La relation entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite est-elle en voie de désintégration ?

Hall GARDNER

Hall Gardner est professeur et directeur du Département de politique internationale et de politique comparée à l’Université américaine de Paris.

Mars 2016

Les relations USA-Arabie Saoudite peuvent être qualifiées par l’abus et la manipulation mutuelle mais accompagnées de méfiance réciproque. Le discours s’interroge si ces relations ont commencé à se détériorer suite aux attentats du 11 septembre 2001 et en raison de l’approchement irano-américain. Ajoutons à cela, la différence entre l’approche américaine et l’approche saoudienne en ce qui concerne la guerre mondiale contre le terrorisme. La politique Saoudienne qui poursuit son soutien aux fac­tions socio-politique wahhabites dans le Grand Moyen-Orient ne convient plus aux États-Unis. La nouvelle guerre des prix et les rivalités qui résultent de la concurrence du pétrole de schiste américain dans le marché pétrolier couplées avec l’absence de vraies réformes et la violence permanente des droits de l’homme mène certainement a une possibilité d’instabilité socio-économique et politique au sein du Royaume lui-même.

La relation des États-Unis avec l’Arabie Saoudite est souvent décrite

comme une relation d’échange de « pétrole de haute qualité contre des armes amé­ricaines sophistiquées », mais pour être plus précis, cette relation peut être qualifiée par l’utilité réciproque et la manipulation mutuelle qui ne manquent point de soup­çons réciproques.

D’une perspective politico-économique, il est évident que le pétrole et la muni­tion ont un rôle majeur, mais les facteurs géostratégiques et idéologiques restent plus décisifs. Il existe sans doute de très grandes divergences dans leurs visions et approches, leurs stratégies régionales et mondiales ainsi que dans leurs intérêts géos­tratégiques et ce malgré l’effort que font ces deux alliés pour apparaître en public unifiés.

Les désaccords entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite semblent devenir de plus en plus amples même après la formation d’une forte coalition internationale contre l’État islamique et cela nous conduit à nous demander si la forte relation d’an-tan ne commerce pas à se dégrader.

La relation États-Unis-Arabie Saoudite s’est beaucoup développée après la ré­volution iranienne de 1979, les deux pays espéraient contenir le communisme et l’influence iranienne dans le grand Moyen-Orient qui s’étend de l’Afrique du Nord jusqu’au Golfe Arabo-persique, l’Afghanistan et l’Asie centrale. Jusqu’en 1979, les États-Unis pouvaient compter sur ses alliés du triangle stratégique composé d’Israël, de l’Iran et de l’Arabie Saoudite pour stabiliser la région et contenir l’expansion soviétique. Mais après la chute du régime du Shah et l’imposition de sanctions économiques contre la république islamique d’Iran qui l’avaient évincée, les États-Unis se sont encore plus rapprochés de l’Arabie Saoudite, obligeant l’Iran à se jeter dans les bras de la Russie.

Toutefois, les États-Unis et les saoudiens n’ont jamais été d’accord sur la ma­nière de gérer cette situation, car les actions de Riyad allaient toujours au-delà des objectifs américains. Washington visait à soutenir Riyad pour consolider le militan­tisme islamiste contre l’Union soviétique lorsque Riyad visait à son tour à contrôler tout le Moyen-Orient par le biais de ces groupes.1
La reconnaissance saoudienne du régime des talibans, n’était pas perçue favo­rablement par les États-Unis. Une fuite d’information révèle selon Hillary Clinton que Riyad finance un certain nombre de partis islamistes qui sont en rivalité contre d’autres et contre certains partis laïques, ce qui a éventuellement contribué aux attentats de Bengazi et à l’assassinat de l’Ambassadeur américain.

Les Saoudiens conçoivent la pression exercée par les États-Unis contre leur régime, comme une provocation afin d’adopter des réformes démocratiques et sociales en vue d’améliorer la condition de la femme, par exemple ou comme une sorte de défi de légitimation malgré les réformes en cours. Ce qui est perçu par l’Arabie Saoudite comme étant des agressions de l’intérieur comme de l’extérieur.

À l’intérieur, le royaume fait déjà face à Al-Qaeda et aux mouvements shiites soutenus par l’Iran et situés principalement dans d’al-Hasa, la province étant riche en pétrole. Riyad considère qu’elle est aussi en conflit avec une autre opposition qui se compose de mouvements islamistes tels les frères musulmans et ce surtout durant le printemps arabe malgré que les rapports avec les frères se soient améliorés sous le règne du roi Salman, après le décès du roi Abdalla fin 2015. Ajoutons à cela, les déclarations d’opposition ferme par l’État islamique contre le Royaume en 2015.

