Les Hydrocarbures en Amérique Latine

André PERTUZIO

Consultant pétrolier international et ancien conseiller juridique pour l’Énergie à la Banque mondiale.

4eme trimestre 2013

En ce qui concerne les hydrocarbures, il est indispensable de parler d’Amérique Latine et non d’Amérique du Sud car les éléments politiques, historiques et psychologiques sont identiques à l’égard notamment des États-Unis. En témoignent la naissance et l’évolution des politiques pétro­lières des pays du sous-continent, une conscience nationaliste aiguë et les efforts de convergences des politiques pétrolières que nous verrons notamment à travers la constitution et la trajectoire de « L’Asistencia Reciproca Petrolera Estatal Latinoamericana » (ARPEL).

Rappel Historique

Ce sont les compagnies pétrolières nord-américaines comme la Standard Oil de Rockefeller ou la Royal Dutch – Shell de Deterding qui furent les pionniers de l’industrie pétrolière en Amérique Latine, à commencer par le Mexique dès le début du XXe siècle, ce pays devenant le deuxième producteur mondial dans les années 1920. Il faut reconnaître que les compagnies en question s’y comportèrent comme de véritables prédateurs, décidant des contrats et de tous les aspects financiers et matériels de l’exploitation au point d’engendrer avec les autorités mexicaines un bras de fer dont le dénouement fut, avec le Président Lazaro Cardenas l’expro­priation de l’industrie pétrolière le 18 Mars 1938 et la création concomitante de Pemex (Petroleos Mexicanos), cette date étant encore aujourd’hui une véritable fête nationale.

Dans les années 1930, le Venezuela devint un eldorado pétrolier pour les socié­tés américaines comme Esso (Exxon), Gulf, Mobil etc. et la Shell conformément à des contrats de concession. Inévitablement cependant, l’industrie pétrolière fut nationalisée le 1er Janvier 1976 par le gouvernement du Président Carlos Andres Perez mais, au contraire du Mexique où Pemex remplaça purement et simplement les sociétés étrangères exploitantes, il n’y eut à Caracas aucune solution de conti­nuité : un holding national, Petroleos de Venezuela (PDVSA) acquit les actions des sociétés exploitantes qui continuèrent sans à coup leurs activités sous un autre nom (Lagoven au lieu de Creole, Maravia au lieu de Shell etc…). Plus tard et par paliers, les autres ociérés furent regroupées sous le nom de Corpoven autour de la société nationale CVP (Corporacion Venezolana del Petroleo). De la sorte fut évitée une rupture technique et commerciale ainsi que toute baisse de production alors qu’au Mexique, il fallut 25 ans à Pemex pour retrouver son niveau de production de 1938.

Avant la nationalisation, le Venezuela s’était toujours efforcé d’augmenter sa part de revenus pétroliers et il fut un pionnier en la matière pour les autres pays producteurs. C’est ainsi que la règle des 50/50 fut suivie par la non-déductibilité de la redevance, celle-ci étant ensuite portée de 12,5 % à 16,6 % et assise sur un prix du brut fixé par le gouvernement.

L’activité du Venezuela ne s’arrêta cependant pas là puisque le Ministre des Mines d’alors Juan Pablo Perez Alfonzo fut l’initiateur de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) qui vit le jour à Bagdad le 15 Septembre 1960 et dont les membres fondateurs furent également l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak et le Koweït. L’objectif de l’OPEP était alors de mettre un frein à l’érosion des prix du pétrole alors à 5 dollars le baril et qui devait diminuer compte tenu des décou­vertes jusqu’à 2 dollars lorsque se produisit le choc pétrolier de 1973. On sait en effet qu’à l’occasion de la guerre arabo-israélienne dite du « kippour » le 6 Octobre 1973, l’OPAEP (Organisation des pays arabes producteurs de pétrole) déclarait un embargo du pétrole à destination des États-Unis et majorait le prix du brut de 10 % tout en réduisant sa production de 5 %. Dans la foulée, l’OPEP décrétait une hausse de 13 %. De la sorte, le prix moyen du pétrole brut passait de 2US$ à 10 US$ déclenchant un choc pétrolier d’envergure internationale. Depuis lors, l’OPEP qui représente 40 % de la production mondiale et 73 % des réserves est un facteur essentiel pour l’évolution des prix du brut.

