L’« US ASIA Pivot » ou la quête d’une « profondeur stratégique » : le dilemme de sécurité en Asie

Tewfik HAMEL

Doctorant-chercheur à l’Université de Strasbourg, consultant/expert correspondant à la FMES ; tewfik.hamel@gmail.com

2eme trimestre 2013

Les réalités géopolitiques changent, mais c’est impressionnant que les impératifs stratégiques déterminants les comportements des Etats restent constants. Voila ce que l’on pourrait dire au sujet de l’« Asia Pivot », le plus récent habit d’une idéologie de préparation selon laquelle une machine de guerre permanente est nécessaire et exige l’adoption d’une politique active, plutôt que passive, de défense au-delà des frontières des États-Unis. Parce qu’animés davantage par des facteurs intérieurs qu’extérieurs, leur stratégie sans être essentiellement réactive est profondé­ment ancrée dans leurs tentatives des Américains de perpétuer leur domination, et il n’y a pas de raisons de croire que l’avenir sera différent. Comme une puissance tournée vers l’extérieure au nom de la sécurité nationale, le pays se trouve entrainé par une logique presque autonome de quête d’une « profondeur stratégique » mondiale. Mais la particularité de l’impérialisme améri­cain c’est qu’il a été poursuivi au nom de l’anti-impérialisme ; un effort altruiste pour sauver la civilisation humaine selon lequel l’Amérique est cette ‘nation indispensable’ devant conduire la grande marche mondiale à la démocratie.

Plus étonnant, les analystes reprennent presque intégralement ce discours officiel que l’Amé­rique pourrait être hégémonique (mais pas la volonté d’imposer) et devrait exercer son « lea­dership », le pays est censé être ni impérial ni impérialiste. Leur leadership est nécessairement « bienveillant » — « aucun désir de dominer, sans ambitions d’empire ». Sa vocation n’est de dominer le monde, mais seulement d’assurer qu’aucun pays ne domine les principaux centres de pouvoir stratégique. Au fond, toujours la même vieille histoire, celle du verre à moitié plein. À moitié vide ? La guerre froide présentait l’opportunité d’avancer leur propre « frontière stra­tégique » pour recentrer leur propre autorité internationale, et prétendre en même temps qu’il s’agissait de faire de reculer celle de l’Union soviétique. Il en est pareil aujourd’hui pour le Chine. Le Pivot vers l’Asie signe la fin de la « pause stratégique » (imposée le « syndrome de Vietnam ») dans la conquête de l’Asie/pacifique.

Le centre de la vision mondiale qui constitue le cœur de la stratégie mondiale de l’Amérique dans sa quête de la domination mondiale est l’Eurasie. H. Mackinder, N. Spykman, R. Strausz-Hupé et C. Gray ont décrit « la géopo­litique de la domination » ou les fondements géographiques de la grande stra­tégie de l’Occident. Tous ont un thème commun: prévenir l’émergence d’une puissance hégémonique mondiale. Tous croyaient que toute puissance capable de dominer seule l’Eurasie serait le devenir. C’est idée partagée par les architectes du « Containment »,[1] de « La Longue guerre » contre le terrorisme et de l’« Asia Pivot ». La stratégie de Bush traduit le « troisième moment d’ambitions mon­diales ». La nouvelle configuration géopolitique axée sur l’« arc instabilité » est aussi « le reflet d’un accent mis sur la politique du pétrole et sur la lutte contre le terrorisme islamiste et la prolifération nucléaire ». Alors que la structure de bases de rimland a été retenue, la géopolitique récente met en lumière l’importance de l’accès à l’Europe de l’Est, le Caucase, l’Asie centrale, la Corne de l’Afrique, et du Sahel. En plus, compte tenu de la domination navale américaine et l’absence d’un peer competitor maritime, l’accent est mis sur la guerre et control du littoral.[2]

De Bush à Obama. Du pareil au même, l’extension de la frontière stratégique

Déjà dans l’immédiat de l’après guerre froide, des analystes insistent sur une extension de la presence militaire américaine vers le Sud avec des éventualités allant des cotes atlantiques de la Méditerranée au golfe Persique. En plus, cette présence devrait être géographiquement située de telle sorte que la démonstration de l’en­gagement américain est rendu visible, proche des régions d’instabilité potentielle. En même temps, compte tenu de l’effondrement de l’Union soviétique et le retrait de ses forces d’Europe centrale et orientale, l’évolution continue dans le commerce extérieur des États-Unis à partir d’un accent transatlantique à un accent trans-pa-cifique et la hausse du potentiel militaire/économique de l’Asie, la concentration continue des forces américaines en Asie pourraient paraître plus probable que le maintien de forces à un niveau significatif en Europe.[3] Car avant même qu’elle devienne un « global offshore balance », l’Amérique avait déjà un intérêt vital dans l’équilibre des puissances dans le Pacifique. La fin de la guerre froide a apporté un équilibre à l’Europe occidentale, mais pas à la région East Asian littoral. Pour des raisons historiques, culturelles et de politique intérieure, les États-Unis se sont mal orientés stratégiquement vers l’Europe que le Pacifique.[4]

