Quel impact de la Francophonie sur le rêve africain !

Mohamed Larbi HAOUAT

Docteur d’État Vice-président de l’AFAL

2eme trimestre 2012

La première partie de mon article est une présentation générale de la définition et des réseaux de la francophonie sous l’égide de l’OIF. La seconde partie se consacre à la question : quel impact de la francophonie sur le rêve Africain ! La meilleure chance de succès de la francophonie reste dans sa capacité de tolérance, d’ouverture sur l’autre, de dialogue des cultures et de solidarité effective. Elle est animée d’une volonté politique pour répondre aux aspirations africaines. Ainsi son impact sur le rêve Africain est grand. Mais, tout n’est pas rose, car ce processus continu devrait poursuivre ses réalisations par étape. L’essentiel est de savoir écouter, respecter les différences, faire participer la jeunesse, soutenir l’éducation, partager les richesses pour faire baisser l’acuité de la pauvreté, défendre la démocratie, les droits de l’homme et proposer une dimension humaniste pour pro­pulser cette démarche positive.

What impact by Francophonie (French-speaking Community) on the African dream !

The first part of my paper is a général présentation of the francophonie and of the French-speaking networks OIF (Intergovernmental Organization of French Speaking Countries). The second part is devoted to the question: what impact of theFrancophonie (French-speaking) on the African Dream! Francophonie’s best chance of success resides in its capacity for tolerance, for opening up towards other peoples and cultures, for dialoguesmotivated by thepolitical will to respond to African aspirations. Thus its impact on the African dream is important. But things have not been idyllic, because this on-going process must be achieved step by step. The crux of the problem is to know how to listen, to respect the differences, to engage and involvethe young generations, to support education, to share wealth in order to reduce acute poverty, to defend democracy and human rights and to propose a humanist dimension with a view to propelling this positive approach.

«Je dois reconnaître que la francophonie représente en Afrique une réalité. Non seulement parce qu’elle met en contact privilégié les pays où le français est langue officielle et ceux où elle est langue de travail, mais parce qu’elle rend les uns et les autres de ces pays participants à un même univers culturel, parce qu’elle rend les uns et les autres plus à même de découvrir, même au-delà de la langue, ce qui les unit.

C’est donc une sorte de Commonwealth que je voudrais voir s’établir entre eux, une sorte de communauté qui respecte les souverainetés de chacun et harmonise les efforts de tous, et je souhaite ardemment que ce voyage que j’effectue en ce moment y contribue… »

Habib Bourguiba Université de Dakar le 24 novembre 1965.

Périple d’un mois en Afrique.

Quel impact de la Francophonie sur le rêve Africain est une question perti­nente au moment où la mondialisation s’est avérée un processus inéluctable dans un monde devenu un village planétaire selon l’expression de Macluhan. Un monde qui est sans cesse à la recherche d’un nouvel ordre international depuis la chute de l’URSS. L’exercice d’une hégémonie d’un Model impérial pour étendre la stan­dardisation américaine ne peut plus être acceptable après l’entrée en vigueur de la Convention de la diversité culturelle de l’UNESCO. Un monde bouleversé par les crises financières, économiques et politiques…

L’émergence des indépendances des États africains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a donné au continent de nouvelles aspirations et de nouvelles perspectives. Si l’association volontaire d’États du Commonwealth a développé les liens sentimentaux à la Couronne Britannique et a poussé à la coopération écono­mique, la Francophonie peut-elle avoir un impact sur le rêve Africain ? Peut-elle contribuer à transformer ce Rêve Africain en réalité en mettant en place des stra­tégies de développement pour répondre aux défis auxquels se trouve confronté ce continent ?

Avant d’appréhender ces questions appropriées il convient de définir d’abord la Francophonie. L’élaboration de ce terme revenait au grand géographe Français Onésime Reclus. Il indiquait en 1880 que la francophonie, comme étant ce qui ras­semblait tous les étrangers qui parlent le français dans le monde : «… Tous ceux qui sont ou semblent être destiné à rester ou à devenir participants de notre langue. » Ainsi, il a mis un dénominateur en commun pour des peuples de différents pays dont-ils ont la langue française en partage : des Acadiens, des Africains, des Arabes, des Berbères, des Haïtiens, des Indochinois, des Québécois, des Suisses Romands, des Valdotains, et des Wallons de Belgique…

L’origine sémantique de la francophonie est formée par un substantif germain, « franc » et un substantif grec « phonie ». Le concept francophonie ne fait son appa­rition dans les dictionnaires que vers 1930, mais il ne connaît son véritable essor qu’après la décolonisation.

