L’Union européenne en quête de sens ? Mise en perspective d’un multilatéralisme régional au service d’une gouvernance mondiale humainement et écologiquement harmonieuse

Ninou GARABAGHI

Docteur d’État ès Sciences économiques de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Ancien haut fonctionnaire international. Auteur de « Les espaces de la diversité culturelle, du multilatéralisme régional au multiculturalisme régional ». Membre fondateur de la première Chaire UNESCO sur les intégrations régionales.

1er trimestre 2012

Après examen de la question des limites de l’Union européenne, cet article met en lumière les mécanismes par lesquels la crise de la perception de l’avenir dans les pays européens peut conduire à des dérives culturalistes et/ou populistes. Défi du sens et défi de la pertinence, en plus de ces deux défis propres à la construction européenne, l’Europe doit chercher à développer avec la com­munauté internationale une base éthique commune pour faire face à cet autre double défi : l’un, économique, afférant à l’évolution du capitalisme mondial préoccupante au regard de la crise financière internationale et l’autre, écologique, qui concerne la préservation des équilibres écolo­giques de la planète. Dans un monde multipolaire reconfiguré par les nouvelles puissances régio­nales, pour relever les défis qui se présentent à elle, dont le double défi de légitimité économique (défenses des intérêts européens) et de légitimité culturelle (promotion des valeurs européennes), l’Union européenne aurait tout intérêt à réfléchir sur la question du recentrage des stratégies d’inté­gration régionale dans la perspective du multilatéralisme régional respectueux de la diversité cultu­relle pour offrir aux peuples européens des chances de poursuivre « la grande aventure » qui doit en faire, comme l’ont voulu ses pères fondateurs, « un espace privilégié de l’espérance humaine ».

A European Union in quest of sense? The putting into perspective ofa régional multilatera-lism at the service of humanely and ecologically harmonious Worldgovernance.

After examining the question of the limitations of the European Union, this article sheds light on the mechanisms by which future perception crisis in European countries can lead to cultural orpopulist drift-ing. A challenge to the senses and to pertinence indispensable for European construction, Europe must seek to develop with the international community, a common ethical base to confront yet another double challenge: one, economic, concerning the evolution of world capitalism, preoccupying enough regarding the internationalfinancial crisis, and two: ecological, concerning thepreservation of theplanet’s ecological balances. In a multipolar world redesigned by the new regional powers, in order to meet the challenges, of which the double challenge of économie legitimacy (defence of European interests) and cultural legitimacy (promotion of European values), the European Union has every interest in ruminating on the question of recentering of regionalintegration stratégies intheperspective ofregional multihlteralism respectful ofthe cultural diversity, in order to offer to the European peoples chances of continuing « thegr0ai mdveitgre » that must make of it, as had wished its founding fathers, « aprivileged space for human hope ».

La zone euro est en pleines turbulences financières suite en 2007 à la crise des subprimes suivie en 2009 par la crise de la dette souveraine des pays du Sud de l’Europe. L’Union européenne doit de plus affronter de nouvelles turbulences politiques consécutives à la crise économique qui s’en est suivie d’une part et à la crise languissante de la démocratie d’autre part. Et voilà que maintenant, en 2011, elle se trouve prise au dépourvu face aux tourments d’une culture occidentale qui aurait, semble-t-il1, perdu la raison.

Le fait important au regard de l’attentat d’Oslo qui semble être passé inaperçu est l’émergence d’une forme particulière de terrorisme dans les sociétés postmo­dernes2. Il est à noter à cet égard que la définition du terrorisme retenue par les Nations Unies3 sied bien à cet acte de violence d’un individu isolé que nous qua­lifions de terrorisme individualisé. Il convient de souligner que le terme de « soli­taire » a sciemment été évité car à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la montée en puissance du monde virtuel confère un ca­ractère singulier à ce terme.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les attentats d’Oslo seraient-ils une des multiples manifestations de la crise latente de la culture occidentale et/ou des crises intermittentes des cultures ? Après une courte période de répit durant la guerre des deux idéologies politiques dominantes, rassurante ou apaisante, la no­tion de culture suscite de nouveau des malaises : malaise au Nord, malaise au Sud ; malaise au sein des sociétés, malaise entre sociétés. Si l’identique ennuie, le différent inquiète. Une culture vivante comporte nécessairement à l’état latent une dimen­sion conflictuelle tenant aux risques de déni de reconnaissance, de méconnaissance ou de reconnaissance dépréciative. Sous le vocable de « choc des cultures »», c’est la diversité culturelle qui inquiète et évoque des images de guerre et de mort.

Le problème majeur aujourd’hui en Europe est que le prétendu « choc des cultures »» (antagonismes et conflits entre altérités différentes) ne s’opère plus entre les entités politiques européennes et non européennes mais entre altérités diffé­rentes au sein même des pays européens ; ceci se traduit entre autres par la montée de l’Europe des populistes. La montée du populisme en Europe ne s’explique pas uniquement par la présence des immigrés mais d’abord et surtout par le désœuvre­ment des jeunes en quête d’emploi et/ou en mal de défis civilisationnels d’une part et par l’incapacité des dirigeants à adopter une vision du projet européen adaptée aux défis du xxie siècle d’autre part.

La question centrale qui se pose dès lors consiste à savoir en quoi consiste l’Europe au xxie siècle, ce qui permettrait d’apporter des ébauches de réponse à la question lancinante que d’aucuns se posent de savoir qu’elles sont les limites de l’Union européenne ? La seconde question qui se pose en terme de défi et révélatrice des causes du désœuvrement des jeunes est celle de la finalité de l’Union européenne. Peut-on réfléchir sur la finalité du l’Union européenne sans se poser des questions sur ce qui fonde la culture européenne qui concrètement c’est-à-dire historiquement a donné naissance à la civilisation occidentale qui, avec la mondialisation, est en passe de s’universaliser ?

Les pays émergents d’Amérique latine étant sur le plan culturel essentiellement une extension des pays européens compte tenu du triste sort qui fut réservé aux po­pulations autochtones d’Amérique, la question qui se pose alors est de savoir si les pays émergents de cultures asiatiques seraient en mesure d’apporter une alternative universalisable à l’idéal-type dominant qu’est le modèle de la civilisation occiden­tale compte tenu du double défi auquel ce dernier est confronté du fait de la crise financière et de la crise écologique.

L’Europe au xxie siècle ou les limites de l’Union européenne

À l’heure du « mondialisme4 »», l’Europe en tant que région peut géopolitique-ment être définie comme une communauté de peuples dotés chacun d’un État qui tend à constituer son unité au sein de l’entité supranationale qu’est l’Union européenne.

