Courses à l’armement et trafics des armes

Roger TEBIB
Professeur des universités
1er trimestre 2013

Les guerres, un des atouts d’une mondialisation sauvage

Les guerres deviennent atouts d’une mondialisation sauvage. La peur des guerres et des agressions nourrit la fabrication et éventuellement la course aux armements ; les armes vieillies et parfois obsolètes font l’objet de revente, soit à des pays peu armés voir en voie de développement, ou à des mafias. Les chiffres des fabrications et transferts d’armes sont aussi horribles que les dégâts qui sont attribués à celles-ci. La moralité de base de la civilisation humaine est atteinte, même si beaucoup d’armes sont « reprises » voir récupérées contre des aliments, des soins, des vélos … car un nouveau marché de vol d’armes est en forte expansion pour échanger contre des aliments, des soins, des vélos … !
introduction
La guerre des marchands toujours présente
Contrairement à beaucoup de théories stratégiques et politiques le mercantilisme a toujours été dans la préparation de beaucoup de guerres.
Un spécialiste a déjà écrit, dès le XVIe siècle : « De nos jours, tout l’art de la guerre se résume à l’argent : et de nos jours, le prince le plus capable de nourrir, d’habiller et de payer son armée, même s’il n’a pas les troupes les plus vaillantes, est certain du succès et de la conquête ». (1)
Actuellement les guerres classiques entre des États sont remplacées par de nouvelles formes de violence allant des guerres civiles au terrorisme international.
Face à ces conflits, une guerre entre deux pays immenses comme les États-Unis et la Chine paraît très improbable.
Alors que 80 % de l’humanité vit dans un état de misère ou très proche et que des milliers d’enfants meurent chaque jour de malnutrition et de manque de soins, les ventes de l’armement mondial représentent une dépense de l’ordre d’un million de dollars par minute en faisant croire à la protection contre une guerre nucléaire déclenchée par un chef d’État fou. Des politiques de prévention dans ce domaine n’ont rien à voir avec les ventes d’armes à des États fictifs ou totalitaires.
Les ventes d’armes : une continuation des guerres par un autre moyen
Le commerce des armes a commencé à prospérer après la guerre froide surtout lorsque les armées des États-Unis, de l’Europe et de l’ex-Union Soviétique ont distribué une grande partie de leur surplus d’équipements militaires en les vendant souvent au rabais à des pays en voie de développement. Malheureusement beaucoup de ces armes deviennent la propriété de bandes indésirables.
D’après certaines statistiques des États comme la Norvège et l’Allemagne ont cessé d’exporter leurs surplus d’armes et de munitions tandis que les États-Unis, la Russie et l’Angleterre poursuivent ces pratiques.
Par exemple, en 1990, les États-Unis ont vendus plus de 300.000 armes en surplus à des pays qu’ils appellent « amis ».
Les types d’achats
On peut citer plusieurs pays :
1) Au Libéria, en Sierra Leone et en Angola les revenus du diamant, du pétrole, de l’abattage du bois et des produits de la faune et de la flore ont aidé les forces rebelles et même parfois les pouvoirs publics à acheter des armes au rabais.
2) Au Cambodge, le bois d’abattage et les pierres précieuses volés par les rebelles ont permis d’acheter des armes surtout aux États-Unis.
3) En Afghanistan, les Moudjahidines et les Talibans se sont financés des armes par le commerce de l’opium. (1)
Les pays importateurs d’armes et les vendeurs
Des recensements actuels, on peut citer le suivant : « Le marché des importateurs révèle des inégalités régionales. Il se concentre surtout dans les zones à hauts risques comme celles du Golfe Arabo-Persique. En 2000, trois grandes zones d’importation se distinguent dans le monde : l’Europe, les pays du Golfe et Taïwan. À un niveau inférieur, se rencontrent dix foyers d’importations : l’Amérique latine/Caraïbes/Canada, la Turquie, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Egypte, le Japon, l’Afrique, Israël et le Pakistan. Enfin un dernier ensemble de foyers d’importations rassemble les pays d’Asie du Sud-est et de l’Océanie ainsi que la Malaisie et l’Indonésie. » (1)
À noter que l’Arabie saoudite, l’Inde et les Emirats arabes unis demeurent les trois premiers importateurs mondiaux, ensuite la Grèce et la Turquie. Il est évident que les pays commandent des armes surtout pendant les guerres civiles ou pour se défendre contre leurs proches voisins.
