Frères musulmans, Islam politique et système global

 

Elie HATEM

Avocat à la Cour

Enseignant à la Faculté Libre de Droit et d’Economie de Paris

Officier dans l’Ordre du Cèdre

Chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques

Docteur en Droit

 

Résumé

La Confrérie des Frères musulmans répond à la définition de société secrète. Progressivement et à l’instar d’autres sociétés secrètes, les Frères musulmans se développèrent dans le monde arabe avant de gagner d’autres pays à majorité musulmane mais aussi certains pays occidentaux. Or, le chaos provoqué à l’échelle mondiale par des conflits d’un nouveau genre, interprétés par certains comme étant la manifestation d’un « choc civilisationnel », est provoqué par un projet politique qui œuvre depuis des décennies, par l’intermédiaire d’acteurs instrumentalisés afin de déstabiliser l’ordre international à partir du Machrek et du Moyen-Orient. Les Frères musulmans sont parmi ces acteurs. Ils participent à la fois comme vecteur de financement et de propagande à cette entreprise qui instrumentalise la religion à des fins politiques.

Summary

The Muslim Brotherhood (Brethren) corresponds to the definition of secret society. Gradually and following the example of other secret societies, the Muslim Brotherhood developed in the Arab world before affecting other countries of Muslim majority but also certain Western countries. Yet, the chaos caused worldwide by conflicts of a new kind, interpreted by some as being the demonstration of a « civilizational shock », is provoked by a political project which strives for decades, through actors instrumented to destabilize the international order from Machrek and from the Middle East. The Muslim Brotherhood is among these perpetrators. They participate at the same time as vector for financing and propaganda to this company which exploits religion for political objectives.

Le pouvoir et le sacré se sont longtemps confondus avec le sacré, le premier étant sacralisant en même temps que sacralisé. Afin d’inspirer crainte et respect aux gouvernés mais aussi d’obtenir une légitimité, les gouvernants se détachaient du profane et se rapprochaient de la divinité. Platon considérait, à ce sujet, que les peuples ne seraient heureux que quand leurs chefs seraient philosophes, ou quand les philosophes seraient leurs chefs ; les philosophes étant les intimes de la « sagesse » qui est confondue avec Dieu « sofia ».

Entouré de mystères, le divin ne pouvait se révéler qu’aux initiés qui accèdent progressivement aux secrets par le biais de rites initiatiques qui leur conféraient ce privilège et faisait d’eux une élite éclairée.

Par ailleurs, dans l’Antiquité, toute œuvre nécessitant de garder le secret (tel que l’architecture ou les grandes constructions) était également protégée par un processus initiatique, donnant naissance progressivement à des groupes qui concurrencèrent le pouvoir. Ce dernier se méfiait alors d’eux, dans la mesure où ces groupes adoptaient des rites similaires à ceux qui sacralisaient le pouvoir.

Pourchassés par les institutions légitimes, ces groupements survivaient dans la clandestinité. Ils renforçaient leur cohésion interne par l’entraide absolue : une fraternité et un dévouement sans limites. A la fois structurés et hiérarchisés avec une forte solidarité entre leurs membres (Frères), ces organisations, devenues secrètes, entrèrent en lutte avec les institutions. Ils constituèrent ainsi un contre – pouvoir.

L’appellation « sociétés secrètes » prête, par ailleurs, à confusion. Certains groupes, non entourés de mystère et dépourvues de rites initiatiques , sont considérés juridiquement comme étant « secrèts » en raison de leur interdiction par les pouvoirs publics. Tandis que les groupes « de mystère » ne sont pas nécessairement interdits par le pouvoir. Néanmoins, les membres de ces organisations mystérieuses gardent une partie de leurs activités et de leurs motivations loin des regards des personnes qui leur sont étrangères, des médias et des pouvoirs publics. Cette confusion vient également du fait que les sociétés de mystère ont fait l’objet de suspicions de la part des pouvoirs politiques[1] (voir les développements précédents) et se sont entourées de méfiance, depuis la Grèce antique. Plusieurs d’entre elles ont été déclarées illégales. L’Eglise catholique a condamné aussi, dans divers encycliques et documents magistériels les sociétés secrètes. Certains pays, à l’instar de la Pologne, les ont également interdites en inscrivant cette interdiction dans leur Constitution.

La plupart de ces organisations sont initiatiques, fondées sur un mystère intérieur, central et profond, transmis aux initiés selon des rites propres à chaque confrérie. Certaines, en raison de leur ésotérisme poussé, leur secret absolu mais surtout de leur absorption de la totale personnalité de leurs adeptes, apparaissent comme de véritables sectes.

Les sociétés secrètes ou « de mystère » se sont multipliées durant les siècles et ont exercé une pression sur le pouvoir. Progressivement, on a assisté au développement de plus en plus de sociétés secrètes d’ordre politique qui ont contribué à des bouleversements institutionnels tel que la franc-maçonnerie qui a provoqué la Révolution française après avoir forgé les esprits au cours du « siècle des Lumières », ou la charbonnerie[2] répandue particulièrement en Italie, contribuant à l’indépendance nationale de ce pays et à l’établissement de la monarchie constitutionnelle. En Chine, c’est une multitude de sociétés secrètes, agissant très souvent en concert, qui a révolutionné ce pays durant son histoire… Mais le principal exemple de ces organisations demeure la franc-maçonnerie. Bien que les chercheurs ne lui attribuent pas un rôle politique prononcé sur la scène internationale, ce qui est logique et compréhensible compte tenu de la difficulté voire de l’impossibilité de pousser la recherche à ce sujet en raison de l’obligation du secret qui incombe à ses membres et l’occultation de ses principes et ses motivations réelles, il n’en demeure pas moins que le recoupement des faits politiques et sociaux démontre ce rôle.

Diversifiée dans ses rites, ses tendances voire ses appellations et ses sub-organisations éparpillées dans le monde, ces sociétés secrètes se rassemblent telles les pierres  d’une pyramide et répondent à un objectif principal commun, téléguidé par le sommet de ce « monument ».

Nous nous intéresserons particulièrement, dans cet article, à la confrérie des Frères musulmans, en examinant la nature de cette organisation qui répond incontestablement à la définition donnée aux sociétés secrètes, à son rôle politique et à sa participation volontaire ou involontaire au « Nouvel ordre mondial ».

LA CONFRERIE DES FRERES MUSULMANS : UNE SOCIETE SECRETE…

Comme il a été examiné dans les développements précédents, une société secrète (ou de mystère) est une organisation sociale dont les membres gardent une partie de leurs activités et de leurs motivations cachée.

Ainsi, si une autre partie des activités et des motivations des membres de cette organisation semblent être révélées à l’extérieur voire à des membres de grade inférieur, ces éléments ne sont pas capitaux. Seuls les membres du grade supérieur connaissent les véritables motivations, les objectifs et les orientations de l’organisation. Ceux sont ces membres, à l’issue d’un long parcours initiatique, échelonné dans le temps, et après avoir acquis une connaissance suffisante de la philosophie et du fonctionnement de la confrérie, qui sont habilités à prendre des initiatives et à collaborer avec d’autres organisations secrètes.

Les sociétés de mystère (ou secrètes) se définissent donc par le secret qu’elles gardent mais aussi par leurs structures hiérarchiques et leurs modes initiatiques avec des symboles et des rites voire des codes, dont les principaux ne sont connus que par les membres du grade supérieur.

La Confrérie des Frères musulmans répond à cette définition. Officiellement, on attribue sa création à Hassan Al Banna, un fonctionnaire égyptien, imprégné par une éducation religieuse qui lui a été inculqué par son père, mélangeant spiritualité à la connaissance poussée de l’islam (histoire, étude des différents courants et écoles de pensées islamiques ainsi que leur évolution).

