Vers l’espace géoculturel francophone en Asie Pacifique ?

Jacques NGUYEN THAÏ SON

Diplomate (ret) et Président d’Interface Francophone.

Réflexions géostratégiques à partir de la réussite de la francophonie en Indochine

En 1975, à la fin de la guerre du Vietnam, la francophonie était quasi inexistante dans la pénin­sule Indochinoise. Depuis, et surtout à la suite du Sommet Francophone d’Hanoi en 1997, la francophonie y a enregistré des progrès encourageants ; portant, inter alia, le nombre de locuteurs du français de moins de 400.000 à plus de 2 millions y/c la Thaïlande, membre observateur depuis 2008, de l’O.I.F (Organisation Intergouvernementale de la Francophonie). Le nombre d’apprenants du français en Indochine a été multiplié par 10 depuis 1975 et 75 universités des 9 états asiatiques ont adhéré à l’AUF (l’Agence Universitaire Francophone: le Cambodge, la Chine, l’Inde, le Japon, le Laos, la Thaïlande, le Vanuatu, le Vietnam + La nouvelle Calédonie et la Polynésie Française de la République Française. Si on y ajoute les francophones d’autres pays asiatiques y/c le Vanuatu, la Nouvelle Calédonie et la Polynésie Française et surtout la Chine du Sud où l’essor de la francophonie est important depuis 2000, le nombre de locuteurs doit s’appro­cher des 3 millions en Asie Pacifique ce qui nous semblerait nécessaire et suffisant comme base pour envisager, à partir de la péninsule indochinoise y/c la Birmanie à conquérir et des provinces méridionales de la Chine, l’ébauche d’un espace géo-culturel francophone asiatique à l’occasion d’un probable XVe Sommet à Hanoi, Vietnam en 2014 ; répondant ainsi à l’Appel de Kinshasa (RDC) pour « un espace géo-culturel francophone mondial » .

Towards the French-speaking Geo-cultural Sphere in Pacific Asia?

In 1975, at the end of the Vietnam War, there were not many French speakers left in Indochina. Or, since then andparticularly the 1997 Summit of the leaders of the French speaking countries held in Hanoi, Vietnam, much progress has been made,bringing,inter alia, the number of French speakers in Indochina, including 7hailand,member since 2008 of OIF (Intergovernmental Organization of French speaking countries) from 400 000 to more than 2, 5 millions. The number of French language learners has been multiplied by 10 since 1975 with more than 75 universities from 9 Asia Pacific countries joiningAUF (French speaking Universities Agency) : Cambodia, China, India, Japan, Laos, Thailand, Vanuatu, Vietnam + New Caledonia and French Polynesia (France). If the French speakers of the rest of Asia, including the two French territories above and particularly the southern provinces of China with fast growing « francophonia » are added, the total reaches nearly 3 millions of French speakers for Asia Pacific. This appears to be the necessary andsujficient basis to consider the construc­tion, from Indochina and Southern China, of a French speakinggeo-cultural sphere for the Asia Pacific Region, on the occasion of the 15th French speaking Summit, probably to be held in Hanoi in 2014, in response thus to the Kinshasa Appeal for « a world- wide French speaking geo-cultural sphere ».

J’ai suivi de très près le développement de la francophonie dans le monde et y ai apporté ma petite brique, surtout en Asie (Indochine et Chine)

J’ai souvent réitéré mon appréciation du rôle primordial et enthousiaste de nos amis africains auxquels la France et la francophonie doivent beaucoup pour la place de la République Française au Conseil de Sécurité de l’ONU et pour le choix de Paris comme siège de l’UNESCO, inter alia.

J’ai autant apprécié l’Appel de Kinshasa pour un espace géoculturel franco­phone mondial à savoir pour « un multiculturalisme épanouissant et capable de construire une alternative crédible à une mondialisation
calculatrice »4.

Les sceptiques doutent de cet élan d’enthousiasme de nos amis africains mais j’y adhère personnellement car rien de beau, de noble et de puissant ne pourrait se réaliser sans une certaine dose de bonne passion.

