Les étudiants de l’Institut franco-chinois de lyon 1921-1950 et 1980-2008

Wei Wang

Université Paris Sorbonne

2eme trimestre 2014

Deux époques traversent l’histoire de l’institut franco-chinois : la première époque s’étendant entre 1921-1950 et la seconde allant de 1980 à 2008 ont vu des boursiers venant de presque toutes les provinces de Chine venir suivre des études dans un grand nombre de domaines ensei­gnés a l’université française. L’histoire et le développement de ces échanges culturels, l’origine et l’identité des étudiants, leur thèmes d’études, le fonctionnement de l’Institut franco-chinois 1980-2008 sont un apport irremplaçable à la compréhension de la nature des liens scientifiques et d’amitiés entre les deux grandes nations française et chinoise.

DÈS LA FIN DU XIXe SIÈCLE, de nombreux intellectuels chinois, souvent très patriotes, constatent que la faiblesse de leur pays provient du grand retard de son système scolaire traditionnel et de son caractère inadapté aux transformations so­ciales que sont en train de connaître le reste du monde. Faute de modernisation de l’enseignement en Chine, aller en Occident pour étudier devient donc une néces­sité à leurs yeux. En 1921, l’Institut Franco-Chinois de Lyon a été mis sur pied grâce à l’initiative de personnalités chinoises et françaises prévoyantes. Cet Institut Franco-Chinois de Lyon se destinait à combler le retard culturel de la Chine en formantde jeunes étudiants dans le but de créer une élite chinoise pour une nou­velle Chine; le résultat obtenu fut très certainement supérieur à ce qui était alors prévu. Après 1978, Deng Xiaoping a de nouveau ouvert les portes de la Chine et l’Institut Franco-Chinois de Lyon a ainsi connuà cette époque une nouvelle vie. De plus en plus d’échanges académiques et professionnels, surtout dans le domaine de la médecine, resserraient les amitiés entre Lyon et la Chine. En tant qu’étudiant étranger ayant mené des études en France, cette recherche sur l’histoire de l’Institut Franco-Chinois m’a donné une occasion d’aborder par le prisme de mon expérience personnelle celles de ces anciens étudiants chinois de l’Institut.

Cependant, pour des raisons très complexes et surtout politiques (particulière­ment après 1949), puisque certains ont milité ou travaillé dans le Camp nationa­liste (ayant comme chef Chiang Kai-shek), une partie de ces intellectuels chinois sont peu connus dans la République Populaire de Chine.

Une histoire revisitée (1921-1950)

Cet article est consacré aux deux époques de l’histoire de l’Institut Franco-Chinois : la première époque s’étendant entre 1921-1950 et la seconde allant de 1980 à 2008. Il y a eu 473 étudiants pour la première époque et 219 étudiants pour la seconde. Tous ces boursiers venant de presquetoutes les provinces de Chine ont mené des études dans un grand nombre de domaines enseignés à l’Université. Une partie de ces étudiants a réussi à obtenir des diplômes de doctorats, ce qui corres­pond au plus haut niveau d’étude pouvant être obtenu en France.

L’histoire de l’Institut franco-chinois de Lyon 1921-1950

Au début du XXe siècle un échange intellectuel fructueux et profitable a été conduit entre la France et la Chine par Souen Pao-ki, alors ministre de Chine à Paris. Les premiers étudiants chinois sont venus en France en 1901 sous sa direc­tion. Parmi eux se trouvait LI Yu-ying, principal promoteur des rapports intellec­tuels entre la France et la Chineet un des fondateurs de l’Institut Franco-Chinois de Lyon, la plus importante des organisations intellectuelles de Chine en France.

Une initiative issue de personnalites chinoises et françaises

La création d’un Institut Franco-Chinois à Lyon est venue d’une idée de WU Zhihui, ancien professeur à l’Université de Peiping (Beijing), collègue de Li Yu-ying, membre de Comité du gouvernement Central de Chine à cette période. Cette idée d’établir un projet en vue de former en outre-mer des professeurs destinés à l’enseignement supérieur en Chine a été réalisée par Li.

LI Yu-ying y a participé immédiatement[1]. Il était alors chargé d’une mission universitaire à Paris en 1919. Il a proposé son projet à Paris à Aulard et Besnard, à Lyon à Moutet et Herriot. Il a trouvé en Lyon une ville particulièrement favorable. De plus, les collaborateurs de LI tels que le Recteur Joubin, le Doyen Jean Lépine, le général Marjoulet, le Professeur Maurice Courant se sont intéressés à cette initiative. En 1919 les bâtiments de l’ancien fort Saint-Irénée étaient finalement mis à disposition pour y fonder l’Institut. L’année suivante, LI est rentré en Chine pour trouver les fonds nécessaires à la création de l’Institut et, surtout, concernant ses bâtiments. Les personnages chinois tels que CAI Yuanpei, GAO Lu, et WU Zhihui furent tout de suite d’accord avec lui. À cet effet, les autorités chinoises ont versé en France une somme d’un million de francs. Un accord très important entre les gouvernements chinois et français, représentés l’un par l’Université de Lyon, l’autre par le Comité Intermédiaire Chinois a été signé le 8 juillet 1921. En cette même année, l’Institut a reçu sa première promotion d’étudiants sous la direction de WU Zhihui lui-même.

L’association universitaire franco-chinoise

L’Institut est géré par l’Association Universitaire Franco-Chinoise, composé de membres chinois et français : présidé par Lépine, doyen de la Faculté de Médecine, assisté de Kleinclausz, vice-Président et Doyen de la Faculté des Lettres, d’une part, et par CAI Yuanpei, ancien Recteur de l’Université de Peiping (Beijing) et le Ministre de Chine à Paris, d’autre part. Les Présidents d’Honneur sont le Préfet du Rhône et le Ministre de l’Education Nationale du Gouvernement Chinois.

Pendant la période de 1921-1950, l’Institut a enregistré 473 étudiants (dont 50 étudiantes). Ces étudiants avaient été sélectionnés par les Universités nationales chinoises et notamment par l’Université Franco-Chinoise de Peiping (Beijing) ou bien admis après un concours soit, dans un premier temps, en Chine soit en France pendant les dernières années de l’Institut[2]. L’Institut était en pleine prospérité. La ville de Lyon avait prêté son concours à cette fondation et avait aidé ses débuts par une subvention[3]. E. Herriot ne cessait de s’intéresser aux relations intellectuelles franco-chinoises et le Doyen Lépine, en tant qu’un des créateurs de l’Institut, se dévouait durant les périodes de crise, surtout celles financières. L’Institut a connu de nombreuses crises de ce genre dès sa fondation.

