L’internationalisation comme facteur de développement économique : des dragons à l’envol de la chine

Jimmyn PARC

Université Paris Sorbonne (Paris IV) et Seoul National University

Rang-Ri PARK-BARJOT

Université Paris Sorbonne (Paris IV)

2eme trimestre 2014

La compétitivité d’une nation réside dans la capacité de ses secteurs productifs à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec, en arrière-plan, l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des habitants du pays concerné. Or, malgré la baisse du prix des matières premières, des bases économiques encore faibles, des dépenses insuffisantes d’infrastructures et des gouver­nements médiocres qui ont pu frapper l’économie des BRIC, l’on a pu constater l’amélioration de la compétitivité nationale indienne et chinoise, donc de leur capacité de développement, en raison notamment d’une forte internationalisation. À partir des deux cas chinois et indien, il est possible de tirer des conclusions quant aux prérequis du développement en appliquant les fonc­tions et les influences des activités multinationales à l’histoire du développement économique et comme facteur de renforcement de la compétitivité des nations et des industries.

En AOÛT 2013, UN QUOTIDIEN BRITANNIQUE RENOMME, the FinancialTimes, a publié un article intitulé « Now the Brics party is over, they must wind down the state’s role »[1]. Selon lui, « la fête » des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), celle des années 2000 à 2008, « est finie ». Dès que les investisseurs des pays avancés ont ralenti leurs investissements et en ont réorienté les destinations, le taux d’investisse­ment des pays BRIC a diminué et le solde de leur balance des paiements courants s’est dégradé. Trois raisons principales sont évoquées par le journal pour expliquer la chute de leurs économies : baisse du prix des matières premières et bases écono­miques encore faible, notamment des milieux d’affaires défavorables à la poursuite des investissements, des dépenses insuffisantes d’infrastructures et des gouverne­ments médiocres (corruption, protectionnisme relatif et capitalisme d’État).

Ces raisons ne peuvent cependant pas expliquer le développement antérieur, celui d’avant 2000, surtout lorsqu’il s’agit de comprendre le développement incroyable de la Chine depuis 1978 et celui de l’Inde, cette fois depuis les années 1990. Ces pays, y compris le Brésil et la Russie, ont toujours en des bases économiques faibles et leurs investissements en infrastructures ont toujours été insuffisants. De plus, ils étaient et sont toujours connus pour leur niveau élevé de corruption et de protection. Avant 2000, les prix des matières premières n’étaient pas très élevés, même si les années 1970 notamment ont connu de fortes fluctuations du prix du pétrole. Il faut donc chercher d’autres raisons – les vraies – pour expliquer la chute de ces économies.

Avant de rechercher les vraies raisons de cette chute, il convient de savoir si les BRIC ont réellement amélioré leurs compétitivités nationales respectives entre 2000 et 2008 ainsi que l’a affirmé le Financial Times. La compétitivité d’une nation réside dans la capacité de ses secteurs productifs à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec, en arrière-plan, l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des habitants du pays concerné[2]. Dans le monde, il existe trois organisations qui évaluent la compétitivité nationale des différents pays : l’International Institute for Management Development (IMD), le World Economic Forum (WEF), tous deux Suisses, et les Industrial Policy Studies (IPS) de Corée du Sud.

Les trois organisations emploient des méthodologies différentes pour évaluer la compétitivité nationale, ce qui aboutit à des résultats un peu différents. En premier lieu, tous les trois montrent bien la baisse de compétitivité du Brésil. Pour la Russie, IPS met en évidence une diminution modeste, mais IMD et WEF font apparaître que la chute a été suivie d’une récupération, puis d’une augmentation. Concernant l’Inde, IMD souligne qu’il y a amélioration, tandis que WEF et IPS insistent sur les fluctuations. En dernier lieu, les trois organismes insistent sur l’amélioration de la compétitivité nationale chinoise. Surtout à travers les évaluations faites par IMD et IPS, les progrès apparaissent considérables. L’on peut donc avancer que la Chine et l’Inde ont accru leur compétitivité. En revanche, il n’en va pas de même pour le Brésil et la Russie pendant les années 2000-2008 (tableau 1).

