement, il est difficile de voir comment l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires pourrait jouer un rôle conséquent dans un conflit mili­taire Etats-Unis/Iran futur. Etant donné la supériorité apparente des forces militaires américaines, on ne peut imaginer de scénario sérieux où l’Iran utiliserait ses prétendues armes nucléaires non encore élaborées, soit pour dissuader les Etats-Unis ou pour les punir militairement en cas de confron­tation militaire directe entre les deux pays.

Les Etats-Unis et la Russie possèdent « 96% de l’inventaire global total de 30.000 armes nucléaires. La plupart des autres appartiennent aux alliés et amis des Etats-Unis : la grande Bretagne, la France et Israël…. Une petite fraction de l’arsenal de 10.650 bombes américaines riposterait de manière tout à fait ample à toutes les menaces nucléaires à la Patrie amé­ricaine, aux alliés et intérêts des Etats-Unis à l’extérieur,. »41 Et quoi des pays plus petits dans le golfe Persique ? Est-ce que l’Iran dispose de la possibilité de développer des armes nucléaires afin d’« intimider » ces pays ? Si l’Iran poursuivait une telle option, cela vaudrait invitation aux Etats-Unis de s’imiscer davantage dans la région, pas moins, et forcerait ces petits Etats à développer des liens militaires encore plus rapprochés avec les Etats-Unis, mettant ainsi en échec le but iranien de réduire la pré­sence militaire américaine dans le Golfe Persique.

Scénario numéro trois

L’Iran a besoin de développer sa puissance nucléaire afin de proté­ger son flanc est. La nucléarisation de l’Asie Sud a certainement rajouté une nouvelle dimension aux soucis sécuritaires de l’Iran. Le soutien du Pakistan pour le mouvement Taliban profondément anti-chiite et anti-ira­nien en Afghanistan a bafoué l’amitié traditionnelle entre Téhéran et Islamabad. Quoiqu’il apparaît évoluer une convergence d’intérêts entre l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan post-Taliban, Téhéran reste sur ses gardes en ce qui concerne les buts à long terme d’Islamabad en Afghanistan. D’ailleurs, des attaques contre les citoyens civils iraniens et d’autres Chiites par les militants sunnites ultraconservateurs relèvent de la routine dans les villes majeures pakistanaises depuis deux décades. D’ailleurs l’Iran a développé de proches liens avec l’Inde et conçoit New Delhi en qualité de partenaire stratégique plus conséquent que l’Islamabad. Encore, malgré des relations tendues épisodiques entre le Pakistan et l’Iran, les deux pays restent partenaires en de nombreuses entreprises internationales. En général il est difficile d’envisager un scéna­rio dans lequel l’Iran aurait besoin de développer des armes nucléaires afin de contrer la puissance nucléaire pakistanaise.

Bref, il est inconcevable de développer un scénario réaliste dans lequel l’Iran devrait dépendre d’armes nucléaires afin de mettre en valeur ses intérêts sécuritaires nationaux. D’une part, les armes nucléaires ne sont pas des armes de combat, encore que leur fonction de dissuasion dans l’environnement sécuritaire de l’Iran est hautement questionnable.

D’autre part, en tant que membre du Traité de non prolfération (y inclu son Protocole supplémentaire), la Convention portant sur les armes chi­miques, et plusieurs autres accords de contrôle d’armements, l’Iran a accepté toutes les sauvegardes dues à ces traités. Plutôt que de menacer l’Iran par des assauts militaires et des sanctions économiques afin de le forcer de prouver qu’il ne dispose d’aucun programme d’armement nucléaire (on ne peut prouver un négatif), les Etats-Unis peuvent se rallier à leursalliés européens afin de solliciter davantage de transparence concernant tous les programmes nucléaires iraniens. Les Européens ont accompli beaucoup plus eu cet égard que les néocons de Washington nous permettraient de croire.

Où va la préemption ?

