La francophonie en Afrique : une idéologie profonde ou un système d’influence ?

Général (2S) Henri PARIS

Président de DÉMOCRATIES.

2eme trimestre 2012

La Francophonie en Afrique subsaharienne se rapporte à la Francophonie en général, et est à la fois, une idéologie, une culture et un système d’influence. Dans ses différentes variantes et accep­tions, la Francophonie n’est certes pas à la disposition exclusive de la France.

En Afrique subsaharienne, la Francophonie a donné lieu au système complexe qu’était la Françafrique. Ce système, basé sur la corruption profitait au néocolonialisme dont la seule mo­dification a été le changement de couleur des têtes du colonialisme. Il n’est pas certain que la Françafriqueaitdisparu.

The french-speaking community in Africa: aprofound ideology or a system of influence?

The French-speaking community in Sub-Saharan Africa is related tothe French-speaking sphere in général, and is at the same time an ideology, a culture and a system of influence. In its different variants and meanings,the French-speaking Community is certainly not at France’s exclusive disposal.

In Sub-Saharan Africa,the FrenchSpeaking Community has givenplace to a complex system that was France-Africa. This system, based on corruption, benefittedto neocolonialism where the only change has been the modification of thecolour of the heads of colonialism. It’s not certain that France-Africa has disappeared.

La francophonie est certes une langue, le français, mais pas seulement, loin de là. La langue française est le support d’une civilisation et d’une vision propre du monde. On réfléchit en français d’une manière différente que si on le fait en anglais ou en une quelconque autre langue. Le français a la réputation d’être une langue précise, voire la plus précise des langues. C’est bien pour cela que le ratio­nalisme naît et prospère en France et à travers le monde surtout au sein d’une population francophone.

La francophonie devient ainsi un argument politique qu’il faut bien préciser être au service d’un gouvernement français, certainement, mais pour autant qu’il se réfère aux valeurs véhiculées par la francophonie. Et il en sera de même pour tout autre gouvernement.

Par État francophone s’entend un État ayant le français comme langue véhi-culaire et éventuellement officielle ou intervenant en deuxième position. Sont ainsi concernés en Afrique vingt-sept États peuplés de quelque 510 millions de personnes. D’autre part, six autres États africains ont rejoint l’Organisation inter­nationale de la francophonie (OIF), traduction institutionnelle de la francophonie et sont entrés dans un processus de francisation, bien qu’arabophones, lusophones et anglophones.

Une distinction demande à être faite parmi ces États africains. En effet, leur regroupement répond à une qualification uniquement géographique : celle du continent qu’est l’Afrique. Tout aussi pertinente, si ce n’est plus, intervient une qua­lification géopolitique et géostratégique. Dans ces conditions, il convient de distin­guer trois États maghrébins, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, francophones et appartenant à l’OIF des vingt-quatre autres États classés en Afrique subsaharienne qui se rapportent à des caractéristiques communes tout comme ceux du Maghreb, mais avec des différences notoires.

Un État maghrébin échappe à cette classification formelle, bien que franco­phone et peut-être le plus francophone de l’ensemble : l’Algérie, qui se refuse ab­solument à être membre de l’OIF. La raison en est très simple. Les gouvernants algériens n’ont pas surmonté les conséquences de la guerre qui a opposé Algériens et Français et dont on fête, en 2012, le cinquantième anniversaire de la fin. Cet anniversaire aurait pu être fêté en commun et être une occasion supplémentaire de célébrer un rapprochement et une réconciliation, voie qu’ont su trouver la France, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Il est vrai que la totale indépendance de ces derniers États a été acquise sans affrontements armés majeurs.

