Les droits de l’Homme en Arabie Saoudite

Patricia LALONDE

Chercheuse associée, IPSE

Avril 2016

Traiter des droits de l’homme en Arabie Saoudite nécessite de s’étendre sur la doctrine de l’État saou­dien : le wahhabisme. La raison d’être de l’État Saoudien est d’appliquer les lois de l’Islam et la volonté de Dieu. Le pays est dirigé par une monarchie absolue où le pouvoir est concentré dans les mains du souverain et du cercle familial.

Les partis politiques et les syndicats sont interdits ; Toute autre religion est bannie et dès le plus jeune âge, les Saoudiens apprennent que le chiisme est une religion de mécréant : En 2014, selon Human Right Watch, le roi Abdallah a introduit un certain nombre de lois considérant comme terroristes les athées. La récente décapitation du Cheik Nimr Barq El Nimr, opposant chiite pacifique en est l’illustration. Ou encore l’exemple du bloggeur Raif Badawi, emprisonné depuis 2012, et est contraint de recevoir régulièrement des centaines de coups de fouets en attendant une éventuelle décapitation ou même la crucifixion. Ou encore le cas d’Abdallah Al Zaher, adolescent torturé en prison et dont le verdict de condamnation à mort doit être confirmé en 2016 ; Il risque la pendaison ou la décapitation…

Les inégalités entre les sexes restent très importantes : Malgré une nette volonté réformiste de Mohamad ben Abdelazziz- al-Saoud, les femmes saoudiennes restent des « dépendantes », re­cluses de la société. Elles sont par la suite confrontées à un fort taux de chômage…Les femmes représentent 60 % de l’ensemble des diplômé[e]s, mais moins de 15 % ont accès au marché du travail. Les femmes doivent avoir un tuteur masculin (Mahram) : Elles ne peuvent sortir seules sans être accompagnées d’un tuteur masculin. Elles doivent recevoir l’autorisation de leur tuteur pour se marier, voyager, s’inscrire à l ‘école, ou à l’université et accéder aux services de santé. La poly­gamie des hommes est permise. La ségrégation des sexes est de rigueur dans les espaces publics et les femmes ne peuvent sortir qu’entièrement recouvertes de l’Abaya, tunique noire ne découvrant que les yeux.

Les milices de la Commission pour la prévention du vice et la promotion de la vertu (Muttawain) surveillent dans chaque quartier la bonne application de ces règles.

Par ailleurs, l’Arabie Saoudite a récemment obtenu la présidence du conseil consultatif de la commission des Droits de l’Homme des Nations Unis !

Pour conclure, il est à craindre que cette stratégie d’ouverture ne s’arrête depuis que le Prince Mouqrine, réformateur et réformiste a été écarté du pouvoir au profit de Mohamad ben Salman : rappelons que les Salman font partie[s7 de la tribu des « Soudayris » plus proches des thèses fondamentalistes des wahhabites Mohamad ben Salman (MBS) n’a pour le moment pas brillé par sa volonté d’ouvrir le royaume aux réformes, obsédé par une frénésie de guerres contre les chiites, la première en Syrie contre le pouvoir de Bachar al Assad et la seconde, plus silencieuse, au Yémen contre les Houtis, guerre qui se déroule dans le silence où les pires atrocités sont permises.

Traiter des droits de l’homme en Arabie Saoudite nécessite de s’étendre sur la doctrine de l’État saoudien : le wahhabisme.

Depuis le pacte scellé entre les Saoud et des religieux au xviiie siècle qui stipule un partage des rôles : la politique pour les Saoud, la société pour les Oulémas, la rai­son d’être de l’État Saoudien est d’appliquer les lois de l’Islam et la volonté de Dieu.

C’est ainsi que toutes les décisions liées au social, à la famille, à l’individu, à l’enfant sont toujours prises à travers le prisme religieux. Les oulémas souhaitent structurer la communauté islamique selon les mêmes principes qui existaient à l’époque des premiers califes.