Des spécialistes disent que « les États acheteurs se montrent de plus en plus exigeants, jouant de la concurrence et des accords « offset », afin le cas échéant de construire une base industrielle et technologique de défense ou de consolider les capacités industrielles existantes. Toute la difficulté est donc de « jouer en évitant que les pays clients puissent devenir des concurrents dans un délai court. »
Cette exaspération de la concurrence profite à certaines puissances régionales ayant engagé un programme de modernisation de leurs forces armées, comme l’Inde et le Brésil. Ils décident plutôt d’acquérir des équipements auprès de fournisseurs comme les États-Unis pour développer leurs ambitions militaires.
L’exemple du Brésil
En 2007 cet État a initié un vaste programme d’acquisition d’équipements modernes (hélicoptères, avions de combat et sous-marins) dont l’un des objectifs avoués était de reconstituer l’industrie de défense nationale. Le pays souhaitait acquérir technologies et savoir-faire susceptibles de lui permettre à terme de produire son propre appareil de nouvelle génération.
L’exemple de la Russie
Cet État actuellement en phase de revitalisation de son secteur industriel de défense, mise sur des partenariats étrangers – même les États-Unis – pour se remettre à niveau.
Malgré un effort financier et le soutien politique fourni par le gouvernement à l’industrie d’armement depuis le début de l’année 2000, celle-ci ne parvient pas à corriger ses principaux problèmes structurels – obsolescence de l’appareil de production, manque d’investissements et de soutien par les secteurs bancaires et financiers, déficit de personnels qualifiés, défaut des capacités d’innovation, etc.. Le nouveau pari du gouvernement russe est de viser une stratégie d’acquisition sélective de matériels étrangers et de partenariats industriels, d’où le paradoxe de regarder vers les États-Unis !
Les trafics d’armes et la prolifération des armes légères
Depuis quelques années les pouvoirs publics ont pris conscience de ce trafic venant surtout des Balkans et de la Russie : des armes achetées facilement puis revendues dans les banlieues des grandes villes.
Un trafic très diversifié
Selon certaines analyses faites souvent par des journalistes et des statistiques financières, on peut donner quelques renseignements sur les origines et les prix. En 2008, ce trafic représentait environ 25 milliards de dollars avec des commissions de l’ordre de 10%. (1)
Il est approvisionné frauduleusement par des pays comme la Russie et la Biélorussie (7 milliards de dollars).
L’exemple africain
C’est dans ce continent que se développe surtout une économie informelle :
a) Au Nigéria, Libéria, Sierra Leone, Guinée équatoriale, la vente des armes est faite par contrebande et piratage pour conforter les luttes tribales et sécuriser des élites corrompues et menacées.
b) À trafic d’armes s’ajoutent les aides à des bandes qui veulent coloniser le
pouvoir et on assiste ainsi à une sorte de recolonisation de l’Afrique par des puissances économiques mafieuses.
c) Des rapports publiés sous l’égide du conseil de sécurité analysent la situa-
tion dans ces pays à partir de ces trafics faits par des racketteurs venus du Liban, de la Russie, et par des Blancs d’Afrique du Sud, etc..