Lorsque David Kay, ancien inspecteur des armes nucléaires et l’hom­me qui a mené l’effort post-guerre de la CIA afin de localiser les armes de destruction massive de Saddam Hussein, a informé une audience sénato­riale le 28 janvier 2004 qu’il n’existait aucune arme de destruction massi­ve (WMD) en Irak, et que « nous avions presqu’entièrement tort »42, il a frappé un coup dur à la crédibilité des néoconservateurs qui avaient fabri­qué et/ou mal interprété des renseignements concernant « la menace imminente » par l’Irak, ce afin de justifier une agression contre l’Irak. Avec le retrait tactique des néocons dans l’administration Bush, Washington parle maintenant moins de la préemption militaire et plus de démocrati­sation au Moyen-Orient. Selon un rapport de travail rédigé par Washington en vue de la réunion du G-8 de juin 2004 à Sea Island, en Géorgie, les Etats-Unis ont l’intention de redessiner entièrement le Moyen-Orient43, sociopolitiquement et économiquement. En s’appuyant essentiellement sur les données présentées dans l’édition 2003 du Rapport du développement humain arabe (Arab Human Development Report) de l’UNDP, un schéma identifie trois secteurs prioritaires déman­dant à être réformés : la promotion de la démocratie, la construction d’une société basée sur des faits et données réels, et l’expansion des opportunités économiques par des réformes de marché dont la responsa­bilité financière. Ce qui est alarmant dans ce document n’est pas son agenda ambitieux de reconstruction des nations, plutôt c’est le fait que le document « ne mentionne pas une seule fois la question palestinienne, et n’explique pas l’évolution politique du monde arabe depuis cinquante ans notamment le conflit et la crise arabo-israëlienne – c’est comme mettre en scène la tragédie de Hamlet, en excluant la personnalité principale, le Prince du Danemark. »44

Dans le monde arabe, le schéma de réforme a été sévèrement cri­tique aussi bien par les gouvernements que par les intellectuels. En parti­culier, les rédacteurs arabes du rapport UNDP ont accusé Washington d’avoir fait un usage sélectif de leurs données, afin de faire avancer leurs buts dans la région. Ils se sont plaints que les Etats-Unis possèdent « si peu de crédibilité dans le monde arabe, que plus ils s’associent au rapport UNDP, plus ils dénaturent l’autorité de leur travail »45. Les Arabes sont par­ticulièrement provoqués par l’usage sélectif fait par Washington de don­nées d’autrui, ce en négligeant de prendre en compte les nombreuses cri­tiques contre la politique étrangère des Etats-Unis dans le Moyen Orient. Beaucoup de dirigeants arabes, y inclus les alliés américains en Atrabie Saoudite et en Egypte, en même temps que l’Union européenne ont aussi réagi négativement au ton et à la porté du plan de travail américain. Les critiques exposent l’absence de consultation pertinente par les Américains, en même temps que l’attitude américaine prétendant que « nous avons toutes les solutions pour tous »46. Bref, ce qui manque, c’est le concept de partenariat que la démarche américaine a propagé après le 11 septembre en visant la complexité des problèmes internationaux.

Piquée par ce que les critiques estimaient être l’équivalent politique de la préemption militaire, l’administration Bush a décidé d’une part de mettre de côté sa proposition de la restructuration généralisée du Moyen Orient, d’autre part de ne pas présenter ses propositions à la réunion du G-8 en 2004.47 Néanmoins, Washington continuera à faire preuve de fer­meté par rapport aux autres soucis des néoconservateurs concernant le Moyen Orient. Par exemple, des sanctions ont été imposées à la Syrie au titre d’être partie prenante à l’Acte pour la restauration de la souveraine­té libanaise et de la responsabilisation de la Syrie (H.R. 1828). Cet acte, voté en 2003 a été promulgué le 12 décembre 2003 par le président Bush, tient à « tenir responsable la Syrie pour les graves problèmes sécu­ritaires internationaux qu’elle a causés au Moyen Orient »48 et interdit l’exportation de produits et de technologie « à double fin » vers la Syrie. L’acte permet aussi au président des Etats-Unis d’interdire les investisse­ments et négoces américains avec la Syrie, d’autre part d’imposer des sanctions supplémentaires (par exemple gêler les avoirs syriens, réduire les contacts diplomatiques) sur Damascus.