À l’extérieur, Riyad se voit dans une guerre de substitution comprenant l’Iran et son compagnon irakien. L’Iran est accusé de soutenir les rebelles shiites, les Houthis au Yémen. La victoire des Houthis veut dire la perte de contrôle sur Bab-al-Mandab, détroit stratégique dans la mer rouge qui relie l’océan indien au Canal de Suez. En même temps, Al-Qaeda de la péninsule arabe qui maintient une vaste présence dans toute la région de Aden, et qui contrôle la majeure partie de la province de Hadramaout au Sud, a aussi fait des percées significatives au Yémen.

Mais ce qui reste le plus problématique pour Riyad, c’est le rapprochement récent entre le gouvernement d’Obama et l’Iran, son principal rival dans la ré­gion, dans une volonté de limiter l’influence des trois grandes puissances régionales – pratiquement la même stratégie appliquée pendant la guerre froide – mais dans un contexte bien différent.

Dans ce contexte-là, la grande question est de savoir si les États-Unis pour­ront vraiment maintenir l’équilibre ou seront plutôt contraints à soutenir un parti contre l’autre. Cela provoque sans doute les inquiétudes de Riyad.

Le grand Moyen-Orient est aujourd’hui beaucoup plus instable que pen­dant la guerre froide, cela est dû à l’effondrement de l’union soviétique et puis au développement des zones à risque et à l’apparition des acteurs transnationaux, tels qu’Al-Qaeda et l’État islamique. Et enfin, l’éclatement du « printemps arabe » a encore déstabilisé la Tunisie, l’Égypte et la Libye après le renversement de leurs gouvernements autoritaires pro-occidentaux.

Sans oublier, le rôle important que joue aujourd’hui la Turquie au Moyen-Orient, rôle qu’elle n’a pas pu jouer pendant la guerre froide tandis que la Russie est intervenue qu’en septembre 2015.

L’entrée de la Russie dans le jeu de rapport de forces après le 9 septembre 2015 a soulevé l’interrogation sur une probable confrontation entre d’une part Washington et ses alliés européens, turcs et saoudiens, d’autre part Moscou, l’Iran, et la Syrie. (Cela s’avère pertinent et s’est particulièrement traduit par la décision de la Turquie membre de l’OTAN d’abattre un avion de chasse russe en novembre 2015 qui avait brièvement pénétré son espace aérien). Mais l’on se demande aussi s’il n’y aura pas une forme de coopération entre ces deux superpuissances pour empêcher une conflagration régionale ou voir mondiale ?

Le problème est que ce rapprochement — et à la limite — d’un point de vue saoudien n’a pas essayé de limiter l’influence iranienne au Yémen, au Liban, en Irak ou en Syrie, ni même inspecter le programme de missiles iraniens. La déclara­tion des Gardiens de la révolution en début mars 2016, d’avoir testé des missiles de moyenne gamme a provoqué les inquiétudes d’Israël et de l’Arabie Saoudite2. Cet évènement, a certainement augmenté les tensions irano-saoudiennes qui ne parviennent plus à se réconcilier, même avec l’imposition de sanctions sévères par les États-Unis contre des individus et des entreprises iraniennes impliqués dans le financement du programme de missiles.

L’autre danger à craindre est la polarisation d’une confrontation sunnite-chiite, compliquée par les hostilités entre groupes armés sunnites.

Cette polarisation se traduit par la condamnation de l’ensemble des pays composant le conseil de coopération de Golfe (GCC) visant le Hezbollah en le qualifiant d’organisation terroriste qui cherche à isoler le Liban. L’implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, au Yémen et en Irak étant perçue comme une menace pour la sécurité nationale de ces États.3 Ce qui peut aggraver les confron­tations régionales.

Il me parait pertinent de souligner que malgré que l’Arabie Saoudite ait officiel­lement soutenue la coalition dirigée par les États-Unis pour renverser le régime en Irak en 2003, elle s’est totalement opposée par la suite à la politique américaine menée dans ce pays après l’exécution de Saddam Hussein et accuse que cette poli­tique favorise le contrôle du pays par l’Iran.

En 2005, le Prince Saud Al Faisal avait déclaré : « Les iraniens contrôlent maintenant le gouvernement irakien, versent de l’argent, mettent en place des forces policières et des milices pour renforcer leur influence et ils sont soutenus par les forces américaines et britanniques dans la région… On remet sans motif l’ensemble du pays à l’Iran. »4

S’opposer à l’influence iranienne en Irak et dans les autres pays pétroliers est de­venu la préoccupation majeure de l’Arabie Saoudite et des États arabes du Conseil de coopération du Golfe. Cela se traduit par l’opposition ferme des partis sunnites panislamiques et des organisations qui sont probablement financées et soutenues par les États arabes, aux gouvernements d’Al-Maliki en Irak et de Bachar Al-Assad en Syrie.

