Pour un corps européen de sécurité civile (C.E.S.C.) Une contribution de la France

Par Roger TEBIB

Avril 2001

Le dernier conflit mondial a laissé entrevoir la dimension et l’aspect d’apocalypse que prendraient inévitablement les guerres éventuelles, tandis que les conflits périphériques se développent dans tous les continents et que les nuisances de la société technologique multiplient les risques nouveaux.
Mais nous avons aussi conscience du fait que l’identité européenne, librement acceptée et respectant la souveraineté des pays membres, devient notre grand atout face à ces périls. Un vigoureux effort de protection communautaire est donc nécessaire et il est possible de montrer que les services français de sécurité civile sont en mesure de l’impulser.

La sécurité civile dans différents États européens

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, tous les États ont porté leurs efforts sur la réparation des dommages, la reconstruction des villes détruites, le réaménagement des régions sinistrées, mais aussi sur les mesures de protection face à l’arme nucléaire. On s’est livré à des recherches sur la détection de la radioactivité, la transmission des signaux d’alerte, la propagation des grands incendies… Il convenait d’ébaucher une doctrine, d’édifier une organisation, d’élaborer les textes législatifs indispensables.
La plupart des services de sécurité civile ont été créés ou réorganisés après les années 50 : au Danemark et en Norvège en 1953, en Suisse en 1963, en Allemagne fédérale en 1965… On constate, dans tous les pays, une grande unité de vue en ce qui concerne la protection des populations en temps de paix, en cas de crise ou lors d’une guerre.

Différents aspects de la défense civile

Il est bien évident que les mesures prises et les techniques utilisées sont fonction des lieux et des temps :
d’abord l’intervention immédiate avec les moyens locaux de secours en incitant tous les habitants à participer activement à la défense du patrimoine commun ; l’appel à des forces mobiles puissamment équipées en cas de grave danger ; en temps de guerre, la mobilisation générale avec une défense civile inscrite dans un plan d’ensemble.
Ces trois aspects se retrouvent dans la définition donnée par les autorités du Royaume-Uni :  » La protection civile a pour objet de permettre au peuple de garder sa volonté de vaincre, à l’industrie de continuer ses productions essentielles, aux services publics de continuer à fonctionner, au gouvernement de gouverner.  »

L’autoprotection en Allemagne

L’exemple de nos voisins est, à cet égard, des plus intéressants. La commune est considérée comme la cellule de base de la défense civile avec, pour infrastructures, le corps des sapeurs-pompiers, les installations médicales, les forces de l’ordre et les administrations concernées.

1. En 1951, le gouvernement de l’ex-Allemagne fédérale obtint des autorités alliées l’autorisation de réorganiser ses services de protection civile. Le 9 octobre 1957, le Bundestag vota une loi fondamentale dite  » première loi sur les mesures destinées à assurer la protection de la population civile « . Puis un autre texte du 5 décembre 1958 institua un Office fédéral de protection civile (Bundessteler fur Zivilen Bevôlkerungschutz). Il contrôle étroitement un organisme de droit privé dénommé Bundesverbang fur den Sebstsvchutz (B.V.S.), c’est-à-dire Union fédérale pour l’autoprotection, créée par la loi du 9 septembre 1965 sur la  » protection en cas de catastrophe « . Enfin, il faut remarquer que la loi de base du 9 octobre 1957 reconnaît formellement que  » la commune est le noyau de la défense civile « . Le gouvernement fédéral
verse d’importantes subventions à l’Union fédérale pour l’autoprotection, mais les Lànder et les municipalités ne payent rien.

2. Les avantages de ce système sont multiples :
Les habitants de la zone touchée connaissent parfaitement les dangers possibles et les moyens de secours disponibles ; habitués à vivre en contact, ils forment une équipe homogène surtout quand ils ont suivi un entraînement commun. Du point de vue psychologique, l’autoprotection renforce donc les liens sociaux et fait naître le sentiment d’une responsabilité collective devant le danger. A noter que la loi n’impose aucune obligation aux citoyennes et citoyens : nul ne peut être contraint de prendre des mesures de protection ou de suivre des cours de sécurité civile.
En cas de catastrophe, il n’est pas certain que les colonnes de secours puissent arriver rapidement sur les lieux, si même elles y parviennent ; de plus, le nombre de points sinistrés risque d’être si considérable que les mesures pourraient s’avérer insuffisantes. En tout état de cause, les membres de l’autoprotection, intervenant dès le début du sinistre, peuvent déjà le circonscrire, avec des moyens rustiques et légers.

3. La formation assurée est polyvalente et très poussée.
Il existe une école fédérale à Wôlbrol, des écoles régionales, des écoles itinérantes avec des camions transportant le matériel de démonstration qui vont de ville en ville, selon un plan établi en liaison avec les autorités de chaque Land. Également des formations mobiles avec un seul véhicule pour les prospections des petites communes, surtout en milieu rural. Ajoutons que, depuis la réunification, ces structures se développent dans l’est du pays. L’instruction de base est dispensée en deux séries de cours de cinq heures chacune et elle porte sur l’autoprotection en temps de paix et en temps de crise. Chaque année, 300 000 à 400 000 personnes demandent à suivre cet enseignement.
A signaler encore un fait intéressant : il concerne l’entraînement des volontaires pour la protection des immeubles. L’Union fédérale avait formé, d’après les chiffres donnés en 1995, un millier de groupes d’autoprotection d’une vingtaine de personnes chacun (hommes et femmes de plus de 18 ans) qui disposent d’un équipement rudimentaire mais efficace pour le déblaiement-sauvetage et sont aidés par des chiens spécialement dressés.