Activité des étudiants à l’institut franco-chinois

L’Institut était très actif, en moyenne, une soixantaine d’étudiants y ont sé­journé chaque année. Ils étaient recrutés tous les ans à la fin du mois de juin. L’Université Franco-Chinoise de Peiping (Beijing) avait ouvert un concours dans ses trois Facultés de Lettres, Sciences et Médecine. Ces candidats qui s’étaient clas­sés dans les cinq premiers et qui avaient obtenu une note au moins égale à 70 points sur un maximum de 100, ont pu venir à Lyon. Ainsi, la très grande majorité des étudiants s’est intéressée à cet Institut, car il avait acquis une grande réputation. De nombreux étudiants de l’Université Franco-Chinoise de Peiping (Beijing) ont cher­ché venir à Lyon, c’est pourquoi en 1932 l’accès à l’Institut s’est complété par un concours à l’Université Sun Yat-sen de Canton, par une désignation d’étudiants pris dans l’Université de Zhejiang ou nommés par le Bureau de l’Instruction Publique de cette province[4]. Enfin, certains pensionnaires étaient recrutés en France après un concours parmi les étudiants libres qui avaient deux certificats de licence. Les origines géographiques de ces étudiants étaient très variées.

À l’Institut, les étudiants suivaient, en principe, les cours de différentes Facultés ou Ecoles de la ville de Lyon. Cependant, ils pouvaient être envoyés, avec une autorisation de l’Institut pour des raisons spéciales, dans d’autres villes de France comme boursiers. Par exemple, lorsque les écoles ou les cours correspondant à leurs spécialités n’existaient pas à Lyon. Les étudiants de Lettres allaient davantage à Paris pour suivre les cours de phonétique, comme l’école des Chartes et l’Ecole libre des Sciences Politiques. Les étudiants d’agronomie allaient à Nancy. Les étudiants en commerce, électricité, et papeterie à Grenoble. Il est évident que la plupart des étudiants ont fait la plus grande partie de leurs études à Lyon[5].

Des pensionnaires qui n’avaient pas une connaissance suffisante de la langue française à leur arrivée, suivaient les cours de français enseignés à l’Institut lui-même par des professeurs de lycées de Lyon. À partir de 1933, on avait envoyé ces étudiants suivre des cours dans les lycées pendant un an. Mais cette manière a connu des critiques car certains estimaient que les futurs pensionnaires devraient connaître suffisamment la langue française dès leur départ de Chine.

Les résultats de ses séjours à Lyon sont différents. Une partie des étudiants a obtenu des licences ou des doctorats (étudiants en Lettres, droit, sciences et méde­cine), l’autre partie a obtenu les diplômes délivrés par certaines écoles (étudiants en électricité, tissage, architecture, travaux publics, etc.).

Rentrés en Chine, ces étudiants se consacrent presque tous à l’enseignement. Les statistiques précises sont impossibles à obtenir. Cependant, une statistique établie par les Annales Franco-Chinoises au 2e trimestre de l’année 1930, montre que sur 100 étudiants rentrés en Chine, les professeurs ou fonctionnaires étaient en forte majorité.[6] La statistique était probablement incomplète, mais elle était assez proche de la réalité. En tout cas, à leur retour en Chine, les étudiants sont désignés pour occuper de hautes positions intellectuelles ou économiques[7]. Ils formaient ainsi une élite d’universitaires et de techniciens capables de diriger le développement de la Chine. Leur activité s’étendait aussi bien aux domaines scientifiques, pédagogiques et artistiques qu’aux domaines industriels et commerciaux.

De plus, ces étudiants rentrés en Chine ont permit un réel échange intellectuel et commercial entre Lyon et la Chine. Dès son retour en Chine, l’étudiant lyon­nais cherche tout naturellement à retrouver les mêmes livres de sciences, lettres ou médecine, ou les instruments de laboratoire de Lyon, fidèlement aux habitudes prises à Lyon.

Les étudiants 1921-1950 : avant leur arrivée à Lyon

Avant leur arrivée à Lyon, les boursiers de l’Institut Franco-Chinois devaient passer un concours organisé par une université chinoise en Chine ou par l’Institut en France. Avec diverses motivations et raisons, ces étudiants chinois, jeunes ou âgés, se rendaient à Lyon pour une expérience d’une importance potentiellement remarquable dans leur vie ou même dans le développement de la Chine.

Origine

Ces 473 étudiants chinois étaient venus de presque toutes les provinces chinoises, cependant, les 5 provinces maritimes (Guangdong, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Shandong) ont envoyé presque la moitié du total des boursiers. Le Hebei, une province proche du gouvernement central de l’époque, était aussi une grande province de boursiers. On peut analyser la province de Guangdong, cette dernière était très ouverte aux influences étrangères comme toute autre région maritime par rapport aux autres provinces chinoises. Canton était en relation avec l’Extérieur depuis longtemps. Le fondateur de la République de Chine, Sun Yat-sen a lui-même encouragé l’envoi d’étudiants à l’étranger pour qu’ils puissent poursuivre leurs études dans des pays développés, comme le Japon, l’Allemagne et la France. Parmi ces jeunes qui sont partis pour la France, les cantonais représentent un pourcentage considérable. Sur les 473 étudiants officiellement inscrits à l’Institut Franco-Chinois de Lyon, 127 (dont 17 étudiantes) venaient de la province du Guangdong. Plus particulièrement, dans la première promotion de 1921, 70 étudiants (soit 55 %) étaient des Cantonais. Ces boursiers cantonais manifestaient une grande diversité dans leurs intérêts. Sur 98 étudiants (soit 77 % du nombre total d’étudiants Cantonais), 29 se sont engagé dans des études de Lettres, 26 dans des études de Droit, 26 dans des études scientifiques, 10 en médecine et 7 en Chimie. 34 de ces étudiants (dont 3 étudiantes) cantonais sont allés jusqu’au Doctorat, et rentrèrent en Chine munis du diplôme d’études le plus élevé qui puisse alors être obtenu en France.

Les autres provinces étaient, par ordre d’importance, Hebei (75, soit 18 %), Jiangsu (51, soit 13 %), Zhejiang (48, soit 12 %), Hunan (38,9 %). On peut remar­quer que le Hunan, bien qu’étant une province non-martine a envoyé un nombre important de boursiers, parce que plusieurs de ces boursiers du Hunan étaient ad­missibles en France. Ils étaient arrivés en France pendant le mouvement de travail-études. Le reste des étudiants venait des provinces de l’ouest ou du nord. Mais ils avaient peut-être fait leurs études à Pékin, Shanghai ou Canton, et étaient recrutés là-bas.

