L’ÉNERGIE EN EUROPE

André PERTUZIO

Consultant pétrolier international et ancien conseiller juridique pour l’Energie à la Banque mondiale.

1er trimestre 2012

La politique énergétique de chaque pays européen est différente de celle des autres étant donné l’hétérogénéité de leurs économies et de leurs besoins propres, en dépit des efforts de l’Union Européenne pour jouer un rôle dirigeant dans ce domaine. Nous verrons donc dans cette étude l’ensemble des pays européens à part la Russie.

Ensemble, les pays européens consomment 1 940 millions de tep (tonne équivalent pétrole) mais elles ne produisent que 738 millions de tonnes d’hydrocarbures ce qui fait qu’elles doivent im­porter 40 % de leur consommation. Compte tenu du déclin des productions de la Mer du Nord, déjà très avancé du côté britannique, ces pays devront recourir de plus en plus aux importations, surtout de gaz naturel et particulièrement en provenance de Russie, de beaucoup le principal producteur.À cet effet, Gazprom a décidé de construire deux nouveaux gazoducs, Nordstream déjà inauguré vers l’Allemagne et Southstream vers l’Europe Centrale et du Sud.

En ce qui concerne l’électricité, il y a une grande variété de politiques suivant chaque pays. Alors, par exemple, que la France produit 78 % de son électricité à base nucléaire, d’autres pays refusent ce type d’énergie. Cependant, une bonne coopération est indispensable entre les pays européens de même, entre autres, qu’avec la Russie, et ce dans un intérêt commun.

Energy in Europe.

Energypolicies are différent from one European country to another due to heterogeneous nature of their économies structures and energy needs in spite of the European Union efforts to play a leading role in the matter. We shall therefore include the survey all European countries except Russia.

Altogether, European countries consume around 1940 millions of toc (tons oct equivalent)per year and they produce only 738 tons of hydrocarbons. They have thus to import over 40% of their needs. In the future, due to dwindlingproductions in the North Sea especially on the British side, they will have to resort all the more to imports particularly of national gas, mainly from Russia by far the most impor­tantproducer. To that end the company Gazprom is building new gaslines such the already completed Nordstream from Russia to Germany, Southstream to Central and Southern Europe.

As far as electricity is concerned, there is a wide variety of policies among European countries. While France for example produces 76% of its needs with nuclear reactors, many other countries refuse nu-clearpower. However, a close cooperation will have to be established between all these countries as well as with exporters like Russia in a common interest.

Cependant, avant d’entrer en matière, il convient de définir ce que l’on entend par « Europe ». Dans l’acception courante de nos jours, la tendance sera de penser à l’Union Européenne. Or, cette dernière, en dépit de ses efforts pour s’imposer, en matière d’énergie, comme un partenaire au rôle déterminant, ne peut être un véri­table interlocuteur même si elle a établi, un certain nombre de règles, notamment en matière de concurrence tendant à la suppression de normes contraires de certains États, comme la France par exemple et l’adoption de certaines règles communes.

En fait, les bilans, et donc les nécessités énergétiques, diffèrent d’un pays à l’autre. Chacun possède sa propre structure économique et ses propres besoins in­dustriels. Ces différences rendent impossible une politique énergétique commune dans un ensemble hétérogène.

De plus, non seulement l’Union Européenne, si elle comprend les principaux acteurs du continent en matière d’énergie, ne regroupe pas tous les pays européens mais, de plus, l’un des grands producteurs mondiaux d’hydrocarbure, la Norvège, n’en fait pas partie.

Une autre difficulté intervient, celle de déterminer si, comme la plupart des publications pétrolières le montrent, la Russie doit être considérée comme faisant partie de l’Europe. En fait, la plupart des dites statistiques incluent en Europe non seulement la Russie mais l’ex URSS comprenant notamment les pays de la Caspienne grands producteurs d’hydrocarbures tels l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan ou le Turkménistan… Enfin, les pays européens sont tous importateurs d’énergie, y compris aujourd’hui le Royaume Uni dont les ressources off shore en pétrole et en gaz sont en net déclin, alors que la Russie est un grand exportateur tant de gaz que de pétrole brut. Notre étude se propose donc de prendre pour objet les pays européens, notamment les plus industrialisés qui sont tous importateurs sauf la Norvège et mettre à part la Russie, pays européen certes mais en dehors de l’Europe pour les besoins de notre étude.

