Le Djihâd selon le fondateur des frères musulman

Bassam TAHHAN, Professeur de géostratégie à l’École Nationale Supérieure de Techniques Avancées (Ensta),

Première table ronde
Modérateur : Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris
Colloque; La Géopolitique du Terrorisme
Actes du colloque
Le jeudi 11 décembre 2014
Assemblée Nationale
Est-ce que l’organisation des Frères Musulmans est une organisation terroriste ?

Pour répondre à cette question nous allons nous limiter à l’étude du concept de jihad, combat ou guerre sainte dans les textes fondateurs à savoir les épîtres de Hassan Al Banna et notamment l’épître qui porte ce titre et qui y est consacré. Pour bien comprendre la place qu’occupe le jihad dans l’idéologie ou le système de pensée du fondateur, brossons à grands traits cette compréhension de l’islam assez particulière et très simpliste.

Le jihad est pour les Frères musulmans une obligation pour tout musulman, y manquer est un péché capital. L’islamisation globale est donc le but ultime de l’organisation des Frères Musulmans. L’entreprise commence par une islamisation par la base, d’abord l’individu qui redécouvre sa religion, la vraie, telle que la comprend Al Banna, puis la famille, la société, le gouvernement, la patrie, les pays musulmans voisins, les autres pays musulmans, les anciennes colonies musulmanes du temps de la grande conquête de Poitiers à l’Indus et enfin le reste du monde. Idéologie belliqueuse de combat permanent pour une islamisation de force. Au sein de l’organisation il y a des combattants dont c’est le métier d’être jihadistes, c’est à ceux-là que s’adresse l’épître intitulée le jihad rédigée en 1936, c’est une sorte de bras armé.

Dans la littérature islamique occidentale nous disposons de résumés pseudo-scientifique de cette épître qui cherche à atténuer le dogmatisme belliqueux d’Al Banna en occultant volontairement certains éléments essentiels. Nous exposerons ces éléments que les propagandistes ont cherché à omettre pour nous représenter les Frères Musulmans sous les traits de pacifiques résistants alors qu’ils sont bien loin de l’être.

L’épitre commence par une innovation religieuse en accolant au nom du Prophète dans la formule de prière qui lui est consacrée le titre de Seigneur des Moujahidin pour la clore en y incluant tous ceux qui se battent pour sa charia jusqu’au jugement dernier. Ensuite, par une petite introduction qui affirme que le jihad est une obligation nécessaire et incontournable; ne pas y répondre ou fuir du combat est un des sept péchés capitaux qui méritent la Géhenne

Suivent des citations du Coran en huit points avec de brefs commentaires pour illustrer sa pensée. On ne manquera pas de souligner dans le 6éme point qu’il faut se battre contre les Gens du livre c’est à dire chrétiens et juifs ou tous ceux qui ont un livre révélé.

Suit une longue partie de citations de la tradition, trente et une citations en tout, signe de l’importance qu’accorde Al Banna à la Sunna et aux Anciens.

Il passe ensuite au statut du jihad en jurisprudence musulmane s’appuyant surtout sur les juristes tardifs pour nous dire que la communauté musulmane a perdu les commandements de sa religion en n’appelant pas au jihad. En résumé il nous explique que le jihad est une obligation absolue ou relative. Elle est absolue d’abord en pleine bataille tous les présents doivent se battre et ne pas abandonner le combat puis si les mécréants attaquent un pays musulman ensuite si l’imam le proclame tout le monde doit le suivre. Sinon il faut attaquer les infidèles au moins une ou deux fois par an selon les différents docteurs de la charia.

C’est une obligation relative si parmi les fidèles il y a des combattants qui le font, les autres doivent s’engager en cas de manque, cela veut dire qu’il faut toujours qu’il y ait des musulmans mobilisés une sorte d’armée qui se bat à la place des autres. Il en conclut que «vu que les musulmans aujourd’hui sont humiliés comme vous le savez, gouvernés par des impies, leur terre est foulée, leur sacré violé; leurs affaires sont jugées par leurs ennemis et ils sont interdits de culte dans leurs propres pays, outre qu’ils ne peuvent répandre leur message; l’obligation est absolue incontournable tout musulman doit se préparer et cacher en lui l’intention de la guerre sainte …en attendant de saisir l’occasion et ainsi la volonté de Dieu sera accomplie ».

En guise de conclusion à cette épître de jihad, il tient à préciser que le vrai jihad est le combat des mécréants et la conquête et non le combat contre les mauvais instincts comme prétendent certains musulmans « il est courant chez beaucoup de musulmans que se battre contre l’ennemi est le petit jihad et qu’il y a un jihad plus grand qui est celui de l’âme et beaucoup parmi eux citent comme preuve ce qui est relaté » nous sommes rentrés du petit jihad au grand jihad et qu’est ce que le grand jihad il répondit celui du cœur et de l’âme »;

Al Banna critique les musulmans qui détournent les fidèles de la guerre sainte en citant ce dit, qui, pour lui est faible ou carrément inauthentique.

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