Crise ukrainienne, la fin de l’Occident

Xavier MOREAU

Diplômé en relations internationales de l’Université Paris Sorbonne (Paris IV) et spécialiste des relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide. Fondateur d’une société de conseil en sûreté des affaires et installé en Russie depuis 14 ans, il travaille également en Ukraine, au Kazakhstan et en Serbie. Il est l’auteur de La Nouvelle Grande Russie, Paris, Ellipses, 160 p.

Décembre 2014

Maïdan marque l’échec du modèle occidental en Europe. L’Ukraine, au cœur des ambitions politico-stratégiques des États-Unis soutenue par l’Union européenne de l’Allemagne et de la Pologne, est la grande perdante du processus de crise puis de guerre civile dans laquelle l’ont entraîné ses mandants occidentaux. En forçant le gouvernement issu du coup d’État à se lancer dans une opération « anti-terroriste » dans l’est de l’Ukraine, Washington s’est sans doute laissée abuser par sa propre propagande. Ce n’étaient pas quelques bandes isolées qui attendaient les forces mal préparées de Kiev, mais des villes entières. L’intérêt de la Russie n’est pas qu’écono­mique, il est même essentiellement géostratégique. La réunification avec la Crimée a sécurisé sa présence en mer noire. Il ne lui reste désormais plus qu’à s’assurer que l’Ukraine ne fasse jamais partie de l’OTAN. Pour cela, elle peut compter sur les régions orientales, et même à terme sud-orientales de l’Ukraine, dont le lien avec la Russie a résisté à 23 ans de matraquage pro-occidental, dans les écoles et les médias.

La guerre civile ukrainienne marque un tournant essentiel dans l’histoire de l’Europe et de l’Union Européenne (UE). Pour la première fois, un gouvernement, qui refuse les conditions imposées par l’UE, est renversé et remplacé par un autre, favorable cette fois. Ce traitement peut paraître disproportionné, dans la mesure où l’Ukraine n’est pas membre de l’UE, et qu’il ne lui a jamais été proposé, ne serait-ce qu’une pré-candidature. L’accord d’association a d’ailleurs été signé par des pays ex­tra-européens comme le Chili. L’UE a parfaitement joué, tout au long de cette crise, le rôle pour lequel Jean Monnet et Robert Schuman l’avaient conçue, en étant le véritable instrument des ambitions impériales nord-américaines. L’Allemagne et la Pologne ont également trouvé dans cette structure, un relais idéal de leur politique étrangère. Grâce à cet instrument, les trois nations belligérantes ont pu entrainer les autres nations européennes dans ce bourbier politico-stratégique. Nombre d’entre elles, dont la France, n’ont pourtant rien à gagner et tout à perdre, d’un conflit avec la Russie. La cause essentielle du conflit est donc la convergence d’intérêts entre les quatre entités suivantes :

  • La puissance américaine déclinante et inquiète de perdre sa domination en Europe et de la survie de l’OTAN,
  • L’Allemagne impatiente de compléter sa domination dans la Mitteleuropa,
  • La Pologne frustrée mais ambitieuse,
  • L’UE, avide de prouver à ses membres, qu’elle n’a rien perdu de son pouvoir de séduction.

Après avoir passé en revue les intérêts politico-stratégiques des « belligérants », en analysant les causes à la fois lointaines et proches du conflit, nous examinerons la révolution culturelle menée par les États-Unis en Ukraine depuis 1991 et les raisons de son échec final.

L’Ukraine, au cœur des ambitions politico-stratégiques

Le projet des États-Unis concernant la Russie est parfaitement connu, nous n’y reviendrons donc que brièvement. La vision américaine est héritière de la géopo­litique anglo-saxonne classique et a été exposée par Zbigniew Brezinski, en 1997[1]. Les États-Unis étaient alors au faîte de leur puissance, et l’ancien conseiller de Jimmy Carter, énonça sans ambages, la volonté hégémonique américaine contre l’empire russe, qui semblait alors devoir disparaître.

