L’AVENIR DE LA GUERRE CONTRE-TERRORISTE ENTRE RISQUE LÉTAL ET SYNDROME SÉCURITAIRE

Jure Georges VUJIC

Avril 2015

Les nouveaux contours (le plus souvent flous et mouvants) de la géopolitique du terrorisme contemporain résultent de la conjonctions de deux phénomènes. On observe, d’une part, un terrorisme asymétrique et dé-territorialisé encore perçu en tant que « guerre du pauvre » qui se complexifie dans le cas de l’intégrisme islamiste par son caractère religieux-eschatologique et par des pratiques terroristes cumu­lants des moyens rudimentaires et archaiques avec des tehnologies militaires de pointe. On constate, d’autre part, que le phénomène de la guerre globale contre le terrorisme (« Global War On Terror ») laquelle menée en grande partie par les États-Unis depuis le 11 septembre 2001 avec la coalition des alliés occidentaux revêt les traits d’un phénomène polémogène parfois contradictoire, puisqu’il entend cumu­ler les stratégies conventionnelles et les stratégies contre-terroristes, irrégulièrès et contre-insurrectionnelles. Ce sont de nouvelles guerres dans lesquelles l’adversaire n’est pas clairement nommé et identifiable, puisque toute la population civile est potentiellement terroriste, et dont l’issue, le lieu, la durée ne sont pas préalablement définis. La guerre au terrorisme implique la mise en oeuvre de moyens de coercition et d’investigations de plus en plus subtils et sophistiqués dans le champ sociétal, et, plus qu’une logique de front, elle s’incrit dans une dynamique polymorphe de transversalité, voire de réticularité. En effet, les phénomènes de cyber-terrorisme et la nouvelle stratégie sécuritaire depuis les attaques contre le journal Charlie hebdo qui visent à accroitre la surveillance sur les réseaux de l’Internet, annoncent une nouvelle forme de géopolitique anti-terroriste virtuelle et réticulaire, en tant que nouvel espace polémogène digital, avec des acteurs non-étatiques et para-étatiques numériques. En effet, via Twitter, LiveLeak, Snaptchat ou Facebook, de nombreux réseaux sociaux de l’Internet sont utilisés par les organisations salafiste-jihadistes pour déployer « leurs campagnes de relations publiques » dans le cadre de ce que l’on peut appeler le néo-califat digital ou le cyber-jihadisme.

Outre l’alliance militaire, les États-Unis ont par ailleurs annoncé lundi 27 oc­tobre 2014 la création d’une cyber-coalition réunissant des pays occidentaux et des pays musulmans. Cette initiative vise à protéger les individus potentiellement menacés par les djihadistes sur le Net et dans le monde réel. L’autre but de l’opéra­tion est de faire barrage à l’expansion de l’idéologie des terroristes islamistes sur les réseaux sociaux.

Le syndrome sécuritaire qui modifie les perceptions individuelles et collectives de la menace terroriste omniprésente et souvent médiatiquement sur-amplifiée, et qui tend à traiter les citoyens en tant que menace potentiellement nuisible, pourrait très bien à long terme effacer la ligne de démarcation classique entre ennemi/ami, (Hostis, inimicus) et déboucher sur un modèle hobbesien de société hautement conflictuelle, fortement polarisée et agonale, ou régnerait la guerre permanente « de tous contre tous ». En effet, c’est la généralisation de ce soupçon belliciste au niveau sociétal, qui justifie l’exceptionnalisme juridique, qui, en l’absence de désignation précise de l’ennemi en tant qu’antagonisme réel, pourrait très bien transformer la guerre contre le terrorisme en une forme de guerre totale, et par voie de conséquence entrainer la dissolution du politique au sens schmittien du terme. Puisque l’ennemi terroriste est partout, omniprésent à l’interieur et à l’exterieur, cela excluerait de le penser sous angle politique intensif dans le sens ou une relation sociale devient politique du fait d’une intensification extrême d’un antagonisme préexistant. En effet, dans la conception Schmittienne, la discrimination de l’ami et de l’ennemi apparait comme le critère spécifique du politique, qui s’applique formellement à une relation, c’est-à-dire « au plus haut degré d’intensité d’union (Verbindung) ou de désunion (Trennung), d’association ou de dissociation »1.