Les boursiers venus à l’Institut étaient pour la plupart âgés de 22 ans à 27 ans, 63%. 66 étudiants étaient âgés de 24 ans, 57 étudiants de 23 ans et 54 étudiants de 25 ans. Il s’agit de l’âge justement où on a le plus de chance de réussir une forma­tion supérieure. On peut voir qu’il y a quelques boursiers très jeunes ou très âges. Dans le cas des jeunes boursiers, ils ont soit fait un long séjour en France, soit sont rentrés en Chine très tôt à cause de leur santé. Cette dernière possibilité était plus fréquente pour les boursiers âgés. Mais eux aussi ont pu aussi obtenir de grands suc­cès pendant leur séjour en France. En ce qui concerne les boursiers les plus jeunes, peut être avaient ils déjà font des études en France avant leur arrivée à l’Institut. Quelques boursiers âgés avaient déjà travaillé en Chine et étaient envoyés en France pour se perfectionner dans quelques domaines spécifiques. D’autres boursiers âgés avaient déjà commencé leur thèse en France, mais faute de financement, ils avaient fait la demande de devenir pensionnaire de l’Institut pour continuer leur thèse.

Sexe

Parmi ces 473 étudiants, il n’y a eu que 50 étudiantes (soit 11 %). La plupart des étudiantes sont venu du Guangdong (17 étudiantes, soit 35 %). Le Jiangsu a envoyé 6 étudiantes (soit 27 %), le Hebei 5 étudiantes, le Hunan et l’Anhui 4 étudiants. Elles ont choisi surtout des études en Lettres (20 étudiantes, soit 44 %) et en beaux-arts (7 étudiantes 16 %). D’autres disciplines auxquelles elles se sont intéressées sont les suivante : Médecine (6), Sciences (6), Droit (4) Pharmacie (2) etc. Certaines ont obtenu un succès remarquable en France. Parmi elles, 11 étudiantes ont fait des thèses à Lyon. Durant une trentaine d’années l’Institut a recruté des boursieres de temps en temps. En 1921, 14 étudiantes sont venues à l’Institut. À partir de 1926, moins de 4 étudiantes sont venues à l’Institut.

Les étudiants 1921-1950 : séjour académique à Lyon

De 1921 jusqu’en 1950, ces 473 étudiants chinois sont arrivés à Lyon pour un séjour académique. La plupart d’entre eux qui ont étés admis en Chine sont venus en France après un long voyage de trois ou quatre semaines en bateau. Ils arrivaient d’abord à Marseille, puis prenaient le train pour aller à Lyon. Ils venaient acquérir des connaissances scientifiques, mais dans le même temps ils découvraient un tout nouveau pays et sa culture plus ou moins mythique. Bien que la vie quotidienne et leurs études ne semblaient pas du tout faciles pour eux, leurs réussites étaient remarquables.

Année d’arrivée

Les premiers étudiants sont arrivés à l’Institut le 25 septembre 1921. Ils com­prenaient 127 étudiants recrutés en Chine. Il y a eu quelques d’autres étudiants qui ont étés recrutés en France et sont arrivés par la suite. À partir de 1922 une crise financière a traversé l’Institut et en conséquence les boursiers étaient peu nom­breux ; cette situation a perduré jusqu’en 1928. Cette dernière année même, une nouvelle politique de réorganisation a été finalement mise en place. Cependant, à partir de 1929 la situation intérieure chinoise entrainait une réduction importante des recrutements en Chine, permettant d’admettre à l’Institut plus de boursiers parmi les étudiants déjà en France. On peut voir que 286 étudiants (soit 60 %) sont arrivés pendants les années 1920, 159 (soit 34 %) sont arrivés pendant les années suivantes, seulement 28 (6 %) sont arrivés pendant les dernières années. Il n’y eut plus de boursiers entre 1939 et 1941. En 1941, c’était la dernière fois que de nom­breux boursiers arrivaient à Lyon. La dernière boursière (N°473 SHI Zhende) s’est inscrite à l’Institut Franco-Chinois de Lyon en 1950.
Les effectifs d’étudiants à l’Institut diminuaient peu à peu à cause de la crise financière. Pendant les années 1920, les effectifs d’étudiants ont diminués de 138 boursiers jusqu’à 85 boursiers en 1928. À partir de 1933, les effectifs restaient d’une soixantaine boursiers annuels jusqu’à 1944. On peut trouver qu’il n’y a eu 7 boursiers à l’Institut de 1944 à 1948. En fait, l’Institut finançait quelques derniers boursiers jusqu’en 1950, mais ils ont fait leurs études dans d’autres villes.

Les études à l’Institut et leur discipline

L’Institut Franco-Chinois de Lyon, né à la fois d’un désir de coopération édu­cative et d’un rapprochement des grandes personnalités des deux pays (Li Shizeng, Wu Zhihui, Courant…) était une sorte d’Ecole Normale pour les jeunes Chinois désireux d’intégrer l’enseignement supérieur français.[8] Les étudiants une fois arrivés à Lyon, suivaient tout d’abord des cours de langue française, car la plupart d’entre eux n’avaient pas une connaissance suffisante de la langue. Ce type de cours avait été organisé au Fort St-Irénée en fonction du niveau des etudiants. Une vingtaine de professeurs des facultés ou des lycées (MMmes Orcel, Maisonnier, Melle Courand, Commissaire, Vié, Espinasse, Porteau, le Dr Blanc-Perducet, Courant entre autres) venaient donner des cours qui avaient lieu tous les jours.[9] Après avoir atteint une connaissancesuffisante de la langue, les étudiants poursuivaient leurs études dans les Facultés, Instituts ou Grandes Ecoles de Lyon. Certains pouvaient étudier avecl’au-torisation de l’Institut dans d’autres villes si la spécialité souhaité n’existait pas à Lyon. Mais les études dans d’autres villes étaient très coûteuses et l’Institut n’aurait pas pu contrôler les résultats des étudiants. À cet effet, les dirigeants de l’Institut étaient effectivement prudents dans leurs choix d’autoriser où non des études dans d’autres villes que Lyon.

