Le printemps syrien : enjeux et perspectives

Mohammed Fadhel TROUDI

Docteur en Droit international, Enseignant-chercheur associé à l’Académie de Géopolitique de Paris. Directeur du Pôle Méditerranée (MENA) de l’Observatoire de la Mer noire, du Golfe et de la Méditerranée – OBGMS.

3eme trimestre 2012

Le régime baasiste syrien (littéralement: parti socialiste du renouveau arabe) est fondé sur une base communautaire extrêmement limitée, celle des alaouites qui représentent entre 10 et 13 % de la population syrienne. Le sort de la Syrie et de la région toute entière semble suspendu à l’issue de la crise par laquelle les Syriens sont les premiers concernés. Le durcissement des revendications de l’opposition puis la militarisation du conflit qui s’enlise entraînent la région dans une tour­mente dont personne ne peut évaluer les conséquences régionales et internationales.

The syrianbaathist régime (baas meaning the socialistparty for Arab revival) is founded on an extre-mely limited community basis, namely on the Alaouite ethnic group who represents roughly 10-13% of Syria s totalpopulation.The destiny of Syria and of the entire region seems to hang on the outcome of the war by which the Syrians are the first concerned.Thehardening demands of the opposition on one hand and the militarization of the drawn out conflict on the other drag the whole region into an upheaval with unknown regional and international consequences.

 

Le monde arabe est secoué par un vent de liberté émanant d’une jeunesse qui étouffe, poussée par le chômage de masse, la marginalisation politique et sociale, lasse des régimes prédateurs qui se sont servis plutôt que de servir. Cette contestation, partie de Tunisie, s’est rapidement transformée en printemps arabes par un effet de dominos, certes à nuancer si l’on tient compte des spécificités des pays concernés. On assiste à la multiplication des revendications de la rue, débar­rassée de ses peurs, avec pour point d’orgue, la chute des régimes dictatoriaux, souvent soutenus par l’Europe qui n’a rien vu venir. De Casablanca à Sana, en passant par Le Caire et Damas, les citoyens arabes expriment un même désir d’en finir avec l’autoritarisme d’antan, le verrouillage policier des espaces publics et la corruption généralisée des cliques familiales au pouvoir depuis plusieurs décen­nies. La peur a changé de camp, elle n’est plus du côté des peuples mais bien de celui des dictateurs, confrontés à une vague de contestation sans précédent, dont la principale motivation n’est plus d’obtenir de simples réformes sociales et écono­miques mais d’abattre des régimes jugés archaïques et illégitimes, en dépit de leur façade moderniste, et séculiers. Battant en brèche de nombreux préjugés culturels sur l’impossible démocratisation du monde arabe pour cause de domination et d’instrumentalisation religieuses, les manifestants brandissaient des slogans plutôt universels à savoir : liberté, dignité et démocratie, prouvant ainsi le caractère pro­fondément laïque et moderne des revendications.

Nombreux dans le monde, des commentateurs ayant cédé à une forme de ro­mantisme révolutionnaire, comparent les mouvements protestataires dans le monde arabe à la Révolution française de 1789, au printemps des peuples européens de 1848 ou, encore, à la chute du mur de Berlin, accréditant ainsi l’idée que les Arabes ont, à leur tour, pris le chemin de la modernité et de la normalité démocratiques, tournant le dos à des décennies de mélange de religieux et de politique. Ceci a eu pour conséquence de maintenir le monde arabe dans un sous-développement dont la jeunesse a particulièrement souffert. Cependant, il faut relativiser. Sommes-nous réellement face à une révolution au sens d’un processus accompli ? Qu’il soit en Tunisie, en Egypte, au Bahreïn, au Yémen et en Syrie, le processus révolutionnaire en cours n’est-il pas encore inachevé ? Ces questions se posent encore avec plus d’acuité dans le cas syrien.

Quelle place occupent les islamistes parmi les contestataires civils ou armés en Syrie ? La tournure que prend la révolte syrienne ne pose-t-elle pas cette question angoissante : et si les révolutions arabes n’étaient qu’une vaste manipulation isla­miste ?

Dans cette perspective, la phase démocratique ne serait-elle pas qu’un mirage, le temps que le «cercle de fer» de la religion islamique reprenne ses droits culturels et naturels dans les sociétés arabes ? Si la Syrie tombe, qu’adviendra-t-il des mino­rités, nombreuses dans la mosaïque syrienne notamment les chrétiens ? En d’autres termes, la cohésion entre les communautés peut-elle résister encore ou, au contraire la Syrie, va-t-elle évoluer vers une situation de guerre communautaire ? La consé­quence logique de cette communautarisation du conflit ne serait-elle pas le partage de la Syrie en dernier recours ? Autant de questions qui s’imposent et qui ne doivent pas, cependant, occulter les enjeux régionaux de cette crise. En effet, le président Bachar bénéficie du soutien de l’Iran, partenaire stratégique du régime, mais égale­ment de celui non négligeable d’une partie des Libanais, à la fois parmi les chiites et les chrétiens. Il s’agit d’analyser ici la position des différents acteurs régionaux et, plus largement, celles de la Russie et de la Chine qui semblent décidées à ne pas revivre l’expérience de la Libye.

Les origines de la crise

Le point commun de la crise syrienne avec les autres soulèvements arabes c’est l’autoritarisme de la dynastie alaouite au pouvoir depuis plus de 40 ans. La spéci­ficité syrienne se traduit dans le domaine religieux puisque 10 % de la population est chrétienne et 90 % musulmane avec des minorités chiite, druze, ismaélienne et, surtout, alaouite au pouvoir.

République socialiste, la Syrie est régie par la constitution de 1973 qui assure la continuité avec le socialisme hérité du coup d’état baasiste de 1963, mais, plus encore, garantit la prééminence du chef de l’État issu de la minorité alaouite. Elle fait suite à certaines revendications des milieux islamiques, en imposant un chef de l’État musulman et en disposant que « la doctrine islamique est la source principale de la législation ».

Le parti Baas syrien (littéralement : parti socialiste du renouveau arabe) est fon­dé sur une base communautaire extrêmement limitée, celle des alaouites (dite aussi nusayrî, secte de l’islam chiite fondée au IXe siècle par ibn Nosaïr) chiites hétéro­doxes, vigoureusement combattus par les sunnites qui les considéraient comme des hérétiques de l’islam. Les alaouites représentent entre 10 et 13 % de la population syrienne.

Ironie de l’histoire, c’est l’armée française qui a donné à cette communauté, longtemps méprisée par les sunnites, une nouvelle conscience d’elle-même. En effet, la France, alors force occupante, a créé un état alaouite autonome et a ouvert largement les portes de l’armée française aux minorités d’arméniens, de chrétiens arabes… et, notamment, des alaouites. Avec le coup d’état de 1963, le comité mili­taire du parti Baas majoritairement alaouite, mit à l’écart de nombreux officiers sunnites. La revanche d’une communauté longtemps exclue et opprimée atteint son apogée avec l’arrivée au pouvoir du général Jedid en 1966 et, surtout, du général Hafez al-Assad en 1970.