L’article premier de la Charte de la Francophonie adoptée à Antananarivo, le 23 novembre 2005 présente clairement la vision de l’action francophone :

« La Francophonie, consciente des liens que crée entre ses membres le partage de la langue française et des valeurs universelles, et souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable, a pour objectifs d’aider : à l’instauration et au développement de la démocratie, à la préven­tion, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’homme ; à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle ; au renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies ; à la promotion de l’éducation et de la formation… »

De ce fait, il est utile de préciser que dans un premier temps, l’action franco­phone a été limitée dans une mission restreinte pour favoriser la langue et la culture puis elle a subi un élargissement de l’éventail pour remplir d’autres tâches essen­tielles dans quatre domaines :

  • – Promotion de la langue française et la diversité culturelle et linguistique dans l’espace francophone.
  • – Appuyer l’Éducation, l’Enseignement supérieur et la Recherche.
  • – Promouvoir la Paix, la Démocratie, et les Droits de l’Homme.
  • – Développer la coopération et la Solidarité internationale pour un dévelop­pement durable.

Dans ce sens de l’élargissement fonctionnel de la francophonie, Abdou Diouf, Secrétaire générale l’OIF, rappelait que :

« La Francophonie, c’est le combat pour certaines valeurs (…) une approche originale qui fait avancer en profondeur ces chantiers de la démocratie et des droits de l’homme. »

Francophonie et Mondialisation Hermès, n° 40, 2004.

En effet, les Pères fondateurs et précurseurs de la Francophonie : Léopold Sédar Senghor Président du Sénégal (1906-2001), Habib Bourguiba Président de Tunisie (1903-2000), Hamani Diori (1916-1989) Président de la République du Niger, Charles Hélou (1912-2001) Président de la République du Liban et Norodom Sihanouk (1922) Roi du Cambodge ont ressenti tous le même besoin pour la construction d’une communauté francophone.

Ainsi, le français qui a servi pour l’instauration de l’indépendance et la paix entre les Nations doit servir aussi comme instrument pour le développement so­cio-économique, le progrès scientifique, technologique et culturel dans l’espace francophone. Par conséquent la Francophonie n’a pas été une demande française, puisqu’elle a été exogène à l’hexagone. Elle a été d’abord une aspiration africaine puis, elle s’est élargie progressivement pour devenir internationale. Ainsi, Boutros Boutros-Ghali soulignait que : « La Francophonie est née d’un désir ressenti hors de France. »

Pour cerner ces défis, il va falloir se doter d’une volonté politique d’abord, puis créer les outils nécessaires capables à provoquer un effet de synergie, pour soutenir la formation linguistique et stimuler la création. Sous l’impulsion de trois chefs d’État africains, Bourguiba, Diori et Senghor, naissait l’Agence de coopération culturelle et technique (A.C.C.T.) par la Convention de Niamey au Niger du 20 mars 1970.

Cette date symbolique pour la Francophonie est aussi chère pour Bourguiba, car c’est la fête nationale de l’indépendance de la Tunisie.

Aujourd’hui, la communauté francophone est constituée de 75 États et gou­vernements membres et observateurs de l’OIF, dont 30 États Africains. La franco­phonie est riche de 200 millions de francophones. Cependant, son essor ne peut être porteur que par une adhésion populaire plus large et surtout par la jeunesse francophone qui représente l’avenir. En même temps, il faut un ralliement d’une France réticente qui craint l’accusation de néocolonialisme.

Cet acquiescement d’une volonté politique comme épine dorsale de la fran­cophonie est un signe d’adhésion à cette communauté d’esprit. Donc, il va falloir l’institutionnalisé par la formation d’une base fondamentale pour asseoir les réseaux de la Francophonie.

  • – L’organigramme des réseaux de la Francophonie :

« Le succès de la Francophonie dépend de l’efficacité des structures et des hommes qui prennent en charge l’accomplissement du projet. »

Léopold Sédar Senghor, Discours prononcé au siège de l’ACCT en 1985.

Dans la mondialisation, le temps est aux réseaux. Trois composantes essentielles forment les réseaux francophones : les instances officielles, la société civile et les entreprises citoyennes.