À première vue, les disciplines choisies sont très diverses, cependant trois dis­ciplines étaient dominantes, il s’agit de Sciences (101, soit 21 %), Lettres (99, soit 21 %) et Droit (76, soit 16 %). Pendant les premières années, les étudiants pou­vaient choisir leur discipline librement. Ils s’intéressaient davantage aux Lettres, au Droit et à la Médecine. À partir de 1928, l’orientation des études a été mise en place,c’est-à-dire que les étudiants demandaient d’abord à l’Institut les disciplines qui les intéressaient, et l’Institut en examinait par la suite la possibilité en consul­tant les professeurs concernés. Cet examen était de temps en temps à l’origine de conflit entre les étudiants et l’Institut, notamment les dirigeants de l’Institut. De plus, dès 1928, LI Shizeng proposa la formation d’une commission d’orientation composée de professeurs et de membres du Bureau, qui aurait des relations régu­lières avec les universités chinoises et qui tiendrait compte des besoins de la Chine.[10]


Durée de séjour

La durée moyenne de séjour en France était de 4 ou 5 ans. 270 étudiants (soit 60 %) restaient entre moinsd’un an et 4 ans en France, 155 étudiants (soit 35 %) sont restés entre 5 ans et 9 ans, et 24 étudiants (soit 5 %) sont restés plus de 10 ans, voire 15 ans en France. Parmi eux, 73 étudiants ont passé 3 ans à l’Institut, 65 étudiants 2 ans, 52 étudiants 1 an et 49 étudiants 4 ans. Pendant les premières années, les étudiants ont passé généralement plus longtemps que ceux qui sont venus pour les années suivantes, parce qu’une direction sérieuse a été mise en pratique pour le recrutement de boursiers. L’Institut cherchait de plus en plus à recruter les meilleurs étudiants chinois, qui eux venaient réellement se perfectionner en France. On peut voir, à partir de 1928, que la durée moyenne de séjour en France était plus courte qu’avant, et le niveau d’étudiant s’améliorait au fur et à mesure. Le problème de la santé, l’inadaptation de la vie à l’étranger et l’échec dans le domaine des études étaient à l’origine de la courte durée de certains séjours en France. Pour une prolongation de séjour en France, il était toujours assez difficile d’obtenir une autorisation auprès des dirigeants de l’Institut.

Thèse

Le nombre de thèses est une preuve de la formation de haut niveau que les étu­diants de l’Institut Franco-Chinois ont reçu en France. Il peut servir, plus ou moins, à examiner les résultats de l’Institut. Généralement, les étudiants, ayant soutenu leur thèse, peuvent être considérés comme des étudiants excellents : 131 thèses ont été soutenues, c’est-à-dire que 28 % des étudiants de l’Institut sont allés jusqu’au doc­torat. Néamoins, on ne peut pas négliger les étudiants ayant obtenus des diplômes d’ingénieur ou certains étudiants aux Beaux-arts. 35 thèses (soit 27 %) ont été sou­tenues en Sciences, 28 thèses (soit 21 %) en Lettres, 25 (soit 17 %) en Médecine et 22 en Droit. Les sujets scientifiques étaient le plus fréquents.

Lorsqu’un étudiant de l’Institut avait passé sa licence, il pouvait demander à l’Institut de faire une thèse. L’Institut demandait les conseils des professeurs concer­nés. La décision était généralement favorable. La durée de préparation d’une thèse était estimée à 3 ans. Obtenir une prolongation de cette période initialement pré­vue était moins facile que faire une demande de thèse. La plupart des thèses ont été soutenues entre 1928 et 1944. 11 thèses ont été soutenues en 1929, 13 thèses ont été soutenues en 1935. L’impression des thèses était à la charge de l’Institut au début, le budget était environ 2 000 frs par thèse. Au fur et à mesure que les pro-blèmesfinancierss’aggravaient, l’Institut a vendu ces thèses aux librairies. Pendant les années 1940, l’Institut n’avait plus assez de ressources pour se charger de l’im­pression des thèses.

Éclairages nouveaux (1980-2008)

Nous pouvons dire que ces intellectuels chinois à l’Institut Franco-Chinois de Lyon étaient à la fois des messagers culturels et scientifiques entre l’Asie et l’Europe.

Après avoir fini leurs études en France ils se sont consacrés à divers secteurs en Chine. Certains ont essayé d’introduire des connaissances et des sciences d’avant-garde en Chine, contribuant ainsi efficacement au développement de leur pays dans l’histoire moderne.

Fonctionnement de l’Institut franco-chinois 1980-2008

L’Institut Franco-Chinois de Lyon demeure dans la mémoire de nombreux Chinois ainsi que Français. Après presque 30 ans de fermeture, la Chine a ouvert sa porte de nouveau grâce à DENG Xiaoping. Ce dernier était venu en France en 1919 dans le cadre du mouvement travail-études.Une rencontre entre le professeur Mallet-Guy et ses anciens élèves de l’Institut à Wuhan a fourni, à ce moment, une occasion précieuse de rétablirl’Institut Franco-Chinois de Lyon et d’entreprendre une nouvelle et fructueuse coopération intellectuelle franco-chinoise.

La renaissance de l’Institut franco-chinois

Les dix ans dela Révolution Culturelle ont vraiment été une catastrophe na­tionale en Chine. Presque toutes les organisations intérieures ont été gravement endommagées ou détruites. Sortant de la Révolution Culturelle, la Chine a souffert d’une dramatique pénurie de cadres et d’une insuffisance du nombre d’institutions universitaires, particulièrement celles de haut niveau. Dès 1978, DENG a mis en place une politique intitulée « Réforme et Ouverture ». Naturellement, DENG s’est tourné vers la France pour remédier à la cruelle pénurie des cadres. La Chine a envoyé une centaine d’étudiants chinois bacheliers pour suivre des études supé­rieures en France. La moitié est arrivée à Lyon en 1979.

L’occasion historique en novembre 1978 du 6e Congrès Chinois de Chirurgie organisé à Wuhan a permis d’inviter trois chirurgiens étrangers dont le Professeur Mallet-Guy de Lyon, un professeur très renommé au plan international. Il a re­trouvé ses anciens élèves de l’Institut Franco-Chinois de Lyon. Il s’agissait de FAN Pieng-Tche de Pékin, LIU Chung-Zhi de Kunming, SHI Yu-shu de Tianjin, et CAO Qingtai de Hefei. Les anciens étudiants chinois ont exprimé leurs besoins de rétablir l’Institut Franco-Chinois de Lyon, et ont obtenu les avis favorables de leur Maître, le Professeur Mallet-Guy et des autorités lyonnaisesd’alors.

De retour en France, cette idée de la renaissance de l’Institut a été accueillie très favorablement par le Ministère des Affaires étrangères de la France. Le Ministère des Affaires étrangères a demandé que cette nouvelle association soit sous la respon­sabilité exclusive de la France et non partagée entre deux gouvernements comme l’ancien Institut Franco-Chinois. Le but du nouvel Institut était de procurer un stage de remise à niveau durant une année universitaire pour des sujets déjà diplô­més et spécialisés. Il s’agissait d’un système de bourses de 3e cycle attribuées durant 9 mois pour un stage de perfectionnement, de recherche, de transfert de savoir-faire et d’une technologie.

Le 6 février 1980, l’Association Universitaire Franco-Chinoise aété dissoutepour en créer une nouvelle. Quelques jours après, le 12 février, la première Assemblée générale a décidé de créer une nouvelle association intitulée « Institut Lyonnais d’Échanges Franco-Chinois ». L’Association a repris son nom historique « Institut Franco-Chinois » l’année suivante en raison de la même vocation culturelle.