Le discours panarabe peut, dès lors être perçu, comme une idéologie visant à légitimer cette domination d’une communauté privilégiée et ultra minoritaire sur une population variée (sunnite et arabe à 90 % et contenant d’importantes com­munautés chrétienne orientale, arménienne et kurde). Le pouvoir actuel est donc fondé sur deux piliers essentiels : l’idéologie socialiste baasiste et les liens intrin­sèques entre les membres de la communauté musulmane alaouite minoritaire.

Le pouvoir hyper centralisé est, par conséquent, accaparé par une minorité alaouite qui cherchera, à travers l’ennemi commun, le sionisme, le moyen de justi­fier le caractère autoritaire voire sanguinaire du régime et la mainmise des alaouites sur l’économie et les richesses du pays.

Le parti Baas a dominé la scène politique syrienne. C’est, en fait, une véritable confusion entre l’appareil d’État et le parti politique. Le statut constitutionnel du parti Baas « parti dirigeant de la société et de l’État » (article 8 de la constitution), dont la direction propose la candidature du chef de l’État à la chambre du peuple (article 83), dont le secrétaire général est précisément le président de la république et dont le rôle dirigeant du comité central du parti Baas est largement concurrent du gouvernement, sont autant d’éléments qui témoignent de cette confusion en dépit de quelques signes positifs de changement opérés lors du dernier congrès du parti.

C’est ce système manifestement autoritaire qui fait aujourd’hui l’objet de la contestation de la rue, malgré quelques signes, trop tardifs, d’ouverture avortée pour contenir ce qui est, désormais, qualifié de printemps syrien. En dépit de l’abrogation de l’article 8[1] de la constitution et d’une proposition de débat national sur les moyens de sortir le pays de la crise, via des réformes tous azimuts (Al Islah), la contestation s’emballe et prend une tournure militaire qui n’augure rien de bon pour la Syrie et la région toute entière.

Il est vrai que face, notamment, à la montée des idées islamistes dans le pays, le pouvoir syrien a pensé à une stratégie de défense. En effet, le dernier congrès du parti Baas qui s’est tenu en février 2012 a montré des signes d’ouverture à l’adresse de l’opposition syrienne à l’intérieur comme à l’extérieur. Cependant, la classe politique qui dirige le parti est très divisée sur la marche à suivre, entre ceux qui veulent des réformes structurelles rapides et une vieille garde opposée à tout changement dans une logique de fuite en avant. L’appareil d’État vétuste et rongé par des maladies quasi incurables durant toutes ces années de plomb, de totalitarisme et d’absence totale d’espace de liberté, a cessé de fournir depuis des décennies les services et les soins les plus élémentaires à une population tentée par les idées islamistes dans un esprit de sanction et de vengeance.

La situation économique est catastrophique et, ce, en dépit des réformes timides et partielles entreprises par le nouveau président Bachar depuis son arrivée à la tête de l’État syrien le 10 juillet 2000. La Syrie se trouvait, au déclenchement de la contestation à la mi-mars 2011, dans la même situation que les autres pays de la région, avec un chômage élevé, estimé à près de 12,3 % en 2012, contre 8,3 % en 2011[2] et plus de 19 % en particulier chez les jeunes, notamment diplômés. Ce problème est aggravé par la persistance d’une corruption quasi institutionnalisée et d’un fossé de plus en plus important en terme de développement économique entre l’intérieur du pays, essentiellement rural, et les grandes villes, plus riches car plus développées.

Ces problèmes économiques avaient une explication : le pays a été longtemps gouverné par un régime socialiste très centralisé et, par conséquent, un appareil d’État hyper présent qui décide de tout. Les prix continuent d’être subventionnés comme ceux de l’essence et de l’alimentation ce qui coûte beaucoup d’argent à l’État et a fini par plomber le déficit qui s’élève en 2011 à près de 6 % du PIB.

Le nombre important de réfugiés palestiniens, près de 440 000, les habitants déplacés du plateau du Golan occupé depuis 1967 par Israël et, surtout, le nombre de réfugiés irakiens, près de 1,3 million, aggravent considérablement la situation économique du pays.

Paradoxalement, la Syrie dispose d’un fort potentiel touristique et d’une dette publique plutôt faible[3], surtout depuis l’annulation de la dette bilatérale par la Russie en 2005. Autoritarisme, caractère policier du régime, clientélisme et corrup­tion, permettant à une minorité proche du clan au pouvoir de détourner une part importante des richesses du pays, sont autant de points communs avec les autres pays arabes, touchés par les révoltes.

Face à cette réalité, fruit d’une longue période de pouvoir autoritaire et de méga­lomanie à grande échelle, la Syrie, est prise aujourd’hui dans un engrenage dange­reux. En effet, le printemps syrien semble coincé entre le piège de la violence à la fois du régime et des contestataires armés et les différentes manœuvres du régime. Quels sont par conséquent les enjeux nationaux et régionaux de cette crise qui secoue un pays, partie d’une région hautement instable et stratégique à la fois, de par les grands bouleversements qu’elle peut entraîner ?

 

Les enjeux nationaux

Deux enjeux majeurs, à mon sens, doivent être appréhendés dans le cas syrien : l’enjeu islamiste et le rôle des mouvements d’obédience djihadiste dans la contes­tation qui a pris, désormais, une tournure de conflit armé entre les deux parties en présence, pouvoir officiel et opposition, d’une part, et celui du devenir des mino­rités du pays notamment les chrétiens et, au-delà, celui de la cohésion communau­taire de la mosaïque syrienne, d’autre part.

 

L’enjeu islamiste

Le 15 mars 2011, éclate la contestation syrienne, d’abord dans la ville fronta­lière de Deraa, devenue symbole de la lutte contre le clan alaouite. Certains préten­daient même que cette ville était la route de la subversion islamiste, celle qui mène à Amman en Jordanie et, surtout, en Arabie Saoudite, soutien indiscutable de la rébellion syrienne. Il faut, en effet, rappeler que les tribus sunnites transfrontalières n’ont jamais accepté la tutelle des alaouites sur le pays et, surtout, elles n’ont jamais oublié les événements tragiques de la ville symbole Hama, bombardée par l’armée syrienne en 1982, où près de 30 000 personnes ont péri sous les bombes, après une insurrection des Frères musulmans syriens. Dans cette ville frontalière avec la Jordanie, les Frères musulmans sont très actifs et les chefs de tribus bénéficient du soutien financier de l’Arabie Saoudite.

Les deux villes de Homs et de Deraa constituent deux bastions historiques de la contestation du régime alaouite au pouvoir. Ces deux villes, frontalières avec la Jordanie, la Turquie et le Liban, constituent les hauts lieux de l’opposition, où les affrontements les plus violents ont eu lieu. Rappelons que Homs, ville à majorité sunnite proche du Liban, est voisine de Deraa, ville symbole de la résistance contre la minorité alaouite, est également le plus grand gouvernorat de Syrie puisqu’elle ne couvre pas moins de 25 % du territoire. C’est dans cette ville martyre que se sont constitués, dès juin 2011, des groupes dits « d’autodéfense », ont rapidement basculé vers des attaques ciblées contre les quartiers alaouites de la ville ainsi que des postes de police. Ce n’est que, par la suite, que des groupes salafistes opérant du Liban, comme le groupe radical du nom de Fatah al-islam (conquêtes islamiques) ont engagé une bataille avec l’armée libanaise en 2007, soldée par la mort de 32 sol­dats libanais et 55 activistes islamistes. Cette même armée est aujourd’hui la cible d’attaques de nouveaux groupes salafistes, d’obédience wahhabite très proches d’Al-Qaida, notamment des « brigades d’Abdallah Azzam », récemment démantelées qui projetaient de commettre des attentats contre des casernes de l’armée libanaise.