Tableau 1 – Les compétitivités nationales des pays BRIC 2000-2008 par rang

Brésil Russie Inde Chine
IMD WEF IPS IMD WEF IPS IMD WEF IPS IMD WEF IPS
2000 34 46 47 55 43 49 31 41
2001 31 44 38 45 63 42 41 57 33 33 39 45
2002 35 46 36 43 64 33 42 48 40 31 33 37
2003 52 54 33 54 70 34 50 56 42 29 44 32
2004 53 57 50 70 34 55 24 46
2005 51 65 37 54 75 40 39 50 47 31 49 24
2006 52 66 42 54 62 45 29 43 38 19 54 24
2007 49 72 41 43 58 45 27 48 32 15 34 21
2008 43 64 43 47 51 47 29 50 33 17 30 20

Source : IMD (diverses documentations)[3], WEF (diverses documentations)[4], IPS (diverses documentations)[5].

Note : 1/ IPS n’a pas publié de rapport en 2000 et réuni ensembles ces résultats de 2003 et 2004 ; 2/ Les résultats 2003 d’IMD sont tirés du rapport de 2004. IMD a évalué la compétitivité des différents pays en divisant les pays en deux groupes comportant plus et moins de 2 millions d’habitants. En 2004, la méthodologie adoptée a changé.

Il convient donc de s’interroger sur les facteurs déterminants susceptibles de renforcer la compétitivité nationale, donc le développement. Les théoriciens traditionnels tels que Smith[6], Ricardo[7] ou Heckscher et Ohlin[8] et d’autres ont principalement expliqué la manière dont les nations renforcent leurs avantages absolus ou comparatifs, à partir d’un territoire, de ressources naturelles, de la main-d’œuvre, du capital, etc. La Chine et l’Inde disposent d’un vaste territoire recelant des ressources naturelles abondantes et de populations nombreuses fournissant une main-d’œuvre à bon marché. Les deux pays ont toujours été très riches. Ce n’est donc pas ce qui les fait sortir du sous-développement.

Michael Porter a introduit le « modèle du diamant » (Diamond Model) afin d’améliorer la vision procurée par les théories classiques, en élargissant les sources possibles de compétitivité, à partir de quatre déterminants : conditions des fac­teurs ; conditions de la demande ; industries liées et d’appui ; stratégie, structure et rivalité des entreprises[9]. Porter détourne l’attention jusqu’à présent focalisée sur les sources traditionnelles de compétitivité et met l’accent sur des sources plus dis­criminantes telles que « la capacité d’innovation ». Le modèle de Porter se limite néanmoins au contexte national. C’est pourquoi Rugman et D’Cruz ont mis en avant l’importance de l’internationalisation[10] et Moon, Rugman et Verbeke ont introduit le modèle dit de « double diamant généralisé Il offre une contribution importante à l’amélioration du modèle d’origine de Porter en intégrant les activités multinationales comme facteur de renforcement de la compétitivité des nations et des industries.

Néanmoins subsiste un problème. Le modèle de Moon, Rugman et Verbeke in­corpore bien les activités multinationales dans le « modèle du diamant », mais il ne permet d’évaluer la compétitivité nationale que de façon temporaire, sans permettre de démontrer comment les activités multinationales fonctionnent et influencent celle-ci du point de vue de leurs conséquences. En conséquence, appliquer les fonc­tions et les influences des activités multinationales à l’histoire du développement économique apparaît du plus haut intérêt, surtout dans le cas de l’Inde et celui de la Chine, deux pays qui ont accru leur compétitivités nationales respectives, en mettant l’accent sur la charnière entre deux époques : avant-et-après la phase de développement accéléré (ou « décollage »). À partir de ces deux cas, il est possible de tirer des conclusions quant aux prérequis du développement.

  1. Le point tournant du démarrage économique

En matière de démarrage économique, il est intéressant de mettre en regard le cas de la Chine et celui de l’Inde.

1.1 La Chine : l’internationalisation volontaire ou la théorie chat noir-chat blanc

« L’objectif de notre révolution est de libérer et de développer les forces produc­tives. Sans l’expansion des forces productives, faire notre pays prospère et puissant et améliorer les conditions de vie du peuple et notre révolution est juste une diva­gation. […] Au début des années 1960, la Chine était derrière les pays développés, mais l’écart n’était pas aussi grand qu’il l’est maintenant. […] Pour une période assez longue de temps depuis la fondation de la République populaire, nous avons été isolés du reste du monde. [… ] Toutefois, dans les années 1960 lorsque des opportu­nités pour augmenter les contacts et la coopération avec d’autres pays se présentés à nous, nous nous isolons d’eux. Enfin, nous avons appris à utiliser des conditions internationales favorables. […] Pour réaliser les quatre modernisations, nous devons suivre la politique étrangère correcte de l’ouverture au monde extérieur. Bien que nous nous appuyons principalement sur nos propres efforts, sur nos propres res­sources et sur nos propres fondations pour réaliser les quatre modernisations, il serait impossible pour nous d’atteindre cet objectif sans une coopération interna­tionale »[11].

