La politique étrangère de la France à l’égard du Liban

Khalife Adel

Professeur à l’université libanaise

Faculté de droit et des sciences politiques

akhalife@ul.edu.lb

Résumé

Nous assistons à la fin, depuis une décennie, de la politique régionale autonome de la France. Cette crise de la diplomatie française au moyen Orient s’inscrit dans un contexte international marqué par l’hégémonie américaine et l’affirmation de nouveaux acteurs régionaux. Je serai amené à analyser trois événements : la résolution 1559, le mandat de Nicolas Sarkozy, et enfin la visite du président Hollande en avril 2016 au Liban.

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Parler de la Politique étrangère de la France au Liban est une problématique car ce pays a perdu la tendresse de sa mère considérée par beaucoup des libanais comme leur mère tendre.

Je voudrais partir d’un constat de la fin, depuis une décennie, d’une politique régionale autonome de la France, cette crise de la diplomatie française au moyen Orient s’inscrit dans un contexte international marqué par l’hégémonie américaine et l’affirmation de nouveaux acteurs régionaux.

Pour démontrer ce constat je voudrais analyser trois événements : Le premier la résolution 1559, puis le mandat de Nicolas Sarkozy, et enfin la visite du président Hollande le mois dernier au Liban.

La France a rompu la tradition diplomatique de la neutralité, lancée par le général De Gaulle qui lui conférait son rôle de médiateur dans les conflits régionaux. La diplomatie Française a perdu ainsi sa politique arabe, à cause d’un suivisme aveugle à l’égard des États-Unis et un rapprochement inconditionnel avec Israël. Devant les ambassadeurs arabes invités à l’Elysée après l’arrivée du président Sarkozy, ce dernier a dit : « je suis un ami fidèle d’Israël, et j’ai une grande admiration de la politique américaine », sans cacher son soutien inconditionnel à Israël. Concernant la Syrie, dès le début la France s’est mise à soutenir l’opposition syrienne, pour faire chuter le régime syrien, séparer la Syrie de l’Iran et affaiblir le Hezbollah. La visite de François Hollande au Liban s’inscrit dans la même ligne selon la presse libanaise. Elle est incolore si on la compare aux visites des présidents français dans l’histoire.

  • Dans quel contexte La France a perdu de son influence au Liban ?

Le 7 Janvier 2011, le nouvel ambassadeur américain Robert Ford entama ses missions en Syrie. Il fut nommé à la fin de l’an 2010, il arriva à Damas suite aux printemps arabes advenus en Tunisie et en Egypte, et quelques semaines avant le début des évènements en Syrie. Les différentes estimations occidentales allaient vers l’idée que ce printemps affecterait de nombreux États, y compris la Syrie, même si les estimations officielles américaines voyaient que le régime syrien tiendrait bon aux débuts des évènements. La question de la coïncidence autour de l’arrivée de Ford à Damas fut de même posée à l’époque par celui qui examinait de près l’évolution des relations entre le président Barak Obama et la confrérie des Frères Musulmans dans la région, en Egypte en particulier. Nous verrons que certains aspects de cette relation se sont élucidés dans le discours prononcé par Obama à l’Université de Caire au début de ses visites dans la région.

L’arrivée de Ford, qui avait tenu un rôle crucial dans l’aide offerte aux opposants internes comme externes, tout comme son départ pour Hama en la compagnie de l’ambassadeur français à l’époque à Damas ne sont donc pas nés du hasard comme ils auraient pu l’être. Cependant, il existe une autre facette de son arrivée, à ne pas négliger, c’est le retrait des diverses forces américaines d’Irak, à partir du début de l’an 2011, suite à huit ans d’occupation. Les visites par les responsables américains de Damas n’avaient pas cessé et elles étaient effectuées du côté américain par le chef du comité des Relations extérieures au Sénat, John Kerry, ou l’émissaire américain au Moyen-Orient, Georges Michel, entre autres.

Le ministre des Affaires étrangères, Hilary Clinton, a attendu jusqu’en Mai 2011 pour appeler Assad à « répondre aux appels du peuple syrien quant à un processus de transition politique véridique ». Obama mit alors Assad devant deux choix : « guider ce processus de transition ou bien se retirer »[1].

Une question centrale se pose : pourquoi l’administration d’Obama a-t-elle compté sur la Turquie soutenant tout courant aussi bien que la confrérie des Frères Musulmans dans la région pour contribuer à convaincre Assad de la transition politique ? Voudrait – elle vraiment sauver la Syrie, sauvegarder Assad et son régime ou bien se pencherait – elle, telle la Turquie, à consolider la présence de Frères Musulmans dans l’autorité syrienne, se croyant ainsi satisfaire les sunnites dans la région et parachever le cercle de ses relations avec ce courant islamiste considéré de sa part comme modéré, capable de faire face à l’extrémisme et de fortifier l’axe opposé à l’Iran ?