Post-mortalité sociale et risque létal du terrorisme

Le terrorisme en tant que risque létal, imprévisible et omniprésent, remet en cause la perception et la représentation de la mort dans la société contemporaine. En effet, dans la mesure ou notre société techno-scientiste (par le biais de la biomé-dicine) s’efforce d’éffacer progressivement la mort dans notre culture en l’excluant de l’espace public, la violence terroriste subite et émotionnellement choquante, bouleverse notre rapport ambigu avec la mort dans sa dimension symbolique, à la fois ontologique et sociale. En effet, avec la retransmission médiatique des scènes terrifiantes d’éxécutions morbides et la mobilisation commémorative et compas-sionnelle pour les victimes des attentats, le terrorisme évènementiel contemporain s’inscrit dans cette nouvelle « société post-mortelle »2, dans la quelle la mort a été en quelque sort soustraite dans son inexorabilité et congédiée de la réalité. La vio­lence terroriste imprévisible, surgissant de nulle part et frappant dans la proximité spatiale de nos foyers, revêt une dimension sociale inhèrente a la sphère privée. Le terrorisme étant l’une des matrices contemporaines de la « société du risque mondialisé » telle que la conçoit Ulrich Beck (avec les changement climatique et la crise financière)3, questionne à nouveau notre rapport à la catastrophe en tant que « perception de la catastrophe future dans le présent », une catastrophe qui à l’opposé des autres risques (comme la catastrophe naturelle) imprévisibles, se carac­térise par son intentionalité, sa volonté meutrière qui en tant que risque, brouille les repères sociaux et spatiaux. Le spirale terrorisme/contre- terrorisme et le durcis­sement des législations anti-terroristes, ouvrent la voie non seulement à une forme de psychose collective, mais aussi à ce que Beck appelle l’obsession de « simuler le contrôle de l’incontrôlable ». La tentation de tout contrôler, la généralisation de la surveillance de l’Internet, du téléphone, la vidéosurveillace, peuvent dégénérer vers une forme de « totalitarisme sécuritaire ». À ce titre, les récentes mesures sécuritaires annonçées par l’Union européenne (UE) semblent rejoindre le modèle américain sécuritaire du « Patriot Act » adopté par les États-Unis (EU) après le 11 Septembre 2001. Il convident de rappeler que la principale force du terrorisme global est avant tout psychologique, puisqu’il s’attaque avant tout au lien social, la peur et le repli sécuritaire entrainant par voie de conséquence une crise de confiance sociétale. Or, la solidarité et la confiance mutuelle constituent l’armature de la vie en commnauté. « Sans la confiance des hommes les uns envers les autres, la société tout entière se disloquerait », estimait naguère Georg Simmel.

Mythe du progrès et syndrome sécuritaire

Le mythe de la sécurité est en train de se fondre dans les images de catastrophes mais aussi dans les scènes de carnages terroristes de Kaboul à Paris. Tout comme le progrès technique a été déifié par la modernité en tant que mythe social promé-théen, dominant et salvateur, le myte de la sécurité tend à justifier et banaliser au nom d’une rationalité ordonnatrice et répressive la violence terroriste, ce qui revient à normaliser la dimension létale du terrorisme en tant que mise en danger per­manent. Plus qu’un traitement purement seécuritaire le terrorisme global en tant que risque social global, recquiert ce que Beck appelle une « réflexivité politique et sociétale ». En effet, les actes « terroristes » qu’il soient individuels ou collectifs, échappent à l’approche quantitative, ce qui revient à dire qu’en dépit de leur simi­larité (dans le cas de la méthodologie des attaques suicides), il restent dans l’espace temps, singuliers dans leurs nature, leurs nombre et leurs fréquences. Le terrorisme contemporain est par essence une forme de risque et d’insécurité non quantifiable. C’est plutôt la différenciation entre risques quantifiables et insécurité non quanti­fiable, entre risque et conscience du risque, qui en vient à s’estomper. C’est cette universalisation-globalisation de l’insécurité et de dangers de second ordre, et l’om-ni-conscience publique de ce risque, parce que mis en scène par les mass media, qui créent cette différence. Dans la société du risque globalisé, il s’agit en conséquence de l’obsession de controler et de simuler le contrôle de l’incontrôlable à tous les niveaux, dans la politique, dans le droit, dans la science, dans l’économie, dans la vie quotidienne.

