l’Islam et la société civile en Asie de l’Ouest Cas de figure : la République islamique d’Iran

Mohammad Réza MAJIDI

Professeur associé à l’Université de Téhéran mmajidi@ut.ac.ir / mrezamajidi@yahoo.com

Avril 2016

Ces vingt à vingt-cinq dernières années depuis la Guerre froide et l’évolution politique des pays de l’Est, de nouvelles réflexions ont vu le jour sur le rôle et le statut de la société civile. Il s’agit de l’un des concepts de base de la pensée politique dans l’Occident, qui a bien été abordé par le Professeur Debré, et qui depuis deux ou trois siècles est sujet de débats dans le milieu académique, parfois même dans les foyers populaires.

Au sein de cette réflexion, un courant de pensée majoritaire s’est appliqué à mettre en avant le principe selon lequel la société musulmane, telle qu’elle se définit, n’éprouve pas de dévolu à créer des institutions ou des associations de contre-pouvoir, ou d’introduire une forme de pluralisme dite « démocratique ».

Dans les pays islamiques, certaines caractéristiques de société civile se sont manifestées à certains moments de l’histoire, mais ce n’est que depuis les dernières décennies que l’on y développe ce sujet en tant que théorie politique. Ainsi se pose la question fondamentale des rapports entre la société civile et l’Islam. Bien sûr, il faut rappeler que l’Islam est l’élément centralisateur de la vie des musulmans des sociétés islamiques. Chaque phénomène, chaque question qui sort au niveau individuel, collectif ou social devrait être étudié(e) par rapport à cet élément. Alors la question : la société civile, on en est où ? se pose par les intellectuels musulmans, qui présentent de multiples perspectifs sur cette question.

Cette intervention se propose d’examiner ces diverses approches, en commençant par s’inter­roger sur le rapport ambigu entre l’Islam et un modèle de société civile qu’il resterait à définir. Rappelons qu’il n’existe pas un Islam unique et homogène dans notre monde : presque un mil­liard et demi d’individus constituent le monde musulman d’aujourd’hui qui se caractérise par une diversité géoculturelle, une grande variété de niveaux de vie, de profils démographiques et de démarches civiles, et cet ensemble ne permet pas de mettre en avant un destin commun des populations musulmanes existantes. Pour autant, il existe dans les sociétés musulmanes certains éléments spécifiques communs de définition de société civile. L’amélioration des sphères civiques et religieuses est le point de départ de cette définition. De fait le rôle de la shariat ou loi islamique est l’un des éléments fondamentaux du débat.

l’un des concepts de base de la pensée politique en Occident et qui depuis deux ou trois siècles est sujet de débat dans les milieux académiques et par­fois même les foyers populaires, est celui de la société civile. Dans les systèmes politiques des pays islamiques, dont l’Iran, certaines caractéristiques de la société civile se sont manifestées à certains moments de l’histoire, mais ce n’est que depuis les dernières décennies que l’on y développe ce sujet en tant que théorie politique. Ce concept prend ses racines en Occident, aussi bien avant qu’après l’apparition de la modernité, or l’idéologie occidentale, ses principes et ses pratiques, se trouvent souvent en contradiction avec la pensée islamique. Ainsi se pose la question du rapport entre la société civile et l’islam. Aussi, les intellectuels musulmans, iraniens ou issus d’autres pays islamiques, présentent-ils différents points de vue concernant cette question. Cet article se propose d’examiner ces diverses approches.

Définition de la société civile

L’origine de la société civile remonterait selon certains aux temps très anciens, soit à l’époque de Platon et d’Aristote, et selon d’autres elle serait encore plus loin­taine, correspondant à la constitution du premier État à l’époque de Noé (béni soit-il). L’on estime alors que même si tous les paramètres sociologiques du concept de la société civile n’étaient pas encore réalisés à ces époques-là, l’on aurait déjà at­teint une mesure acceptable, compte tenu du taux de développement de la société. Du fait de l’évolution du concept de la société civile tout au long de l’histoire, l’on pourrait en présenter différentes interprétations, dont certaines correspondent à l’avant-modernité, et d’autres à l’après. La définition qui suit se base sur l’idée de limiter le pouvoir exercé par les instances populaires, et constitue le principe de notre propos :

La société civile, en tant qu’instances intermédiaires entre État et Peuple, re­groupe l’ensemble de tous ceux qui de par leur propre choix et indépendamment du gouvernement, forment des groupes ou des associations, ainsi que de toutes les organisations qui exercent de façon autosuffisante et autonome, sans l’interven­tion du pouvoir politique de l’État. Ainsi, les instances de la société civile seraient-elles des organisations non gouvernementales, qui pourraient se manifester en tant qu’associations, clubs, unions, syndicats, partis, ou instituts culturels.