Nous verrons donc successivement : le bilan énergétique de l’ensemble euro­péen, les consommations énergétiques des principaux pays européens et la prove­nance de leurs importations de pétrole brut et de gaz, la production et consomma­tion d’électricité, les conclusions à en tirer et le rôle de la Russie.

Il convient auparavant de noter, en ce qui concerne les données statistiques que, quelles que soient les précisions chiffrées, il s’agit plus d’ordres de quantités que d’indications « ne varietur »». En effet, il est question notamment de « consomma­tion » pétrolière c’est-à-dire de produits pétroliers qui regroupent les produits issus du raffinage du pétrole, brut importé ainsi que des produits pétroliers importés comme tels, déduction faite des exportations éventuelles des dits. Ce qui importe est d’exposer la structure de l’approvisionnement en énergie des pays européens et les considérations d’ordre économique et géopolitique qui le commandent.

 

Le Bilan Energétique Européen

La consommation énergétique mondiale est aujourd’hui d’environ 12 milliards de tep (tonne équivalent pétrole) s’articulant ainsi : charbon 30 %, pétrole 34 %, gaz naturel 24 °/o, électricité primaire 12 °/o (nucléaire 16 °/o, hydraulique et renou­velables 6 %), soit 88 °% d’énergie d’origine fossile.

En ce qui concerne l’Europe (sans la Russie), les données sont les suivantes : total – 1 940 millions de tep (soit 16 % de la consommation mondiale). Par compa­raison les États-Unis consomment 2 350 millions de tep et la Chine 2 450, soit en­semble 40 % de la consommation mondiale. Cette consommation européenne est ainsi ventilée : charbon 16 °%, pétrole 37 °%, gaz naturel 25 °%, électricité primaire (nucléaire et hydraulique) 19 %, énergies renouvelables 3 %.
On trouvera ci-après le détail de ces consommations pour les principales puis­sances industrielles européennes dont la consommation total représente environ 70 % de la consommation énergétique des pays européens sans la Russie et 77 % de l’Union Européenne :

 

Pays Total Pétrole Gaz Charbon Electricité Renouvelables
naturel Primaire
Nucléaire,
hydraulique
Pays Bas 100,0 °% 49,8 39,2 7,9 0,9 2,2
49,8 39,2 7,9 0,9 2,2
Royaume 209,1 °% 73,7 84,5 31,1 14,9 4,9
Uni 35,2 40,4 10,6 7,12 2,3
Suède 50,6 °% 14,5 1,4 2,0 28,4 4,3
28,6 2,8 4,0 56,1 8,5
Total 1 323,1 °% 519,1 357,4 156,5 237,2 52,9
général 39,2 27,1 11,8 17,9 4,0

 

Plusieurs conclusions sont à tirer de ces bilans énergétiques :

  • Les très grands écarts de consommation énergétique entre les pays euro­péens et les deux plus grands consommateurs Chine et États-Unis, le troisième par ordre d’importance étant la Russie avec environ 700 millions de tep ( avec la CEI 1 023 millions).
  • La grande diversité des bilans énergétiques de chaque pays qui dé­montre l’impossibilité d’une politique énergétique commune au sein de l’Union Européenne. Relevons notamment le pourcentage d’électricité d’origine nucléaire en France qui approche les 50 °% alors que certains y ont renoncé ou sont en passe d’y renoncer, la moyenne européenne sans la France étant de 11,7 % alors que l’Allemagne qui se situe à cette hauteur moyenne devrait dans les années qui viennent voir diminuer de façon drastique ce pourcentage.
  • La part toujours très élevée des énergies fossiles qui représentent près de 80 °% (inférieur cependant à la moyenne mondiale, ceci étant dû à la production nucléaire française).
  • L’augmentation de l’utilisation du gaz naturel par rapport au pétrole et le faible usage du charbon qui atteint à peine 12 % mais qui devrait augmenter dans les prochaines années ainsi qu’on le voit déjà enl’Allemagne.
  • Le pourcentage exceptionnel de l’énergie hydraulique en Suède qui fournit plus de la moitié de l’énergie consommée.

 

Production et Importations d’Hydrocarbures

L’Europe consomme annuellement 721 millions de tonnes de pétrole et 520 millions de tep de gaz naturel, pour des réserves (toujours sans la Russie) de 1 650 millions de tonnes de pétrole et de 5 756 milliards de m3 de gaz naturel soit environ 492 millions de tep, avec une production annuelle de 346 millions de tonnes de pétrole et de 430 milliards de m3 de gaz naturel (390 millions de tep). Compte tenu du déclin des productions de pétrole et de gaz de la Mer du Nord, cela signifie que l’Europe est, et sera de plus en plus, importatrice d’hydrocarbures dans des proportions considérables.

