Cinq ans de politique étrangère aux printemps arabes

Fayçal JALLOUL, Ecrivain et spécialiste du Monde arabe
Le printemps arabe a bouleversé la grande majorité des pays influents du monde arabe et a plus généralement pris radicalement de cours nombre d’Etats, surtout la France, jusque-là sure de sa politique arabe séculaire.
Le premier des mouvements populaires s’est déclenché spontanément à Sidi Bouzid en Tunisie où un marchand ambulant s’immolait par le feu après avoir été maltraité par la police : un événement qui, comme beaucoup d’autre avant lui, aurait dû rester inaperçu mais qui est finalement devenu historique. Compte tenu de sa politique bien installée dans la région, la France ne pouvait aborder ce déclenchement insurrectionnel de façon nouvelle. Sans surprise, Michèle Alliot-Marie alla jusqu’à proposer aux autorités tunisiennes l’aide de l’Etat français pour réprimer le soulèvement.
La chute rapide de Ben Ali coïncida avec le commencement de la révolte populaire en Egypte. Or, le président Moubarak était comme Ben Ali, un grand ami de la France. Il co-présidait avec Nicolas Sarkozy l’Union de la Méditerranée. La France se trouvait dans la situation délicate de devoir soutenir le renversement de deux de ses amis historiques sans savoir par qui les remplacer. C’est ce qui explique que la politique de Sarkozy s’est caractérisée par une sorte d’acrobatie de l’accompagnement sans gloire. Une politique marquée d’un côté par l’hésitation puis le suivisme en Tunisie et en Egypte, et de l’autre par l’interventionnisme en Lybie et en Syrie, deux pays considérés comme anti-occidentaux.
La France avec la Grande Bretagne et l’alliance atlantique menait une vraie guerre contre le colonel Mouammar Kadhafi jusqu’à sa chute et sa mort. Elle est toujours en guerre contre le président syrien Bachar el Assad. Au Yémen comme au Bahreïn, la France s’alignait sur la politique des pays du Golfe supervisée par les Américains.
Dans tous les cas, la France sort affaiblie du passage du Printemps arabe dans une région importante à sa frontière. Non seulement sa politique arabe a reçu un coup fatal mais l’Etat français doit en plus faire face au terrorisme émanant du Printemps syro-libyen devenu un véritable cauchemar international.

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