Ces groupes comprennent les fils de l’Irak ou l’éveil islamique et les autres mouvements islamistes tel que les frères musulmans,5 le front Al Nosra et maintenant, l’État islamique, qui s’opposent à l’Iran ainsi qu’à la monarchie saoudienne « corrompue » en l’accusant d’être l’alliée d’Israël. L’Arabie Saoudite considère à son tour que l’État islamique sert les intérêts israéliens dans la région.6

Du côté iranien, on compte actuellement au moins une douzaine de milices chiites dont la Renaissance islamique qui se battent à côté du Peshmerga kurde et des forces de coalition appuyées par les États-Unis, contre l’État islamique en Irak et en Syrie. Cela pourra conduire ces factions qui ne sont peut-être pas sous le contrôle de Téhéran à occuper une partie du territoire irakien. Ce qui peut renfor­cer le mépris de l’État islamique et des aspirations pan-sunnites.7

Tout cela avec en particulier le rapprochement diplomatique entre Washington et Téhéran qui s’est traduit récemment par la livraison d’environ 100 milliards de dollars d’actifs financiers iraniens gelés, inquiète Riyad.

Washington soutiendrait aussi et secrètement les milices iraniennes et irakiennes contre l’État islamique et le front d’Al-Nosra vu que les forces gouvernementales irakiennes, sont mal entrainées. D’autre part, le Hezbollah est également engagé dans la bataille à Alep et partout en Syrie.

La croissance de l’influence iranienne dans la région avec son appui à côté des forces russes à Bachar Al-Assad, a suscité une alliance turco-saoudienne qui s’est traduite par une coopération en Syrie et au Yémen. Tous deux ont convenu de for­mer un nouveau conseil de coopération stratégique qui vise une coopération écono­mique, politique, en matière de défense et de sécurité, d’éducation et de santé. La Turquie a également accepté de joindre la coalition islamique anti-terroriste qui a été déclarée par le ministre de la défense saoudien en Décembre 2015.

Malgré son intervention militaire coûteuse au Yémen, l’Arabie Saoudite a engagé sa Royal Air Force (Armée de l’air royale) dans les opérations militaires en Irak et a envoyé des avions militaires à Incirlik, base aérienne turque. Plus significatif encore, Riyad a déclaré qu’elle est prête à déployer des troupes sur le territoire syrien si la coalition dirigée par les États-Unis accepte sa décision.8

En réponse à cette proposition, Moscou a averti que n’importe quelle inter­vention de troupes étrangères risque de conduire à une guerre mondiale. Selon les observateurs russes, l’objectif de l’Arabie Saoudite est d’assurer une couverture aux milices anti-Assad.9

En outre, les Turcs ont concentré leurs attaques contre les milices Kurdes soute­nues par les États-Unis, et ce même pendant le cessez-le-feu proclamé par les États-Unis et la Russie en février 2016.10 En effet, Ankara s’inquiète énormément des mouvements indépendantistes kurdes qui troubleraient son intégrité territoriale.

Le problème est que Riyad et Ankara s’opposent contre l’appui russe et iranien pour le régime de Bachar Al-Assad, cette réalité rend toute solution politique de plus en plus difficile tant qu’Assad n’intègre pas un asile politique en Russie ou un autre pays, ce qui pourrait assurer un certain contrôle russe sur la Syrie.11

L’intervention militaire russe dans le conflit vise à soutenir principalement les forces gouvernementales syriennes contre l’État islamique et les autres groupes armées pour recontrôler le territoire. La Russie avait précisé auparavant que ces groupes étaient actifs près de Khmeimin, sa base aérienne située à Lattaquié au Nord près de la frontière turque ainsi que près de sa base navale de Tartous. Elle a menacé la Turquie et ce en bombardant des villages Turkomans en Syrie et en pénétrant parfois l’espace aérien turc. L’administration Obama avait à son tour noté qu’il était fort probable que les groupes opposant le régime puissent collaborer avec le front Al-Nosra ou l’État islamique.

Moscou est conscient que les escalades de tensions pourraient amener à une guerre contre la Turquie — peut être même contre l’OTAN — mais poursuit son sou­tien au régime afin de maintenir son influence dans la région. Moscou mise peut être aussi sur le potentiel de résistance des groupes islamistes qui ont récemment perdu 20 % de leur territoire en Irak et en Syrie. Moscou craint en effet, l’effondrement du régime syrien, ce qui peut avoir comme conséquence la déstabilisation de la région Nord du Caucase, ce en faveur des groupes sunnites extrémistes qui attireront alors les mouvements panislamistes à l’intérieur du territoire russe et en Asie centrale.

Si toutefois, une solution politique intervient en ce qui concerne le sort d’Assad, il sera possible de réduire les tensions dans toute la région, y compris au Liban, en Irak, et au Yémen. Une telle possibilité exigera un véritable consensus américain, européen et russe et une volonté unanime pour atténuer les conflits turcs, saoudiens et iraniens à tout moment. Il est fort possible que des acteurs régionaux qui ont beaucoup à perdre de la rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran jouent le rôle de médiateurs.