Hybridation et non-linéarité des stratégies anti-terroristes

La quasi-totalité des approches stratégiques militaires engagées dans une guerre contre des acteurs irréguliers, a evolué dans le sens d’une longue adaptation à la stratégie et aux techniques des techno-guerrillas irrégulières : depuis la stratégie de la « guerre des trois blocs », inventé par le général Charles Krulack qui suppose exige une forte décentralisation du commandement et des opérations de bataille haute­ment létale d’intensité moyenne, en passant par la « Révolution dans les Affaires Militaires » La RMA (« Revolution in Military Affairs ») énoncée après la chute de l’URSS (même si ses origines sont plus lointaines), jusqu’à la guerre de qua­trième génération qui correspondrait à la révolution de l’information, qui serait em mesure de mobiliser des populations entières dans le cadre d’un antagonisme couvrant l’ensemble des domaines : politiques, économiques, sociaux, culturels, et dont l’objectif serait l’influence sur l’opinion et le système mental et organisation-nel de l’adversaire (la fameuse guerre d’influence, les guerres de représentations et le « soft-power » de Joseph Nye). On peut dire que la guerre conventionnelle régulière s’est transformée par la force des choses et sous la pression du besoin d’adaptation stratégique en un guerre irrégulière. Cette guerre serait présentée comme globale et granulaire (allusion à la taille et à la multiplicité de formes ou de motivations des groupes engagés dans le conflit) car elle est le fruit des puissances souvent étatiques à haute technologie et des acteurs asymétriques transnationaux ou infranationaux éparpillés sous formes de groupes religieux, ethniques. Il est intéressant de constater que c’est la Russie Poutinienne qui semble, en tant qu’acteur étatique être enga­gée dans une guerre non-linéaire comme le souligne Nathan Dubovitsky, guerre éminément hybride qui cumule une palette de moyens divers : démonstration de force (les grandes manœuvres à la frontière), action clandestine (envoi de forces spéciales), ouverture diplomatique (rencontre de Normandie et de Minsk avec le président ukrainien), action humanitaire (le convoi de camions), utilisation de supplétifs (les « volontaires » qui combattent avec les séparatistes), chantage économique (livraison de gaz, boycott des produits agricoles de l’UE, contrat du Mistral), guerre médiatique (à l’usage de l’opinion publique intérieure), influence politique (avec les souverainistes et l’extrême-droite en Europe de l’Ouest), action politico-militaire sur le terrain, un « leading from behind » à la russe, (diriger depuis l’arrière, selon le concept américain inventé pour la guerre en Libye). La non-li­néarité rend compte de la complexité et la fluiditée des acteurs, des enjeux et des moyens et remet en cause les schémas explicatifs classiques en matière de strateégie militaire. Jean-Marie Guéhénno, président de l’International Crisis Group, qui fut le maître d’œuvre du Livre blanc de la défense de 2013 qualifie cette non-linéaritée à l’œuvre en Ukraine de « guerre hybride »4. La guerre non linéaire serait ainsi une réponse aux menaces hybrides terroristes et asymétriques qu’incarnent l’État isla­mique en Syrie mais aussi le terrorisme djihadiste en Europe.