Le financement et la selection des boursiers

Le financement de l’Institut vient des subventions des collectivités locales et d’autres sources comme adhésions individuelles et adhésions d’entreprises.[11]

… Il (Monsieur Olivier PHILIP, le Préfet de Région alors) suggère que Les subventions du Conseil Général du Rhône et de la Ville de LYON soient portées à 60 000francs, que celle de l’Etablissement Public Régional soit portée à 30 000francs et celle de la Chambre de Commerce et d’Industrie à 20 000francs, ce qui ferait un total de 170 000francs… [12]

Les objectifs du nouvel Institut sont identiques à ceux de l’ancien Institut. Il s’agit de favoriser le développement des échanges culturels et économiques entre la région lyonnaise et la Chine. C’est pourquoi on peut trouver différents parti­cipants locaux dans l’Institut et des subventions venant surtout des milieux lyon­nais. Toutes ces personnalités lyonnaises travaillaient constamment pour chercher le financement de l’Institut. Dans sa composition, le Conseil d’Administration est universitaire mais aussi pluridisciplinaire, réunissant des personnalités du monde scientifique, médical, littéraire, juridique ainsi que du commerce, de l’industrie, des sciences sociales et des grands organismes de recherche. D’ailleurs, certains membres d’honneur sont des personnalités politiques, administratives ou univer­sitaires, comme par exemple, les Présidents ou représentants des trois Universités lyonnaises, des Grandes-Écoles Rhône-Alpes, de la Chambre de Commerce et d’In­dustrie, du Conseil Régional Rhône-Alpes, et des Hospices Civils de Lyon.

Cependant, ce type de financement, notamment le volume des subventions, était largement influencé par l’incidence des événements internationaux ou de la situation économique. En 1986, le Conseil Régional a attribué 150 000 francs, réservés exclusivement aux boursiers de Shanghai.[13] C’était un projet spécial permit grâce au jumelage entre Lyon et Shanghai[14]. Depuis 1986 même, le Ministère des Affaires étrangères de la France a participé au programme de formation des spécia­listes chinois, futurs cadres dans leur pays.[15] Mais, à cause des graves incidents de la Place Tian An’ men, qui a entrainé un refroidissement des relations entre Paris et Pékin, le Ministère a supprimé la subvention qui avait été accordée chaque année depuis 1986, réduisant le nombre des bourses à partir de 1989.[16]

Les fondateurs de ce nouvel Institut Franco-Chinois avaient constaté que les boursiers chinois devraient retourner en Chine à la suite des formations à Lyon et pourraient rendre des services en Chine, permettant de se nouer de véritables liens culturels et des rapports bilatéraux. À cet effet, la sélection des candidats devrait être rigoureuse, en particulier après le jumelage Lyon-Canton, elle est devenue systéma­tique. Il s’agissait des candidats jeunes, ayant des bases linguistiques suffisantes et contrôlées, présentés par le Chef du Département avec engagement de réintégra­tion en Chine à l’issue du stage.[17] C’étaient les critères qui ont été établies depuis la fondation de nouvel Institut. Ainsi toute candidature individuelle seraient écartée. L’Institut avait fait une large prospection dans les universités chinoises pour sollici­ter des candidatures. Ces dernières concernaient souvent les meilleures universités de chaque région.

Les candidatures sontexaminées par une commission des bourses. Cette com­mission était composée de professeurs français ou chinois mais tous renommés dans leur domaine. Ils évaluaient la formation universitaire, l’activité sociale, la recom­mandation et la connaissance de la langue.[18] L’anglais est nécessaire pour certains domaines scientifiques. Une connaissance suffisante du français était indispensable pour les boursiers dans des domaines, comme médecine, histoire, lettres etc. Les dossiers des candidats étaient ainsi classés selon un ordre de préférence et le nombre de bourses accordées était déterminé en fonction des possibilités de financement annuel.

Relations avec canton

La coopération réelle et fructueuse entre Lyon et Canton a connu quelques péri­péties. Mais, elle a fourni à l’Institut une subvention durable, renouveléechaque année de 1994 jusqu’en 2008. L’Institut pouvait effectuer une programmation à long terme grâce à ce jumelage. En 1984, une commission de Chine a été créée dans le cadre du comité des Relations Internationales de la Ville de Lyon. L’année suivante, elle a proposé le jumelage Lyon-Canton. Ces deux villes ont signé le pro­tocole de jumelage en septembre 1987. Cependant les accords ont été rompus à la suite des évènements de la Place Tian An’ men. Ce n’est qu’en août 1994, que les relations ont pu redémarrer à l’issue de la visite d’une délégation de la Mairie lyon­naise à Canton.

Chaque année, dans ces accords, trois bourses seraient accordées aux jeunes cadres de Canton pour bénéficier d’une formation d’une année universitaire. Ils pouvaient poursuivre leurs études, concernant surtout la pollution, l’environne­ment, l’hygiène, le traitement des eaux, et l’urbanisme, dans les établissements d’en­seignement supérieur et de recherche de l’agglomération lyonnaise. Il s’agissait d’une formation ponctuelle sur des problèmes de transferts de technologie ou de savoir-faire. Parce que la Municipalité de Lyon a amorcé ce lancementd’un développement de la coopération économique entre ces deux grandes villes, dans le but d’accéder à des parts de marchés pour les entreprises et à des transferts de technologies.[19]

En 1994, les accords du jumelage Lyon-Canton a été signés. À partir de 1995, trois bourses ont été attribuées aux candidats de Canton.Le nombre de boursiers cantonnais aaugmenté dès cette année même. Les boursiers cantonnais sont venus en majorité de l’Université Sun Yat-sen, la meilleure de Canton. Selon les accords, les boursiers, étant généralement des étudiants ou des chercheurs de l’Université, ont ciblé les spécialités de l’environnement, de la sociologie, de l’histoire et des lettres. Cette coopération demeure jusqu’aujourd’hui.

Les étudiants : période 1980-2008

Ayant pour but de se perfectionner à Lyon, 219 boursiers de 1980-2008 sont venus et ont été financés par l’Institut Franco-Chinois pour un stage d’une durée de 9 mois (une année scolaire d’université). À l’inverse de ces premiers 473 étudiants, ces étudiants déjà spécialisés partagent une vocation culturelle et intellectuelle identique.

Les boursiers de l’Institut franco-chinois

Année d’arrivée

Depuis 1980 et jusqu’en 2008, l’Institut Franco-Chinois de Lyon a accueillis un ensemble de 219 boursiers chinois à Lyon ou dans la région Rhône-Alpes.Les statistiques montrent que les 10 premières années (1980-1990), l’échange acadé­mique était le plus vivant, et particulièrement dans le domaine de médecine.Il y avait plus de boursiers en médecine que ceux en sciences ou dans les autres disci­plines. Néanmoins, des raisons politiques en 1989 ont entraîné une chute soudaine en 1990. À partir de 1995, le jumelage établi entre Lyon et Guangzhou finance de nouveau cet échange académique, à raison d’environs 2-3 boursiers chinois par an. Dans cette dernière période, le nombre des boursiers en autres disciplines comme sciences histoire surpasse celui des étudiants en médecine.