Les caractéristiques des armes légères
Elles sont les suivantes :
– elles sont peu coûteuses : dans certains pays un fusil d’assaut se vend quelques dizaines de dollars ;
– elles sont faciles à dissimuler et aisément transportables d’un lieu de conflit à l’autre et font ainsi l’objet de nombreux transferts illicites ;
– elles ont une longue durée de vie (parfois de 40 à 50 ans). C’est ainsi que des armes employés au Liban dans les années 70 ou 80 se sont retrouvées en Yougoslavie au début des années 90, puis en Afrique centrale quelques années plus tard ;
– elles peuvent occasionner d’importants dégâts très rapidement. Il a suffi d’un lance-missile portable pour abattre l’avion du Rwanda le 6 avril 1994, ce qui déclencha le génocide ;
– elles sont d’un emploi simple, ce qui leur permet, par exemple, d’être utilisées par les « enfants soldats ».
Les informations sur leurs stocks sont peu nombreuses. On peut seulement citer un rapport de l’ONU : il y aurait actuellement dans le monde jusqu’à 500 millions d’armes légères et de petits calibres fabriqués à des fins militaires. (3) Pratiquement pas de réglementations ou d’accords sur les armes légères
On peut citer seulement deux exemples :
– les accords FCE (Forces Conventionnelles en Europe) conclus en 1990 à l’intention de l’OTAN ;
– le traité d’Ottawa de décembre 1997 sur l’interdiction des mines anti-personnel.
Ces armes sont fabriquées et exportées principalement par les pays industrialisés et souvent utilisés par les pays en conflits dans l’Hémisphère sud.
Des initiatives de réglementations
L’une des premières personnalités qui ont attiré l’attention sur ce problème a été M. BOUTROS-BOUTRYS-GHALI, secrétaire général de l’ONU. (4) Il soulignait l’importance de ce que l’on appelle actuellement « mesures concrètes de désarmement », c’est-à-dire la collecte des armes légères.
À ce sujet, vient d’être cité le rapport d’experts de 1997. Et en 1999, un autre rapport a été fait.
On peut citer également d’autres initiatives :
– Le « processus de Vienne », un projet du Conseil économique et social de l’ONU intitulé « Protocole contre la fabrication et les trafics illicites d’armes à feu ». Ce texte est annexé à la Convention de l’ONU de 2000 contre la criminalité internationale.
– Les décisions dites « Processus de New York » de l’ONU sur le commerce illicite des armes sous tous ses aspects. (5)
Les initiatives européennes
On peut en citer trois.
– En juin 1997 un Programme européen de lutte contre les trafics d’armes a été adopté à l’initiative des Pays-Bas.
– En juin 1998, un Code de conduite européen sur les exportations d’armes a été signé par les Quinze, sur proposition de l’Angleterre et de la France.
– En décembre 1998 une Action commune des Quinze a été adoptée à l’initiative de l’Allemagne, relative au soutien des programmes concernant la collecte et la destruction d’armes. Ce texte a été également approuvé par l’Albanie et le Mozambique.
Beaucoup d’hommes politiques voudraient arriver à un Traité international sur le contrôle et la limitation des transferts d’armes.
Des retours en arrière
– Plusieurs États producteurs d’armements (surtout les pays industrialisés et la Chine) sont peu favorables à l’examen des critères des transferts légaux d’armes légères.
– À noter qu’il existe une zone grise entre certains circuits légaux et les trafics illicites d’où le refus de certains pays exportateurs d’exiger une vérification des transferts.
– Certains pays comme les États-Unis qui acceptant la détention des rames légères par les particuliers refusent toute interdiction a ce sujet.
Notons qu’ils oublient – ou ne veulent pas – que la détention de ces armes par les particuliers est la cause de nombreux drames (meurtres, suicides, accidents).
Collectes et rachats d’armes
1) On peut d’abord citer les initiatives de collectes d’armes menées dans le cadre d’opérations de la paix. Il y a aussi divers programmes de rachat d’armement dans le but d’encourager les individus à rendre volontairement leurs armes en échange d’une compensation financière ou en nature.
2) Souvent des gouvernements décrètent une période « d’amnistie » durant laquelle les armes à feu illégales ou détenues sans permis peuvent être livrées sans crainte de poursuites.