Al Banna fut particulièrement influencé par le Wahhabisme, une école de pensée fondée au XIIIème siècle par un négociant de la péninsule arabique[3], Mohamed Abdel-Wahhab, de l’école hanbalite[4] et influencé quant à lui par les idées d’Inb Taymiya qui prônait le retour à la pureté de l’islam tel qu’il était pratiqué du temps du Prophète[5].

Admiratif du wahhabisme qui a permis l’établissement de la monarchie saoudienne, Hassan Al Banna aurait désiré créer un courant de pensée similaire, afin d’islamiser le monde arabo-musulman qui était en pleine effervescence nationaliste et en progression culturelle sous influence occidentale, alors qu’il sortait  à peine du joug ottoman.

Il créa, dans cet objectif, la Confrérie des Frères musulmans[6] en 1928, dans son pays l’Egypte, profitant de l’aide des Anglais[7] (notamment une aide financière qui lui a été procurée par  la société du Canal de Suez dirigée par les Rothschild[8]). Cette Confrérie s’est structurée en cellules et sections avec un logo représentant deux épées croisées. Son objectif déclaré est de procéder à une renaissance islamique et d’œuvrer pour l’instauration d’un Etat musulman fondé sur les principes de la Chariaa islamique[9]. Ainsi donc, pour les Frère musulmans, la religion musulmane doit être placée au-dessus de toutes les lois humaines[10].

Telle est la face apparente de cette organisation qui fait d’elle une simple confrérie à caractère religieux.

Néanmoins, il convient d’examiner plus en profondeur son fonctionnement et ses ramifications  afin de conclure à sa classification en tant que société secrète, à l’instar d’autres organisations qui présentent une façade religieuse, philosophique ou économique mais dont les motivations profondes sont de toute autre nature.

S’il est vrai que cette organisation a été créée officiellement en 1928 par Hassan Al Banna, son fondement idéologique est néanmoins antérieur à cette date[11]. En effet, plusieurs confréries d’apparence religieuse mais en lien avec les sociétés secrètes, notamment la franc-maçonnerie, ont émergé au cours du XIXème siècle. La plupart, au sein des communautés musulmanes, étaient d’obédience soufie. Nous citons à titre d’illustration l’Emir Abd el Kader, maître soufi et dont l’appartenance à la franc-maçonnerie est incontestable[12].

A l’instar de l’Emir Abd el Kader, Sayyed Jamal Eddine Al Afghani, un prélat d’origine persane, également d’obédience soufie, franc-maçon[13], est considéré comme l’instigateur de l’organisation des Frères musulmans. Fidèle aux enseignements d’Ibn Taymiya[14], il prôna un islam réformé et n’a cessé d’appeler à la création d’une organisation islamique qui a vu le jour avec Hassan Al Banna.

Ce dernier se considéra dans la lignée d’Al Afghani.

Des dissensions de vue internes ont surgi plus tard au sein de la Confrérie des Frères musulmans qui a assisté à l’émergence d’un nouveau courant élaboré par Sayyid Qutb. Ce dernier avait intégré les Frères musulmans en 1953, après un séjour aux Etats-Unis où il a été initié à la franc-maçonnerie[15].

Il n’est donc pas étonnant que les Frères musulmans empruntent à la franc-maçonnerie ses rites initiatiques et certains de ses principes. En effet, il n’est nullement stipulé que l’appartenance à la religion musulmane soit une condition sine qua non pour faire partie de cette organisation qui compte parmi ses membres des chrétiens et des juifs. Les Frères musulmans doivent principalement exprimer un dévouement à leur confrérie : être disponible, procurer à l’organisation des moyens en permettant  notamment la tenue de réunions dans leur propre domicile, être assidus aux réunions[16], faire preuve de courage, d’obéissance et d’engagement, suivre l’actualité et la commenter, verser une contribution financière, etc…

Les cérémonies initiatiques sont similaires à celles de la franc-maçonnerie : le candidat se présente avec son parrain à la loge, en pleine obscurité, avant de s’installer par terre devant un Grand Frère dont l’identité ne se fait point connaître et qui est couvert totalement d’un vêtement blanc, laissant sortir uniquement ses bras qui touchent un livre saint (le Coran), posé sur une petite table.

Le Grand Frère énonce alors les principes de la confrérie et les obligations du récipiendaire qui est appelé à jurer de respecter ses obligations. Ensuite, le Frère lui fait toucher un objet afin qu’il devine sa nature. Il s’agit d’un pistolet dont le futur membre est appelé à palper d’une main, en posant l’autre main sur le Coran. Le Grand Frère lui tend alors une épée, tenue par sa main gauche et la lui pose sur son épaule. Il l’avertit du sort réservé aux membres qui trahissent la confrérie.

L’épée est, en effet, le principal symbole de la franc-maçonnerie[17]. Elle sert à la consécration de tout récipiendaire. C’est également un instrument de transmission : le Vénérable Maître consacre les futurs membres en leur apposant son épée sur l’épaule gauche puis droite, en leur donnant trois coups frappés par sa maillet.

L’épée est également le symbole des Frères musulmans : deux épées croisées, symbolisant le combat mais aussi la punition.

Bien que la candidature pour appartenir à cette organisation soit ouverte à tout individu, nous constatons néanmoins que ses membres viennent, pour la plupart, des professions libérales, de l’enseignement supérieur et de la magistrature. Les membres influents sont des érudits, des penseurs mais aussi de hauts fonctionnaires.

A notre connaissance, il n’existe pas encore de section dédiées aux femmes, à l’instar de certaines obédiences maçonniques qui ont toléré l’intégration des femmes et permirent le développement de loges féminines.

Progressivement et à l’instar des autres sociétés secrètes, les Frères musulmans se développèrent dans le monde arabe avant de gagner d’autres pays à majorité musulmane mais aussi certains pays occidentaux[18].

Ainsi, après l’Egypte, la Confrérie s’est développée en Syrie dès 1930, à l’initiative d’étudiants, anciens membre des Frères d’Egypte. En 1945, une branche a été créée en Palestine par Saïd Ramadan, gendre de Hassan Al Banna. Cette section s’est développée, à partir des années soixante, en Israël. Mais il a fallu attendre 1987 pour que le Hamas voit le jour, encouragé par le pouvoir israélien pour faire un contre – poids à l’OLP et islamiser la cause palestinienne. A la fin des années cinquante, une branche des Frères a été créée en Irak. Mais, aussitôt, elle est entrée dans la clandestinité dès la prise du pouvoir par le parti Baath qui prônait la laïcité. La déstabilisation de ce pays à l’issue de l’intervention militaire américaine en 2003 a ensuite permis au « Parti Islamique Irakien », créé par cette confrérie, de voir le jour et jouer un rôle politique.

Les Frères se développèrent également en Jordanie[19], au Liban, au Maroc (où le parti de la justice et du développement en est une émanation), au Soudan, en Algérie[20] , en Tunisie[21], etc… Ils regagnèrent également le Pakistan[22] et la Turquie où ils eurent une influence sur les fondateurs du « Parti de la Prospérité » qui s’est ensuite transformé en Parti de la Vertu, mais aussi sur Recep Tayyip Erdogan, membre du « Parti du Salut National » et fondateur, en 2001, de l’AKP (Parti de la Justice et du développement) ; actuellement Président de la Turquie.

La présence des Frères musulmans en Europe date des années cinquante au moment où Saïd Ramadan vint en Suisse et fonda la section européenne de la Confrérie, avant de créer, en 1961, le « Centre islamique de Genève » et de prendre la tête d’un organisme islamique munichois[23] qu’il dirigea jusqu’en 1968.