Washington souhaite une partition de la Russie et la perte de ses territoires occi­dentaux, afin de réduire au maximum l’« européannité » de l’empire eurasiatique. Les États-Unis doivent s’efforcer également, de contenir la tendance des puissances européennes, essentiellement la France et l’Allemagne, à s’entendre avec la troisième grande puissance continentale européenne russe. Dans le même temps, Washington souhaite orienter la majorité de ses efforts vers l’Asie et la Chine en particulier, tout en maintenant à moindre frais, sa domination en Europe. Les États-Unis s’appuient sur une militarisation forcée de l’espace européen, par le bouclier anti-missiles et par la construction d’un nouveau rideau de fer, le plus près possible de la frontière russe. Soit, dans le meilleur des cas, l’Ukraine adhère à l’UE puis à l’OTAN, soit, la crise ukrainienne devient le prétexte à l’érection d’un nouveau mur de Berlin, cette fois entre la Russie et le reste de l’Europe. L’UE est un instrument essentiel, qui noie les souverainetés et les intérêts particuliers des nations dans ses institutions supranationales. Washington peut ainsi s’appuyer sur les nations moyennes, issues de l’éclatement du bloc soviétique. Cette politique a été particulièrement efficace pour neutraliser la France.

Parmi ces nations de moyenne envergure, la Pologne est celle, qui bénéficie le plus de l’effet multiplicateur de l’UE contre la Russie. Varsovie seule n’aurait aucun levier à exercer contre Moscou, ni économiquement, ni militairement, ni politi­quement. La Pologne s’est tournée, dès les années 90, vers les États-Unis, faute de pouvoir s’appuyer sur son allié français traditionnel. La Pologne nourrit de surcroit, une nostalgie, teintée de revanchisme, car ses frontières orientales actuelles sont loin de correspondre à celles de son expansion historique maximale. Elle a certes beaucoup gagné en 1945 en se voyant attribuer par Staline, la Silésie et la Prusse orientale. Elle aurait donc beaucoup à perdre en remettant en cause ouvertement ces redécoupages. La solution consiste à faire rentrer l’Ukraine dans sa sphère d’in­fluence, en la faisant basculer dans le camp occidental. La Pologne dispose d’un atout non négligeable, qui est celui de sa transition réussie vers l’économie de mar­ché. Malgré cela, la galaxie de mouvements fascistes autour du parti « Svoboda », sur laquelle elle s’appuie, lui est autant hostile qu’aux Russes. Leur figure historique, Stepan Bandera, avait d’ailleurs commencé sa carrière en assassinant le ministre de l’intérieur polonais en 1934. La Pologne est en fait dans une situation assez inconfortable ; même dans le cas où elle parviendrait à faire tomber l’Ukraine dans sa zone d’influence, elle ne serait elle-même, qu’un élément du dispositif germano-américain en Europe de l’est.

L’Allemagne dispute aux États-Unis le contrôle de l’UE, dont elle est en Europe, le principal bénéficiaire. Elle souhaite ardemment intégrer l’Ukraine dans son nou­veau « Zollverein », et Angela Merkel a très mal pris la fin de non-recevoir de Viktor Ianoukovtich, en novembre 2013. L’accord de coopération lui permettrait de contrôler l’Ukraine, sans ne rien avoir à dépenser. Les intérêts allemands sur cette question, rejoignent ceux des États-Unis, exactement comme ce fut le cas dans les années 90. L’Allemagne et les États-Unis firent basculer la Yougoslavie vers la guerre civile, servant avec succès leurs objectifs politico-stratégiques respectifs. Pour Berlin, le contrôle de l’Ukraine achève celui qu’elle exerce sur la « Mittel-Europa », où elle est de plus en concurrencée par une Russie, rendu attrayante par ses succès économiques, son énergie bon marché et son modèle civilisationnel.