Face à la capacité d’adaptation et la fludidité stratégique des téchno-guerillas, les États engagés dans la guerre contre le terrorisme se doivent de repenser leur culture stratégique dans le sens d’une plus forte flexibilité et rapidité tactique. En effet, le terrorisme contemporain éminément pluriel, revêt les formes et les modes d’orga­nisation de la techno-guérilla qui se place ontologiquement dans une perspective de fluidification des espaces terrestres en essayant de se départir, notamment au travers de ses choix en stratégie des moyens, de tout ce qui peut la « dé-fluidifier ». En effet plutôt que d’utiliser des techniques lourdes et coventionnelles, il s’agira pour les acteurs étatiques de développer une « proto-stratégie spatiale », au niveau des com­munications (téléphones par satellites), voire du renseignement (de Google Earth, à l’achat sous de faux noms d’images commerciales5. La stratégie contre-terroriste contemporaine au gré des expériences historiques successives, semble s’acheminer vers l’abondon du concept de guerre régulière (respect des règles et mise en oeuvre de moyens téchnologiques), de la « guerre en forme » de types Clausewitzien ou de Vittorien, pour de plus en plus évoluer vers une hybridation accrue du mode de guerre en soi, qui combine des moyens de coercitions et de combat militaires et non-militaires, l’emploi de forces suppletives et autres proxys. Face à un ennemi asymétrique et irrégulier, mouvant et fluide, qui s’organise sous forme de tech­no-guérilla, la guerre contre-terroriste se fait caméléon et se calque sur le moyens asymétriques et irréguliers de l’ennemi. La directive d’importance stratégique du Pentagone signée en 2009 par le vice-secrétaire à la Défense, Gordon England, déclare que « la guerre irrégulière est stratégiquement aussi importante que la guerre traditionnelle » et affirme la nécessité d’« améliorer les compétences (du Pentagone) en matière de guerre irrégulière ». Ainsi la notion de « guerre irrégulière » contre des insurgés et des terroristes, est mise au même plan que la « guerre conventionnelle » entre États. Cette nouvelle stratégie n’impliquait pas seulement un accroissement des effectifs : il s’agissait surtout d’un profond changement en termes de stratégie et de tactique, fondé sur une approche centrée sur la population locale. La « nouvelle doctrine » du général Petraeus insistait par-dessus tout sur la protection des civils, qui devait primer sur les démonstrations de force – un revirement radical dans l’utilisation traditionnelle des forces américaines. L’accent est désormais mis sur la sécurité locale et sur une approche qui part du terrain, plutôt que sur la technolo­gie et la puissance de feu. La « nouvelle guerre » (codifiée en guide des pratiques contre-insurrectionnelles (« Counter-Insurgency Guidance ») s’applique aux conflits qui recouvrent les activités de contre-terrorisme, de contre-insurrection, ainsi que les « opérations de stabilité » dans des « pays fragiles », désormais définies comme une « mission clef ». La directive préconise de « maintenir des capacités permettant au département de la Défense d’être aussi efficace en matière de guerre irrégu­lière qu’en matière de guerre conventionnelle »6. Parmi les missions assignées dans cette directive de 12 pages, Washington doit notamment s’efforcer de renforcer les capacités militaires des pays partenaires, soutenir les nations menacées par des adversaires « irréguliers » ou encore « créer un environnement stable et sûr dans les États fragiles » afin d’empêcher la formation de sanctuaires extrémistes. Cette directive formalise un changement stratégique déjà largement amorcé sur le terrain bien avant l’installation du nouveau président Obama, suite à un inventaire mili-taro-logistique et à la lumière des leçons tirées depuis 2001 des conflits en Irak et en Afghanistan.