Très rapidement, la contestation prend un visage plus confessionnel puisque les mosquées sunnites ont joué un rôle capital de catalyseur des revendications de la majorité sunnite du pays, avec le soutien de l’Arabie Saoudite et du Qatar. Ce qui était au départ une contestation sociale, le pays vivant une situation économique très difficile, rythmée de chômage, du coût de la vie quotidienne très élevé, a pris rapidement l’allure d’un conflit confessionnel avec, pour point culminant, l’exi­gence du départ du clan alaouite au pouvoir depuis 1970. C’est un point commun avec les autres révoltes arabes, en Tunisie et en Egypte. Le même scénario se répète en Syrie : la situation désastreuse sur le plan social qui engendre nombre de frustra­tions, l’exclusion économique, politique et les questions liées aux bouleversements culturels des pays musulmans, ajoutées aux défis de la mondialisation, sont autant d’éléments dont se nourrit l’islamisme radical qui appelle le retour aux sources de l’islam comme unique alternative aux maux de la Nation arabe.

De tous les mouvements de contestation arabe commencés en 2011, c’est pro­bablement sur la scène de l’agitation syrienne que la mouvance islamique joue un rôle plus visible, les mosquées continuent, quant à elles, de représenter les foyers chauds de la contestation contre le régime. Davantage de personnalités religieuses syriennes n’hésitent plus à critiquer ouvertement le régime et, notamment, à Damas et Alep, deux villes stratégiques. Les contestataires entonnent des slogans comme « Allah est grand, nous allons, au paradis, en martyrs par millions ».

Cette situation soulève, par conséquent, des interrogations quant au rôle que joue la mouvance islamique au sens politique du terme, en l’occurrence les Frères musulmans et les islamistes salafistes qui participent aujourd’hui au soulèvement avec pour mot d’ordre l’effondrement du régime syrien au nom d’Allah.

En ce qui concerne les Frères musulmans, mouvement d’opposition très ancien au régime alaouite qui aspire à jouer un rôle politique majeur dans le pays, ils sont aujourd’hui concurrencés par de nouvelles forces islamistes aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.

En effet, les Frères musulmans rejetaient depuis toujours l’usage de la violence et se prononçaient en faveur d’un « état civil démocratique », même s’ils continuent toujours à réclamer l’islamisation progressive de la société par l’islamisation des lois.

Les Frères ne jouent qu’un faible rôle dans la contestation actuelle du régime. Par contre, ils sont très actifs dans l’opposition en exil, mettant en avant l’ancienne­té et l’importance de leurs réseaux à l’étranger animés par des cadres et des intellec­tuels chassés par le régime syrien notamment en 1982. Ils sont de tous les congrès organisés à l’étranger par l’opposition syrienne comme celui d’Antalya à Istanbul, celui de Bruxelles ou encore de Paris. Par ailleurs, les Frères musulmans refusent le dialogue, certes tardif, que proposait le président syrien et tablent, par conséquent, sur l’aide anglo-saxonne pour accéder au pouvoir, une politique opportuniste à courte vue qui néglige les réalités régionales plutôt complexes.

Parmi les nouveaux acteurs de l’opposition islamiste, figure le MJC (Mouvement Justice et Construction en arabe : Haraket al adl wal bina), créé à Londres en 2006, avec pour objectif affiché de concurrencer le mouvement des Frères musulmans, surtout à l’étranger.

L’autre acteur de l’islamisme syrien, et concurrent des Frères musulmans, est le courant islamique démocratique indépendant. Ce parti est né au début des années 2000, lancé par des intellectuels syriens de sensibilité religieuse qui cherchent à se différencier des Frères. Ce courant s’inscrit, lui-même, dans une nébuleuse plus large d’opposants syriens de l’intérieur avec, toutefois, une ligne religieuse dite mo­dérée excluant toute confrontation armée avec le régime. Ses partisans se réclament de tendance libérale conservatrice et non violente, inspirée d’un islam tolérant reje­tant toute forme d’extrémisme quelle qu’en soit la nature. Ces différents partis isla­mistes composent avec un acteur de taille, celui des oulémas profondément divisés sur la position à suivre face au régime alaouite. Ils sont partagés aujourd’hui entre loyalistes et contestataires qui sont, par ailleurs, l’expression de la réactivation d’un clivage remontant aux origines du système baasiste.

Cependant, demeure une interrogation importante dans le contexte syrien actuel, celle de l’inconnue djihadiste. Il faut rappeler que la Syrie a été largement épargnée par les idées salafistes, pour deux raisons essentielles : d’abord à cause de sa politique régionale ouvertement anti-américaine et de soutien à la résistance, no­tamment palestinienne, et également parce que la Syrie constituait une base arrière pour les résistants irakiens et étrangers pendant l’invasion américaine de l’Irak.

C’est la consolidation du partenariat stratégique avec l’Iran chiite et, surtout, la répression violente d’un soulèvement sunnite qui ont servi de détonateur à l’action des combattants djihadistes, ces derniers accusant le pouvoir alaouite de vouloir encourager les activités missionnaires de la minorité chiite du pays et, par consé­quent, de livrer la Syrie majoritairement sunnite à ceux que les djihadistes appellent les « rawafid »[4] qu’ils ont déjà combattus en Irak.

Privés de leurs bases en Irak et en Afghanistan, les combattants affiliés à Al-Qaïda, auraient investi la Syrie et sont probablement à l’origine de certaines des récentes atrocités terroristes commises notamment à Alep et Homs, deux grandes villes syriennes. Ces combattants seraient venus en Syrie pour en découdre avec les radicaux chiites du Hezbollah au Liban après qu’ils aient réussi à prendre le contrôle d’une partie de la frontière libano-syrienne.

La prise de position très claire du nouvel homme fort d’Al-Qaïda, Ayman Zawahiri, en faveur de la contestation en Syrie, apporte quelques renseignements sur la présence de cette nébuleuse, sans cependant indiquer l’ampleur de cette pré­sence. À ce propos, les services secrets français parlent de 200 à 250 combattants salafistes, venus essentiellement d’Irak, du Liban, de Jordanie, du Maghreb et d’Asie mineure porter main forte à l’armée libre syrienne, ce que dément l’opposition. Le mot d’ordre de ces djihadistes se résume en un slogan terrible : « tuer les chiites alaouites considérés comme une branche hérétique de l’islam et expulser les chré­tiens vers le Liban ». Cette tendance djihadiste, affiliée à Al-Qaïda, était inconnue des Syriens, jusqu’à ce que la crise éclate. Ces combattants, très aguerris, ont formé un groupe, appelé « front de la victoire », qui serait à l’origine de l’attentat meur­trier du 17 mars à Damas contre le siège des services secrets syriens.