Pour lever les ambiguïtés ambiantes, il est utile d’apporter ici quelques préci­sions d’ordre terminologique5. Précisons d’abord que le « mondialisme »» peut être défini comme élargissement et renforcement des processus d’interconnexion et comme diversification, complexification et globalisation des mécanismes d’inter­dépendance. La notion de région peut être comprise dans trois sens qui correspon­dent à des niveaux d’analyse et de perception différents : conception subnationale, supranationale et internationale. Dans le cadre du présent article, le terme de région doit être compris dans sa dimension supranationale qui peut dans certains cas être continentale mais pas nécessairement. Le terme de communauté est affilié à celui de société ; notion charnière, elle relève des catégories sociales et culturelles. Le terme de peuple est historiquement associé au terme de nation et relève des catégories politiques ; il sous-entend ou présuppose l’existence d’un territoire. Un peuple est une communauté culturelle avec un territoire.

La question qui se pose au regard de la délimitation des frontières de l’Eu­rope consiste à savoir quels sont les peuples habilités à faire partie de cette Union ?

D’après l’article 49 du Traité de l’Union européenne, « tout État européen qui res­pecte les valeurs visées à l’article 2 et s’engage à les promouvoir peut demander à devenir membre de l’Union ».

L’histoire a connu le problème de nations sans États et d’États en mal de nation. En d’autres termes il ne suffit pas à un peuple de se prévaloir d’un territoire encore faut-il qu’il soit pourvu d’un État pour être habilité à demander à devenir membre de l’Union6. Et pas n’importe quel État, il doit s’agir d’un État européen. Nous voilà à la case de départ. Quels sont les États qui peuvent se prévaloir d’être européens ?

L’Union européenne comme une communauté de valeurs : « de l’union des Européens à la coalition des Etats européens »

Pour les tenants de la philosophie des Lumières, l’Europe est une communauté de valeurs. Tout État qui respecte les valeurs visées à l’article 2 du Traité de l’UE et qui s’engage à les promouvoir serait donc potentiellement apte à demander à deve­nir membre de l’Union. Quelles sont ces valeurs ? D’après l’article 2 « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discri­mination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Quelle que soit notre culture ou notre affinité politique, nous nous devons de reconnaître que dans l’histoire de l’humanité les sociétés caractérisées toute à la fois par « le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes »» sont rares. Si aucune société ne peut à ce jour se targuer d’une note d’excellence en tous ces domaines à la fois, en revanche toutes les sociétés bien classées sont pour l’heure de culture européenne. Si toutes ces sociétés appartiennent à l’Occident, toutes ne font pas parties du continent européen. Comme on le constate, plus vaste que le continent européen, le terme d’« Occident »» en tant que catégorie culturelle embrasse tout l’espace de culture européenne.

Pour mieux saisir son approche de la construction européenne, Jean Monnet aimait à rappeler : « Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes ». Il conviendrait d’ajouter des « hommes d’ores et déjà unis au sein d’État-nations », ce qui permet de mieux percevoir l’ambiguïté de la situation belge actuelle. Donc en résumé, pour pouvoir accéder au statut de pays candidat à l’Union européenne, il faut être un peuple doté d’un État qui respecte et promeut les valeurs susmentionnées mais qui de plus est européen.

L’Union européenne comporte, à ce jour, vingt-sept7 États membres dont dix-sept8 faisant partie de la zone euro. La question qui se pose alors consiste à savoir quels sont les autres États qui peuvent se prévaloir du statut d’État européen ? À quelle discipline doit-on faire appel pour délimiter les frontières de l’Europe ? La géographie ? L’histoire ? La notion de frontière est polysémique, alors pourquoi pas les deux ? Nous avons alors affaire à la géographie politique : « synthèse entre l’histoire et la géographie, combinant temps long et dimension territoriale9 »». Nous ne sommes par pour autant avancés avec cette discipline, car allant de 38 à 51, le nombre des États qui peuvent se prévaloir du statut d’État européen diffère alors selon les enjeux géopolitiques et géostratégiques retenus.

« Neutre »» ? Soyons plutôt pragmatique, pourquoi ne pas faire appel aux institutions européennes ? Le Conseil de l’Europe qui n’est évidemment pas une institution de l’Union européenne, est censé regrouper aujourd’hui avec ses 47 pays membres la quasi-totalité du continent européen. Lorsqu’on regarde de près, on constate la présence au sein des États membres de cette institution de pays appartenant pour partie au continent asiatique. Rien d’étonnant si l’on considère avec Braudel10 « que l’Europe est une péninsule asiatique « un petit cap d’Asie »».

Lorsqu’on se réfère au site de la Commission européenne qui est davantage habilité de décider de la liste des pays qui peuvent se prévaloir du statut d’État européen on trouve deux autres listes en plus des États membres : les pays qui ont acquis le statut de pays candidats11 et les autres pays européens12. D’après les trois listes de pays de la Commission européenne mentionnés ci-dessus et énumérés ci-après en note de bas de page, le nombre de pays qui peuvent se prévaloir du statut d’État européen s’élève à 49. Il est à noter que le Kosovo n’ayant pas encore accédé officiellement à la qualité d’État, il est normal qu’il ne soit pas mentionné comme faisant partie de ces autres pays européens. Mais ce qui peut paraître surprenant en revanche c’est l’absence du Kazakhstan alors que la Turquie a même accédé au statut de pays candidat.

Le cas emblématique de la Turquie, vu les crispations qu’il crée, explique peut-être cette « omission » puisque la Russie est retenue comme faisant partie de l’Europe et que Huntington d’ailleurs maintient le Kazakhstan dans sa catégorie historico-religieuse qu’est la « civilisation orthodoxe » ce qui est beaucoup plus aberrant d’un point de vue purement rationnel. Il est à noter à cet égard, que parmi les principaux pays d’Asie centrale, le Kazakhstan est le pays le plus ouvert à un rapprochement avec l’Europe13.

