Le Commerce du terrorisme

Riadh Sidaoui, Directeur du CARAPS (Centre Arabe de Recherches et d’Analyses Politiques et Sociales à Genève
Le terrorisme islamiste s’est déclenché en Egypte via les Groupes Islamiques Armés vers la deuxième moitié des années 1970. Deux phénomènes à observer dans cette décennie. Le premier réside dans le déclin de la classe moyenne au sein des sociétés arabes après les privatisations massives et accélérés des secteurs publics. L’Etat ne je joue plus le rôle du catalyseur social.
Le deuxième phénomène concerne l’explosion des prix de pétrole après la guerre israélo-arabe d’octobre 1973. Ce qui a permis à l’Arabie Saoudite d’avoir des revenus très importants. Une partie de ces revenus va être consacrée à la « Wahhabisation » des sociétés arabes et musulmanes.

Beaucoup d’auteurs, dont l’expert de la CIA Graham Fuller, soutiennent l’hypothèse du financement saoudien non seulement du FIS algérien et de ses groupes armés pendant les années 1990, mais aussi de tous les mouvements islamistes sunnites s’activant dans le monde arabe en particulier, et dans le monde musulman en général.

L’intensification du financement saoudien a commencé dès 1980 avec le but de contrer la révolution populaire chiite en Iran. Les preuves matérielles ne peuvent être connues que par les services de renseignement (!).
Qui finance le terrorisme ? Qui manipule ? Comment et Pourquoi ?
On a plusieurs preuves qu’il y a des Etats du Golfe, même des hommes d’affaires du Golfe qui financent ces mouvements terroristes.

1- L’ancien chef de la DST française (Direction de la surveillance du territoire) Yves Bonnet a mis en cause le 8 octobre 2012 l’argent de la drogue mais aussi celui de l’Arabie saoudite et du Qatar dans le financement des réseaux islamistes radicaux. Dans un entretien publié par la Dépêche du Midi M. Bonnet estime que ces réseaux posent la question du trafic du drogue, mais selon lui, « il y a aussi le problème de l’argent qui est alloué par des pays salafistes : « On n’ose pas parler de l’Arabie saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d’alimenter de leurs fonds un certain nombre d’actions préoccupantes, déclare-t-il. Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar, car, là, il y a un vrai problème. Et je me fiche des résultats du Paris-Saint-Germain. »

2- Joe Biden, le vice-président américain, devant des étudiants et des professeurs à l’Université de Harvard aux Etats-Unis d’Amérique. Il a déclaré ouvertement: « ce sont nos amis turcs, saoudiens, qatariens et Emiratis qui ont financé et aidé Daech » .

3- Bernard Squarcini, ancien patron des renseignements intérieurs français, révélait-il y a 2 ans : que «L’Arabie saoudite finançait le terrorisme en Syrie et en Algérie» ! Selon cet ancien patron des renseignements intérieurs français, les groupes djihadistes qui avaient prêté allégeance à Al Qaïda «étaient financé principalement par le prince saoudien Bandar Ben Sultan (secrétaire général du Conseil de sécurité nationale et chef des renseignements généraux d’Arabie saoudite) qui adoptait une politique régionale indépendante de ses frères et de ses cousins». Bernard Squarcini, assurait dans son dernier livre que «Bandar Ben Sultan, chef des renseignements saoudiens, était derrière le financement des groupes djihadistes en Afghanistan, en Syrie, au Liban, en Egypte, au nord de l’Afrique», «le Qatar, grand partenaire commercial et politique de la France, était intéressé par le financement, voire l’armement des groupes islamistes combattant en Afrique contre l’armée française».
4- Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’intérieur tunisien a déclaré au quotidien algérien El-Khabar que des hommes d’affaires des pays du Golfe financent le terrorisme en Tunisie .

5- Les gouvernements syriens et irakiens accusent ouvertement l’Arabie Saoudite et le Qatar d’avoir financé le terrorisme dans leurs pays.

6- Des journalistes algériens ont accusé l’Arabie Saoudite de financer le terrorisme algérien durant les années 1990. Hadda Hezem, la directrice du quotidien Al-fajr a accusé les saoudiens de financement des groupes islamistes armés.

7- Des centres de recherches occidentaux ont aussi accusé le Qatar et l’Arabie Saoudite de financer le terrorisme. A titre d’exemple l’Institut du Washington.

8- L’adoption de la loi Jasta par le congrès américain autorisera les familles des victimes du 11-Septembre à engager des poursuites pour réclamer des dommages à Riyad. Le dossier du 11 septembre va passer de la sphère politique et diplomatique à la sphère judiciaire. Désormais, Ce sont les juges qui vont traiter ce dossier. Des révélations secrètes et bouleversantes peuvent avoir lieu.
Mais, le soutien étranger au terrorisme islamiste n’est pas l’unique source de financement de ces mouvements. Ces derniers ont réussi la construction des réseaux locaux efficaces d’autofinancement, y compris l’appropriation des biens des citoyens et des villes conquis, ou même l’exploitation et l’exportation du pétrole syrien et irakien via la Turquie. C’est le butin du Djihad selon leurs convictions.

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