Ceci est extrait d’une conversation entre Deng Xiaoping et Franck Gibney de l’Encyclopedia Universalis en Amérique et Paul Lin, directeur de l’Institut de Recherche sur l’Asie de l’Est de l’Université Mc Gill au Canada. De l’extrait ci-dessus, l’on peut déduire la perspicacité de Deng quant aux orientations du déve­loppement national. Deung sentait de façon intuition les erreurs que comportaient les objectifs de développement économique élaborés par « la Bande des Quatre »[12], qui préconisaient : « il vaut mieux être pauvre sous le socialisme qu’être riche sous le capitalisme ». Deng avait bien compris quel était l’objectif à atteindre pour déve­lopper la nation chinoise. Il savait que le pays devait accroître sa productivité pour atteindre à un meilleur bien-être. La stratégie d’affaires conçue par lui différait de celles des autres dirigeants socialistes qui insistaient sur la distribution équitable de la richesse et sur l’absence de disparités économiques.

Deng a opté en faveur d’un « benchmarking complet » et d’une « internationa­lisation constructive » afin d’augmenter la productivité chinoise. Notons que Deng a utilisé l’expression « nous devons suivre ». Il n’a pas utilisé des formules passives comme « nous devrions parler de bonne politique étrangère ou la prendre en consi­dération » quand il a parlé de l’ouverture au monde extérieur. Deng a abordé le benchmarking comme une obligation, non un chois, si l’on voulait parvenir au développement économique. En outre, il a affirmé qu’« il serait impossible pour nous de parvenir au développement économique sans coopération internationale ». Il est donc clair que, même avec des avantages tels que l’abondance des ressources naturelles ou celle de la main-d’œuvre, la croissance économique serait impossible à réaliser dans un court laps de temps sans coopération avec les autres pays. Il a aussi souligné à plusieurs reprises la nécessité de l’internationalisation pour stimuler l’économie.

Il est fait souvent référence à la main-d’œuvre peu coûteuse de la Chine, à l’im­mensité de sa population, à l’énormité des terres disponibles et à la richesse en ressources naturelles, lors de l’examen des moteurs du développement de la Chine. Toutefois, il s’agissait d’avantages millénaires, dont le pays disposant qu’il soit en période de boom ou de crise économique, sans que rien ne change dans ces facteurs. Il faut donc examiner la compétitivité de la Chine en opposant la période d’avant et celle d’après le développement afin d’en déterminer les facteurs plus fondamentaux derrière le succès actuel. C’est sous la dynastie du Tang que la Chine a été la plus prospère et c’étaient l’époque où la Chine a développé les échanges les plus grands avec l’étranger. Sous la dynastie des Yuan, la Chine a fait appel de façon massive aux étrangers pour le commerce, en les désignant comme « les personnes aux yeux de couleur ». À partir des années 1970, la Chine a commencé à faire appel aux investis­sements étrangers après l’ouverture de son marché. La force motrice de l’ensemble de ces périodes a été l’internationalisation.

C’est ici que prend tout son sens la théorie dite « chat noir, chat blanc », prô­née par Deng. Il disait « ce n’est pas grave si un chat est blanc ou noir, pourvu qu’il attrape les souris ». Au fond peu importe la « couleur du chat », s’il obtient un rendement élevé et permet des gains de productivité substantiels. Autrement dit, peu importait de savoir si l’on était en économie planifiée ou en économie de marché pourvu que le système puisse contribuer à augmenter la productivité. Ainsi, la Chine a conservé son régime socialiste sur le plan politique tout en adoptant le principe de concurrence tel que pratiqué en système capitaliste, avec l’espoir que cette combinaison des deux systèmes entraînerait surcroît d’expansion du marché. En conséquence de quoi, la Chine a réussi à maintenir un taux de croissance à deux chiffres et est devenue la seconde puissance économique mondiale. En outre, depuis la récession économique mondiale de 2008, la Chine est le pays qui préserve l’équilibre économique mondial. Un bon exemple en est fourni par la province du Guangdong dont la PIB a été multiplié par 9,1 durant les trente années qui ont précédé l’ouverture de la Chine en 1978. Mais, entre 1978 et 2010, cette multipli­cation a été de 197,9 fois. La province de Guangdong s’est développée en dépassant la production de Singapour, de Hong Kong et de Taiwan. Or le facteur fondamen­tal expliquent un tel succès réside dans la politique d’ouverture du marché chinois.

