La Société Civile en Iran et en Arabie Saoudite

Ahmad NAGHIBZADEH

Docteur en sciences politiques à Nanterre (ParisX) en 1985 Assistant-professeur à l’Université de Téhéran en 1986 et Professeur (Full professor) depuis l’an 2000 : Directeur du département de Sciences Po de 1990 à 1992 : Auteur de 12 livres universitaires et traducteur de 10 livres de français en persan.

Avril 2016

La société civile au sens moderne se réfère directement au processus de construction d’un État-Nation. On peut distinguer trois étapes historiques dans la pensée de la société civile. La première étape concerne la philosophie de Hobbs c’est-à-dire sortie de l’état nature ou de la sauvagerie et la deuxième concerne la construction d’un espace libre et hors de la portée de l’État absolu qui concentrait tout pouvoir entre ses mains et surveillait de près son environnement social et fina­lement la troisième étape qui commence avec l’institutionnalisation de l’espace libre et de l’élar­gissement de cet espace. C’est ici que les partis politiques et les syndicats et d’autres formations sociales se forment. Avec l’institutionnalisation de la société civile, un échange bilatéral s’établit entre l’État autant qu’institution et la société civile autant que le contre-pouvoir, ou bien un échange entre le centre et la périphérie. L’institutionnalisation doit être à ce point que l’État ne puisse ni la renverser ni réprimer les formations protestataires de la société. L’État de droit formé par un contrat social doit respecter ses engagements vis-à-vis de son contractant qui est la société, mais cette société doit avoir des représentants en forme d’institutions qui puissent se mettre en face de l’État ; sans quoi les droits de l’homme ne se réalisent pas. Ce que nous envisageons de montrer dans cet article c’est la situation de la société civile dans les deux grandes puissances régionales et rivales au Proche-Orient, toutes les deux basées sur la Shariat à savoir l’Iran et l’Ara­bie Saoudite.

One cannot dissociate the notion of civil society from the democratic process to construct a Nation-State based on human rights. This is the way derivedfrom major international landmarks such as the United Nations Organization. In point of fact, countries such as Saudi Arabia resisting this tendency are confronted by major internal and external pushes for reform. Whereas Iran, formerly also a closed country, is already at the negotiating table and makingprogress.

L’Arabie Saoudite malgré le revenu national élevé (PNB 750 milliards de dol­lars et un revenu annuel moyen de 25000 dollars par tête « mais bien sur avec une distribution inégale » goo.gl/XwvJbP) et la consommation des objets modernes reste le seul pays qui se dirige avec des formations politiques précapitalistes se réfé­rant à la loi Shariat qui se caractérise par le code moniste ne prévoyant aucune place pour la société civile. Dans cette situation les formations distinctes de gouvernance et libres ne peuvent qu’être marginalement organisées et rester dans un état primitif avec un sens religieux par manque d’esprit libre. Comme un spécialiste de l’Arabie Saoudite l’a remarqué : depuis 1990 trois courants de pensées religieuses se sont émergés au sein de la communauté sunnite à savoir Alsahveh-t-ol Islamieh qui s’est rapproché de gouvernement, le courant fondamentaliste jihadiste opposé à tout révisionnisme religieux et finalement un courant timidement réformiste mais écarté de la scène sociale (Lacroix – 2004 : 346). Il y a aussi quelques sociétés de charité et de secours aux pauvres. Le seul mouvement social qui figure au sein d’une société fortement traditionnelle se réfère à l’acte courageux de quelques 47 femmes qui se sont mises ouvertement à conduire pour protester contre l’interdiction de conduire (Lacey – 2009 : 136). Outre ces petits actes timides, quelques formations bien contrôlées sont permises par l’ordre du Roi telle que « l’Association nationale de doits de l’homme » tandis qu’une association homologue mais indépendante a été disloquée sous l’ordre du gouvernement (Montagu – 2010 : 79). En vérité le régime politique en Arabie Saoudite se trouve dans une impasse, sans issu, car dans l’ère de mondialisation d’un côté on ne peut pas rester fermé sur le soi et de l’autre côté tout changement implique une redistribution de pouvoir, ce que ce régime ne peut accepter (Migdal – 1993 : 122). La dernière fois que la société d’Arabie a largement et activement réagit c’était à la suite de ce que l’on appelle « le printemps arabe » qui frissonna les dirigeants saoudiens par craint de l’effet domino du prin­temps arabe contre quoi ils ont élaboré différentes stratégies. D’abord ils ont profité des pétrodollars en les distribuant généreusement entre les jeunes et en créant les occasions pour que les gens puissent trouver un boulot mais la crise pétrolière et la stagnation et la crise qui s’en sont produites ne les ont pas permit de poursuivre leur stratégie. C’est ainsi que la réaction sociale s’est acharné en réclamant le change­ment et même le départ du Roi et sa famille. De nombreux protestants sont arrêtés et certains d’entre eux sont condamnés à mort. La protestation se glissa progres­sivement dans l’espace virtuel (Saoudia Arabia and the West – 2016). Cela montre que la société civile existe dans un état embryonnaire en Arabie et peut s’organi­ser dès qu’elle trouve une occasion. Le seul secteur organisé appartient aux shiites autant qu’une minorité opprimée et activée par l’idéologie. Est-ce que le système fortement traditionnel de l’Arabie sera capable à résister en face de tous ces chan­gements et toutes ces évolutions en cours ? L’avenir ne tardera pas à nous répondre.