Origine

Shanghai (49, soit 33 %), Kunming (35, soit 22 %), Guangzhou (33, soit 16 %) et Beijing (31, soit 15 %) ont envoyé le plus de boursiers à l’Institut. Parce que ces quatre grandes villes chinoises possèdent des plus universités importantes en Chine. Elles présentaient des candidatures en plus grand nombre et d’un niveau plus élevé que d’autres villes chinoises.

L’apprentissage possible de la langue française dans ces villes chinoises est aussi à l’origine d’un grand nombre de boursiers. Par exemple, à Shanghai, Beijing et Kunming, on trouve des centres de la langue française qui ont organisé des cours de langue française en vue d’un stage en France.

On peut voir des différences d’origine géographique entre les étudiants en Médecine et les autres. Shanghai, Kunming, Beijing et Hefei ont envoyé le plus de boursiers en médecine, car dans ces villes, les meilleures facultés de médecine étaient en bonnes relations avec la France. Par contre, Guangzhou a fourni le plus nombre des boursiers non concerné par la médecine.

Sur les Courbes d’évolution, on peut constater que depuis 1995, les boursiers sont venus généralement de Guangzhou, car le jumelage Lyon-Canton a été établi en 1994. De 1980 en 1994, c’est Shanghai, Kunming et Beijing qui ont envoyé le plus de boursiers.

Discipline

Les disciplines choisies ont été en grande majorité en médecine et en sciences. 133 boursiers (soit 61%) visaient la médecine, et 64 boursiers (soit 29%) se consacraient aux sciences. À partir de 1995 d’autres disciplines, comme histoire et sociologie, ont pris la majorité car le nombre des boursiers de médecine a diminué constamment.

En regardant les disciplines de médecine, on retrouve que les secteurs les plus souvent sollicités se situent Cardiologie et Chirurgie. Quant aux sciences, il s’agis-saitsouvent de Chimie et Physique. D’autres disciplines visaient à l’histoire et à la sociologie.

Le choix de médecine et des sciences n’est pas dut au hasard, car le but du nouvel Institut Franco-Chinois est de permettre à desétudiants déjà spécialisé de parvenir à un haut niveau. Dans les années 1980, la Chine avait fortement besoin de hauts cadres dans ces domaines pour reconstruire la Chine après la Révolution culturelle. D’ailleurs, Lyon, et surtout les Hospices Civiles de Lyon, avait un grand intérêt à aider les étudiants chinois en médecine. Les liens hospitalo-universitaires de Lyon sont renommés en particulier en France. Comme beaucoup des person­nages de l’Institut venaient du monde médical, l’Institut pouvait placer les bour­siers en médecine à Lyon plus facilement.[20]

Il y a eu 133 boursiers en médecine de 1980-2008, Chirurgie (51), Médecine (50) et Biologie (20) étaientles spécialités dominantes. Au cours desdix premières années, la plupart des boursiers en médecine s’intéressaient à la chirurgie. Les sec­teurs les plus investis sont les suivants : chirurgie digestive, cardiologie, physiologie, hématologie-immunologie, chirurgie thoracique, virologie, imagerie, chirurgie gynécologique-sein, pédiatrie-néonatologie, chirurgie osseuse, et anesthésie-réani-mation.

64 bourses ont été attribuées en sciences. Ces étudiants sont venus à Lyon entre 1981-1991, et 1997-2000. On peut retrouver que la chimie et la physique sont les deux domaines les plus recherchés par les boursiers. Parce que ce sont les domaines les plus proches de la vie quotidienne, qu’il s’agit de questions d’environnements, de santé, de médicaments, de cosmétiques, de matériaux etc. Cependant, les deux secteurs des sciences fondamentales et appliqués sont à peu près identiques en termes de nombre de boursiers.

Les amitiés avec d’anciennes personnalités et leur faculté 1980-1994

Pendant les 15 premières années, les amitiés entre Lyon et d’anciens person­nages chinois fut à l’origine d’un grand nombre de boursiers dans quelques villes chinoises et d’une coopération fructueuse entre leur ville et Lyon. Il s’agit de ses fondateurs chinois, FAN Pieng-Tche de Pékin, LIU Chung-zhi de Kunming, SHI Yu-shu de Tianjin, et CAO Qingtai de Heifei. Ces anciens étudiants de l’Institut étaient des dirigeants dans leur faculté, qui sont toujours les meilleures dans leur ville. C’est pourquoi ces quatre villes ont envoyés plus de boursiers à ce moment que d’autres villes.

Organisme

189 boursiers (soit 86%) ont des réponses pour l’enquête d’organisme. Les or­ganismes étaient très variés. Au total 189 boursiers venaient de 101 organismes dif­férents, dont 12 avaient plus que 4 boursiers.Il accordait évidement aux hôpitaux, aux instituts et aux universités importants à ses régions.

Comme l’Hôpital Rui-jin qui est l’un des meilleurs hôpitaux de Shanghai. Son Président en 1985, WANG Zhenyi et le professeur LIN Yanchen, sont deux anciens élèves du Professeur XU Baoyi (ancien étudiant de l’Institut, N 228, Interne des Hôpitaux de Lyon). L’Université Médicale N°2 de Shanghai est un descendant de l’Université Aurore, elle est la première à signer une convention en 1981 avec l’Ins-titut.[21]

À Hefei, les amitiés du Professeur CAO Qingtai avec l’Institut, permirent une coopération fructueuse entre la Faculté de Médecine d’Anhui et de Lyon. Ces orga­nismes importants ont pu présenter et recommander des candidats en plus grand nombre et sans doute d’un niveau plus élevé.

Profession des boursiers

Une moitié des boursiers étaient des médecins, et 31 % des boursiers étaient des enseignants. Pendant les 10 premières années, la plupart des boursiers étaient des médecins ou des enseignants en médecine car les promoteurs du nouvel Institut Franco-Chinois de Lyon étaient des médecins, professeurs d’universités aussi bien du côté français que chinois, on peut concevoir que les disciplines en médecine étaient privilégiées. Pourtant, l’Institut Franco-Chinois mis en pratique encore tout de même une politique pluridisciplinaire. Tout au long de cette période considérée, l’IFCL a recruté des boursiers dans plusieurs disciplines.