La co-rédactrice de l’acte, la député Ileana Ros-Lehtinen (R-FL), reste une des sympathisantes les plus dévouées d’une politique étrangère mus­clée envers aussi bien la Syrie que l’Iran. Imad Moustapha, l’ambassadeur syrien aux Etats-Unis a pris à son compte l’essentiel de la politique guer­rière de Washington, sans abandonner l’espoir de la recherche d’une paix illusoire au Moyen Orient, lorsqu’il avait observé qu’avec le départ de l’Irak du club de l’« axe de mal », la Syrie « apparaît être la candidate par­faite »49 pour le moment. Basé sur la prise de position de l’administration Bush envers l’Iran, surtout pendant son second terme d’office, l’horizon aussi bien pour la Syrie que pour l’Iran s’avère périlleux, en plus du défi pour l’Iran post-Khatami pour concevoir une stratégie conséquente afin de s’en sortir qui est effrayant. Le fait que l’Iran est à présent entouré de plus de 200.000 soldats américains devrait suffir à obliger le pays à mettre de côté ses slogans et à élaborer un système de politique étrangère sophistiqué qui puisse garantir à long terme les intérêts sécuritaires natio­naux de l’Iran.50 Tout résultat moindre mettra en jeu les générations actuelles et futures d’Iraniens.

* Nader ENTESSAR est Professeur de Sciences Politiques et Directeur du département de Sciences Politiques et de Droit – Spring Hill College -Alabama – U.S.A.

Note

  1. Un brigadier américain, cité dans le livre « Winning and Losing » de Philip Gourevitch, The New Yorker, 22 et 29 décembre 2003, p.53
  2. Cité dans « Connecting the Dots of Rumsfeld’s Theories », Los Angeles Times, 2 avril 2003 http://www.calendarlive.com/printedition/ Calendar/
  3. Président George W. Bush dans sa conférence de presse du 22 février

2005

  1. John Bolton, l’Ambassadeur désigné auprès l’O.N.U., cité par Samantha Power, « Boltonism », The New Yorker, 21 mars 2005, p.23
  2. Déclaration du gouvernement de la République démocratique et populai­re d’Algérie , (Déclaration générale), 19 janvier 1981, article 1er, signé entre les Etats-Unis et l’Iran « » Declaration of the Government of the Democratic and Popular Republic of Algeria (General Declaration), January 19, 1981, Article 1, signed between the United States and Iran.
  3. James Mann, Rise of the Vulcans: The History of Bush’s War Cabinet (Les Volcans: histoire du cabinet de guerre de Bush), New York: Viking, 2004. Descriptif plus ample des néoconservateurs: voir Stefan Halper and Jonathan Clarke, America Alone: The Neo-Conservatives and the Global Order, New York: Cambridge University Press, 2004, Andrew J. Bacevitch, The New American Militarism: How Americans Are Seduced by War, New York: Oxford University Press, 2005, and Ivan Eland, The Empire Has No Clothes: U.S. Foreign Policy Exposed, Oakland, CA: The Independent

Institute, 2004.

  1. Sherle R. Schwenninger, « Revamping American Grand Strategy, » (Ressourcer l’Amérique en Grand Stratège)World Policy Journal, 20,
  2. 3, Fall 2003, p. 25.
  3. Colin Dueck, « Hegemony on the Cheap: Liberal Internationalism from

Wilson to Bush, » World Policy Journal, vol. 20, no. 4, Winter 2003/04, p.

  1. Voir aussi Ken Cunningham, « Permanent War? The Domestic Hegemony of the New American Militarism, » New Political Science, vol.

26, no. 4, December 2004, pp. 551-567.

  1. Voir, John Lewis Gaddis, Surprise, Security, and the American Experience,

Cambridge, MA: Harvard University Press, 2004, passim.

  • Michael Lind, « A Tragedy of Errors, »The Nation, February 23, 2004, p. 24. Pour bien voir le mouvement général des néoconservateurs : « Neocon 101, » rattache spéciale au site du Christian Science Monitor: http://www.csmonitor.com/specials/neocon/neocon101.html.
  • Gerhard Sporl, « The Leo-conservatives » New York Times, August 4, 2003, http://www.nytimes.com/2003/08/04/international/europe/04SPIE-html.
  • Voir Danny Postel, « Noble Lies and Perpetual War: Leo Strauss, the Neo-cons, and Iraq, » sur le site Open Democracy, October 16, 2003, http://www.opendemocracy.net/debates/article-2-95-1542.jsp. Aussi conférer Shadia B. Drury, Terror and Civilization: Christianity, Politics and Western Psyche, New York: Palgrave Macmillan, 2004, and Anne Norton, Leo Strauss and the Politics of American Empire, New Haven, CT: Yale

University Press, 2004.