Souvent par le passé, en tant que diplomate et géopolitologue, j’ai comparé la francophonie à un bel oiseau bleu géant dont la tête et le corps seraient représentés respectivement par les pays francophones d’Europe et d’Afrique, l’aile gauche à l’ouest par la francophonie nord américaine (le Québec étant la pièce maitresse) et l’aile droite, à l’est, par la francophonie indochinoise (Cambodge, Laos, Thaïlande et Vietnam en attendant la Birmanie dans un avenir proche ?).

Or, j’ai observé que cet oiseau bleu était en fort déséquilibre du côté droit à l’est car son aile indochinoise reste encore peu développée et notre noble et bel oiseau bleu ne peut pas encore déployer tout son grand potentiel au service de la paix, du développement et des grandes valeurs humanistes dans le monde !

Or j’ai appris récemment que le gouvernement Français avait déclaré, à travers l’ancien Premier Ministre François Fillon, apporter son soutien au Vietnam pour la tenue du XVe Sommet francophone en 2014 à Hanoi.

Je me suis mis à réfléchir à des possibilités pour consolider et amplifier les pro­grès de la francophonie de la péninsule indochinoise afin de s’en servir comme base stratégique pour implanter plus solidement la francophonie en Asie Pacifique, renforçant ainsi peu à peu l’aile orientale de notre bel oiseau bleu et lui permettant à terme de déployer toutes ses potentialités au service de la paix,du partage de la prospérité via la coopération et du respect de l’homme à travers notre planète.

Importants progrès de la Francophonie dans la péninsule indochinoise

Contrairement aux prévisions des pessimistes et de nombre de détracteurs, les efforts déployés généreusement depuis 1975 par d’un côté les pays francophones d’Europe et de l’Amérique du Nord, notamment la France, la Belgique et le Québec, et de l’autre,par les institutions francophones telles que l’OIF et l’AUF inter alia, dans les trois pays de l’ex Indochine Française (Cambodge, Laos et Vietnam) ont porté leurs fruits, illustrés par le succès du 1er Sommet francophone tenu en Asie, à Hanoi, Vietnam en 1997, connu pour sa belle Déclaration de principes et d’objectifs5.

Depuis cette date, la Thaïlande a adhéré à l’O.I.F en 2008 et participé activement aux actions des institutions francophones.

Avec la récente ouverture quasi irréversible de la Birmanie et la visite du Ministre Des Affaires Etrangères de la République Française Alain Juppé à Naypidaw, nou­velle capitale birmane, on pourrait espérer la relance intense des actions franco­phones dans ce pays et la possible voire probable adhésion de ce dernier comme membre de l’O.I.F et de l’AUF … dans un avenir pas trop lointain, à l’instar de la Thaïlande.

La venue en visite officielle à Paris, Mi Juin 2012, de Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, commandeur de la Légion d’Honneur et pièce maîtresse, avec S.E Le Président Thein Sein de l’avenir politique du Myanmar augure bien du futur d’autant plus que la population Française a toujours soutenu son action courageuse pour la démocratie.

On espère bien que les 5 pays de la péninsule indochinoise se retrouveront dans les instances francophones d’ici 2020.

Au Laos : 3 % de la population est francophone 6

Concrètement, sur le terrain, malgré les hauts et bas, le Laos, pays tradition­nellement francophone et francophile a marqué des points prometteurs depuis son adhésion à l’OIF en 1972 : 3% des laotiens pratiquent le français, soit environ 300.000 locuteurs et le nombre d’apprenants du français y croît rapidement, à tous les niveaux mais surtout à celui de l’enseignement supérieur6.

Un grand nombre d’universités adhèrent à l’AUF et enseignent le français comme 1ère langue vivante..

Le cambodge maintient voire renforce la place du francais

Grâce au soutien constant de la famille royale et des classes instruites et aisées, le Français avance appréciablement par rapport à 1975 et la présence tant fran­çaise que francophone reste forte au Royaume Khmer. Plus de 3% de la popula­tion pratiquent le français (soit environ 500 000 locuteurs) qui reste une langue importante juste après l’Anglais7. Le nombre d’apprenants du Français augmente sans cesse,surtout au niveau de l’enseignement supérieur et l’apport des universités khmères aux actions de l’AUF est varié et apprécié.