Il est à noter également que faute d’appartenir à l’Union européenne, la Russie s’est tissé d’autres liens d’appartenance à visée stratégique. Clairvoyante, la Russie préfère jouer la carte de la nouvelles alliance des pays émergents et ré-émergents, en l’occurrence le BRIC et/ou le G4/G5 des puissances émergentes, ce qui a l’avantage de lui permettre d’éviter le piège dévastateur de l’idée de « déclin de civilisation ». D’après Nayan Chana14, le continent asiatique a toujours été le plus peuplé, le plus riche et le plus puissant, exception faite de la parenthèse hégémonique occidentale des deux derniers siècles. L’Asie étant sans conteste le pôle dominant de la mondialisation au xxie siècle, la Russie a tout intérêt de faire partie des nouvelles institutions telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

De l’Europe des lumières à l’Europe des populistes : la question des origines historiques de l’Europe

L’approche universaliste de l’intégration régionale en Europe étant mise à mal par les dures réalités de la mondialisation, de plus en plus d’acteurs politiques et d’intellectuels retombent dans le relativisme culturaliste qui s’accompagne chez ceux qui campent dans une posture « populiste » du présupposé de la supériorité ontolo­gique sinon historique de la civilisation européenne. D’où l’actualité des débats sur les origines historiques de l’Europe en général et sur ses origines chrétiennes plus spécifiquement. Ce qui importe le plus dans un débat scientifique ce n’est pas tant d’apporter de bonnes réponses que de poser les bonnes questions.

Lorsqu’on cherche à appréhender la question, ô combien délicate, de l’identité européenne à partir des seules « origines » historiques de l’Europe, on court le risque de scotomiser tout un pan de cette riche, complexe et vivante réalité qu’est l’Europe. Lorsqu’on remplace le terme d’« origine » par « passé et futur » on ne limite plus l’his­toire de l’Europe à ses origines mais on l’élargit à toute la période allant de ses origines au temps présent ce qui permet de l’ouvrir aux autres, à tous les autres qui ont fait et font partie de ses histoires passées et immédiates ce qui n’est pas sans conséquence sur son histoire à venir.

Le président de la République fédérale d’Allemagne n’a probablement pas eu tort de rappeler qu’à l’instar du christianisme et du judaïsme, « l’Islam faisait également partie de l’Allemagne15 ». Si l’on se réfère à l’Islam qui est la dernière en date des trois religions monothéistes on constate que cette dernière est censée assumer ses origines chrétienne et juive ; qui plus est, elle doit même reconnaître la religion zoroastrienne ! Le problème est de savoir comment cette religion, comme toutes les autres, peut échapper au mal de l’autocentrisme pour que cette reconnaissance des autres religions puisse être de nature inclusive16.

Si Régis Debray a raison de rappeler avec Jean-Pierre Vernant « qu’il n’y pas de groupes humaines sans religion », on ne peut surtout pas ignorer que la religion est « un » fait culturel et non « tout » le fait culturel. Le philosophe allemand Jùrgen Habermas17 s’insurge à bon escient du fait que la « culture de référence » à laquelle font référence des « politiciens peu scrupuleux » soit moins définie à partir de la culture allemande qu’à partir de la religion, il écrit à ce sujet « Aujourd’hui les apolo­gistes de la « culture de référence » en appellent à cette « tradition judéo-chrétienne » qui « nous » distinguerait des étrangers, ayant au passage l’arrogance de s’approprier le judaïsme – avec un incroyable mépris de ce que les Juifs ont souffert en Allemagne ».

La culture ne se limite pas à la religion ni à la tradition. Lorsqu’on se situe au niveau d’une communauté, la culture comme héritage est ce qui intègre et unit ses membres et la culture en tant que projet est ce qui permet à cette union de perdurer. Immuable, une culture est vouée à périr. La culture comme projet c’est ce qui per­met aux règles du « vivre ensemble » d’être réactualisées pour ne pas être subies mais consciemment et volontairement acceptées. Dans le cas d’une entité supranationale telle que l’Union européenne, la culture comme projet est ce qui permet de mobiliser et de fédérer les populations de différentes cultures et de bâtir ensemble un « ethos » européen.

Lorsqu’on a affaire à une entité de facto multiculturelle la question consiste alors de savoir comment faire pour que le multiculturalisme de fait ne se transforme en une ignorance ou en haine mutuelle juridiquement régulée18. Il importe pour ce faire de comprendre que le conflit sur la question de l’identité européenne ne renvoie pas seulement à la question des « héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe » mais aussi et surtout à la question essentielle qui consiste de savoir quelles sont les perspectives à venir de l’Union européenne ? Quelles sont ou devraient être les fina­lités de l’Union européenne ? Quelle Union européenne les européens souhaitent-ils pour le futur ?

De la dépossession démocratique au fracassant débat sur l’échec du multiculturalisme

La question des origines historiques de l’Europe trouve sa réponse dans le pré­ambule de la Constitution européenne qui déclare avant toute chose s’inspirer « des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit ». Mais comment expliquer alors les fracassantes et concordantes annonces, d’octobre 2010 à février 2011, par les trois Chefs d’État et de gouverne­ment des principales puissances européennes que sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni de leur constat d’échec du multiculturalisme ?

On doit reconnaître qu’il est étonnant d’entendre le président de la République française, pays laïc et jacobin, parler d’échec du multiculturalisme ! Il est non moins surprenant d’entendre le premier ministre du Royaume-Uni, unique pays européen ayant opté pour le multiculturalisme « de droit », annoncer l’échec du multicultu­ralisme et appeler l’Europe à « se réveiller » et à « regarder ce qui se passe dans ses frontières » ! On est en droit de s’interroger si ces propos n’ont pas joué un rôle d’étincelle dans la flambée de violence qu’a connu Londres dans la première quin­zaine du mois d’août.

La déclaration d’octobre 2010 de la Chancelière allemande selon laquelle « Cette approche multiculturelle, qui dit que nous vivons côte à côte et heureusement nos rapports avec autrui, a échoué. Complètement échoué » pose problème pour les raisons qui suivent. Le multiculturalisme n’est pas seulement une prise de position d’ordre théorique ou bien un choix d’ordre politique, c’est-à-dire une vision idyl­lique de la coexistence pacifique entre individus de cultures différentes dans un cas et option politique en faveur de la reconnaissance de droit de la diversité culturelle dans l’autre. Le multiculturalisme est un fait qui s’impose de facto. L’Union euro­péenne a pour devise « Unie dans la diversité ».

Il est vrai que les personnes visées par ces dirigeants politiques sont les popula­tions d’origines non européennes : soit les immigrés étrangers plus spécifiquement musulmans, soit les concitoyens originaires de pays non européens. Il est certain que les immigrés étrangers situés à l’intérieur des nouvelles frontières élargies de l’Union européenne deviennent d’autant plus étrangers que les nouveaux conci­toyens sont différents. Mais le plus grave est la blessure symbolique infligée aux concitoyens originaires de pays non européens et pour l’heure à ceux de culte mu­sulman. Il importe de noter à cet égard que, hier juive aujourd’hui musulmane, cette altérité qui dérange est une altérité transversale en ce sens qu’elle fait partie de toutes les altérités : africaine, américaine, arabe, asiatique, européenne, etc.