Sans doute, l’autoprotection n’est pas, et de loin, toute la protection civile allemande. Il n’en demeure pas moins qu’elle offre un exemple original, efficace et peu dispendieux, d’une organisation qui a le grand mérite d’inciter tous les citoyens et citoyennes à participer activement à la défense du patrimoine commun.
Mais, si parfaitement organisée soit-elle, cette structure de protection ne peut constituer, à elle seule une organisation idéale de secours en cas de crise grave ou de guerre. C’est pourquoi beaucoup de pays estiment que sa mise en oeuvre doit être appuyée par l’intervention de forces mobiles puissamment équipées et motorisées.
Il est possible de citer, entre autres, des États qui sont parvenus à des solutions très satisfaisantes.

Les colonnes mobiles au Danemark

L’originalité du système danois vient de l’existence, à côté des organismes locaux de secours, de colonnes motorisées pouvant intervenir rapidement à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu d’implantation.
1. Organisation
Le personnel de ces unités est composé d’hommes du contingent qui y effectuent leurs dix mois de service. Après une formation générale de six mois, ils sont répartis en équipes (transmission, déblaiement, incendie, etc.). Ils peuvent devenir des cadres de réserve du Corps de Protection Civile s’ils suivent des stages complémentaires. Des jeunes filles sont aussi admises après un entraînement de quatorze semaines.
Les cadres sont formés à l’Académie de Bernstoff, près de Copenhague et à l’École des chefs de peloton de Herning. L’instruction du personnel de ces unités est dispensée selon les doctrines pédagogiques les plus modernes : développement chez les stagiaires des dons d’adaptation, de persuasion, de responsabilité… ainsi que les qualités nécessaires au commandement. Certains de ces jeunes peuvent suivre également des cours dispensés dans les écoles militaires ou navales ainsi que dans des établissements universitaires. Il existe 8 unités mobiles (2 à Herning, 1 à Thisted, Haderslev, Sondholt, Hillered, Allinge et Nexo) et 3 sections groupées en un corps de réserve. Chaque colonne comprend un millier de secouristes disposant d’un matériel puissant et mobile.
Un service technique appuie l’ensemble de ce corps de défense civile ; il acquiert le matériel, l’entretient, contrôle son exploitation et, parfois, fabrique certains instruments.
2. Missions
Les colonnes mobiles ont des attributions multiples, depuis le secourisme classique jusqu’aux interventions en cas d’accidents dans les installations nucléaires. C’est pourquoi existent, dans les centres, des noyaux permanents capables d’agir en tout temps, et qui peuvent être renforcés très rapidement par l’appel de réservistes. En effet, chaque recrue, après son service actif, demeure mobilisable sans la colonne mobile où elle a été formée. Elle peut être rappelée, soit pour des exercices périodiques, soit en cas d’urgence.
Elles peuvent également intervenir pour le compte d’une entreprise privée, par exemple pour entreprendre des travaux de terrassement, avec l’accord de la Direction de la Protection civile et contre rémunération. Elles ont participé aussi à de nombreuses recherches d’enfants égarés, à des actions humanitaires avec la Croix-Rouge, etc.

Les colonnes mobiles danoises sont donc, à tous les points de vue, une des réalisations de la sécurité civile les plus originales qui donnent à la population la certitude de l’existence d’un système de solidarité nationale (voir Olivier d’ORMESSON, Pour une protection civile européenne, in : Actes du Colloque du Haut Comité français de défense civile, Roubaix,
1988).

Les colonnes mobiles aux Pays-Bas

Dans cet État, a été créé en août 1955 un Corps royal des colonnes mobiles qui fut rattaché à l’armée de terre le 1er février 1963. Il réunit des réservistes qui ne possèdent pas d’affectation spéciale de mobilisation. Ils travaillent sous les ordres de militaires de carrière de l l’état-major installé à Utrecht et d’un Centre d’instruction au camp de Craillo, près d’Amersfort. Il existe également une section chargée de la mobilisation. Mais ces implantations risquent évidemment de changer pour des causes techniques ou économiques

1. Formation
Ces réservistes font deux stages de  » reconversion  » de quatre semaines chacun :
le premier est consacré à l’instruction de base ;
le second a lieu deux ans plus tard et est basé sur la dynamique de groupe (école de section, puis de compagnie).
A l’issue de cet entraînement, les hommes sont véritablement intégrés dans les services de protection civile.

2. Organisation
Ce corps royal des colonnes mobiles compte, au total, près de 25 000 hommes, dont 1500 officiers et 3000 sous-officiers de réserve.
Il comprend 23 colonnes mobiles qui sont destinées à la lutte contre l’incendie, au sauvetage-déblaiement et au service sanitaire.

Les colonnes mobiles en Italie

Elles sont au nombre de 12 et leur personnel est composé de sapeurs-pompiers. Il s’agit soit de professionnels soit de jeunes recrues qui ont choisi d’effectuer un service de 14 mois dans le Corps national des sapeurs-pompiers.
Ils suivent d’abord une formation de 4 mois dans les écoles centrales de lutte contre l’incendie à Rome.
Leur statut est celui de fonctionnaires civils de l’Etat mais il y a une coopération civile-militaire.
Ces colonnes sont mises sur pied en cas de grave catastrophe dans un délai d’environ 12 heures.