Le Vietnam, très actif membre de l’OIF depuis 1970 est ambitieux pour la fran­cophonie et a proposé sa candidature, avec le soutien du gouvernement français, pour l’organisation du 15e sommet de la francophonie à Hanoï en 2014, pour la deuxième fois !

Le Vietnam a enregistré des progrès énormes dans l’implantation de la franco­phonie depuis 1975 et surtout depuis 1997, date du 1er Sommet de la francophonie en Asie, tenu à Hanoi en grande pompe, marquant ainsi l’entrée du pays dans les affaires internationales. La France l’y a énormément aidé et les résultats en sont aujourd’hui plus que encourageants, restant cependant en deçà des ambitions de Paris et du Vietnam8.

Ce dernier considère la francophonie comme un volet important de sa diploma­tie d’ouverture tous azimuts aux fins de consolider son indépendance, développer son économie et enrichir sa culture.

Environ 0,8 % des vietnamiens (soit environ 700 000 locuteurs) sont considérés comme francophones, issus comme au Cambodge et au Laos des milieux instruits et aisés.

Plus de 6000 étudiants vietnamiens, dont 700 doctorants, fréquentent les éta­blissements français (2e groupe asiatique juste après les chinois) et plusieurs milliers d’autres, des établissements belges, suisses et québécois.

Plus de 15 000 élèves suivent des classes bilingues et un grand nombre indéterminé d’étudiants de nombreuses filières francophones.

La participation des universités vietnamiennes membres de l’AUF est variée, active et nombreuse et l’Université franco vietnamienne USTH (Université des Sciences et Techniques de Hanoi) a ouvert ses portes en Novembre 2010, repré­sentant un bon exemple de coopération originale et prometteuse9. En outre, La France, avec l’appui des institutions francophones, s’est engagée à former 2000 doc-torants pour le Vietnam dans les 10 prochaines années ainsi qu’un grand nombre d’ingénieurs, d’avocats de juristes et d’autres spécialistes de niveau international

Malgré des hauts et bas somme toute normaux et des difficultés, la francophonie avance bien au Vietnam car elle y dispose d’atouts sûrs, y/c affectifs pour la forma­tion des cadres et les échanges internationaux inter alia.

S’y ajoute la volonté de l’état de se servir des institutions de la francophonie comme d’un vecteur de politique internationale aux fins d’affirmer son identité dans un monde en pleine mutation ce qui explique, peut être, sa candidature pour la tenue du 15e Sommet de la Francophonie à Hanoi en 2014.

0,8 % de la population Thaïlandaise (soit plus de 500 000 personnes) sont francophones*10.

Restée hors de la zone d’influence française pendant l’ère coloniale, la Thaïlande a surpris plus d’un en 2008 en adhérant à l’OIF comme membre observateur. Sous l’impulsion de la famille royale francophone, des milieux instruits aisés, d’une partie importante de l’intelligentsia et des industriels du tourisme, entre autres, la langue française est enseignée dans les universités et certaines écoles.

Elle serait devenue, dans certains milieux, un « signe extérieur de richesse » !

Par ailleurs la Thaïlande, à l’instar du Vietnam veut s’ouvrir sur d’autres hori­zons et cultures pour diversifier ses relations extérieures et affirmer son identité. En outre elle veut disposer ainsi d’une raison légitime pour rejoindre le club franco­phone de ses voisins de l’Est afin d’y exercer son influence.

La francophonie thailandaise est joyeuse, dynamique et active et on peut s’at­tendre à ce qu’elle dépasse le Vietnam en nombre de locuteurs dans quelques années à cause d’une plus grande ouverture du pays et de la souplesse d’esprit des dirigeants et de la population.

Chine du Sud: Essor de la francophonie depuis 20003

L’apprentissage du français en Chine connaît depuis longtemps un certain inté­rêt pour des raisons historiques et révolutionnaires, la langue de Molière y ayant acquis une place à part grace aux atouts affectifs comme étant la plus belle langue et en même temps celle des libertés et de la révolution !