À l’heure actuelle les importations de pétrole sont originaires de 4 zones de production dans les proportions suivantes : Russie (CEI) 36,3 %, Afrique 23 %, Proche et Moyen-Orient 21,5 %, Mer du Nord 14,7 %. Il est donc aisé de prévoir que, dans un proche avenir, les importations de la Mer du Nord – soit de l’Europe elle-même – devront être remplacées par la Russie, premier producteur mondial mais dont les besoins propres mettront une limite à ses capacités d’exportation et donc essentiellement d’Afrique et surtout du Proche et Moyen Orient (2/3 des réserves pétrolières mondiales).

En ce qui concerne le gaz naturel, énergie propre qui permet de produire de l’électricité avec d’excellents rendements, les importations européennes provien­nent essentiellement de Russie, de Norvège, d’Algérie et des Pays Bas dans la pro­portion respective de 42 %, 31 %, 18 % et 9 %. Compte tenu du déclin prochain des champs norvégiens et néerlandais, c’est surtout la Russie dont les réserves ga-zières représentent le tiers des réserves mondiales qui sera surtout appelée à combler la différence. D’ores et déjà, Gazprom est le premier fournisseur des pays européens en gaz naturel, non seulement, cela va de soi, les pays de l’Europe de l’Est, mais les puissances occidentales avec environ 100 milliards de m3/an, l’Allemagne étant alimentée à raison de 50 % de sa consommation ainsi d’ailleurs qu’en pétrole.

L’Europe occidentale est aujourd’hui alimentée en gaz russe par un gazoduc im­mense qui traverse la Biélorussie et la Pologne, un autre tuyau qui traverse l’Ukraine vers l’Europe Centrale, ce dernier a entraîné quelques difficultés lorsque l’entreprise ukrainienne Naftogaz a détourné pour son compte quelque production en raison d’un affrontement avec Gazprom concernant le prix du gaz, jetant ainsi Bruxelles en transe concernant la sécurité des approvisionnements.

On sait aussi que, dès avant cet incident passager, Gazprom avait entrepris de construire le gazoduc Nordstream à travers la Mer Baltique, reliant ainsi directement la Russie à l’Allemagne. Ce gazoduc d’une capacité de 31 milliards de m3/an a été inauguré le 3 Novembre 2011. Il réunit Gazprom, majoritaire, les sociétés allemandes BASF et EON, la société hollandaise Gazunie et GDF-Suez. Son Président est l’ancien chancelier allemand Schroeder, symbole d’un partenariat énergétique entre les deux pays au grand dam de l’Union Européenne. D’autre part, Gazprom négocie activement en accord avec l’ENI italienne pour construire le gazoduc Southstream, de la Bulgarie à l’Italie et à l’Autriche après la traversée de la Mer Noire. Sa capacité prévue est de 63 milliards de m3/an et son coût de 25 milliards d’euros. Il semble que tous les accords nécessaires avec les pays de transit tels la Bulgarie et la Serbie aient été signés bien que certains pays soient également parties prenantes dans le projet rival Nabucco suscité par Bruxelles désireux de sortir de la « dépendance » du gaz russe. C’est ainsi que Nabucco relierait Bakou en Azerbaïdjan à l’Europe Occidentale. Sa capacité prévue est de 31 milliards de m3/an pour un coût de 12 à 15 milliards d’euros. Toutefois ce projet regroupe des sociétés gazières acheteuses qui recherchent fébrilement un producteur qui permettrait de remplir le tuyau. Or, l’Azerbaïdjan dont le gisement géant de Shah Deniz était le producteur envisagé, a déjà vendu une partie de la production de ce dernier -en tout état de cause insuffisante avec 16 à 17 milliards de m3/an – à Gazprom mais, de plus, la gazoduc transanatolien absorbera le surplus. D’autre part, le gaz transcaspien du Turkménistan fait déjà l’objet de contrats de vente à Gazprom et à la Chine et en tout état de cause ne peut être transporté à Bakou faute de gazoduc transcaspien impossible à construire sans l’accord des autres riverains dont la Russie. Il paraît donc peu vraisemblable que le projet Nabucco voie le jour.

La dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe subsistera mais aussi, et cela on oublie trop de le dire, la dépendance de la Russie à l’égard de ses acheteurs égale­ment ! les gazoducs qui coûtent très cher et unissent producteurs et consommateurs ne sont en effet pas transportables ! n’oublions pas enfin qu’un nouveau venu risque de troubler le jeu et de modifier certains projets, il s’agit du « gaz non convention­nel »» c’est-à-dire le « gaz de schiste »».

Pour terminer cette revue de la consommation d’énergie fossile en Europe, il convient d’ajouter que la consommation de charbon est loin d’être négligeable puisqu’elle atteint 486 millions de tep pour une production de 186 millions. Comme la Russie en produit 245 millions de tep mais en consomme 170, il est donc nécessaire pour les pays européens d’importer du charbon d’outre mer, notamment en Australie. Un certain retour à la consommation de charbon semble d’ailleurs probable car les technologies actuelles permettent d’en diminuer notablement ses effets polluants ainsi qu’un certain remplacement de la pétrochimie par la carbochimie.

  1. I) Le Gaz de Schiste

Le gaz non conventionnel dit « gaz de schiste »» car principalement obtenu à partir de cette roche de faible porosité, est obtenu par fracturation hydraulique de celle-ci, l’eau étant enrichie de produits chimiques adéquats pour en renforcer l’efficacité. Connu aux États-Unis depuis 1996, les technologies actuelles le rendent rentable au point qu’il représente 20 % de la production déjà très importante des États-Unis qui sont aujourd’hui autosuffisants et bientôt exportateurs en Europe, voire dans le monde, ce qui ne manquera pas de modifier les flux commerciaux du gaz naturel.

Mais, si près de 500 000 forages ont déjà été pratiqués aux États-Unis, l’Europe ne produit pas encore de gaz de schiste bien que certaines sociétés comme Statoil, la société d’État norvégienne soit associée à Chesapeake Energy aux États-Unis et entend profiter de son expérience pour entreprendre des forages en Europe. Même Gazprom, grand fournisseur mondial de gaz naturel, compte acquérir l’expérience nécessaire en matière de gaz non conventionnel.

En Europe, la Pologne devrait être le premier pays où sera produit le gaz de schiste mais des forages sont déjà en cours en Autriche alors qu’Exxon Mobil détient des droits d’exploitation en Allemagne. La France serait cependant le pays européen qui, avec la Pologne, offrirait les meilleures perspectives en la matière. Cependant, à la suite des pressions des mouvements écologistes, une loi du 30 Juin 2011 interdit la méthode de fracture hydraulique. On fait notamment ressortir la pollution des nappes aquifères qu’entraînerait le procédé et il est exact que, notamment, nombre d’exploitants d’eau minérale ont leurs sources dans des zones potentiellement productrices de gaz de schiste.

Il semble cependant fort probable que les nécessités gazières de l’Europe entraîneront à terme l’exploitation de gaz de schiste car, d’une part, les avancées technologiques devraient permettre d’en éliminer les effets polluants, d’autre part parce que détenir une telle source d’énergie accroît l’indépendance et donc la sécurité énergétique des pays.

  1. II) L’Electricité

La « Fée Electricité »» comme on le disait alors a façonné le monde d’aujourd’hui et prend de plus en plus d’importance dans le panorama énergétique. Sur les 22 trillions de dollars d’investissements en énergie prévus d’ici 2030 par l’Agence Internationale pour l’Energie, 60 % au moins concernent la production et les infrastructures électriques. L’électricité en effet n’est pas une matière première mais un produit et il faut donc la produire dans des centrales qui fonctionnent avec du charbon ou du pétrole ou du gaz naturel. Mais on peut aussi en produire à partir de réservoirs hydrauliques ou dans des centrales nucléaires. C’est sur ce point que se notent les différences les plus notables entre les pays grands consommateurs d’électricité. Celles-ci dépendent soit de considérations géographiques et géopolitiques, ainsi la Chine qui produit 70 % de son énergie à base de charbon dont elle est grand producteur et dont on dit que l’on construit une centrale par semaine pour produire de l’électricité !

En Europe, malgré le désir de l’Union Européenne de promouvoir un grand marché de l’électricité, les enjeux stratégiques et financiers sont tels que ce sont les États qui, compte tenu des intérêts et particularités de chaque pays, économiques, financiers, techniques, géopolitiques mais aussi politiques tout court, orientent les décisions en la matière. Il est aussi patent que ces décisions concernant la production d’électricité nucléaire sont souvent prises sans concertation entre les partenaires ce qui est d’autant plus déconcertant que tous ces pays sont reliés par des interconnexions et des réseaux électriques lesquels fonctionnent fort bien comme on a pu le constater dans les périodes récentes de grand froid.