  • – Les instances officielles :

A – Le Sommet de la Francophonie :

La conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le Français en partage est l’instance suprême de la Francophonie multilatérale. Elle se réunit tous les deux ans pour définir le programme d’action de la Francophonie, afin d’assu­rer son rayonnement dans le monde et veiller à son bon fonctionnement. C’est le Sommet qui élit le Secrétaire général de la Francophonie qui assume la responsabi­lité de sa bonne gouvernance :

  • – Paris, France 1986.
  • – Québec, Canada, 1987.
  • – Dakar, Sénégal 1989.
  • – Paris, France 1991.
  • – Grand Baie, Maurice, 1993.
  • – Cotonou, Bénin 1995.
  • – Hanoi, Vietnam, 1997.

VIII  – Moncton, Canada, Nouveau-Brunswick, 1999.

  • – Beyrouth, Liban,2002
  • – Ouagadougou, Burkina Faso, 2004
  • – Bucarest, Roumanie, 2006
  • – Québec, Canada 2008.
  • – Montreux, Suisse 2010.
  • – Le prochain Sommet se tiendra à Kinshasa, République Démocratique du Congo, du 13 au 14 octobre 2012.

B – L’Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF) :

C’est une institution fondée sur le partage d’une langue et de valeurs com­munes. Sous l’égide du Secrétaire Général de la Francophonie, elle conduit les actions dans les domaines de la politique internationale et la coopération multila­térale. Elle s’appuie sur un Conseil Permanent de la Francophonie (CPF) et quatre opérateurs directs :

C – Le Conseil Permanent de la Francophonie (CPF) :

Le Conseil est présidé par le Secrétaire général de la Francophonie et composé des représentants des États et des gouvernements membres. Il assume les responsa­bilités suivantes :

  • Charger de la préparation et le suivi des Sommets.
  • Veiller à l’exécution des décisions de la conférence ministérielle.
  • Arrêter et exécuter les décisions du Fonds multilatéral.
  • Adopter l’ordre du jour provisoire des réunions de la conférence ministérielle.
  • Analyser et approuver les projets.
  • Évaluer les programmes des opérateurs.
  • Coordonner et arbitrer les volets politiques, économiques.

Les actions de la Francophonie déploient une synergie grâce à sept fonds qui fonctionnent par appels publics à projets :

  • Fonds d’aide à la circulation des artistes.
  • Fonds d’appui à la presse francophone du Sud.
  • Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud :
  • Aide à la production cinématographique
  • Aide à la production télévisuelle
  • Fonds francophone des inforoutes
  • Fonds francophone d’initiatives pour la démocratie, les droits de l’Homme et la paix.
  • Programme spécial de développement.
  • Fonds d’aide à la traduction et à l’interprétation.

 

D – La Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) :

Elle rassemble une fois par an, les ministres chargés de la francophonie des pays de la communauté francophone. Elle nomme l’administrateur général, prépare le Sommet, veille à l’exécution des décisions et présente au Sommet les nouvelles can­didatures pour devenir membre associé ou observateur.

 

III – Les Opérateurs de la francophonie :

1 – L’Agence Universitaire de la Francophonie, (AUF):

L’Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue Française (AUPELF) a été créée à Montréal au Canada, le 8 septembre 1961. L’Université des Réseaux d’Expression Française (UREF) a été créée 1986. L’AUPELF-UREF est devenue en 1998 l’AUF, l’Agence Universitaire de la Francophonie, dont les pro­grammes ont vocation à :

  • Réduire les disparités entre les sexes dans l’enseignement supérieur, la recherche et l’excellence.
  • Favoriser l’intégration des jeunes.
  • Renforcer les capacités des universités du sud et la mise en réseau de la com­munauté universitaire.
  • Favoriser l’utilisation des technologies de l’information et de la communica­
  • Favoriser les partenariats et la coopération avec d’autres organisations franco­phones et internationales en vue de promouvoir la recherche scientifique, la diver­sité culturelle et le partage de l’expertise.

L’AUF regroupe 658 établissements répartis sur tous les continents avec 2400 bourses. C’est un réseau de 25 campus numériques francophones.

  • – L’université Senghor d’Alexandrie.

L’université Senghor d’Alexandrie a été fondée en 1990 pour assurer gratuite­ment une formation scientifique aux étudiants francophones dans les disciplines suivantes :

  • Santé nutrition.
  • Gestion administrative.
  • Gestion du patrimoine.
  • L’université est financée par l’OIF, les États membres et le Mécénat.
  • – L’Association Internationale des Maires Francophones, (AIMF).