En Amérique Latine, les mêmes objectifs de protection de leurs intérêts et de coordination des politiques nationales en matière pétrolière donnèrent lieu à la constitution par les sociétés nationales des pays latino-américains de l’ARPEL (Asistencia Reciproca Petrolera Latinoamericana) le 2 Octobre 1965 en vue d’une intégration régionale de l’industrie pétrolière et l’assistance réciproque des pays membres. L’idée de base était alors que seuls les monopoles d’État étaient capables de protéger les ressources pétrolières en vue de promouvoir le développement écono­mique des pays intéressés. Ainsi s’exprimait en la matière le nationalisme latino-amé­ricain. Dès 1922 YPF en Argentine et en 1931 l’ANCAP (Administracion Nacional de Combustibles, Alcohol y Portland) en Uruguay furent constituées et furent les pionniers en la matière. Celles constituèrent l’ARPEL avec la CVP (Corporacion Venezolana del Petroleo), Ecopetrol de Columbia, l’ENA du Chili, Petroperu du Pérou, YPFB (Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos) et Petrobras du Brésil. Plusieurs autres sociétés nationales devaient par la suite les rejoindre, notammant Pemex du Mexique en1976.

Notons qu’à l’époque de la création d’ARPEL, les pays d’Amérique Latine pro­duisaient 18 % du brut dans le monde et opéraient les deux tiers de la capacité de raffinage de la région.

Parallèlement, les gouvernements latino-américains intéressés constituèrent le 20 Novembre 1973 la OLADE (Organizacion Latinoamericana de Energia) dont le siège fut fixé à Quito en Equateur en vue de développer les ressources énergétiques de ces pays ainsi que leur utilisation rationnelle, l’ARPEL se préoccupant de garder ce secteur des hydrocarbures sous son contrôle. Dès 1993, l’organisation accueillit des entreprises affiliées telles que l’espagnole REPSOL, société privée, ainsi que d’autres dans le cadre de la privatisation de plusieurs sociétés d’État ou leur fusion telle que celle d’YPF et de REPSOL (auxquelles a mis fin récemment le gouverne­ment argentin en renationalisant YPF). De la sorte, si la règle resta la même, l’orga­nisation remplaça « Estatal » par « Empresarial ». À cette époque, de nombreuses sociétés étrangères au continent devinrent membres telles que Statoil de Norvège, Elf Aquitaine puis Total de France, la Chinese Petroleum Corporation et même des sociétés américaines comme Texaco. Mais dans le nouveau climat libéral et interna­tional ainsi créé, l’organisation ne fit que péricliter. Elle avait cependant témoigné du caractère national que les pays d’Amérique Latine ont toujours attaché à leur industrie pétrolière dont nous allons voir les éléments pour chaque pays d’impor­tance en la matière.

Mexique

C’est avec les découvertes « off-shore », notamment la « Sonde de Campeche » que le Mexique redevint dans les années 1980 un grand producteur mondial. Il en est aujourd’hui le seul de ceux-ci qui n’appartient pas à l’OPEP. Sa production est cependant en léger déclin quoique le pays occupe la 10ème place mondiale des producteurs. Toutefois, la situation inquiétante est celle des réserves lesquelles, au rythme actuel de production, ne représentent qu’environ 11 ans. En matière de gaz naturel, le Mexique est importateur net d’environ 20 milliards de m3/an à partir des États-Unis. Quant à l’électricité, elle est produite à partir de centrales thermiques notamment de gaz naturel.

Les statistiques annuelles sont aujourd’hui les suivantes :

  • Production de pétrole : 137 millions de tonnes/an pour une consommation de 93 millions laissant une marge d’exportation d’environ 40 millions de tonnes avec des réserves 1 milliard 400 millions de tonnes.
  • Production de gaz naturel : 45 milliards de m3 avec des ressources de 360 mil­liards de m3.

Il est à noter que la production pétrolière qui était de 170 millions de tonnes en 2009 accuse un déclin certain et un très sérieux effort d’exploration s’impose à Pemex qui a perdu près de 3 milliards de dollars au lieu d’un bénéfice de 1,8 mil­liards au cours de l’exercice précédent alors que les revenus pétroliers contribuent d’un tiers au budget fédéral. Un plan de restructuration, notamment des sociétés de service de la société a été mis en œuvre ainsi qu’un projet de loi annoncé le 12 août 2013 par le Président Enrique Pena Nieto tendant à autoriser les investissements et donc l’intervention étrangères contrairement à la loi du 18 Mars 1938 et au nationalisme pétrolier traditionnel du Mexique. Le Congrès doit se prononcer pro­chainement sur ce très important et quasi révolutionnaire projet qui permettrait de relancer l’exploration pétrolière au Mexique.