1.2 L’Inde : une transition du modèle d’industrialisation soviétique au modèle d’internationalisation capitaliste

L’une des préoccupations majeure des dirigeants de l’Union indienne a été de s’attaquer aux fléaux que constituaient la pauvreté, l’analphabétisme et les problèmes de santé en mobilisant de façon efficace la science et la technologie modernes[13]. Par conséquent il était crucial pour l’Inde de réaliser une modernisation et une indus­trialisation rapides. Au cours de cette étape initiale, le gouvernement de l’Union postulait que « l’industrialisation de l’Angleterre s’est achevée sur plusieurs généra­tions, mais que celle de l’Union soviétique s’était réalisée en une seule »[14]. Ainsi, le Premier des Premiers ministres indiens, d’après l’indépendance, Jawaharlal Nehru, a opté pour le modèle soviétique comme base de la planification économique. Sa décision relevait de la volonté de n’être influencé par aucune autre nation, nonobs­tant la période d’occupation par la Grande-Bretagne.

À propos de cette décision initiale, l’actuel Premier Ministre Manmohan Singh, qui était aussi Ministre des Finances au sein du gouvernement Rao, père de la ré­forme économique en Inde, a livré le commentaire suivant : « Lorsque l’Inde a suivi le modèle soviétique et instauré le système économique socialiste, il a d’abord sem­blé qu’ils fonctionnaient bien durant les cinq premières années de sa mise en œuvre. Bien que de nombreux problèmes économiques se soient révélés après quinze ou vingt ans, jusqu’aux années 1980, l’économie indienne se portait beaucoup mieux que celles de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique. Le pays semblait bien s’inscrire dans la norme mondiale »[15]. Toutefois, la planification n’a pas conduit au succès rapide que le Premier Ministre Nehru avait prévu. Dès lors, bien que de nombreux dirigeants successifs aient tenté différentes politiques économiques afin d’encoura­ger la croissance, aucun n’a vraiment réussi. Peu à peu les conditions économiques se sont dégradées, la croissance a ralenti et l’Inde n’a pu faire face à la crise écono­mique en 1991.

Un changement radical s’est ainsi produit sous l’effet de différents facteurs : len­teur économique engendrée par de la croissance, le modèle de développement suivi jusqu’alors, effondrement de l’Union soviétique, expansion économique rapide des pays d’Asie de l’Est, y compris la Corée[16], tout cela a constitué un grand choc pour l’Inde[17]. Finalement, celle-ci a renoncé à la politique de permis raj[18], elle-même mise en œuvre en vue d’une utilisation efficace des ressources, et réclamé des réformes radicales afin de passer à l’économie de marché. Avec l’introduction de celle-ci, la concurrence entre les entreprises nationales est devenue envahissante. Afin de s’adapter à ce changement, l’Inde à réduire progressivement le taux moyen des droits de douane d’environ 80 % à 25 % et supprimé de nombreuses normes réglemen­taires afin d’acquérir des avantages relatifs dans la concurrence avec d’autres pays[19]. Les changements drastiques et les réformes radicales introduites par ce Premier Ministre Rao ont obtenu immédiatement des résultats positifs.

Ces résultats ont été remarquables. Le volume du commerce extérieur de l’Inde a augmenté jusqu’à hauteur de 20 % du PIB. De son côté, le montant des investisse­ments directs étrangers (IDE) a atteint un niveau de 5 milliards de dollars au cours des années 199 0[20]. Il s’agissait d’une performance d’autant meilleure que l’Inde n’avait pas reçu d’IDE importants jusqu’aux années 1980. Bien que le montant des IDE investis en Inde ait été multipliés par 5,2 en vingt ans jusqu’à l’ouver­ture en 1991, leur croissance a explosé après cette date. En 2010, ils représentaient 104,1 fois leur niveau de 1990.