Elle est créée en 1979 à Québec à l’initiative du maire de Paris, Jacques Chirac. Elle a fédéré 106 grandes villes de 47 pays. Depuis le Sommet de Maurice en 1993, elle est devenue opérateur de la Francophonie. Elle est chargée de promouvoir la communication et la coopération entre les villes francophones pour assurer un meilleur développement urbain.

  • – TV5 Monde :

a – TV5 Monde est la première chaîne de télévision francophone qui a pris nais­sance en 1985 pour offrir au monde des programmes en français. Comme son nom l’indique, elle est le fruit d’un partenariat entre cinq chaînes : TF1, Antenne 2, FR 3, RTBS, SSR. Aujourd’hui, ses programmes sont diffusés en 8 signaux :

  • Tv 5 Afrique.
  • TV 5 Europe.
  • TV 5 Amérique Latine.
  • TV 5 Asie Océanie.
  • TV 5 États-Unis.
  • TV 5 France, Belgique, Suisse.
  • TV 5 Orient.
  • TV 5 Québec Canada.

 

b — La société civile:

La société civile est devenue une composante incontournable de la vie socio-économique, culturelle et politique de tous les pays. En France, le tissu associatif est fort de 1 200 000 associations. L’évolution annuelle de ce secteur oscille entre 50 000 et 70 000 créations. Il y a près d’un Français sur deux impliqué bénévole­ment dans un projet associatif. Le nombre de salariés atteint 1 150 000. Le chiffre d’affaires parvient à 59 milliards d’euros dont 51 pour cent, d’origine publique. À ces chiffres, il fallait ajouter le financement européen. Le fonds Structurel est de l’ordre de 308 milliards d’euros.

Le domaine francophone bénéficie d’un apport considérable d’associations francophones en France et dans l’espace francophone. Là, il faut bien mentionner que l’avenir de la Francophonie est surtout dans l’adhésion des mouvements de la jeunesse et des femmes dans l’espace francophone. L’OIF a réussi la construction d’un vivier de 63 OING/OSC encadré d’un Comité de suivi élu tous les deux ans. La 8e Conférence se tiendra cette année au Centre de conférences ministériel du Ministère des Affaires étrangères et européennes du 7 au 10 juin 2012. À cet effet nous représenterons notre Association Francophone d’Amitié et de Liaison AFAL. En effet, l’AFAL est une union de 123 ONG dans l’espace francophone. Elle a été créée à Paris en 1974. Elle est agréée par l’UNESCO, l’ONU, le Conseil de l’Europe et l’OIF.

c — Les entreprises citoyennes:

Les entreprises citoyennes sont publiques, semi-publiques et privées. Il ne s’agit pas de dresser une liste nominative de toutes les entreprises citoyennes, mais, il faut rappeler tout simplement que la francophonie compte beaucoup sur elles pour maintenir le cap économique. Elles sont les pierres angulaires de l’édifice de la fran­cophonie des affaires. Si elles ne maintenaient pas le français en tant que langue des affaires pour régir leurs relations avec la clientèle et les fournisseurs, l’Anglais pren­drait le devant. Tout le monde sait, le caractère manifestement agressif de l’Oncle Sam qui mène la guerre pour l’américanisation du monde. Désormais l’Afrique n’est plus la garde chassée de la Francophonie. La Chine est entrée dans le jeu pour revendiquer sa part du marché africain.

IV – Quel impact de la Francophonie sur le rêve africain :

« La Francophonie s’ouvre chaque jour davantage au monde. Forte de sa volonté d’œuvrer au service de toute l’humanité, consciente de ce qu’elle peut apporter aux autres et sachant qu’elle a besoin des autres pour s’épanouir. »

Abdou Diouf Secrétaire général de la Francophonie

La Francophonie s’engage à promouvoir la diversité culturelle et linguistique : L’une des priorités de la Francophonie est la diversité culturelle et le multilinguisme, car c’est un principe qui contribue à garantir la vitalité créatrice et la cohésion du monde Francophone. La notion de diversité paraît plus rassurante pour une ouver­ture fructueuse. C’est le combat contre l’uniformisation culturelle et linguistique. Le projet est scindé en deux chantiers, « les langues » d’une part et « la culture et les médias » d’autre part. C’est à Cotonou au Bénin lors de la IIIe Conférence minis­térielle de la Francophonie, en juin 2001 que le concept de la diversité culturel est devenue une politique. La déclaration de Cotonou marque l’engagement solennel des ministres à promouvoir la diversité culturelle au sein des divers forums interna­tionaux. Les ministres adoptent un plan d’action de 6 points :