Il paraît utile également de rappeler qu’analysant les idéologies et revendications du xixe siècle en Europe, Fernand Braudel19 souligne que « plus que la doctrine d’un parti », le libéralisme est « un climat d’opinion ». Il précise que le libéralisme, qui a été « l’idéal de la civilisation occidentale », désigne tout à la fois une doctrine poli­tique, une doctrine économique et une doctrine philosophique qui à ce dernier titre « réclame la liberté de penser et soutient que l’unité religieuse n’est pas la condition sine qua non, soit de l’unité sociale, soit de l’unité de la Nation, ce qui implique forcément une idée de tolérance, de respect d’autrui et de la personne humaine, selon la formule antique : homo homini res sacra »

La question consiste dès lors à savoir si le terme d’échec utilisé par les respon­sables politiques (dans « échec du multiculturalisme ») est idoine. Et si échec il y a, quelles peuvent être les conséquences de l’aveu de cet échec. Soyons honnête, nous sommes en présence du refus de l’altérité de l’immigré. Ce que les dirigeants politiques veulent c’est l’assimilation des immigrés. Le raisonnement est simple. L’immigré ne peut être intégré car il est différent. L’assimilation serait donc la so­lution. Mais comme pour être assimilé il faut être intégré nous nous trouvons en présence d’un cercle vicieux quelque peu similaire à celui de la pauvreté.

On comprend dès lors comment l’échec de la politique d’intégration des immi­grés devient celui du multiculturalisme. Il nous faut dès lors donner raison à Régis Debray20 lorsqu’il déclare que « Les gouvernements n’ont que trop tendance à se décharger sur le religieux des problèmes politiques qu’ils n’osent pas traiter politi­quement – en Europe, intégration des immigrés ». Il nous paraît en revanche un peu trop optimiste sur les capacités des gouvernements en matière du traitement du problème de l’intégration des immigrés lorsqu’il utilise le verbe « oser ». Les verbes savoir et pouvoir seraient probablement plus appropriés. Il nous faut maintenant examiner les conséquences de l’aveu du prétendu échec du multiculturalisme.

 

Peur du déclin de l’Occident et /ou peur de l’Islam ?

D’après l’essai de Thilo Sarazin, si l’Allemagne court à sa perte c’est bien à cause des musulmans qui tirent vers le bas le taux du quotient intellectuel de l’Allemagne. « Les immigrés musulmans qui coûtent plus cher en prestations sociales que ce qu’ils n’ont rapporté à l’Allemagne » deviennent la cause du déclin de l’Allemagne. Mais comme l’Allemagne fait partie de l’Europe et que les immigrés musulmans ne sont pas uniquement en Allemagne mais partout en Europe, ils sont peu à peu per­çus un peu partout en Occident comme un danger : la peur du déclin de l’Occident et la peur de l’Islam riment ensemble.

Pourtant, il fut un temps il n’y a pas longtemps où l’Occident a soutenu les combattants islamiques voir même provoqué des révolutions islamiques pour préserver ses intérêts géostratégiques. Avant la chute du Berlin, à l’heure de la guerre froide l’Islam devait servir de rempart à la pénétration de l’idéologie communiste et à ses avancés géopolitiques au Moyen-Orient.

La montée du fait religieux, la chute du mur de Berlin, la conquête des mar­chés par la Chine sont autant d’événements qui ont permis à la notion d’Occident d’être remise au goût du jour à la faveur de la politique extérieure des États-Unis fondée sur une conception schmittienne du politique plus particulièrement mise en évidence durant la présidence de Ronald Reagan d’abord et de George W Bush ensuite. Ce qui a par la même occasion scotomisé la thématique d’américanisation du monde rendue obsolète par la victoire de la mondialisation de l’économie de marché.

Il ne faut pas oublier que le best seller de Samuel Huntington21 qualifié par Zbigniew Brzezinski comme une « œuvre fondatrice qui va révolutionner notre vi­sion des affaires internationales » a été publié en 1996, c’est-à-dire cinq ans avant la tragédie du 11 septembre. Pris au piège du prisme « ami-ennemi », Huntington met en exergue « le militarisme musulman » et « la montée en puissance de la Chine » pour lancer un appel à la mobilisation de la civilisation occidentale en ces termes : « la survie de l’Occident dépend de la réaffirmation par les américains de leur identi­té occidentale » et appelle les pays occidentaux à « s’unir » pour « redonner vigueur » à « leur civilisation » « contre les défis posés par les sociétés non
occidentales ».

Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un non Occidental, le concept d’Occident opère ici par exclusion de la branche orthodoxe de la religion chré­tienne. On comprend dès lors mieux pourquoi le Kazakhstan est inclus dans la « civilisation orthodoxe ». Si d’après Samuel Huntington la relation Occident -Orthodoxie n’est pas aussi conflictuelle que la relation Occident – Islam, elle n’en n’est pas pour autant des plus amicales, pour preuve l’affrontement serbo-croate des années 90 au sein de l’Europe. Cette Europe qui n’a pourtant cessé depuis la seconde guerre mondiale d’œuvrer pour la paix par la construction européenne.

L’attitude de l’Occident en général et de l’Europe en particulier face aux change­ments et aux reconfigurations du monde qui se caractérise notamment par l’émer­gence de nouvelles puissances régionales (Organisations d’intégration régionale, nations de dimension quasi continentale et autres alliances stratégiques) me rappel­lent un événement qui s’est passé il y a maintenant près de trente ans. Parmi mes connaissances il y avait une personne qui était tellement persuadée et avait telle­ment peur de mourir d’une crise cardiaque qu’il finit par auto-réaliser sa prophétie.

Les craintes de Samuel Huntington se sont pour partie avérées fondées pour la très bonne raison que ses analyses ont eu une influence non négligeable sur la politique extérieure des États-Unis.

Place de l’Union européenne dans un monde multipolaire reconfiguré par les nouvelles puissances régionales

Pour être traité sainement, la question de l’entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne doit être appréhendée à partir de la question de la finalité de l’Union européenne. D’après certains spécialistes de l’intégration régionale euro­péenne, on peut faire adhérer la Turquie à l’Union européenne si l’on considère le projet européen comme un ensemble de valeurs qu’il s’agit d’étendre de proche en proche. Avec ce courant de pensée, nous sommes pour partie dans la lignée du « patriotisme constitutionnel » cher à Habermas. Pour les nostalgiques de l’Europe de l’époque des puissances coloniales, en adhérant à ce courant de pensée, on re­nonce alors au projet de l’Europe comme « puissance régionale22 » qui nécessite de constituer une entité fédérale adaptée aux dures réalités de la mondialisation, seule option permettant d’assurer la survie de l’Union européenne.