En sus des souvenirs d’une longue guerre atroce de huit années, non seule­ment jamais oubliée mais sans cesse ressassée, les gouvernements algériens ont une vision unilatérale de cette guerre. Entre autres, ils gomment dans leur mémoire des atrocités de leur fait comme les massacres de populations certes en faveur de l’indépendance algérienne mais dans un autre camp que le leur, celui de Messali Hadj. De même est occulté totalement toute évocation des cinq cents à huit cents Européens massacrés à Oran lors de l’indépendance en juillet 1962, tout autant que celle des harkis, massacrés à la même époque dans des conditions particuliè­rement effroyables pour ceux qui n’avaient pas pu ou voulu se faire rapatrier en France. En revanche, les gouvernants algériens ne se font pas faute de rappeler sans arrêt la torture pratiquée par les Français et érigée en système, ce que nombre de Français se reprochent publiquement encore, lors du cinquantenaire de l’indépen­dance. Une dernière raison, vraisemblablement la plus incisive, milite dans l’esprit des gouvernants algériens, l’appartenance factuelle ou mémorielle au gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) implanté en Tunisie durant la guerre ou à l’armée des frontières déployée en Tunisie et au Maroc, mais isolé du théâtre des combats durant les quatre dernières années de la guerre, de combats qui ne se sont déroulés qu’à l’intérieur de l’Algérie. Ces responsables ont pris figure de com­battants de la vingt-cinquième heure, à la différence de ceux de l’intérieur qui ont survécu pour n’avoir pas disparu lors de la guerre ou lors des purges organisées après l’indépendance. Certes, cinquante ans après la guerre, les survivants de quelque camp que ce soit ont plus de soixante-dix ans et l’âge médian des Algériens, en 2012, est de 26,3 ans. Cependant, on ne balaye pas l’Histoire d’un revers de main, pas plus qu’une mémoire collective, surtout si elle sert d’argument politique. En effet, comme cette indépendance a été suivie d’une guerre civile, durant huit an­nées, puis d’une longue période d’instabilité, les gouvernants algériens tirant ainsi leur légitimité du GPRA ou de l’armée des frontières ont absolument besoin du souvenir de la guerre d’indépendance qu’il s’agit donc de raviver pour des besoins de politique intérieure.

Il est possible de faire un rapprochement avec la guerre d’Indépendance améri­caine. Il a fallu plus de cinquante ans pour que les Insurgents et leurs descendants oublient leurs ressentiments antibritanniques et encore plus pour qu’ils concluent une alliance irréfragable, d’abord factuelle puis formelle avec les Britanniques.

Par ailleurs, il est possible que la lutte commune menée contre le fondamen­talisme islamiste rapproche plus les gouvernements algériens et français que toutes les objurgations à la réconciliation. En effet, dans cette lutte, les Algériens sont astreints inévitablement à se référer à une forme de laïcité, valeur fondamentale de la République française. D’autres valeurs partagées en commun, dont la francopho­nie, contribueront vraisemblablement au rapprochement.

La francophonie en Afrique subsaharienne exige une analyse sous le double prisme d’une démarche axée en premier lieu sur l’organisation institutionnelle qu’est l’OIF, en second lieu sur l’impact de la culture francophone. Impossible de ne pas considérer l’OIF sous l’angle des relations internationales. Elle a bien une charge politique ainsi que la Francophonie en tant que telle.

Il en découle qu’un examen géopolitique et géostratégique ne peut s’attacher à l’entité commune d’une dimension continentale, entité commune qui n’existe pas. Les États du Maghreb relèvent d’un examen spécifique, distinct donc de ceux de l’Afrique subsaharienne, objet auquel se consacre l’analyse.

 

L’institution qu’est l’OIF en Afrique subsaharienne

La francophonie dépasse le cadre de l’Afrique subsaharienne qui, par voie de réciprocité, s’y inscrit. Sa traduction institutionnelle est l’Organisation internatio­nale de la francophonie, née d’une démarche effectuée à partir de cette même fran­cophonie en Afrique subsaharienne.

Sa première définition provient d’une réflexion de Léopold Senghor, le dirigeant charismatique sénégalais. Pour lui, de prime abord, le français est langue de culture intrinsèquement et c’est à ce titre qu’il a entamé une seconde démarche visant à l’aspect institutionnel d’une traduction politique de sa réflexion. Il retrouvait là une convergence avec des dirigeants français comme avec des femmes et des hommes de culture.