Par ailleurs, Saïd Ramadan joua un rôle très important dans la création de la Ligue islamique mondiale, en 1962, qui fût alors financée et contrôlée l’Arabie saoudite. Dès lors, mais surtout depuis les années soixante – dix, l’Arabie saoudite joua un rôle important dans le soutien des Frères en Europe, en contribuant au financement et la création de mosquées et de centres religieux sous couvert culturel. Une banque servant aux opérations financières des Frères musulmans en Europe vit le jour en 1988. Il s’agit d’Al Takwa Banque, basée alors aux Bahamas, en Suisse et au Liechtenstein.

Actuellement, il existe une pléthore de mouvements proches ou affiliés au Frères, en Europe, à l’instar de l’Union des organisations islamiques en Europe, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), etc…

Aux Etats – Unis, la confrérie des Frères musulmans s’appuie directement sur les confréries franc-maçonnes sœurs. Elle est également proche des néo-conservateurs qui favorisent l’émergence d’un islam politique[24].

C’est ce projet d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques qui a permis aux Frères musulmans de se développer très rapidement afin de pouvoir jouer un rôle politique majeur.

Cette organisation marginale, créée et manipulée par les Britanniques en Egypte pour canaliser le roi, agissait politiquement d’une manière sporadique. Après la révolution dans ce pays et malgré l’appui qu’elle avait fourni à ce mouvement qui avait renversé la monarchie, elle a été persécutée tant par Jamal Abdel Nasser que par Anouar Al Sadate (bien que ce dernier ait appartenu à cette Confrérie). Les Américains ont essayé de l’instrumentaliser contre le premier qui gravitait dans l’orbite soviétique[25]. Les services égyptiens avaient déjoué une tentative d’assassinat et de coup d’Etat contre Nasser. Quant à Anouar Al Sadate, après avoir signé les accords de Camp David, il a été assassiné par un membre des Frères musulmans.

Par ailleurs, en Syrie, les Frères ont été également instrumentalisés pour déstabiliser Hafez El Assad qui entretenait des relations privilégiées avec Moscou.

Ainsi donc, pendant la bipolarisation, l’instrumentalisation des Frères musulmans n’avait pas abouti au résultat escompté. Cette organisation ne pouvait pas bénéficier de moyens financiers occultes, lui permettant d’agir comme elle le fait de nos jours. Il a fallu attendre la chute de l’ex-Union soviétique, à l’issue de la guerre d’Afghanistan, la fin de la bipolarisation mais surtout l’émergence de l’ « Islam politique » depuis l’affaire du « 11 septembre », pour que les Frères musulmans se restructurent et se dotent de grands moyens financiers, leur permettant de jouer un rôle politique. Cependant, on peut légitimement s’interroger sur ce rôle : est-il véritable ? Les développements ultérieurs nous permettrons de répondre à cette interrogation.

En effet, la structure mais aussi la nature de cette organisation[26] permettent facilement de la manipuler et de l’utiliser comme un vecteur pour véhiculer une propagande idéologique et politique au service d’un projet politique qui dépasse ses propres objectifs restreints, à l’instar de l’Organisation du sionisme mondial (l’OSM) qui servait des intérêts dépassant ceux du judaïsme politique.

Ces deux organisations, dirigées par une élite, jouissant de liens privilégiés avec des sociétés politiques secrètes internationales[27] et bénéficiant de gros moyens financiers, participent incontestablement à la destruction des entités nationales et à l’émergence d’un nouvel ordre mondial.

C’est ce qui explique que, malgré un discours officiel d’adversité entre l’islam politique et le judaïsme politique, les organisations qui se réfèrent à ces deux courants ne font preuve d’aucune hostilité réelle entre elles.

Ainsi, durant le conflit en Syrien, les organisations se réclamant de l’islam politique[28] bénéficiaient d’une aide israélienne à la fois directe[29] et indirecte[30]. En effet, la déstabilisation de la Syrie, provoquant l’affaiblissement de sa structure étatique servait les intérêts d’Israël : voir leur voisin affaibli. Par ailleurs, la destitution du Président syrien, entraînant la destruction totale de l’Etat syrien à l’instar des précédents irakien et libyen, favorisant l’établissement de nouveaux modèles confessionnels ou religieux similaires à celui d’Israël, servait les intérêts du judaïsme politique.

Paradoxalement, les organisations se réclamant de l’islam politique n’hésitent plus à remettre en cause officiellement la critique d’Israël par les régimes nationalistes arabes. Leurs groupes paramilitaires ont non seulement renoncé à attaquer militairement Israël, mais ont exclu cette possibilité, comme le soulignait un twitt officiel de Daech.

Pour mieux comprendre ces aspects, il convient d’analyser l’instrumentalisation de ces organisations qui se réclament de l’« islam politique », notamment les « Frères musulmans » qui contribuent à ce déséquilibre mondial.

…AU SERVICE DU NOUVEL ODRDRE MONDIAL

La fin de la bipolarisation a laissé espérer l’établissement d’un nouvel équilibre international. Mais, aussitôt, les Américains se sont érigés en « gendarme du monde »[31], annonçant un « Nouvel Ordre Mondial » prôné par le Président George Bush dans un discours prononcé au Congrès, le 6 mars 1991[32], à l’issue de la première guerre du Golfe[33]. Dix ans plus tard, une attaque spectaculaire effectuée sur le territoire américain -celle du 11 septembre 2001- a entraîné le monde dans une nouvelle ère : celle du terrorisme sur un fondement religieux[34], du choc des civilisations et la suggestion d’une multipolarisation de la scène politique internationale. L’organisation Al Qaïda a permis de mettre en exergue cette situation, grâce à une campagne médiatique effectuée à l’échelle planétaire. Le Moyen-Orient deviendra le fer de lance d’une nouvelle tension qui touchera, au – delà de ses frontières, l’Europe voire le reste du monde.

Préalablement, cette région du monde avait fait l’objet d’une expérimentation de l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, à l’instar de l’exploitation des facteurs économiques et sociaux par le marxisme, à cette même fin.

Après la réussite du projet sioniste qui a permis la création d’un Etat juif[35], le Moyen-Orient fit le théâtre d’une série de conflits de nature plutôt communautaire que religieuse, constituant le préambule à la situation actuelle qui prévaut dans le monde.

En 1974, un conflit fomenté à Chypre avait entraîné la division de cette île en deux parties sur une base communautaire[36]. Un an plus tard, le Liban a subi une vague de déstabilisation sur un fondement communautaire d’abord[37], avant d’entrer dans un imbroglio qui a duré plus de deux décennies. En 1979, une révolution sur fond religieux renversa le régime des Pahlavi en Iran. Parallèlement, une guerre éclata en Afghanistan où les Soviétiques et leurs alliés locaux furent vaincus par les combattants djihadistes (les Moujahidines), appuyés par les Américains et les Occidentaux. C’est cette expérience réussie en Afghanistan qui fut aussitôt exportée en Serbie[38], dans le Caucase, en Tchétchénie et au Daguestan[39]. En même temps, les communautés musulmanes, en particulier celles du monde arabe, assistaient à un phénomène d’islamisation progressif qui s’est surtout révélé à l’issue du « Printemps arabe »[40] qui annonça la fin de Seyks-Picot[41].

Curieusement et préalablement à cet événement (celui du « Printemps arabe »), la Secrétaire d’Etat américain, Condoleeza Rice, avait annoncé la naissance d’un « Nouveau Moyen – Orient », à l’occasion d’une tournée effectuée au Proche-Orient durant l’offensive israélienne contre le Liban, en 2006, dont l’objectif était de provoquer une guerre entre les sunnites et les chiites[42], qui devrait s’étendre ensuite à toute la région.