La phase transition des années 1990 a conduit les États-Unis à se concentrer progressivement sur l’Asie. Ce centrage s’est confirmé sous la seconde administra­tion Clinton en particulier. Et l’engagement les dans le Grand Moyen-Orient après le 11 Septembre ne les a pas vraiment détournés de l’Asie.[5] Après tout, l’objectif était la domination mondiale. Ainsi, tout en notant la lutte est centrée en Irak et en Afghanistan, la QDR-2006 a identifié quatre priorités ; défendre la patrie en profondeur ; mener une « Longue guerre » contre les extrémistes radicaux et vaincre les réseaux terroristes mondiaux; se préparer à une vaste gamme d’opérations d’éli­mination des ADM, y compris contre l’arme nucléaire des puissances régionales ; et façonner les choix des pays à des « carrefours stratégiques », comme l’Inde ou la Chine, la Russie. Ces quatre « focus areas » ne sont pas la gamme complète des activités le Pentagone, mais les hauts dirigeants les considèrent comme « parmi les plus pressantes ». Si la QDR 2001 a fixé comme objectif la capacité d’opérer dans quatre régions (Europe, Moyen-Orient, Asian littoral, Asie Nord-est), la QDR 2006 est encore plus ambitieuse: elle recommande aux États-Unis d’être capables d’opérer non seulement à au sein et à partir de ces quatre régions, mais partout dans le monde — le plus rapidement possible.

L’administration Obama pour laquelle l’« ‘arc d’instabilité’ est le centre de la plupart des défis auxquels sont confrontés les États-Unis » s’inspire profondément de la précédente. Le 44 président américain s’est révélé être un conservateur qui a réussi si l’on compare à son précédent. En plus d’élargir subtilement l’engagement mondial de l’Amérique, ce qui était une exception sous Bush, il est devenu la règle sous son règne. Ainsi comme « ce pays est à un tournant stratégique après une dé­cennie de guerre […], nous façonnons un Joint Force de l’avenir qui […] aura une présence mondiale mettant l’accent sur l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient, tout en assurant notre capacité à maintenir nos engagements de défense en Europe, et le renforcement des alliances et partenariats à l’échelle de toutes les régions ». Donc, « tandis que l’armée américaine continuera à contribuer à la sécurité au niveau mondial, nous allons nécessairement rééquilibrer vers la région Asie-Pacifique ». « Le maintien de la paix, stabilité, la liberté des flux de commerce et l’influence amé­ricaine dans cette région dynamique dépendra en partie d’un équilibre sous-jacent de capacité et présence militaire ».[6] Par ces termes, les États-Unis viennent d’affirmer leur détermination à préserver une « profondeur stratégique » [7] par l’extension de leur « frontière stratégique » grâce à la présence militaire.

On peut apprendre beaucoup au sujet l’empreinte militaire mondiale des États-Unis qui — le militarisme aussi — s’agrandit de plus en plus. Étant toutefois le secret qui entoure les bases, il n’est pas facile d’évaluer la taille ou la valeur exacte de cet empire de bases. Les documents officiels à la disposition du public sur ces sujets sont trompeurs, mais instructifs. Cela pour dire qu’il est exagéré

de parler d’un « tournant stratégique » alors que l’ensemble des évolutions était déjà en cours. L’élaboration des propositions qui découlaient de la Global Defense Posture Review initié en 2004 fut largement axée sur un réalignement autour de trois régions : réajuster la présence en Europe ; réformer la posture dans le Pacifique ; développer la flexibilité et la diversité opérationnelle autour de l’« arc d’instabilité ». Au-delà d’une portée mondiale recherchée, le nouveau plan a prévu deux points de concentration ; Asie du Nord et le Golfe Persique.[8]

Mais si les guerres en Irak et en Afghanistan ont contrarié les efforts de Bush de modernisation de l’armé et compliqué les plans de repositionnement des troupes, le glissement vers l’Asie en soi était irréversible.[9] Son administration a seulement opté pour une pause stratégique avec les grandes puissances, mais sa stratégie en elle-même constitue une opérationnalisation du Grand Chessboard bien « Bush n’a pas respecté les trois impératifs fondamentaux de la géostratégie impériale » tels que l’auteur les a « décrit […] dans Le Grand Echiquier » à savoir « empêcher les collusions et maintenir les vassaux dans une relation de dépendance en matière de sécurité 2) faire en sorte que les tributaires restent dociles et protégés 3) empêcher l’alliance des barbares ».[10] Là, il s’agit bien d’un rêve ancien, une réactualisation du War andPeace Studies (WPS) de 1939 où l’Asie a toute sa place.

L’« Asia Pivot » dans une perspective historique

Les initiateurs du projet WPS envisageaient une région géopolitique appelée la « Grand Area » que Washington cherche à protéger et étendre, et englobe les régions que l’Amérique juge cruciales au bon fonctionnement de son économie. « L’analyse géopolitique derrière la ‘Grand Area’ a tenté de travailler sur les zones du monde qui doivent être ‘ouvertes’ — ouvertes à l’investissement, ouverte au rapatrie­ment des bénéfices. Ouvrir, c’est, à la domination des États-Unis Avant même l’entrée en guerre, les planificateurs américains ont conclu leur pays, dans le monde d’après-guerre, va « détenir le pouvoir incontesté » et agir pour assurer la « limita­tion de tout exercice de souveraineté » par les Etats qui pourraient interférer avec leurs conceptions mondiales. À cet effet, ils ont décrit « une politique intégrée pour atteindre la suprématie militaire et économique des États-Unis ». Dans un rapport sur le statut de la Chine de Chiang Kai-shek, le groupe territorial a conclu qu’elle pourrait, après la défaite du le Japon, être « ouverte aux exportations des États-Unis » qui auraient « un accès aux matières premières d’un vaste territoire vierge ». En même temps, le Groupe économique et financier a proposé (dans son étude sur le commerce international) de relier l’hémisphère occidentale avec le pacifique dans un grand bloc dominé par les États-Unis et qui reposerait sur leur « suprématie économique et militaire ». Selon Ferguson, avec leur défaite face au Japon en 1942, les États-Unis se sont battus pour « retrouver » leur domination sur la région.[11]