  • Citation du magazine Insight magazine, et retrouvable au site http://www.againstbombing.org/lucier.htm.
  • Le texte de cette lettre se trouve sur le site Project for the New American Century soit http://www.newamericancentury.org.

15.Ibid.

  • Pentagon briefing, September 13,
  • Bonne vue générale des implications plus larges des idées des néocons, chez Phyllis Bennis, Before and After: U.S. Foreign Policy and the

September 11th Crisis, New York: Olive Branch Press, 2003, pp. 82-216.

Also, see Rahul Mahajan, The New Crusade: America’s War on Terrorism, New York: Monthly Review Press, 2002, pp. 127-143, and Rahul Mahajan, Full Spectrum Dominance: U.S. Power in Iraq and Beyond, New York:

Seven Stories Press, 2003, pp. 181-194.

  • Cité dans l’oeuvre de Robert Dreyfuss, « Just the Beginning: Is Iraq the Opening Salvo in a War to Remake the World? » The American Prospect, 14, no. 3, March 1, 2003, http://www.prospect.org/prinW14/3/dreyfuss-r.html.

19.Ibid. Voir aussi David Frum et Richard Perle, An End to Evil: How to Win the War on Terror, New York: Random House, 2004, passim.

  1. Voire, par exemple, Jeff Jacoby, « Time for Regime Change in Tehran, » Boston Globe, March 11, 2004,http://www.boston.com/news/globe/ editorial opinion/oped/articles/2004/03/11/time for regime change in tehran.
  • Fars News Agency, March 10, 2004, http://www.farsnews.com/ asp?ID=58011.

22.Robert Dreyfus, « Just the Beginning: Is Iraq the Opening Salvo in a War to Remake the World? » op. cit.

23.Ivo Daalder et Michael Levi, « Iran’s Nuclear Program: The U.S. and EU Have to Come Together, » International Herald Tribune, February 27, 2004, http://www.iht.com/articles/131435.html.

  1. Pour le texte complet de la stratégie de sécurité nationale de l’administra­tion de Bush, conférer The White House, « The National Security Strategy of the United States of America, » September 2002, pp. 1-31. Voir aussi The White House, « National Strategy to Combat Weapons of Mass Destruction, » December 2002, pp. 1-6.
  2. George Perkovich, « Bush’s Nuclear Revolution: A Regime Change in Nonproliferation, » Foreign Affairs, 82, no. 2, March/April 2003, p. 3. Pour une vue en profondeur de l’idéologie de Douglas Feith, voir Jeffrey Goldberg, « A Little Learning: What Douglas Feith Knew, and When He Knew it, » The New Yorker, May 9, 2005, pp. 36-41.
  3. Pour un récit intéressant du role du Pakistan dans la propagation de la technologie nucléaire, voir Seymour M. Hersh, « The Deal: Why Is Washington Going Easy on Pakistan’s Nuclear Black Marketers? » The New

Yorker, March 8, 2004, pp. 32-37.

  1. Voir par exemple le rapport le plus récent de l’IAEA: « Implementation of the NPT Safeguards Agreement in the Islamic Republic of Iran, » GOV/2004/11, February 24, 2004.
  2. Pour revoir les options nucléaires de l’Iran, tout au moins dans la perspec-tifve occidentale, voir Geoffrey Kemp, ed., Iran’s Nuclear Weapons Options: Issues and Analysis, Washington, DC: The Nixon Center, Quant à la littérature concernant la puissance nucléaire d’Israël, elle est volumineuse, mais voir l’analyse équilibrée et avisée d’Avner Cohen, Israel and the Bomb, New York: Columbia University Press, 1998.
  3. Neil Sammonds, « Time for a Dossier on Israel, » Middle East International, 685, October 11, 2002, p. 27. Pour l’analyse succincte de la puissan­ce nucléaire d’Israël voir dans Natural Resources Defense Council’s Nuclear Notebook, « Israeli Nuclear Forces, 2002, » Bulletin of the Atomic Scientists, vol. 58, no. 5, September/October 2002, pp. 73-75.