Depuis que Washington s’est rapproché du régime iranien, elle cherche paral­lèlement à renforcer ses rapports militaires avec l’Arabie Saoudite et les autres États arabes du Golfe arabo-persique, en premier lieu pour combattre l’État islamique. Cela se traduit par la mise en place d’un nouveau partenariat stratégique avec le Conseil de coopération du Golfe à la suite du sommet de Camp David qui a eu lieu en mai 2015.12 Pourtant et malgré les promesses de coopération de mai-juin 2015, la réalité semble beaucoup plus complexe, il existe des tensions conséquentes parti­culières qui ne sont pas ouvertement manifestées entre ces deux alliés.

Il existe en premier lieu de vraies inquiétudes en ce qui concerne la stabilité poli­tique du Royaume et les désaccords fondamentaux au sein de la famille royale. Les critiques soulevées contre le roi Salman et son député le prince héritier Mohamad bin Salman suite à la mort du roi Abdullah en janvier 201513 en témoignent de ces désaccords. De plus, le roi a décidé de remplacer le Prince Muqrin en tant que Prince héritier, par Mohamad ben Nayef. Compte tenu de l’âge du roi Salman, qui est de 81 ans, il est fort probable qu’une crise de succession politique s’installera dans la région : après Moubarak en Égypte, Ben Ali en Tunisie, Qaddafi en Lybie, l’Arabie Saoudite ne sera-t-elle pas la prochaine victime d’une crise semblable ?

Dans un second temps, les États-Unis poussent constamment le Royaume à maintenir des réformes, dont une libéralisation économique vu la dépendance majeure du Royaume au rendement pétroliers. La nouvelle stratégie saoudienne cherche à « tuer » les producteurs américains de pétrole de schiste en imposant une concurrence pure et parfaite dans le marché pétrolier et cherche aussi à saper le producteur russe et iranien par l’effondrement des prix de pétrole. Le rabaissement des prix du pétrole a sans doute nuit aussi à l’économie saoudienne qui a du mal à maintenir ses propres parts de marché, en préparant le retour éventuel de l’Iran et de l’Irak sur le marché pétrolier mondial. Avec l’implantation de nouvelles entreprises multinationales, les deux pays pourront commencer à augmenter leur taux de pro­duction malgré le surplus de pétrole mondial actuel.

Pour sa part, l’Irak cherche à tripler sa production d’ici 2020. En coopérant ensemble, ces deux pays cherchent à détrôner d’ici cinq ans, l’Arabie Saoudite, prin­cipal joueur qui monopolise les prix de pétrole au cartel de l’OPEP. Cela parait plausible vu que ces deux pays détiennent ensemble une réserve plus importante que celle de l’Arabie Saoudite.14 Mais compte tenu de l’apparition de substituts pétro­liers alternatifs et des énergies renouvelables, le futur est fortement imprévisible.

Riyad a fait des pronostiques sur la base d’un baril de pétrole à 90 dollars. Vers la mi-janvier 2016, les prix ont chuté au dessous de 30 dollars le baril. Mais ce qui a provoqué plus encore la colère de Riyad est le rapprochement occidental avec l’Iran et la levée des sanctions contre celui-ci.15

Le besoin de Riyad d’assurer les besoins de ses citoyens surtout en matière d’éner­gie signifie que le pays pourra devenir importateur de pétrole en 2030, cela s’avérait un véritable désastre si le Royaume ne parvenait pas à libéraliser son économie qui dépend de 80 à 90 % du rendement pétrolier.16

Cependant et avant l’entrée de l’Iran et de l’Irak sur le marché mondial, l’Arabie Saoudite et la Russie se sont mis d’accord avec le Venezuela en février 201617 pour augmenter les prix de pétrole en gelant la production. Mais en prenant en considé­ration le conflit Syrien, on peut se demander si Riyad et Moscou ne pourraient pas s’arranger sur le sort d’Assad afin d’atteindre un compromis pétrolier.

Troisièmement, la chute des prix du pétrole mondiale jusqu’en février 2016, pourrait provoquer le risque d’insurgées voir d’actes terroristes à l’intérieur du Royaume et des autres États Arabes du Conseil de coopération du golfe.

Le déficit budgétaire de Riyad en 2016 remonte à 326 milliards de riyals saou­dien, ce qui équivaut à $86,9 milliards. 840 milliards de riyals (224 milliards de dollars) de dépenses, contre un revenu de 513 milliards de riyals (137 milliards de dollars). La plus grande part des dépenses est réservée aux budgets militaires et sécu­ritaires. Cela fait l’objet d’une augmentation de plus de 25 % par rapport à l’année 2015.

Les dépenses sécuritaires de Riyad pourraient atteindre plus de 62 milliards de dollars en 2020, cela est certainement dû à son intervention militaire dans la région. Les dépenses sécuritaires de Riyad avaient augmenté de 19 % chaque année depuis le début du printemps arabe, cela est certainement dû à son inquiétude face aux menaces internes et externes comme mentionnés la haut.18

Les subventions énergétiques ont été estimées entre 10 à 20 % du PIB saoudien, il y a aussi des subventions supplémentaires pour la nourriture, le logement, l’eau et d’autres biens de consommation.