L’Union européenne

De plus en plus contesté par les populations européennes, qui voient en elle une résurgence de l’Union Soviétique, l’UE se bat désormais pour sa survie. Intégrer, ou faire semblant d’intégrer un pays de la taille de l’Ukraine, aurait été un moyen de redonner un peu d’élan, à cette structure bureaucratique épuisée. L’accord avec l’Ukraine était le seul réellement significatif, au contraire de ceux signés avec la Géorgie et la Moldavie. Comme l’Allemagne et les États-Unis, l’UE est également en guerre contre le modèle civilisationnel russe, dont le social-conservatisme et le souverainisme affirmés séduisent de plus en plus les populations européennes. José-Manuel Barroso, en refusant des négociations tripartites avec la Russie, a démontré que l’objectif réel de cet accord n’est pas le bien de l’Ukraine, mais sa séparation for­cée d’avec la Russie. C’est ce refus, qui a forcé Viktor Ianoukovitch à rejeter l’accord d’association et a précipité ainsi l’Ukraine dans la guerre civile.

La Russie

Même si elle a reçu le soutien de facto des BRICS, notamment de la Chine, la Russie est la seule à avoir un intérêt direct en Ukraine. Les conséquences de la signature de l’accord d’association de l’Ukraine avec l’UE, seront bien plus drama­tiques pour Kiev que pour Moscou. Cet accord annule en effet automatiquement la zone de libre échange qui existait entre la Russie et l’Ukraine. L’embargo sur la collaboration militaro-industrielle, sonne la mort du complexe militaro-industriel ukrainien. C’est une première victoire concrète de Washington, mais c’est l’Ukraine qui a perdu. Le Kremlin a déjà pris les mesures nécessaires pour remplacer les sous-ensembles ukrainiens d’ici trois ans. Les 21000 employés de Motorsich ont du souci à se faire. L’intérêt de la Russie n’est pas qu’économique, il est même essen­tiellement géostratégique. La réunification avec la Crimée a sécurisé sa présence en mer noire. Il ne lui reste désormais plus qu’à s’assurer que l’Ukraine ne fasse jamais partie de l’OTAN. Pour cela, elle peut compter sur les régions orientales, et même à terme sud-orientales de l’Ukraine, dont le lien avec la Russie a résisté à 23 ans de matraquage pro-occidental, dans les écoles et les médias.

La construction de l’Ukraine moderne

La tentative récente de créer une Ukraine ennemie de la Russie, n’est pas la première dans l’histoire. L’Allemagne avait tenté cette aventure en 1918, à la suite de la signature du traité de Brest-Litovsk. Le résultat n’avait pas été concluant, comme en témoigne la correspondance du général Groener, chef d’état-major du commandant des troupes allemandes en Ukraine. Ce dernier écrit le 27 mars 1918, que l’Ukraine n’était : « qu’une création artificielle, à laquelle le Reich pouvait assu­rer une alimentation artificielle, mais dès qu’on laisserait tomber cet avorton, il se précipiterait sur le sein de la « petite mère Moscou » pour revenir là, grâce au lait maternel, à la vraie vie ».

En 1918, l’Allemagne avait peu de temps devant elle et pas vraiment de volonté politique. Sa priorité était de fournir à ses armées de l’ouest, les moyens de l’empor­ter. En 1941, les nazis ne virent dans les habitants de l’Ukraine, que les futurs esclaves de leur « lebensraum ». Ainsi, même les Galiciens, qui partageaient ouver­tement les idéaux du national-socialisme, ne furent jamais considérés que comme des sous-hommes et de la chair à canon, par les Allemands.

Lorsque les États-Unis triomphent en 1991 à la chute de l’Union Soviétique, le temps ne leur est pas limité. Ils peuvent entreprendre, avec le soutien notable de tous les présidents ukrainiens jusqu’à Viktor Ianoukovitch, l’« ukrainisation » forcée de l’ancienne république socialiste d’Ukraine. La tâche parait impossible, car l’Ukraine est fondamentalement russe et russophone, mais Washington dispose d’un élément que les Allemands n’avaient pas en 1918, la Galicie. Cette région pauvre et agricole de la Pologne a été rattachée à l’Union Soviétique en 1945, par Staline. Ce dernier prit cette décision contre l’avis de tous ses conseillers, qui crai­gnaient que la Galicie exporte en URSS, sa haine anti-russe ancestrale et emprunte de sauvagerie.