Cette expression prononcée par un officiel américain, au moment où l’Administration américaine était gangrenée par les néo-conservateurs, n’est pas anodine. Elle est révélatrice d’un projet politique, longuement préparé, en vue de la destruction des structures étatiques (des Etats-nations) et l’instauration de nouveaux modèles institutionnels.

A l’instar de la situation qui prévalait dans le monde la veille de la Première guerre mondiale qui avait mis fin aux empires et permis l’instauration des Etats-nations, nous assistons de nos jours à un chaos, à l’échelle mondiale provoqué par des conflits d’un nouveau genre, interprétés par certains comme étant la manifestation d’un « choc civilisationnel »[43].

Ces conflits et ce chaos sont  provoqués par ce projet politique qui œuvre, depuis des décennies, d’une manière insidieuse, par l’intermédiaire d’acteurs instrumentalisés et encouragés afin de déstabiliser l’ordre international. Les Frères musulmans sont parmi ces acteurs. Ils participent à la fois comme vecteur de financement et de propagande à cette entreprise qui instrumentalise la religion à des fins politiques. On peut dire que les Frères musulmans sont à l’islam politique ce que le sionisme est au judaïsme politique. Ils constituent la vitrine idéale aux instigateurs et auteurs de ce projet politique qui instrumentalise le facteur religieux à des fins politiques. Les auteurs de ce projet profitent du caractère secret et politique de cette confrérie pour opérer, par son intermédiaire, en toute discrétion et en évitant tout soupçon quant à leur identité.

C’est ainsi que l’idéologie prônée par des penseurs et des exégètes des Frères musulmans[44] a bénéficié de moyens de propagande très poussés, expérimentés depuis la fin des années soixante – dix, durant la guerre en Afghanistan. Une chaîne de télévision installée au Qatar, rodée aux moyens techniques et médiatiques occidentaux, Al Jazeera, favorisa l’islamisation progressive de la société arabo-musulmane par la propagation de cette idéologie et de cette jurisprudence élaborée par ces exégètes.

Des moyens financiers gigantesques et occultes, pour la plupart, ont permis de renforcer cette propagande à l’échelle mondiale : prêcheurs et missionnaires envoyés dans les quatre coins de la terre, construction ou établissement de mosquées mais surtout assurer à la population, dans les pays pauvres, un système de solidarité sociale (éducation gratuite, soins de santé, de pharmacie, aides sociales, etc…) afin de les amadouer plus facilement.

L’instrumentalisation politique des Frères musulmans n’est pas récente. Cette organisation avait été encouragée par les Britanniques[45], dès sa création en Egypte, au début du XXème siècle. Hassan Al Banna avait reconnu avoir reçu de l’argent de la « Compagnie du Canal de Suez » ainsi qu’un permis de construire une mosquée, octroyé par les Anglais[46], avant de le nier par la suite. En effet, les Britanniques avaient encouragé la création de cette organisation afin de l’utiliser comme contre – pouvoir à l’encontre du roi Fouad et de son Premier ministre, Saad Zaghloul, tout en la condamnant officiellement. Cette attitude est identique à celle adoptée par Israël qui a encouragé la création et l’émergence du Hamas afin d’affaiblir l’OLP et d’islamiser la cause palestinienne, longuement et historiquement défendue par des chrétiens ou des laïcs[47].

A la veille de la Seconde guerre mondiale et quelques temps après la prise du pouvoir par le roi Farouk, les Anglais financèrent et aidèrent les Frères musulmans contre le parti nationaliste, Al Wafd, et les communistes. Selon certains auteurs, les Anglais craignaient également la récupération des Frères musulmans par les Nazis, ces derniers contribuant aussi à financer cette confrérie afin d’éviter le basculement de l’Egypte dans le camp communiste[48], comme ils l’avaient fait avec les Tchétchènes, les Kazakhs, les Ouzbeks et les autres communautés musulmanes de l’ex-Union soviétique.

C’est ce motif qui avait également conduit les Américains à soutenir les Frères, surtout lors du coup d’Etat des officiers égyptiens. En effet, le Président américain, Dwight Eisenhower, reçut officiellement le gendre de Hassan Al Banna, Saïd Ramadan, avec une délégation de sa confrérie, en juillet 1953, à la Maison Blanche. Selon certains auteurs mais aussi le magazine français, Le Point, Saïd Ramadan[49] aurait été à la fois agent des services anglais et allemands.

Le magazine Le Point s’est fondé à ce sujet sur une note confidentielle des services suisses, datant du 17 août 1966, pour évoquer la sympathie de la police fédérale BUPO pour Ramadan qui est « en excellents termes avec les Anglais et les Américains », ainsi que sur un autre document daté du 5 juillet 1967 qui présente ce dernier comme un « agent d’information des Anglais et des Américains. De plus, je crois savoir qu’il a rendu des services – sur le plan d’informations – à la BUPO » indique ce document révélé par le magazine français qui souligne qu’une réunion, présidée par le chef du service du Ministère public fédéral, a eu lieu le 3 juillet 1967 au cours de laquelle un permis de séjour lui a été accordé alors qu’il risquait d’être expulsé le 31 janvier 1967[50].

C’est de la même manière que les services américains ont encouragé Al Qaïda, ou encore Daech (ou l’Etat islamique)[51], le Front Al Nosra en Syrie[52], etc…, dont les fondateurs et principaux membres appartiennent à la confrérie des Frères.

En effet, en 1979 une rivalité entre l’Iran et ses voisins arabes a émergé lors de la guerre irano-irakienne. Cette situation s’est progressivement transformée en une situation conflictuelle opposant musulmans sunnites aux chiites. L’Iran, protecteur du monde chiite depuis le XVIème siècle, fut considéré comme une puissance cherchant à établir un « axe chiite » au Proche et au Moyen – Orient.

Convaincus par cette idée, les Saoudiens (mais aussi les Turcs) ont cherché à devenir les protecteurs du « monde sunnite » (en particulier dans les pays arabo-musulmans[53]). Par ailleurs, les Américains glissèrent à l’oreille des Saoudiens un projet de création d’une « Force arabe commune », placée sous les auspices de la Ligue arabe, sous commandement israélien[54], ce qui explique le développement des relations saoudo-israéliennes, l’Iran chiite constituant aux yeux des Saoudiens un ennemi plus dangereux qu’Israël[55]. Cette vision voire ces dissensions se sont en fait développées progressivement, depuis la guerre d’Afghanistan où les services américains mirent à contribution le Prince Turki Al Fayçal.

Ce dernier avait alors appel à Oussama Ben Laden qui est issu d’une grande famille richissime saoudienne d’origine yéménite[56]. Oussame Ben Laden aurait été membre de la confrérie des Frères musulmans selon Michaël Prazan[57]. Cette affirmation a été aussi relatée, en 2012, par le successeur de Ben Laden, Ayman Al Zawahiri, lui même membre de cette confrérie.