L’« Asia pivot » est le plus récent chapitre de ces rêves anciens de domination de la région[12] que le pays cultive depuis plus d’un siècle, et qui restent en état de papillotement dans l’imaginaire américain. Si par la doctrine de Monroe, l’Amé­rique a signifié aux Européens que « ce qui a nous est à nous », par la « porte ouvert » c’était ; « ce qui est à vous est nous ». La période comprise entre la guerre des Philippines et les années 1940 est un temps où dirigeants et public améri­cains ont surmonté leurs hésitations sur une implication plus profonde en Asie. Les guerres des Philippines, Japon, Corée et Vietnam n’étaient pas « séparées et sans liens », mais « un seul drame historique en quatre actes » d’un « projet impé­rial » ; des « phases dans une tentative américaine d’établir et de maintenir une position dominante en Asie orientale soutenue sur près de sept décennies contre

une résistance considérable ». Bref, « une chaîne d’une logique impériale a connecté la guerre Philippines à la guerre du Pacifique, la guerre du Pacifique à la Corée et la guerre de Corée au Vietnam ». En ce sens, tout tentative d’appréhender ces guerres comme des événements individuels se traduira par une incapacité à comprendre la vision du monde des décideurs américains quant à l’« American Pacific destiny ». Sur le plan opérationnel, « les décideurs, politiciens, généraux et proconsuls américains ont joué des variations de l’expérience des Philippines dans les territoires occupés du Japon et de la Corée du Sud et dans la nouvelle nation du Sud-Vietnam ».

Au Japon comme aux Philippines, une force militaire a contribué non seule­ment à gagner la guerre, mais aussi à réformer les vaincus. « La composante du Pacifique de la Seconde Guerre mondiale a eu ses racines dans la question qui couve depuis longtemps à savoir de laquelle des deux puissances montantes — Japon ou États-Unis — va sécuriser la position dominante en Asie de l’Est […] La guerre du Pacifique était essentiellement une guerre entre des empires avec des ambitions ré­gionales s’excluant mutuellement. Les deux ont finalement été inspirées et soutenus par une vision du destin national qui avait saisi l’imaginaire des élites politiques de­puis des décennies ». Avec l’occupation du Japon, « l’arc de la puissance américaine en Asie de l’est avait atteint son apogée » et cela a encouragé l’Amérique à repro­duire le succès ailleurs. D’où l’intensification de l’engagement américain par la suite sous couvert du « Containment ». Malgré les efforts, toutefois, le modèle américain n’a pas réussi à prendre racine. Les Asiatiques ont développé leurs propres modèles guidés par l’Etat, axées sur le marché et orienté vers l’exportation, et la prospérité économique a souvent été suivie par la libéralisation politique. Pourtant, même dans ce dernier cas, l’Amérique n’a joué aucun rôle.[13] L’« Asia pivot » signifie termi­ner le travail.[14] L’état final recherché est la sécurisation de la domination américaine de la région — la montée de la Chine n’est que le défi le plus important. Pendant la guerre froide, la stratégie de Washington visait à contrôler les plus importants centres industriels existant ; Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, le Japon et l’Union soviétique. Seul ce dernier leur résistait. Aujourd’hui, les États-Unis font pareil avec l’Asie et le Moyen-Orient, les foyers des centres économiques et démo­graphiques les plus importants.

L’Asie versus le Moyen-Orient

Le terme « pivot » n’implique nullement de tourner le dos à d’autres parties car il est irréaliste de penser que l’Amérique va passer moins de temps sur le Moyen-Orient, afin de passer plus de temps en Asie. Ces régions — ni l’Europe d’ail­leurs — ne sont pas considérées séparément, mais de plus en plus sont envisagées comme un continuum selon un Axe Est-Ouest. La révolution dans les affaires stratégiques de ces dernières années est la re-conceptualisation de l’espace straté­gique dans et autour du « Grand Moyen-Orient ». Au sein de la nouvelle percep­tion, « ont disparu aujourd’hui les divisions artificielles de l’époque de la guerre froide : maintenant le ‘Moyen-Orient’, ‘Asie du Sud’, ‘Asie du Sud-est’ et ‘Asie de l’Est’ font partie d’un continuum organique unique ».[15] Cette vision géopoli­tique expansive de la géographie est devenue la règle. Mais la nouvelle répartition mondiale de puissance, combiné aux contraintes financières, a conduit les États-Unis à être plus sélectifs. Ainsi, dominer l’Europe, l’Asie du Nord-est et le Golfe Persique seulement signifie dominer le commerce du pétrole et environ 70 % du PIB mondial. Leur objectif dans ces régions est de façonner les structures régio­nales basées sur la création, puis l’institutionnalisation, de solides équilibres régio­naux de puissance dans lesquels l’Amérique joue un rôle central. Si ce processus est déjà à un stade bien avancé en Europe, le même objectif est poursuivi dans l’Asie de l’Est et le Golfe. En somme, outre que les alliés de ce dernier dépendent de Washington pour leur stabilité et sécurité, rétablir l’équilibre de puissance dans le Grand Moyen-Orient est en soi vital pour l’Amérique d’autant plus l’engagement américain en Asie le justifie.