Les colonnes mobiles en France

Dans notre pays également, des éléments de secours spécialisés existent, avec des personnels bien encadrés, très motivés, pour des missions complexes. Des réformes et des améliorations indiscutables sont faites, depuis des décennies, mais on se heurte toujours à des problèmes de crédits et de relations entre les services.
On peut citer, mutatis mutandis, les unités suivantes :
1. Le Détachement d’intervention catastrophe aéromobile (D.I.C.A.) de l’ Unité d’instruction de sécurité civile n° 7 (U.I.S.C. 7)
Il est né de l’expérience de différentes interventions de cette unité (El-Asnam, Italie, Mexique pour les séismes ; Tahiti et Mayotte pour les cyclones ; Beyrouth pour les conflits). Profondément amélioré à plusieurs reprises, il est un modèle remarquable. Par exemple : Il est prêt à partir dans les trois heures de son lieu d’implantation, dans le Var. Son autonomie sur le plan technique est totale.
Possédant ses propres véhicules, il peut utiliser la voie ferrée, maritime et, surtout, aérienne. Il dispose d’une grande souplesse et s’adapte ainsi à tous les types d’emploi. Il comprend deux éléments :
Le Détachement avancé de coordination opérationnelle (D.A.C.O.), avec trois cellules (commandement et transmission, logistique, médicale).
Le Détachement technique (D.T.) avec trois groupes identiques auxquels est adjoint un groupe cynophile.
Le D.I.C.A. comprend au total 50 hommes et 6 chiens. Il est entièrement autonome pendant 8 jours et peut recevoir ensuite, s’il le faut, un deuxième groupe de 150 hommes avec du matériel technique lourd, des moyens d’hébergement, des vivres et des médicaments. Ses missions sont variées : sauvetage immédiat des personnes, mise en sécurité des animaux et des biens, missions d’interventions techniques à caractère ponctuel, assistance aux populations.

L’U.I.S.C. 1 (Nogent-le-Rotrou) est apte à mettre en place un détachement de ce type.
2. Le Détachement d’intervention pour cataclysme (D.I.C.) de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (B.S.P.P.).
Composé d’une quarantaine de spécialistes en recherche et en localisation des victimes, il peut être mis en route dans un délai de quatre heures. Il est articulé ainsi : un groupe de commandement et de liaison (8 hommes) ;
une section composée d’un groupe de commandement et de 4 ou 5 groupes d’intervention
3. Le S.O.S. sauvetage-déblaiement du bataillon des marins pompiers de Marseille (section opérationnelle spécialisée)
Il comprend une quarantaine d’hommes ainsi répartis : un groupe de commandement ; un groupe santé avec un médecin et un infirmier : un groupe logistique d’intervention ; un groupe logistique de campement ; deux groupes d’intervention composés chacun d’une cellule de recherche et localisation et d’une cellule sauvetage-déblaiement ; une cellule cynophile.
Il peut intervenir en France et à l’étranger, mobilisable en quatre heures, aéro-transportable et autonome pendant quatre jours
4. L’Elis du Gard ou Élément d’intervention spécialisée
C’est une réalisation des sapeurs-pompiers civils départementaux qui reprenait certaines structures et méthodes du D.I.C.A. de l’U.I.S.C. 7 ; son effectif est d’environ 35 hommes ainsi répartis :
une section médicale (5 médecins) ;
une section paramédicale (20 infirmiers) ;
une section de soutien logistique (10 hommes).
Sa spécialité est essentiellement le secours médical.
5. La COLMED 16 (Colonne médicale Charente)
Elle est constituée d’une colonne de véhicules médicalisés

On peut dire que notre pays a mis au point les moyens nécessaires pour être engagés dans les délais compatibles avec l’urgence due aux nombreuses calamités naturelles ou technologiques.

Les secours d’urgence collective à l’étranger

Depuis la fin de la guerre froide, la problématique de l’humanitaire a envahi le champ de la politique internationale. Porter secours aux victimes, sans discrimination aucune, est resté un principe sacro-saint, mais les interventions ne sont pas toujours faciles. Les idées sur l’assistance internationale évoluent et la bonne volonté a besoin d’être aidée : il ne sert à rien d’envoyer des secours en matériel, numéraire ou personnel si leur rôle ou fonction n’est pas établi à l’origine.
Les organisations officielles ou non-gouvernementales deviennent heureusement de plus en plus nombreuses avec des résultats positifs mais aussi des aléas. (voir P. de SENARCLENS, L’humanitaire en catastrophe, Presses de Sciences po, 1999).
En ce qui concerne l’Europe, nous pouvons citer comme exemples deux organismes originaux.
1. Le Corps suisse de volontaires pour l’aide en cas de catastrophe à l’étranger Il dépend du département politique fédéral (Affaires étrangères) et comprend du personnel médical et sanitaire, des spécialistes du génie, du ravitaillement, des transmissions et des transports.

Il agit lors des actions directes de la Suisse, mais se met également à la disposition de la Croix-Rouge et des Nations Unies.
En principe, il n’est pas prévu pour travailler sur le territoire fédéral (voir Xavier EMMANUELLI, Médecine et secours d’urgence, P.U.F., 1979). 2. La Force d’action humanitaire d’intervention rapide (F.A.H.M.I.R.)
Cet organisme français comprend essentiellement :

La Bio force

Créée en 1983, elle est destinée à porter secours sous forme d’une aide en savoir-faire et en produits biologiques aux États qui nous en feraient la demande pour surmonter une crise survenue sur leur territoire. Pour ces  » catastrophes épidémiologiques « , il est prévu en particulier des matériels de laboratoire et des produits pharmaceutiques (vaccins contre la méningite cérébro-spinale, la fièvre jaune, le choléra, etc.) fournis par les instituts Mérieux et Pasteur Production.
A noter que, depuis 1985, a été créée à Bordeaux la Bio force Aquitaine, qui est devenue l’Institut de formation et d’appui aux initiatives de développement (IFAID Aquitaine).