Depuis 2000 on observe dans les provinces du Centre (Wuhan) et du Sud, les plus riches du pays, un essor certain de l’apprentissage du Français dans les écoles et les universités comme 2e langue après l’Anglais mais aussi comme 1ère langue. Les raisons en sont l’implantation de beaucoup d’entreprises françaises, le commerce international et les besoins en matière de formation supérieure de qualité.

Un nombre croissant d’établissements universitaires adhère à l’AUF et beau­coup d’étudiants (environ 30 000) font leurs études en France sans parler de ceux, très nombreux, qui les poursuivent en Belgique, en Suisse et au Québec.

D’autre part, le besoin croissant en cadres francophones pour travailler dans les institutions internationales, le commerce international et dans les pays d’Afrique francophone explique ce bond en avant.

Ébauche d’un projet stratégique pour construire un espace géoculturel francophone en Asie Pacifique ?

Il y a donc rien qu’en Indochine et en Chine méridionale plus de 2 500 000 de locuteurs francophones de bon niveau social pour lesquels le Français est plus qu’une langue utilitaire, contrairement à la majorité d’anglophones pour qui l’an­glais ou plutôt l’anglo américain est essentiellement utilitaire. Ces 2,5 millions de francophones appartiennent souvent aux milieux instruits, aisés, influents et décideurs ce qui constitue, en Asie, une force considérable.

A mon avis, cette masse peu importante en chiffre mais qualitativement in­fluente pourrait servir de base pour nous permettre d’envisager, dès à présent mais surtout à l’occasion du 15e Sommet de 2014 ; tenu probablement à Hanoi, l’ébauche d’un projet stratégique d’un espace géoculturel francophone en Asie Pacifique, en réponse à l’Appel de Kinshasa lancé par nos amis francophones d’Afrique, créatifs, généreux et enthousiastes, pour un « espace géoculturel francophone mondial ».

La réalisation du projet asiatique devrait se faire par étapes : D’abord consolider nos acquis en Indochine et les renforcer en y déployant davantage de moyens pour inciter la Birmanie à rejoindre ses 4 autres voisins déjà membres de la francophonie institutionnelle sous toutes ses formes et dans toutes ses activités.

La francophonie indochinoise ainsi consolidée sera active, performante et donc viable et dynamique ; l’union faisant la force.

On procéderait alors, dans un 2e temps, à y inviter des entités francophones de l’Inde (Pondichéry, Chandernagor.) la Nouvelle Calédonie, Le Vanuatu, la Polynésie Française ce qui représente un apport de plus de 450 000 locuteurs aux 2 millions de l’Indochine soit un total de 2.5 millions.

Les gouvernements ainsi que les institutions francophones seraient inspirés de soutenir ce bloc central afin de l’aider à créer ensemble une structure régionale de coopération et de concertation dans tous les domaines et surtout dans ceux de l’excellence comme la formation, les télécommunications et l’espace, les sciences et technologies de pointe, l’architecture et la construction, les biotechnologies, les sciences humaines et juridiques entre autres.

Ce bloc créerait plus ou moins vite un dynamisme géoculturel et partant géos­tratégique qui devrait inciter et faciliter l’adhésion des provinces méridionales de la Chine par proximité et affinités économiques et culturelles.

Si l’ensemble ainsi constitué fonctionne bien et devient viable,on pourrait envi­sager la suite de la construction à savoir inviter d’autres entités asiatiques compa­tibles et volontaires.

Seul un espace géoculturel d’une telle taille puisse garantir la pérennité du fait francophone en Indochine et d’ailleurs en Asie Pacifique face au bulldozer anglo saxon et à la masse chinoise !

Ainsi, à terme et avec la chance notre oiseau bleu de l’espace géoculturel mondial s’en trouverait mieux équilibré à l’est comme à l’ouest et pourrait prendre finalement son envol, haut et loin pour porter au monde entier son message de paix, de partage et de fraternité dans la liberté plurielle.