L’Iran par contre connait depuis 1501, avec l’avènement de la dynastie Safavide, une renaissance nationale en s’unifiant et se trouvant un centre unique de pouvoir, ce qu’on appelle la construction d’un centre unifié de pouvoir considéré comme le point de départ de l’État-Nation. Si on considère Shah Esmael et Shah Abbas comme leurs homologues et leurs contemporains français Louis xin et Louis xiv et leur acte de désigner la religion shiite comme religion d’État à l’instar de l’abolition de l’édit de Nantes par Louis 14 en Octobre 1685, on peut dire que le processus de mis en marche de l’État-Nation a commencé en Iran en même temps qu’il avait commencé en Europe. En même temps la société civile iranienne a connu deux piliers principaux à savoir le Bazar comme l’incarnation du marché et le Howzeh comme le symbole de l’ensemble des institutions religieuses shiites. Il y avait un troisième pilier d’ordre précapitaliste à savoir la société tribale comme une forma­tion autonome. Mais des éléments de secours au bon fonctionnement de l’État absolu à savoir le capitalisme moderne, la philosophie libérale et la pensée scien­tifique étaient absents en Iran des Safavides. En plus le processus de l’État absolu a été perturbé par la chute de la dynastie safavide (1722) qui laissa la place aux dynasties éphémères dès le dix huitième siècle. Deux siècles de retard et chaos ainsi produits suffisait pour que l’Iran soit écarté de l’itinéraire parcouru par l’Europe. Le redressement de l’Iran par un Roi sanglant et fondateur de la dynastie Qajar dans la mêmes année que la révolution française était en cour se coïncidait avec l’essor de l’Europe suivi par ce qu’il appelé l’ère de l’impérialisme pendant laquelle la domi­nation européenne sur les sociétés non européenne était systémique. Cependant la société civile iranienne resta assez forte pour provoquer une révolution démo­cratique en 1905-06, mais non aussi forte pour qu’elle puisse la faire réussir. La révolution démocratique qui devait aboutir à un État moderne a échoué par la manque des éléments nécessaire aussi bien que par l’intervention russe et anglaise. Mais la voie de la modernité était irréversible et par conséquence l’Iran s’achemina vers une voie autoritaire pour construire un État moderne mais cette fois-ci un État absolu à l’Européenne. Pendant la dynastie Pahlavi (1921-1979) que nous défi­nirons comme une monarchie absolue, la société civile s’est mise en sommeil, cet absolutisme n’a pu remplir ses fonctions y compris l’assimilation des différentes eth­nies. La poussée de la démocratie a conduit les Iraniens vers une révolution qu’on croyait va être démocratique. Mais les éléments nécessaires pour la démocratie étant absents, la révolution a pris une couleur idéologico-religieuse en 1979, la révolution dite islamique. Ainsi la démocratie et l’absolutisme devaient coexister en la forme d’une démocratie théocratique. La contradiction qui existe entre l’absolutisme et la démocratie caractérise la République Islamique. Le symbole de l’absolutisme est l’instance du guide suprême qui a tous les pouvoirs entre se mains, pendant que les élections présidentielles et législatives représentent les aspects démocratiques. Il est normal qu’une guerre latente et quelques fois patente se produise entre la société civile, la société politique et entre les représentants de Dieu et les représentants du peuple. Cette contradiction est visible à la première page de la Constitution de la république islamique où on lit « le pouvoir appartient à Dieu qui le confia au peuple ». Dans la société civile un bouleversement se fait jour. Les piliers tradition­nels de la société civile n’ont pas résisté à l’époque postrévolutionnaire. Le Howzeh s’est intégré partiellement dans la société politique pour perdre dans l’ensemble son autonomie et son rôle traditionnel : le Bazar s’est éclaté entre les mains des bouti­quiers et « shopping centres » à l’américaine. Ce processus avait commencé avant la révolution islamique. La société iranienne dans son ensemble ressemblait à une société de masse très forte qui devait s’institutionnaliser au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de l’ère révolutionnaire et de l’ambiance sécuritaire produite par la guerre Iran-Iraq et par les combats que menaient les groupements armés contre le nou­vel État. De même l’État issu de la révolution devait s’institutionnaliser en forme d’État-Nation avec un pouvoir impersonnel, muni des instances légales et capable de répondre aux exigences des différentes couches sociales. Mais une telle évolution voire transformation d’un État révolutionnaire en État de droit prend des années. Aujourd’hui après 37 ans qui découlent depuis la révolution, une crise d’État se montre évidente à ce point que ses opposants nient l’existence même d’un vrai État et ils parlent de gouvernement et de gouvernant à la place de l’État. L’intervention de différents groupes révolutionnaires et de différents groupes de pression justifie leur revendication. Mais on ne peut nier que l’État issu de la révolution est un État fort et capable de gérer les gestions qui sont propres à un État modern tel que la garantie de la sécurité et de l’intégration territoriale et en plus la construction d’un réseaux routier, le programme pour le logement, la multiplication des universités et la distribution de la richesse nationale malgré la discrimination qui existe dans ce domaine. Tout cela est bien pour le soubassement d’une société civile fonctionnelle. Mais les conditions préalables à une société civile c’est-à-dire la démocratisation, la liberté sociale et politique, et peut-être le plus important une classe moyenne urbaine et forte restent inachevées. Ce qui empêche le gouvernement de réaliser ces conditions sont les forces centrifuges que l’État absolu n’a pu dissiper et les menaces étrangères qui créent une ambiance sécuritaire dans laquelle les libertés individuelles et collectives sont les premières victimes.