Le ministère des finances a conseillé les autorités gouvernementales de ré­duire les dépenses visant de nouveaux projets. Une augmentation de 5 % de la TVA doit être mise en place début de 2016. Une hausse des prix de pétrole est aussi prévue en parallèle avec l’imposition de nouvelles taxes sur différents services couplée avec la levée des subventions sur un nombre considérable de produits.

Pour combler ses déficits, le Royaume avait récemment emprunté entre 6 et 8 milliards de dollars américain.19

L’enjeu ici est le suivant : la réduction sévère des subventions budgétaires ne pourra-t-elle pas conduire à une contestation populaire ? Les personnes de moins de 30 ans composent les deux tiers de la population sur une totalité d’environ 30,8 millions de saoudiens. Plus de 30 % des individus âgés de 15 à 24 ans sont au chômage ou exercent des métiers serviles. On estime que 37 % des saoudiens sont âgées de moins de 14 ans. Il existe des rapports non confirmés sur des taux de pauvreté très élevé qui peuvent atteindre plus de 25 % de la population.

Pour échapper à une véritable crise, le Royaume devra créer d’ici 2020 au moins 3 millions de nouveaux emplois.20 Cela nécessite cependant une réévaluation ma­jeure de la situation économique interne mais les réformes semblent toujours loin d’être mises en place surtout quand les dépenses militaires de Riyad continuent à peser lourd sur son budget.

Quatrièment, l’intervention saoudienne au Yémen contre l’insurrection chiite des Houthis, et qui est considérée par Riyad comme un soutien apporté à l’ancien président Ali Abdullah Saleh, s’avère être une vraie catastrophe politique et une crise humanitaire qui peut se transformer en une source de dissension interne.21 Le problème majeur c’est qu’il n’existe pas de stratégie claire ou de plan de sortie quand l’intervention est sanglante et implique une crise humanitaire majeure qui a provoqué de fortes critiques internationales et qui a bouleversé la population saoudienne qui ne comprend pas pourquoi leur pays s’implique dans une guerre atroce contre l’un des pays les plus pauvres du monde arabe.22

Le ministre des affaires étrangères saoudien, Mr. Adel Al-Jubeir, qui n’est pas membre de la famille Al-Saoud, a récemment déclaré que le Royaume souhaite une solution politique au Yémen. À cet effet, il a appuyé les efforts de Mr. Ismail Ouldcheikh pour résoudre la crise selon la résolution 2216 de l’ONU sur laquelle la Russie s’était abstenue.23 Et ce n’est que récemment que l’Arabie Saoudite s’est engagée dans des résolutions diplomatiques, ce qui implique et contrairement à ce qu’elle avait promis un échec dans sa guerre au Yémen.

Par contre, la stratégie iranienne semble plutôt mettre le feu sur l’huile et ne pas se laisser faire ou s’impliquer complètement et ce malgré les accusations saoudiennes que l’Iran est derrière toute cette guerre. Pour leur part, les houthis apparaissent au moins à l’heure actuelle prêts à négocier la paix avec les dirigeants saoudiens et la coalition appuyée par les États-Unis.24

Cinquièmement, dans un contexte d’instabilité prolongée au Moyen-Orient et à côté de la guerre extrêmement destructive au Yémen, il existe une vraie crise sociale, morale et politique au sein du Royaume. Comme j’ai déjà mentionné dans une conférence précédente au sein de l’académie de géopolitique de Paris, il sera difficile pour les dirigeants saoudiens de réconcilier entre les exigences internes pour effectuer des réformes sociales et politiques et qui seraient totalement légitimes par rapport aux pressions qu’essaye d’exercer l’Iran régionalement pour ne servir que ses propres intérêts de court et de long termes alors qu’accusé de violations des droits de l’homme.25

Dans cette perspective, il ne sera pas du tout surprenant que l’Arabie Saoudite procède à l’exécution de 47 personnes dont la plupart sont des membres d’Al-Qaeda détenus depuis dix ans lorsque Ben Laden avait tenté de renverser la monarchie.26 Riyad a exécuté dans un seul jour un nombre de personnes, supérieur au total des exécutions aux États-Unis en un an.

Quatre chiites saoudiens ont également été exécutés. Ces derniers ont été accu­sés d’incitation à la violence dans la province Est riche en pétrole. Le cas le plus contestable est celui du Cheikh Nimr Baqr Al-Nimr, accusé de terrorisme. Nimr avait participé à des manifestations antigouvernementales, qui ont appelé aux élections démocratiques et avait également revendiqué plus de droits pour les minorités chiites en Arabie Saoudite. Il était aussi accusé de prôner la sécession de la province Est avec l’appui iranien.27 28
Il semble encore que l’exécution de militants chiites a exacerbé les tensions et la polarisation sunnite-chiite. L’exécution du clerc chiite Cheikh Al-Nimr a provo­qué une vague de contestations violentes en Iran, en Irak, au Liban, à Bahreïn, au Pakistan et au Yémen.29 L’Iran, tout comme les houthis ont promis de se venger, et ont lancé des assauts contre l’ambassade saoudienne à Téhéran.