Le Prince Al Fayçal faisait aveuglément confiance à Oussama Ben Laden. Il lui demanda de collaborer avec lui et avec la CIA. Le jeune Oussama venait de terminer ses études et envisageait une carrière au sein du groupe familial. Discret et timide, il devint agent de la CIA qui lui attribua le nom de code « Tim Osman ». Il acquit une formation appropriée et fut placé à la tête d’un réseau chargé de recruter et de former des mercenaires prêts à combattre en Afghanistan. Il mena alors une campagne de propagande[58], afin de recruter des mercenaires. Il bénéficia ainsi d’un soutien des services américains qui lui ont permis aussi d’adopter des méthodes de communication et de « marketing » efficaces et modernes, similaires à celles qui ont permis le succès de Daech dans le recrutement de ses mercenaires et combattants. Certes, les moyens technologiques dans les années quatre-vingt étaient moins développés que ceux de nos jours, notamment au niveau de l’internet, des multimédias et des réseaux sociaux. Néanmoins, cette entreprise a permis de mettre en place les principes idéologiques de captation de mercenaires (ou d’adeptes) étrangers, prêts au combat pour défendre un idéal construit à partir de concepts religieux. Il s’agissait d’appels « au secours » ciblant principalement des ressortissants de pays arabes, avant de ratisser plus large pour atteindre des individus d’autres pays, vivant notamment en Occident, déçus du matérialisme de la société de consommation, voire des personnes qui ont un différend avec l’ordre social en général. Ces individus furent attirés par la diffusion de cassettes vidéo VHS montrant des combattants en Afghanistan menant une vie communautaire presque monacale.

Ces cassettes mais aussi des pamphlets et des fascicules pointaient les difficultés sociales ainsi que la faiblesse et l’inertie des gouvernements à y apporter des solutions. Ils montraient les atrocités commises par les troupes soviétiques contre des populations musulmanes et lançaient un appel de solidarité afin de défendre aussi bien les Afghans que l’honneur de la religion musulmane bafouée à la fois par les Soviétiques que par l’Occident, voire les autres pays musulmans qui pratiquent un « islam tiède ». Issu d’un pays qui pratique le wahhabisme[59], Oussama Ben Laden et Abdallah Azzam lancèrent une doctrine d’un « islam révolutionnaire »[60], fondé sur l’idéologie politique des Frères musulmans.

Le « Réveil islamique » lancé par l’imam Abdallah Azzam[61] et Oussama Ben Laden jumela une prédication centrée sur la piété et la morale au discours politique des Frères musulmans. A l’instar de tous les mouvements révolutionnaires, y compris le communisme, ce mouvement (le « Réveil islamique »)[62] appelait à l’insurrection contre les régimes en place, y compris ceux de l’Arabie saoudite[63].

Cette campagne permît à Oussama Ben Laden de recruter plus de 100.000 mercenaires au sein de cette« internationale djihadiste »[64], prêts aussi bien au combat sur le territoire afghan qu’à effectuer toute opération commanditée par les besoins du « djihad ». Des milliers de personnes furent ainsi transformées en islamistes révolutionnaires (qu’on appelle « radicaux »), venant de plus d’une quarantaine d’Etats principalement de pays arabes mais aussi de l’Europe (des convertis par les opérations de propagande). Ces mercenaires venus combattre pour le « djihad » contre les mécréants soviétiques prirent le nom d’ « Afghans Arabes »[65]. Arrivés en Afghanistan, ils reçurent un entraînement militaire très sophistiqué et spécialisé, par la CIA, selon le Centre Al – Aram d’Etudes Stratégiques du Caire[66]. Cet entraînement nécessitait des fonds colossaux pris en charge par l’argent provenant de la drogue que par les deniers personnels d’Oussama Ben Laden que par d’autres sources financières occultes dont les services secrets bénéficaient.

Progressivement, cette organisation prit le nom d’ « Al Qaïda » (la base). Une base d’une « internationale djihadiste »[67] installée dans un pays qui bénéficia pendant des années d’une situation de non-droit[68] et facilita, ainsi, la formation de ses membres. Un établissement appelé par certains chercheurs « université du terrorisme » fut installé à Khost[69], l’un des fiefs d’Oussama Ben Laden, dispensant une formation aux méthodes de sabotage et d’actes de terrorisme.

Selon le New York Times, c’est la CIA qui aida Ben Laden à construire cet établissement[70].

Cette « internationale islamiste » fut financée certes par les fonds propre d’Oussama Ben Laden, mais la fortune de ce dernier, toute entière, ne pouvait pas à elle seule permettre le financement de cette entreprise et de ses ramifications. Des fonds occultes sont venus contribuer à ce financement[71].

Un Etat, servant de vitrine à la fois de propagande et de financement à cette entreprise, entra en jeu. Il s’agit du Qatar, doté d’une superficie de 12.000 Km2 et d’une population de 1,8 millions d’habitants dont 1,5 millions d’étrangers. Le nombre des Qataris n’est donc que 300.000 personnes. Ce pays tient sa richesse grâce à l’exploitation de l’hydrocarbure depuis les années 30. A cette époque, la Standard Oil du New Jersey, appartenant à la famille Rockefeller (qui devient par la suite Exxon-Mobil), avait le monopole de l’exploitation de ses gisements pétroliers avec la BP (ou BP/Amoco) ainsi que la Royal Dutch Shell, détenue en partie par les Rotchild.

Progressivement et avec la création de la société Qatar Petroleum par l’Etat qatari, Exxon – Mobil est devenue la principale compagnie pétrolière participant au capital de Qatar Petroleum. Elle siège dans le Conseil du Commerce qatari ainsi que dans le Conseil d’Administration de Qatar Petroleum, à l’instar de la firme Northrop-Gruman, une société d’armement liée directement au Petagone américain.

Après des études effectuées en Grande Bretagne, le fils de l’émir Khalifa Ben Hamad Al Thani, l’émir Hamad renversa son propre père et prit le pouvoir. Progressivement et sous son règne, le Qatar se rapprocha des Etats-Unis qui ont construit dans ce minuscule Etat leur plus grande base militaire (à l’extérieur des Etats-Unis). Une chaîne de télévision phare est créée, inspirée de la CNN : Al Jazeera[72]. Cette chaîne a réussi à attirer l’attention de l’opinion publique du monde arabe car elle a commencé à s’ériger comme défenseur de la liberté d’expression dans le monde arabophone. Elle diffusait des émissions et des débats mettant en cause les dirigeants et les gouvernements des pays arabes. Plus tard, elle a acquis une notoriété internationale à la fois lors de la guerre du Golfe, en couvrant sur le terrain les offensives militaires, mais surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001, quand elle diffusait en exclusivité les messages d’Oussama Ben Laden.

Dans un deuxième temps et après avoir réussi à devenir la référence médiatique dans le monde arabophone, elle changea de ligne éditorialiste et procéda à une islamisation de la société arabo-musulmane, en diffusant des programmes religieux et des prêches ayant pour objectif de façonner les sociétés musulmanes dans le monde arabe. Son nouveau directeur, Wadah Khanfar, supposé être pro-islamiste et dont le frère est activiste au sein du Hamas, encouragea cette démarche.

Curieusement, en 2011, il démissionna de son poste à l’issue de la révélation de ses contacts avec des officiels de la CIA, selon The Guardian.

Malgré ses bonnes relations avec Israël[73] et les Etats – Unies, le Qatar  est accusé de financer les groupes révolutionnaires se proclamant de l’islam, mais aussi les institutions de propagande islamiste en Occident. Le gouvernement qatari a récemment réfuté ces accusations en attribuant certains financements à des particuliers voire à des sources incontrôlées.

En effet, la législation qatarie, notamment le Commercial Companies Law (CCL)[74], permet la création de sociétés où les parts ou actions peuvent être détenues par des nominees (porteurs de parts), gérées par un directeur (Director) local. Des personnes physiques ou morales peuvent de ce fait détenir des parts, par porteur (nominee), au sein de ces sociétés. Ces dernières peuvent ainsi ouvrir des comptes bancaires et procéder à des virements à l’étranger, en profitant de ce système qui permet l’occultation des bénéficiaires économiques.