L’Élément médical militaire d’intervention rapide (E.M.M.I.R.)

Au début des années soixante, les catastrophes d’Agadir et de Skopje avaient démontré la carence des moyens internationaux devant de telles situations. Le Service de santé des armées proposa de doter la France d’une formation chirurgicale sous tentes, mise sur pied rapidement et aéro-transportable. Elle répond aux quatre impératifs : o transport en tous lieux du globe ; o intervention rapide ;
o adaptation des moyens au type de mission exigé par le sinistre ;
o formation pouvant subsister deux ou trois semaines grâce à ses propres moyens. (voir PUZENAT et BESNARD, in : Médecine de catastrophes, Tribune médicale, 1984).
Cet élément médical comprend :
o une cellule de commandement et de soutien ;
o deux équipes chirurgicales ;
o deux équipes avec médecins, réanimateurs, pédiatres, puéricultrice de la Croix-Rouge, infirmiers ou infirmières o un laboratoire
o un groupe de convoyage sanitaire aérien à deux équipes.
L’E.M.M.I.R. dispose également d’avions de transport, d’hélicoptères, de véhicules et de moyens de transmissions.
On a dit à son sujet :  » Ce n’est pas seulement une formation médico-chirurgicale d’urgence. C’est un  » système « . Des personnels sélectionnés, préparés, mais qui en temps normal tiennent des postes dans toute la France, des matériels choisis, entretenus et surtout un dispositif d’alerte particulier à tous les échelons sur lesquels repose la rapidité de réponse à la demande.  » (J.A. VIDELAINE, in Médecine en situation de catastrophe, Masson, 1987). A noter que, depuis la création de la Bio force, une partie des misions de l’E.M.M.I.R. ont été confiées à la Bio force.
L’élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale (ESCRIM) est une unité composée d’environ 42 personnes issues des unités militaires de la sécurité civile et du SDIS du Gard. Il a été envoyé, il y a trois ans, au Congo où la guerre civile venait de se terminer, après avoir fait près de 15 000 victimes.

La mission confiée à ce groupe était double : médicale en premier lieu, pour apporter des soins à une population qui avait énormément souffert de ce conflit, et logistique ensuite, pour remettre en route une partie des structures sanitaires de l’hôpital de Brazzaville. C’est un exemple parmi d’autres groupes installés dans notre pays.

Les moyens de la sécurité civile

Pour accomplir les missions fixées par le décret du 13 janvier 1965, les pouvoirs publics ont doté, peu à peu, les services de sécurité civile de structures administratives et de matériels qui font de cet organisme le mieux équipé d’Europe. Voici un essai de recensement :
4 établissements de soutien opérationnel et logistique (ESOL) situés à La Valentine (Bouches-du-Rhône), Jarnac (Charente), Mort-Mare (Meurthe-et-Moselle) et Méry-sur-Seine (Val
d’Oise) ;
18 centres de déminage, dont 2 en Guyane et en Guadeloupe ;
20 bases d’hélicoptères et une base de commandement et logistique à Nîmes avec 34 hélicoptères (26 Alouette III, 3 Dauphin type C 1, 5 Écureuil 350 B) ;
1 base avions implantée à Marignane (Bouches-du-Rhône) avec 24 avions bombardiers d’eau pour la lutte contre les feux de forêts (11 Canadair CL 415, 11 Tracker S 2 F, 2 Fokker F 27) et 2 avions de commandement (Beechcraft King 2000) (voir Civique Spécial DDSC, août-septembre 1998).

La coopération civile-militaire

L’organisation des colonnes mobiles repose, en général, sur des relations très étroites entre les armées et les autorités civiles. Les sont d’autant plus légalement coordonnées que prédomine, dans le pays considéré, le concept de  » défense totale « .
En effet, les armées peuvent apporter un soutien important dans divers domaines lorsque survient une catastrophe. Elles disposent de structures et de moyens qui leur permettent de prendre en charge, à titre exceptionnel, des missions qui ne leur incombent pas normalement ou de prêter leur concours à d’autres organismes responsables de la sécurité civile. Quelques exemples peuvent être donnés en Europe.

Royaume-Uni

La défense civile britannique donne une grande place à l’armée dans son système opérationnel. Ce principe est formellement exprimé dans les règlements militaires.  » Toutes les forces armées, d’active ou de réserve, stationnées au Royaume-Uni au moment de l’ouverture des hostilités et qui ne sont pas encore engagées doivent être prêtes à aider les autorités civiles dans la lutte pour la survie.  »
Un organisme avait été créé pour les interventions en cas de crise ou de catastrophe, le Civil defence corps, composé de 36 bataillons de 800 hommes chacun. Mais des restrictions budgétaires l’ont mis en sommeil il y a environ deux décennies.

Allemagne

Dans le cadre de l’Innere Fùhrung, la Bundeswehr apporte son soutien aux services civils dans les situations d’urgence ou en cas de sinistre ainsi qu’à la protection de l’environnement. Mises à part ces actions ponctuelles de secours, les forces armées sont en état d’alerte 24 heures sur 24.