Cette traduction politique a eu une réalisation concrète. Les États qui, par la suite, vont devenir membres de l’OIF, se sont rangés, en ordre de bataille, dans les rangs des partisans de ceux qui s’efforçaient d’exclure les biens culturels des accords internationaux sur le commerce. Cette position s’est faite jour au Ve sommet de la Francophonie en 1993 : une résolution affirmant l’exception culturelle au GATT, devenu ensuite l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La même option se retrouve à la 31e Conférence générale de l’UNESCO, le 2 novembre 2001, qui a adopté, à l’unanimité, le principe d’une diversité culturelle, réputée être « un patri­moine commun de l’humanité ».

Auparavant, le concept d’une communauté francophone était né, lors de la pre­mière conférence de Niamey en 1969, prolongé par la création d’une Assemblée parlementaire de la francophonie (AFP) et d’une Agence intergouvernementale de la francophonie. La deuxième conférence de Niamey en 1970 préconise un élargis­sement. C’est cet élargissement qui donnera lieu à la création d’une Agence de coo­pération culturelle et technique devenue OIF. L’APF en est une institution intégrée.

L’OIF comprend quatre opérateurs spécialisés : une agence universitaire, une chaine internationale de télévision, une association des maires francophones et l’université Senghor.

Un secrétariat général assure l’administration, notamment d’un Conseil perma­nent de la francophonie.

Les principales manifestations sont un sommet bisannuel des chefs d’État et de gouvernement et une conférence annuelle des ministres des Affaires étrangères ou des ministres chargés de la francophonie.

Existe une Charte de la Francophonie adoptée en 1997 au VIIe sommet à Hanoï, révisée lors d’une conférence interministérielle qui est le support juridique de l’institution. Existe également un drapeau de la francophonie.

A partir de son noyau africain subsaharien, l’OIF, en 2012, s’est étendue à soixante-huit États, comptant près de 250 millions de locuteurs du français.

La francophonie institutionnelle est une réaction à l’invasion de l’anglais que charrie une culture anglo-américaine et la prédominance politique et économique américaine. Lorsqu’il est question de mondialisation ou de globalisation, en fait, c’est d’américanisation dont il est question.

La francophonie se veut la défense du français et de l’exception culturelle. En effet, en niant cette exception, les États, qui s’en font les défenseurs, ouvrent en réa­lité la route à l’invasion de la culture anglo-saxonne et à la prééminence. La portée est politique.

Il y a une lutte sourde autour de la francophonie.

L’Afrique francophone subsaharienne

Une langue est un instrument de culture, pris dans le sens large du terme. C’est aussi un vecteur d’influence qui déborde éventuellement le pays originel comme son existence temporelle. Il n’est besoin que de citer le latin et le grec pour s’en convaincre. Il y a bien une culture et une langue française, toutes deux prédo­minantes au XVIIIe siècle, et passant en deuxième position derrière l’anglais au XXIe siècle. Le déclin du français est lié à l’effacement relatif de la France dans le concert international.

L’Afrique subsaharienne francophone se rattache au passé colonial de la France. L’influence de la francophonie a débordé le cadre des anciennes colonies françaises. Il n’en demeure pas moins que les Français et les Africains francophones consi­dèrent les anciennes colonies comme un pré carré inaliénable et institutionnel. Le débordement touche des pays comme le Burundi, le Rwanda, la République démo­cratique du Congo et la Guinée équatoriale, ce qui démontre le caractère universel de la francophonie.

Une série d’accords et de traités, concernant tous les domaines, lie la France à ses anciennes colonies africaines. Ces accords et traités prennent également appui sur l’OIF. Mais en sus de ces cadres institutionnels qui se recoupent, des liens particu­liers viennent les parachever. C’est ce qui a donné lieu à l’expression « Françafrique », illustrée par différents scandales à répétition.