Alors que des pays comme l’Allemagne (qui produit cependant encore 11 % de son énergie à base nucléaire), l’Italie, la Belgique, les Pays Bas, la Suisse n’utilisent pas ou n’utiliseront plus d’énergie nucléaire, d’autres comme le Royaume Uni (14,9 %) et la France (44 %) se sont lancés, surtout cette dernière, dans la production à grande échelle d’électricité à base nucléaire laquelle signifie pour elle un taux élevé d’indépendance énergétique, sans oublier des prix inférieurs pour le consommateur.

Il est à noter que la France avec ses 19 centrales nucléaires et 59 réacteurs produit plus de 400 Twh (milliards de Kwh) pour une production totale de 550 (y compris celle d’origine thermique et hydraulique) dont une partie est exportée (en fait elle exporte beaucoup en heures creuses et importe, quand il est nécessaire, aux heures de pointe).

Au niveau européen, la conclusion sera, comme on l’a déjà vu au cours de cet exposé, une grande différence d’approche et donc de solutions dans les pays européens rendant illusoire les tentatives de marché unique de l’électricité que voudrait promouvoir l’Union Européenne.

Il existe certes une controverse concernant l’énergie nucléaire au motif des risques qu’elle représenterait. L’expérience ne semble pas justifier cette attitude si l’on songe que toute activité humaine dans les domaines techniques contient tou­jours, comme l’aviation ou l’automobile, une petite part de risques. Mais il s’agit en fait d’un enjeu politique, mauvais terrain pour résoudre une équation énergétique. Rappelons, à toutes fins utiles, que la catastrophe de Fukushima n’a, en aucune matière, le nucléaire comme origine mais l’immersion de la centrale par un tsunami d’une intensité extraordinaire parfaitement inimaginable en Europe, sans que l’on puisse imputer un seul mort à la centrale nucléaire elle-même.

Enfin, l’on réfléchit déjà, et sur ce point la Chine montre le chemin, à utiliser la filière du thorium au lieu de l’uranium qui offre une plus grande sécurité d’emploi, des déchets infiniment moindres et une capacité énergétique bien supérieure à celle de l’uranium ainsi que des réserves beaucoup plus élevées.

III) Les énergies renouvelables

Elles ne représentent que 2,3 % dans le bian énergétique européen bien que soit souvent exprimé le souhait de « sortir » du nucléaire dangereux et des énergies fossiles polluantes, il n’est que trop certain que le plan de l’Union Européenne pu­blié le 13 Novembre 2008 selon lequel la consommation de gaz naturel devrait être limitée à 22 % et que 20 % de l’énergie devraient être obtenus à partir d’énergies renouvelables est une mission impossible.

Aucune énergie renouvelable n’existe en quantité et en prix de revient admis­sibles ni aujourd’hui ni dans un avenir proche. Il en est ainsi notamment de l’élec­tricité éolienne techniquement peu performante et très coûteuse, de plus soumise aux caprices d’Eole ce qui l’oblige aux relais de centrales thermiques dans 75 % du temps car l’électricité ne peut pas se stocker. Reste l’hydraulique qui dépend malheureusement des possibilités géographiques et humaines de constituer les rete­nues d’eau indispensables comme peuvent le faire certains pays comme la Chine, le Brésil ou, en Europe, la Suède, il est vrai consommateur moyen.

Le problème des énergies renouvelables reste à l’étude pour des résultats éven­tuels lointains.

Quelles conclusions sont à tirer de tous les éléments rapportés ci-dessus ? Les uns insisteront sur la nécessité d’harmoniser les politiques de l’énergie des pays européens, d’autres même de voir une direction de l’Union Européenne à cet effet, d’autres encore inclineront à la liberté économique et commerciale comme pour la plupart des autres activités. En tout état de cause, la géopolitique et les intérêts nationaux existent et existeront toujours de même qu’un état de fait spécifique aux continents européens à savoir que l’énergie constitue un enjeu stratégique très im­portant. Chaque pays recherchera avant tout la sécurité de ses approvisionnements. Pour cette raison une coopération entre acheteurs et producteurs est indispensable et doit conduire à de véritables partenariats, soit une véritable Interdépendance.

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