 

 

Notes et Références

 

  1. OIF et La langue française dans le monde

Au sein de son espace, la Francophonie a vocation à renforcer l’usage du français comme langue de communication, d’enseignement et de développement, tout en stimulant le partenariat avec d’autres langues. Cette démarche, destinée à favoriser le plurilinguisme et le dialogue entre les cultures, est le fondement de la coopération menée par l’Organisation internationale de la Francophonie. Pour disposer de données statistiques fiables et d’une vision dynamique de la place de la langue française dans le monde, l’OIF a mis en place l’Observatoire de la langue française.

Repères

  • On recense 220 millions de locuteurs dans le monde ;
  • 60% des francophones ont moins de 30 ans ;
  • On estime à 900 000 le nombre de professeurs de français dans le monde ;
  • La Francophonie intergouvernementale est née le 20 mars 1970 à Niamey (Niger), avec la création de l’Agence de coopération culturelle et technique. Dotée d’une nouvelle Charte de la Francophonie en 2005, elle s’intitule depuis Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ;
  • L’OIF mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale dans 4 domaines prioritaires : la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ; le développement durable et la solidarité ;
  • Chaque année le 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie est célébrée à travers le monde ;
  • Les 75 États et gouvernements de l’OIF représentent plus du tiers des membres des Nations unies ;
  • Dans 32 États et gouvernements membres de l’OIF, le français est langue officielle, seul ou avec d’autres langues ;
  • Dans l’Union européenne, le français est la 2e langue étrangère la plus pratiquée (19%), après l’anglais (41%) et devant l’allemand (10%) ou l’espagnol (7%) ;
  • L’Afrique est le continent où l’on recense le plus grand nombre de francophones, avec 96,2 millions dans les pays membres de l’OIF ;
  • Première chaîne généraliste mondiale en langue française, TV5MONDE est le deuxième réseau international de télévision diffusé dans plus de 200 pays et territoires ;
  • L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) rassemble 78 parlements ou organisa­tions interparlementaires ;
  • L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) fédère 781 établissements d’enseignement supérieur et de recherche répartis dans 94 pays ;
  • L’Association internationale des maires francophones rassemble 206 villes et 29 associations de villes issues de 49 pays ;
  • L’OIF organise à Québec, du 2 au 6 juillet 2012, le premier Forum mondial sur la langue française.
  1. AUF auf.org/bureau-asiêpacifique/
  2. Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.
  3. Appel de Kinshasadigitalcongo.net/article/84067 du 26.52012
  4. Déclaration de Hanoihttp://www.francophonie.org/IMG/pdf/decl-hanoi-1997.pdf
  5. Francophonie au Laoshttp://www.ambafrance-laos.org/francophonie
  6. Cambodge Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide. francophonie aupdf
  7. Vietnam source: lecourrier.vnagency.com.vn

À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars), l’ambassadeur de France au Vietnam, Jean-François Girault, a accordé au Courrier du Vietnam une interview à propos de la Francophonie et de la coopération entre la France et le Vietnam.

La Francophonie fête cette année son 40e anniversaire. Où en est-on maintenant ? Que pensez-vous de la communauté francophone ?

Portée par le rêve de Léopold Sedar Senghor, la Francophonie a depuis 40 ans su tirer de sa propre diversité une dynamique originale, qui continue de la caractériser. Les enjeux liés à la langue sont multiples : politiques, de dialogue interculturel quand le français est le moyen de communiquer, de présence et d’influence sur les affaires du monde aussi, comme le montre l’intérêt que suscite tous les 2 ans le Sommet de la Francophonie, ou le succès des initiatives francophones comme l’adoption par lUNESCO de la convention sur la diversité culturelle. Les institutions francophones jouent, au plus fort de la mondialisation, un rôle essentiel dans le maintien d’une alternative culturelle. Aujourd’hui, je crois que la Francophonie est avant tout l’un des meilleurs garants du maintien dans le monde d’une grande diversité culturelle. En matière linguistique, particulièrement, la Francophonie défend le multilinguisme tout autant que la langue française elle-même parce que chaque fois qu’une langue disparaît (et il en disparaît plusieurs centaines chaque année), c’est un peu du capital culturel d’un pays, d’une nation, qui s’amenuise. Dans cette dimension, le Vietnam devrait se retrouver pleinement. En ce qui concerne la communauté francophone, j’ai le sentiment qu’elle a bien compris cette dimension de la Francophonie aujourd’hui. Le Festival des films fran­cophones, qui se déroule actuellement n’est ainsi pas seulement un festival de films en français. C’est avant tout l’occasion de montrer la diversité des créations cinématographiques roumaine, cana­dienne, marocaine, suisse, wallone, tunisienne, ivoirienne, congolaise, française et bien sûr viet­namienne. Le français n’est qu’un outil pour les créateurs, dans quelque domaine que ce soit, pour montrer à un large public leur culture et sa singularité. Il n’y a pas 2 films qui se ressemblent dans ce festival sauf, peut-être, qu’ils sont tous éloignés du modèle hollywoodien.