Des structures compliquées et opaques peuvent ainsi bénéficier de ce système législatif malgré la loi AML (Anti-Money Laundering Law) de 2010 dont les dispositions ne s’opposent pas à celles de la CCL. Par conséquent, ces structures peuvent permettre à des sociétés situées à Delaware de participer dans leur capital social qatari.

Grâce à ce système et en dehors des richesses pétrolières qataries, ces structures de droit local peuvent participer au financement d’opérations et de projets. Officiellement, ces sources de financement sont considérées comme étant qataries, écartant tout soupçon quant à l’implication de personnes aussi bien morales que physiques étrangères à ce pays dans le financement des moyens de propagande ou du terrorisme tout court. Cela explique aussi le fait que les montants investis et dépensés officiellement par le Qatar dépassent largement les revenus de ce pays.

Il convient donc de procéder à des investigations profondes, avec le concours des Etats dont des ressortissants (personnes morales et/ou physiques) sont impliqués dans ce processus afin de déterminer l’origine de ces fonds.

Certes, il s’agit d’une tâche délicate car elle risque d’impliquer différents services secrets, à l’instar des actions judiciaires entamées aux Etats-Unis qui ont pu donner des indices relatifs à l’implication des services secrets avec le trafic de la drogue. La plupart de ces affaires n’ont malheureusement pas abouti. Certaines personnalités citées ou poursuivies invoquèrent la raison d’Etat pour se soustraire aux enquêtes.

Il faut donc attendre la déclassification des archives et des documents publics pour espérer avoir la lumière sur l’interaction entre les différents services secrets et déterminer leur rôle dans la machine de terreur qui a pour objectif, de nos jours, de manipuler l’opinion publique en vue de réussir des projets politiques.

Manipulés, plutôt qu’auteurs d’un projet politique d’ampleur mondiale, les Frères musulmans contribuent à la situation chaotique qui prévaut dans le monde et qui est interprétée comme un « choc de civilisations », annonciateur d’un « nouvel ordre mondial ».

[1]    Voir les développements précédents.

[2]    Les membres de cette organisation se nommaient carbonari. En apparence, il s’agissait de compagnons artisans, producteurs de charbon de bois. Mais cette confrérie avait également des objectifs politiques similaires à ceux de la franc-maçonnerie à qui elle emprunta le rituel initiatique.

[3]    L’Arabie saoudite actuelle.

[4]    Il existe 4 grandes écoles de pensées islamiques sunnites : hanafite, malékite, chaféite et hanbalite.

[5]    En effet, au cours du XIIIème siècle, les pratiques de l’islam avaient trop évolué, renouant avec le paganisme de la période pré-islamique, notamment sous l’influence des Mongols. Ibn Taymiya voulait mettre un terme à ces pratiques.

[6]    Société des Frères musulmans.

[7]    Les Anglais qui occupaient alors la ville d’Ismaïlia avaient établi des relations avec Hassan Al Banna. Ce dernier a été approché par les services de renseignement de Sa Majesté, avant de créer la Confrérie des Frères musulmans. Les Britanniques désiraient mettre en difficulté et donc contrôler le Roi égyptien, en encourageant et en aidant la création de cette organisation inspirée de la franc-maçonnerie. Cette stratégie a été également adoptée par les Israéliens qui ont encouragé la création et l’émergence du Hamas en Palestine pour affaiblir l’OLP et islamiser la cause palestinienne.

[8]    D’autres chercheurs évoquent également un mode de financement par l’Ordre de Thulé, une société secrète allemande à laquelle Adolf Hitler aurait appartenu et qui a eu une influence sur l’émergence du nazisme.

[9]    L’attention du lecteur devra être attirée sur la signification du terme « chariaa » : loi religieuse régissant les rapports sociaux. Il existe donc autant de chariaa qu’il y a des religions qui cherchent à codifier les relations sociales.

[10]  Le Crédo des Frères musulmans indique notamment : « Allah est notre objectif. Le Prophète Mahomet est notre Chef. Le Coran est notre loi. Le djihad est notre voie. (…) l’Islam est une loi complète pour diriger cette vie et celle de l’au-delà (…) Je crois que le musulman a le devoir de faire revivre l’islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour à sa législation propre ; que la bannière de l’islam doit couvrir le genre humain ; que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’islam… »

[11]  On peut rapprocher ce fait au sionisme qui est une manifestation du judaïsme politique et qui a vu le jour, d’une manière officielle, avec Théodore Herzl en 1897. Par ailleurs, on constate que l’islam politique a émergé, à la même date, avec le sionisme politique.

[12]  L’Emir Abd el Kader a donné son nom à une loge de la Grande Loge de France, en 1994.

[13]  Il est fondateur d’une loge maçonnique associée au Grand Orient de France. Voir Jacques JOMIER, « Les Frères musulmans et leur influence », Etudes, t.300, janvie, février, mars 1959, p. 428.

[14]  Voir les développements précédents.

[15]  Dans un article paru dans le magazine « Al Taj Al Masi », le 23 avril 1943, Sayyid Qutub dévoila son appartenance à la franc-maçonnerie : « ..j‘ai senti que la franc-maçonnerie il y avait un remède aux blessures de l’humanité. J’ai frappé aux portes de la franc-maçonnerie afin de me nourrir l’âme de la philosophie et la sagesse. (…) Et afin d’être un combattant aux côtés des moujahidines (combattants) et que j’éprouve aux côtés de ceux qui travaillent ».

[16]  Néanmoins, le manque d’assiduité n’entraîne pas nécessairement l’exclusion de l’organisation.

[17]  Elle rappelle Salomon représenté avec son épée.

[18]  On dénombre leur présence dans une centaine de pays de la planète.

[19]  Sous le nom « Front islamique d’action.

[20]  Deux membres de la confrérie algérienne des Frères musulmans, Abassi Manadi et Ali Benhadj, furent à l’initiative de la création du Front Islamique du Salut qui a déstabilisé l’Algérie durant plusieurs années.

[21]  Les Frères furent interdits en Tunisie, avant la chute du Président Benali. Il a fallu attendre cet événement afin que le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, proche des Frères regagne son pays et fait participer son parti aux élections.

[22]  Depuis les années 40. En1941, un parti d’obédience islamique dont les fondateurs étaient membres des Frères musulmans a été créé : s’agissant du Jama’at Islami du Pakistan. Ce parti participa avec les Moujahidines à la guerre en Afghanistan, en se rapprochant de Ben Laden et en bénéficiant du soutien de la CIA.

[23]  Islamische Gemeinschaft in Deutschland.

[24]  Des membres de la confrérie des Frères se sont même rapprochés des officiels du Gouvernement américain, à l’instar de Huma Aidin, conseillère spéciale de Hilary Clinton, Arif Alikahan, secrétaire adjoint de la Sécurité intérieure sous Barack Obama dont il a été le conseiller spécial. Alikhan est également l’un des fondateurs de l’Organisation islamique mondiale. Mohamed Elibiary a été membre du Comité consultatif du Département de la sécurité intérieure. Rashed Hussain a été proche conseiller du Président sortant Obama, etc…

[25]  Nasser était l’un des fondateurs du Mouvement des Non Alignés, avec Tito, Nehru et Mgr Makarios. Ce mouvement était considéré comme un sous-marin soviétique.

[26]  Organisation secrète ou de « mystère », laissant planer un certaine énigme autour d’elle, notamment autour de ses élites.

[27]  Agissant ainsi en concertation avec ces organisations, d’une manière très discrète.

[28]  Front Al Nosra (qui est une branche d’Al Qaïda), voire l’Etat islamique ou Daech.