Le mode de développement de l’économie indienne est souvent qualifié d’ori­ginal, car le secteur tertiaire s’est accru de manière plus important que le secteur industriel. Certains ont pu dire qu’il s’agissait d’un contre-exemple démentant la loi de Petty-Clark[21]. Se plaçant de ce point de vue, le Premier Ministre Singh expliqué que la raison en tenait à la perte de compétitivité de l’industrie manufacturière indienne. Cette perte de compétitivité découlait, selon lui, de l’absence de concur­rence sur le marché intérieur qu’avait engendrée l’intervention du gouvernement au cours de la période d’économie planifiée[22]. Il considérait aussi que le secteur des ser­vices (en particulier le secteur des technologies informatiques) était avéré en mesure de parvenir à une réelle compétitivité mondiale, justement parce qu’il avait débuté sans intervention gouvernementale et faisait concurrence à leurs compétiteurs des autres pays. Une fois encore, cet exemple, unique, de l’Inde montre l’importance de l’internationalisation. Le Premier Ministre Singh note que l’Inde a pu se développer en raison de l’adoption des mécanismes capitalistes. Le désengagement de l’inter­vention étatique a joué le rôle principal dans leur succès récent. Toutefois, si l’on analyse de façon attentive la rétrospective du Premier Ministre Singh, l’importance de l’internationalisation a certes été mentionnée de nombreuses manières, mais sans qu’ait été bien perçue l’importance de celle-ci.

Les facteurs déterminants de l’évolution sont tous plus ou moins liés à l’ouver­ture au monde et à l’internationalisation : ainsi le commerce international, les IDE et les transferts de technologie. L’Inde a pu mener à son terme son processus de modernisation, parce qu’elle a finalement abandonné la structure de marché fermé, mis en œuvre les mécanismes du marché, participé à la division internationale glo­bale du travail en adoptant la politique de la porte ouverture. La seule diminution de l’intervention étatique à travers le système d’économie de marché n’aurait pas sufi pour surmonter la récession économique du début des années 1990. Le secret de la croissance rapide de l’Inde réside en fait dans l’internationalisation, notam­ment grâce au secteur des services. Le cas de l’Inde constitue un bon exemple de voie à suivre ou à imiter, une fois que l’on a étudié les avantages et les inconvénients des modèles variés de pays différents.

  1. La transition vers le développement économique

À ce stade, il se pourrait que l’internationalisation soit plus importante pour les pays moins développés que pour ceux qui sont les plus développés. C’est pourquoi il est nécessaire de s’intéresser à des pays plus développés que la Chine et l’Inde, mais moins que les nations les plus avancées. Dans son livre célèbre, L’Avantage concurrentiel de Nations, Michael Porter a étudié huit pays développés et deux nouveaux pays industrialisés (NPI). Ces deux derniers sont la Corée du Sud et Singapour. Porter apparaît très optimiste quant à l’avenir de l’économie coréenne. Il fait valoir que la Corée peut bien atteindre le statut d’authentique nation avancée dans la prochaine décennie[23]. En revanche, Porter est moins optimiste s’agissant de Singapour. À son avis, Singapour restera une économie de facteur de facteur-en-traîné[24] reflétant un stade précoce de développement économique. Depuis la publi­cation des travaux de Porter cependant, Singapour a mieux réussi que la Corée. Cette différence de performance soulève d’importantes questions quant à la validité du modèle de Porter (Diamond model) pour analyser la compétitivité d’une nation.

Plusieurs chercheurs ont abordé ces problèmes, surtout celui de l’internatio­nalisation. Moon, Rugman et Verbeke affirment par exemple que le modèle du diamant intègre de manière élégante les variables importantes qui déterminent la compétitivité d’une nation dans le modèle. La plupart des autres modèles conçus à cet effet représentent des sous-ensembles du modèle complet de Porter. Cependant, l’ambigùité demeure importante en ce qui concerne le sens (donc les signes) des relations et le pouvoir prédictif du modèle[25]. Principalement parce que Porter n’in­tègre pas les effets des activités multinationales dans son modèle, les applications du modèle diamant dans l’espace national nécessitent un examen approfondi et des modifications appropriées[26].

Afin de résoudre ce problème, Dunning, par exemple, traite des activités mul­tinationales comme troisième variable exogène devant être ajoutée au modèle de Porter. Dans les affaires mondiales d’aujourd’hui cependant, les activités multina­tionales représentent beaucoup plus que juste une variable exogène. Par conséquent le modèle de diamant d’origine tel que conçu par Porter a été étendu pour donner naissance au modèle de double diamant généralisé[27], dans lequel les activités multi­nationales se trouvent formellement incorporées au modèle afin de mieux analyser la compétitivité nationale.