Nul ne peut y répondre par des affirmations, toutefois, il est sûr que les États-Unis, ont changé leur stratégie quand ils ont commencé à sentir que la révolte avait eu son expansion grandissante dans l’organisme syrien et qu’elle était soutenue par un nombre d’États arabes et par la Turquie, l’alliée de Washington et l’opposé tacite à l’Iran aussi bien qu’à l’axe de la résistance. Ainsi, Obama a-t-il déclaré pour la première fois le 17 août 2011, son attitude appelant au départ d’Assad, lorsqu’il a affirmé : « il est temps qu’Assad parte pour le bien de son peuple ».

Se succédèrent par la suite les déclarations opposées, soutenant l’opposition ; tantôt par la participation active à constituer le regroupement des amis de la Syrie (ou bien du peuple syrien par la suite) et ce à partir de l’an 2012, passant par des déclarations appelant à l’établissement d’une région interdite à l’aviation syrienne, comme l’a affirmé le sénateur Joe Lieberman, qui avait visité des régions limitrophes à la frontière via le Liban et la Turquie à partir de l’automne 2011, jusqu’à offrir une aide américaine, et à partir de Juin 2014 la somme de 500 millions de dollars pour armer, entrainer et équiper l’opposition « modérée ». Ceci a été encore accompagné par une tentative de frapper le régime par une opération militaire au moment où Barak Obama a déclaré le 31 Août 2013 avoir en possession des preuves certaines sur l’existence d’armements syriens de destruction massive. Cependant, l’affaire a eu terme par un accord Américo-russe autour d’une décision internationale portant le numéro 2118 et qui impose à Damas le démantèlement de l’ensemble de ses réserves d’armements prohibés, surtout ceux biologiques.

En fait, la politique américaine durant la guerre syrienne a posé bien de questions, dont les plus éminentes : cette oscillation américaine entre la tentative de départ du régime et la mise du front « El-Nosra », à partir de la fin 2012, sur la liste des mouvements terroristes à côté de l’hésitation dans le soutien effectif de l’opposition armée, a-t-elle été la conséquence de l’absence d’une vision politique et de l’angoisse de l’extension du terrorisme au détriment de l’Etat syrien et de l’opposition modérée, ou bien le fruit d’une stratégie plus périlleuse entre les mains des responsable de la décision américaine ? Que serait le cas si cette stratégie consistait à ne point permettre à aucune partie de réaliser la moindre victoire militaire renversant les équilibres pour aboutir à la destruction de la Syrie et de son rôle ? Les responsables américains ont-ils voulu impliquer l’Iran et le Hezbollah en Syrie pour les épuiser sans toutefois permettre la chute du régime syrien, par crainte du terrorisme ? Ou bien, tout ce qui avait eu lieu, est-il un indice sur l’absence de toute stratégie américaine, surtout après qu’il se fût confirmé que l’armée syrienne, la diplomatie syrienne, l’Etat et leurs alliés avaient tenu plus que prévu ?

Les entretiens menés à l’intérieur du cercle de régime ou celui de l’opposition ont prétendu en maintes occasions que l’occident atlantique chercherait à ne rien trancher car il ne voudrait pas vraiment combattre Daesh jusqu’au bout ni soutenir l’opposition armée de même, ni combattre l’armée syrienne de la sorte comme s’il ne demandait qu’affaiblir tout le monde pour imposer ultérieurement sa volonté sur les différentes parties.

Même si les Européens sont les alliés de Etats-Unis, et à leur tête la France, les Américains ne pensent qu’à leur propre intérêt. Les pressions exercées sur la France, après l’opposition de Jaques Chirac à légaliser l’invasion américaine de l’Irak, et la menace d’utiliser le veto au conseil de sécurité, prouvent que les Américains utilisent les Européens comme simple « caisse postale » pour la politique américaine. Ceci a été expliqué par l’ex-ministre des Affaires étrangères français Roland Dumas dans son livre Coups et blessures et d’après la description précise de l’ex-ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine dans son ouvrage Les Mondes de Mitterrand, où il explique les raisons de l’absence de la politique française effective au Moyen-Orient depuis la deuxième guerre mondiale. Jacques Chirac fut le premier à avoir subi ces pressions par le biais d’une attaque américo-israélienne sans précédent quand il s’opposa à l’invasion de l’Irak. Le président gaullien fut forcé à passer le reste de son mandat dans « la correction de cette erreur » commise quand il tenta de sauvegarder la légitimité internationale et de refuser les invasions américaines et britanniques injustifiées d’un pays libre tel l’Irak. Le président français Chirac avait établi des liens historiques positifs avec le président irakien Saddam Hussein, dont étaient issus de nombreux contrats ; pour n’en citer qu’un : le réacteur nucléaire irakien «Tammouz». Toutefois, Israël, et peut-être grâce à des informations d’origine française, reconnut son emplacement et le bombarda le 7 juin 1981.

