Les racines britanniques du terrorisme international

Jacques CHEMINADE,

Président-fondateur du parti Solidarité & Progrès,

Deuxième table ronde
Modérateur : Recteur Armel PECHEUL, Professeur agrégé de droit public
Colloque; La Géopolitique du Terrorisme
Actes du colloque
Le jeudi 11 décembre 2014
Assemblée Nationale

Il est aujourd’hui fondamental de comprendre que les racines du terrorisme international sont britanniques pour éviter de commettre des erreurs d’évaluation désastreuses au sein des tempêtes politiques et stratégiques de notre temps. Il ne s’agit pas de la responsabilité du Royaume Uni proprement dite mais de la matrice impériale britannique qui a pris différentes formes dans son histoire. Aujourd’hui, on se trouve le plus près de la réalité en se souvenant de la formule utilisée par John Maynard Keynes : American money and British brains, l’argent américain et le cerveau britannique.

Cette matrice de domination impériale repose sur une combinaison d’influence économique, de guerre irrégulière et de guerre globale, le terrorisme étant le levier permettant à la combinaison de fonctionner au plus haut niveau d’efficacité destructrice. Le terrorisme n’est donc pas un accident ou une arme isolée, mais une pièce maîtresse sur un échiquier complet. Il ne faut pas le penser d’abord comme un terrorisme d’Etat, bien qu’il puisse prendre cette forme, mais en termes d’un Empire qui hier était maritime et colonial et qui est devenu aujourd’hui offshore ou hors sol, à partir de la City de Londres, de Wall Street et de leurs paradis fiscaux.

Guy Debord, dans sa Préface à la 4ème édition italienne de sa Société du spectacle nous parle, en 1979, « d’une couche périphérique de petit terrorisme sincère mais toléré maintenant comme un vivier dans lequel on peut toujours pêcher à la commande quelques coupables à mettre sur un plateau ». C’est une juste description mais encore faut-il examiner les localisations géographiques et la matrice de ces faits pour en comprendre la logique criminelle et y faire face.

Les Britanniques ont opéré en conjonction avec le terrorisme en Asie du Sud Ouest, en manipulant à la fois les réseaux wahhabites et sionistes, dans les révolutions de couleur d’Europe orientale, dans les manipulations ayant créé les conditions du 11 septembre et jusqu’en Chine. Ils ont laissé des traces.

Au Proche et Moyen Orients, on trouve les réseaux de Cecil Rhodes et de deux de ses opérateurs principaux, Lord Alfred Milner et Lord Stennet Amery. Ils ont à la fois financé les réseaux nationalistes arabes, particulièrement dans la mouvance wahhabite, et les réseaux du révisionnisme sioniste de Vladimir Ze’ev Jabotinsky et de Chaim Weizmann. A partir des émeutes de Nebi Musa, en 1920, ils ont ainsi créé un environnement contrôlé promouvant une instabilité permanente au profit de leurs intérêts financiers. L’antisémitisme terroriste arabe se trouve ainsi opposé à un racisme anti-arabe, visant à éliminer tous les mouvements raisonnables dans tous les camps et à promouvoir une guerre de tous contre tous.

Les révolutions de couleur dans les pays d’Europe orientale, alliant pacifisme de façade et violences fascistes, comme en Ukraine, ont été organisées à partir des conceptions de Gene Sharp, reprises et appliquées par Adam Roberts et Timothy Garton. Tous associés à l’Université d’Oxford. Le National Endowment for Democracy et l’USAID n’ont fait qu’appliquer ces recettes, en mettant la violence terroriste au bout de la « désobéissance civile ».

Les attentats du 11 septembre ont représenté, avec l’argent procuré par les accords saoudo-britanniques sur des livraisons militaires contre pétrole (contrat Al Yamamah, signé en 1985 entre BAE Systems et le royaume saoudien), le passage à cette phase terroriste violente. Les preuves existent du financement par le prince Bandar et son épouse de terroristes directement impliqués par les attentats. Un prince Bandar ayant fait ses études à Sandhurst et proche de Margaret Thatcher et des services britanniques. A Hong Kong aujourd’hui, les autorités britanniques ont tout fait pour provoquer un dérapage, y aidant les activistes et exigeant d’y enquêter sur place.

Enfin, c’est au Tavistock Institute de Londres que les études ont été entreprises pour mesurer les points de rupture d’êtres humains soumis à des tensions insoutenables. Sir Rawling Rees, assurait qu’il « est possible d’imposer à une population adulte un état émotionnel comparable à celui d’enfants névrosés ». Kurt Lewin, son directeur à partir de 1932, se spécialisa dans les études de « programmation » puis de « déprogrammation », avant de passer aux travaux pratiques. Ainsi, comment créer « l’environnement qui brise les résistances psychologiques des individus pour les amener à accepter des tâches qu’autrement ils auraient rejetées ». Ce freudisme dévoyé s’est étendu à toutes les agences anglaises et américaines de renseignement pour y former les idiots utiles du terrorisme en jouant sur leur « terreur identitaire » et « divisant pour régner ».

Tant que nous n’aurons pas mis fin à cette conception de l’être humain considéré comme étant défini par ses perceptions et soumis à des expériences manipulatrices, nous n’aurons pas mis fin au terrorisme. Et les fourmis rouges continueront à se précipiter contre les fourmis noires, sans qu’on puisse retrouver un vouloir vivre en commun dans la détente, l’entente et la coopération. Espérons que les pays des BRICS aient ouvert la voie vers ce vouloir vivre et que nous serons capables de devenir leurs partenaires.
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