La Chine dans le multilatéralisme de 1971 à nos jours

Régine Perron

Maître de conférences en histoire des relations internationales de l’Université de Cergy-Pontoise et Chercheur associé au Centre Roland Mousnier (UMR 8596) de l’Université de Paris-Sorbonne (Paris-IV).

2eme trimestre 2014

Comment l’insertion d’un état communiste, la République Populaire de la Chine, a-t-il pu s’effectuer dans un système multilatéral fondé sur les principes de la démocratie libérale et du capitalisme économique. Après la définition du modèle du multilatéralisme, et les institutions multilatérales au niveau universel, puis au niveau régional, il sera possible d’étudier l’intégration définitive de la Chine dans le multilatéralisme, désormais envisagé au niveau du monde entier après la guerre froide, et non plus seulement limité au monde occidental pendant la guerre froide. L’ouverture des frontières entre les pays communistes et les pays capitalistes aura ouvert la possibi­lité de cette cohabitation dans un même modèle économique de prospérité représenté par l’OMC et le FMI, et au sein d’une coopération internationale de la sécurité et de la paix ainsi qu’au niveau du bien-être avec l’ONU. Or cette association entre le libéralisme économique et le maoïsme politique, surprenante au premier abord, correspond à une volonté de la Chine de ne plus rester en périphérie du système multilatéral, mais de s’y insérer afin de mieux participer à l’évolution internationale, c’est-à-dire au centre. Par ailleurs, Pékin a su conserver sa cohésion nationale après la fin de la Révolution culturelle, en redéfinissant les valeurs maoïstes pour les réformes écono­miques à partir des années 80, et ensuite en mobilisant les valeurs confucéennes depuis le début des années 2000 pour les réformes sociales. La Chine s’est adaptée, tout en gardant son identité culturelle et politique, et appartient pleinement au fonctionnement du multilatéralisme, même si l’on pense qu’elle se tient en retrait sur certains aspects.

Introduction

Depuis son ouverture au monde commencée en 1978, et accélérée à partir de 1992, la Chine a acquis une position internationale qui est devenue incontour­nable. En effet, elle se situe en 2012 au premier rang mondial pour les exporta­tions de marchandises, avec une valeur de 2 048 714 000 dollars, dont 94 % de ces exportations sont constituées de produits manufacturés. La Chine se situe au deuxième rang mondial pour les importations de marchandises avec une valeur de 1 818 405 000 dollars, dont 58,2 % représentent les produits manufacturés et 29,4 %, les produits miniers et le pétrole. Dans l’ensemble, la Chine représente environ 10 % du commerce mondial en 2012, et se situe au second rang mondial pour son poids économique après les États-Unis. Ces chiffres permettent de donner une idée de sa place dans le commerce mondial, mais si on les compare avec ceux des décennies antérieures, on mesure alors le chemin parcouru (voir tableau 1 ci-après).
De 1990 à 2000, on constate une progression d’environ 2 % de la Chine dans le commerce mondial, et de 2000 à 2012, une progression qui se situe entre 6 % et 7 %. Si l’on compare la position de la Chine avec celle des États-Unis, ces derniers affichent entre 1990 et 2000 une progression d’un peu plus de 2 % pour les expor­tations mondiales et 4,8 % pour les importations mondiales, mais déclinent entre 2000 et 2012 de presque 9 % au niveau des exportations mondiales et d’environ 11 % pour les importations. Quant à l’Union Européenne (à 15), son commerce mondial décline déjà d’un peu plus de 8 % au niveau des exportations et importa­tions mondiales de 1990 à 2000, et encore de 21 °/o de 2000 à 2012.

Pourtant, cette ouverture sur le monde s’est faite sur le socle de la politique de Mao Zedoung, le fondateur du régime communiste chinois. Dès lors, comment concilier l’économie de marché dominante dans le monde extérieur avec les règles politiques maoïstes de l’intérieur du pays ? Telle est la question qui anime les débats actuels sur cette association qui paraît antinomique : le communisme politique et le libéralisme économique.

Avant d’aller plus loin, une définition précise du multilatéralisme aidera à éclai­rer les enjeux de l’insertion de la Chine dans le monde. « N’étant pas une théorie économique, le multilatéralisme est une doctrine construite sur la base d’un équi­libre, ou d’une moyenne, entre le libéralisme d’Adam Smith et l’interventionnisme de John Keynes. Il a été conçu par Cordell Hull et son équipe après la crise de 1929 et pendant la seconde guerre mondiale, au sein du gouvernement américain de Franklin D. Roosevelt. Il a été mis en place à partir de 1945 et s’appuie sur les ins­titutions multilatérales (internationales, comme l’ONU, l’OMC, le FMI, le BIT, … et régionales, comme l’Union européenne, l’Union africaine, le MERCOSUR, l’ASEAN, …) qui sont définies par des principes moraux, comme la non-ingérence, la non-discrimination et le respect des droits individuels. Les pays adhérant à ce système international sont liés par l’intérêt mutuel ou la réciprocité, afin de réaliser ‘l’ordre au-dessus du chaos’ sur une base ternaire et égalitaire : la paix et la sécurité, la prospérité et le bien-être. Depuis le début des années 70 jusqu’à nos jours, le multilatéralisme a changé de sens en adoptant une nouvelle théorie économique, le néo-libéralisme de Von Hayek et de Milton Friedman, et qui s’oppose à l’interven­tionnisme de Keynes[1] ».

Dans cette optique multilatérale, les réformes économiques entreprises depuis 1978 par le nouveau responsable du Comité Central du Parti communiste chinois, Deng Xiaoping, soit deux ans après la mort de Mao Zedoung, prennent-elles leur sens ? Ce papier se propose de s’interroger sur l’insertion d’un État communiste, la République Populaire de la Chine, dans un système multilatéral qui est lui-même fondé sur les principes de la démocratie libérale et du capitalisme économique. Serait-ce un paradoxe ou une adaptation ?

Le travail s’organise selon le modèle du multilatéralisme, élaboré d’après la défi­nition, en commençant par les institutions multilatérales qui se situent au niveau universel, et ensuite celles qui se situent au niveau régional[2].

Une nouvelle voie chinoise vers le multilatéralisme (1971-1992) ?

Tout d’abord, il est utile de comprendre comment la Chine a pu s’ouvrir au monde alors qu’elle a vécu pendant des décennies dans l’autarcie et dans l’isole­ment, comme cela avait été préconisé par Mao Zedoung. Les réformes internes et externes entreprises par Deng Xiaoping sont le point de départ d’un véritable ajustement aux règles multilatérales. En effet, comment s’insérer dans le multilaté­ralisme, et surtout est-ce nécessaire de le faire à ce moment-là ?