Dans cette situation où les universités se sont multipliées, les nombres des étu­diant et des diplômés universitaires à l’intérieur comme à l’extérieur sont augmen­tés, le mouvement féministe et les mouvements étudiants se sont renforcés, une jeunesse ultra libérale se montre avide pour le changement, la poussée pour faire des ONGs est forte et une grande partie de la société se montre intéressée à l’ouverture, Le système politique souciant de son contrôle sur son environnement social reste conservateur en s’opposant au moindre changement et ne permet à s’institution­naliser que aux courant sociaux et politique en accord avec l’idéologie de l’État, les formations qui se terminent en générale avec une terminaison islamique tel que l’association islamique des ingénieurs. Selon le ministère de l’intérieur plus de 300 formations de tel genre se sont officiellement inscrites. Se trouvant ainsi à l’épreuve d’une poussée très forte pour l’ouverture, le système politique semi fermé que nous avons croit qu’il y existe un relai entre les formations libres à l’intérieures que les sociétés internationales encouragent d’un côté et les ingérences étrangères de l’autre côté. Dans cette situation plutôt fictive le gouvernement se voit obligé à s’appuyer sur ses forces coercitives et sur les groupements fidèles aux idées de la Révolution islamique. La société civile est la première victime de cette théorie de complot sinon le terrain est fertile et tous les éléments nécessaires pour en faire une société civile forte et active sont présents. On comprend le souci du régime islamique qui peut perdre son contrôle par l’insistance sur les droits des minorités religieux et ethniques, par le défi que les partis politiques laïcs peuvent présenter face à lui, par les organisations indépendantes qui forment un contre-pouvoir, mais la tendance autoritaire n’est pas négligeable non plus, elle essaye de contenter la population par les services publics, la sécurité dans une région perturbée et par le progrès dans le sens moderne au dépens de la liberté.