Selon des informations en provenance du Liban, d’autres salafistes, essentiel­lement maghrébins, participent aux opérations du front al-nusra (front de la vic­toire), ce groupe est inféodé à Al-Qaïda et aurait participé activement à la prépara­tion et à l’exécution des attentats commis à Damas qui portent, il est vrai, la marque de fabrique d’Al-Qaïda. Pour certains salafistes, la chute de Bachar n’est pas une fin en soi, elle serait une étape vers la reconquête de l’Irak et, surtout, de la libération de la Palestine et de la mosquée al-Qods. En d’autres termes, ils profitent de la situation chaotique pour installer une base en Syrie en vue de propager le djihad contre les infidèles. Par conséquent, leur nombre augmentera à mesure que la crise se prolongera puisqu’ils s’installent plus facilement dans des zones où l’autorité de l’armée est absente ou faible. Ce qui veut dire que plus la crise durera et plus il sera difficile de déloger ces combattants, surtout s’ils parviennent à diriger certaines zones ou villages en Syrie.

Le slogan « Sauvons la Syrie au nom de Dieu » a peut-être encore de beaux jours devant lui, même s’il est vrai que le régime alaouite, soucieux de son existence et cherchant à se maintenir au pouvoir quel qu’en soit le prix, a exagéré et instrumen-talisé la question de la présence salafiste parmi les contestataires syriens. En effet, le régime syrien cherche à transférer sur le terrain sécuritaire et religieux une crise qu’il savait difficile à résoudre par la seule réponse militaire.

Par ailleurs, le discours islamiste est souvent motivé par la question financière, aussi une partie de l’opposition armée syrienne se jette-t-elle dans les bras des isla­mistes capables d’apporter de l’argent, nerf de la guerre, dont la plus grande partie, chacun le sait, provient des donateurs privés des pays du Golfe, sensibles à la cause sunnite et désireux de ramener la crise syrienne à un conflit jamais éteint entre les deux tendances de l’islam sunnite et chiite.

La Turquie, qui a pris la tête de l’opposition au régime syrien, serait également tolérante à l’égard du transit d’un certain nombre de combattants arborant le dra­peau noir à sa frontière.

Sommes-nous dans la reproduction du cas afghan d’hier avec l’alliance améri­cano-islamiste pour se débarrasser de l’ennemi commun soviétique ou encore des cas irakien et libyen ? En d’autres termes, les Occidentaux sont-ils de nouveau alliés avec les salafistes alors qu’ils sont censés les combattre ? La question s’impose.

L’enjeu de la présence chrétienne

Les chrétiens de Syrie forment quelques 10 % de la population totale. C’est une des plus anciennes communautés chrétiennes des Proche et Moyen-Orient. Les chrétiens forment plusieurs groupes confessionnels, essentiellement des Grecs orthodoxes, des Grecs catholiques, des Arméniens mais également des Maronites et des Syriaques. Ils habitent les grandes villes syriennes. On les retrouve essentiel­lement dans la capitale, Damas, à Homs, à Hama et à Alep. La présence, très an­cienne, de cette communauté remonte à plusieurs siècles avant l’arrivée de l’islam. Ils sont, par conséquent, très attachés à la Syrie et se considèrent comme des Syriens arabes avec un fort sentiment nationaliste, comme le fut un des fondateurs du courant baasiste, en l’occurrence Michel Aflak, lui-même chrétien. Cette minorité qui n’a jamais subi de discrimination ou de rejet quelconque, contrairement à la minorité alaouite qui, elle, a connu la discrimination sociale, serait-elle aujourd’hui en danger, comme l’a été hier la minorité chrétienne d’Irak ?

Face à la dimension communautaire que prend actuellement la guerre civile en Syrie, les chrétiens s’inquiètent pour leur avenir et celui de la Syrie toute entière. Selon des informations fournies par l’agence Fides[5], des combattants appartenant à l’opposition commencent à sévir dans des quartiers chrétiens, notamment dans la ville de Qusayr, dans le nord de la Syrie, au sein du district de Homs.

Depuis le mois d’avril, des informations (à confirmer) circulent et font état de violences perpétrées contre des familles chrétiennes. De son côté, la télévision sala-fiste Channel tv Safaa aurait diffusé des appels au meurtre des chrétiens, considérés comme des « infidèles et alliés au régime syrien ». Certaines localités, connues pour leur tolérance et la cohabitation pacifique entre les différentes minorités syriennes, seraient en train de basculer vers une guerre communautaire, notamment dans la ville de Qusayr, située dans le nord de la Syrie dans le district de Homs. Comme en Irak, les conflits sectaires en Syrie s’apparentent de plus en plus à un conflit religieux de type djihadiste.

Aujourd’hui, nombre de bataillons de l’armée libre syrienne et de ceux qui sont venus lui porter main forte sont baptisés de noms empruntés à des anciens héros musulmans, comme Khalid ibn al-Walid, fidèle compagnon du prophète Mohammed qui a conquis le Levant, ou encore Saladin qui a libéré la Palestine de l’emprise des croisés. Après plusieurs mois de crise ouverte, nombre de Syriens chrétiens craignent de faire les frais de leur soutien supposé au régime syrien et, plus largement, au clan Assad au pouvoir depuis plus de 40 ans. La perspective de l’effondrement de la dictature alaouite et de l’arrivée d’un gouvernement de transition inquiète les membres des douze églises orthodoxes syriennes. En effet, on assiste aujourd’hui à la décomposition de la société syrienne qui s’explique, en grande partie, par le choc de deux tendances de l’islam chiite et sunnite, ce qui va, probablement, accélérer le processus de confrontation directe entre ces cou­rants. De ce point de vue, la minorité chrétienne deviendrait assurément l’otage de cette nouvelle guerre entre chiites et sunnites. En effet, sunnites, chiites, alaouites, ismaéliens et musulmans sont loin de former un seul corps et la présence d’autres minorités, notamment chrétiennes, rend la situation davantage incontrôlable dans

la perspective d’un conflit religieux, d’abord entre musulmans majoritaires et mu­sulmans minoritaires puis entre les musulmans et les autres.

Cette crainte, quant à la présence à long terme des chrétiens, a été confirmée, notamment, par Mgr Abraham Nehmé, ancien évêque catholique d’Homs entre 1986 et 2005. Ce danger est d’autant plus réel que beaucoup de responsables religieux chrétiens ont pris position pour le régime syrien. À ce titre, le primat de l’église syriaque orthodoxe, Ignace Zakka, a considéré dans une déclaration à l’agence russe Ria Novosti que la révolte syrienne était fomentée par « des forces extérieures et non par des membres de la société syrienne ». Il faut dire que, géné­ralement, les chrétiens se sentiront en sécurité tant que le régime alaouite durera. C’est pourquoi la perspective d’une prise du pouvoir des islamistes peut paraître catastrophique quant à son résultat final.