Commençons par le début, peut-on réellement parler d’un déclin de l’Europe ? La réponse est non pour la très bonne raison que l’Europe en tant qu’entité géopo­litique a du mal à se constituer. Et que l’affirmation de l’Europe en tant qu’entité géoéconomique dépend de cette triste réalité, pour preuve son incapacité à surmon­ter la crise de la zone euro. Ce qui est vrai en revanche, c’est le déclin des puissances européennes de plus en plus mis en évidence par la montée des puissances émer­gentes. Il est à noter à cet égard qu’en 2009, l’Allemagne a perdu sa place de pre­mière nation exportatrice au profit de la Chine. Mais avec 7,3 % de la population mondiale, l’entité Union européenne demeure la première puissance commerciale du monde. De même, comme il ressort du tableau suivant, le produit intérieur brut (PIB) des pays de l’Union européenne pris dans leur ensemble est supérieur à celui des États-Unis d’Amérique.

Au-delà des ambitions de puissance économique, ce qui milite le plus en faveur de la construction de l’Union européenne en tant qu’entité géoéconomique est la perte de souveraineté économique des États-nations européens qui sur le plan du politique se traduit par la « dépossession démocratique » pour reprendre les termes de Luc Ferry23. En effet, dans un contexte de mondialisation tous azimuts et d’ou­verture des économies, à l’instar des pays jadis qualifiées de sous développés, les pays avancés sont confrontés à la question de la perte de souveraineté de l’État sur son espace économique national. En d’autres termes comme Ulrich Beck le souligne à juste titre « à l’heure des interdépendances globales et des imbrications planétaires, l’ancienne grammaire des États-nations ne fonctionne plus ».

Le problème est qu’avec l’élargissement de l’Union européenne aux pays de l’Europe du Sud et de l’Europe de l’Est, les bénéfices de l’élargissement inégaux dans l’espace sont plus immédiats dans les pays économiquement moins avancés de sorte le facteur temps devient de plus en plus déterminant dans la volonté des pays fondateurs d’aller de l’avant. Les populations des pays plus nantis sont d’autant moins enclines à accepter des transferts de « solidarité » qu’elles doivent subir les affres de la crise économique mondiale qui est à l’origine la montée des égoïsmes nationaux certes mais aussi et surtout du fait de la crise de la démocratie et de la montée de l’individualisme hédoniste dans les pays occidentaux.

Quant bien même les pays européens parviennent à surmonter leurs dissensions et antagonismes et forcés par les nécessités externes parachèvent la construction de l’Europe fédérale en tant que puissance régionale24 de dimension continentale ou pas, peu importe, leur sursis ne sera que de courte sinon au mieux de moyenne du­rée, et pour preuve la situation économique aux États-Unis d’Amérique. Car ce qui manque le plus à la culture occidentale aujourd’hui c’est cet élan vital qui pousserait tout un chacun à se surpasser. Depuis d’abord la fin de la guerre froide et ensuite avec la mondialisation, l’Occident a été privé des deux idéologies qui permettaient de mobiliser ses populations à des fins collectives. Ce qui n’est pas le cas des pays jadis perçus comme faisant partie de la périphérie des foyers centraux de l’économie capitaliste mondiale.

Les bienfaits matériels de la mondialisation ne peuvent plus servir de projet mobilisateur en Europe. Avec l’amélioration du sort des populations défavorisées dans des contrées jadis connues et/ou stigmatisées par la question de la pauvreté des masses, l’idéologie tiers-mondiste au combien mobilisateur de par sa dimension humaniste a perdu droit de cité et se trouve écartée au profit de l’idéologie écolo­giste de caractère plus conflictuel. Pour le courant écologiste radical, la solidarité est reportée dans le temps pour ne pas dire reléguée dans le futur. Le leader charisma­tique déclare « penser à l’avenir des peuples et des générations futures » mais par les mesures prônées limite en fait le sentiment de générosité et de solidarité aux peuples et générations futures auxquels il appartient : son pays d’abord et l’Europe ensuite.

Pour les individus altruistes de tempérament « humaniste », les solidaristes de l’immédiat, il reste la solution alternative qui consiste à satisfaire leur besoin de compassion dans des causes perdues comme les situations d’urgence que sont les famines consécutives aux guerres et à la sécheresse. Pour les hédonistes de la gé­nération des enfants choyés et/ou frustrés embrigadés par des leaders populistes s’ouvre la voix royale du retour aux sources. « Nouvelle pathologie historique de la démocratie », Pierre Rosanvallon25 se pose la question de savoir si « le xxie siècle n’est pas en train d’être l’âge des populismes comme le xxe avait été celui des
tota­litarismes ? ».

Le populisme n’est évidemment pas un mal exclusivement européen, mais ailleurs en Asie, en Amérique latine voire même en Afrique, les populations sont dynamisées par les perspectives d’un avenir meilleur que leur offre cette nouvelle phase de la mondialisation. Dans ces contrées jadis lointaines aujourd’hui si proches de nous, les termes d’« idéal » et d’« espoir » ne sont pas vains, ils n’y sont pas encore frappés de désuétude. Dans les pays pauvres, cet idéal peut être le développement économique du pays. Pour une société dominée ou totalitaire, cet idéal peut être l’indépendance du pays ou la démocratie. Dans une société jadis humiliée, cet idéal peut être la puissance économique au service de la reconquête de l’hégémonie poli­tico-culturelle de sa « patrie ». Loin des questions vitales de « déclin de civilisation », les pays émergents sont très occupés à profiter des bienfaits de la mondialisation ; bienfaits matériels certes mais aussi et surtout bienfaits de la mondialisation en terme de reconquête d’une indépendance et/ou d’une puissance perdue.

S’il est vrai, qu’il n’existe plus aujourd’hui de nouvelles terres vierges à conqué­rir ; qu’il est de plus en plus difficile de coloniser et/ou de piller des pays souverains ; les pays émergents et ré-émergents, plus spécifiquement ceux d’Asie dont notam­ment la Chine, eux peuvent toujours compter sur leur diaspora. Aidées de leur dias­pora ces nouvelles puissances d’envergure régionale vont de plus en plus influencer la marche de la mondialisation en y apposant leur emprunte culturelle chargée de nouveaux défis à relever et de nouvelles opportunités à saisir. Ces diasporas sur qui peuvent compter les pays émergents et ré-émergents ne sont autres que ces fameux immigrés, ces populations d’origine non européennes, ces « autres » dont l’altérité est ouvertement (dans le cas des musulmans) ou plus subtilement (pour les asia­tiques) rejetée par les pays occidentaux.