L’attitude anti-belligérante de Chirac provoqua un semblant de rupture entre la France et les États-Unis. Dès lors, Georges Bush afficha des menaces en toute occasion. Le journal Le Monde qualifia la situation de la sorte : « les relations entre Paris et Washington sont à leur plus bas niveau et le climat entre elle est glacé ». Et, lorsque Dominique de Villepin (le représentant de la France à New-York) a fait son fameux discours aux Nations-Unies le 14 Février 2003, les Français ont éprouvé de la fierté et les Américains de la trahison. Aussi, quand le président français a prononcé son discours à New-York en Septembre 2003 devant l’Assemblée Générale des Nations-Unies, bannissant l’unipolarité du monde, Bush fixa du regard l’un des diplomates français et lui dit en colère : « dis aux syriens que je suis méchant et unipolaire…»([2]). Ce journal français indépendant confirme que « le Liban s’est rendu par la suite à la base du rapprochement franco- américain ».

Finalement donc, Georges Bush fils a rejoint un allié au moins inattendu pour lui et qui était Jacques Chirac, désireux de tourner la page de la discorde avec les États-Unis et compenser son attitude morale contre la guerre.

2- Chirac : le revirement

Les pressions américaines sur l’administration Assad ont retrouvé un allié international supplémentaire et crédible auquel elles ne s’attendaient pas au Moyen-Orient : c’était le président français Jacques Chirac. Le chef gaullien, qui s’était opposé à la guerre en Irak et qui avait menacé de l’usage du veto contre l’occupation américaine et britannique n’a pas pu empêcher les deux pays de mener leur occupation sous une couverture internationale. Il était retrouvé après peu d’un an d’un côté sous des pressions américains tenaces, et de l’autre exposé à la dégradation de ses relations avec la Syrie en raison des tensions entre cette dernière et son ami, le premier ministre libanais, Rafic El-Hariri, mais aussi en raison de la prolongation du mandat du président libanais Émile Lahoud et enfin à cause de certains contrats commerciaux importants non signés par la Syrie en faveur de la France.

Jacques Chirac qui avait visité Hafez El-Assad, portant un plan achevé pour des relations stratégiques le rendant, lui, l’allié des arabes alors que les États-Unis étaient celui d’Israël, lui-même avait suggéré par la suite le nom d’Émile Lahoud à Assad-père ; ce qui fait allusion directe au grand progrès réalisé au niveau des relations des deux pays. En d’autre termes, Lahoud, dont la prolongation du mandat fut un prétexte pour les États-Unis et la France pour faire accélérer la résolution internationale portant le numéro 1559, exigeant le retrait de l’armée syrienne du Liban fut le même homme dont l’occident était convaincu. Chirac pensait que Hafez El-Assad voulait de lui et que son acceptation de la part de la France consoliderait le niveau des relations syro-française. Chirac raconte d’ailleurs dans ses mémoires : « Hafez El-Assad a veillé sur ma consultation en décembre 1998 à propos de la désignation du président libanais prochain. Il m’a demandé de lui envoyer cinq noms dont il choisirait un. J’ai choisi parmi ces noms celui d’Émile Lahoud, qui bénéficiant de renommée et qui a fini par être imposé par Damas »([3]).

Selon Elie El-Ferzeli, vice-président de la chambre des députés, Assad ne s’opposait pas vraiment au principe d’élection d’un nouveau président pour le Liban, mais il avait ensuite durci ses positions quand il avait ressenti que la France et les États-Unis avaient fait front contre lui indépendamment de l’affaire Lahoud.

Ce rapprochement américano-français inquiéta Assad et le poussa à entamer une série d’arrangements afin de défendre la Syrie des répercussions de l’accord entre Washington et Paris. Il avait alors déclaré que « la prolongation du mandat de Lahoud est faite pour des raisons stratégiques ».