Sixièmement, il existe des inquiétudes de désintégration du Royaume, prove­nant de l’émergence de l’État islamique et d’Al-Qaeda qui ont des bases dans le nord et dans le sud à l’intérieur du territoire saoudien, en plus du soutien iranien aux mouvements sécessionnistes chiites dans la province orientale. En 2015, Abou Bakr Al-Baghdadi, soi-disant « calife » de l’État islamique avait appelé au renverse­ment du régime Al-Saoud et a ajouté que Riyad était secrètement allié a Israël, alors que Riyad à son tour les accuse d’être des soldats israéliens.

Comme mentionné précédemment, une des raisons principales qui a abouti à l’exécution du Cheikh Nimr Al Nimr, est ses ambitions séparatistes pour former un État indépendant de majorité chiite dans la province Est, Al-Hasa,30 province riche en hydrocarbure : ceci représente une très grande menace pour l’Arabie Saoudite et son allié le Bahreïn, justifiant le déploiement de troupes saoudiennes, suite à l’éclatement du printemps arabe.

Malgré les efforts saoudiens pour effectuer quelques réformes, un grand nombre d’Américains pense que le gouvernement était responsable de plusieurs atten­tats terroristes ou qu’à la limite, les services de renseignement saoudiens étaient au courant de certains attentats qui ont eu lieu mais n’ont rien fait pour prévenir les États-Unis ou d’autres pays. Ce qui est encore plus surprenant, des représentants politiques américains ont accusé l’Arabie Saoudite d’avoir financé ou à la limite d’avoir été au courant des attentats du 11 Septembre 2001.

Comme je l’ai déjà signalé dans mon chapitre : Les États-Unis et l’Arabie Saoudite : vers un consensus des droits de l’homme ? écrit pour l’ouvrage de l’Acadé­mie de Géopolitique de Paris : Les Droits de l’homme en Arabie Saoudite (Paris 2012), en Février 2012 deux anciens sénateurs, Bob Kerry et Bob Graham ont porté plainte contre l’Arabie Saoudite, en accusant des agents saoudiens dans les attentats du 11 Septembre 2001.31

Cette affaire n’a jamais été résolue. Il y a 28 pages qui manquent dans le rap­port d’enquête qui a été effectué par la commission d’investigation conjointe sur les attentats du 11 septembre : ces pages expliciteraient l’implication financière de l’Arabie Saoudite dans les attentats du 11 Septembre 2001.

Trois ans plus tard, le 7 janvier 2015, des membres du Congrès, Walter Jones et Stephen Lynch et un ancien sénateur Bob Graham, ont promu la mise en place de la résolution 14.32 Une fois adoptée, cette résolution invite le président à déclas-sifier les conclusions des 28 pages et du soutien des gouvernements étrangers aux attaques du 11 Septembre 2001. Cependant l’administration Obama a inexplicablement reporté la délibération des 28 pages.

En janvier 2015, Walter Jones de la Chambre des représentants a déclaré, qu’à l’instar de la tragédie de Charlie Hebdo en France, il n’etait pas possible pour une nation de se défendre tant qu’elle ne connaissait pas la vérité.33 Le candidat à la présidentielle Donald Trump a récemment promis la délibération des 28 pages secrètes. En 2003, Hillary Clinton a demandé au président George W. Bush par le biais d’une lettre la délibération des 28 pages mais en sa qualité de candidate présidentielle elle a préféré garder le silence sur ce sujet. Le sénateur « liberatarian », Rand Paul avait à son tour proposé une nouvelle législation qui incitait le président à publier ces 28 pages.

Les soupçons contre l’Arabie Saoudite n’ont cessé de croître malgré les efforts du gouvernement de se distinguer ou de se mettre à distance par rapport à Ben Laden, (qui avait déjà été mis à mort sous l’administration Obama en mai 2011), et aux différentes factions d’Al-Qaeda qui s’opposent également à la famille royale. La question soulevée ici c’est de savoir si les attentats du 11 Septembre 2001 qui ont impliqué grand nombre de saoudiens n’ont pas aussi rendu l’obtention des visas plus difficile pour les citoyens saoudiens.

Washington est aussi concernée par le soutien continuel qu’apportent de riches saoudiens à divers groupes islamistes armés (y inclus l’État islamique et le front Al-Nosra). Ces préoccupations ont soulevé le scepticisme américain en ce qui concerne la politique du royaume, même si le gouvernement ne semble pas être directement impliqué. Ce scepticisme a gagné un soutien aux États-Unis bien que le gouver­nement ait essayé de réaffirmer le profond lien avec l’Arabie Saoudite et d’encen­ser la coopération des deux pays pour combattre l’extrémisme violent comme par exemple lors du forum qui s’est déroulé en mai 2015 sur la coopération stratégique.