Les activités multinationales, notamment celle de ses grandes entreprises[28], sont importantes pour expliquer la compétitivité de la Corée du Sud[29]. L’avantage com­paratif le plus important du pays réside dans ses ressources humaines peu coû­teuses et bien disciplinées. Toutefois, la Corée a connu de graves problèmes de main-d’œuvre : celle-ci n’est plus ni à bas coût de revient ni contrôlable. Des aug­mentations de salaires très substantielles ont été accordées, toujours en Corée, à une main-d’œuvre devenue très militante en 1987-1990. Elles ont relevé le salaire moyen dans le secteur manufacturier de 11,6 % en 1987, 19,6 % en 1988, 25 % en 1989 et 20,2 % en 1990[30]. Fin 1988, le niveau moyen des salaires coréens était égal à celle du Royaume-Uni, mais la qualité des produits coréens n’a pas suivi. Dans les dernières années, les augmentations de salaires en Corée ont été sensiblement plus élevées que dans les autres NPI et trois ou quatre fois plus élevées que ceux des autres pays développés[31]. Face à un avantage travail qui se dégrade, les entreprises coréennes n’ont que deux choix : 1/ aller à l’étranger pour trouver de la main-d’œuvre à bas prix ; 2/ renforcer leurs capacités de production par l’introduction des technologies de pointe des pays développés. Dans les deux cas, la mise en œuvre de ces choix nécessite le développement d’activités multinationales, sur le modèle adopté par exemple par Samsung[32].

Concernant Singapour, Porter affirme que cet État constitue en grande partie une base de production pour les entreprises multinationales étrangères, attirées par le coût relativement d’œuvre du travail, par une main-d’œuvre instruite et une infrastructure efficace, y compris routes, ports, aéroports et télécommunications. Selon Porter, les principales sources de l’avantage concurrentiel de Singapour ré­sident dans des facteurs fondamentaux tels que la position géographique et la main-d’œuvre, mais qui ne sont peut-être pas les plus importants dans la détermination de l’avantage concurrentiel national. En fait, Singapour s’est révélée être l’économie qui a le mieux réussi parmi les NPI. Ce succès s’explique principalement par les flux d’IDE entrant à Singapour grâce aux entreprises multinationales étrangères ainsi qu’à ceux sortants à l’initiative d’entreprises singapouriennes vers l’étranger. Les IDE entrants apportent le capital et la technologie étrangers, tandis que les IDE sortants permettent à Singapour d’accéder à une main-d’œuvre moins chère et à des ressources naturelles dont l’État-cité ne dispose pas. C’est la combinaison des déter­minants respectifs des diamants national et international qui mène à un avantage concurrentiel durable dans de nombreuses industries de Singapour.

En résumé, les activités multinationales apparaissent très importantes pour ex­pliquer la compétitivité nationale de Singapour et celle de la Corée du Sud[33]. C’est ainsi que Moon et alii ont évalué les compétitivités respectives de chacun des deux États.

Corée versus Singapour ont beaucoup accru leur PIB après la crise économique de 1997, il est possible d’affirmer que Singapour a plus développé des activités internationales que la Corée (Tableau 3). La visualisation de ce résultat se retrouve sur la Figure 3. Il en découle que Singapour a gagné en compétitivité vis-à-vis de la Corée, principalement en raison de la force de Singapour en matière d’activités internationales. Les atouts internationaux de Singapour ont en pour effet de renforcer les déterminants natio­naux, donc le diamant domestique et entraîné un nouveau décollage de l’économie singapourienne au cours des dix dernières années.

En fait, la position géographique de Singapour et ses excellentes liaisons de trans­port internationales ont contribué à faire de cette république un lien attractif pour les fabrications en optimisant les coûts logistiques de l’exportation vers l’Ouest[34]. La situation était encore meilleure s’agissant du développement de Singapour dans les activités de services (échanges internationaux de services vendus à de non-résidents de Singapour). Il s’agit notamment du trafic aérien, des télécommunications, du Corée versus Singapour transport et des activités de manutention de marchandises, mais surtout tous les services financiers et commerciaux internationaux. Du fait de la quantité massive d’IDE, des emplois ont été créés par les entreprises multinationales. Cela a renforcé les technologies dans le secteur de la fabrication avec l’élasticité de l’offre de capi­taux observée du côté des investisseurs tant nationaux qu’internationaux. En outre, le gouvernement singapourien a misé de façon systématique sur l’emplacement et le fuseau horaire de Singapour pour promouvoir la République en tant que centre financier régional et international[35]. Sous des angles variés, Singapour apparaît plus internationalisé que la Corée, qui a bénéficié de moins d’IDE et plutôt consacré ses efforts à ses industries manufacturières.