La situation de la Chine à la mort de Mao en 1976

« Lorsque les réformes débutent en 1978, la Chine est encore l’un des pays les plus pauvres du monde, avec 60 % d’une population totale d’un milliard d’habi­tants vivant au-dessous de ce que les Nations Unies considèrent comme le seuil de pauvreté (moins d’un dollar par jour)[3] ». La population chinoise est majori­tairement paysanne, et depuis deux ans, la production céréalière stagne et ne per­met plus d’approvisionner suffisamment l’ensemble de la population. De plus, le modèle économique soviétique mis en place depuis les années 50, comme la col-lectivisation des terres et l’industrialisation lourde, est d’une part rejeté par la pay­sannerie et, d’autre part, ne stimule pas l’ensemble de l’économie comme espéré. En effet, l’industrie dépend largement du capital prélevé par l’État qui représente la différence entre le prix du marché et le prix d’achat sur l’agriculture (en particulier les céréales et le coton, qui sont des monopoles d’État), ainsi que de l’approvision­nement en matières premières d’origine agricole[4]. Pourtant, on a noté une certaine amélioration du revenu national chinois (tout en connaissant la différence de calcul statistique qui ne prend en compte que l’indice de la production effective et non celle qui a été vendue) qui, de 1953 à 1965, s’élève à 5,6 %, et de 1966 à 1978 à 6,7 %. Cette moyenne de 2 % environ représente un taux de croissance semblable à d’autres pays en développement à cette époque. Au cours des mêmes périodes, l’industrie croît de 11,3 % par an, avec des capitaux qui représentent 10 à 15 % du PIB, mais l’agriculture progresse de 2,2 % par an[5]. Dans ce contexte, « la maximisa-tion du taux de croissance » devient la priorité majeure des dirigeants[6].

Cependant, la croissance chinoise ne peut pas être comparée à celle des ses voi­sins au cours des Trente Glorieuses, comme le Japon et les Quatre Dragons (Hong-Kong, Taïwan, Singapour et Corée du Sud). Le tableau n° 2 ci-après sur le PIB de ces pays voisins permet de donner une idée de leur attractivité sur la Chine entre 1961 et 1981.

À ce moment-là, « Il existe deux références majeures pour la Chine réformiste dans le monde : l’Europe de l’Est et l’Asie orientale. L’Europe de l’Est, parce qu’elle faisait partie du monde communiste et réformiste. L’Asie orientale, parce qu’elle faisait partie du monde sinisé. L’Europe de l’Est a longtemps servi de repoussoir à la réforme chinoise, alors que l’Asie orientale représentait un modèle de réussite. Selon cette vision, l’Asie orientale est bien plus importante que l’Europe de l’Est parce qu’elle est la référence de demain. Dès l’ouverture de la Chine à la fin des années soixante-dix, le modèle de l’Asie orientale a toujours été l’un des plus importants repères pour les réformistes[7] ». Cette longue citation permet d’illustrer le choix de la Chine pour l’ouverture, mais plutôt du côté de ses voisins asiatiques de l’Orient, et non du côté des Européens de l’Est, ce qui l’amène paradoxalement à se rapprocher du système multilatéral de l’Occident.

Or « La politique commerciale suivie par la Chine depuis 1979 fait apparaître de fortes similitudes avec celles mises en œuvre dans les pays d’Asie orientale dans les années 60 et dans les pays d’Asie du Sud-Est depuis le début des années 80. Ces pays ont adopté des politiques commerciales qui se caractérisent par ‘la coexis­tence singulière d’une orientation à l’exportation et du maintien d’une protection à l’importation’ (Flatters et Harris, 1994)[8] ». C’est donc une association d’ouverture et de protection qui a permis à l’Asie du Sud-Est de s’affirmer économiquement : l’ouverture avec les exportations a permis d’obtenir des devises pour les réinvestir pour l’industrialisation du pays, et la protection contre les importations a donné le temps aux industries de s’implanter dans le marché intérieur.

De même, la Chine sort épuisée de la Révolution culturelle qui a commencé en 1966 et qui s’est terminée avec la mort de Mao Zedoung en 1976. La Chine traverse alors une profonde crise sociétale et Deng Xiaoping a trouvé la solution en misant sur une nouvelle politique économique qui ne soit plus calquée sur le modèle soviétique.

Comment appliquer les règles multilatérales à la Chine maoïste (1978-1984) ?

C’est dans ce contexte économique et social que Deng Xiaoping lance une poli­tique de « réajustement, réforme, réalignement et amélioration » d’après les slogans officiels lancés en 1979[9], après celui de « l’ouverture » proposée à la fin de 1978 et qui autorise les investissements étrangers dans des zones géographiques délimitées et appelées spéciales (ZES). Ces ZES vont servir de moteur à l’ouverture écono­mique du pays. C’est alors le début de la décollectivisation des terres agricoles et davantage d’autonomie dans les entreprises d’État afin d’augmenter la productivité. « Le succès des réformes est flagrant : une croissance annuelle vertigineuse de 10 % entre 1980 et 1985 ![10] ». L’État se retire assez progressivement du domaine écono­mique, selon les règles du marché libéral, tout en gardant des contrôles sur certains secteurs.

Mais comment dès lors concilier le communisme et le libéralisme du point de vue idéologique dans la société chinoise ? Ces réformes s’inscrivent en fait dans la nouvelle résolution du Parti communiste chinois, qui remplace celle écrite sous Mao en 1945. Commencée en novembre 1979 et terminée en 1981, la nouvelle « Résolution sur quelques questions d’histoire du PCC » sera adoptée. Elle redéfinit la pensée de Mao en trois points pragmatiques qui sont les suivants : « la recherche de la vérité dans les faits, la ligne de masse et l’indépendance[11] ». Le pragmatisme maoïste est alors mis en valeur pour voir la réalité de la situation économique et sociale de la Chine, qui connaît une grande pauvreté à l’aube des années 80, ce qui rend nécessaire les réformes. Ces réformes s’orientent alors vers deux voies complé­mentaires : la priorité donnée à l’économie non étatique et aux zones rurales, et une stratégie de développement à l’extérieur, comme l’a expliqué en 1994 le Premier ministre chinois, Wu Jinglian[12]. C’est pourquoi, Deng Xiaoping déclare à ce mo­ment-là que : « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, il suffit qu’il attrape les souris ». Puis, en 1982, il ajoute : « Construisons le socialisme aux couleurs de la Chine », et en 1984, le Comité Central du Parti Communiste Chinois (PCC) adopte la réforme sur le système économique, qui introduit la notion d’économie de marché. Le but est d’utiliser au mieux les ressources du marché pour favoriser la richesse de la Chine, peut-être sous une forme de « nouveau capitalisme d’État »[13]. Ainsi, les valeurs maoïstes sont maintenues dans un cadre économique partielle­ment libéralisé à l’intérieur du pays, et qui s’insère progressivement dans le système économique multilatéral par le biais de l’ouverture.

Le poste d’observation de la Chine à l’ONU depuis 1971

Il me semble que cette réforme économique d’ouverture a commencé à germer lorsque la Chine maoïste siège depuis le 25 octobre 1971 à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité de l’ONU. Zhou Enlai, le Premier ministre de Mao Zedoung depuis l’établissement du régime communiste en 1949 jusqu’à sa mort en 1976, a œuvré pour que son pays reprenne le siège jusque là occupé par Taïwan qui repré­sentait alors la Chine. Puis, entre 1971 et 1978, la Chine a rétabli les liens diploma­tiques avec le Japon et l’ensemble des pays asiatiques et occidentaux. Cela d’autant plus que la France, dirigée par le général de Gaulle, est le premier pays à l’avoir reconnue dès 1964 sur la scène internationale. Puis, les États-Unis la reconnaissent officiellement en 1979. Serait-ce les débuts de son intégration dans le système mul­tilatéral, et surtout le point de départ de la prise de conscience du niveau de vie contrasté entre la Chine et les autres hors du bloc soviétique ?