Trois exemples entre autres.
a) Après la guerre civile au Salvador un mouvement politique « Le mouve-
ment patriotique contre le crime » aidé par les États-Unis a recueilli près de 5 000 armes en 1996 et 1997 revendues ensuite.
Une autre initiative américaine intitulée « Armes contre bien » a permis l’échange des armes contre des bons d’alimentation et de vêtements.
b) Au Nicaragua, toujours sous l’intervention américaine, des primes en espèces et en nourriture ainsi qu’un programme de micro-entreprise financé en même temps par l’Italie a rapporté plus de 6000 armes en 1992 et 1993. Ensuite les pouvoirs publics en ont confisqué plus de 80.000.
c) Dans le Mozambique, en 1995, une association caritative intitulée Conseil
chrétien, aidée par l’Allemagne et le Japon, a demandé à des groupes révolutionnaires et a obtenu, plus ou moins, l’échange de fusils et de révolvers contre des vaches, des charrues, des machines à coudre et des vélos.
Mais il arrive souvent que la compensation financière en échange d’armes risque d’inciter à voler des armes pour les transformer en argent liquide ! On peut dire que les actions de collecte et de destruction d’armes sont parfois encourageantes mais beaucoup de ces initiatives n’ont pas de résultats positifs. Le PNUD, par exemple, a lancé des « programmes armes pour le développement» dans les Balkans, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique centrale. On ne connaît pas vraiment tous les résultats mais on sait, entre autres cas, qu’en Albanie plus de 200 000 armes ont été pillées dans des dépôts du gouvernement et proposées à la vente. (6)
production à l’échelle mondiale et prépondérance des U.s.a.
Les exportations d’armes ont toujours été un grand objectif des pays producteurs. Pendant la « guerre froide » les États-Unis et l’URSS réalisaient la plus grande partie des ventes dans ce domaine.
On mettait en avance les avantages économiques et non militaires. « L’allongement des séries de production réduit le coût unitaire des armements et diminue donc le coût d’acquisition par les armées ; les ventes d’armes apportent des ressources en devises ; enfin, elles sont surtout d’emplois. » (1) Cette argumentation pose des questions concernant les gains effectivement obtenus par les dirigeants des entreprises, d’une part’ et par les considérations dites « humanitaires », d’autre part.
Les réglementations et les oppositions
1) Après la Guerre du Golfe, plusieurs mesures ont été prises par les organisations internationales, entre autres :
– le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ;
– les traités sur les armes chimiques et biologiques ;
– le contrôle des technologies des missiles (MTCR) ;
– une réglementation des transferts d’armes « classiques » ;
– le registre des armes classiques créé par l’ONU en 1992, fondé sur le volontariat de déclarations dans ce domaine par les pays ;
– le code de conduite de l’Union européenne sur les exportations d’armement adopté en 1998.
2) Cependant, les pressions économiques et politiques furent fortes dans les quelques grands pays exportateurs d’armes et les réglementations n’ont pas empêché une reprise des transferts d’armes.
La disparition de l’URSS et les bénéfices économiques et politiques qu’ils ont retirés de la Guerre de Golfe (1991) ont permis aux États-Unis d’asseoir une domination écrasante dans les ventes d’armes avec près de 50 % devant la Russie (13 %), la France (10 %), l’Angleterre (6,5 %).
La prépondérance des industries d’armement américaines
Depuis la chute de l’URSS en 1991, les industries dans cet État ont connu d’abord une certaine baisse de production entre 1997 et 1998. Mais les attentats du 11 septembre 2001 à New-York, la menace terroriste, les interventions militaires en Afghanistan de 2001 et en Irak en 2003, des innovations militaires dans le domaine des hautes technologies, ont donné un énorme essor aux industries d’armement aux U.S.A..
En 2002 parmi les 8 premières entreprises d’armement dans le monde, 5 sont d’origine américaine.
En 2009, elles étaient 4 puis depuis cette date, sur les 15 entreprises mondiales, 10 sont américaines et 5 européennes. Mais il ne faut pas sous-estimer la croissance des groupes russes et chinois.