Les observateurs font de plus en plus référence aux liens renouvelés entre la Chine et le Moyen-Orient comme une renaissance de l’ancienne Route de la Soie, ancrée à long terme par la logique de la demande chinoise des ressources éner­gétiques qui vient de dépasser les États-Unis comme le plus grand importateur du pétrole du monde.[16] Une attention partagée sur le développement commer­cial a contribué à stabiliser ces liens renouvelés en dépit de divergences politiques éventuelles. Sans être conjoncturels, la montée du Moyen-Orient et l’Asie et le renforcement de leur relation semblent inévitable. En 2000, ensembles ils représen­taient à peine 21% de l’économie mondiale contre 31 % en 2010. Au cours d’une décennie, leurs échanges commerciaux ont augmenté de 700 %. Les exportations chinoises vers la Ligue arabe ont atteint 62,3 milliards de dollars en 2008 contre 7,2 milliards de dollars en 2001, l’année de l’entrée de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce.[17] Sur le plan politique, les gouvernements de la Chine et nombreux de ses homologues arabes ont manifesté un manque absolu d’intérêt pour s’ingérer dans les politiques nationales des uns et des autres. Le « modèle de développement de la Chine est très populaire au Moyen-Orient et l’investissement [chinois] a permis de réduire la dépendance de la région des États-Unis ».[18]

Après tout, les Chinois sont très actifs dans cette région cruciale qui est le Moyen-Orient. La logique est simple ; « celui qui contrôle le Moyen-Orient contrôle le robinet du pétrole mondial et celui qui contrôle le robinet du pétrole mondial peut contrôler l’économie mondiale, au moins pour le proche avenir ».[19] Ainsi, grâce à leur présence/suprématie maritime mondial incontestée, les États-Unis sont mesure de garantir un accès libre, mais conditionnel -fournir des services de « bien de club » au lieu de « bien public ». Par la sécurisation de la domination navale de la mer de Chine et les eaux adjacentes, l’Amérique vise à acquérir le « twenty-first century energy equivalent of twentieth-century nuclear blackmail ».[20] Pour cette raison, l’Asie dépend des États-Unis pour son énergie, croissance et prospérité économique. Le contrôle de l’accès à l’énergie peut contrebalancer l’effet de levier de la taille de la Chine et sa proximité du littoral du Pacifique. En d’autres termes, comme contenir la Chine (qui n’a rien à voir avec l’URSS) dans son propre voisinage n’est pas un exercice facile — seule Pékin peut (par son comportement) contenir Pékin — il reste à contrôler ses veines économiques. Sous cet angle, l’engagement américain dans l’arc d’instabilité est une réponse indirecte aux défis que posent les puissances émergentes et la montée de l’Asie.

L’économie chinoise repose intensément sur le commerce maritime. La Chine dépend des matières premières importées pour exporter les produits finis (le plus grand exportateur de bien de marchandise avec 1 600 milliards de dollars et plus grand importateur de biens de marchandises avec 1 400 milliards de dollars en 2010). Le commerce domine l’économie chinoise, représentant 52,1 % du son PIB (dont 90 % par mer). Le plus frappant, sa sécurité énergétique dépend du pétrole importé. La Chine qui a acheté près de 60 % de son pétrole à l’étranger en 2011 vient de dépasser les États-Unis comme le plus grand importateur du pétrole au monde. D’où la méfiance de Pékin et sa volonté/efforts de sécurisation de son approvisionnement énergétique. Ainsi, au fil des ans, Pékin a utilisé l’Organisa­tion de coopération de Shanghai pour réaliser l’intégration économique avec la région de l’Asie centrale-Caspienne. Ce faisant, elle a cherché la diversification des sources d’énergie du Golfe Persique et la couverture contre tout embargo énergique maritime, et la projection de l’hégémonie chinoise à travers l’Eurasie. Faisant partie de ces efforts également, le projet de gazoduc reliant Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde (TAPI), le gazoduc reliant la Chine et l’Asie centrale (opérationnel depuis le 14 décembre 2009), les négociations avec la Russie. Cette dépendance exercera plus de pression sur Pékin pour participer activement à la sécurisation des routes maritimes, menaçant ainsi la supériorité américaine sur mer.

Montée de la Chine et dilemme de sécurité en Asie

Il n’y a pas que l’instabilité et tensions de la région qui préoccupe Washington, mais aussi la coopération croissante entre les pays asiatiques et le potentiel de la création d’un bloc économique de lequel l’Amérique serai exclue — une « Asie aux asiatiques » indépendante ou, au pire, sous un leadership chinois.[21] À travers son approche économique plus ou moins coopérative s’éloignant de la confrontation avec ses voisins, l’objectif de Pékin est de maintenir un climat régional-international pacifique et stable lui permettant de se concentrer sur ses problèmes internes, poursuivre sa croissance économique et garantir un flux de capitaux et de marchandises. Le succès de l’économie chinoise a conduit par ailleurs les économies de l’ASEAN à devenir plus intégrées aux chaines de production centrées en Chine. De 2000 à 2010, le commerce chinois avec l’ASEAN a augmenté de 40 à près de 300 milliards de dollars.[22] Même avec le Japon la relation économique s’est développée de façon spectaculaire au point où, en 2007, Pékin est devenu le plus grand partenaire économique du Tokyo. En 2011, le total des échanges entre les deux capitales a atteint 345 milliards de dollars (presque 9 % du commerce extérieur de la Chine et 21 % du volume total des échanges du Japon)[23] et les investissements japonais en Chine dépassaient 12 milliards de dollars (11% des IDE du Japon).[24] Environ 23 000 sociétés japonaises opèrent en Chine et fournissent près 10 millions d’emploi. Leur implantation en Chine a contribué à maintenir leur compétitivité.[25]

