Palestine : affaire de droit international ou objet de « transaction ? »

S.E.M. Michel RAIMBAUD, ancien ambassadeur et ancien Directeur de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides

À l’origine de la question de Palestine, il y a le plan de partage voté par la résolution 181 de l’Assemblée Générale le 29 novembre 1947, après que la Grande-Bretagne se soit déchargée sur l’ONU de ses responsabilités historiques. Le plan prévoit la constitution de trois entités, un Etat juif, un Etat arabe, et la ville de Jérusalem, placé sous un statut international spécial. Seul verra le jour l’Etat d’Israël, proclamé le 14 mai 1948. Les hostilités sont immédiatement déclenchées par les Arabes, qui refusent un partage illégitime à leurs yeux.

Au départ, le « conflit » sera un dossier avant tout politique, de droit international, qui doit être réglé en tant que tel. Israël n’est-il pas le seul Etat né d’une résolution de l’ONU ? Mais les évènements, ponctués de guerres et de rares épisodes de négociation (accords d’Oslo, processus de Madrid, néfastes accords de paix séparée) vont vite traduire une dérive dégradante. Il n’y aura jamais d’Etat arabe, la Cisjordanie étant émiettée en archipel, Gaza transformée en gigantesque prison, et la Jérusalem arabe en capitale éternelle d’Israël. La question politique – notamment la « solution à deux Etats » – sera progressivement évacuée. Elle s’effacera pour laisser la place à une affaire de réfugiés, puis à un problème humanitaire, et enfin à un dossier « pénitentiaire » (le sort des Gazaouis).

Sur 70 ans, le traitement de la question palestinienne aura consacré la faillite des Nations Unies, le triomphe de l’illégalité. On aura tout fait pour habituer des opinions indifférentes ou partiales à l’idée d’un Etat israélien juif, expansionniste et discriminateur, à une sorte de nouvelle partition de la Palestine arabe en deux parties, Gaza et Cisjordanie, sans Jérusalem.

Rien ne symbolise mieux la victoire de la loi de la jungle sur le droit onusien que la « transaction du siècle ». Ce superbe cadeau à Israël, inventé par Trump après le « don » de Jérusalem et du Golan syrien, vise à dissoudre le peuple palestinien et à rayer de la carte les traces de sa terre, en l’amadouant avec quelques milliards des Etats du Golfe et en proposant des « pays de remplacement ».

Pourtant, les Palestiniens étant unanimes à la refuser, la « transaction du siècle » pourrait bien expirer le jour même de son annonce. C’est l’avis de nombreux observateurs.

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