1. Les centres de coordination SAR (en anglais : search and rescue : recherche et sauvetage) sont installés à Glùcksburg et Goch.
2. Les commandements SAR sont au nombre de 12 (Westerland, Helgoland, Kiel , Borkum, Jever, Ahlhorm, Eassberg, Nôrvenich, Pferdsfeld, Ingolstadt, Bremgarten et Landsberg).
3. Il y a un service SAR d’alerte à Nordholz.
4. Les trois centres de sauvetage de la Bundeswehr sont à Hamburg, Koblenz et Ulm
5. Les trois centres civils de sauvetage, avec hélicoptères de la Bundeswehr se trouvent à Rheine, Wùrselen et Nùrnberg.
Il y a en moyenne vingt sorties par jour pour des opérations d’assistance d’urgence (évacuation des malades, recherche et sauvetage en montagne, transport de sang conservé et de greffons, secours en cas de sinistre, etc.).
A cela s’ajoutent les aides apportées aux pays du tiers monde avec, en particulier, la fourniture gratuite de matériels provenant des stocks des forces armées.
Dans ce domaine de la protection de la population, l’effort de la Bundeswehr tend à se rapprocher, de plus en plus, de celui de l’armée française. Une coopération dans le cadre de la défense civile complèterait avantageusement les jumelages qui existent entre les corps de troupe des deux pays. Ajoutons que la réunification de l’Allemagne n’a pratiquement pas changé cette conception moderne de la défense.

France

Dans le domaine des relations entre le civil et le militaire, trois exemples peuvent être donnés
1. Le Bataillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM)

Il fut créé par décret-loi du 29 juillet 1939 à la suite de l’incendie de Galeries où les sapeurs-pompiers locaux ne purent pas intervenir efficacement. Sa création reprend une structure traditionnelle. En effet, l’ordonnance du 14 août 1719 avait confié au préposé de l’arsenal des galères de Marseille la garde de quatre pompes  » à la Hollandaise « .
a. Organisation
Fort d’environ 1500 hommes, le bataillon des sapeurs-pompiers de Marseille est une unité de
la Marine nationale mais il dépend pour emploi du maire de la ville. Il est placé sous le
commandement d’un capitaine de vaisseau et comprend :
un état-major à 9 sections ;
8 casernes et 9 postes d’interventions ;
7 sections opérationnelles spécialisées.
b. Les missions
Elles sont, en gros, les suivantes :
Lutte contre l’incendie et secours aux asphyxiés, pendus et noyés sur le territoire de la ville de Marseille ;
Relevage des blessés et accidentés sur la voie publique ainsi que sauvetages en tous genres, surtout en mer ;
Responsabilité de plus en plus étendue qui comprend depuis des années l’aéroport de Marignane, les installations portuaires de Fos (y compris la zone industrielle) plus celles de Lavera et Port-de-Bouc.
2. La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (B.S.P.P.)

Elle est l’héritière directe du bataillon créé par décret impérial du 18 septembre 1811, transformé en régiment par Napoléon III le 5 décembre 1866 et constitué en brigade en février 1967.
C’est une unité militaire rattachée depuis 1965 à l’arme du Génie.
a. Organisation
La Brigade compte environ 7 500 hommes répartis en trois groupes :
Le plus important est chargé des secours en région parisienne ; il comprend lui-même 5 groupements (incendie, instruction, services) implantés dans 82 casernements ; la couverture opérationnelle est assurée par 78 centres de secours dont 25 à Paris et 53 dans les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). Un deuxième groupe d’environ 400 personnes affectées à l’U.I.S.C. 1 de Nogent-le-Rotrou. Un troisième groupe de quelque 210 sapeurs fait partie des détachements extérieurs à la région parisienne.
b. Les formations spéciales
Elles ont été créées au sein de la Brigade pour répondre à des risques très spécifiques, par exemple :
Le Groupement de recherche, d’exploration et de plongée (G.R.E.P.) ; La Cellule mobile d’intervention radiologique (C.M.I.R) ; Le Détachement d’intervention cataclysme (D.I.C.).
c. Des types de missions
En plus des interventions classiques en région parisienne, la Brigade participe à des missions de secours à titre permanent ou conjoncturel, à Paris et ailleurs, par exemple : Six détachements sont ainsi affectés
o à Larq-Artix (Pyrénées orientales) pour renforcer les secours locaux à proximité des puits d’extraction du gaz naturel ;
o à Biscarosse (Landes) pour la protection des installations du Centre d’essai des Landes (C.E.L.) et de ses missiles tactiques et stratégiques ;
o à Kourou (Guyane) pour la sécurité des installations opérationnelles du centre national d’études spatiales (C.N.E.S.) et du pas de tir de la fusée Ariane ; o à la Direction de la défense et de la sécurité civile (D.D.S.C.) ; o au Commissariat de l’énergie atomique (C.E.A.) ; o à la Direction des musées nationaux.

L’unité d’instruction de sécurité civile (U.I.S.C. 1)

Elle est basée à Nogent-le-Rotrou et dépend directement de la Direction de la défense et de la sécurité civile (D.D.S.C.). Elle assure l’instruction du personnel de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, contrôle son administration et fournit les cadres nécessaires (officiers, sous-officiers et gradés).

Le détachement d’intervention cataclysme (D.I.C.)