Cette vision d’un islam radical puise sa source dans le texte le plus [primaire et] rétrograde du Coran écrit sous El Wahhab et dont découle le Salafisme… Le pays est dirigé par une monarchie absolue où le pouvoir est concentré dans les mains du souverain et du cercle familial.

Nous ne pouvons donc pas évoquer la notion occidentale de « droits de l’homme » qui protègent la liberté individuelle, la démocratie, le droit des femmes, la liberté religieuse.

Les accords de Quincy en 1930 entre les États-Unis et l’AS : « pétrole contre sécurité » [nous] ont détourné notre regard et mis un « voile » sur les violations des droits les plus élémentaires de l’homme et de la femme dans ce pays.

Les partis politiques et les syndicats sont interdits : sur une population de 29 millions d’habitants, 10 millions sont des immigrés et 2,9 millions vivent dans des conditions proches de l’esclavage et Celui qui revendique les plus élémentaires droits humains est pendu ou décapité.

Toute autre religion est bannie et dès le plus jeune âge, les Saoudiens apprennent que le chiisme est une religion de mécréant : en 2014, selon Human Right Watch, le roi Abdallah a introduit un certain nombre de lois considérant comme terroristes les athées.

La récente décapitation du Cheik Nimr Barq El Nimr, opposant chiite pacifique en est l’illustration. Elle a été suivie de la décapitation de 46 personnes et s’il est vrai que parmi ces condamnés, beaucoup appartenaient à Daesh, certains n’étaient que de simples opposants politiques.

Le nombre d’exécutions a battu tous les records en 2015 : 146 contre 90 en 2014 et 47 déjà en 2016.

Très récemment encore un jeune Saoudien de 28 ans a été arrêté par la police chargée de la surveillance des réseaux sociaux et condamné à 10 ans de prison et 2000 coups de fouet pour avoir publié des dizaine de notes d’inspiration athée sur son compte TWITTER.ou encore l’exemple du bloggeur Raif Badawi, emprison­né depuis 2012, et est contraint de recevoir régulièrement des centaines de coups de fouets en attendant une éventuelle décapitation ou même la crucifixion. Malgré la mobilisation de la communauté internationale, la peine perdure. Ou encore le cas d’Abdallah Al Zaher, adolescent torturé en prison et dont le verdict de condamna­tion à mort doit être confirmé en 2016 ; Il risque la pendaison ou la décapitation…

Malgré tout, les citoyens d’Arabie Saoudite bénéficient d’une espérance de vie ainsi que d’un niveau de revenus et d’études élevé (57ème rang sue 186 selon l’indice de développement humain du programme des Nations Unies pour le développe­ment (PNUD) en 2012. Mais les inégalités entre les sexes restent très importantes : en 2012, l’indice « d’inégalité des genres » (PNUD) était de 0,682 (le plus inégali-taire étant 0,747). Cette raison réside comme nous l’avons vu précédemment dans la doctrine de l’État, le wahhabisme.

La condition de la femme

Elle a été paradoxalement révélée au grand jour par le sort qui a été réservé aux Afghanes quand les taliban ont pris le pouvoir en Afghanistan pour y appliquer leur islam rigoriste.

Cette prise de conscience internationale a permis de lever le voile sur la condi­tion des femmes saoudiennes et a poussé les organisations des droits de l’homme à faire pression sur l’Arabie Saoudite afin que les Saoudiennes ne subissent pas le même sort que les Afghanes.

Malgré une nette volonté réformiste de Mohamad ben Abdelazziz- al-Saoud, les femmes saoudiennes restent des « dépendantes », recluses de la société.

Certes les Saoudiennes bénéficient de conditions matérielles bien meilleures que dans beaucoup d’autres pays arabes (Égypte, Libye, Maroc, Soudan, Yémen, Somalie) et jouissent d’un bon accès à l’éducation

C’est ainsi que les filles peuvent être scolarisées, aller à l’université (écoles et universités qui leurs sont réservées). Plus de la moitié des étudiants dans les universités sont des femmes (56,6 % en 2011). Mais elles sont par la suite confrontées à un fort taux de chômage. Les femmes représentent 60 % de l’ensemble des diplômé[e]s, mais moins de 15 % ont accès au marché du travail. Sur le plan économique, les barrières à l’emploi des femmes fragilisent l’écono­mie du pays.

