Comment en finir avec la guerre au Yémen ?

 Fayssal JALLOUL, écrivain et journaliste spécialiste du Moyen Orient

Les théories de la guerre du général prussien Carl von  Clausewitz sont toujours d’actualité. Elles sont valables pour comprendre la guerre que mène l’Arabie Saoudite contre le Yémen, lancée inopinément au printemps 2015.
Suite au rejet  de Ansar Allah (arabe  الله أنصار, « les partisans de Dieu » et du Congrès  général  du peuple – parti qui dirigea la République arabe du Yémen (communément appelé « Yémen du Nord »), jusqu’en 1990 – du projet d’un état fédéral constitué de six provinces que le royaume Saoudien voulait imposer aux Yéménites, la guerre meurtrière lancée contre le Yémen fait rage depuis le printemps 2015.
En fait, le projet en cause partage le territoire yéménite en six provinces, conçues pour être  complètement séparées les unes des autres, dont la province de Hadhramout, adjacente aux frontières sud avec l’ Arabie Saoudite , qui devrait permettre au régime saoudien de construire des oléoducs pour exporter son pétrole directement via l’océan indien sans passer par le détroit d’Ormuz , au cas de conflit  avec L’Iran, mais aussi pour éviter de passer par  BabelMandeb.
C’est un vieux projet saoudien – il s’agissait d’acheter des terrains à Hadhramout – que Ali Abdallah Saleh, l’ancien président du Yémen, a refusé sans appel. Pour atteindre son but, le royaume voulait morceler le pays et séparé Hadhramout du pouvoir central à Sana’a.

Aujourd’hui encore, les Yéménites et surtout Ansar allah  rejettent ce projet. Ces derniers s’emparent de la capitale et arrivent même jusqu’à Bab-el-Mandeb. Le régime saoudien riposte, déclenchant  une guerre inopinée menée par une coalition internationale, avec l’approbation des ÉtatsUnis d’Amérique,  pour empêcher les houthis de s’installer confortablement dans le sud du pays.

les Saoudiens tiennent donc Hadramaout sans pouvoir réaliser leur projet d’oléoducs stratégiques et n’arrivant point à terminer la guerre.

Si l’on exclut la mise en œuvre de la résolution 2116 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui exige le désarment des houthis et des partisans du Congrès général du peuple, on peut  imaginer  plusieurs scénarii de sortie de guerre parmi lesquels:

1- un cessez-le-feu et une trêve- sans accord politique-  deviendront un fait accompli et cela permettra à l’Arabie saoudite de sauver la face.

2-organisation  d une conférence inter- yéménite sous les auspices internationaux, dans une capitale régionale, qui se présente sous une forme consensuelle sur la base d’un Etat fédéral de deux régions.

3- l’effondrement de l’alliance saoudienne et le besoin du Royaume de répondre à la pression de ses alliés pour arrêter la guerre.

4- le déclenchement d’un  conflit entre Ansar Allah  et le Congrès général du peuple, pour des raisons internes ( suite au blocus, à la famine et aux pénuries de différentes sortes …), peut amener l’Arabie Saoudite à miser sur la division des Yéménites et espérer  ainsi gagner  la guerre.

5- une tragédie humanitaire  de très grande envergure  peut pousser   à une intervention internationale pour arrêter cette guerre et ainsi imposer ainsi un cessez-le-feu aux deux camps.

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