Le Vietnam a adhéré à la communauté francophone en 1970, dès les premiers jours de sa création. Comment la France aide-t-elle le Vietnam à développer la francophonie dans le pays ?

La France aide la Francophonie au Vietnam par tous les moyens dont elle dispose, et que l’on peut classer en 2 catégories : il y a tout d’abord le soutien aux organisations internationales dédiées à la Francophonie, notamment l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Agence uni­versitaire de la Francophonie dont la France est, de loin, le plus important bailleur de fonds. Par ailleurs, une part du budget du ministère des Affaires étrangères et européennes est réservée à l’action linguistique et culturelle. Nous mettons en place dans ce domaine des actions qui, toutes, sont en lien avec la francophonie. Permettre aux spectateurs de Hanoi de voir des films en français ou mettre à disposition du public une médiathèque en français sont en lien direct avec le soutien que nous apportons au sein du système éducatif national pour maintenir l’enseignement du français. Par ailleurs la France fait une place importante à la mobilité étudiante en permettant à de jeunes Vietnamiens, pourvu qu’ils aient le niveau linguistique nécessaire, d’aller étudier en France dans les mêmes conditions que les étudiants français, c’est-à-dire à un coût très bas, de l’ordre de 300 euros par an, qui comprend l’inscription à l’université et la couverture sociale étudiante.Enfin, dans les dernières années, de nombreuses filières d’études francophones se sont développées au Vietnam, pour offrir des débouchés à ceux qui souhaitent continuer à utiliser leurs connaissances en français pour aborder d’autres disciplines, scientifiques ou économiques par exemple.

Les relations franco-vietnamiennes sont marquées depuis une quinzaine d’années par un échange régulier de visites à haut niveau, témoignage de leur vigueur. En novembre der­nier, le Premier ministre François Fillon a effectué la première visite officielle d’un chef du gouvernement français au Vietnam. Qu’envisagez-vous dans les prochaines années ?

Vous avez raison de rappeler la visite du Premier ministre François Fillon, en novembre 2009. Première visite d’un chef du gouvernement français au Vietnam, elle marque une nouvelle étape dans le renforcement de nos relations bilatérales, après la visite en France du Premier ministre Nguyên Tân Dung, en 2007. Cette visite a été extrêmement fructueuse, d’abord en termes de qua­lité des entretiens qu’a eus, au plus haut niveau, le Premier ministre, qui ont permis d’affirmer le partenariat franco-vietnamien, dans un certain nombre de domaines importants. Ceux-ci ont fait l’objet d’accords que nous nous attachons maintenant à mettre en œuvre : pour le développement des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, pour la création et le développement de l’Uni­versité des sciences et technologies de Hanoi (USTH), pour la coopération dans le domaine de la défense ou en matière de sécurité intérieure, ainsi que pour la coopération culturelle, puisque nous avons conclu à cette occasion un accord intergouvernemental sur les centres culturels, vietnamien en France et français au Vietnam.Cette visite visait aussi à donner un nouvel élan à notre coopération économique : en effet, nos relations commerciales n’étaient pas au niveau de l’ensemble de notre relation. Au moment où je prends mes fonctions au Vietnam et où j’en rencontre les principaux dirigeants, je m’attache à évoquer les priorités de l’action de l’ambassade, dans les domaines du développement durable, des formations pour la croissance et de l’expansion des échanges commerciaux bilatéraux.Pour l’avenir, ces échanges réguliers de visites se poursuivront, pour renforcer encore notre partenariat. Des responsables vietnamiens se rendront en France et des responsables français viendront au Vietnam en 2010.