Les femmes doivent avoir un tuteur masculin (Mahram)

Elles ne peuvent sortir seules sans être accompagnées d’un tuteur masculin (le père, le frère, l’époux, le fils d’une veuve ou l’ancien époux d’une femme divor­cée). Elles doivent recevoir l’autorisation de leur tuteur pour se marier, voyager, s’inscrire à l ‘école, ou à l’université et accéder aux services de santé. La polygamie des hommes est permise. Après un divorce, les femmes perdent généralement la garde légale des enfants.

La ségrégation des sexes est de rigueur dans les espaces publics et les femmes ne peuvent sortir qu’entièrement recouvertes de l’Abaya, tunique noire ne découvrant que les yeux. Les milices de la Commission pour la prévention du vice et la promotion de la vertu (Muttawain) surveillent dans chaque quartier la bonne application de ces règles.

L’Arabie Saoudite est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire puisqu’elles risquent ainsi d’échapper à la surveillance de leur « Mahram ».

En 2013, une proposition pour mettre fin à cette interdiction a été portée au Majlis- al -Shura et une grande manifestation de femmes [a] eut lieu en octobre [2013].   Mais depuis rien de nouveau.

Sur le plan politique, une timide ouverture a conduit à certaines réformes enta­mées par le roi Abdallah ben Abdelaziz- al- Saoud :

En 2009, une femme entre au gouvernement (Noura el Faiz, ministre déléguée à l’éducation) et en 2011, le roi accorde aux femmes à partir de 2015, le droit de vote aux élections municipales (9 femmes viennent d’être élues aux dernières élec-tions)et le droit de siéger, séparées des hommes, à l’Assemblée consultative nationale Majlis-al-Shura… Depuis 2013, les femmes représentent 1/5e de ses 150 membres.

Mais malgré tout, le rôle des citoyens dans la vie politique reste très limité, quel que soit le sexe.

Le roi doit veiller au subtil équilibre entre son pouvoir et celui du clergé : les leaders religieux, les oulémas, étant les employés du gouvernement, ils ne peuvent s’opposer frontalement à lui, mais leur rôle de gardien de la loi islamique la Charia, leur permet de critiquer toute loi qui ne serait pas conforme selon eux aux principes de l’Islam.

L’Arabie Saoudite à signé en 2000 l’accord sur la CEDAW (Convention des Nations Unies sur l’Elimination des Discriminations envers les Femmes), mais en se réservant le droit de ne pas appliquer ce qui ne serait pas compatible avec la Charia !

En 2008, le comité chargé de la CEDAW a fait part de ses préoccupations et a demandé au royaume de mettre un terme à la pratique du tutorat masculin et aux discriminations contre les femmes ainsi qu’aux violences dont elles sont trop souvent victimes.

Par ailleurs, l’Arabie Saoudite a récemment obtenu la présidence du conseil consultatif de la commission des Droits de l’Homme des Nations Unis !! Ce qui s’apparente pour beaucoup à une provocation ou relève peut-être d’une volonté de contraindre les autorités du royaume à procéder à de véritables réformes.

Pour conclure, il est à craindre que cette stratégie d’ouverture ne s’arrête depuis que le Prince Mouqrine, réformateur et réformiste a été écarté du pouvoir au profit de Mohamad ben Salman : rappelons que les Salman font partie[s] de la tribu des « Soudayris » plus proches des thèses fondamentalistes des wahhabites

Mohamad ben Salman (MBS) n’a pour le moment pas brillé par sa volonté d’ouvrir le royaume aux réformes, obsédé par une frénésie de guerres contre les chiites, la première en Syrie contre le pouvoir de Bachar al Assad et la seconde, plus silencieuse, au Yémen contre les Houtis, guerre qui se déroule dans le silence où les pires atrocités sont permises.

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