Caractéristiques de la société civile :

Voici quelques-unes des caractéristiques associées au concept de la société civile :

  • la société civile se forme dans une relation organisée et ciblée entre le gouverne­ment et les membres de la société, sur la base du volontariat ;
  • dans la société civile les limites des dispositions de chaque pôle (État/citoyen) sont définies et reconnues de façon claire et précise
  • le renforcement des capacités et potentiels positifs, et la protection face aux dangers et menaces ainsi que le soutien en cas d’éventuelle injustice de la part de l’État ou des groupes de pression, font partie des principes de la société civile ;
  • dans la société civile le pouvoir est séparé et délimité de manière équilibrée, et toute atteinte à ce principe entraînerait l’affaiblissement de la société civile ;
  • la conscience, le sens de l’engagement, et la discipline sociale sont nécessaires à la réalisation de la société civile. Aussi, faut-il noter que la démocratie et la méritocratie accentuent l’engagement et la discipline sociale.

La société civile et la démocratie

Le développement de la démocratie constitue l’une des principales conditions nécessaires à la réalisation de la société civile. L’on se contente ici de ne faire qu’ef­fleurer la notion de la démocratie dans le cadre de cet article. Le premier point que l’on aborde en démocratie concerne l’origine de la légitimité de l’État : dans le sys­tème idéologique de la démocratie, le peuple est la source qui accorde la légitimité à l’État. Cette idée s’oppose à celles qui placent l’origine du pouvoir en dehors de la volonté du peuple. La légitimité des démocraties se trouve dans la compétence et la popularité publique. La démocratie suppose l’acquisition de l’approbation des citoyens. Le système politique, selon l’idéologie de la démocratie, n’est considéré comme légitime qu’en cas où il parviendrait à obtenir l’acquiescement, le consen­sus et l’accord de la majorité. La démocratie se base en effet sur une authenticité acceptée par le peuple.

Pour que le peuple puisse participer dans la gestion des affaires, il faut consi­dérer la démocratie comme un processus avec des fonctionnements à différents niveaux. Il faut surtout noter que la participation de la société civile dans le proces­sus de la formation de la démocratie légale, se manifeste sous forme de valeurs et de structures. Afin de pouvoir exercer un rôle efficace dans le processus de la formation de la démocratie, les groupes de la société civile doivent être soutenus de différentes façons, dont certaines consisteraient à :

  • accorder le droit de vote à des individus (notamment à des femmes) qui ont été privés de l’accès à des instances publiques de prise de décision. Ainsi, les groupes et les organisations populaires pourront engendrer des réformes fondamentales, vastes et démocratiques.
  • fournir l’espace et les moyens nécessaires au développement et au perfectionne­ment des organisations populaires de la société civile. Il est également nécessaire de garantir par là le droit à l’autonomie et à la liberté d’expression des gouver­nements nationaux, médias et organisations internationales.
  • régulariser les mesures légales préparant le terrain à l’établissement des organi­sations et du code civil, ainsi qu’à la reconnaissance du droit au développement en tant qu’un droit humain, fondamental, et international.

Il est à préciser que la progression de la démocratie exige l’établissement d’une relation équilibrée et épanouie entre le gouvernement, les organisations, et les groupes de la société civile. Notons qu’aucune de ses trois instances ne peut survivre sans l’aide d’autrui. La société civile ne peut jamais remplacer l’État. Il est donc nécessaire de prendre en compte les points suivants :

  • les organisations de la société civile doivent reconnaître entièrement le rôle de l’État dans la mise en place d’un espace convenable au progrès et au développe­ment des associations populaires ;
  • les organisations de la société civile doivent rester en interaction permanente avec l’État. Ceci revient, dans des situations particulières, à ce que des déléga­tions gouvernementales, en insistant sur le sens de la responsabilité et la clari­fication maximale, soient pionnières, ou entrent parfois en défi avec les aspects fondamentaux de la législation.
  • il faut avoir une déontologie et un code éthique pratique pour le développement de tous les actionnaires gouvernementaux, médias, ONG, et autres organisa­tions de la société civiles. Ceci engendrera la culture nationale d’ouverture, le sens de la responsabilité, et le respect de la justice dans la distribution des res­

Les approches envers la société civile

L’opinion occidentale s’avère assez pessimiste au sujet de la société islamique, et de la réalisation de la société civile dans les pays arabo-musulmans. Dans une telle optique, l’existence d’une religion forte (Islam) et d’une communauté faible (oumma), l’absence d’instance civile, la présence d’un État autoritaire ainsi que des structures ethniques et familiales homogènes, caractéristiques des sociétés arabo-musulmanes se trouvent en contradiction avec la formation d’une société civile pluraliste conforme au modèle occidental. Les intellectuels et sociologues de l’Occi­dent cherchent l’origine du paradoxe entre l’islam et la société civile dans les ques­tions d’instance et de valeur. L’on pointe, dans le domaine des valeurs, le manque d’éléments tels que l’égalité des droits homme-femme, la liberté d’expression et de culte, les différentes appréciations de l’Homme, … dans les sociétés islamiques. Aussi relève-t-on, au niveau des instances, l’inaptitude de la communauté musul­mane (oumma) à créer des organisations parallèles au gouvernement ou à réduire l’autorité de l’État et de la religion.