En juin 2004, lors du sommet des pays industriels, le G8, en Géorgie, Jacques Chirac a obtenu le soutien de George W. Bush quand il présenta l’idée d’un projet de résolution au conseil de sécurité demandant à la Syrie de se retirer du Liban et l’exigence d’élections présidentielles libanaises conformes à la constitution n’autorisant d’aucune façon le renouvellement du mandat présidentiel »([4]).

Après moins de trois mois de ce sommet au cours duquel Bush avait présenté sa vision de reconstitution du Moyen-Orient et l’expansion de la démocratie et des libertés, la résolution 1559 parut au conseil de sécurité le 2 Septembre 2004. Il ne fut pas surprenant que la même décision renfermât certains points essentiels de la loi contre la Syrie comme les idées américaines appelant à mettre terme à l’existence du Hezbollah au Liban et aussi au retrait de l’armée syrienne. Les articles 2, 3 et 4 sont venus le confirmer car cette résolution :

  1. appelle les différentes forces armées étrangères à se retirer du Liban.
  2. appelle au démantèlement des différentes milices libanaises et non libanaises et leur désarmement.
  3. souligne la souveraineté du gouvernement du Liban sur l’ensemble du territoire »([5]).

En d’autres termes, la décision internationale a insisté sur le retrait de l’armée syrienne du Liban, le désarmement du Hezbollah et des groupes palestiniens. Il a encore placé l’état libanais devant ses responsabilités de défendre la frontière avec Israël, y compris les régions sudistes pratiquement soumises à la domination du Hezbollah.

La réponse syrienne directe n’a pas tardé à travers le Liban, le parlement libanais s’est réuni le jour suivant la résolution, le 3 Septembre donc, et la constitution fut amendée d’après la grande majorité des suffrages, ce qui autorisa la prolongation du mandat d’Emile Lahoud allié solide à l’époque de la Syrie et en butte avec le Hariri. La prolongation fut pour trois années supplémentaires, elle a provoqué la rupture entre Chirac et Assad. Par ailleurs, une autre prolongation similaire a eu lieu en 1995 pour le président défunt Elias Hraoui, mais l’affaire ne provoqua pas du vacarme, peut-être en raison de la relation positive reliant à l’époque Hraoui et Hariri d’un côté, et par la non inquiétude en ce temps-là de Damas ni de ses alliés envers la politique du Hariri.

Pour quelle raison Assad a-t-il tenu tête aux États-Unis et à la France et a prolongé le mandat de Lahoud ? Ceci émanait–il de son caractère refusant tout ce qui est dicté sous pression ? ou même de son sentiment qu’écarter Lahoud du pouvoir signifierait ouvrir le champ devant Hariri et l’équipe syrienne, objets de doute d’Assad, pour agir non seulement au niveau du Liban mais encore en Syrie ? L’angoisse d’Assad face aux changements de la politique américaine et française, l’a-t-elle incité à tenir davantage et garder Lahoud ? Ce qui reste sûr est que garder Lahoud au pouvoir tranquillisait Assad. Les deux hommes s’étaient liés par des relations politico-sécuritaires bien puissantes mais aussi par des relations personnelles et familiales ayant surpassé celles des ex-présidents libanais vis-à-vis de Hafez El-Assad. Lahoud avait gardé ses contacts avec Assad une fois au moins par semaine au moment où nombre des visiteurs libanais de ce dernier se sont mis à l’écart suite aux débuts de la guerre en son pays en 2011.

Assad a montré son désir d’élargir son emprise sur le Liban. Jacques Chirac affirme : « j’ai vainement tenté de le convaincre d’amollir ses attitudes et de se montrer plus ouvert pour faciliter l’adhésion de la Syrie à la communauté internationale, et, si j’ai réussi à obtenir de lui le soutien au processus français relativement au dossier irakien sur la décision 1441 en Novembre 2002, Bachar El-Assad n’a pas su, malgré mes conseils, tirer profit de l’occasion créée par la chute de Saddam Hussein pour imposer la Syrie en tant que force de stabilité dans la région. En Novembre 2003, je lui ai envoyé en urgence Maurice Gordon Montagne (le conseiller présidentiel à l’époque) pour le familiariser avec les positions de la France, de l’Allemagne et de la Russie, suite à mon entretien avec le chancelier Gerhard Schröder et le président Vladimir Poutine qui s’étaient joints aux tentatives diplomatiques pour permettre à la Syrie de s’imposer en tant qu’Etat désireux d’œuvrer au profit de la paix et de la stabilité ; Toutefois, Bachar El-Assad s’est limité à répondre à mon émissaire par l’interrogation suivante : « es-tu venu ici pour transmettre un message de la part des Américains ? ». Puis, il a commencé à discréditer les attitudes américaines qu’il accusait de vouloir l’éloigner du pouvoir. Bachar s’est empêché de cerner qu’il était de son profit de s’entendre avec la France pour sortir au temps convenable de son isolement et éviter d’être repoussé et renversé pour ceux qui avaient placé son pays au sein de l’axe du mal »[6].