30.Walter Pincus, « Israel Has Sub-Based Atomic Arms Capability, » Washington Post, June 15, 2002, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A54225-2002Jun14.html.

31.Sammonds, « Time for a Dossier on Israel, » p. 27.

32.Cité en Iran Daily, December 18, 2001.

33.Iran Times, October 1 1, 2002.

  1. Exemple: Gary Milhollin, « Saddam’s Nuclear Shopping Spree, » The New Yorker, December 13,199, 4; Richard Butler, The Greatest Threat: Iraq, Weapons of Mass Destruction and the Growing Crisis in Global Security, New York: Public Affairs, 2000, aussi Andrew Cockburn et Patrick Cockburn, Out of Ashes: The Resurrection of Saddam Hussein, New York: Harper Collins Publishers, 1999, surtout, chapitre 4.
  2. Cité en Column Lynch, « Iraq Worked on Radiation Bomb to Use Against Iran, » Washington Post, May 12,2001,A19.

36.Ibid.

37.Hamza avait fait des revendications similaires dans son ouvrage Saddam’s Bombmaker: The Terrifying Inside Story of the Iraqi Nuclear and Biological Weapons Agenda, New York: Scribner, 2000.

38.Shahram Chubin, « Iran’s Strategic Environment and Nuclear Weapons, » in Geoffrey Kemp, ed., Iran’s Nuclear Weapons Options: Issues and Analysis, p. 24.

39.Citation de Farideh Farhi, « To Have or Not to Have? Iran’s Domestic Debate on Nuclear Options, » in Geoffrey Kemp, ed., ibid, pp. 35-36.

40.Shahram Chubin, « Iran’s Strategic Environment and Nuclear Weapons, »

  1. 27.
  • Bruce G. Blair, « Rogue States: Nuclear Red-Herrings, » The Defense Monitor, 33, no. 1, January/February 2004, pp. 1-2.
  1. Julian Borger, « Admit WMD Mistake, Survey Chief Tells Bush, » Guardian (London), March 3, 2004,http://www.guardian.co.uk/international/ story/0.3604.1160819.00.html.
  1. Pour la pleine portée du texte du rapport, see Middle East Economic Survey, XLVII, no. 8, February 23, 2004,http://www.mees.com/pos-tedarticles/politics/ArabPressReview/a47n08c02.htm.
  2. Charles Snow, « US Plans Regional Makeover, » Middle East Economic Survey, XLVII, no. 8, February 23, 2004,http://www.mees.com/pos-tedarticles/politics/PoliticalScene/a47n08c01.htm
  3. Roula Khalaf, « Arabs Cry Foul as America Borrows their Reform Agenda, » Financial Times (London), March 9, 2004, p. Pour la discussion géné­rale de la perte de crédibilité U.S.A. dans le monde arabe, voir Rashid Khalidi, Resurrecting Empire: Western Footprints and America’s Perilous Path in the Middle East, Boston: Beacon Press, 2004, ch. 5.
  4. Guy Dinmore, « EU Cautious on US Plan to Reform Middle East, » Financial

Times (London), March 2, 2004, p. 2.

47.Steven R. Weisman, « U.S. Muffles Sweeping Call to Democracy in Mideast », New York Times, March 12, 2004, p. A13.

48.Shirl McArthur, « President Bush Has the Last Word on Syria Accountability Act, » Washington Report on Middle East Affairs, vol. 23, no. 3, April

2004, p. 30.

49.Salamander Davoudi, « US to Impose Tough Sanctions on Damascus, » Financial Times (London), March 11, 2004, p. 5.

50.Pour la revue en détail des déploiements de troupes américaines dans le Moyen-Orient, en Asie Centrale et les régions limitrophes, voire Warren L. Nelson, , « 200,000 U.S. Troops Surrounding Iran », Iran

Times, April 15, 2005, pp. 11-12.

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