[29]  Les soldats de ces groupes paramilitaires islamistes étaient soignés dans les hôpitaux en Israël. Cette situation avait fini par agacer l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki Moon, en 2014, qui en a fait état dans un rapport.

[30]  L’armée israélienne bombardait des positions de l’armée syrienne, chaque fois où cette dernière allait réussir à mâter les groupes paramilitaires islamistes.

[31]  Cette appellation leur a été consacré le lendemain des accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre en ex-Yougoslavie.

[32]  Dans ce discours, le Président Bush soulignait notamment : « Nous avons devant nous l’opportunité de forger pour nous-mêmes et pour les générations futures un Nouvel Ordre Mondial, un monde où les règles de la loi, non les règles de la jungle, gouverneront la conduite des nations. Quand nous serons victorieux, et nous les serons, nous aurons une vraie chance pour ce Nouvel Ordre Mondial, un ordre dans lequel des Nations Unies crédibles pourraient utiliser leur rôle de maintien de la paix pour réaliser la promesse et la vision des fondateurs des Nations Unies ».

[33]  Lors de la libération du Koweit.

[34]  Le terrorisme « islamiste ».

[35]  Le sionisme a profité du malheur et de la souffrance des communautés juives dans le monde, à l’issue de la Seconde guerre mondiale, pour s’imposer comme courant politique majoritaire commun à toutes les communautés juives de la planète. Il a ainsi imposé l’idée d’un « peuple juif » (identique à l’idée de l’Oumma islamique prônée par les Frères musulmans) et créé l’Etat monoconfessionel d’Israël.

[36]  Le conflit chypriote était interprété comme étant de nature communautaire : une mésentente entre les Chypriotes grecs et turcs et une invasion du nord de Chypre par la Turquie. A l’époque, aucun indice ne permettait la qualification de cette situation en conflit religieux : les Chypriotes turcs et les Turcs de Turquie ne pouvant prendre aucun prétexte religieux en pleine ère de kémalisme et les Chypriotes grecs étant soviétophiles à tendance athéiste.

[37]  La guerre du Liban a opposé les Palestiniens, alors réfugiés et manipulés par les services secrets étrangers, à l’armée libanaise avant d’opposer les communautés chrétiennes aux musulmanes, sur un  fondement communautaire et non religieux. Les différentes communautés se sont ensuite entre-tuées et déchirées entre elles en raison de l’émergence des milices, permettant à la Syrie et à Israël d’occuper le pays, etc…

[38]  D’abord lors du conflit opposant les Croates catholiques aux Serbes orthodoxes. Ensuite, les Serbes chrétiens aux Bosniaques musulmans.

[39]  C’est au Daguestan que l’idée d’un Emirat islamique a germé, à l’instar de l’Etat islamique prôné par Abou Bakr Al Baghdadi.

[40]  Émergence du radicalisme religieux, arrivée au pouvoir des Islamistes, apparition de nouvelles forces à caractère religieux.

[41]  Accords franco-britanniques, conclus à l’issue de la Première guerre mondiale qui a mis fin à l’ère des empires et donna naissance à des Etats-nations. Ces accords ont défini la cartographie actuelle du Proche – Orient.

[42]  Après 15 ans d’accalmie, le sceptre de la guerre allait regagner le pays du Cèdre. Le 14 février 2005, l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, de confession musulmane sunnite, a été assassiné par un attentat malgré la sécurité draconienne dont il bénéficiait. Dans un premier temps, la Syrie a été accusée de cet acte. Ensuite et dans un deuxième temps, le Hezbollah, à majorité chiite et jouissant d’une popularité nationale gagnée en raison du retrait de l’armée d’occupation israélienne de la presque totalité du territoire du sud-Liban, a été pointé du doigt. Mais cette situation n’a pas réussi à attiser le feu d’un conflit entre les sunnites et les chiites. Un an plus tard, en 2006, Israël mena une offensive militaire, détruisant toute l’infrastructure du Liban, prétextant comme causus belli, des déclarations provocatrices du chef du Hezbollah. Cette opération, nonobstant le désir incessant du pays hébreux de détruire l’infrastructure de son principal rival au Proche – Orient (le Liban), avait pour objectif de retourner l’opinion publique contre le Hezbollah, en le tenant pour responsable de cette situation et stimuler l’éclosion d’un conflit sunnite-chiite.

[43]  Théorie de Bernard Lewis reprise par Samuel Huntington .

[44]  Parmi eux, influencés par Al Afghani (voir les développements précédents) et par Sayyid Qotb, citons le Cheikh Omar Abdel Rahman, commanditaire de l’assassinat du Président égyptien Anouar Al Sadate, Oussama Ben Laden, Ayman Al Zawahiri (fondateur du Jihad islamique en Egypte et dirigeant d’Al Qaïda, après la mort d’Oussama Ben Laden), Youssef Karadaoui (le fameux imam connu pour ses prêches sur la chaîne Al Jazeera, au Qatar), Khaled Cheikh Mouhammad (qui dirigeait les opération d’Al Qaïda), Abous Moussa Al Zarkawi (qui s’est autoproclamé dirigeant d’Al Qaïda en Irak entre 2003 et 2006), Abou Hamza Al Mastri (réfugié à Londres et prêcheur à la mosquée de Finsburg Park dans la capitale anglaise), etc…

[45]  Les services anglais (MI6) ont joué un grand rôle dans la création et l’émergence de cette organisation.

[46]  500 livres.

[47]  La cause palestinienne a été défendue par des nationalistes chrétiens, à l’instar de Georges Habache, Hanane Achraoui, Ibrahim Souss, Leila Shahid, voire Yasser Arafat dont la femme est chrétienne. Israël favorisera la montée progressive du Hamas, comme elle l’avait fait en Cisjordanie en encourageant les Frères musulmans pour effrayer la monarchie hachémite. Ainsi, la montée progressive du Hamas a été encouragée par les Israéliens pour fragiliser l’OLP et le Fatah et discréditer la résistance palestinienne, en lui en transférant le commandement, comme le souligne notamment l’ancien candidat américain aux élections présidentielles, Ron Paul. Cette analyse coïncide avec celle d’Anthony Codesman, ancien conseiller à la sécurité nationale du sénateur John McCain, qui indique qu’« Israël a aidé directement le Hamas car les Israéliens voulaient l’utiliser comme un contre-pouvoir au Fatah ».

[48]  Voir « Histoire secrète des Frères musulmans », Chérif Amir, éd. Ellipses, 2015. Voir également « Frères musulmans : enquête sur la dernière idéologie totalitaire ».

[49]  Saïd Ramadan est le gendre de Hassan Al Banna et de Tarek Ramadan. Il a notamment créé le Centre islamique de Genève et était parmi les fondateurs de la Ligue islamique mondiale.

[50]  Voir également à ce sujet « Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident », Ian JOHNSON, éd. J.C Lattès.

[51]  L’actuel Président américain, Donald Trump, avait officiellement accusé l’Administration Obama d’avoir créé Daech, lors de sa campagne électorale. De même, la candidate aux élections présidentielles et ancien Secrétaire d’Etat, Hilary Clinton n’avait pas hésité à mentionner cela dans son ouvrage « Hard Choices », paru en 2014, que l’administration Obama avait créé l’Etat islamique afin d’aider les Frères musulmans à se développer : « nous étions d’accord avec les Frères musulmans en Egypte pour annoncer l’Etat islamique dans le Sinaï et le remettre entre les mains du Hamas ». Cités in www. Europe-israel.org.

[52]  Dans l’objectif de renverser le Président et le gouvernement en Syrie et entraîner ce pays dans le chaos à l’instar de l’Irak et de la Libye. L’ancien ministre français des affaires étrangères, atlantiste et proche des néo-conservateurs qui ont regagné le Quai d’Orsay depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, avait déclaré dans un entretien pour le quotidien français Le Monde : « Al Nosra fait du bon boulot en Syrie ».