Un essai de recensement des industries de défense dans de grands pays
On peut citer :
1) Russie
Le programme d’armement 2007-2015 ayant été abandonné, de plus, la production civile des entreprises après avoir légèrement décru, se développe dans l’industrie de l’armement sous le contrôle, en particulier, du Ministère russe du développement économique.
L’industrie de l’armement se situe au cinquième rang du classement des secteurs exportateurs après le pétrole, le gaz, les métaux légers et lourds. Actuellement, les deux principaux clients de l’industrie militaire russe sont l’Algérie et l’Inde (plus de 50% à elles deux).
Ajoutons qu’un pays en développement comme l’Ouganda a acheté 8 avions de chasse.
2) Chine
Dans ce pays, depuis quelques années, les consortiums de défense mettent en place des formations ambitieuses de Recherche et Développement (R.e.D) dans les industries de l’armement.
Ces industries bénéficient d’importations de matériels russe dans ce domaine. Les consortiums de défense sont les suivants :
– avions de combat, bombardiers, hélicoptères, appareils de transport ;
– missiles balistiques, missiles de croisière, technologies satellite, électro-nique ;
– technologie de communication ;
– électronique de défense ;
– centrales et énergie nucléaire ;
– technologie militaire nucléaire ; – véhicules blindés ;
– frégates et vaisseaux de surface ; – destroyers, sous-marins.
Plus de deux millions d’employés travaillent dans ces domaines et les ventes se font pratiquement dans une série de pays surtout en développement.
3) France
D’après des spécialistes et des hommes politiques, il est dit que l’industrie de défense préserve une bonne image de l’excellence française avec atout diplomatique, vecteur de partenariats, relais de croissance, rayonnement et innovation.
Par contre on constate que les 27 États membres de l’Union européenne achètent souvent leurs armes dans d’autres pays car la Communauté européenne n’a jamais étudié sérieusement le cas d’une industrie spécifique œuvrant dans un marché fermé.
Moral et armement dans le devoir de défense
Les politiques officielles de défense sont opposées au mercantilisme dans la vente des armes.
Le désarmement
On sait qu’un État armé peut s’opposer sérieusement à un État totalitaire car une dictature finit toujours par occuper militairement un voisin moins bien armé. La sécurité est une exigence légitime des peuples de plus si par oubli de ce danger des États démocratiques acceptaient de renoncer à l’arme nucléaire un dictateur pourra s’en procurer secrètement et, par la même, menacer l’humanité entière.
Prétendre assurer la paix per le désarmement est aussi illusoire que de prétendre réduire le banditisme en désarment la police.
Les forces armées au service de la démocratie resteront toujours indispensables à la paix du monde.
Les rations démocratiques allégeront d’autant plus volontairement leur arsenal militaire que leur sécurité sera moins menacée comme nous le constatons dans l’Europe sauf que dans l’Est de ce continent la sécurité n’est pas encore complètement améliorée.
Moral dans la guerre
Les stratèges ont reconnu qu’à toutes les époques les facteurs humains avaient une importance dans les conflits. Nous pouvons à ce sujet citer quelques exemples :
1) Francis BACON
« Les enceintes fortifiées, les arsenaux pleins, les chevaux de belle race, les chars de guerre, les éléphants, les armes et l’artillerie, tout cela de représente qu’un mouton sous une peau de lion si la race et l’esprit des hommes ne sont pas belliqueux. »
2) NAPOLEON
« À la guerre les trois quarts sont des affaires morales, la balance des forces n’est que pour un autre quart. »
3) Maréchal FOCH
« Si la défaite vient des causes morales, la victoire doit naître aussi de causes morales. »
Les instituts d’études stratégiques recensent les chars, les avions, évaluent les potentiels intellectuels et scientifiques d’un pays, lancent un regard sur le nucléaire mais oublient souvent que la seule raison de la disparation des nations et des civilisations a été la grande inaptitude des habitants et la perte de leur volonté de défendre leur patrimoine moral et social. II ne faut oublier non plus que les guerres aux règles strictes et aux objectifs limités qui opposaient des professionnels ont été dépassées par des guerres subversives et que les citoyens et citoyennes doivent ressentir le « sublime orgueil » qui est chanté avec le dernier couplet de la Marseillaise.