Ce n’est pas une « ukrainisation » qui démarre au lendemain de l’indépendance ukrainienne, mais une « galicisation ». En 1991, 90 % de l’Ukraine parle russe. La langue de Pouchkine donne seule l’accès aux études supérieures et à l’enseignement scientifique. La « galicisation » va donc de pair avec une baisse importante de la qualité de ce même enseignement scientifique, mais peu importe pour les idéolo­gues « galicistes ». L’Histoire est totalement réinventée, et la Russie devient « occu­pante » d’une Ukraine virtuelle, tout au long d’une Histoire, tout aussi virtuelle. Les grandes famines, qui n’ont pas touché la Galicie alors colonisée par la Pologne, et qui furent orchestrées par les bolchéviques ukrainiens, deviennent un crime de masse russe. Pourtant, 3 millions de Kazakhs et de Russes en furent aussi victimes. Peu importe que Khrouchtchev, Brejnev et Tchernenko fussent ukrainiens, l’URSS est un empire russe. La population ukrainienne issue de ce système éducatif totali­taire, possède désormais une vision fantasmée de son Histoire, ce qui explique que même à Kharkov, Dniepropetrovsk ou Zaporojie, la part de la population se recon­naissant de culture russe a largement baissé. Cette politique a également bénéficié de la vague d’engouement des Ukrainiens, pour le modèle occidental, au début des années 90. La « galicisation » était porteuse de promesses, tout comme l’UE, tandis qu’avançait, tapie dans l’ombre, l’adhésion à l’alliance atlantique, qui doit être la pierre d’achoppement de 25 ans d’ingérence américaine en Ukraine.

Cette politique de « galicisation » n’a pas rencontré d’obstacle en dehors de la résistance passive des russophones, qui s’efforcent de transmettre leur langue et leur culture à leurs enfants. Les régions de Lougansk et de Donetsk, sont celles où cette « révolution culturelle » a donné les moins bons résultats. Mais cette résistance n’est que régionale et au moment où éclate la crise sur l’« accord d’association », « la galicisation » est en bonne voie, d’autant plus que Viktor Ianoukovitch a renoncé à tenir sa promesse électorale de faire du russe une seconde langue officielle. Il est persuadé que, quoi qu’il arrive, l’est de l’Ukraine votera pour lui. Il paiera cher cette trahison de son électorat, au moment du coup d’état de février 2014.

L’échec paradoxal de la « révolution galicienne »

Devant ce succès initial de la « révolution galicienne », la question se pose inévi­tablement de savoir pourquoi Washington, après avoir dépensé plus de $6 milliards dans cette opération de long terme, décide de tout précipiter. Après tant d’efforts, le Département d’Etat américain applique à l’Ukraine la méthode sud-américaine, comme en 2009 au Honduras. Les États-Unis espèrent à l’évidence, que le gouver­nement issu du coup d’État, accélèrera l’intégration de l’Ukraine dans l’UE et donc dans l’OTAN. L’explication de ce comportement hiératique est que contrairement à 1991, le temps joue désormais contre Washington. L’empire déclinant ne fascine plus, et il doit, de surcroit, rapidement tourner l’ensemble de ses forces vers l’Asie. L’UE, son principal point d’appui en Europe, est également de moins en moins attrayant, surtout pour les membres dont les économies sont dévastées par les régle­mentations et la monnaie unique. À terme et inévitablement, c’est la zone de co-développement avec la Russie qui deviendra réellement attirante pour l’Ukraine, avec son absence de bureaucratie et son énergie extrêmement bon marché. Il ne faut jamais oublier, que jusqu’à aujourd’hui, la gabegie de l’état ukrainien est largement financée par le gaz russe bon marché.

Pour les États-Unis, il convient donc d’accélérer l’histoire, en s’appuyant sur ses deux alliés aux intérêts convergents en Europe, l’Allemagne et la Pologne. Le projet « Maïdan » qui devait assoir définitivement la domination américaine en Europe, aboutit finalement à un retour triomphal de la Russie, qui affirme, à cette occasion, sa place de premier plan. Cela concerne non seulement l’Europe mais également l’Asie.