Cependant, il faut rappeler que la rhétorique des religieux syriens les plus oppo­sés aux idées islamistes a souvent varié, il est vrai selon les conditions du moment et les alliances du régime comme ce fut le cas en 2006 pendant la guerre du sud Liban, lorsque le curé de Notre-Dame de Damas, le père Ilias Zahlaouin, avait soutenu la résistance du Hezbollah libanais en organisant une prière pour les militants de ce parti. Il faut, cependant, relativiser car dans cet Orient complexe, la réalité n’est guère facile à mettre au grand jour. S’il est vrai que nombre de chrétiens préfèrent l’actuel régime à la perspective d’un pouvoir dominé par le retour des islamistes, comme ce fut le cas jadis en Tunisie ou en Egypte, la situation semble plus nuancée qu’il n’y paraît.

Il faut rappeler, en effet, qu’on y trouve également des chrétiens opposés au clan Assad que d’autres présentent comme un bras protecteur. Un farouche opposant au régime, en la personne du journaliste Michel Kilo, a même déclaré que « si le Christ décidait de revenir aujourd’hui, la première chose qu’il ferait serait de descendre dans la rue et de participer aux manifestations ». Je peux également évoquer le cas d’Ayman Abdel Nour, opposant chrétien, ancien conseiller du président syrien, qui a pris le chemin de l’exil, en 2008, pour créer un mouvement politique « Syriens, chrétiens pour la démocratie » et a souvent dénoncé l’instrumentalisation par le clan Assad du danger du confessionnalisme. Il réfute l’idée d’une guerre religieuse mais admet, cependant, que si la crise se prolonge, le danger sera plus réel. Il est vrai que, pour le moment, la guerre civile ne s’est pas transformée en guerre confessionnelle mais pour combien de temps encore ? Car chacun admet que les guerres sont très souvent toujours propices au déchaînement des passions identitaires.

Ce qui est acquis aujourd’hui c’est qu’après la disparition quasi-totale de la mi­norité juive, la présence de la minorité druze, et surtout chrétienne, est la preuve vivante du caractère pluraliste et confessionnel de l’État syrien. Comment faire per­durer cette réalité quand on connaît la dépendance politique de la minorité chré­tienne à l’égard du régime en place depuis 1970 qui n’avait, depuis, d’autre choix, que de passer un compromis avec la minorité alaouite au pouvoir ? L’autre aspect qui aggrave la dépendance de cette minorité, c’est sa division, cause de sa faiblesse et de son émiettement. On compte, en effet, pas moins de douze églises, les unes entretiennent des liens avec Rome alors que d’autres en sont totalement affranchies. Le prolongement de la crise syrienne et l’absence d’une solution politique seront autant de mauvais indicateurs qui pourraient pousser les chrétiens de Syrie à un dé­part forcé comme ce fut le cas jadis des chrétiens d’Irak. En effet, personne n’écarte aujourd’hui l’hypothèse de l’implosion de la Syrie sur le modèle yougoslave, ce qui pourrait entraîner des nettoyages ethniques que chaque communauté serait tentée d’exercer contre d’autres, localisées dans sa zone géographique d’influence.

Pour le moment, le régime alaouite compte sur trois facteurs essentiels pour tenter de se maintenir, à savoir son appareil militaire dirigé, sans aucun doute, par le noyau dur du régime, celui même qui a refusé, pendant toutes ces années écou­lées, toute ouverture politique vers les autres composantes de la société syrienne. Il compte également sur un réflexe minoritaire qui consolide sa légitimité confession­nelle notamment au Liban voisin et, surtout, l’émergence d’enjeux géopolitiques régionaux et internationaux qui lui apportent le soutien régional et international nécessaire à son maintien.

Les enjeux régionaux et internationaux de la crise

Le renversement du régime irakien a eu des répercussions majeures sur l’en­semble du Moyen-Orient. La Syrie, pays à l’équilibre fragile, connaît aujourd’hui de fortes contradictions et une crise violente qui risquent de détruire un équilibre combien fragile de cet Orient dont parlait si bien le général de Gaulle. La Syrie en a été la première à pâtir, les liens économiques entre celle-ci et l’Irak, qui assu­raient de nombreux avantages, ont été rompus. Il s’agit, notamment, du pétrole que l’Irak vendait à la Syrie à un prix nettement inférieur aux prix du marché. Le pays se trouve désormais entouré de voisins hostiles. L’Irak, via un gouvernement largement sous les ordres du protecteur et occupant américain, dénonce le rôle de la Syrie dans le terrorisme islamiste qui alimente la résistance irakienne à l’armée américaine et irakienne. La tension est permanente avec la Turquie dont plusieurs questions restent sans réponse, notamment celle du partage de l’eau de l’Euphrate et le soutien qu’accorde la Syrie au mouvement séparatiste kurde le PKK.

Le Liban gronde par-delà les clivages communautaires contre un « protecteur un peu encombrant » en dépit du retrait militaire syrien.

Enfin, sur le plan international, la Syrie a été obligée de revoir sa position straté­gique face à la guerre contre le « terrorisme international » lancée et conduite par les États-Unis. Précisément, la révision de cet aspect régional annonce probablement la fin du mythe des Assad de la « grande Syrie » qui a toujours servi de source de légitimité pour le pouvoir. Le régime syrien semble pris dans une fuite en avant depuis le durcissement de ses rapports, notamment avec les États-Unis et les États occidentaux à propos de la situation libanaise et, plus particulièrement, en réaction à l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais, Hariri.

Le régime syrien connaît manifestement des jours difficiles. Les racines de cette crise sont à chercher, à la fois dans l’évolution du paysage international et dans les problèmes internes et les défis auxquels doit faire face le jeune et inexpérimenté président syrien. C’est dire combien l’équation syrienne comporte aujourd’hui d’inconnues pour pouvoir trouver une solution simple. Paradoxalement, la guerre en cours, entre le régime alaouite et l’opposition à la fois laïque et islamiste, et ses enjeux régionaux semblent lui donner une ultime chance de se maintenir même si rien ne sera plus comme avant.

Le Liban, victime expiatoire

Pays à l’équilibre très fragile et d’une composition confessionnelle complexe, le Liban constitue le premier enjeu régional de la crise syrienne. La situation qui secoue actuellement le Liban prend ses racines dans une longue histoire commune avec la Syrie. La deuxième ville libanaise, Tripoli, a été le théâtre d’affrontements meurtriers, entre sunnites partisans de l’opposition et une minorité alaouite fidèle au clan Assad, qui ont réveillé les affres des tensions communautaires, entraînant une guerre civile sur près de plus de trois décennies. À ces affrontements, se ra­joutent l’enlèvement dont font l’objet des rebelles syriens par de puissantes milices chiites libanaises, proches du régime alaouite syrien, ce qui en dit long sur l’extrême fragilité de la stabilité libanaise, en dépit du départ de l’occupant syrien du Liban en 2005, placé depuis 1990 sous condominium syro-saoudien. Le piège syrien est-il en en train de se refermer sur le Liban ? Ce pays serait-il, de nouveau, le prolongement des différentes crises régionales, comme il l’a été par le passé ?