Quel avenir pour l’Union européenne ? Mise en perspective du multilatéralisme régional au service d’une gouvernance mondiale humainement et écologiquement harmonieuse

D’après Jùrgen Habermas26, « ce dont nous avons besoin en Europe, c’est d’une classe politique revitalisée, qui surmonte son propre défaitisme avec un peu plus de perspectives, de résolution et d’esprit de coopération. La démocratie dépend de la capacité du peuple à croire qu’une certaine marge de manœuvre existe qui permette de façonner l’avenir et d’affronter tous ses défis ». Si les intérêts bien compris des peuples de l’Europe, à court et à moyen terme, invitent à la promotion de l’Europe fédérale, dans une perspective à plus long terme l’intérêt vital de l’Europe réside dans la promotion du multilatéralisme régional27.

Il est utile de rappeler ici que le concept de multilatéralisme régional de facto a été forgé pour définir le nouveau mécanisme de gouvernance (G3, G5, G6, G7/G8 maintenant G20) formé de puissances régionales. Le G20 actuel soulevant au Nord comme au Sud des questions de légitimité et de pertinence, le multilatéralisme régional de jure a été proposé comme mécanisme alternatif pouvant contribuer à parer à ces insuffisances. Le multilatéralisme régional de jure comme idéal type peut être défini comme un « G20 » des organisations d’intégration régionale (OIR), cha­cune représentée en alternance par un de ses États membres.

Comme il ressort du présent article, ce qui dérange le plus dans l’« europes-simisme » ce n’est pas l’absence de volonté de la part de l’Union européenne de devenir une puissance « hégémonique ». Ce qui manque et qui est essentiel dans l’idée de « volonté de puissance » ce n’est pas tant la puissance mais l’« élan vital » qui permet de revitaliser toutes les nations et entités culturelles qui composent l’UE pour pouvoir projeter vers l’avant cette « unité faite de la diversité ».

Tous les leaders, chercheurs et intellectuels qui plaident en faveur de la construc­tion de l’Europe fédérale, se situent dans la perspective d’un monde multipolaire élargi aux nouveaux pays émergents. Fin juin 2011, je participais au 9e Forum Euro-Chine28 ayant pour thème « Pour un nouvel humanisme dans un monde globalisé ». Le projet de construction d’un monde multipolaire via le G20 étant évoqué dans le cadre du point de l’ordre du jour « Europe, China and the New Global Governance »le moment me parut des plus opportuns pour soulever la question de l’élargissement du G20 à des Organisations d’intégration régionale (OIR) ayant une personnalité juridique de façon à en accroître la légitimité. Il convient de rappeler à cet égard que l’entité « Union européenne » fait d’ores et déjà partie de l’actuel G20.

Quelle ne fut ma surprise de constater une grande réticence de la part de l’an­cien ambassadeur de l’Union européenne auprès de la Chine. Le représentant de la Chine ne semblait pas plus favorable. On est en droit à cet égard de s’interroger pour savoir si le G20 actuel est un instrument de démocratisation ou de légitima­tion du G829 ? Crainte de la concurrence ? Désintérêt pour les autres groupements d’intégration régionale ? Quoi qu’il en soit, il paraît évident que l’Union euro­péenne n’apporte pas tout le soutien nécessaire à la construction et à la consolida­tion des Organisations d’intégration régionale non européennes. En conséquence, à l’instar de la Turquie, tous les pays du pourtour méditerranéen souhaitent rejoindre l’Union européenne.

Si échec du multiculturalisme il y a, pour freiner l’afflux de migrants vers l’Eu­rope plutôt que de miser en aval sur des politiques antimigratoires, l’UE aurait tout intérêt à abandonner cette posture défensive, signe de faiblesse, pour opter en fa­veur d’une politique préventive. Une telle politique en amont exige un changement de mentalité. L’UE doit comprendre qu’elle a intérêt à investir dans le soutien à des initiatives endogènes de construction d’entités régionales dans les pays de départ et de transit. Et qui plus est, cet investissement ne doit pas être exclusivement d’ordre financier mais aussi et surtout d’ordre politique30. Etant donné qu’à l’Est d’abord, les pays de l’ex-Union soviétique et maintenant au Sud, les pays du Maghreb sou­haitent rejoindre l’Union européenne, une politique en faveur de la promotion du multilatéralisme régional devrait en favorisant la promotion d’autres espaces d’intégration régionale réduire l’attrait de l’Union européenne en tant qu’espace à intégrer.

Quête d’un nouvel humanisme ? Quête du sens ? Le contexte de l’après guerre froide en Europe étant marqué par la crise de l’idéologie des Lumières et la montée des populismes, la promotion de la construction européenne dans la perspective du multilatéralisme régional s’impose d’autant plus que selon certains spécialistes des cultures asiatiques rien ne serait plus étranger à ces cultures que l’idée de fina-lité31. Ceci expliquerait pourquoi le modèle chinois ultralibéral n’augure rien de bien apaisant pour eux en matière d’humanisme, ce en dépit des discours officiels sur une politique interne fondée sur le principe de l’harmonie et une diplomatie axée sur le slogan d’une émergence pacifique. Qui plus est, pour théoriser l’ap­proche chinoise des relations internationales, le Président Hu Jintao32 a étendu « le concept de « société harmonieuse » à celui de « monde harmonieux », qui s’ajoute à celui « d’émergence pacifique »».

Selon Liu Ji33, Vice-Président de l’Académie chinoise des Sciences sociales, l’his­torien britannique Arnold Joseph Toynbee aurait vu juste en prédisant le déclin de l’Amérique et la montée de l’Asie de l’Est. Pour mieux saisir l’état d’esprit de l’intelligencia chinoise sinon de l’élite dirigeante tout au moins quant aux perspec­tives du développement futur de la civilisation chinoise, il serait utile de le citer in extenso : « The famous British historian Toynbee ever foretold, « The predominant status of America as the center of civilization seems to vanish in short time … in next chapter of civilization, East Asia is to surpass America to take a leading role », and the future development of Chinese civilization would be « of great significance to theprofess of all mankind at this crucial historical stage » (Mankind and Mother Earth, Toynbee) As the human society evolves forward in high speed, the construction of a harmonious world which has long been the universal ideal of all mankind, calls for the rise of new humanism. Let’s embrace the coming ofthe era of new humanism with full enthusiasm. »

Héritage idéologique, le concept d’humanité a horreur du vide spirituel. Humanisme européen, nouvel humanisme chinois, si l’on admet que la civilisation européenne a été le foyer de l’humanisme, il n’y a aucune raison de ne pas croire dans l’ambition de la civilisation chinoise d’œuvrer au développement d’un « monde d’harmonie universelle ». En effet d’après Liu Ji « On the basis of benevolence, the ultimate goal of Confucianists is to develop a world of universal harmony. When the great Tao prevailed, the whole world was one community ». Une montée en puissance annoncée pacifiste, la quête d’un « monde d’harmonie universelle », la sagesse voudrait que jusqu’à preuve du contraire l’Occident puisse à défaut d’une confiance aveugle s’offrir le luxe de lui donner crédit du bénéfice du doute.