De même, Zhou Enlai était présent à la Conférence afro-asiatique de Bandoung en 1955, en tant que représentant de la Chine maoïste, qui réunissait les pays non-industrialisés du Tiers-Monde. On peut supposer que ce lien lui a permis d’ « en­trer » à l’ONU, comme on peut le voir : « (…) la Chine émergea, en partie grâce aux votes africains aux Nations Unies, comme le plus puissant porte-parole des pays en voie de développement[14] ». Ainsi, depuis 1971, la Chine maoïste à l’ONU fait à la fois partie des pays du Tiers-Monde en développement étant donné le niveau de vie de sa population et du club très restreint des pays qui détiennent le droit de veto sur les décisions majeures en politique internationale de paix et de sécurité. Cette double casquette, pourrait-on dire, a permis à la Chine d’observer l’évolution économique et de la politique internationale pour devenir une puissance mondiale.

La marche vers la prospérité de la Chine avec l’OMC (de 1986 à nos jours)

Entre 1989 et 1992, on assiste à un arrêt des réformes internes. Puis, les nou­veaux responsables du pays, Jiang Zemin et Hu Jintao, les relancent dans le contexte de l’éclatement de l’URSS en 1991 et celui de la fin de la guerre froide. La pros­périté de la société chinoise sera alors le ciment de l’après-guerre froide, et sera concrétisée par l’adhésion du pays à l’OMC.

Au XIVe Congrès du PCC en 1992, on décide l’abandon de toute planification, de continuer l’intégration progressive de l’économie chinoise à l’économie mondiale, de favoriser la privatisation des entreprises et enfin de généraliser l’économie de marché. C’est une réforme des structures économiques encore plus poussée que le PCC met en place, mais toujours dans le cadre politique du maoïsme. C’est pourquoi, Deng Xiaoping lance la formule qui associe définitivement le libéralisme au maoïsme : l’« économie de marché socialiste ». En effet, le développement économique est devenu la priorité n°1 avec ce constat de sa part que : « La pauvreté n’est pas le socialisme ». Et il encourage aussi ses compatriotes en ces termes : « Enrichissez-vous ». C’est le véritable décollage de la Chine.

La première demande d’adhésion en 1986

La Chine a formulé sa première demande d’adhésion au GATT en 1986, soit avant la fin de la guerre froide, et surtout lorsque le GATT a lancé ses nouvelles négociations commerciales internationales en 1985 avec l’Uruguay Round. Mais c’est seulement en décembre 2001 que la Chine fera son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui a remplacé le GATT en 1995.

La Chine s’estimait-elle prête en 1986 pour faire partie du commerce inter­national dans sa version multilatérale, qui signifie la libéralisation des échanges extérieurs, la suppression des obstacles aux échanges (comme les quotas, les contin­gents), la baisse des droits de douane, et l’accès au marché intérieur pour les par­tenaires commerciaux? Ou bien la Chine avait-elle déjà besoin de l’ouverture des marchés extérieurs pour exporter ses produits, ce qui est la position habituelle ? À mon sens, cette demande d’adhésion lui a permis de se mettre progressivement aux normes du GATT, de 1986 à 2001, en mettant en valeur les mécanismes du marché dans son propre pays grâce aux réformes. C’est précisément en 1984 que le PCC a introduit la notion de l’économie de marché dans sa politique de réformes. Cela d’autant plus que les objectifs de l’Uruguay Round en 1985 la concernent directe­ment. « Le premier enjeu de l’Uruguay Round est donc de réduire la non-unifor­mité de la protection. En ce qui concerne les produits industriels (…), cet enjeu concerne tout particulièrement les trois points suivants[15] ». Soit le textile et l’habil­lement, les nouvelles règles qui concernent l’antidumping, et les autres produits industriels dont les droits de douane ont été abaissés précédemment, pour l’être encore de 33 %. Ces objectifs ne sont pas négligeables pour la Chine de 1986 qui pourrait ainsi avoir un meilleur accès à l’achat de produits industriels parce qu’ils seraient moins chers à l’importation, qui pourrait voir augmenter les exportations d’un de ses secteurs vitaux qu’est le textile, alors protégé par les pays industrialisés depuis le Kennedy Round de 1964-1967, et enfin bénéficier d’une remise en ordre des mesures protectionnistes à l’extérieur.

Par ailleurs, la Chine avait participé à la mise en place du GATT en 1948, mais s’était retirée lorsqu’elle avait choisi la voie économique soviétique[16]. Quand elle décide de s’ouvrir vers l’extérieur pour favoriser un meilleur niveau de vie de sa population, le PCC s’éloigne dès lors du modèle soviétique pour se rapprocher de celui de l’économie de marché. En toute logique, la Chine formule sa demande d’adhésion en 1986 au moment de l’Uruguay Round, et cela avant la fin de la guerre froide. Est-ce prémonitoire ?

Le statut d’économie de marché

Cependant, l’accès total au marché intérieur chinois se fera en 2006, et ensuite, le pays sera considéré par l’OMC comme une véritable économie de marché en 2016[17]. Ici, il existe un certain paradoxe : n’ayant pas encore le statut d’économie de marché, la Chine est particulièrement attaquée sur les pratiques de dumping par ses partenaires commerciaux de l’OMC, sans lui laisser le temps d’y mettre fin avant 2016. Aujourd’hui, elle est concernée par 31 différends commerciaux au sein de l’OMC, a déposé 12 plaintes contre ses partenaires, dont les États-Unis sur les mesures anti-dumping récentes qui visent les produits chinois. Et en tant que tierce partie, elle est concernée par 104 affaires[18]. Pourtant, l’Argentine, le Brésil, le Kirghizstan, la Nouvelle-Zélande, le Togo et les pays de l’ASEAN lui ont accordé ce statut d’économie de marché en 2004[19]. En 2012, les droits de douane aux portes de la Chine se situent à une moyenne de 9,6 % pour tous les biens importés, et plus particulièrement à 15,6 % pour les produits agricoles, et à 8,7 % pour les produits non-agricoles. En comparaison, la moyenne était de 17 % en 2000, et en 1990­1995, de 32 %. Ces droits de douane ont été progressivement abaissés de 1990 à 2012 de l’ordre de 22,4 %, ce qui correspond à l’ouverture du marché intérieur chinois selon les règles de l’OMC. Pour comparer avec les États-Unis et l’Union européenne, en 2012, les droits de douane sur l’ensemble du commerce sont res­pectivement : 3,4 % et 5,5 % ; sur les produits agricoles : 4,7 % et 13,2 % ; et sur les produits non-agricoles : 3,2 % et 4,2 %.

Du côté des produits agricoles, la Chine en exporte, en 2012, 3,2 % sur un total des exportations de 11,13 %, et en importe 8,6 % sur un total des importations de 9,78 %, car elle dispose de peu de terres arables (12 % sur l’ensemble du territoire) alors que la main d’œuvre agricole reste importante. Certaines cultures sont pro­tégées par l’État, comme le maïs, le sorgho et la canne à sucre, ainsi que le tabac, le coton et le riz[20]. Quant aux produits manufacturés, beaucoup sont fabriqués sur place par des industries étrangères délocalisées, ce qui a été considéré comme un grand facteur de dynamisme. La Chine a été « l’usine du monde », avec une main d’œuvre abondante. Ces marchandises exportées sont des textiles, des jouets, des chaussures, des automobiles, ou bien des produits de haute technologie à plus forte valeur. À présent, la situation change avec l’élévation du niveau de vie de la popu­lation qui s’accompagne de celle des salaires, afin de favoriser la consommation intérieure et qui est devenue la priorité du gouvernement chinois.