Selon des réponses de 40 % de dossiers de boursiers, on constate que 75 % des boursiers ont des titres comme maître de conférences, 22 % des boursiers ont des titres de professeur agrégé. Il s’agit de jeunes enseignants-chercheurs profitant de ces stages à Lyon pour améliorer leurs compétences.Les demandesd’apprentissages de nouvelles connaissances et technologies des jeunes enseignants-chercheursont toujours été fortes.

42 boursiers (soit 19 %) dans les dossiers ont des fonctions comme chef de service, chef de département ou directeur d’hôpital. Leurs objectifsétaient bien cibléspar rapport aux stages. Il témoigne du niveau élevé des candidats à l’Institut Franco-Chinois.

Lieu de stage

Les boursiers ont généralement effectué leurs stages à Lyon. Mais, il y a eu 4 boursiers à l’Université Grenoble, dont 2 en chimie appliquée, les 2 autres au sein d’équipes de recherche relevant du CNRS. 48 stages (soit 27 %) ont été organisés à l’Hôpital Edouard Herriot, 38 (soit 21 %) à l’Université Claude Bernard Lyon 1, 35 (soit 19 %) à l’INSA. Il s’agit à l’INSAde stage en physique et chimie mais aussi dans les domaines des matériaux, de la mécanique des solides, des fluides, de l’informatique et de l’environnement. Les stages concernant la médecine ont été organisés en majorité également à l’hôpital Cardio-vasculaire et Pneumologique Louis Pradel (16 boursiers).

La durée des stages financés par l’Institut Franco-Chinois était prévue comme étant d’une durée de 9 mois. Il était cependant possible de prolonger le séjour de stage après cette période, en demandant une autorisation à son université chinoise.

Les résultats et les difficultés d’études

Formations

97 % de réponses de l’enquête sur la formation. Cette enquête sur la formation prend en compteles formations générales et formationsprofessionnelles. 108 bour­siers (soit 51 %) ont des diplômes de médecine. 44 boursiers (soit 21 %) ont des licences et 39 boursiers (soit 18 %) ont des diplômes de Master. Comme durant les 10 premières années, des boursiers étaient davantage en médecine. Ces boursiers suivaient des formationsprofessionnelles en médecine, ayant un diplôme comme le « Diplôme de fin d’études ». Le diplôme de licence était plutôt lié à ceux qui étaient en sciences ou en ingénierie. À partir de 1990, les boursiers ayant un diplôme d’un niveau master ou doctorat étaient majoritaires à l’IFCL.

Ayant déjà une formation universitaire et spécialisée, les boursiers de ce nouvel l’Institut ont connu de grandssuccès en remettant à niveau et en perfectionnant leurs savoirs-faires. Dès leur retour en Chine, ces étudiants ont créé un réel échange intellectuel entre Lyon et la Chine. Denouvelles disciplines ont été transférées en Chine, telles que la chirurgie plastique de la face et la rééducation fonctionnelle mises en place à l’Université Militaire de Xi’an.

Difficultés dues a la langue

Durant les premières années de l’Institut, les boursiers étaient plus âgés, car ils étaient déjà spécialisés, surtout les médecins. L’une des grandes difficultés était la connaissance insuffisante de la langue française.Les boursiers âgés avaient plus de difficultés à apprendre une nouvelle langue. À cause de cela, l’Institut a eu quelques difficultés pour admettre ces boursiers âgés. L’Institut a envisagé ce problème dès 1980. Une solution était d’organiser des cours de français dans des universités chinoises. La Faculté de Technologie de Kunming a demandé au Président de l’Institut deux enseignants français en 1980.[22] Mais, ce type de problème présentait de temps en temps. L’Institut a confié les examens de langue au Consulat français en Chine pour évaluer le niveau des prétendants. En tout les cas, une connaissance de la langue était un élément important pour un séjour académique à Lyon.

Les étudiants : comparaisons entre périodes 1980-2008 et 1921-1950

Fondé sur la base d’une volonté de création d’une coopération intellectuelle entre la France et la Chine, l’Institut Franco-Chinois a connu deux différentes époques. Bien qu’il y ait eu différents objectifs selon les époques, ses réussites sont remarquables, en particulier les réussites des étudiants des périodes 1921-1950 et 1980-2008. Nous avons utilisé l’étude sociale pour comparer certains des étudiants de l’Institut.

Insertion sociale

L’étude sur l’Insertion sociale est consacrée aux 4 aspects suivants : les individus, l’insertion familiale, les mariages et l’activité sociale. Il est un peu difficile d’analyser l’insertion sociale des étudiants de 1921-1950 ainsi que ceux de 1980-2008, mais grâce aux archives on peut trouver quelques différences.

Les étudiants de 1921-1950 étaient recrutés pour effectuer une formation universitaire en France, donc, ils étaient généralement plus jeunes que leurs successeurs étudiants après 1980, car ces derniers avaient déjà commencé ou terminé une formation universitaire. D’ailleurs, dès 1920, les étudiants étaient plus jeunes que ceux qui etaient venus dès 1928 grâce à une nouvelle direction de l’Institut, permettant d’obtenir de meilleures performances de la part des étudiants. On peut voir que beaucoup de thèses ont été soutenues pendant les années 1930, c’étaient celles d’étudiants ayant un haut niveau d’études. Par contre, à partir de 1980, les boursiers recrutés étaient davantage des médecins ou des cadres qui ont cherché une occasion de se perfectionner en France. Ils étaient plus âgés que ceux qui sont venus dès 1990, et surtout ceux de 1995, car les boursiers plus âgés avaient des difficultés pour maîtriser la langue, l’Institut Franco-Chinois avait connu beaucoup de soucis a cause de ce type de boursiers.

En ce qui concerne la mobilité géographique, les anciens étudiants sont venus en France en bateau à l’issue d’un voyage d’environ 3 semaines. Ils ont eu plus d’occasionde poursuivre leurs études dans d’autres villes françaises, bien que l’auto­risation ait été difficile à obtenir. À l’inverse, grâce au développement desmoyens de transports, les boursiers suivants sont venus en France plus facilement, cependant, il n’y a que 4 boursiers qui avaient effectué leurs études dans une ville autre que Lyon. Leurs études avaientété effectuées en majorité à Lyon.

On peut trouver que les familles des anciens étudiants étaient plus ou moins de classes moyennes, certains étudiants étaientmême issus de familles de haut cadre d’état ou d’intellectuels. Ou encore que leurs frères avaient déjà travaillé en Europe. Parce qu’au début du XXe siècle, aller étudier àl’étranger était une grande décision sur plan des idées et aussi sur le plan des finances. Pourtant, on ne trouvepas beau­coup des traces de famille de ces étudiants depuis 1980.