Sur le plan militaire, la relation est plus complexe. L’équilibre géopolitique mondial en cours de réalisation tend à être marqué par l’émergence de la riva­lité sino-américaine, qui pose déjà des choix difficiles pour les pays asiatiques pris entre les deux. Alors que la Chine tend à devenir la plus grande économie à l’horizon de 2020, les États-Unis empruntent 40 centimes pour chaque dollar dépensé. Et comme les Chinois sont leur plus grand créancier, il résulte que c’est Pékin qui finance indirectement la domination américaine dans l’océan indien bien que les alliés américains dans la région sont préoccupé de la situation finan­cière des États-Unis —désengagement de ces derniers de l’Asie et conversion de la puissance économique chinoise en puissance militaire. En effet, en même temps les États-Unis étaient plongés les bourbiers irakiens et Afghan, la Chine a été en mesure de renforcer son influence et affirmer sa puissance au point de susciter les inquiétudes des alliés traditionnels de l’Amérique. Se méfiant de l’émergence de la Chine, le Japon estime que les dépenses militaires chinoises ont augmenté de 30 fois au cours des 24 dernières années (plus de 100 milliards de dollars en 2011).[26] À ce rythme, les dépenses militaires chinoises risquent de dépasser celles des États-Unis d’ici 2035.[27] Ce qui n’est guère rassurant.

En vertu de la « doctrine Yoshida », la politique étrangère et nationale du Japon tout au long de la guerre froide a été axée sur la croissance économique et la dépendance militaire des États-Unis.[28] Le déclin de son rôle au niveau mon­dial suite au ralentissement économique et les craintes de l’impact de la crise financière sur le rôle de l’Amérique en matière sécurité ont, peu à peu, conduit le Japon à renforcer ses capacités militaires, établir et développer des relations dans le domaine militaires et de sécurité avec ses voisins qui partagent des craintes com-munes.[29] Est inclus dans ce cadre stratégique le « Democratic Security Diamond » à travers lequel Tokyo tente de contenir la Chine. De hauts responsables ont publiquement exprimé leur opposition à la transformation de la mer de Chine orientale en un « Lake Beijing » et leur volonté de créer un contrat de « sécurité démocratique », comprend le Japon, l’Inde, l’Australie et Hawaï, afin de protéger la liberté de navigation dans les océans Indien et du Pacifique.[30] Dans ce contexte, l’Amérique attend de la Chine à être un « Responsible Stakeholder »[31] ; c’est-à-dire une puissance du statu quo dans un ordre sous commandement régional et mon­dial américain. Ce qui est peut probable à long terme étant, pour Pékin, une telle approche est pertinente mais transitoire. Sa stratégie actuelle est calculatrice et comprend trois volets d’une approche non idéologique nécessaire à une croissance économique soutenue, une retenue délibérée sur l’utilisation de la force, et une implication accrue dans des forums multilatéraux régionaux et mondiaux. Avery Goldstein parle d’une stratégie de transition mettant « l’accent sur le maintien d’un environnement pacifique nécessaire à la croissance qui lui permettra de pas­ser à la position d’un vraie grande puissance ».[32]


La Chine et l’« US Asia Pivot »

Alors que Pékin voit la hausse de ses dépenses militaires comme naturelle et reflète sa puissance économique, les États-Unis restent sur leur garde et la méfiance stratégique augmente au fur et mesure que Pékin prend confiance en soi. Ainsi, dans un article initialement publié en 2004 la prestigieuse revue militaire chinoise China Military Science, X. Qi en donne un exemple ; « historiquement, les grandes puissances qui luttent pour la suprématie ont toujours porté leur attention sur l’océan et n’ont pas ménagé leurs efforts dans la poursuite de leurs rivalités géostraté­giques maritimes ». Mais comme la géostratégie maritime contemporain chinoise est puissamment informée par une histoire tragique dans laquelle « les dirigeants chinois ont fermé la porte au monde extérieur […] la mer a été négligée […], la mer est devenue un tremplin pour envahisseurs ». Cela a changé, prévient-il, car tandis que son « économie et technologie océaniques sont constamment en déve­loppement, ses intérêts nationaux sont répartis sur l’espace océanique mondial. Cela nécessite une marine pour une défense d’une plus grande portée ».[33]

Ainsi, après presque deux décennies de modernisation et de développement, la Chine est devenue la plus grande force navale en Asie[34] et son arsenal nucléaire est plus robuste.[35] Ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d’at­teindre le territoire continental américain sont estimés entre 30 et 35 en 2010 contre 20 huit ans plutôt.[36] Dans ce contexte, l’« Asia pivot » est venu à signifier le renfor­cement de la présence militaire des États-Unis ; plus de visite de l’US Navy dans les ports asiatiques, d’exercices navals conjoints et de coopération militaire multi(bi) latérale — environ 60 % de leurs sous-marins nucléaires, six des 11 porte-avions à propulsion nucléaire et les troupes retirées d’Afghanistan seront déployés dans la ré­gion Asie-Pacifique.[37] Les Américains disent que la Chine n’est pas visée alors que les emplacements des radars américains fournissent la preuve que missiles balistiques chinois sont des cibles pour les défenses américaines.[38] La montée de la Chine est un facteur central dans la l’élaboration du nouveau « AirSea Battle Concept ».