D’après un rapport du Sénat français, « Si la Chine s’implique activement dans le multilatéralisme, cet engagement reste très « raisonné » et prudent. Elle y prend encore en effet davantage en compte ses propres intérêts économiques et straté­giques que la promotion des valeurs universelles que ce multilatéralisme est censé promouvoir, en particulier à travers l’ONU. Il reste que cette « émergence pacifique » de la Chine en fait le nouveau pôle de puissance mondiale, seul à même de rivaliser, dans tous les domaines, avec les États-Unis pour lesquels la relation avec la Chine restera durablement un élément essentiel de leur diplomatie. Cette bipolarité34 est d’ores et déjà une réalité ; elle est aussi un défi pour ce troisième pôle en puissance que représente l’Union européenne qui doit impérativement savoir démontrer sa crédibilité de façon à prendre toute sa place dans ce monde multipolaire dont la France a toujours considéré qu’il était une condition de la paix. »

Il est à noter à cet égard que trois guerres consécutives dans le Moyen-Orient ont ravi aux États-Unis d’Amérique leur position de première puissance hégémo­nique mondiale. De sorte que si la situation économique de la Chine ne s’est pas sensiblement améliorée depuis la publication du rapport du Sénat français susmen­tionné, celle des États-Unis en revanche n’a pas cessé de se détériorer. Dans ce contexte de transformation profonde des rapports de force et de rude concurrence entre les différents acteurs dominants de l’économie mondiale, les dirigeants euro­péens ont tout intérêt à être pragmatiques. L’objectif géoéconomique de troisième pôle de puissance qu’ambitionne l’Union européenne n’a des chances d’aboutir que dans la perspective géopolitique du multilatéralisme régional axé sur la promotion des Organisations d’intégration régionales (OIR) avec pour finalité de contribuer à l’avènement d’un monde multipolaire et harmonieux seul garant d’une paix du­rable. Souvent ce que l’on connaît moins bien nous paraît moins bien et pour preuve tout le discours de Max Weber35 sur l’infériorité des cultures non occiden­tales qui ne se limite pas à l’absence d’esprit capitaliste mais qui y conduit. Lucidité et posture d’humilité s’imposent ; non, il n’existe pas de culture « pure », la civili­sation occidentale s’est nourrie et porte en elle les apports technologiques et cultu­relles des autres civilisations dont certaines millénaires en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

La performance économique de la Chine et sa puissance géostratégique de facto ne devraient pas scotomiser les réalités présentes que sont le poids de l’Inde à côté de la Chine dans la mesure de la puissance du continent asiatique, l’hégémonie économique du Japon en Asie et sa position de premier créancier du monde36, la suprématie du complexe militaro-industriel des États-Unis et son incontestable avance technologique dans des secteurs de pointe ainsi que les potentialités de puis­sance stratégique globale de l’Union européenne. Confiance aveugle et/ou perte de confiance des acteurs en présence dans leurs potentialités ne peuvent que favoriser l’autoréalisation de la crainte de l’hégémonie de la puissance chinoise qui est syn­thétisée dans le concept de sinocentrisme qui n’est autre que le retour à la concep­tion millénaire de la Chine centre du monde37.

Officiellement38, la Chine récuse toute ambition hégémonique et rejette l’idée d’un G2 (USA-China) comme un « point de vue sans fondement et faux ». Pragmatique mais volontaire, la « multipolarité » et le « multilatéralisme » qui consti­tuent « la tendance prédominante » ont l’avantage de refléter « la volonté populaire » selon le premier Ministre chinois Wen Jiabao39. Les leaders changent et la volonté de puissance est un instinct qui doit être constamment maîtrisé. La Chine est un pays immense et comme il ressort des données statistiques fournies dans le tableau ci-dessus, son poids dans l’économie mondiale ne peut que croître. À long terme la tendance est à la multipolarité et au multilatéralisme avec une dominance asiatique, c’est ce que d’aucuns appellent « asiatisation » du monde40. Le problème central réside dans la nature de la « multipolarité » : une multipolarité à tendance hégémo­nique ou une multipolarité respectueuse de la diversité ? Comme on le constate, le défi majeur consiste à réussir à mobiliser la communauté internationale pour promouvoir un multilatéralisme régional au service d’une gouvernance mondiale humainement et écologiquement harmonieuse.

Défi du sens et défi de la pertinence de la construction européenne dans la mondialisation, en plus de ces deux défis propres à l’Europe celle-ci doit chercher à développer avec la communauté internationale une base éthique commune pour faire face à cet autre double défi : l’un économique afférant à l’évolution du capi­talisme mondial, préoccupante au regard de la crise financière internationale et l’autre écologique, qui concerne la préservation des équilibres écologiques de la planète. Pour relever le double défi de légitimité économique (défenses des intérêts européens) et de légitimité culturelle (promotion des valeurs européennes), l’Union européenne aurait tout intérêt à réfléchir sur la question du recentrage des stratégies d’intégration régionale dans la perspective du multilatéralisme régional. Ce n’est que conçue dans une telle perspective, que l’Union européenne pourrait – ainsi qu’il est écrit dans sa Constitution – offrir aux peuples européens « unis dans leur diversité » des chances de poursuivre « la grande aventure qui en fait un espace pri­vilégié de l’espérance humaine ».