De 1921-1950les étudiants étant généralement assezjeunes, et les pensionnaires ayant passé généralement 4 ans ou plus en France, certains d’entre eux se sont marié en France et ont eu des enfants. Leurs épouses étaient en majorité leurs cama­rades de l’Institut, ou étaient devenuespensionnaires de l’Institut en raison de ces mariages. Ce dernier a posé un problème pour l’Institut Franco-Chinois. Quelques nouveaux nés ont été pris en charge par l’Institut. Le mariage ne se posait pas un problème pour nouvel Institut, car le séjour de stage etait de 9 mois à Lyon.

Les activités sociales des étudiants de 1921-1950 étaient variées. Il y a eu des activités au sein de l’Institut, mais aussi des conflits à cause des différentes opinions politiques ou de l’origine géographique des étudiants. L’échange intellectuel était le but principal pour les étudiants dès 1980, ils ont appris denouvellestechniques et ont établi une coopération fructueuse entre Lyon et la Chine. Les expériences aca­démiques à Lyon ont noué des solides amitiés entre Lyon et la Chine, surtout avec les professeurs français. Madame Danielle Li, secrétaire général de l’Institut alors, a aidé beaucoup des boursiers en français. Les boursiers de l’Institut l’appellent « la mère de l’Institut Franco-Chinois ».[23]

Carrière

La comparaison de la carrière se concentre sur les aspects suivants : la formation (formation générale et professionnelle), le cursus, et la réussite professionnelle.

Les étudiants de 1921-1950 étaient pour la plupart des étudiants bacheliers. Ils poursuivaient des formations universitaires en France, car les universités chinoises à cetteépoque venaient tout juste quecommencera fonctionner. Il était difficile de suivre une formation supérieure en Chine. De plus, apprendre la science occiden­tale a été considéré comme moyen de remédier au retard de la Chine. Dès 1980, la Chine possédait déjà de nombreuses universités, mais souffrant d’un isolement depuis 1949, la Chine avait besoin decadres. Ces derniers étaient déjà diplômés et spécialisés, et avaient l’intention de se perfectionner dans leur domaine.

À partir des cours universitaires, l’Institut, que ce soit le nouvel ou l’ancien, avait organisé des cours de langue française, permettant aux étudiants d’acquérir la culture française.

Une réussite professionnelle est un point commun pour tous les étudiants de l’Institut Franco-Chinois. Dans l’espoir d’établir une école normale chinoise à Lyon, l’Institut Franco-chinois a formé un nombre important de professeurs renommés en Chine, qui rendaient leurs services à leur retour en Chine, mais aussi a noué une coopération intellectuelle entre la France et la Chine.

Activité professionnelle

Avant leur arrivée en France, les étudiants de 1921-1950 étaient majoritaire­ment des étudiants. Certains boursiers financés par le gouvernement provençal avaient des travails, mais il s’agissait principalement d’étudiants avant l’Inscription à l’Institut. Dès 1980, on peut trouver beaucoup de médecins et de chercheurs d’université qui ont obtenu des bourses de l’Institut. Certains étaient ingénieurs ou fonctionnaires. Dès 1990, les étudiants ayant un diplôme de master ou doctorat-sont devenus de plus en plus nombreux.

 

Conclusion générale

Faute d’un enseignement supérieur au début du XXe siècle, la Chine a créé pour la première fois à l’étranger une université chinoise en vue de former de jeunes étudiants aux sciences et techniques occidentales et pour fournir aux universi­tés chinoises des cadres. Le Fort Saint-Irénée de Lyon, jusqu’en 1950, a accueilli 473 étudiants chinois, la majorité d’entre eux ont obtenu des diplômés universi­taires ou ont soutenu leur thèse en France.À leur retour, ils rendaient services a leur pays.

Après presque 30 ans d’isolement, Deng Xiaoping a ouvert de nouveau la porte de la Chine. Le professeur Mallet-Guy a rencontré ses anciens élèves de l’Institut. Aux besoins de la Chine, à savoir la remise à niveau des cadres et l’acquisition d’une technologie nouvelle, ainsi que des mémoires entre ses anciens élèves et son maître, l’Institut Franco-chinois a rétabli en 1980. Jusqu’en 2008, le nouvel Institut a accordé 219 bourses.

Ces 692 étudiants d’Institut Franco-Chinois étaient des témoins de la coopéra­tion intellectuelle entre la France et la Chine. Ce mémoire s’est consacré à mener une étude historique et sociale sur les séjours de boursiers en France. Pourtant, qu’ont-ils fait à leur retour en Chine ? Comment leur carrière se passait-elle ? Quels sont les rapports entre leur vie, leur expériences en France et la vie de l’état ? Faute des sources suffisantes en France, ces dernières questions sont en attente de réponses futures.

[1]CHEN San-ching, Qingong jianxuedefazhan (The development of the work-study movement), Taipei, 1988, p.326.

[2]Entretien avec Madame Pinet, le 22 mars 2011.

[3]Perrotin de Bellegarde A.-S., L’Institut Franco-Chinois de Lyon 1921-1950, Mémoire de maîtrise, Université Jean Moulin Lyon III, Faculté des Lettres, p24.

[4]CHEN San-ching, Qingongjianxuede fazhan (The developmentofthe work-study movement),Taibei,1988, p.360.

[5]Entretien avec Madame Pinet, le 31 mars 2011.

[6]Entretien avec Madame Pinet, le 22 mars 2011.

[7]Perrotin de Bellegarde A.-S., L’Institut Franco-Chinois de Lyon 1921-1950,Mémoire de maîtrise, Université Jean Moulin Lyon III, Faculté des Lettres, p94.

[8]Philippe Yann, L’Institut franco-chinois un exemple réussi de collaboration en éducation ?, Lyon, 1998, 2 volimes (mémoire de maîtrise Université Lumière, Lyon II, juin 1998), p.5.

[9]Anne-Sophie de Perrotin de Bellegarde, L’Institut Franco-Chinois de Lyon (1921-1950), mémoire de maîtrise d’histoire de l’Université Jean Moulin Lyon III, p.74.

[10]Ibidem, p.84.

[11]Assemblée générale du 18 novembre 1980.

[12]Assemblée générale du 18 novembre 1980.

[13]Rapport d’activité-Année 1986-1987.

[14]Entretien Madame Aymard, le 25 février 2011.

[15]Assemblée générale de l’Institut, mercredi 16 septembre 187.

[16]Assemblée générale, vendredi 19 janvier 1999.

[17]Conseil d’Administration et Assemblée générale, le 21 décembre 1994.

[18]Entretien Madame Aymard, le 25 février 2011.

[19]Conseil d’Administration et Assemblée générale, le 21 décembre 1994.

[20]Entretien Madame Aymard, le 25 février 2011.

[21]Assemblée générale de l’Institut, mercredi 1er octobre 1986.

[22]Assemblées générale du 18 novembre 1980.

[23]Entretien Madame Pinet, le 31 mars 2011.

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