Le statut de pays en développement à l’OMC

Cependant, « À l’OMC, la Chine se présente toujours comme un ‘membre ap­prenant’, et minimise sa capacité à intervenir et transformer le système. En tant que pays en développement, sa voix aurait besoin d’être renforcée par le soutien d’autres pays en développement. La Chine reste en grande partie passive et ne cherche pas à prendre la tête des revendications du Sud économique : Pékin a ainsi encouragé l’Inde et le Brésil à mener les négociations lors du cycle de Doha. (…) Aujourd’hui géant économique, il semble difficile pour Pékin de maintenir une telle position encore longtemps[21] ». C’est le débat actuel.

Si la Chine a choisi de conserver le statut d’un pays en développement, c’est que sa part de l’emploi agricole reste plus élevée que dans les autres secteurs, parce qu’elle n’a pas connu de révolution industrielle comme l’Europe et les États-Unis au XIXe siècle. En fait, la transition de l’économie agricole à une économie industrielle est en train de se faire de nos jours dans la société chinoise.

Cela explique l’adhésion de la Chine au Groupe asiatique des membres en déve­loppement à l’OMC qui s’est formé en mars 2012[22], son appartenance au groupe des Membres ayant accédé récemment (MAR), soit après 1995, et qui demandent « à souscrire des engagements moindres dans les négociations en raison des mesures de libéralisation qu’ils ont prises dans le cadre de leur accord d’accession[23] ».

De même, elle fait partie du G-20 de l’OMC qui est : « une coalition de pays en développement qui cherchent à obtenir des réformes ambitieuses de l’agriculture dans les pays développés, avec une certaine flexibilité dans les pays en développement (à ne pas confondre avec le G20 qui regroupe les ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales)[24] », du G-33 qui réunit « les pays en développement souhaitant qu’une certaine flexibilité soit ménagée aux pays en développement pour leur permettre d’ouvrir leurs marchés de façon limitée dans le secteur agricole[25] », et enfin des Pays visés au paragraphe 6, qui regroupe « les pays pour lesquels moins de 35 % des produits non agricoles sont visés par des plafonds tarifaires légalement consolidés. Ils ont accepté d’étendre considérablement le champ de produits visés, mais veulent exempter certains produits[26] ».

La Chine fait ainsi partie de ces groupes de pays de développement à l’OMC, pour faire valoir une situation économique différente de celles des pays industrialisés, en demandant une protection sur les produits agricoles (plus particulièrement l’agriculture céréalière) et sur certains produits non agricoles afin de protéger certains secteurs de son industrie nationale, ainsi qu’une plus grande souplesse dans l’application des Accords de l’OMC de 1995. D’où sa politique commerciale dualiste, qui protège son marché intérieur avec des droits de douane encore élevés (ce qui expliquerait que le pays n’ait pas encore son statut d’économie de marché), et qui accorde aux industries travaillant pour l’étranger des droits de douane bas[27].

Cependant, ce pays participe activement aux programmes de développement en faisant un don de 400 000 dollars le 3 décembre 2013 pour « faciliter l’accession à l’OMC des pays les moins avancés[28] ».

 

Le yuan, protecteur du commerce extérieur chinois

Comme on ne peut faire de commerce sans une monnaie, la demande d’adhé­sion de la Chine à l’OMC lui a en effet permis de maintenir un système de taux de change relativement stable. En 1994, le yuan devient partiellement convertible, car cette monnaie ne peut encore s’appuyer sur une libéralisation des services financiers chinois et par conséquent du niveau du taux d’intérêt. Cette dernière mesure de réforme à lancer fait partie des Accords de l’OMC. Pour cela, la convertibilité des devises étrangères en yuan se fait au niveau des comptes courants bancaires pour les entreprises chinoises exportatrices.

Toujours est-il que le principal reproche fait à la Chine est que sa monnaie est sous-évaluée, ce qui permet de favoriser principalement ses exportations. Ainsi, « de 2005 à 2013, le yuan a été réévalué de 30 % par rapport au dollar (.)[29] ». Et depuis 2010, le yuan se réfère à un paquet de monnaies étrangères, soit le dollar, l’euro et le yen[30]. Toutefois, le pays préfère procéder à une réévaluation progressive du yuan, pour que les entreprises chinoises puissent avoir le temps de s’adapter à la hausse des importations à venir[31]. En effet, un yuan faible permet de pratiquer une certaine forme de protection contre les importations en les renchérissant, par exemple les produits de consommation mais aussi ceux qui entrent dans la fabrication des mar­chandises chinoises. De même, cette protection monétaire s’applique aux produits agricoles importés que la Chine cherche encore à limiter, et aux matières premières minérales qui, elles, sont indispensables à l’économie chinoise. Ensuite, grâce au yuan faible, les exportations de ces marchandises chinoises fabriquées sur place, malgré l’importation de produits d’assemblage, bénéficient d’un prix de vente bas auquel il faut ajouter l’octroi de droits de douane faibles.

Cependant, le yuan commence à être utilisé depuis 2008 pour régler les factures des importations et des exportations. Pour cela, des accords bilatéraux ont été signés avec les pays concernés, comme le Japon, la Corée du Sud, le Brésil, l’Indonésie et l’Australie, qui peuvent utiliser le yuan exclusivement pour des achats en Chine ou pour des entreprises qui ont des règlements avec elle[32]. Néanmoins, ces facturations en yuan ne représentent encore que 10 % des exportations chinoises et 0,63 % des échanges internationaux.

La Chine dispose d’un atout non négligeable dans le domaine financier et qui est Hong Kong. Cette ville était une place financière mondiale avant sa cession en 1997 par la Grande-Bretagne, et va lui faire bénéficier de son expérience. Pour les dépôts disponibles et les transferts, Hong Kong a été choisie pour faciliter l’utili­sation du yuan dans le monde, ainsi que pour développer un marché financier en yuan aux non-résidents. La Chine essaie de rendre sa monnaie attractive au niveau mondial, pour répondre à l’expansion de son économie, mais sans grand succès parce que le yuan n’est pas totalement convertible. C’est là une limite financière sérieuse, mais qui va certainement s’estomper au fur et à mesure, car la Chine prend ses précautions au niveau de sa politique monétaire et bancaire. Le risque serait en effet une réévaluation immédiate et brutale du yuan, mettant ainsi en péril tout l’édifice de son économie, si elle décidait de s’aligner maintenant sur les règles de libéralisation des changes du FMI et des services financiers de l’OMC.

 

Un rôle actif de la Chine au FMI ?

Dans ce cas, quelle est sa place au FMI si sa monnaie n’est pas vraiment conver­tible ? En 2012, la Chine a malgré tout augmenté sa participation dans le FMI (5 milliards de dollars), ce qui la place au 3e rang des contributeurs « derrière les États-Unis et le Japon (100 milliards chacun) ». En fait, elle est très critique à l’égard de cette institution, qui a fait du dollar la monnaie internationale. C’est pourquoi, elle souhaite le substituer par les Droits de Tirage Spéciaux, qui représentent la monnaie de compte du FMI[33].

De même, le FMI n’a pas laissé un bon souvenir aux pays asiatiques voisins de la Chine lors de la crise financière de 1997-1999. Parallèlement aux plans de redressement financiers du FMI, qui ont obligé à la dévaluation de leurs monnaies, la Chine les a aidés d’une autre manière, c’est-à-dire qu’elle a proposé « (.) des prêts sans conditions à la disposition des pays voisins[34] ». Quant à la Chine, elle n’a pas eu besoin de dévaluer sa monnaie pendant cette crise, car elle était déjà proté­gée par sa politique monétaire de non-convertibilité. C’est pourquoi, elle prend ses précautions, comme on l’a vu précédemment.