Mutations ontologiques de la notion de guerre

La stratégie militaire contre-terroriste américaine semble miser sur la robotisa­tion progressive des opérations militaires. C’est dans cette perspective que le pro­gramme « Futur Combat Systems », en cours de 2003 à 2009 visait justement à la mise en place progressive de telles avancées au sein de l’armée qui devra compter moins d’hommes et davantage de robots. Paul Scharre, Directeur du « 20YYWarfare Initiative » du « Centre pour une Nouvelle Sécurité Américaine » rendait public au cours de l’annee 2014 un rapport intitulé « Robotiques sur le champ de bataille, l’arrivée de la nuée » (« Robotics on the Battlefield -The Coming Swarm »), en vertu duquel « des équipes de robots interconnectés vont changer la manière de faire la guerre pour les États Unis et d’autres pays ». Dans un futur proche, des « nuées de systèmes robotisés vont créer des changements considérables dans le cadre d’opé­rations militaires ». Ainsi, la guerre par cybors-soldats interposés ouvre bien sûr de nombreux questions éthiques quant à la légitimité d’une capacité de décision don­née à des machines, mais aussi soulève la question d’un danger de perte de contrôle sur ces cyborgs soldats qui atteigneraient bientôt un certain degré d’intelligence ar­tificielle et d’autonomie de décision. La guerre contre le terrorisme use aujourd’hui des technologies robotiques militaires de plus en plus sophistiquées parmi lesquelles les fameux drones, avions sans pilotes, qui servent d’appareils de reconnaissance et parfois d’attaque contre les sites terroristes. Les drones téléguides et sans pilotes, inuagurent une nouvelle ère dans la signification et l’ontologie de la guerre. Cette guerre « sans soldats » robotisée, se transforme en quelque sorte en jeu vidéo ou les principaux acteurs sont des machines volantes dans le cadre d’une guerre devenue soi-disant « propre et chirurgicale ». Néanmoins, il a été demontré que les drones loins d’être précis, causent de nombreuses pertes civiles collatérales dont l’impact dévastateur et psychologique reste moindre pour des opérateurs à distance situés à des milliers de km. Ainsi nous assistons à un double jeu de sur-repreésentation meédiatique et de démonisation à l’égard d’un terrorisme sanguinaire et archaique aves les scènes de décapitement et l’opacité des images brouillées d’un jeu vidéo de guerre propre ou les victimes sont totalement déshumanisées et invisibles.

La perception et le traitement du terrorisme en tant que risque polémogène implique une remise en cause de l’ontologie et de la conceptualisation même de la guerre. En effet, dans la mesure ou le terrorisme dans sa forme postmoderne, constitue un risque inhèrent aux sociétés contemporaines, le guerre contre le terro­risme deviendrait une violence armée nécessaire, légale et légitime, au même titre que la luute contre les autres menaces : activités criminelles, les dangers téchnolo-giques, les catastrophes naturelles. La pluralité d’acteurs asymétriques non-étatiques armés, la prolifération des milices et des groupes djihadistes et salafistes tout comme la frontière floue entre terrorsime politico-religieux et criminalité organisée, sapent le fondements classiques de la notion de guerre, principalement axée autour de la dichotomie militaire/civil, ami/ennemi, paix/guerre, fronts. Les nouvelles formes de guerres asymétriques, « hybrides et non-linéaires cumulent les moyens militaires et civils, la subversion psychologique et la guerre informationnelle, et déléguent souvent les opérations de guerre à des groupes para-militaires alliés voir à des armées privées (comme c’est la cas dans le conflit russo-ukrainien). Dans ce contexte, les frontières entre terrorisme, guerre conventionnelle et guerre « proxy », opérations de pacification, guerres subversives et secrètes, guérillas et terrorisme du pauvre, tendent à s’effacer et à se fondrer. La guerre globale contre le terrorisme apporte de nouvelles contradictions à cette transformation épistémolgique de la guerre, puisque que la « guerre globale au terrorisme » proclamée par les États-Unis et la notion de « guerre préemptive » autorisent une intervention armée hors frontières contre des groupes terroristes ou contre des dictatures susceptibles de posséder des armes de destruction massive. Le terrorisme global dans sa forme asymétrique avec une pluralité d’acteurs acteurs non-étatiques ou subétatiques, ainsi que l’apparition de nouvelles représentations idéologiques de l’ennemi et de l’ami, comme l’image du fort et du faible, ont profondément bouleversé les grilles d’interprétation clas­siques des critères polémogènes: la volonté, la létalité, les symboles et la techniques. Le brouillage des buts avérés et cachés des operations de guerre, l’acceptation du terrorisme en tant que risque létal inhérent aux nouvelles technologies militaires (drones, missiles) et la confusion des dispositifs symboliques voir uchroniques en tant que motivations guerrières, favorisent l’émergence d’une hybridation générale des conflits armés. La guerre contre le terrorisme du fait de sa complexité et de son hybridation croissante, aboutit à la liquidation deufinitive de la « guerre en forme » avec ses codes et ses règles, ses buts précis, un ennemi identifiable, un front visible et une issue résultant d’un éventuel traité ou d’un armistice. Les États qui combattent, qui sont en guerre contre le terrorisme n’ont plus le monopole sur la production des représentations idéologiques et politiques, puisque les groupes armés religieux et in­tégristes comme c’est le cas pour Daesh produisent une nouvelle forme d’idéologie politique aux promesses eschatologiques et conquêrantes planétaires. Le califat dé-territorialisé, le plus souvent digital et virtuel, devient un vecteur de regroupement et de mobilisation idéologique. Dans le cas de l’État islamique on a affaire à une para-guerre politico-religieuse planétaire, privee de territorialitée, de durée définie et de violence quantifiable.