[53]  Une rivalité oppose à ce sujet les Turcs aux Arabes sunnites.

[54]           Cette force est devenue effective au Yémen où les soldats israéliens pilotèrent, en 2014 et 2015, des bombardiers saoudiens dans le cadre de la coalition arabe dont le quartier général a été installé par les Israéliens au « Somaliland », un Etat non reconnu situé dans la Corne d’Afrique, limitrophe de la Somalie, de l’Ethiopie, de Djibouti et du Yémen.

[55]  La normalisation des relations israélo-saoudiennes a conduit l’Arabie saoudite à envisager l’ouverture d’une ambassade à Tel Aviv dont la construction aurait déjà débuté. Le Prince Walid Ben Talal serait pressenti à occuper le poste d’ambassadeur du Royaume saoudien en Israël. Par ailleurs,  il a été révélé que, dans leurs négociations récentes avec les Saoudiens notamment au cours de la coopération militaire entre ces deux pays au Yémen, les Israéliens demandèrent aux Saoudiens de s’abstenir de financer des organisations islamistes, seulement si leurs actions visent le pays hébreu.

 

[56]  Le père d’Oussama Ben Laden était à la tête d’un groupe qui contrôlait environ 80% du marché des travaux publics du Royaume saoudien (le Groupe BEN LADEN).

[57]  op. cit.

[58]  Cette propagande est curieusement similaire à celle développée par Daech, avec des méthodes de communication modernes et efficaces, bénéficiant de moyens financiers gigantesques pour atteindre ses cibles. En effet, le recrutement des mercenaires est une tâche qui demande la catégorisation des combattants, en examinant leur profil et en s’assurant de leurs mobiles. J’en ai personnellement débattu avec mon client Bob Denard qui mit du temps pour acquérir l’expérience lui permettant de recruter son équipe de mercenaires (les meilleurs combattants du mercenariat sont ceux qui désirent se battre pour défendre une quelconque idéologie ou un idéal, loin des considérations matérielles : le gain d’une solde. De même

[59]  Le wahhabisme est apparu au XVIIIème siècle (en 1750). Ce courant doctrinal, établi par  Mohamad Ibn Abdelwahhab An-Najdi dans un traité qui devint la référence théologique du wahhabisme et du salafisme (« Kitab Al Tawhid » : le Traité de l’unicité), se fonde sur une interprétation littéraliste de la sunna et des hadiths du Prophète Mahomet et de ses compagnons. Au début du XXème siècle, le wahhabisme a permis à la famille Al Saoud de prendre le pouvoir dans la péninsule arabique et de fonder le Royaume saoudien, avec l’aide des Britanniques. Identifié au wahhabisme, le salafisme prône la restauration de l’islam des premiers temps en adoptant une lecture simplifiée et dogmatique du Coran (Un atharisme prôné, au cours du premier siècle de la propagation de la religion musulmane, par Abu Hanifa. Les musulmans sont donc appelés à accepter le Coran, sans se poser de questions et se faire guider dans leur foi par un imam). Il est considéré comme quiétiste et non violent. Ses pratiques sont similaires à celles des Amish : les hommes se rasent le crâne et la moustache mais se font pousser la barbe tandis que les femmes portent la burqa (En théorie, dans leur imitation de la vie du Prophète, les salafistes ne doivent pas adopter les moyens développés par la technologie (usage des téléphones, de l’électricité, des voitures, etc…). Mais, en pratique, aucun salafiste ne respecte ces principes). Au XIXème siècle, ce courant religieux a fait l’objet d’une réforme prônée alors par Jamal Eddine Al-Afghani et Mohamed Abduh.

[60]  Similaire aux « Black muslims » des Etats-Unis.

[61]  Abdallah Azzam travailla surtout la doctrine de cette organisation révolutionnaire djihadiste qui fut appelée par la suite « Al Qaïda ».

[62]  Cette idéologie fut propagée, grâce à des fonds colossaux provenant aussi bien de sources officielles que non-officielles, par des moyens de communication de l’époque : cassettes VHS, pamphlets, fascicules, livres de référence inondant largement les librairies musulmanes dans le monde entier et devenant la référence théologique, en concurrençant ceux des Frères musulmans et des Tablighistes. A côté de ces éléments, une formation de prêcheurs était assurée, en Arabie saoudite dans un premier temps avant d’être transférée au Pakistan puis en Afghanistan. Les « Docteurs » en théologie de ce mouvement, furent ensuite envoyés pour propager cette idéologie et pour recruter sur place. Ils recevaient le titre d’«Imams » (dans la religion musulmane, notamment dans la confession sunnite, les imams sont les personnes qui précèdent l’assemblée lors de la prière) et disposaient de fonds nécessaires pour accomplir leurs missions. Ces prêches étaient pratiquées dans des lieux de prière (mosquées) ou de réunion qui se transformèrent par la suite en « écoles » (madrassas). Parallèlement, on assista à la floraison d’ONG caritatives afin d’aider les plus démunis et, par là, les attirer vers ce mouvement qui devait sa réussite aussi bien à cette structure mais surtout des fonds financiers dont ses institutions et ses missionnaires disposaient pour toucher les faibles, aider les démunis et promettre à leurs adeptes « un avenir radieux », à l’instar des révolutionnaires communistes. Cette structure pyramidale donnait néanmoins une liberté aux responsables des « sections », répartis dans les différents pays de la planète, afin de s’associer aux mouvements politico-religieux nés de la contestation (donc avec un sentiments de révolte). Dans son livre décrivant la méthode de réussite d’Al Qaïda, Abou Moussab Al Souri affirme à ce sujet : « Al Qaïda n’est pas une organisation. Ce n’est pas un groupe et nous ne voulons pas que cela le devienne. C’est un appel, une référence, une méthodologie ».

[63]  Les prédicateurs du salafisme quiétiste qui soutenaient le régime saoudien, à l’instar du cheikh Ibn Baz ou du cheikh Ibn Outhaymin, furent la cible des critiques d’Abdallah Azzam.

[64]  Une « brigade internationale » consacrée au « djihad ».

[65]  Ce procédé est à rapprocher à celui de Daech.

[66]  En effet, en mars 1985, le Président Ronald Reagan signa un nouvel Ordre exécutif permettant d’augmenter l’aide américaine pour l’Afghanistan, permettant d’atteindre le volume des armes à 65.000 tonnes.

[67]  Ben Laden prit la place du fondateur officiel d’Al Qaïda, Abdallah Youcef Azzam.

[68]  Une zone qui a permis l’expérimentation des armes les plus sophistiquées et le développement également de bandes armées criminelles mais aussi le développement du trafic de la drogue. Voir infra.

[69]  Oussama Ben Laden s’installa dans la province de Khost en 1986 où il fut accueilli par Jalalouddine Hakkani. Il y installa alors un bureau de recrutement des mercenaires « Maktab Al Khadamat ».

[70]  Selon ce magazine, l’un des dirigeants de la CIA, Milt BEARDEN, assista Ben Laden lors de la mise en place de cet établissement financer par ce dernier.

[71]  Il convient de se référer au chapitre précédent pour examiner les modes de financement occultes, notamment en provenance du commerce de la drogue.

[72]  L’idée de la création de cette chaîne reviendrait à David et Jean Frydman

[73]  Le Qatar a des relations officielles avec Israël depuis 1996, date à laquelle ce dernier y établit un Bureau de relations commerciales.

[74]  Articles 203 et 225 du CCL.

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