La Chine aspire à devenir un acteur prépondérant en Asie et à perpétuer la domi­nation du Parti communiste chinois (PCC) — préserver un système politique cen­tralisé. Sur le plan économique, le pays a adopté et énormément bénéficié de l’éco­nomie mondiale et donc a un intérêt commun avec les États-Unis à voir ce système commercial et financier continuer à se développer. En même temps, l’ascension du pays a considérablement changé les dynamiques et équilibres régionaux/mondiaux. Le problème dans relation sino-américaine c’est que tandis que l’économie chinoise devient internationalisée et les intérêts de ses entreprises devraient être attachés au monde occidental ; politiquement, elle ne s’est pas développée en un membre de l’Occident. Dans ce contexte, les deux principaux objectifs de Washington entrent en collision avec ceux du PCC ; le maintien d’un équilibre stable de puissance favorable en Asie et une transition graduelle à un régime de pluralisme politique en Chine. Les commentateurs chinois décrivent les États-Unis comme poursuivant une « twohandedstrategy », composée d’« engagement » pour promouvoir un chan­gement de régime et de « Containment » destiné à endiguer sa montée régionale.[39]


C’est cette politique de « congagement » qu’Obama a mis en œuvre, un « mélange nuancé d’engagement et d’endiguement » qui reste un exercice délicat.[40]

Au final, Pékin et Washington se sont aujourd’hui enfermées dans une lutte silencieuse mais de plus en plus intense pour le pouvoir et l’influence au niveau asia­tique aussi bien que mondial. Sept facteurs importants sont de nature à façonner leurs futures relations. Cinq — l’intégration de la Chine dans les institutions inter­nationales, interdépendance économique, démocratisation de la Chine, menaces communes, armes nucléaires — sont de nature à favoriser la coopération et la paix. Les effets des deux autres — rétrécissement de l’écart de la puissance nationale et différences dans les systèmes idéologique/politique- ont tendance à pousser les deux pays vers la rivalité, et sont plus forts et plus profondément enracinés qu’on ne le croit.[41] En clair, c’est fait indéniable que la Chine et les États-Unis ont des suspi­cions stratégiques l’un vers l’autre et les analystes chinois expriment l’inquiétude que les Américains conservent le pouvoir de menacer les intérêts fondamentaux chinois. Ces préoccupations offrent une mise en garde utile sur les possibilités de coopération sino-américaine dans le court terme. Bref, entre les deux capitales tout est possible le meilleur comme le pire.[42] Après la prise de contrôle des Philippines, l’Amérique a mis pied en Asie, et s’est mise sur « la voie d’une série de conflits que les Américains en 1899 ne pouvaient pas prévoir dans leurs rêves les plus fous ».[43] Le même constat s’applique à la stratégie d’Obama de l’« Asia Pivot ».

[1]Douglas E. Streusand, « Geopolitics versus Globalization », in Sam J. Tangredi, Globalization and Marine Power, Institute for National Strategic Studies, National Defense University, Washington, D.C, décembre 2002.

[2]Robert E. HARKAVY, « Thinking about Basing », NavalWar CollegeReview, vol. 58, n°. 3, été 2005, pp. 13-42

[3]Au cours des cinq derniers siècles, l’Europe était le « centre du système international, ses empires ont créent un système global unique ». La route principale vers l’Europe était l’Atlantique du Nord, et « celui qui contrôle l’Atlantique de Nord contrôle l’Europe — et l’accès de l’Europe au monde ». Mais au début des années 1980, et pour la première fois dans l’histoire, le commerce transpacifique a égalé le commerce transatlantique. Avec l’Europe réduite à une collection de puissances secondaires, et le changement dans la structure des échanges, l’Atlantique Nord a perdu de sa centralité. Maintenant, tout pays qui contrôle à la fois l’océan Atlantique Nord et le Pacifique pouvait contrôler le système commercial du monde et, donc, l’économie mondiale. George Friedman, The Next 100 Years; A Forecast for the 21st Century, Doubleday, New York, 2010, p. 4-5. David S. Yost, «The Future U.S. of Overseas Presence», Joint Force Quarterly, été 1995, p. 72-74.

[4]James E. Auer & Robyn Lim, « The Maritime Basis Of American Security In East Asia », Naval War College Review, hiver 2001.

[5]C’est la politique de Washington en Asie de l’Est qui a été le moins perturbé depuis 9/11. Excepté la Corée du Nord, l’équipe Bush a effectivement réussi à mener une politique de renforcement des alliances américaine existantes et poser de bonnes fondations en Asie de l’Est pour l’avenir, de façon calme et efficace, note Walter Russell Mead, « American Grand Strategy in a World at Risk », Orbis, vol. 49, n° 4, automne 2005, pp. 591-592.

[6]US Department of Defense, « Sustaining U.S. Global Leadership: Priorities for 21st Century Defense », Washington, D.C., janvier 2012, p. 1-2.