Venezuela

Si l’on excepte le premier tiers du 20ème siècle, le Venezuela a été et continue d’être le plus important producteur de pétrole d’Amérique Latine. Membre in­fluent de l’OPEP, comme nous l’avons vu, fournisseur important des États-Unis et riche également de gaz naturel, sa production annuelle est de 139 millions de tonnes pour des réserves estimées à plus de 40 milliards de tonnes ce qui le place en la matière au premier rang mondial avant l’Arabie Saoudite.

En ce qui concerne le gaz naturel, si sa production est relativement modeste avec 25 milliards de m3, ses réserves en revanche sont de 5 500 milliards de m3, soit au quatrième rang mondial.

Cette richesse en hydrocarbures a fait, nous l’avons vu, l’objet d’une natio­nalisation en 1976 et constitue un élément capital des revenus du pays. L’État, depuis lors, a d’ailleurs étendu son emprise sur l’industrie, d’abord en supprimant les sociétés opératrices Lagoven, Maraven et Corpoven, héritières des sociétés inter­nationales pour faire de PDVSA l’unique compagnie nationale à partir de 1998. Le caractère étatique de l’entreprise s’est renforcé avec le gouvernement socialiste d’Hugo Chavez. C’est ainsi que l’autonomie de la société a disparu à telle enseigne que le Ministre des Mines est également Président de PDVSA. Il en est de même de l’autonomie financière ce qui ne va pas sans créer de sérieux problèmes d’inves­tissements. Sans compter les conséquences de la détérioration des relations poli­tiques entre le Venezuela et les États-Unis entrainant le retrait du Venezuela de la plupart des sociétés américaines opérant sous contrat notamment sur la «Ceinture Pétrolière de l’Orénoque».

Du point de vue proprement pétrolier, il convient en effet de souligner le rôle de plus en plus important de cette « Ceinture Pétrolifère » située au nord de l’Oré-noque dans l’est du Venezuela. Il s’agit d’importants gisements de brut lourd et extra lourd qui couvrent une superficie de 55 314 km2 dont 11 583 sont actuelle­ment exploités. Ses réserves estimées seraient de près de 200 milliards de tonnes.

Dès aujourd’hui, cette région contribue à la production totale de brut vénézué­lien pour environ 1 200 000 de barils/jour soit 60 millions de tonnes/an, l’objectif final annoncé par les autorités de PDVSA étant de 6 millions de barils/jour à long terme. Des accords en vue de la production dans la zone ont été négociés où en voie de l’être avec l’Eni italienne, Rosneft de Russie, Sinopec de Chine, Total, Chevron etc. Cette « Faja Petrolifera » a toujours fait l’objet de propagande de la part du Gouvernement de Chavez car elle représente une importance non seulement locale mais mondiale.

La remise en bon ordre du marché de PDVSA contribuera au développement de son exploitation qui nécessite des investissements considérables.

Brésil

Le Brésil est devenu le troisième «grand» du pétrole en Amérique Latine et l’un des « BRICS » déjà économiquement émergés. Immense pays de près de 200 mil­lions d’habitants aux zones très contrastées depuis les tribus indiennes du nord jusqu’aux mégapoles ultra développées de Sao Paulo, Rio de Janeiro et des états du sud, il a toujours été un consommateur important d’hydrocarbures et donc impor­tateur malgré une remarquable production d’éthanol comme carburant à partir de 1970.Les moteurs des voitures construites au Brésil y étant adaptés.

L’exploration pétrolière a toujours été réservée à la société contrôlée par l’état, Petrobras (Petroleo Brasileiro), seule opérateur jusqu’en 1976 date à laquelle cer­tains contrats de service furent négociés avec des sociétés étrangères sans grand succès d’ailleurs. Petrobras investira alors dans la recherche offshore, si elle fit des découvertes importantes notamment le bassin de Campos dès 1968 lequel com­prend aujourd’hui 41 gisements de pétrole d’ une production de 1,2 millions de barils/jours (60 millions de tonnes/an) et des réserves de 1,2 milliards de tonnes.

