Quelles perspectives de paix pour la cause Palestinienne ?

Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de géopolitique de Paris

En 1799, l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine. C’est la reprise du débat en Occident sur la Terre sainte. Les Puissances se font la guerre pour établir leur protectorat. Les scientifiques font des fouilles pour démontrer la réalité du texte biblique face à la critique rationaliste.

La Première Guerre mondiale visait la nécessité d’un nouveau règlement de compte.La Seconde Guerre mondiale y a ajouté une justification idéologique, puisque l’Allemagne a exploité le racisme pour sacrifier juifs, tziganes et communistes, mais a perdu la partie, permettant la création de l’Etat d’Israël par les puissances alliées, toutefois une création controversée et contestée à ce jour, puisque Israël à son tour a cru devoir expulser les Palestiniens, alors que les pays voisins s’impliquent de plus en plus fortement dans ces troubles.

Depuis, maintes résolutions et décisions de l’Organisation des Nations unies et de son Conseil de sécurité, pour cette région ont été ignorées par Israël qui lui-même est né de cette Organisation ! Parallèlement, Israël commet peut-être sa plus grande erreur, en transformant l’accord de paix d’Oslo en base de lancement de répression contre les Palestiniens, malgré la paix tant désirée, et en provoquant la reprise des violences dans toute la région.

L’aggravation des vives tensions au Moyen-Orient et le tragique conflit actuel sur ce sujet sont provoqués par les Américains, entachant l’histoire de l’ONU, c’est l’un des exemples concrets des nombreuses dérives néfastes des interventions américaines à travers le monde.L’ONU vise normalement la voie de la préservation de la paix, or l’ONU et ses organes ont été instrumentalisés par les grandes puissances et principalement les Etats-Unis qui, dès le départ, ont imposé avec force leurs influences.  Les Etats-Unis sont allés jusqu’à suspendre leurs cotisations au budget de l’Organisation, et y doivent à présent plusieurs milliards de dollars.

La principale cause de la poursuite de la crise au Moyen-Orient et donc de la propagation du terrorisme réside dans le fait que les Etats-Unis empêchent l’application des décisions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale, et apportent ouvertement leur soutien inconditionnel à la violation des droits du peuple palestinien par Israël.

Le Président des Etats-Unis bat en brèche depuis deux ans tous les accords qui gèrent la paix dans le monde, surtout l’accord nucléaire sur l’Iran. Il s’est aussi retiré de l’Accord de Paris sur le climat, et mène à présent une guerre commerciale contre la Chine et l’Europe.

Il devient urgent d’y opposer une réaction ferme de la communauté internationale dans son ensemble, car il menace la paix dans le monde. La politique menée actuellement par le président américain est fondée sur le concept de l’espace vital, rappelant celle des impérialistes nazis à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd’hui les Etats-Unis prêchent encore une fois la guerre des civilisations, l’instrumentalisation des conflits religieux et le lancement de « guerres préventives », tout en traitant l’Afghanistan, la Syrie, l’Iran, le Pakistan et beaucoup d’autres pays de terroristes ! Enfin, l’Europe, qui aurait dû être un acteur central de stabilité au Moyen-Orient, reste confinée à l’arrière-plan face à l’omniprésence américaine dans la région.

Les ressources énergétiques et la situation géopolitique de la zone constituent les objets d’une rude rivalité entre l’Europe et les Etats-Unis.

Le 31 août dernier, Washington a annoncé la suspension de sa participation financière à l’organisation des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, provoquant l’inquiétude de l’ONU.

Le 8 septembre, Donald Trump a ordonné la suppression d’une aide de 25 millions de dollars  destinée aux hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est et il refuse de voir des Palestiniens à l’occasion de débats sur leur sort ou sur une éventuelle solution ou décision les concernant.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères a récemment annoncé son intention de consulter ses partenaires européens pour aboutir à une position commune européenne sur la reconnaissance de la Palestine. Le ministre irlandais des Affaires étrangères a exprimé une position similaire. D’autres pays européens pourraient adopter la même attitude.

La France devrait soutenir l’initiative espagnole et s’engager à reconnaître l’Etat de Palestine quelle que soit l’issue des consultations qui attireraient certainement l’approbation d’autres États. Déjà des échos ont été observés dans d’autres pays comme la Belgique et la Slovénie.  

Hélas, il n’y a toujours pas de « plan du siècle ». C’est maintenant que la France doit s’imposer comme une alternative crédible, au moment même où l’Administration américaine vient d’exprimer la volonté d’en finir aussi avec la Cour pénale internationale !

Le conflit ne pourra être résolu que par la création d’un Etat palestinien indépendant, viable et démocratique, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, pays que la France a été l’un des premiers à reconnaître et à établir avec lui des relations diplomatiques, dès 1949. Depuis près de 70 ans, la France défend le droit d’Israël à exister, à vivre en sécurité et sa pleine appartenance à la communauté des nations souveraines.

La France appelle au respect du droit international, aux résolutions des Nations Unies quant à l’existence de ces deux États (résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies), une solution juste pour les réfugiés (résolution 194), la fin de l’occupation israélienne (résolution 242) et la préservation du statut de Jérusalem (résolutions 476 et 478).

Dans cette perspective, la France a défini, avec ses partenaires européens, les paramètres qui doivent présider une résolution du conflit :

• des frontières basées sur les lignes de 1967 avec échanges agréés de territoires équivalents ;
• des arrangements de sécurité ;

• une solution juste, et agréée au problème des réfugiés

• Jérusalem sera la capitale des deux États, sinon la France ne le reconnaîtra pas.

C’est dans cet esprit que la France a salué l’Initiative arabe de paix de 2002 et sa réaffirmation récente.  

La France et l’Union européenne sont également mobilisées en Cisjordanie, face aux expulsions et aux démolitions, conséquences de la politique de colonisation israélienne.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, l’Égypte et maintenant la Jordanie, sont dans le camp américano-israélien : ces pays prennent position sur le drame palestinien sans consulter le peuple concerné, c’est une trahison caractérisée des intérêts arabes et de la cause palestinienne elle-même.

En conclusion, l’éclatement de la Palestine aura répondu une diaspora à travers le monde, une diaspora parmi la jeunesse la plus diplômée du monde et très attachés à son pays d’origine. Ils sont citoyens du monde et représentent l’avenir de la Palestine.  

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