Désormais, les pays asiatiques, dont la Chine, constituent des réserves de change conséquentes pour éviter une crise de paiements, et surtout pour ne plus dépendre du FMI, ni même de la Banque mondiale[35]. Ainsi, la Chine préfère se retrouve à la tête d’une réserve de devises étrangères extrêmement importante, grâce à l’excédent commercial et au grand volume d’investissements directs étrangers. Ce « matelas de protection » inquiète particulièrement les États-Unis, alors dépendants de cette réserve de dollars qui, en 2005, s’élève à 700 milliards de dollars, et en 2011 à 3 181 milliards de dollars. Pour comparer, les ressources du FMI en 2012 s’élèvent à 430 milliards de dollars[36].

Pour conclure là-dessus, « La décision audacieuse de rendre graduellement le yuan convertible, qui a commencé avec les non-résidents, est l’instrument qui per­mettra à la Chine d’exercer une forte influence dans le débat sur l’avenir du système monétaire international[37] ». Le FMI est en effet le dernier défi de la Chine pour s’insérer totalement dans le système multilatéral.

Le régionalisme asiatique de l’Est pour un espace économique élargi

La Chine a besoin de s’appuyer sur une aire régionale pour son expansion éco­nomique, l’Asie du Sud-Est, et plus largement aussi avec le Japon et la Corée du Sud. À la lumière de l’expérience de l’intégration européenne, une formation régio­nale comprenant les principes multilatéraux dans le domaine économique permet grandement de consolider le marché intérieur pour mieux affronter la concurrence extérieure. C’est pourquoi, le régionalisme est considéré comme un moyen de s’in­sérer plus facilement dans le système multilatéral dans son ensemble.

Comme la Chine a d’abord misé sur les exportations pour son ouverture vers l’extérieur, l’Asie orientale représente un enjeu majeur dans ses relations, même si en 2012 les États-Unis et l’Union européenne restent les premières destinations (17,2 % et 16,3 % respectivement), puis le Japon (7,4 %) et enfin la République de Corée (4,3 %). Quant aux importations vers la Chine, le Japon se situe à la deu­xième place de fournisseur avec 9,8 %, après l’Union européenne (11,7 %), puis la République de Corée (7,9 %) et les États-Unis (7,4 %). Par ailleurs, la crise asiatique de 1997 a resserré les liens entre la Chine et ses pays voisins, comme nous l’avons vu précédemment, et a contribué à nouer des relations économiques et diplomatiques plus étroites, en particulier avec l’institution régionale de l’Asie du Sud-Est, l’Asso­ciation des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui avait été créée en 1967. Celle-ci est devenue le quatrième partenaire commercial mais aussi une région qui accueille les investissements chinois. C’est surtout après la fin de la guerre froide que cette dernière a pris son essor en 1992, pour « (.) jouer un rôle incontour­nable dans les coopérations économiques en Asie de l’Est, et presque tous les pays de la zone s’accordent à lui reconnaître un certain leadership régional[38] ». Plus pré­cisément, « Le traité commercial de l’Asean, l’AFTA (Asean Free Trade Agreement) a été signé en 1992 avec pour objectif de réduire les tarifs à l’horizon 2008, date butoir qui a été ramenée dans un second temps à 2003. Ce traité a ensuite été complété par l’instauration de critères communs de coopération industrielle, par un accord de libéralisation des services et un accord de principe pour la mise en place d’une zone d’investissement propre à l’Asean[39] ».

Puis, depuis 1999, une collaboration officielle s’est établie entre l’ASEAN et les trois pays voisins, la Chine, le Japon et la Corée du Sud, pour devenir l’ASEAN + 3, qui vise à devenir à plus long terme une zone de libre-échange, pour renforcer l’interdépendance entre les pays de l’ensemble de la région. Le but est aussi d’avoir une meilleure représentation de la région au niveau international, pour peser lors des négociations commerciales à l’OMC, comme le fait l’Union européenne. En 2012, le commerce total entre ces pays s’élève à 712 milliards de dollars, et en 2011, 678 milliards de dollars. En l’espace d’une année, la valeur de ce commerce de l’« ASEAN + 3 » a augmenté de 5 %, ce qui est remarquable. De même, le flux des Investissements Directs Etrangers (IDE) a augmenté dans la même période de 6,6 %, d’un montant de 46,7 milliards de dollars, ce qui représente 43,6 % du total des IDE dans l’ASEAN, les États-Unis et l’Union européenne étant les pays qui investissent particulièrement dans cette région.

Par ailleurs, l’ASEAN et la Chine ont déjà envisagé en 2009 d’établir une zone de libre-échange entre elles pour supprimer les droits de douane, à partir de 2010 sur 7 000 produits et services représentant 90 % de leurs échanges[40]. « En effet, les échanges entre la Chine et l’Asean ont triplé durant les dix dernières années, au bénéfice de l’Asean, mais les produits agricoles sur lesquels porte l’accord ne repré­sentent que 2 % de cette augmentation des échanges[41] ».

Cette formation régionale rivalisera-t-elle avec l’autre organisation qui pratique une forme de « régionalisme ouvert », l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation), et qui a été créée en 1989 et rassemble les 21 pays riverains du Pacifique, États-Unis et Chine compris[42] ?

Miser sur le commerce extérieur, grâce aux exportations, a réussi à transfor­mer l’économie chinoise, qui a pu attirer les dollars, et intégrer dans la société les réformes de structures tant fiscale qu’agricole et industrielle afin de se mettre au niveau des normes de l’OMC. À présent, depuis la crise de 2008 qui a réduit les échanges internationaux, elle se soucie de renforcer l’économie chinoise au niveau de son marché intérieur et de renforcer l’espace économique régional de l’Asie de l’Est. Le résultat de ces réformes économiques en Chine est probant : le pays a connu une croissance d’une moyenne de 10 % sur une période de 30 ans, et qui se situe aujourd’hui à une moyenne de 7 % depuis la crise de 2008-2009.

L’engagement international de la Chine à l’ONU (de 1971 à nos jours)

Parallèlement, la Chine commence à s’inscrire dans la politique internationale en faisant valoir un autre jeu d’équilibre entre les puissances à l’ONU.

A l’ONU, la non-ingérence et les missions de la paix

Forte de son importance économique, la Chine peut consolider sa politique étrangère au sein du système multilatéral, qui sera marquée par une évolution sur sa notion de la sécurité internationale. « L’ONU demeure toutefois l’institution la plus importante et la plus légitime aux yeux du gouvernement chinois[43] », et j’ajouterai que cela s’inscrit dans la droite ligne de la Conférence de Bandung qui la considérait déjà ainsi. Par ailleurs, tous les pays qui y ont participé ne l’ont jamais remise en cause, malgré les déceptions.