Pour citer les éléments qui doivent remplir le vide des institutions tradition­nelles comme le Bazar et le Howzeh, pour permettre de former une société civile moderne, nous commençons par la couche intellectuelle. En même temps qu’un courant intellectuel se formait autour de la question Dreyfus en France, un courant semblable se formait en Iran autour de la révolution constitutionnelle en 1906 avec deux tendances : gauche et libérale. La couche intellectuelle en Iran a connu des sorts différents mais est restée toujours très forte et influente. Pendant la révolution de 1979 les différents cercles intellectuels ont joué un rôle remarquable en organi­sant les soirées poétiques avec des discours critiques. Mais ils n’ont pu résister à la répression qu’ont subie tous les libres penseurs et les groupements laïcs au lende­main de la Révolution. Ils étaient dispersés mais non pas exterminés. La dernière réclamation de leur part était une déclaration intitulée « Nous sommes écrivains », suivant laquelle ils étaient obligés d’accepter un asile volontaire ou se taire ou se li­vrer à une autocensure étouffante. Ce processus s’aggrave avec une dissidence mor­telle interne. Les grosses têtes intellectuelles étant ainsi dissipées de la scène sociale, ont cédé la place à une couche modérée et plus humble mais plus cohérente avec les conditions modernes (Naghibzadeh : 341-342). La nouvelle couche intellectuelle se propage, se met en contact avec ses homologues étrangers et se redresse devant toute tendance de répression. Les journalistes et les intellectuels petits et moyens contrairement à leurs prédécesseurs n’ont pas les trois obsessions qui hantaient les grands intellectuels à savoir le rapport avec l’État, avec l’Occident et avec la reli­gion. Leur rôle dans les changements sociaux de l’avenir sera crucial. Outre que les intellos les instituteurs et les ouvriers s’acharnent à s’organiser dans les syndicats professionnels comme un pilier important de la société civile. Malgré la répression systématique qu’ils subissent rien ne peut les dissiper de la seine sociale. Les femmes qu’on attendait être complètement rayées de la seine sociopolitique joue de plus en plus un rôle déterminant dans tous les secteurs sociaux et politiques et culturels. Leur participation logistique à la guerre Iran-Iraq a garanti leur place dans le sys­tème politique et leur droit de vote leur a offert un instrument pour être au centre de l’attention électorale. Les activités sociopolitiques des femmes qui ont occupé les postes administratives importantes ou se sont présentées comme des figures uni­versitaires de haut rang ont créé une instance influente voire un vrai mouvement féministe. Le mouvement étudiant malgré la répression successive reste vigilent avec un pois politique non négligeable. Le plus important parmi ses élément peut-être sont les partis politique qui malgré l’itinéraire qu’ils ont parcouru sont encore dans un état faible. Cela revient à la culture politique paroissiale, l’absence de liberté et les élections claires et rassurantes ; mais une fois ces empêchements enlevés nous serons témoins d’un essor remarquable des partis politiques qui ont déjà les expé­riences nécessaires pour se redresser à la hauteur des partis des pays démocratiques. Surtout que le peuple a aussi une expérience de participation politique dans notre démocratie limitée et constitue un élément rassurant pour la démocratie de l’avenir. Ces limites n’étaient pas complètement négatives car le peuple a appris de participer et de lutter et de s’organiser. Si la démocratie est forte en Europe occidentale c’est parce qu’elle s’est formée progressivement et a trouvé ses fondements et des institu­tions petit à petit au cours de deux siècles.