[7]L’expression de « profondeur stratégique » a été utilisée par Dick Cheney dans la nouvelle stratégie défense à la place de « bloquer tout rival » dans Defense Planning Guidance. En termes militaires, elle a généralement une connotation avec un territoire supplémentaire qui fournit une marge de sécurité supplémentaire dans la lutte contre des adversaires. Par exemple, une Afghanistan contrôlée par les Talibans, a été dit, donne au Pakistan une « profondeur stratégique » face à l’Inde. Lorsque les responsables du Pentagone ont commencé à utiliser le terme en 1990, il avait cette même connotation géographique. Mais dans la révision de I. Lewis ‘Scooter’ Libby, la phrase prend un sens plus large et plus abstrait; «profondeur stratégique» se réfère à la position avantageuse de l’Amérique dans le monde, son vaste réseau de bases, armements et niveaux de la technologie militaire. James Mann, « The True Rationale? It’s a Decade Old », The Washington Post, 7 mars 2004.

[8]Ryan Henry, « Transformation the U.S. Global Defense Posture », Naval War College Review, vol. 59, n°. 2, printemps 2006, pp. 18-19; Hans Binnendijk & Richard L. Kugler, « Adapting Forces to a New Era: Ten Transforming Concepts », Defense Horizons, n°. 5, National Defense University, novembre 2001, p. 6.

[9]Parce que « tandis que la stratégie de sécurité nationale peut changer d’une administration en administration, mais initier des changements et des ajustements majeur dans la posture de défense mondiale des États-Unis est un processus beaucoup plus difficile et de longue haleine. En conséquence, une fois réalisés, des ajustements aux postures de défense des États-Unis se sont révélés être assez durables, persistant pour des dizaines de décennies […]. Si la stratégie nationale définit l’intention des États-Unis dans leur approche envers les affaires mondiales et prévoit se concentrer sur la politique étrangère américaine, la posture de défense (militaire) mondiale reflète la capacité américaine de projeter leur puissance militaire au-delà de leurs frontières et sur une gamme transocéanique à l’appui des objectifs » américains. Krepinevich, A. & Work, R., A New Global Defence Posture for the Second Transoceanic Era, Centre for Strategic and Budgetary Assessments, Washington, D.C., 2007.

[10]Zbigniew Brezinski, Le grand échiquier : La primauté américaine et ses objectifs géostratégiques, p. 40 ; Zbigniew Brzezinksi, Second Chance: Three Presidents and the Crisis ofAmerican Superpower, Basic Books, 2007.

[11]Niall Ferguson, The War of the World: Twentieth-Century Conflict and the Descent of the West,

Penguin, New York, 2006, p. 43-71

[12]Aaron L Friedberg, « Bucking Beijing », Foreign Affairs, septembre-octobre 2012

[13]Voir Michael H. Hunt & Steven I. Levine, Arc of Empire: Americas Wars in Asia from the Philippines to Vietnam, University of North Carolina Press, Chapel Hill 2012.

[14]Commentant l’« AAsia pivot », l’ancienne Secrétaire d’Etat H. Clinton a affirmé, dans son discours à XInternational Womens Leadership Forum le 9 juillet 2012 (Mongolie), que le « cœur de la stratégie » est « notre soutien à la démocratie et les droits humains » qui ne « ne sont pas seulement des valeurs les plus chères de ma nation; Ils sont inhérents à toute personne née dans le monde ». Selon Washington « Même si elle n’a jamais mentionné la Chine, Mme Clinton a averti que le modèle de capitalisme autoritaire de la Chine ne peut pas être soutenue, et elle fit signe à d’autres nations à prendre un chemin différent ». Editorial, « A proper pivot toward Asia », The Washington Post, 14 juillet 2012

[15]Robert D. KAPLAN, « Obama Takes Asia by Sea », The New York Times, 11 novembre 2010.

[16]Voir le premier ministre chinois Wen Jiabao, « Toward new glory of Silk Road », speech at the Second China-Eurasia Economic Development and Cooperation Forum, (China), 4 septembre 2012.

[17]Ben Simpfendorfer, « Second Session: The GulfandAsia: Measuring the geo-economic relationship and potential », IISS Seminar, IISS, London, 15-16 Octobre 2011.

[18]Roula Khalaf (et autres), « How energy-hungry Beijing hews its Mideast links », The Financial Times, 11 février 2007 ; Eamon Gearon, « Red Star in the Morning, Business Warming », The Middle East, juillet 2006

[19]David Harvey, The New Imperialism, Oxford University Press, Oxford, 2003, p. 19.

[20]Michael T. Klare, « Obamas Risky Oil Threat to China », The American Empire Project, 6 décembre 2011.

[21]« Dans la sphère d’influence en expansion de la Chine, les entreprises américaines pourraient trouver leur accès aux marchés, produits et ressources naturelles étranglés par des accords commerciaux dictés par Pékin », avertit Aaron L Friedberg, « Bucking Beijing », Foreign Affairs, septembre-octobre 2012

[22]« US promotes new anti-China strategy in Asia », Bismillahnews.in, 30 décembre 2012

[23]« China Real Time Report: What at stake in China-Japan spat: 345 billion dollars to start », The Wall Stret Journal, 17 septembre 2012

[24]Li Xuedi, « Yearender: Japan’s new government faces multiple economic challenges », CNTVEnglish.com, 24 décembre 2012.