Qualités morales face aux moyens matériels
1) Sur l’importance du matériel, tout le monde est d’accord. Cela tient a dit un militaire à ce que « l’homme ne va pas au combat pour la lutte mais pour la victoire. Il fait tout ce qui dépend de lui pour supprimer la première et assurer la seconde. La guerre doit permettre de vaincre son ennemi en risquant le moins possible. » (1)
2) Quant au moral, la doctrine officielle de chaque pays lui consacre le chapitre le plus important. Le règlement français s’exprimait déjà ainsi : « Le combat est, en dernier ressort, une lutte morale. Quelles que soient les forces matérielles mises en jeu de part et d’autre, elles ne réalisent jamais la destruction totale de l’adversaire ; entre les survivants, ce sont les forces morales qui décident du succès. N’est pas vaincu le parti qui a subi les plus fortes pertes en hommes et en matériel, mais bien celui dont le moral a fléchi le premier. »
Les historiens et les philosophes ont toujours constaté que des nations pourtant très militaires se dissolvent un jour par la détente du ressort intérieur qui fait leur cohésion et leur force.
3) Des exemples
Le réarmement et les ventes des armes ne peuvent pas infléchir le cours de l’histoire d’un pays sauf si l’on charge la psychologie de la population.
a) Au cours des années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale, la France s’est réarmée, pensant ainsi se protéger contre le dynamisme allemand. Les événements ont malheureusement prouvé que l’effort était vain.
Malgré un armement généralement supérieur au plan technique pour l’artillerie, les chars et même l’aviation, la France n’a pu résister aux forces allemandes.
b) Vers les années 80, le président américain REAGAN a cru qu’en dévelop-
pant les industries de l’armement, il éviterait les erreurs du passé mais il n’obtient pas les résultats attendus. La guerre du Golfe a permis aux États-Unis d’avoir une supériorité écrasante dans ce domaine.
On peut conclure par une analyse faite par un spécialiste : « Le développement d’une course nouvelle aux marchés d’armement et à la technologie de haut niveau dans le domaine militaire ainsi que l’entrée vraisemblable dans un nouveau cycle de hausse des dépenses militaires vont favoriser une certaine militarisation des relations internationales, un antagonisme avec un développement de la sécurité humaine, car si les armes ne suffisent pas seules à créer la violence, il ne reste pas moins que les poudrières explosent plus souvent que les bibliothèques. » (1) notes

Introduction
(1) DAVENANT (Ch.) cité en français, La guerre dans la pensée économique du XVIIe au XXVIIIe siècle, Paris, 1939
Chapitre I
(1) HEBERT (J.P.) in La sécurité humaine, L’Harmattan, 2001
(2) CINCOTTA (R.) in Rapport du BIT, 2004 Chapitre II
(1) VERSCHAVE (F.X.) in n°533 de Courrier international, 2001
(2) GOUREVITCH (J.P.), L’Economie informelle, Le Préaux Clercs, 2002
(3) Document ONU, A/52/298, 5 novembre 1997. Rapport du groupe d’experts gouvernementaux sur les armes légères.
(4) BOUTROS BOUTROS-GHALI, Agenda pour la paix, 1995
(5) Rapport du GRIP, numéro spécial, janvier 2001, BruxellesChapitre III
(l) HEBERT (J.P.), Exportations d’armement, à quel prix ?, Les Etudes de la documentation française, 1998* Chapitre IV
(1) HOWARD (M.), La guerre dans l’histoire de l’Occident, Fayard, 1998
(2) GIMPEL (J.), Ultime rapport sur le déclin de l’Occident, Ed. Olivier Orban, 1985

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