De l’autre côté la société essaye de s’exprimer dans l’espace virtuel où le réseau Telegram et de Facebook ont 22 millions d’adhérents (Hajar Amidian). Dans les cinq dernières années on était témoin de la mobilisation de masse par la voie virtuelle. Au cours de l’année 2014 un événement sans précédent s’est produit au sein de la société fortement surveillée. La mort d’un chanteur non pas très célèbre appelé Pachaee, cela a coïncidé avec la mort d’un dignitaire religieux de haut rang alors président d’une instance très importante. Pour la marche funèbre du chanteur se sont réunis plus d’un million de gens mobilisés par les réseaux de communication tandis qu’autour du cercueil de l’autre se rassemblaient à peine 2 mille personnes pour la plupart des fonctionnaires. Ce qui est important c’est que la société ira­nienne est en plein effervescence et évolution, et dans les différents combats qu’elle mène pour revendiquer ses exigences elle élabore des stratégies diverses. En 2009 pendant les manifestations contre la fraude électorale, on était témoin d’actes vio­lents par les manifestants et de réactions plus violentes de la part du gouvernement tandis que dans les élections législatives en Février 2016 s’est mise en œuvre une stratégie pacifique quand une majorité écrasante a participé pour empêcher l’entrée aux instances législatives de grosses têtes conservatrices qui s’opposent à tout chan­gement. Ce combat de différentes formes va terminer un jour par le succès de la société civile, car tout ce que le régime islamique fait pour renforcer sa propre posi­tion est au service de renforcement de la base sociale pour la démocratie et pour la liberté. Par exemple la multiplication des universités et les étudiants qui y entrent malgré leur faiblesse éducative, les étudiants en général de couche rurale qui sont au service du système, vont renforcer la classe moyenne qui est la base sociale du réformisme. Sinon comme disait Jaques Morgéon (1996 : préface), les gens qui ne savent ni lire ni écrire n’ont pas besoin de liberté de plume. C’est ainsi que je place la République Islamique parmi les régimes autoritaires du 20e siècle qui n’étaient pas démocratiques mais étaient au service de renforcement des fondements de la démocratie.

En guise de Conclusion

Malgré les ressemblances qui existent entre la société saoudienne et la société iranienne, elles ne se situent pas dans la même étape historique. Si la société saou­dienne arrive à renverser le régime actuel, elle doit se charger de créer un État-Nation et cela non seulement exige des années pour se réaliser mais aussi elle sera obligée de mettre en œuvre un régime autoritaire pour réaliser les fonctions man-quées de l’État absolu à savoir le processus de nation-building, pour créer une admi­nistration moderne et pour préparer tout ce qui est nécessaire pour se convenir au vingt-unième siècle. Dans le meilleur cas optimiste l’Arabie Saoudite arrive dans la même phase que l’Iran est arrivé en 1979 avec la révolution islamique tandis que l’Iran dépassant cette étape vit dans des conditions qui ressemblent à l’Espagne à la veille de la mort de Franco. C’est-à-dire il suffit d’avoir des dirigeants favorables à la démocratie pour que la société civile se forme avec tous les éléments nécessaires pour une société civile forte et fonctionnelle. Historiquement la société iranienne est arrivée à une étape irréversible. Le peuple n’est plus un acteur passif mais un acteur qui peut élaborer des stratégies compliquées et diverses. Le gouvernement n’est plus capable de prévenir le résultat de ses actes et ses programmes. Les radi­caux n’ont mis en œuvre que des programmes qui renforcent la place des couches moyennes urbaines. Les jeunes libéraux maitrisent parfaitement les réseaux de communication pour se mettre en contact avec leurs homologues à l’étranger. Des millions Iraniens qui vivent en Europe ou aux États-Unis sont qualifiés d’haut rang professionnel et ont déjà esquissé des plans pour l’avenir de leur pays. Le peuple iranien est parfaitement adapté aux conditions du vingt et unième siècle tandis que le gouvernement est l’héritier de la guerre froide. Cet héritage belliqueux ne cor­respond pas avec l’esprit pacifique du peuple. Cette divergence se mène un jour à la confrontation ou à l’adaptation forcée de gouvernement aux conditions sociales.

Notes

  • Amidian, Hajar, Rentier State and Authoritarianism: A Critical Study of Post-Revolutionary Iran, Alberta University, 2015, amidian@ulberta:ca
  • Lacey, Robert (2009). Inside the Kingdom, London: Hutchinson Press.
  • Lacroix, Stephane (2004). Between Islamists and Liberals: Saudi Arabia’s New « Islamo-Liberal » Reformists, Middle East Journal, Vol. 58, No. 3, pp. 345-365.
  • Migdal, Joel (1993). Rules and Rights in the Middle East Democracy, Law and Society, Seattle: University of Washington Press.
  • Montagu, Caroline (2010). Civil Society and the Voluntary Sector in Saudi Arabia, Middle East Journal, Vol. 64, No., pp. 67-83.
  • Mourgeon, Jaques, (1996) Les Droits de l’Homme, Paris, PUF.
  • Naghibzadeh, Ahmad, « Les changements intellectuels en Iran : lepassage de gauche à libéralisme », Téhéran, Mehrnameh, N° 522, Mars 2016.

Blood brothers, Saudi Arabia and the West, New Internationalist, N-490, March 2016. goo.gl/XwvJbP

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