En 2006, Petrobras fit la plus importante découverte du siècle avec le gisement de Tupi appelé depuis lors «Lula» en l’honneur du Président Lula Da Silva qui put, en vue de développement du champs, obtenir 6 milliards de dollars pour l’aug­mentation de capital de la société nationale. Les réserves de Lula, également dans le bassin de Santos avec Tracema sont évaluées à 1 milliards de tonnes pour une production actuelle de 30 millions de tonnes destinés à augmenter au fur et à me­sure du développement du gisement. Il existe d’autres gisements importants dont notamment celui de Libra, qui a fait l’objet d’une adjudication et les compagnies Total (20 %>), Shell (20 %>), China National Oil corporation et China Offshore Oil corporation (20 %) sont aussi associées à Petrobras opérateur avec 40 % du gise­ment dont les réserves estimées sont de l’ordre de celles de Lula.

Ainsi les réserves totales du Brésil sont déjà passées à 25 milliards de tonnes. La production, dont une partie est exportée aux États-Unis, est dès maintenant prati­quement auto-suffisante avec une production totale de 130 millions de tonnes dont 600 000 de gaz liquides de pétrole.

Il est intéressant de noter, à propos de Libra, une certaine opposition des syn­dicats aux participations étrangères, significative du nationalisme pétrolier qui a toujours été celui du Brésil.

Enfin, en matière de gaz naturel, le Brésil, producteur de 18 milliards de cm3 par an est importateur de 13 milliards. Mentionnons aussi que le pays est grand producteur d’électricité – 530 milliards de KWh grâce à la production hydraulique.

Les trois grands producteurs pétroliers en Amérique Latine, ensemble environ 400 millions de tonnes par an, sont loin devant les autres producteurs du continent non négligeables cependant :

Trinidad Tobago

Trinidad n’est pas un grand producteur de pétrole dont la production a décliné en 5 ans de 9 à 6 millions de tonnes/an mais qui lui permet cependant non seule­ment de couvrir sa consommation de 2,3 millions mais d’être exportateur.

En revanche, le pays est un important producteur de gaz naturel avec plus de 40 milliards de m3/an et des réserves estimées à 375 milliards. Il est également le septième exportateur de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et représente 65 % du GNL exporté aux États-Unis.

L’électricité de Trinidad Tobago provient entièrement de centrales thermiques au gaz naturel qui représente également 92 % de la consommation énergétique total du pays qui consomme ainsi 23 millions de m3 et en exporte 17 milliards.

Colombie

La Colombie dont la production d’hydrocarbures était déclinante a vu, ces der­nières années, augmenter sa production de façon significative depuis 2008 avec une reprise de la recherche et de l’exploitation d’hydrocarbures. C’est ainsi que la société nationale Eccopetrol a été privatisée. Avec l’appui de sociétés et de capitaux étrangers, la Colombie est aujourd’hui auto-suffisante en matière de gaz naturel dont elle exporte au Venezuela, et elle est également exportatrice de pétrole dont la production annuelle est de 49millions de tonnes pour une consommation d’envi­ron 14 millions de tonnes avec des réserves prouvées de 300 millions de tonnes. En ce qui concerne le gaz naturel, la production annuelle en est de 12 milliards de m3 pour une consommation de 8,9 milliards et des réserves de 155 milliards de m3.

Ajoutons enfin, car cela n’est pas négligeable, que la Colombie est le quatrième exportateur mondial de charbon avec plus de 80 millions de tonnes.

Equateur

Le pétrole a toujours joué en Equateur un rôle important à la fois politique et économique bien qu’il ne soit qu’un producteur moyen avec 27 millions de tonnes/ an dont il exporte annuellement 15 millions. L’Equateur est membre de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qu’il avait quitté en 1992 par la rejoindre de nouveau en 2007. Le pétrole représente 70 % de la consommation énergétique du pays, son électricité étant plus largement d’origine hydraulique. L’Equateur ne produit très peu de gaz naturel (230 000 m3).