  • – Soutenir, aux plans interne et international, la diffusion et le dialogue des cultures en favorisant leur appropriation par les populations et en développant le savoir-faire des professionnels.
  • – Faciliter la conception et la mise en œuvre de politiques culturelles et lin­
  • – Consolider le rôle de la langue française et des langues nationales partenaires en tant que vecteurs d’expression des créateurs, de développement, d’éducation, de formation, d’information, et de communication au sein du monde francophone.
  • – Améliorer l’accès des créateurs, artistes, producteurs de la Francophonie aux marchés internationaux et la protection de leurs droits.
  • – Développer les industries culturelles, les technologies de l’information et les médias audiovisuels.
  • – Instaurer une concertation permanente élargie aux acteurs culturels de so­ciété civile et du secteur privé.

Apprendre à devenir polyglotte. Saisir le multilinguisme pour devenir pluri-lingue c’est d’une part alimente l’intercompréhension et en même temps faire face à l’exacerbation d’une concurrence déloyale. Dans ce contexte, la maîtrise au moins deux langues vivantes en plus de la langue maternelle devient un instrument pro­motionnel pour réduire tout excès disproportionné. C’est une assurance protectrice pour la diversification des langues apprises ce qui allège à la fois l’angoisse de la mondialisation et favorise la mobilité internationale.

La Francophonie est riche de sa diversité par le dialogue des cultures. Elle doit Privilégier l’aspect interculturel dans la découverte de la dimension socioculturelle. Son rôle est aussi essentiel dans la promotion de la défense, le renforcement des droits de l’homme, des enfants et des libertés fondamentales. Il n’y a pas de démo­cratie sans diversité. Les meilleures chances de succès de la francophonie restent dans la capacité de tolérance, de liberté de l’expression, d’ouverture sur l’autre, de dialogue des cultures et des civilisations, de solidarité. Elle ne vivra que si elle sait écouter et encourager l’apprentissage des langues, respecter les différences, faire participer la jeunesse francophone, savoir partager les richesses pour faire baisser l’acuité de la pauvreté dans le monde et défendre la démocratie et les droits de l’homme. Bref, c’est par sa dimension humaniste que la Francophonie tiendra une place prépondérante face la globalisation.

Si les instances francophones étaient bien des organes de formations, d’enca­drements, de réflexions, d’aides à la décision, la francophonie demeure trop aliénée par la politique des États membres. Nous avons constaté la limite des États face au Printemps arabe ! Donc la Francophonie devrait être populaire. C’est en multipliant le partenariat avec la société civile, avec les ONG que la francophonie peut avoir beaucoup plus d’influence. Certes, c’est un projet inachevé, car la francophonie est un combat culturel permanent, une volonté continue, renouvelée chaque jour.

Ce qui a alimenté les conflits, les ingérences et la dégradation de la situation en Afrique provenaient surtout de la démographie galopante, la centralisation admi­nistrative, les inégalités, l’effritement de la cellule familiale surtout à cause de la polygamie, les maladies surtout le Sida et la pauvreté. Ainsi que les conditions climatiques : inondations ou sécheresses, la corruption de certains dirigeants poli­tiques, l’autoritarisme, le trafic, le pillage des ressources par les firmes multinatio­nales, le non-respect des droits de l’homme et de la démocratie, La non-application de la règle participative au pouvoir…

Malgré tout, la francophonie a bien contribué au rêve africain. Son impact est non négligeable, mais les résultats n’étaient pas à la hauteur des aspirations des Africains, beaucoup de choses restent à faire au niveau d’une stratégie de croissance pour le développement durable, la réduction de la pauvreté, la dignité humaine, l’égalité des chances, la lutte contre le Sida et surtout, la lutte contre la corruption.

C’est le programme du Nouveau Partenariat Pour le Développement de l’Afrique (NOPADA). En effet, les francophones appellent à un véritable partenariat fondé sur co-développement pour garantir une croissance économique par le commerce équitable. La francophonie devait contribuer à réduire la fracture numérique dans l’espace francophone par une véritable solidarité. Les dirigeants africains veulent des investissements, pas la charité.