Il intervient en France et à l’étranger. Voici des cas pendant la période 1970-1985.
o 1972, à Vierzy (accident de chemin de fer)
o 1973, à Calan (naufrage)
o 1975, à Woigny (accident)
o 1976, en Italie (tremblement de terre du Frioul)
o 1977, en Guadeloupe (éruption du volcan La Soufrière) et à Djibouti (inondations) o 1978, en Provence (feux de forêts)
o 1980, en Algérie (tremblement de terre d’El Asnam) et en Bretagne (marées noires)

o 1982, à Metz, explosion d’un silo)
o 1985, à Mexico (tremblement de terre)

3. Le Service de santé des armées dans les unités militaires de la Sécurité civile

À côté de son rôle dans la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et le Bataillon des marins-pompiers de Marseille, ainsi que de la contribution qu’il apporte aux services d’urgence des hôpitaux militaires ouverts à toute la population, le Service de santé des armées a des missions multiples dans le domaine de la Sécurité civile.
a. Structures
Un personnel du Service de santé des armées est réparti au sein des quatre unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC 1 à Nogent-le-Rotrou, UIISC 4 à Rochefort sur Mer, UIISC 7 à Brignoles, UIISC 5 à Corte).
Chacune d’elles correspond, en effectifs, à un régiment de l’armée de terre et dispose de médecins, de pharmaciens et de sous-officiers du Service de santé de armées. À noter qu’en l’an 2002, ces quatre unités seront regroupées en deux.
b. Interventions
Ces unités sont mises à la disposition du ministère de l’Intérieur et constituent une force de secours utilisable tant en France qu’à l’étranger, et disponible 24 heures sur 24. Trois heures après l’ordre de mise en route, personnel et matériel sont embarqués à bord d’un avion. Pour ce faire, le matériel, vérifié périodiquement, est conditionné sur palettes et répertorié par différents codes. Le personnel médical de permanence est toujours joignable par  » bip  » ou par téléphone portable.
c. Le sauvetage en mer
Le Service de santé des armées et la Marine nationale, participent, en particulier, aux activités du Centre de consultation médicale maritime (CCMM) de Toulouse, des centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS), des SAMU de coordination médicale maritime (SCMM) et des centres d’opérations maritimes de la Marine nationale.
Les équipes médicales sont fournies aux hélicoptères opérant à partir des bases de l’aviation navale de Lanvéoc-Poulmic, de Saint-Mandrier ainsi qu’à ceux de La Rochelle et Cherbourg. Le délai d’alerte varie de quinze minutes à deux heures, en fonction des préavis de tempête ou de pré-alerte.
Les médecins et les infirmiers sont en général treuillés à bord des navires demandeurs, pour examiner les malades et les blessés, effectuer les gestes de réanimation nécessaires et les préparer à l’hélitreuillage en civière (voir Éric DAL, in Armées d’aujourd’hui, n° 254, octobre
2000).

La France et les relations internationales en matière de sécurité civile

Notre pays est lié, dans ce domaine, avec tous ses voisins européens ainsi que des États des autres continents. En effet, dans ce début du XXIe siècle, une coopération est absolument indispensable pour nettoyer notre continent des nuages radioactifs ou biologiques, éliminer les résidus toxiques, assainir les eaux, réduire les gaspillages, purifier l’air qui cache le soleil, lutter contre les épidémies mais aussi les mafias et le banditisme politique, en restant vigilants face à l’horizon.
Face à tous ces périls, on peut signaler plusieurs types d’actions.

Les commissions européennes de sécurité civile

1. Elles se développent depuis des décennies. Voici quelques exemples :
Le Groupe de travail européen sur le feu, constitué en 1976 à la suite de la réunion à Luxembourg des ministres de l’Intérieur de la Communauté. Il compare les techniques et les matériels d’incendie des pays européens.
Les missions conduites par l’Association française de normalisation (AFNOR), pour l’élaboration de normes à l’échelon européen ou international.
Les réunions consacrées à la sécurité nucléaire, sous l’égide du secrétariat général du Comité interministériel de la sécurité nucléaire, auxquelles participent surtout la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg.
Les réunions des responsables des services de sécurité civile des pays européens, dont la première s’est tenue en mars 1986 à Bruxelles.
2. Des résultats
On est arrivé, peu à peu, à comprendre qu’il fallait lutter contre les diversités administratives, difficilement tolérables face à des risques comme l’accident de Tchernobyl ou la pollution du Rhin consécutive à un incendie de produits chimiques en Suisse.
Les services de sécurité se sont donc accordés sur la nécessité d’une harmonisation des réponses à certains dangers graves, pouvant avoir des effets simultanés sur plusieurs pays. On a accepté la constitution d’une banque de données sur l’ensemble des moyens utilisables en cas de catastrophe. C’est ainsi qu’on a échangé des résultats d’études sur les feux d’hydrocarbures du style  » Opération Proserpine « .

Les matériels français
1. Ils sont indiscutablement très cotés et beaucoup sont adoptés par de nombreux pays, en particulier :
Les casiers à matériels pour véhicules ;
Les lunettes à infra-rouge de recherche dans la fumée ;
Les réacteurs nucléaires REP de 900 mégawatts, achetés par la Corée ;
Les systèmes de protection en matière électronucléaire, qui intéressent beaucoup la Chine ;
Les véhicules tous terrains équipés pour la lutte contre les incendies ;
Les Alouette III médicalisées ; etc.
Ajoutons que de nombreux pays nous envoient des missions d’experts pour l’étude de nos méthodes et de nos concepts d’organisation. Un exemple parmi d’autres :  » Premier ravitaillement en vol d’un hélicoptère réalisé par l’armée de l’air saoudienne et la société Eurocopter. Cette première campagne d’essais s’est déroulée en France du 13 au 30 juin 2000. Elle visait à accomplir des couplages secs (sans transfert de carburant) entre un avion-mitrailleur (Hercules KC 13O) et un Cougar Mark 2. Le ravitaillement en vol est une procédure opérationnelle habituelle pour les avions de chasse et de transport, mais elle ne l’est pas pour les hélicoptères. L’armée de l’air saoudienne sera prochainement équipée de 12 Cougar Mark 2 achetés à la France qui devraient lui permettre de conduire efficacement les missions de sauvetage des pilotes.  » (Armées d’aujourd’hui, n° 254, octobre 2000).
2. Il faut dire que la sécurité civile française développe ses équipements performants. Elle a décidé, en particulier, d’acquérir plus de 30 hélicoptères de type BK 117 C 2 dans les cinq années à venir. De plus, la formation des techniciens et la constitution de lots de rechange entrent dans le budget alloué à cette opération.
Les services de déminage s’améliorent également, en particulier avec l’achat de nouveaux robots.  » Castor, le petit dernier de ces robots, équipe sept centres de déminage depuis 1996. Beaucoup plus léger (35 kg), plus petit et trois fois moins cher que ses ancêtres les RMI (robot mobile d’intervention) 3 et 10, qui coûtaient près d’un million de francs, il répond aux caractéristiques définies par le groupe d’études techniques du service de déminage.  » (Franck CANTON, in : Civique spécial, ouvrage cité).
Ces méthodes évoluent régulièrement ; c’est ainsi qu’on pense à un  » binôme chien-robot « , puisque l’odorat canin détecte certains types d’explosifs comme les vapeurs de nitroglycérine, d’où des réflexions sur la cryogénie et le dressage de certains chiens.