À cheval entre le Conseil de sécurité, qui réunit les pays détenant les décisions majeures en sécurité internationale, et l’Assemblée Générale de l’ONU, où les pays en développement sont majoritaires, la Chine choisit de valoriser le principe de la non-ingérence qui distingue le travail de l’institution. En effet, elle préfère utiliser le droit de veto au Conseil de sécurité afin de ne pas s’ingérer dans les affaires d’un pays. Pour elle, « La primauté des Nations Unies doit s’accompagner d’un effort de transparence et d’un accroissement de la responsabilité du Conseil de sécurité devant l’Assemblée générale[44] ». Pourtant, on constate une évolution de sa position par un engagement croissant ces dernières décennies dans les opérations de main­tien de la paix des Nations Unies. « Pékin a ainsi reconnu la pertinence du principe de « responsabilité de protéger » tel qu’il a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies[45] ».

Par exemple, en 2006, la Chine plaide en faveur de l’intervention en Somalie des forces de maintien de la paix. L’Afrique est en particulier le continent où se déploient les plus importantes missions de la paix dirigées par la Chine. Le 31 janvier 2011, cette dernière est « le premier contributeur de personnel parmi les membres du Conseil de sécurité de l’ONU », soit les trois-quarts du total des casques bleus (1639 casques bleus chinois sur un total de 2038)[46]. En effet, elle participe à la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) avec le Commandant Zhao Jingmin à partir d’avril 1991, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO) en 2010, l’Opération des Nations Unies au Liberia (MINUL) depuis septembre 2003, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) depuis février 2004, la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) depuis mars 2005 et la Mission des Nations Unies et de l’Union Africaine au Darfour (MINUAD) qui a démarré en juillet 2007[47]. Cette implication de la Chine dans le continent africain pour la sécurité et la paix au nom de l’ONU reflète aussi l’importance de leurs relations économiques.

Cependant, toutes ces missions répondent à un objectif plus large de la Chine au sein du Conseil de sécurité, qui consiste à toujours obtenir le consentement du pays concerné. Cela s’applique particulièrement au Soudan lors de la crise du Darfour, où la Chine a refusé que l’ONU envoie une force d’interposition, jusqu’à l’obtention de l’accord du gouvernement de Khartoum[48]. De nos jours, la Syrie est actuellement un problème au sein du Conseil de sécurité : d’un côté, la Chine et la Russie, qui refusent une intervention sans l’accord du gouvernement syrien, et de l’autre les États-Unis avec la France et la Grande-Bretagne, qui souhaitent y inter­venir avec un mandat de l’ONU.

L’évolution sur la sécurité internationale

De même, la Chine a fait évoluer sa position sur la question de la proliféra­tion des armes nucléaires dans le monde, en signant en 1992 le Traité de Non-Prolifération (TNP). Mais, en 1984, « Pékin était déjà devenu membre de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), signifiant ainsi son ralliement au principe de contrôle des technologies et des combustibles nucléaires[49] ». En effet, la Chine a changé de stratégie en misant, non plus sur la menace de l’utilisation de sa bombe atomique, mais sur la coopération avec les autres pays qui la possèdent (en particulier ceux du Conseil de sécurité). Or « Cette collaboration avec les grandes puissances appelée à remplacer une confrontation vouée à l’échec s’inscrit dans la stratégie globale initiée par Deng Xiaoping en 1980[50] ». Là aussi, ce dernier a in­fléchi la politique extérieure de la Chine en intégrant le principe de la coopération internationale sur la sécurité et la paix, qui est la caractéristique du travail à l’ONU.

Puis, après la destruction des tours du World Center à New York par Al-Qaïda le 11 septembre 2001, la Chine soutient les efforts des États-Unis contre le « terrorisme international », car il ne s’agit pas ici d’intervenir contre un État souverain[51], mais de répondre à une forme de menace présente au niveau international. En cela, elle s’introduit dans le jeu de l’équilibre entre les puissances qui agissent au nom de la lutte contre le « terrorisme international », tout comme elle procède au Conseil de sécurité. Ce jeu essentiellement diplomatique de l’équilibre entre les puissances au sein de l’ONU a été qualifié de soft power, expression qui vient d’une théorie en sciences politiques.

Le choix du « soft power » en 2002

C’est l’Américain Joseph S. Nye Jr. qui a formulé cette expression de soft power, à propos des États-Unis après la fin de la guerre froide, qui signifiait que le recours à la force militaire n’aurait désormais plus cours. De son côté, la Chine a intégré la notion de soft power à la diplomatie chinoise au niveau international en général, et en particulier au niveau des instances de l’ONU. Ce choix a été adopté par le gouvernement chinois au début des années 2000. « (…) le principe qui consiste à privilégier des moyens autres que le hard power, trop coûteux et à l’efficacité dou­teuse, est largement soutenu à Pékin[52] ». Par ailleurs, ce concept de soft power, qui privilégie la force morale sur la force physique mise en avant par le hard power, a trouvé un écho dans la philosophie de Confucius, avec laquelle la Chine est en train de renouer.

Ainsi, « si un pays a une culture et une idéologie admirables, les autres pays au­ront tendance à le suivre », comme l’explique Wang Huning, professeur à l’univer­sité de Fudan de Pékin, en 1993[53]. C’est dans cet ordre d’idées que le XVIe Congrès du PCC en 2002 a lancé le développement d’une politique culturelle, comme la création des Instituts Confucius dans le monde, les échanges avec les universi­tés et les centres culturels étrangers, l’organisation d’ « années de la Chine », des Jeux Olympiques à Pékin et de l’exposition universelle à Shanghai[54]. Les facteurs culturels sont considérés comme des vecteurs du soft power qui servent à asseoir l’influence de la politique étrangère de cette puissance sur la scène internationale.

Cependant, le président chinois, Hu Jintao, pense comme d’autres que l’équi­libre doit être trouvé entre le hard power et le soft power, dans la mesure où la Chine doit aussi se préoccuper du niveau de son armée en tant que puissance. En 2006, ce dernier déclare que : « (.) le renforcement du statut international de la Chine et de son influence internationale doit être reflété à la fois dans un hardpower incluant l’économie, les sciences et la technologie et la défense nationale, et dans un soft power comme la culture[55] ». Dans ce sens, ce serait aussi renouer avec l’équilibre entre le ying et le yang complémentaires dans la philosophie taoïste, après la règle de la force morale de Confucius identifiée dans le soft power. D’après le journal L’Usine Nouvelle, « Sur la période 2008-2012, la Chine a en effet dépassé la Grande-Bretagne pour devenir le cinquième exportateur d’armes avec 5 % du commerce mondial de ce secteur. Les exportations d’armes chinoises ont augmenté de 162 % durant la période 2008-2012, comparée aux cinq années précédentes (.)[56] ».

Finalement, la Chine a transformé une théorie de sciences politiques améri­caine, qui définissait la nouvelle conception de puissance à adopter pour les États-Unis au sortir de la guerre froide, soit choisir le nouveau soft power au hard power d’autrefois, en une stratégie diplomatique d’essence chinoise en choisissant l’har­monie entre le soft power et le hard power.

Au sein de l’ONU, cette stratégie diplomatique de la Chine se traduit par une reconnaissance internationale accrue de sa place dans le monde depuis les années 2000, sans s’être lancée dans des nouvelles conquêtes territoriales. Ainsi, elle permet d’atteindre son objectif d’équilibrer le jeu des puissances, en ne laissant plus les États-Unis être une hyperpuissance depuis la fin de la guerre froide.

« La société harmonieuse », nouvelle priorité de la Chine

Grâce à sa nouvelle prospérité et à sa conception de la sécurité et paix interna­tionale, la Chine remplit les deux missions du multilatéralisme par étapes, surtout depuis 1992, pour ensuite se pencher aujourd’hui sur la troisième mission multila­térale, qui est le bien-être. Ce sera alors la « société harmonieuse » proposée en 2004 par le PCC, et qui s’inscrit cette fois-ci dans le retour aux valeurs confucéennes pour résoudre le problème de la pauvreté, après avoir mis en avant les valeurs de Mao dans le cadre de la prospérité économique.