Washington a en fait commis deux erreurs d’analyse majeures. La première est de ne pas avoir vu la profondeur du redressement politique, économique, diplomatique et militaire russe. C’est la réunification, en souplesse, de la Crimée, qui en révèle l’étendue. Washington s’aperçoit également trop tard, que « la galicisation » est loin d’être achevée dans les régions les plus orientales de l’Ukraine. Ces dernières refusent à la fois l’abandon de la langue russe, et la destruction de leur économie au profit de l’accord d’association. Enfin, les stratèges américains ont ignoré le fait que les petits-fils et arrières petits-fils des combattants victorieux de la « Grande Guerre Patriotique », n’accepteraient jamais comme héros nationaux, les collaborateurs nazis de Galicie, comme Stepan Bandera ou Roman Chouchkevitch.

En forçant le gouvernement issu du coup d’État à se lancer dans une opération « anti-terroriste » dans l’est de l’Ukraine, Washington s’est sans doute laissée abu­ser par sa propre propagande. Ce n’étaient pas quelques bandes isolées qui atten­daient les forces mal préparées de Kiev, mais des villes entières. Les premiers actes de résistance ont été menés par des habitants désarmés, qui bloquèrent les colonnes blindées des régiments, dont beaucoup se sont ralliés immédiatement. Il est apparu depuis le début, qu’il ne s’agissait pas d’une opération anti-terroriste, mais bien d’une guerre civile.

Les puissances occidentales et européennes se sont investies immédiatement dans ce conflit. Polonais, Allemands et Nord-Américains, qui avaient organisé et soutenu le coup d’État, ont continué d’apporter un soutien militaire et financier au nouveau gouvernement. Washington, excédé par la perte de la Crimée, a poussé à une intervention militaire, alors que le gouvernement oligarchique était principa­lement intéressé par le pillage des actifs encore disponibles sur le territoire ukrai­nien. Les Russes, après leur coup de maître en Crimée, ont laissé faire ce nouveau gouvernement, sachant que l’hiver venant, la faible armée ukrainienne, ne pourrait venir à bout des rebelles de Nouvelle Russie, renforcés, par l’afflux permanent de volontaires novorussiens ou russes.

L’Histoire retiendra sûrement, que le Président Porochenko a commis sa princi­pale erreur en refusant de négocier au moment de la chute de Slaviansk. Vainqueur, il aurait pu convaincre les plus radicaux de son entourage, d’accorder cette fédéra­lisation, que les provinces réclament. Washington, ainsi que les oligarques, qui ont financé massivement Maïdan, ont sans doute persuadé le Président fraichement élu, que la guerre serait courte et facile. Les occidentaux ont, quant à eux, essuyé une défaite magistrale. Les menaces, le chantage, les campagnes médiatiques, les sanc­tions économiques n’ont jamais pu infléchir la position russe. Toutes ces actions ont au contraire soudé la population russe autour de son Président et l’ont poussé à accélérer la « dédolarisation » de son économie, ainsi que son virage vers l’Asie.

Maïdan marque l’échec du modèle occidental en Europe. Pendant plus de 20 ans, Washington s’est appuyé sur l’engouement pro-occidental provoqué par la chute du communisme. Profitant de cette vague, le Département d’Etat américain a suscité des révolutions colorées, plus ou moins pacifiques. Le désintérêt, voir le dégoût du modèle occidental, contraignent désormais l’OTAN et l’UE à intervenir directement et de plus en plus violemment dans le processus démocratique des nations européennes. Ce fut le cas lors de la liquidation des référendums hostiles à la constitution européenne. Ce fut encore le cas lors de la destitution du Premier Ministre Papandréou, en 2011. Maïdan n’est donc que la continuation de cette politique par d’autres moyens. Il est aussi un avertissement à toutes les nations européennes, qui seraient tentées de sortir du cadre qui leur a été imposé depuis 25 ans par Washington et Berlin.

[1]Zbigniew Brzezinski, « Le Grand échiquier », Paris, Bayard, 1997.

 

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