Cependant et au lieu de se figer dans le passé, et de se demander si l’Arabie Saoudite a véritablement soutenu Ben Laden, le gouvernement américain doit plu­tôt trouver un moyen pour empêcher l’embrasement du « Grand Moyen-Orient ». Quel que soit le pays qui a aidé à la création de l’État islamique – ce qui peut même impliquer Washington –34 il est crucial que les américains, les européens, et les Russes coopèrent avec la Turquie, l’Arabie Saoudite ainsi que l’Iran pour calmer tous les partis en espérant que les états régionaux comme l’Oman et le Qatar qui ont tout à perdre de n’importe quel conflit qui pourrait surgir entre les puissances régionales, puissent aussi participer à la médiation.

Le discours officiel qui s’est tenu en mai 2015, lors du sommet sur la coopé­ration stratégique entre les États-Unis et les pays membres du GCC a confirmé la volonté de ces pays de coopérer pour contrecarrer les activités iraniennes qui visent à déstabiliser la région et a souligné la nécessite pour  l’Iran de s’engager dans la région par les moyens pacifiques et selon les principes de bon voisinage, de non-ingérence, et de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays voisins confor­mément au droit international et à la charte de l’Organisation des nations unies.

Le problème est cependant qu’il faudrait beaucoup d’effort pour arriver à une véritable concertation – et en ne désignant pas uniquement l’Iran – et de s’engager dans une paix non seulement au grand Moyen-Orient mais aussi entre les grandes puissances.

Notes

  1. Hillary Clinton in 2009 : « … Saudi Arabia remains a critical financial support base for al-Qaida, the Taliban, LeT and other terrorist groups. »http://www.theguardian.com/world/2010/dec/05/ wikileaks-cables-saudi-terrorist-funding On Libya, see also leaks published by RT: https://www. rt.com/usa/complete-emails-guccifer-clinton-554/
  2. Wall Street Journal (March 10, 2016), A4.
  3. In 2013, the GCC had already imposed sanctions on Hizb’allah in response to the group’s involvement in Syria’s ongoing civil war, due to its support for the Assad regime, but the March 2016 declaration goes a step further. For its part, Hizb’allah continues to denounce Saudi military intervention in Yemen and argues that the cutting of Saudi funding for the Lebanese military and other sanctions on Lebanon constitute « collective punishment ». http://www. net/news/arab-league-declares-hezbollah-terrorist-group-2032434298; http://www.arabnews.com/featured/news/889141?quicktabs_stat2=0
  4. Prince Saud Al-Faisal, « The Fight against Extremism and the Search for Peace, » Council on Foreign Relations,http://www.cfr.org/radicalization-and-extremism/fight-against-extremism-search-peace-rush-transcript-federal-news-service-inc/p8908. See also, Toby C. Jones, in Iraq, its Neighbors and the United States, Henri J. Barkley, Scott B. Lasensky, Phobe Marr, Washington, DC, US Institute for Peace, 2011, Chapter 4.
  5. Hall Gardner, Averting Global War, New York, Palgrave-Macmillan, 2010, Chapter 4.
  6. http://english.alarabinet/en/News/middle-east/2015/12/28/Saudi-Grand-Mufti-Islamic-alliance-will-defeat-ISIS-.html
  7. Hall Gardner, « Hybrid Warfare: Iranian and Russian Versions of « Little Green Men » and Contemporary Conflict » http://www.ndc.nato.int/news/news.php?icode=885
  1. http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/02/turkey-visit-saudi-arabia-economy-political-partnership.html
  2. http://tass.ru/en/opinions/854880
  3. Wall Street Journal (February 15, 2016), A1-A2.
  4. Hall Gardner, Crimea, Global Rivalry and the Vengeance ofHistory (New York: Palgrave-Macmillan, 2015) ; Jeremy Shapiro, « The Right Way to Think about the Syria Talks » Foreign Affairs (February 8, 2016)

https://www.foreignaffairs.com/articles/syria/2016-02-08/right-way-think-about-syria-talksHall

  1. https://www.whitehouse.gov/the-press-office/2015/05/14/us-gulf-cooperation-council-camp-david-joint-statement
  2. The letters of an anonymous Prince allege that King Salman and Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman have being been pursuing dangerous policies that are leading the country to political, economic, and military ruin. In an interview with the Guardian, the prince insisted that his demand for a change in leadership not only had growing support within the royal family but across broader Saudi society as well. http://www.theguardian.com/world/2015/ sep/28/saudi-royal-calls-regime-change-letters-leadership-king-salman
  3. http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/energy/10601899/Iraq-and-Iran-plot-oil-revolution-in-challenge-to-Saudi-Arabia.html;

http://www.brookings.edu/research/opinions/2015/12/30-saudi-arabia-economic-time-bomb-alkhatteeb