La Françafrique se caractérise par une multitude de réseaux qui se croisent et mêlent tous les échelons de la vie politique des pays africains comme de la France. Certains ont même impliqué les plus hauts sommets de l’État. Le président Giscard d’Estaing, en son temps, fut éclaboussé, et peut-être pas à tort, par le scandale d’une cession gratuite à son profit de diamants offerts par le chef d’État centrafricain, Jean Bedel Bokassa, au pouvoir de 1966 à 1979. Un coup d’État, dont la rumeur attri­bue l’orchestration à la France, renversa pourtant Jean-Bedel Bokassa, encore sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Une kyrielle d’autres scandales impli­quant entre autres Total et Areva, ternirent l’image de la Françafrique.

Cette Françaffrique actionnait des réseaux officieux mis en œuvre par des res­ponsables spéciaux, à la tête d’une cellule élyséenne, avec des bureaux spécifiques installés 2 rue de l’Elysée, à 10 mètres du Palais, d’où le nom. Le chef d’orchestre à l’origine fut Jacques Foccart, homme de confiance des de Gaulle et Pompidou et même Chirac, dans une moindre mesure. D’autres chefs d’orchestre se succédèrent avec plus ou moins de talent.

La Françaifrique fut accusée d’avoir mis en place un réseau insidieux de retro-commissions et de transferts de fonds à partir de l’aide à la coopération en direction de partis politiques français. Une loi réformant le financement de ces partis en le mettant à la charge de l’État et des militants-membres, est de nature à faire cesser ces financements occultes et délictueux. D’aucuns prétendent qu’ils existent tou­jours en 2012.

De même, la Françafrique est créditée de la disparition de ces réseaux. La cellule élyséenne a été dissoute. Ce n’est pas pour autant que les attributions de « Monsieur Afrique » ont été transférées au ministère des Affaires étrangères et au ministre ou secrétaire d’État chargé de la coopération. Elles ont très simplement été transférées au secrétariat général de la Présidence de la République, tandis que la cellule afri­caine était coiffée par un simple conseiller, c’est-à-dire vidée de tout sens effectif.

Les réseaux officieux continuent leur action. La Françafrique n’a nullement été démantelée aux dires et écrits de nombreux polémistes. L’avocat franco-libanais Robert Bourgi est cité comme l’inamovible conseiller officieux du Président de la République, Nicolas Sarkozy, sur les questions africaines jusqu’en 2012. Il lui est attribué d’avoir joué, de son propre aveu, le rôle d’intermédiaire dans l’éviction du secrétaire d’État à la coopération Jean-Marie Bockel, coupable d’avoir affiché sa volonté de rupture avec la Françafrique. Le même genre d’aveu a trait au soutien de la France visant l’élection d’Ali Bongo à la succession de son père, maintenant ainsi une continuité dynastique au Gabon. Il n’est jusqu’à l’opération « Licorne », en 2011, qui ne soit créditée au compte de l’indéracinable françafrique. L’opération « Licorne » recevant la bénédiction du Conseil de sécurité de l’ONU, a consisté à soutenir le candidat Ouattara à la présidence de la Côte d’Ivoire, au détriment du non moins corrompu Laurent Gbagbo.

Les dirigeants africains ne sont pas insensibles aux pétroliers américains et fran­çais, alléchés par la gestion offshore de la ressource du Golfe de Guinée. Les Chinois se lancent dans un programme de conquête pernicieux et assez efficace. Ils em­portent des contrats d’exploitation d’hydrocarbures ou de travaux publics selon des modalités originales. Ils exportent le matériel et la main d’œuvre, ne laissant rien aux autochtones. Mais ainsi, ils conservent leur potentiel d’innovation et de maî­trise. La Françafrique a fort à faire, mais il est chuchoté qu’elle négocie adroitement aussi bien avec les Chinois qu’avec les Africains.

Une corruption endémique ronge l’Afrique subsaharienne francophone, comme l’Afrique subsaharienne dans son ensemble. Cette corruption est à la base du fonc­tionnement des États depuis leur indépendance dans les années 1960. Tout est pos­sible quel que soit l’échelon de responsabilité, à condition de payer le dessous-de-table adéquat. La corruption est un système avéré. Les dirigeants africains entassent le fruit de leur prévarication d’une manière éhontée dans les pays occidentaux et leurs paradis fiscaux. Les populations sont toujours aussi misérables.