Qu’avait voulu Chirac à l’époque, au juste ? Etait-ce sauvegarder la Syrie et la souveraineté du Liban ou voulait-il, lui aussi, porter la Syrie à signer un accord de paix avec Israël ?

« Il parait d’après le compte-rendu de la séance, que nous avons obtenu, entre Assad et l’émissaire français, le conseiller présidentiel Maurice Gordon Montagne, que Chirac avait visé l’objet second a priori, ensuite faire sortir la Syrie de son alliance avec la résistance et enfin sa mise à l’écart avec l’Iran »[7].

  • Sarkozy : l’américain

Le président Sarkozy n’a jamais caché ses fortes relations avec Israël et sa grande admiration pour la politique américaine. Devant la Knesset israélien, le président Sarkozy a déclaré qu’il était un grand défenseur de la sécurité d’Israël. Son soutien à l’opposition et ses relations tendues avec l’Iran ont beaucoup affecté ses relations avec le Liban. La France, a perdu de son influence dans ce pays considéré jadis comme la base de la politique française au proche orient.

La question qui se pose maintenant est : y-a-t-il encore une politique étrangère de la France au Liban ?

La réponse est non. La visite du président Hollande au Liban, en avril 2016, a montré l’affaiblissement du rôle de la France au Liban et dans la région. Cette visite incolore et inodore fut vouée à l’échec, dans un pays sans chef d’Etat, meurtri affaibli et affecté par la crise syrienne. Elle n’a donné aucun espoir pour les libanais de changer leur situation avec l’élection d’un président de la république et les aider à sortir de la crise. La France perd aussi de sa grandeur en faveur de la politique américaine gestionnaire avec les Russes du dossier syro-libanais. Après le mandat français sur le Liban, la France est devenue la « mère tendre » (selon l’expression de certains libanais) avec laquelle les libanais ont eu des relations culturelles diplomatiques privilégiées. Avec la conclusion de l’accord nucléaire iranien, la France est reléguée au second plan, elle a également perdu de son influence en Syrie et au Liban, et elle n’a plus aucune influence dans les négociations au Proche-Orient malgré sa position de principe avec deux Etats palestinien et israélien. Laurent Fabius est resté jusqu’au dernier moment vent debout contre l’accord iranien, le 13 juillet 2015. Le lendemain, il était à Téhéran pour signer des accords commerciaux, il considérait peut-être que les contrats commerciaux sont plus importants que la devise de la république « liberté, égalité, fraternité ». Hollande et Fabius ont aussi signé des contrats commerciaux avec l’Arabie Saoudite et Qatar, deux pays qui financent le terrorisme en Syrie et au Liban.

Le président Chirac sur pression américaine et pour des raisons personnelles (son amitié avec le premier ministre libanais Rafic Hariri) a choisi de se rapprocher de la politique américaine surtout en ce qui concerne la gestion du dossier syro-libanais.

Avec le président Sarkozy la politique française au Liban a été remise en cause et remplacée par un cadre euro-méditerranéen avec un alignement atlantiste géré par les Etats Unis, Le Liban fut laissé alors à son sort et surtout ses chrétiens, de même que les chrétiens d’Orient qui se voient menacés dans leur seule présence en Irak et en Syrie. Enfin, avec Hollande, la politique française au Liban s’est encore affaiblie au profit de la politique américaine et d’un alignement sur Washington.

La conscience politique des libanais et des peuples arabes exige une présence française, une initiative de la France en faveur du Liban et de la Syrie car la France est solidaire de leurs causes à travers une histoire commune et représente des valeurs et principes universels, c’est une grande nation.

[1] Avis de la Maison Blanche, sorti le 18 Août 2011.

[2] Le journal Le Monde 05\04\2006, « France-États-Unis, histoire d’un retournement. »

[3]  Chirac, Jacques, Le Temps Présidentiel, Nil, Paris, Kindle, Location 6072

[4] Kindle 3374, « Histoire de la Syrie »

[6] Chirac, Jacques, Mémoires, référence précédente, ouvrage électronique, Kindel 6126 – 6127.

[7] Sami Kleib, 2015.

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