[25]Dong Wang, « China-Japan Relations – Now What? », PacNet, n°. 6, CSIS Center for Strategic and International Studies, 17 janvier 2013

[26]« Defense of Japan 2012 », Ministry of Defense, Japan, p. 26-47 http://www.mod.go.jp/

[27]Keith Richburg, « China’s increasing military spending unnerves neighbors », The Washington Post, 23 octobre 2012

[28]Sun-ki Chai, « Entrenching the Yoshida Defense Doctrine: Three Techniques for Institutionalization », International Organization, vol. 51, n°. 3, été 1997, pp. 389-412

[29]James Hardy, « Japan’s Navy: Sailing Towards the Future », The Diplomat, 21 janvier 2013 ; Richard Weitz, « The Korean pivot : challenges and opportunities from evolving Chinese Russian and US-Japanese securities tie », Academic Paper Series, Corea Economic Institute, vol. 2, n°. 3, mars 2007

[30]Shinzo Abe, « Asia’s Democratic Security Diamond », Project Syndicate, 27 décembre 2012

[31]Deputy Secretary of State Robert B. Zoellick, « Whither China: From Membership to Responsibility? » Remarks to National Committee on U.S.-China Relations New York City, New Yrok, 21 Septembre 2005 ; Secretary of State Hillary Rodham Clinton, « Remarks at the U.S. Institute of Peace China Conference », U.S. Institute of Peace, Washington, D.C., 7 mars

2012

[32]Jin H. Pak, « China’s Pragmatic Rise and U.S. Interests in East Asia », Military Review, nevembre/décembre 2007

[33]Xu Qi, « Maritime Geostrategy and the Development of the Chinese Navy in the Early Twenty-first Century », Naval War College Review, vol. 56, n°. 4, automne 2006 ; David Lague, « Special Report: China’s military hawks take the offensive », Reuters, 17 janvier 2013

[34]La Chine dispose de trois flottes (flottes de la mer du Nord et de la mer du Sud et la mer de Chine orientale) et possède 27 destroyers, 51 frégates 27 grands navires de débarquement et 54 autres plus petits, et plus de 288 bateaux rapides avec des plans pour atteindre 313. À cela s’ajoute une flotte de sous-marins -la plus importante en Asie- qui se compose de 8 à 10 sous-marins nucléaires et 48 à diesel. Howard J. Dooley, « The Great Leap Outward: China’s Maritime Renaissance », The^ Journal of East Asian Affairs, Institute for National Security Strategy, Corée de Sud, vol. 26, n°. 1, été/printemps 2012.

[35]Sur le nombre, le pays maintient délibérément une « ambiguité » stratégique. « Parce que la Chine ne va pas confirmer ou nier des rapports sur le nombre de ses missiles balistiques intercontinentaux, les autres Etats ne peuvent pas avoir confiance dans les estimations. Un attaquant envisageant de lancer une première frappe contre la Chine serait incertain sur la capacité de riposte de la Chine. C’est ainsi que la dissuasion nucléaire de la Chine travaille aujourd’hui ». Li Bin, «China and Nuclear Transparency», In Nicholas Zarimpas (sous. dir.), Transparency in Nuclear Warheads and Materials: The Politicaland TechnicalDimensions, Oxford University Press for SIPRI, Oxford, 2003, p. 55.

[36]Department of Defense,«Military and Security Development Involving the People’s Republic of China», Annual Report to Congress, Washington, D.C., 2010, p. 66 ; Department of Defense, « Annual Report on the Military Power of the People’s Republic of China », Report to Congress, Washington, D.C., 2002, p. 27.

[37]Yuriko Koike, « Asia After the Afghan War », Project Syndicate, 20 juin 2011; « World

over-thinking China’s military intentions », Global Times, 9 décembre 2011.

[38]Li Bin, « China and the New U.S. Missile Defense in East Asia », Proliferation Analysis, Carnegie Endowment for International Peace, 6 Septembre 2012.

[39]Stewart M. Patrick, « China’s Role in the ‘New Era of Engagement’ », Council on Foreign Relations, 10 novembre 2009

[40]Jeffrey Bader, Obama and Chinas Rise: An Insider’s Account of Americas Asia Strategy, Brookings Institution Press, 2012 ; Charles Kupchan, No One’s World: The West, the Rising Rest, and the Coming Global Turn, Oxford University Press p. 201

[41]Aaron L. Friedberg, A Contest for Supremacy: China, America, and the Struggle for Mastery

in Asia, W. W. Norton, 2011

[42]L’étude des affaires internationales reste encadrée par la perception selon laquelle tous les acteurs étatiques « susceptibles de s’engager dans un conflit (ou une coopération) avec tous les autres acteurs ». Mais la question des rivalités est « très important pour différencier les États qui sont susceptibles de s’engager dans un conflit de ceux qui sont beaucoup moins susceptibles de le faire ». En clair, « les crises dans des rivalry dyads, par opposition aux nonrivalry crises, sont plus susceptibles d’entraîner des menaces de niveau intermédiaire, techniques militarisées et guerre. » Michael P. Colaresi (et autres), Strategic Rivalries in World Politics: Position, Space, and ConflictEscalation, Cambridge University Press, 2007, 130 et 158

[43]Michael H. Hunt & Steven I. Levine, Arc of Empire: Americas Wars in Asia from the Philippines to Vietnam, University of North Carolina Press, Chapel Hill 2012.

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