La pauvreté et les inégalités que connaît la société chinoise depuis l’ouverture à l’extérieur peuvent être considérées comme similaires à la grande misère ouvrière qu’a connue l’Europe de l’Ouest entre 1815 et 1848, au plus fort de la mutation de la société pendant la Révolution Industrielle. « D’après le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), 600 millions de Chinois seraient sortis de la misère depuis 1978, tandis que la Banque Mondiale indique que la proportion de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour qui représentait les deux tiers de la population chinoise en 1981 serait passée à moins d’une personne sur dix en 2004[57] ». La Chine a bénéficié de ces programmes onusiens de développement pour faire face à cette misère. Ainsi, elle a été nommée « Championne des Objectifs du Millénaire pour le Développement » par le PNUD en 2010. En effet, elle a déjà dépassé le but de réduire de moitié avant 2015 la population vivant avec moins d’un dollar par jour[58].

Comme à l’OMC, et forte de sa propre expérience, la Chine participe active­ment aux programmes de développement de l’ONU. Par exemple, elle s’est asso­ciée au Groupe des 77 pour élaborer un programme de développement mondial pour l’après-2015. Le but est de pouvoir réaliser les objectifs du Millénaire fixés en 2000 par l’ONU pour éradiquer la pauvreté. Comme le souligne Ban Ki-moon, le Secrétaire Général de l’ONU le 26 septembre 2013, « Le G77 a mis au premier plan de l’ordre du jour mondial l’éradication de la pauvreté. Vous avez montré la puissance de la coopération Sud-Sud pour stimuler la croissance économique[59] ».

Toujours dans le cadre du bien-être, la Chine est entrée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui s’inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, avec l’Arabie saoudite, la Russie et Cuba, depuis le vote de l’Assemblée générale le 18 février 2014.

De même, dans le domaine du patrimoine mondial, la Chine sollicite particuliè­rement l’UNESCO pour inscrire des sites du pays, afin de dynamiser le tourisme[60]. Elle vise à mettre en valeur ses paysages comme elle le fait pour sa culture dans le cadre de sa politique étrangère liée au soft power, comme nous l’avons vu ci-dessus.

Le régionalisme asiatique du Centre pour la défense des frontières

Parce que ce régionalisme relève au départ d’une coopération militaire, il est inclus dans ce chapitre, sous la forme d’un sous-ensemble régional. En 1996, la Chine crée une association avec ses pays voisins de l’Asie centrale, peu de temps après la chute de l’URSS, et qui sont le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan auxquels s’est jointe la Russie. Cette formation régionale s’appelle les « Cinq de Shanghai » dont le but est de démilitariser leurs frontières communes, afin de maintenir la cohésion nationale du Nord-Ouest de la Chine, qui pourrait se démanteler sous les pressions des nationalismes pour rejoindre l’un ou l’autre de ces pays voisins, et de renégocier des portions de territoires. Puis, en 2001, elle devient l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) qui regroupe toute l’Asie cen­trale avec l’Ouzbékistan.

Alors que l’OCS est essentiellement une coopération militaire, la Chine a pro­posé en 2003 une Zone de Libre Echange avec ces pays de l’Asie centrale pour créer un autre marché régional. Il est vrai que « la place de la Chine en Asie centrale est déjà majeure, puisqu’elle occupe en moyenne 12 % du commerce extérieur centre-asiatique, un chiffre officiel qui est en réalité sous-estimé[61] ». En effet, « la Chine est devenue un acteur économique de premier plan en Asie centrale : dans le sec­teur commercial, les marchandises chinoises occupent une large part des marchés centre-asiatiques ; dans le domaine des hydrocarbures, les grandes sociétés chinoises sont offensives et efficaces ; dans celui des infrastructures, Beijing est appréciée pour son rôle dans le désenclavement des États les plus faibles, Tadjikistan et Kirghizstan. L’Asie centrale constitue un nouveau marché pour les productions chinoises[62] ». Ce régionalisme de l’Asie du centre a finalement suivi l’évolution de la diplomatie chinoise : d’une coopération militaire et territoriale de l’après-guerre froide, l’OCS s’achemine sûrement vers une principale coopération économique de nos jours.

La politique étrangère de la Chine a ainsi évolué depuis son ouverture à l’exté­rieur, qui s’appuie à la fois sur son poids économique dans le monde et sur son expérience à l’ONU. Elle mise sur une participation active dans toutes les instances onusiennes, de la sécurité et la paix au bien-être. Cela d’autant plus que l’ONU est considérée par la Chine, comme étant la principale institution multilatérale.

 

Conclusion

Cette période de 1992 à 2004 est décisive pour la Chine qui s’intègre défini­tivement dans le multilatéralisme, désormais envisagé au niveau du monde entier après la guerre froide, et non plus seulement limité au monde occidental pendant la guerre froide. L’ouverture des frontières entre les pays communistes et les pays capitalistes permet plus facilement cette cohabitation dans un même modèle éco­nomique de prospérité représenté par l’OMC et le FMI, et au sein d’une coopéra­tion internationale de la sécurité et de la paix ainsi qu’au niveau du bien-être avec l’ONU. Or cette association entre le libéralisme économique et le maoïsme poli­tique, surprenante au premier abord, correspond à une volonté de la Chine de ne plus rester en périphérie du système multilatéral, mais de s’y insérer afin de mieux participer à l’évolution internationale, c’est-à-dire au centre. Par ailleurs, elle a su conserver sa cohésion nationale après la fin de la Révolution culturelle, en redéfi­nissant les valeurs maoïstes pour les réformes économiques à partir des années 80, et ensuite en mobilisant les valeurs confucéennes depuis le début des années 2000 pour les réformes sociales.

La Chine a su principalement utiliser les structures multilatérales de l’OMC et de l’ONU, pour peser économiquement et diplomatiquement sur la scène interna­tionale tant au niveau des pays membres du Conseil de sécurité qu’au niveau des groupes des pays en développement et du groupe des pays émergents (comme le BRICS). Sur ce dernier point, elle devient un modèle de développement réussi pour les autres, et surtout possible. De même, elle a su œuvré pour amplifier les régio-nalismes à l’Est et au Centre de l’Asie, que ce soit sur des bases économiques ou militaires, ce qui lui permet de consolider ses forces sur les deux marchés régionaux. De même, cela permet de renforcer leur poids d’ensemble lors des négociations internationales, à l’image de l’Union européenne. Le succès du système multilatéral actuel tient à ces deux niveaux nécessaires et complémentaires, c’est-à-dire l’uni-versalisme et le régionalisme. En définitive, la Chine s’est adaptée, tout en gardant son identité culturelle et politique, et appartient pleinement au fonctionnement du multilatéralisme, même si l’on pense qu’elle se tient en retrait sur certains aspects.

La question qui anime les débats actuels est devenue celle-ci : la Chine sera-t-elle un nouveau pôle dominant au XXIe siècle ? Proposera-t-elle alors un nouveau système international ? « Le voyage en Occident » lui a plutôt bien réussi…[63]


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2013, p. 157-158.

[2]Voir le schéma du multilatéralisme dans Régine Perron, L’histoire du multilatéralisme. L’utopie du Siècle américain de 1918 à nos jours, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, à paraître en

2014, 356 p.