Bibliographie consultée

Ouvrages

  • Céline Lafontaine, La société post-mortelle, Paris, Seuil,
  • Ulrich Beck, La société du risque, Alto, Paris, Aubier, 2001.
  • Ulrich Beck, Democracy without Enemies, Cambridge, Polity Press, 1998.
  • Joseph Henrotin, La techno-guérilla et la guerre hybride. Le pire des deux mondes, « La pensée stratégique », Nuvis, Paris, 2014.
  • Donald J. Hanle, Terrorism — The Newest Face of Warfare, London, Brassey’s, 1989.

Articles

  • Herfried Mùnkler, « The Wars of the 21st Century », International Review of the Red Cross, Vol. 85, N° 849, mars 2003.
  • Jean-Dominique Mercher, la guerre non-linenaire du president Poutine deroute les occidentaux, http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/guerre-non-lineaire-president-poutine-deroute-occidentaux-16021.
  • Article cesa.air.defense.gouv.fr.
  • Article, Emmanuel Tuchscherer « Carl Schmitt’s decisionism: theory and rethoric of war », dans : Spuhttp://mots.revues.org/15642
  • Wasinski, Christophe, « Post-Heroic Warfare » and Ghosts—The Social Control of Dead American Soldiers in Iraq », International Political Sociology, Vol.2, N°2, June 2008, pp. 113-127. Tanguy Struye de Swielande, « Les nouveaux guerriers », Le Petit Journal, octobre 2007, partie 1
  • William S. Lind et al., « The Changing Face of War : Into the Fourth Generation », Marine Corps Gazette, octobre 1989.

Notes

  1. Article, Emmanuel Tuchscherer « Carl Schmitt’s decisionism : theory and rethoric of war », dans : Spuhttp://mots.revues.org/15642
  2. Céline Lafontaine, La société post-mortelle, Paris, Seuil, 2014.
  3. La société du risque, Ulrich Beck, Coll. Alto, Paris, éd. Aubier, 2001
  4. Jean-Dominique Mercher, « La guerre non-linenaire du president Poutine déroute les occi­dentaux », http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/guerre-non-lineaire-president-poutine-deroute-occidentaux-16021,
  5. voir Joseph Henrotin, La techno-guérilla et la guerre hybride. Le pire des deux mondes, « La pensée stratégique », Nuvis, Paris, 2014,
  6. cesa.air.defense.gouv.fr.
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