On a pu dire ainsi, à juste titre :  » La sécurité civile est un des plus beaux fleurons de l’action extérieure de la France. Peu de pays disposent d’un tel outil avec une palette aussi large de compétences. Il faut donc faire qu’elle soit reconnue en France, à l’étranger et par les instances internationales comme un pôle d’excellence de la politique extérieure de la France.  » (Bernard SEXE, directeur de la Cellule d’urgence et de veille, quai d’Orsay, 14 août 1998).

L’Institut national d’études de la sécurité civile (INESC)

Cet établissement a été créé en 1981 pour remplacer l’École nationale de protection civile qui avait vu le jour en 1953. Il donne une très belle image de marque de l’enseignement supérieur français dans ce domaine et développe son influence en Europe et dans les autres continents.
1. Enseignement et recherche
Installé à Nainville-les-Roches (Essonne) et rue Chaptal à Paris, il exerce les activités suivantes :
Formation initiale et continue des officiers sapeurs-pompiers professionnels ; Formation initiale des officiers sapeurs-pompiers volontaires ; Cours, conférences et séminaires pour tous les acteurs de la sécurité civile (membres du corps préfectoral, fonctionnaires de la police nationale, médecins, pharmaciens, vétérinaires, etc.) ; Travaux de recherche en partenariat avec les laboratoires et les universités ; Financement de projets de recherche
2. Relations avec les pays européens
L’INESC fait partie de l’Association européenne des écoles de sapeurs-pompiers ; Également de l’Association européenne des écoles de protection civile ; Des travaux sont faits pour harmoniser les programmes de formation et de recherche, pour aboutir, en particulier, à une équivalence des diplômes dans les écoles de même niveau de l’Europe des Quinze ;
Envois de  » missions d’appui  » dans beaucoup de pays de l’Europe de l’Est (Hongrie, Roumanie, Pologne, Ukraine, Géorgie, Arménie, etc.).
3. Relations avec les pays des autres continents
l’INESC forme, depuis des années, des officiers de sapeurs-pompiers marocains et tunisiens, soit en France, soit dans leur pays d’origine en y envoyant des instructeurs ;
Dans le cadre des accords de coopération, les pays d’Afrique noire francophone sont aidés
dans ce domaine par l’INESC et la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris ;
Des contacts réguliers existent avec les services chinois qui s’intéressent à l’enseignement
assisté par ordinateur.
4. Ouverture pour l’industrie française
L’INESC présente à beaucoup de pays les matériels français de secours et de lutte contre l’incendie.
Certains États envoient des experts pour obtenir des renseignements, par exemple : les États-Unis sur l’utilisation des nouvelles technologies pour l’enseignement à distance ; la Finlande pour la mise en place de systèmes d’intervention et le Mexique, qui travaille pour la création d’une école nationale de protection civile.

On ne peut qu’admirer cette coopération internationale.

Un organisme communautaire de sécurité civile

Une intervention rapide et efficace en Europe, dans un pays dévasté par une guerre civile ou un cataclysme naturel, ne dépend pas seulement des secours sur le terrain mais de la mise en place préalable,  » en amont « , d’un système d’assistance globale, qui pourrait être à caractère communautaire.
Il faut, dans cette optique, tenir compte de plusieurs facteurs :
Les techniques de  » mobilisation  » groupant les informations journalistiques, les influences politiques, le soutien de l’opinion publique, etc. ;
L’accessibilité des secours, des moyens logistiques et du contexte géographique ; Les moyens financiers qu’il est possible de dégager.
Toute cette planification de l’assistance dépend essentiellement d’organismes officiels et, dans ce domaine, les forces françaises de sécurité civile sont les mieux équipées et pourraient servir de structure de coordination des services européens.

Les fondements d’une politique européenne de sécurité civile

Il paraît utile, dans ce domaine, de rappeler les points suivants :
Les liens politiques, économiques et affectifs qui nous unissent aux pays européens et nous confortent dans notre volonté d’assumer nos responsabilités dans un monde de plus en plus dangereux qui risque de se transformer en une vallée de larmes si nous oublions de regarder l’avenir.
Le désintéressement de la France, qui ne subordonne son aide à aucune concession, exigeant seulement des États – surtout depuis l’ouverture de l’Europe vers l’Est – qu’ils respectent les pratiques démocratiques élémentaires, fondements même de notre civilisation. Le strict respect de l’indépendance des États, car notre patrie n’admet d’une Europe des nations et non une cosmopolis.
La seule exception concerne la possibilité d’intervention directe fondée sur le droit d’ingérence et exigeant une action militaire d’aide humanitaire.