[3]François Gipouloux, La Chine du 21e siècle. Une nouvelle superpuissance ?, Paris, Armand Colin,

2005, p. 5.

[4]Ibid., p. 3.

[5]Ibid., p. 5.

[6]François Gipouloux, La Chine vers l’économie de marché ? La longue marche de l’après-Mao, Paris, Editions Nathan, Coll. « Economie, Sciences sociales », 1993, p. 25.

[7]Chen Yan, L’éveil de la Chine. Les bouleversements intellectuels après Mao, 1976-2002, Editions de

l’Aube, 2002, p. 191.

[8]Françoise Lemoine, « Les délocalisations au cours de l’expansion du commerce extérieur chinois », Economie et statistique, n° 326-327, 1999 – 6/7, p. 54.

[9]Chen Yan, op.cit., p. 59.

[10]Idem.

[11]Ibid., p. 62.

[12]Ibid., p. 65.

[13]Voir Marie-Claire Bergère, Chine, le nouveau capitalisme d’État, Paris, Fayard, Coll. « Doc. Témoignage », 2013.

[14]Olivier Mbabia, La Chine en Afrique, Histoire, Géopolitique, Géoéconomie, Paris, Editions Ellipses,

2012, p. 25.

[15]Messerlin, « Le rôle du GATT et les enjeux de l’Uruguay Round », Politique étrangère, n°2, 1993,

  1. 266.

[16]François Gipouloux, La Chine du 21e siècle…, op. cit., p. 175.

[17]Ibid., p. 176.

[18]OMC-Chine : Renseignements par membre, http://www.wto.org

[19]Idem.

[20]François Gipouloux, La Chine du 21e siècle., op. cit., p. 69.

[21]Idem.

[22]Les membres sont : Arabie saoudite, Bahreïn, Bangladesh, Brunéi, Cambodge, Chine, Corée, Emirats arabes unis, Hong-Kong, Inde, Indonésie, Jordanie, Koweït, Macao, Malaisie, Maldives, Mongolie, Myanmar, Népal, Oman, Pakistan, Philippines, Qatar, Kirghizstan, Singapour, Sri Lanka, Tapei chinois, Penghu, Kinmen et Matsu, Thaïlande, Turquie et Viet Nam. Source : www.wto.org

[23]Les membres sont : Albanie, Arabie saoudite, Arménie, Cabo Verde, Chine, Géorgie, Jordanie, Moldova, Mongolie, Oman, Panama, Kirghizstan, Tapei chinois, Tonga, Ukraine, Viet Nam, Macédoine, Equateur.

[24]Les membres sont : Afrique du Sud, Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Chine, Cuba, Guatemala, Inde, Indonésie, Mexique, Nigéria, Pérou, Pakistan, Paraguay, Philippines, Tanzanie, Thaïlande, Uruguay, Venezuela, Zimbabwe, Egypte, Equateur.

[25]Les membres sont : Antigua et Barbuda, Bénin, Barbade, Belize, Bolivie, Botswana, Côte d’ivoire, Chine, Congo, Cuba, Dominique, El Salvador, Grenade, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Jamaïque, Kenya, Madagascar, Maurice, Mongolie, Mozambique, Nicaragua, Nigéria, Ouganda, Pérou, Pakistan, Panama, Philippines, République de Corée, République dominicaine, Saint Vincent et les Grenadines, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte Lucie, Sri Lanka, Suriname, Sénégal, Tanzanie, Trinité-et-Tobago, Turquie, Venezuela, Zambie, Zimbabwe.

[26]Les membres sont : Côte d’ivoire, Cameroun, Congo, Cuba, Ghana, Kenya, Macao, Chine, Maurice, Nigéria, Sri Lanka, Suriname, Zimbabwe.

[27]Denise Flouzat, La nouvelle émergence de l’Asie. L’évolution économique des pays asiatiques depuis la

crise de 1997, Paris, PUF, 1999, p. 78.

[28]OMC-Chine : Renseignements par membre, http://www.wto.org

[29]Dominique de Rambures, Chine, le grand écart. Le modèle chinois de développement, Editions de

l’Aube, 2013 , p. 244.

[30]Michel Aglietta et Guo Bai, La voie chinoise. Capitalisme et Empire, Paris, Editions Odile Jacob, Coll. « Economie », 2012, trad. fr. par Christophe Jaquet ; China’s Development. Capitalism and Empire, London, Routledge , p. 209.

[31]Ibid., p. 245.

[32]IbicL, p. 249.

[33]Ibid., p. 256-257.

[34]Idem.

[35]Dominique de Rambures, op. cit., p. 56.

[36]Rapport annuel 2012 du FMI, p. 5, http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/ar/2012/ pdf/ar12 fra.pdf

[37]Michel Aglietta et Guo Bai, op. cit., p. 220.

[38]Li Wannan, « Les voies de l’intégration régionale en Asie orientale », Duanmu Mei et Hugues Tertrais (dir.) Temps croisés II, Paris, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2010, p. 194.

[39]Diana Hochraich, « L’intégration régionale en Asie depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC », Les Etudes du CERI, n° 106, juillet 2004, p. 8.

[40]Dominique de Rambures, op. cit., p. 258.

[41]Diana Hochraich, op. cit., p. 21.

[42]Les pays membres de l’APEC sont : Brunei, Canada, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Singapour, Thaïlande, États-Unis, Chine, Hong-Kong, Taiwan, Mexique, Nouvelle-Guinée, Chili, Pérou, Russie et Vietnam.

[43]IFRI, Centre Asie, Compte rendu du séminaire du 18 avril 2008 : « China: a New Player in the Multilateral System», Paris, le 18 juillet 2008.

[44]Idem.

[45]Idem.

[46]O. Mbabia, op. cit., p. 103.

[47]Ibid., p. 104 ; Service des informations et accréditations du Département de l’information du Secrétaire Général de l’ONU.

[48]Ibid., p. 106.

[49]IFRI, op. cit.

[50]Idem.

[51]Jean-Philippe Béjà, « Après le 11 septembre : la Chine, partenaire indispensable ? », Novembre 2001, http://www.ceri-sciences-po.org

[52]Barthélémy Courmont, Chine, la grande séduction. Essai sur le soft power chinois, Paris, Choiseul,

2009, p. 47.

[53]Ibid., p.45.

[54]Ibid., p. 51.

[55]Ibid., p. 52.

[56]Article de L’Usine Nouvelle, « La Chine devient le cinquième exportateur mondial d’armes » par Julien Bonnet, le 18 mars 2013.

[57]Amandine Monteil, « La Chine en quête d’une ‘société harmonieuse’ », http://ceriscope. sciences-po.fr, p. 1.

[58]Ibid., p. 9.

[59]http://www.un.org/apps/newsFr

[60]Barthélémy Courmont, op. cit., p. 54.

[61]Sébastien Peyrouse, « La présence chinoise en Asie centrale. Portée géopolitique, enjeux économiques et impact culturel », Les Etudes du CERI, n° 148, septembre 2008, Paris, p. 19.

[62]Ibid., p. 13.

[63]Cette formule fait référence à l’ouvrage de Wou Tch’eng-en, Le singe pèlerin ou le pèlerinage d’Occident (Si-yeou-ki), trad. du chinois par Arthur Waley et version française établie par George Deniker, Paris, Editions Payot et Rivages, Coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2003.

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