Il est vain d’accuser les dirigeants africains. S’ils sont corrompus, ce qui est vrai, c’est qu’il y a des corrupteurs, ce qui est tout à fait vrai aussi. Et les fonds de nom­breux partis politiques ont pour origine cette corruption, ce qui traduit le processus de corrupteurs corrompus à leur tour.

Le système est-il éternel ? Certainement pas à la veille de s’éteindre, surtout avec l’intrusion massive des Chinois. Qui s’y connaît mieux qu’eux en matière de corruption, elle qui est une seconde nature pour les Fils du Ciel !

***

En réalité, la colonisation n’a jamais cessé. Elle s’appelle néocolonialisme, mais qu’importent les termes puisque l’analyse de la colonisation demeure pertinente dans sa permanence.

L’esclavage est né de la convergence de deux types d’esclavagisme complémen­taires l’un de l’autre. Et la colonisation est drainée également par deux systèmes semblables et complémentaires pour établir un nouvel esclavagisme.

La traite des noirs était basée sur des négriers, transportant des esclaves noirs raflés par des roitelets noirs, et revendant ces esclaves sur les marchés du Nouveau monde. Le premier achat d’esclaves était opéré par une cession de verroterie ou d’armes ou d’objets de peu de valeur à ces roitelets. Le roitelet n’existait qu’en fonc­tion du négrier et vice-versa. Le colonisateur a régné par l’entremise de roitelets, des chefs coutumiers qu’il investissait dans leur rôle d’intermédiaire. Sous réserve de cet aspect, le colonisateur français a pleinement respecté les coutumes locales. La corruption était circonscrite car l’administration coloniale, occupant le sommet de la hiérarchie du système, était composée d’un personnel de direction formé dans les meilleurs écoles de la République française, où lui était inculqué le concept du Service de l’État. Si l’Ecole de la France d’Outre-mer a fusionné avec l’Ecole natio­nale d’administration, ce n’est pas par l’effet d’un quelconque hasard. Ce n’est pas pourtant qu’il n’y a pas eu dévergondage.

Cependant, si l’administrateur colonial éduqué et formé au service de l’État ne se livrait pas généralement à des abus, il n’en était pas de même des colons. Ceux-ci, à tous les échelons de la pyramide sociale, ne cherchaient qu’à s’enrichir dans l’exploitation de leurs plantations ou de leurs mines. Pour certains, une assez forte minorité, l’enrichissement devait l’être à tout prix, quitte à pressurer leur main d’œuvre noire illettrée et maintenue dans l’illettrisme volontairement ou involon­tairement, la colonie manquant d’infrastructure.

Un personnel noir de direction, en charge de responsabilités intermédiaires, offrait une excellente courroie de transmission. Ce personnel intermédiaire de di­rection provenait généralement des écoles établies par le colonisateur.

Ainsi, les colons s’enrichissaient sans que la colonie procure d’avantages mar­qués à la métropole. Ce n’était pas le moindre des paradoxes.

C’est certainement à la gloire de la France que d’avoir instauré un système d’ex­ploitation des populations le moins exploiteur de tous les États colonisateurs.

La disparition de la colonisation pousse au sommet de la hiérarchie le personnel le mieux formé, une minorité. Il a emprunté à la métropole tous les attributs exté­rieurs du pouvoir, mais n’a pas assimilé le fond, le service de l’État.

C’est qu’aussi, il n’y a pas d’États et pas plus de nations africaines. Tout du moins, comme cela se comprend chez les Occidentaux. Subsiste toujours une tra­dition tribale et clanique.

Un poste de responsabilité est une source de profit pour l’impétrant avec rétro­cession à la famille, au clan et à la tribu, dans un ordre décroissant.

Le colonisateur, la France en l’occurrence, est très coupable. L’indépendance n’a pas été préparée ou plus exactement a été préparée à travers un système prenant le relais de la colonisation. Le grand colon et le haut personnel de direction adminis­trative ont simplement changé de couleur.

Le système est appelé à perdurer ! Les populations colonisées le restent toujours et croupissent dans leur misère.

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