Aujourd’hui le Premier ministre libanais, Najib Mikati, sunnite, originaire de la ville de Tripoli, se trouve dans une situation inconfortable, lié tant par l’amitié que par les affaires au régime syrien. Soutenu par les Occidentaux et les Américains, il semble faire face à un casse-tête avec le déclenchement de la crise syrienne et, surtout, le risque de sa propagation au Pays du Cèdre. Il doit ménager ses influents partenaires politiques pro-iraniens, ceux du Hezbollah, protégés par Damas, gérer l’afflux massif des réfugiés syriens et veiller à la cohésion des force armées libanaises. C’est dire l’ampleur des défis et combien le sort du Liban dépend de l’issue de la crise syrienne. Les affrontements qui ont opposé deux quartiers rivaux, celui de Jabal Mohsen à majorité alaouite, pro-régime syrien et le quartier du Bab-al-Tebbaneh, à dominante sunnite soutenant la rébellion syrienne, rappellent la complexité confes­sionnelle au Liban dont l’équilibre est aujourd’hui menacé. Ces différends, certes politiques, mais qui ont rapidement pris une tournure confessionnelle dans ces quartiers libanais pauvres, ont été instrumentalisés par les deux parties de la crise syrienne, où chaque acteur cherche à présenter l’issue de la guerre comme étant une question existentielle pour les deux communautés, d’où la reprise de la violence des milices. Le risque de contagion ne semble pas constituer le problème le plus crucial, ce qui est encore plus important c’est manifestement la faiblesse, voire l’incapacité, du pouvoir politique libanais à maîtriser les attributs d’une indépendance stable et d’un gouvernement souverain apte à diriger au nom de tous les Libanais et d’une manière équitable.

Le pouvoir syrien connaît, à la perfection, cette équation libanaise et joue par­faitement cette carte, conscient qu’il joue cette fois-ci sa survie, ce qui peut avoir des effets dévastateurs. Aujourd’hui, le gouvernement libanais est très fragile et n’arrive à prendre que des décisions minimales, sans pouvoir rétablir l’ordre dans les quar­tiers difficiles dont l’affrontement communautaire pourrait devenir réel si la crise syrienne venait à s’enliser. Cette instabilité légendaire du Liban pourrait servir des intérêts extra libanais et on pourrait voir le Liban se transformer, à nouveau, en ter­rain d’expression d’intérêts qui le dépassent largement. En effet, dans le cas syrien, la situation semble plus complexe car elle met en prise plusieurs acteurs dont les inté­rêts géostratégiques sont entièrement antagoniques. On a, d’un côté, l’axe Téhéran-Damas comprenant le Hezbollah, soutenu par la Chine et la Russie et, de l’autre, l’axe Washington-OTAN-Israël, les monarchies arabes sunnites et la Turquie. Dès lors, on peut craindre qu’une guerre contre la Syrie puisse déborder et provoquer un em­brasement généralisé au Proche-Orient complexe et dont les répercussions seraient lourdes de conséquences.

L’axe Syrie-Iran-Hezbollah

Le président syrien mise toujours sur le soutien de ses protecteurs russe et chinois. La Syrie, hier tutrice du Liban, aujourd’hui marraine du Hezbollah, a su jusqu’à maintenant tirer profit des différentes situations régionales. Certain des calculs géo­politiques de ses soutiens régionaux et internationaux, Damas pèse encore de tout son poids sur l’échiquier au Proche-Orient. La crise syrienne s’est transformée en épicentre et enjeu d’empoignades qui mettent en présence un projet chiite animé par l’Iran et un projet sunnite antagonique, animé par l’Arabie Saoudite et le Qatar avec le concours de la Turquie.

S’agissant du camp chiite, le Hezbollah n’est pas resté longtemps à l’écart de la crise syrienne. Aujourd’hui, deux tendances existent au sein du parti de Dieu, une tendance convaincue que la bataille de la Syrie est aussi celle du Hezbollah qui veut apporter son soutien total au régime syrien avant qu’il ne soit trop tard, une deuxième tendance, au contraire plus modérée, pense qu’il faut rester en marge de la crise, estimant que c’est encore, au moins pour le moment, une crise interne syrienne. Plus globalement, la position du Hezbollah libanais est que la Syrie est victime je cite d’« un complot ourdi par les États-Unis, avec la complicité d’états du Golfe, pour servir les intérêts d’Israël ».

Le premier responsable du parti libanais va plus loin en déclarant, le 18 juillet 2012, que l’Occident cherche à faire payer le prix fort au régime syrien qui avait livré les quelques 4500 roquettes et missiles que le Hezbollah avait tirés contre Israël pendant la guerre de juillet 2006 qui a connu une relative défaite à Tsahal face à la détermination des combattants du Hezbollah libanais allié de la Syrie et de l’Iran. Le Hezbollah considère la crise syrienne comme faisant partie d’un enjeu plus global, celui de la domination américano-israélienne sur la région avec l’aide des Occidentaux et de leurs alliés arabes et turcs.

Mais derrière cette analyse, somme toute classique, il ne serait pas impossible de lire également une certaine inquiétude de la part du Hezbollah si l’on considère que cette division, entre modérés et durs du parti, existe réellement. Mais de là à parler de dissensions profondes au sein, notamment, du commandement suprême du parti serait quelque peu aléatoire.

Cependant, une question se pose : le parti est-il prêt à soutenir le régime syrien quelle que soit la conséquence, notamment, au prix de son affaiblissement dans la perspective de l’effondrement du régime alaouite ? Il est difficile de répondre à cette question mais on ne peut nier, aujourd’hui, que le parti de Dieu soit traversé par certains courants conscients des changements qu’ont entrainés les printemps arabes qui considèrent qu’il faudrait un recentrage de la politique régionale du parti via une ouverture vers les courants islamistes qui gouvernent aujourd’hui en Tunisie et en Egypte. Il ne s’agit pas ici de changer les alliances régionales mais de rester, quelque, peu neutre face à la crise syrienne ou, du moins, de ne pas jeter tout le poids du parti dans la bataille pour le maintien du régime syrien.

Cette vision au sein d’un courant du Hezbollah serait d’autant plus probable que les relations entre les deux partenaires étaient pour le moins tumultueuses dans les années 80 quand le père de l’actuel président syrien appuyait l’autre mouvement chiite Amal[6]. Une guerre fratricide a même opposé les deux camps, la Syrie repro­chant à l’Iran de s’immiscer dans les affaires internes du Liban que Damas considé­rait, jadis, comme faisant partie de la grande Syrie.

Ce n’est qu’à partir de l’accession de l’actuel chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, à la tête du parti en 1992, que les relations se sont progressivement améliorées. Ces conflits, certes résiduels, sont autant de traces indélébiles de l’opposition qui a exis­té entre les deux parties qui peuvent peut-être expliquer aujourd’hui une possible opposition de points de vue au sein même du Hezbollah au plus fort de la crise syrienne. Ce n’est, en l’état, qu’une hypothèse, puisque les grandes décisions d’ordre stratégique, qui engagent l’avenir du parti, ne peuvent être prises sans l’accord de la structure militaire dominante dans le parti. L’aile militaire sait strictement l’im­portance de l’aide matérielle et politique de la Syrie qui abrite, par ailleurs, les capacités militaires du Hezbollah, mises à l’abri de l’aviation israélienne à Damas, qui rappelons-le, domine l’espace aérien libanais. Par conséquent, le Hezbollah sait pertinemment que la perte de l’allié syrien peut être catastrophique pas seulement pour le parti du Dieu mais pour la région toute entière. En somme les responsables du parti libanais, en tête desquels Hassan Nasrallah, considèrent que le partenaire stratégique syrien est un allié aujourd’hui irremplaçable.