À l’opposé de ce point de vue pessimiste en Occident, il existe dans le monde arabe trois opinions optimistes, à savoir les approches islamique, libérale, et natio­nale socialiste, qui soulignent toutes la nécessité de la formation d’une société civile indigène. Si ces approches reconnaissent certaines contraintes structurelles face à la réalisation de la société civile arabe, elles proposent néanmoins des solutions pour régler les problèmes. Les solutions proposées par les approches indigènes pour dés­tructurer la société usée, et créer une société civile arabe moderne, se distinguent sur les plans théorique et pratique.

L’approche islamique ne voit aucune incompatibilité entre l’islam et la société civile, telle qu’elle le comprend, soit dans le sens des instituts populaires comme la mosquée, les cours de Coran, les instances caritatives, les conseils, . Pourtant, du fait qu’elle n’apprécie pas la reproduction exacte du modèle de la société civile occidentale ou encore moins l’imitation aveugle des valeurs de la démocratie occi­dentale pour la société civile arabe, elle tente de redéfinir les notions modernes de l’Occident et de les adapter aux valeurs indigènes. Dans une telle approche, la société civile traditionnelle se place entre la société et l’État, et protège l’oumma islamique contre l’oppression des gouverneurs despotiques. Selon les intellectuels musulmans, l’islam ne préconisant jamais la théocratie, le pouvoir a une essence civile ; il est alors possible, en se référant à l’éthique islamique et en se basant sur le principe du conseil en partenariat avec les instances musulmanes, de former un gouvernement islamique qui soit en parfait accord avec la société civile.

Dans l’optique des intellectuels arabes libéraux, les structures non pluralistes de la société arabe tel que le patriarchie, la suprématie de l’État, de l’homme ou du chef de la tribu, les instances primaires notamment religieuses, ainsi que la culture traditionnelles qui est dépourvue des paramètres propres à une culture civile et citoyenne tels le dialogue, la tolérance et la coexistence, entravent véritablement le développement de la société civile dans les pays arabes. Selon ce groupe de libé­raux, la suppression ou l’atténuation des structures centralistes dépend du processus général du progrès et du développement économique et social dans les sociétés arabes. L’administration autonome de la société par les organisations non gouver­nementales, la distribution équitable et égale du pouvoir dans les structures sociales entre hommes et femmes, et l’épanouissement de la pensée civile dans la conscience sociétale grâce aux efforts des intellectuels font partie des conditions nécessaires à la réalisation de la société civile arabe.

Selon les nationalistes socialistes arabes, l’hégémonie de la religion et l’autorité de l’État, conjuguées à une société civile traditionnelle dépourvue des valeurs et de l’éthique modernes, constituent la principale entrave à la réalisation de la société civile. Ainsi, pour mettre en œuvre une société civile moderne faut-il séparer l’État et la religion, réorganiser la société dans les instances sociales modernes, empêcher l’hégémonie de la religion dans les instances traditionnelles, enrichir la culture civile dans la conscience des gouverneurs ainsi que dans l’opinion publique, rassembler tous les partis et communautés en accord avec la démocratie, dans le cadre d’une république civile, en vue de manœuvrer ensemble dans le sens d’une société civile.

La société civile dans le monde musulman

Il existe, dans le monde musulman, quatre points de vue au sujet de la société civile : le traditionalisme religieux, le néo-traditionalisme religieux, le sécularisme, et le descriptivisme.