Bibliographie41

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Notes

  1. D’après Melanie Philipps, éditorialiste du Daily Mail, Breivik, le jeune norvégien auteur de la tragédie d’Oslo « est peut-être un psychopathe déséquilibré, mais ce qui émerge main­tenant de cet acte atroce, c’est le délire d’une culture occidentale qui a perdu la raison », le quotidien Le Monde du 26 juillet 2011.
  2. Michel Maffesoli définit la postmodernité comme « la synergie de phénomènes archaïques et du développement technologique ».
  3. D’après les Nations Unies, constitue un acte de terrorisme « tout acte commis dans l’inten­tion de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, lorsque l’objectif de cet acte, par sa nature ou son contexte, est d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire ».
  4. Le terme de « mondialisme » est utilisé ici sans jugement de valeur pour signifier un état de fait.
  5. Ninou Garabaghi, Les espaces de la diversité culturelle : du multilatéralisme au multicultura­lisme régional, 2010, Paris, Karthala.
  6. Les peuples flamands et wallons font partie de l’Union européenne parce qu’ils appartien­nent à l’État Belge.
  7. Les États européens membres de l’Union européenne sont les suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède et République Tchèque.
  8. Les États européens de la zone euro sont les suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie et Slovénie.
  9. Thierry de Montbrial, Géographie politique, les Presses Universitaires de France (collection Que Sais-je), Paris, 2006.
  10. Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Flammarion, 1993.
  11. Les pays qui ont acquis le statut de pays candidats sont les suivants : Croatie, Ancienne République Yougoslave de Macédoine, Islande, Monténégro et la Turquie.
  1. Les autres pays européens sont les suivants : Albanie, Andorre, Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Bosnie-et-Herzégovine, Géorgie, Liechtenstein, Moldavie, Monaco, Norvège, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suisse, Ukraine et Vatican.
  2. Ninou Garabaghi, « Mondialisation et intégrations régionales : Gouvernance de la diversité culturelle », Conférence inaugurale de la Chaire UNESCO sur les intégrations régionales, Rennes, juin 2010, à paraître dans un ouvrage collectif aux éditions Bruylant.
  3. Nayan Chanda, Mondialisation ou Asiatisation ?, chronique Asie et Pacifique, 01/01/2011.
  4. Voir article de Jùrgen Habermas, dans le quotidien Le Monde du 04/01/2011.
  5. La légitimité des autres religions ne doit pas être exclusivement située dans l’histoire passé
  6. Jùrgen Habermas, L’Europe malade de la xénophobie, article dans le quotidien Le Monde du

04.01.2011.

  1. Voir article de Slavoj Zizek, dans le quotidien Le Monde du 24/02/2011.
  2. Fernand Braudel, op.cit.
  3. Régis Debray, Un mythe contemporain : le dialogue des civilisation, Paris, CNRS, 2007.
  4. Samuel Huntington, Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 1997.
  5. De nature non hégémonique, le concept de puissance régionale est fondé ici sur l’idée du primat du droit sur la force.
  6. Luc Ferry, Mondialisation et dépossession démocratique : le syndrome du gyroscope, décembre 2004, Paris, Institut Montaigne.
  7. Comprise non pas comme une puissance ayant des ambitions de visée hégémonique mais en tant que construction politique permettant à l’Europe d’acquérir le statut d’acteur politique à part entière sur l’échiquier politique mondial. Ce qui suppose, ente autres, une souverai­neté effective sur son espace économique.
  8. Pierre Rosanvallon, Penser le populisme, la leçon inaugurale des Rencontres de Pétrarque («Le peuple a-t-il un avenir ?) organisées par France Culture et le quotidien Le Monde, parue dans le quotidien Le Monde du 21.07.2011.
  9. Jùrgen Habermas, L’Europe malade de la xénophobie, article susmentionné.
  10. Ninou Garabaghi, Les espaces de la diversité culturelle : du multilatéralisme au multicultura­lisme régional, cit.
  11. 9th Euro-China Forum, « New humanism in a globalizing world », 27-28 June 2011,

UNESCO, Paris, France.

  1. Ninou Garabaghi, Mondialisation et intégration régionales : Gouvernance de la diversité cultu­relle, Conférence inaugurale de la Chaire UNESCO sur les intégrations régionales, Rennes, 10 juin 2010, à paraître dans un ouvrage collectif chez Bruylant.
  2. Ninou Garabaghi, « Les Organisations internationales et régionales et les révoltes arabes », Revue de l’Académie de géopolitique de Paris « Géostratégiques » N° 32, juillet 2011.
  3. Zaki Laïdi, au précis cité dans la bibliographie à la fin du présent article. Il convient de noter que Jacques Gernet, met en garde contre deux erreurs communes : l’une consisterait à « croire qu’il existerait une pensée chinoise intemporelle ; l’autre, qui en est inséparable, est d’attribuer à l’histoire de la Chine un immobilisme incompatible avec les profondes mutations qu’elle a connues », cf. La pensée en Chine aujourd’hui op.cit dans les références bibliographiques à la fin du présent article.
  1. Sénat de la République française, « L’émergence pacifique de la Chine dans le monde », Rapport d’information n°400 (2005-2006), déposé le 15 juin 2006.
  2. Liu Ji, Embrace the Era of New Humanism, 9th Euro-China Forum, New Humanism in the Globalizing World, 27-28 June 2011, UNESCO, Paris.
  3. D’après Laurent Cohen-Tanugi, le monde est appelé à être dominé par un duopole américa­no-asiatique. Si le Japon continue à être une puissance économique, on ne peut par ailleurs ignorer le poids de l’Inde à côté de la Chine dans la mesure de la puissance du continent asiatique. C’est pourquoi la formulation de Laurent Cohen-Tanugi, selon qui « le monde est appelé à être dominé par un duopole américano-asiatique » nous paraît plus idoine.
  4. Voir l’avant-propos de son ouvrage sur L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme cité dans les références bibliographiques.
  5. Si avec des réserves internationales de l’ordre de 3,2 Tril. de $ contre 1,2 pour le Japon, la Chine est la première puissance financière Avec des actifs nets à l’étranger de 3,1 Tril de $ fin 2010, contre 1,9 pour la Chine, le Japon continue à être le premier créancier du monde. Cf. Claude Meyer in références bibliographiques à la fin du présent article.
  6. Zhang Yinde, « La «sinité» : l’identité chinoise en question », in La Pensée en Chine aujourd’hui, cité dans les références bibliographiques en fin d’article.
  7. Discours du premier Ministre chinois Wen Jiabao lors du 11e Sommet Chine-UE tenu à Prague en mais 2009. Cf. People’s Daily et Claude Meyer op.cit.
  8. Il est important de souligner que lors du 12e sommet Chine-UE, le premier ministre chinois qui avait appelé la Chine et l’UE à « se placer haut et voir loin » en modelant l’avenir, n’a pas manqué de donner l’exemple en suggérant d’organiser un Forum du Sommet culturel Chine-UE et d’établir un mécanisme de rencontre Chine-UE de niveau ministériel sur la jeunesse. Cf. Agence de presse Xinhua, 2009/12/01.
  9. L’on notera à cet égard que le 4e congrès du réseau Asie & Pacifique a été tenue, du 14 au 16 septembre 2011 à Paris, sous la bannière de la question au combien stratégique de « L’asiatisation du monde ? ».
  10. La présente bibliographie ne tient pas compte des articles, revues, quotidiens sur support papier ou électronique qui ont été consultés et/ou référencés en notes de bas de page.
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