Les trois formes d’actions possibles

Dans le cadre de la prévention et de la gestion des crises, l’intervention peut se réaliser de différentes manières :
1. L’intervention humanitaire avec ses caractéristiques propres : Protection des ressortissants ou de minorités déplacées ; Acheminement de vivres et de médicaments ;
Transport et hébergement des réfugiés ; Lutte contre toutes sortes d’épidémies ; Évacuations sanitaires ; Recherches de disparus.
2. L’interposition entre deux adversaires pour les amener à résoudre leurs querelles par la négociation :
Volonté d’hégémonie régionale de certains États ; Conflits régionalistes ;
Contestation des frontières issues de la seconde guerre mondiale ou de la guerre froide.
3. Certaines aides pour permettre à la population civile de survivre et au pays de reprendre une vie normale après une crise ou une catastrophe naturelle :

Fonctionnement des hôpitaux ; Transports de la production ;
Remise en état des voies de circulation et de communication. Le processus R.I.C.A.
Une intervention de sécurité civile qui se fait dans une région doit évidemment tenir compte des conditions techniques mais aussi des cultures et des mentalités.
1. Le recensement (R.) des moyens de secours existant dans la zone sinistrée et de leurs possibilités d’intervention. Ceci suppose la connaissance, par les secouristes appelés d’un autre pays, d’une sorte de cartographie des postes de secours, des hôpitaux, des liaisons filières ou radioélectriques, etc. ; compte tenu des technologies actuelles, des synthèses de ce genre faites dans chaque État européen peuvent être regroupées dans un site donné pour consultation.
2. L’intégration (I) des personnels étrangers dans les unités de sauvetage et de soins médicaux, ce qui nécessite évidemment au moins un bilinguisme, dont il faudra tenir compte lors du recrutement et de l’installation dans les différents secteurs.
3. Dans les diverses cultures (C.), qui vont de l’Arménie à l’Écosse, de la Suède à Malte, les attitudes face aux dangers mériteraient une étude concrète : pudeur, amour envers le prochain, reconnaissance, comportement face à la souffrance, la maladie et la mort… Et les sauveteurs doivent être conscients des différences. Il ne faut pas oublier que les considérations religieuses et métaphysiques jouent un grand rôle dans les réactions des populations.
4. L’adaptation (A.) au mode de vie local, surtout lorsque l’intervention dure un certain temps, est aussi indispensable : boisson, nourriture, relations personnelles… tout est observé par celui ou celle que le médecin ou le sapeur-pompier vient aider.

C’est toute une formation qui doit être donnée aux sauveteurs pour leur permettre de tenir compte des mentalités et de faire apprécier la qualité des prestations.

Des structures

Ce Corps européen de sécurité civile (C.E.S.C.) pourrait comprendre quatre services : o l’aide d’urgence ;
o l’aide alimentaire programmée et d’urgence ;
o la mobilisation des ressources et les actions de prévention ;
o l’aide aux réfugiés et aux populations déplacées.
Le directeur viendrait, comme il est de coutume, chaque année d’un État différent. Il
disposerait de trois collaborateurs ou collaboratrices :
o pour l’information (presse, radio, télévision, documentation) ;
o pour les relations institutionnelles ;
o pour l’évaluation (mobilisation des secours et équipes d’intervention, coordination, affaires juridiques…).
Des chefs d’unité dans chaque État européen.
Des moyens opérationnels propres : stocks, moyens de transport et de communication, médicaments pour les situations d’urgence…
Le financement reviendrait aux États avec un contrôle de l’utilisation des ressources. La formation des personnels se ferait avec le Service de santé des armées, la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, le Bataillon des marins-pompiers de Marseille, les unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile ainsi que les écoles étrangères spécialisées dans ce domaine.

Il est bien évident que toutes ces conditions techniques doivent faire l’objet de plans, de conventions ou de protocoles pour adapter peu à peu ce Corps européen de sécurité civile aux missions qui lui seront confiées.

Une solidarité sans frontières

Il se peut que, dans notre idéal d’amélioration continue de la condition humaine, nous rencontrions des défis difficilement surmontables face à des fanatiques ou des illuminés qui veulent déchaîner sur notre continent les quatre chevaux de l’Apocalypse. Nous tenons à nous rendre  » maîtres et possesseurs de la nature « , il nous faut donc préparer tous les moyens de lutte contre les cataclysmes et les épidémies.
L’Europe a montré qu’elle possède la force nécessaire pour se délivrer des vautours et s’épanouir, sur toute la surface de la terre, dans l’esprit et le coeur de toutes les familles humaines, associées dans le même destin.
Parmi tant d’autres, nous pouvons citer ce philosophe de l’Inde, Humayun Kabîr, qui a dit :  » L’esprit d’aventure et d’initiative de l’Europe, sa foi dans la raison humaine, sa recherche de la vérité, et ses efforts pour soulager la souffrance où qu’elle existe, ont tous pour base la puissance que confère une connaissance supérieure.  » (in : Humanisme et éducation en Orient et Occident, entretien international organisé par l’UNESCO, Paris, 1953). La sécurité civile s’inscrit dans cette conception humanitaire et il appartient à notre pays, qui est le mieux équipé dans ce domaine, de mettre en place un système d’assistance ouvert aux populations européennes et également des autres continents.

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