Vous avez souligné lors de la présentation de vos lettres de créance au président de la République, Nguyên Minh Triêt, en février dernier, qu’une des priorités de la France, c’est de développer les échanges commerciaux avec le Vietnam. Qu’est-ce que vous comptez faire pour porter les échanges commerciaux bilatéraux à une nouvelle hauteur ?

La France entretient de longue date avec le Vietnam d’excellentes relations de confiance et de par­tenariat dans de nombreux domaines, notamment scientifiques et culturels. A ce titre, le Vietnam constitue l’une des priorités du gouvernement français en Asie, ce qui se traduit par exemple par le fait que la France est le premier bailleur de fonds européen (avec des engagements pour 2010 de 250 M€), le second bilatéral derrière le Japon. Plusieurs accords importants ont été signés à l’occasion de la visite de François Fillon, donnant une impulsion supplémentaire à notre partenariat, dont la revitalisation doit forcément passer par une intensification de nos relations économiques. Sur le plan commercial, la France était en 2009 le 14e fournisseur et le 19e client du Vietnam (selon les données statistiques vietnamiennes), avec un courant d’échanges de près de 1,7 md$. Nous pouvons faire mieux. Je pense qu’il existe un certain nombre de secteurs dans lesquels les entreprises françaises peuvent se développer dans les mois et années à venir, secteurs où ces entreprises sont particulièrement compétitives en matière de technologies et de savoir faire. On peut citer bien sûr le nucléaire civil (plus des trois quarts de l’électricité française est d’origine nucléaire). Je pense aussi à des secteurs où les besoins vietnamiens sont gigantesques tels que l’environnement, l’énergie et les transports. Je pense enfin à des secteurs d’avenir tels que l’aéronautique et le spatial, ou encore les industries agroalimen­taires, 2 domaines dans lesquels l’expertise mondiale des entreprises françaises est reconnue. Je compte m’attacher à faire en sorte que nous progressions dans tous ces domaines.

Vous venez d’entamer votre mission diplomatique au Vietnam. Quelles sont vos premières impressions sur la vie à Hanoi et votre travail en particulier ?

Je ne suis en effet à Hanoi que depuis quelques semaines et ai donc tout à découvrir. Pour faciliter cette découverte, j’ai, dès le lendemain de mon arrivée, acheté une bicyclette, ce qui m’a permis de passer la semaine du Têt dans les rues de Hanoi. Ma première approche a donc été celle d’une capitale dans des circonstances particulières, celles de la fête, et de la fête familiale. Je m’efforce de sortir de l’ambassade tous les jours pour découvrir la ville, et naturellement, l’activité ayant repris depuis le Têt, j’en découvre de nouveaux aspects. Je sais aussi que l’année 2010 est un moment important dans la vie de Hanoi et me réjouis que la France participe, par le biais des coopérations ou événements que nous mettrons en place à cette occasion, aux célébrations du Millénaire. La vie d’un ambassadeur ne se limitant pas à la capitale d’un pays, j’ai poursuivi ma découverte du Vietnam, ces derniers jours, par une visite à Hô Chi Minh-Ville ; j’irai aussi, avant l’été, dans plusieurs autres provinces, pour rencontrer les responsables locaux et me rendre compte des actions que mène la France dans les diffé­rentes parties du Vietnam. Voilà pour mes premières impressions : je pense que nous nous croiserons souvent pour évoquer, dans les colonnes de votre journal, notre partenariat commun. Cao Hoàng Hoa/CVN(22/03/2010)

  1. USTHhttp://usth.eduvn/fr
  2. Thailandehttp://www.lepetitjournal.com/communaute -Bangkok/actu -communaute/94820-3-
    qu…
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