  1. Vers une comparaison entre les pays de l’Asie de l’Est

Il existe deux apports essentiels du modèle de double diamant généralisé : en premier lieu, les activités internationales se trouvent incorporées au modèle de dia­mant ; en second et dernier, la compétitivité peut être quantifiée et, donc, mesurée. Moon et alii[36], puis Moon et Kim[37] ont mesuré et comparé les compétitivités res­pectives de la Corée du Sud et de Singapour. Il est donc intéressant de mesurer la compétitivité de la Chine. La validité du modèle de double diamant généralisé a été prouvée par les études empiriques à partir d’une comparaison entre la Corée et Singapour. Par conséquent, il semble plus approprié d’utiliser le modèle de double diamant généralisé que le modèle de diamant de Porter pour analyser la compéti­tivité des pays de l’Asie de l’Est. Dans la présente étude, le diamant de Porter est désigné comme « diamant domestique » alors que le double diamant généralisé l’est sous le vocable de « diamant mondial », afin de différencier l’inclusion des activités multinationales du diamant domestique. Le diamant mondial consiste en une som­mation du diamant domestique et du diamant international grâce à des variables qui définissent les activités nationales et multinationales à travers les quatre déter­minants du modèle de diamant.

Afin d’analyser la compétitivité nationale de la Chine de façon plus objective et significative, il est nécessaire d’avoir des éléments de comparaison. La compétitivité a des implications plus significatives quand il s’agit d’évaluer des nations présen­tant des caractéristiques similaires, car elle implique une position relative parmi les concurrents appartenant au même groupe[38]. Ainsi, la présente étude a permis de comparer la Chine avec trois nouveaux pays industrialisés, à savoir la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour, ainsi que le Japon, puisque la Chine a tissé un réseau étroit de relations avec ces quatre pays des points de vue tant économique que géographique[39]. Une fois l’ensemble des données défini et recueilli, pour le calcul de l’indice de compétitivité, la valeur maximale « 100 » est attribuée au pays dont les variables atteignent le niveau le plus élevé et une valeur relative mesurée en pourcentage est affectée aux autres pays dont les variables se caractérisent par des valeurs plus basses. Si une variable est combinée avec deux éléments, un poids de moitié est donné à chaque élément. Les mêmes méthodes sont ainsi appliquées par Moon et alii, Lin et Hsu et Moon et Kim.

  • Variable et données

Cette étude retient trois années différentes, à savoir 2000, 2005 et 2010, ainsi que des ensembles des données permettant de définir la tendance récente affectant la compétitivité des pays sélectionnées. La sélection des années semble convenable : en effet, durant ces années, aucun pays de l’échantillon n’est influencé par des évè-nements locaux particulièrement critiques. En 2000, la plupart des pays d’Asie de l’Est ont récupéré de la crise économique de 1997-98 ; 2005 se place avant la crise financière mondiale de 2008 ; enfin, en 2010, tous les pays sont touchés par la récession économique mondiale ; en même temps, cela se place avant le tremble­ment de terre de Tohoku au Japon et la catastrophe suivante, celle de Fukushima. En outre, les écarts entre ces années sont conformes, à savoir cinq ans.

  • Variable dépendante

La variable dépendante du modèle de diamant est la compétitivité mondiale. Tel qu’elle est utilisée dans l’argument de Porter (2009), la productivité nationale apparaît comme un indicateur de la variable dépendante. Cependant des études antérieures[40] ont énuméré quelques mesures pouvant intervenir en tant que variable substituable à la variable dépendante : ainsi le PIB par habitant est-il utilisé dans la présente étude en raison de la disponibilité des données (tableau 4).