Si l’on estime que les combattants du parti ne participent pas directement aux combats en Syrie, du moins pour le moment, il est fort probable, néanmoins, que des conseillers militaires du Hezbollah soient détachés, auprès de l’état-major syrien, afin d’apporter une aide précieuse à l’armée syrienne notamment en terme de ren­seignements tant sur le terrain syrien que sur le territoire libanais, principalement dans les territoires frontaliers au nord-est du pays où se concentre une partie de l’op­position militaire au régime alaouite. Le Hezbollah apporterait aussi une aide sous forme d’entraînement des troupes syriennes aux techniques de guérilla qu’il maîtrise très bien et qui lui a permis de mieux résister encore face à l’armée israélienne lors de la guerre de 2006. Le Hezbollah aurait formé plusieurs unités de la quatrième division commandée par le propre frère du président syrien Maher El Assad.

Le parti de Dieu sait, par conséquent, que l’effondrement du régime syrien s’apparenterait à une perte inestimable d’un partenaire tout simplement irrempla­çable. S’ajoutent à cela les vieilles querelles entre sunnites et chiites, vaillamment entretenues par l’Arabie Saoudite et l’Iran dont les relations sont aujourd’hui au plus bas. L’appel, en mars 2009, des Saoudiens aux Américains de « couper la tête du serpent iranien », révélé par WikiLeaks, n’a fait que détériorer des relations déjà difficiles entre les deux pays. C’est dire combien l’opposition chiisme/sunnisme joue sur la crise syrienne.

L’antagonisme irano-saoudien, l’autre expression de la crise syrienne

Avec sa position géostratégique, son passé historique imposant et ses ressources pétrolières considérables, l’Iran prend une place importante au Moyen-Orient. L’Iran, État le plus ancien du monde (l’empire perse remonte en effet au VIe siècle avant J.-C.) dispose d’un vaste territoire, d’une importante population et d’impor­tantes ressources pétrolières et gazières. Tous ces éléments de l’histoire iranienne contribuent à lui donner des ambitions de puissance régionale. Il joue un rôle signi­ficatif sur l’échiquier de la région et sa politique étrangère reste complexe voire imprévisible. La politique iranienne interne et externe soulève plusieurs points d’in­terrogation essentiellement sur la relation entre le politique et le religieux. L’Iran met en avant la théorie d’encerclement par trois puissances sunnites hégémoniques, la Turquie, le Pakistan et, bien évidemment, l’Arabie Saoudite. Cette dernière est aujourd’hui en première ligne dans le conflit millénaire qui oppose les deux familles de l’islam, sunnites et chiites, qui tourne à l’obsession surtout du côté saoudien.

Sans vouloir minimiser l’importance du religieux dans l’opposition séculaire entre Saoudiens et Iraniens, il faut cependant reconnaître que, de plus, la question

 

religieuse est utilisée comme un habillage et qu’en l’occurrence elle ne peut expliquer seule cette rivalité ancestrale. L’opposition religieuse serait aujourd’hui occultée par une rivalité géostratégique dont les failles se trouvent dans les relations qu’entretiennent les Saoudiens avec leur protecteur américain.

Il est, par conséquent, probable que la question de l’influence américaine dans la région soit le moteur de ce qu’on appelle le croissant chiite et, en tout état de cause, davantage que l’opposition confessionnelle. La guerre qui a lieu en Syrie confirme cette analyse. En effet, c’est le basculement du pouvoir politique en Irak dans les mains de la majorité chiite lors des élections de 2005 qui a réveillé, de nouveau, l’opposition politico-religieuse et des visions géopolitiques entre les deux puissances musulmanes de la région.

Nous assistons, depuis, à un réveil sunnite et à un durcissement dans l’opposition entre les deux courants sur fond d’intérêts géopolitiques diamétralement opposés. Ce durcissement saoudien et, plus largement, de certains états du Golfe envers l’Iran, a pour objectif l’endiguement du danger iranien pour éviter la propagation de l’influence de Téhéran. Une sorte de guerre froide qui peut rapidement prendre une tournure plus inquiétante pour la région toute entière. Le royaume saoudien a toujours été obsédé par la théorie du complot du croissant chiite et ne manque pas une occasion pour le rappeler à Téhéran, comme lorsque des unités de l’armée saoudienne sont entrées à Bahreïn pour faire taire des revendications, par ailleurs, légitimes de la majorité chiite du pays, plus de 60 % de la population, ostracisée et gouvernée par une minorité sunnite depuis l’indépendance de ce royaume en 1971.

Au-delà de l’hostilité traditionnelle entre Arabes et Perses, entre sunnites et chiites, l’affrontement irano-saoudien symbolisait, de manière emblématique, la compétition que la monarchie saoudienne et le régime des mollahs se livraient au même moment. Sur plus d’un continent, chacun cherche à affirmer la légitimité de son leadership sur la communauté musulmane. Ces puissances rivales se livrent aujourd’hui une guerre par acteurs interposés en Syrie. L’issue de cette guerre sera certainement terrible pour le perdant. Pour l’un, l’enjeu est la consolidation de l’arc chiite via le maintien du régime alaouite et de son allié libanais, le Hezbollah, pour l’autre, il s’agit de détruire le danger chiite qui prend aujourd’hui racine jusqu’au bord de la Méditerranée. À cet enjeu s’ajoute la question de la capacité de l’Iran d’accéder au rang des États nucléarisés, ce qui sera un événement majeur puisque ce sera le premier État musulman de la région à posséder une arme dissuasive. Une perspective effrayante pour les monarchies du Golfe qui aura pour conséquence directe une course à l’armement nucléaire très coûteuse, qui se fera au détriment du développement économique et social des peuples de la région.

S’ils redoutent la capacité nucléaire iranienne, les monarchies du Golfe craignent, paradoxalement, les conséquences de l’option militaire que l’Arabie Saoudite réclame, par ailleurs, aux Américains. Les monarchies sunnites savent, en effet, que l’option militaire en Syrie, et en Iran par la suite, pourrait s’avérer fatale pour les États du Golfe à majorité chiite, notamment au Bahreïn et dans d’autres États voisins où il existe une minorité non négligeable de chiites. C’est le cas du Koweït, État frontalier avec l’Iran (environ un tiers de la population est chiite). Elle est significative aux Emirats arabes unis qui, d’ailleurs, contestent l’annexion par le régime du Chah des trois îles (Abou Moussa, la grande et la petite tombe), situées près du détroit stratégique d’Ormuz qui ferme le Golfe. La présence chiite est éga­lement non négligeable en Arabie Saoudite, concentrée dans la province orientale du royaume, qui recèle une bonne partie des ressources pétrolières du pays. Tous ces pays redoutent davantage les dizaines « de cellules dormantes » que Téhéran pourrait actionner en cas d’attaque militaire, ce qui peut avoir des conséquences incalcu­lables sur la stabilité de la région toute entière.