  1. http://www.theguardian.com/world/2016/jan/16/iran-prepares-for-lifting-of-sanctions-and-the-end-of-decade-long-isolation

http://www.wsj.com/articles/saudi-arabia-maintains-spending-plans-in-2015-despite-oil-slide-1419507064;

  1. http://www.bbc.com/arabic/business/2016/01/160115_oil_decline
  2. http://foreignpolicy.com/2015/10/07/will-the-united-states-help-if-saudi-arabia-starts-to-fall-apart/

http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-02-16/saudi-arabia-and-russia-agree-oil-output-freeze-in-qatar-talks

  1. http://www.brookings.edu/research/opinions/2015/12/30-saudi-arabia-economic-time-bomb-alkhatteeb;

http://www.economist.com/news/leaders/21685450-desert-kingdom-striving-dominate-its-region-and-modernise-its-economy-same

Wall Street Journal (March 10, 2016), B5.

  1. Wall Street Journal (March 10, 2016), B5.
  2. http://news.yahoo.com/united-states-help-saudi-arabia-192926234.html?soc_ src=mediacontentstory&soc_trk=fb

http://english.alarabiya.net/en/business/economy/2015/10/15/Saudi-Arabia-launches-committee-to-tackle-unemployment.html

  1. http://foreignpolicy.com/2015/10/07/will-the-united-states-help-if-saudi-arabia-starts-to-fall-apart/
  1. http://www.theguardian.com/world/2015/sep/28/saudi-royal-calls-regime-change-letters-leadership-king-salman;

http://news.yahoo.com/united-states-help-saudi-arabia-192926234.html?soc_ src=mediacontentstory&soc_trk=fb

  1. http://www.un.org/press/en/2015/sc11859.doc.htm
  2. Wall Street Journal (March 10, 2016), A4.
  3. Hall Gardner, « The US and Saudi Arabia » in Saudi Arabia, written for the Académie de Geopolitique de Paris, in Les Droits de l’Homme en Arabie Saoudite (Paris 2012)
  4. http://english.alarabiya.net/en/News/middle-east/2016/01/02/Saudi-interior-ministry.html. Before the executions, the Saudi Interior Ministry, led by Crown Prince Mohammed bin Nayef, conducted an extensive public relations campaign to remind Saudis and others of the brutal battle with al-Qaeda 10 years ago.
  5. http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/01/saudi-arabia-iran-execution-nimr-al-nimr-concerns-stability.html
  6. https://twitter.com/vali_nasr/status/683334445294718976; http://www.vox.com/2016/1/4/10708682/sunni-shia-iran-saudi-arabia-war
  7. One Saudi Shiite prisoner not executed is Ahmed Ibrahim al-Mughassil who led the 1995 attack on US Air Force personnel at Khobar, in Eastern Province, that killed 19 and wounded 372 Americans. Mughassil is a senior leader of the Saudi Hezbollah group, which is closely linked to both Iranian intelligence and Lebanese Hezbollah. http://news.yahoo.com/united-states-help-saudi-arabia-192926234.html?soc_src=mediacontentstory&soc_trk=fb
  8. http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/01/saudi-arabia-iran-execution-nimr-al-nimr-concerns-stability.html
  9. Eric Lichtblau, « Saudi Arabia May Be Tied to 9/11, 2 Ex-Senators Say » New York Times

(February 29, 2012)

http://www.nytimes.com/2012/03/01/us/graham-and-kerrey-see-possible-saudi-9-11-link. html

  1. Resolved, That it is the sense of the House of Representatives that—(1) the President should declassify the 28-page section of the Joint Inquiry into Intelligence Community Activities Before and After the Terrorist Attacks of September 2001; and (2) the families of the victims and the people of the United States deserve answers about the events and circumstances surrounding the September 11, 2001, attacks upon the United States.
  2. http://28pages.org/2015/01/10/jan-7-h-res-14-press-conference-full-video-and-transcript/
  3. Daesh may even have been given birth by Washington itself, given the statement by the former US Director of Defense Intelligence, Michael Flynn, that the creation of a « salafist principality » (which could include Daesh or other groups) in eastern Syria was a « willful act » by Washington, then supported by the Europeans, Arab Gulf states and Turkey, to combat Syrian leader Al-Assad. In any case, the conflicting sides have accused each other of continuing to support Daesh or else not doing enough to cut off its finances or to destroy it. See http://levantreport. com/2015/05/19/2012-defense-intelligence-agency-document-west-will-facilitate-rise-of-islamic-state-in-order-to-isolate-the-syrian-regime/. See also, Hall Gardner, « The Russian Annexation of Crimea: Regional and Global Ramification » in Ukraine in Crisis, European Politics and Society (vol. 17, issue 2 2016).
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