Pérou

Le Pérou est au septième rang en Amérique Latine pour les réserves pétrolières soit quoique modestes, 80 millions de tonnes. Il fut un temps exportateur mais dès les années 1990, la production déclina faute d’investisseurs étrangers éloignés par une fiscalité sans rapport avec «la productivité» modeste des découvertes possibles. Aujourd’hui, il est importateur net mais seulement de 1,6 millions grâce à une importante production de liquides de gaz naturel de 4,7 millions de tonnes pour une production de brut de 3,35 millions de tonnes.

La production de gaz naturel est 11,5 milliards de m3/an pour des réserves de 359 milliards. Ainsi le Pérou devint-il en 2010 le premier exportateur de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) d’Amérique du Sud. Les exportations de gaz naturel représentent ainsi près de 6 milliards de m3/an.

Bolivie

La Bolivie produit peu de pétrole, 2,3 millions de tonnes/an mais il est un producteur de gaz assez important de 18 milliards de m3/an qui représente 50 % des exportations du pays et 30 % de l’argent public. Le gaz dont les gisements sont situés dans la province orientale de Santa Cruz est exporté par gazoducs vers le Brésil et L’Argentine, le volume ainsi exporté étant de 13,5 milliards de m3/an. Les réserves de m3 et l’entreprise nationale YPFB (Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos) recherche des investisseurs étrangers et au mois de Mai dernier, cette société et YPF (Yacimientos Petroliferos Fiscales) d’Argentine s’accordèrent pour l’exploration de gaz naturel et éventuellement de gaz de schiste.

Argentine

L’Argentine est un vieux pays pétrolier et la création d’YPF (Yacimientos Petroliferos Fiscales) remonte à 1922. Le pays a toujours été un producteur signifi­catif de pétrole et de gaz. Malgré un déclin de la production et une consommation accrue, l’Argentine reste exportatrice de 1,2 million de tonnes/an de pétrole pour une production de 3,6 millions dont 8,5 millions de liquides de gaz naturel et des réserves estimées à 46 milliards de tonnes.

Mais l’Argentine est surtout le plus grand producteur et consommateur de gaz naturel d’Amérique du Sud avec une production de 40 milliards de m3, égale à celle de Trinidad, et une consommation de 46 milliards, les réserves étant de 335 mil­liards de tonnes.

Il est enfin intéressant de noter que, seul parmi les pays sud-américains, l’Argen­tine possède des réserves de gaz de schiste répartie en quatre bassins principaux dont le bassin de Neuquen au centre ouest du pays est le plus prometteur. Plus de 70 fo­rages ont déjà été effectués en vue d’une évaluation du gisement et YPF se propose d’investir plus de 12 milliards de dollars pour l’exploitation de ce gaz non-conven­tionnel. D’ores et déjà, les sociétés Apache, Total, et Petrobras Argentina (filiale à 67,25 % de Petrobras) ont investi 5 millions de m3 dans le bassin de Neuquen. Ainsi des réserves de gaz non-conventionnel seront ajoutées dans les prochaines années aux réserves existantes de gaz naturel.

Conclusion

Ainsi se conclut cet exposé des hydrocarbures en Amérique Latine à l’exception des quelques pays non ou très peu producteurs dont il faut cependant citer le Chili dont la production est très faible mais dont la société nationale ENAP a joué un rôle important dans l’ARPEL.

Globalement l’Amérique Latine représente une production de pétrole de 510 millions de tonnes annuellement soit 12,6 % de la production mondiale pour des réserves de plus de 43 milliards de tonnes soit 20 % du total mondial, dues, il est vrai à 88 % au Venezuela et dont on attend une augmentation lorsque les champs en mer profonde du Brésil auront atteint leur développement total.

On aura aussi remarqué le caractère très nationaliste des politiques pétrolières des pays d’Amérique Latine toujours marquées par une certaine défiance à l’égard des États Unis, fruit des multiples interventions militaires américaines dans leurs pays au XIXe siècle ainsi que de leur prépondérance pétrolière.

Notons enfin que le commerce d’hydrocarbures des pays latino-américains est d’ordre régional et s’exerce presque exclusivement dans l’hémisphère occidental encore que, désormais, la Chine affamée de pétrole commence à s’intéresser à ces pays notamment, bien entendu au Venezuela et sans doute au Brésil dans un avenir proche.

Article précédentQuel Venezuela après Chavez ?
Article suivantLes services de renseignement et de sécurité en Amérique latine

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.