S’agissant de la Russie, marginalisée par l’importante présence américaine en Afghanistan et en Irak, la guerre en Syrie lui donne assurément l’opportunité d’un retour effectif sur la scène proche-orientale et, peut-être, mondiale. Les liens entre les deux pays restent très solides notamment sur le plan militaire, puisque la Syrie reste le plus important client de la Russie, d’autant que Moscou se trouve aujourd’hui exclue du juteux marché libyen. Entre 2007 et 2010, Damas aurait acheté pour près de 4 milliards d’euros de matériel militaire russe notamment pour l’armée de l’air syrienne. Aujourd’hui, en échange de l’annulation des trois-quarts de la dette syrienne, la marine russe bénéficie de l’accès aux ports de Tartous et de Lattaquié, une présence capitale dans une région qui est une véritable poudrière. Ainsi, la Russie pourra se faire entendre de nouveau sur des questions clés comme le compliqué dossier nucléaire iranien, le bouclier anti missile de l’Otan ou encore le tracé des oléoducs et des gazoducs de demain.

Vladimir Poutine avait qualifié un jour la disparition de l’ex URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier ». La position adoptée par la Russie, tant sur le dossier nucléaire iranien que sur la crise syrienne, semble présen­ter des indices probants de la véracité du retour de la Russie soviétique. Jusqu’où pourrait aller la réaction russe ? Un début de réponse a été apporté par le président russe Poutine quand il a confirmé, à plusieurs reprises, l’attachement de la Russie à une solution politique de la crise, après avoir expliqué le sens des trois vétos russes au Conseil de sécurité de l’ONU en déclarant, je cite : « Il faut que tout le monde prenne en considération, sans sous-évaluer cette équation, la réaction russe qui peut aller plus loin que l’on n’imagine. L’utilisation du droit de véto à trois fois consécu­tives au Conseil de sécurité est en définitive, un message clair pour tous. »

Bien que la Russie soit agacée, par moments, par l’intransigeance syrienne, rien ne semble détruire une relation ancienne, datant de la guerre froide, lorsque la Syrie avait remplacé l’Egypte dans le rôle de fer de lance du nationalisme arabe, laïque et socialiste.

La posture de Pékin, plus sage, reflète elle aussi la position d’une puissance inquiète de la mainmise américaine et occidentale sur cette région si stratégique et poudrière à la fois.

L’émergence de la Chine, en tant que puissance mondiale, s’est faite de manière diamétralement opposée aux autres puissances. Pékin propose, en effet, une toute autre stratégie d’échanges et de relations basées sur un partenariat d’égal à égal, ce qui peut fortement gêner la puissance américaine, notamment dans sa quête inlassable de grands espaces et de nouvelles sources de matières premières en tête desquelles les hydrocarbures et, plus globalement, pour rééquilibrer le paysage des relations internationales. L’action de Pékin à l’extérieur se présente, désormais, comme la diplomatie d’un nouvel ordre mondial, mettant en avant la nécessité de promouvoir une approche nouvelle des relations internationales basée sur la justice et la raison dans la conduite des affaires du monde ; en somme, aider à sortir d’un monde unipolaire rendu possible par l’éclatement de l’Union soviétique et favoriser la promotion d’un multilatéralisme effectif, enjeu majeur de ce début du 21e siècle.

Par ailleurs, la position chinoise semble bien critique sur la solution démocra­tique à tout prix que semblent défendre l’Occident et les États-Unis de la manière la plus hypocrite quand on connaît le soutien indéfectible apporté par l’une et l’autre puissance à des régimes corrompus au nom de la lutte contre l’extrémisme. La posi­tion chinoise insiste sur la nécessité d’un compromis, plutôt que la révolution et ses conséquences directes, le désordre et le chaos généralisés. C’est la même position qu’adopte la Chine depuis l’éclatement du printemps syrien.

Quoi qu’il en soit, l’avenir de la Syrie doit revenir aux seuls Syriens. Dans ce sens, certaines réformes importantes ont été mises en place par le président Bachar, notamment l’abrogation de l’article 8 de la constitution syrienne qui donnait au parti Baas la légitimité de la conduite de l’État et du peuple syrien. Une nouvelle constitution a été proposée en février dernier et adoptée par plus de 60 % de votants au référendum. Le durcissement des revendications de l’opposition avec l’encoura­gement, il faut le dire, de l’OTAN forte de sa victoire en Libye, puis la militarisation de la crise, ont empêché toute sortie négociée du conflit.

La politique de la canonnière est, désormais, de retour comme au 19e siècle au service des intérêts économiques et géostratégiques connus, hier l’Irak, la Côte d’Ivoire, la Libye, aujourd’hui, l’Afghanistan, la Syrie et peut-être prochainement l’Iran et l’Algérie. En effet, beaucoup pensent que pour stopper leur déclin écono­mique et politique, les États-Unis et leurs alliés occidentaux rentreront en opposi­tion contre la Russie et la Chine, la politique d’encerclement et de déstabilisation de ces deux pays en étant le signe avant-coureur. La position jusqu’au-boutiste de la Chine et de la Russie et leur communauté de vue quant au règlement de la crise sy­rienne semblent constituer des indices importants de cet antagonisme sur le terrain.

[1]La constitution syrienne, adoptée en 1973, dispose en son article 8 que le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, est « le dirigeant de l’État et de la société ». Si le nouveau texte adopté à près de 89,40 % des Syriens, supprime l’article en question, il instaure cependant l’interdiction de « créer des partis sur des bases religieuses, confessionnelles ou raciales ». Il faut rappeler que la suppression de cet article, tant critiqué, était une des revendications majeures de l’opposition syrienne, qui va aujourd’hui plus loin en exigeant le départ du clan Assad comme seule condition à la pacification en Syrie.

[2]Sources: statistiques-mondiales.com

[3]Elle était de 28,5 % du PIB en 2010, de 35 % en 2011 pour atteindre 45 % en 2012, source :

Coface, COmpagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur.

[4]Mot d’origine arabe qui met en avant la mécréance de certaines branches du chiisme, ce mot signifie littéralement « ceux qui rejettent », c’est-à-dire les chiites, qui sont en guerre avec ceux qui se réclament d’Ahl al Sounna ou les partisans de la sonna, majoritaires en islam.

[5]juin 1927 de la volonté du conseil supérieur général de l’œuvre pontificale de la propagation de la foi en tant que première agence missionnaire de l’église. Elle est, également, l’une des premières agences au monde, au service de l’information et de l’animation missionnaire.

[6]C’est la Syrie qui a donné le feu vert à la participation de l’Iran au jeu liba­nais. Dès le début de la révolution, l’Iran a senti l’importance de ce pays dans la réa­lisation de son projet politique. Par conséquent, le Liban a abrité la résistance arabe Amal qui est la principale organisation politique et militaire fondée par le chiite imam Musa al-Sadr. Ce mouvement, influencé par la révolution iranienne de 1979, avait une vision nationaliste de l’islam et se battait pour consolider la position de la communauté chiite au sein de l’État libanais. Amal était impliqué dans des attaques contre les Israéliens au sud du Liban et dont le relais a été pris par l’actuel mouvement chiite libanais, le Hezbollah à qui beaucoup de Libanais, y compris des chrétiens, attribuent la première victoire de la résistance sur l’occupant israélien.

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