  • le regard des traditionalistes religieux envers la société civile est négatif, dans le sens où ils supposent que la société civile est inconciliable avec la société reli­gieuse, car les fondements et principes de ces deux se trouvent en contradiction les uns avec les autres. Dans cette optique, sont vivement critiqués les fon­dements philosophiques de la société civile, tels le scientisme, le rationalisme, l’individualisme et l’utilitarisme, incompatibles avec les bases d’une société reli­gieuse islamique, où la révélation divine est privilégiée par rapport à la raison humaine.
  • le regard des néo-traditionalistes religieux envers la société civile est plu­tôt positif, et considère la société civile comme une notion méthodologique. Cependant, la société religieuse est perçue comme une notion idéologique, qui ne peut donc se trouver en contradiction avec la société civile. La société civile est alors un espace où prennent naissance et se développent les syndicats, les instances, les organisations, les associations et les partis défenseurs des droits et libertés individuels ; ce qui a pour conséquence la restriction du pouvoir et de l’autorité politique et économique de l’État, ainsi que l’expansion d’une libre concurrence économique dans la société, et la croissance de la participation active du peuple à son autodétermination économique et social.
  • l’approche séculaire tente le rapprochement entre la société civile et la société re­ Dans cette optique, la création et le développement de la société civile est considérée comme un processus moderne, auquel devraient obligatoirement adhérer les sociétés musulmanes. La société civile est ainsi présentée comme la transition entre la société traditionnelle et la société moderne épanouie.
  • selon l’approche descriptiviste, le rapprochement entre les sociétés civile et reli­gieuse serait, dans une certaine mesure, possible, et dans une autre mesure, impossible. Dans cette optique, il faut distinguer les aspects positifs et néga­ L’on peut admettre les avantages de la société civile, qui aboutiraient à l’épanouissement de la société religieuse, et en rejeter les inconvénients. Ainsi, toutes les bases philosophiques de la société civile ne sont-elles pas acceptées, et l’accent est-elle mise sur les éléments intra-religieux, afin de rendre possible la réconciliation entre les sociétés civile et religieuse. Cette idée peut être soutenue par celle qui consiste à rappeler l’opposition actuelle de l’islam démocratie face à la libérale démocratie ou la sociale démocratie de l’Occident. Ainsi, la société civile islamique, enracinée dans le concept de « Ville du Prophète », pourrait elle aussi, s’ériger face à la société civile libérale.

La société civile dans la Constitution de la République islamique d’Iran

Si l’on considère que dans le trio islamité, républicanisme, et société civile, l’islamité constitue le fondement de la légitimité de l’État, et le républicanisme forme l’axe de l’exercice du pouvoir par l’État en république islamique sur la base de la constitution, l’un des fonctionnements de la société civile consisterait alors à restreindre le pouvoir de l’État. Certaines instances définies par la constitution en vue de restreindre le pouvoir se trouvent à l’intérieur de l’État, alors que d’autres sont extra-étatiques. Étant donné que la plupart des définitions de la société civile, la présente comme un ensemble d’organisations indépendantes, la manière la plus convenable pour examiner la société civile dans la constitution, consisterait à étu­dier le rôle des organisations non gouvernementales restrictives du pouvoir. Dans la constitution de la République islamique d’Iran, l’on peut distinguer quatre catégo­ries d’instances et de mécanismes limitatifs :

  • les masses médias : Selon l’article 24 de la Constitution, « la presse est libre d’exprimer le contenu visés, sauf quand ceci porte préjudice aux principes isla­miques ou au droit publique. » Et selon l’article 175, « Dans la télévision et la radio de la République islamique d’Iran, la liberté d’expression et la propagation intellectuelle doivent s’effectuer dans le respect des préceptes islamiques et des intérêts du pays.
  • les partis, groupes, et associations syndicales, religieuses et politiques : L’article 26 de la Constitution précise que les partis, groupes, et associations syndicales, politiques, religieuses, et même ceux appartenant aux minorités religieuses re­connues sont libres, à conditions qu’ils respectent les principes d’indépendance, de liberté, et d’union nationale, et ne contestent les fondements de l’islam et de la république islamique. Il est interdit d’empêcher l’adhésion à ces groupes, ou d’obliger quelqu’un à s’y adhérer.
  • les rassemblements et manifestations : Conformément à l’article 27 de la Constitution, l’organisation des rassemblements et manifestation, sans le port des armes, est permise, à condition qu’elle ne contrarie les principes islamiques.
  • les conseils ouvriers : Selon l’article 104 de la Constitution, « pour parvenir à la justice islamique, réaliser la coopération et la solidarité sociales, contribuer au progrès cohérent des unités productives industrielle et agricole, il est nécessaire de former des conseils où se retrouveraient les représentants des ouvriers et des agriculteurs, ainsi que des directeurs de différents secteurs éducatifs, administra­tifs et de service. »

Conclusion

Compte tenu de ce qui a été indiqué, la Constitution de la République isla­mique d’Iran, qui est basée sur les fondements et préceptes de l’école chiite de l’Islam, reconnaît le rôle du peuple et la souveraineté populaire, et respecte les liber­tés individuelles et les associations sociales dans la structure politique du pays ; elle peut donc assurer, dans le cadre de la société civile, les fonctions d’intermédiaire et de médiateur entre le peuple et l’État. Dans ce rapport, c’est l’approche métho­dologique envers le concept de la société civile qui a été privilégiée. Il est évident que la société civile basée sur les fondements libéraux a été niée dans la structure constitutionnelle de la République islamique d’Iran.

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