L’Afrique a connu en 2007 une croissance moyenne de 5,7 %. Cependant le commerce inter – africain ne représentait que 2 % du commerce mondial. La haussa vertigineuse du prix du pétrole et des denrées alimentaires de bases pourrait entraî­ner la famine dans certains pays d’Afrique.

Les meilleures chances de succès de la francophonie restent dans la capacité de tolérance, d’ouverture sur l’autre, de dialogue des cultures, de solidarité. Elle ne vivra que si elle sait écouter les autres langues, respecter les différences, faire parti­ciper la jeunesse francophone, savoir partager les richesses pour faire baisser l’acuité de la pauvreté dans le monde et défendre la démocratie et les droits de l’homme. Bref, c’est par sa dimension humaniste que la Francophonie tiendra une place pré­pondérante face la Mondialisation.

La francophonie doit être aussi un acteur de la cohésion sociale et de l’intégra­tion des migrants. En effet, les migrants, très largement issus des pays africains ont plus souvent une carence en français, notamment les femmes et les personnes âgées. La francophonie devrait participer au soutien des ONG pour l’apprentissage du français et l’alphabétisation des migrants africains dans les banlieues.

Finalement, il semble que la meilleure conclusion à ce sujet se présente dans une citation très chaleureuse d’un africain, bâtisseur qui disait que :

« La Francophonie, c’est cet Humanisme inégal, qui se tisse autour de la terre : cette symbiose des « énergies dormantes » de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire. »

Léopold Sédar Senghor, Revue Esprit, novembre 1962.

 

Bibliographie :

La bibliographie est très abondante à ce sujet, c’est pourquoi, il faut être sélectif. Donc, nous ne retenons que l’essentiel pour ne pas être top long.

  • Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), Quelle Francophonie pour le XXIe siècle. Paris, Karthala 1997.
  • BARRAT Jacques et MOISEI Claudia, Géopolitique de la Francophonie, un nouveau souffle ? Paris, Édit. De la Documentation Française, 2004.
  • DENIAU Xavier, Florilège de la langue française et de la francophonie. Paris, Éditions Richelieu-Senghor, 1988.
  • DENIAU Xavier, La Francophonie Que sais-je n° 2111. Paris PUF 2e édition 1992.
  • FARANDJIJIS Stélio, Francophonie et humanisme. Débats et combats. Paris, Éditions Tougui, 1989.
  • GUILLOU Michel et LITTARDI Arnaud, La francophonie s’éveille. Paris, Édition Berger-

Levrault, 1988.

  • KRISTEVA-JOYAUX Julia, Le message culturel de la France et la vocation interculturelle de la Francophonie. Avis et Rapports du Conseil Économique, Social et Environnemental 2009. Paris, Éditions des Journaux officiels 2009.
  • NDAO Papa Alioune (Sous la Direction de), La francophonie des Pères fondateurs. Paris,

AUF-Karthala, 2008.

  • L’Observatoire de l’OIF, La langue française dans le monde 2010. Paris, Nathan, 2010.
  • POISSONNIER Ariane SOURNIA Gérard, Atlas mondial de la francophonie, du culturel au politique. Préface Ghassan Salamé. Paris Éditions Autrement, 2006.
  • ROYJean-Louis, La Francophonie, le projet communautaire. Avant-Propos de Roger Dehaybe. Canada, Édit. Cérès Productions, 1993.
  • SANAKER John Kristian, HOLTER Karin, SKTTUM Ingse, La Francophonie – une intro­duction critique. Oslo Academic Presss, Unipub forlag, 2006.
  • SENGHOR Léopold Sédar, Liberté (Vol. I, II, III). Paris Seuil.
  • TETU Michel, La francophonie, histoire ; problématiques et perspectives. Montréal, Guérin,
  1. Paris, Hachette, 1988.

–  VIATTE Auguste, La Francophonie, Paris, Éditions Larousse 1969. Sites Internet & Contact :

www.francophonie.org

rectorat@usenghor-francophonie.org

www.usenghor-francophonie.org

www.auf.org

sp@aimf.asso.fr www.maires.francophonie.org

www.francophonie.org/appels

www.tv5.org

contact@europe.tv5.org

Article précédentLa francophonie en Afrique : une idéologie profonde ou un système d’influence ?
Article suivantAPRES LES REVOLUTIONS ARABES EN AFRIQUE DU NORD : LE DECLIN INELUCTABLE DE LA FRANCOPHONIE ? ENJEUX POLITIQUES ET STRATEGIQUES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.