3.3 Variables indépendantes

Comme les précédentes[41], cette étude reposer sur un test basé sur des variables domestiques, puis des variables à la fois domestiques et internationales, donc un diamant global. Le tableau 5 présente les variables domestiques indépendantes qui composent le diamant domestique (ou modèle de Porter) alors que le tableau 7 répertorie les variables internationales indépendantes. Toutes les valeurs de données pour les deux catégories de variables nationales et internationales sont disponibles en annexe.

Tableau 5 – Variables domestiques indépendantes

Variables domestiques
Conditions des facteurs (CF)
Basique Population active totale (million de personnes)
Rémunération horaire pour les travailleurs de fabrication (US$)*
Avancé Scientifiques et ingénieurs (par million de personnes)
Dépenses en recherche et développement (% du PIB)
Conditions de demande (CD)
Taille PIB (million, US$ courants)
Indice de croissance du PIB (PIB x Taux de croissance du PIB)t
Sophistication Sophistication: qualité (enquête)t
Inscriptions à l’école, enseignement supérieur (% brut)
Industries liées et d’appui (IRA)
Transport Routes, pavées (en % des routes totales)
Véhicules automobiles (pour 1 000 personnes)
Communication Lignes téléphoniques (pour 100 personnes)
Abonnés à la téléphonie mobile (pour 100 personnes)
Stratégie, structure et rivalité des entreprises (SSR)
Rivalité La stratégie de l’entreprise est rationnelle et efficace (enquête)t
La rivalité entre les entreprises nationales est intense (enquête)t

Sources : Banque Mondiale, http://www.worldbank.org (accédé en décembre 2013), *IMD (publications variées), fCalcul par les auteurs basé sur les données de la Banque Mondiale, $IPS (publications variées).

Les études antérieures se concentre sur la démonstration de la supériorité du diamant double généralisé, incluant des variables internationales, sur le diamant de Porter, même étendu. Le modèle du diamant double explique mieux la réalité de la compétitivité de la Corée du Sud et de celle de Singapour. Du fait que cette étude se concentre sur une comparaison de la compétitivité nationale de certains pays, quelques variables ont été à nouveau ajoutées à la liste antérieure pour tenir compte des temporalités différentes et de l’avance technologique, sur la base des études pré­cédentes déjà menées. Bien que ces variables ne constituent pas un ensemble com­plet de tous les paramètres pertinents, ils offrent un moyen acceptable de montrer la valeur ajoutée procurée par l’intégration d’déments nationaux et internationaux dans le modèle.

1/ Conditions des facteurs

Les conditions concernant les facteurs sont classés en facteurs de base et facteurs avancés. Les premiers se réfèrent aux ressources naturelles, au climat, à la position géographique, à l’existence d’une main-d’œuvre sans formation professionnelle (et semi-spécialisée), au montant de la dette, tandis que le second inclut hautes tech­nologies et personnels qualifiés, tels que scientifiques et ingénieurs. La population active totale est à nouveau retenue, parce que la plupart des pays d’Asie de l’Est mentionnés ci-dessus se concentrent sur des industries manufacturières pour les­quelles la qualité de la main-d’œuvre constitue l’un des facteurs les plus fondamen­taux et importants. La rémunération horaire pour les travailleurs de fabrication et la disponibilité des scientifiques et ingénieurs sont adoptés des études précédentes. Les dépenses en recherche et développement (en % du PIB) ont été à nouveau prises en considération : en effet, plus ces dépenses de R&D sont élevées, plus il est possible d’atteindre à la haute technologie. S’agissant des variables internationales, cette étude retient le stock de migrants internationaux (en % de la population) comme l’un des facteurs de base tandis que la mobilité internationale des étudiants est qualifiée de facteur avancé. Un grand nombre de migrants internationaux aug­mente l’emploi tandis que la mobilité internationale est supposée contribuer à nou­veau à la haute technologie.

2/ Conditions de demande

En ce qui concerne les conditions de demande, la taille absolue, mais aussi le taux de croissance de la demande domestique est tout aussi important pour l’avan­tage concurrentiel. Une expansion rapide du marché domestique encourage les entreprises locales à introduire de nouvelles technologies de façon accélérée. Les en­treprises locales bénéficient aussi des acheteurs nationaux sophistiqués et exigeants, parce qu’ils sont en mesure de faire des progrès au sein de la concurrence mon­diale en expérimentant les nouveaux produits et procédés d’abord sur le marché domestique[42]. Les consommateurs les plus instruits et informés peuvent accroître la sophistication de la demande, en améliorant ainsi la qualité du marché.

Moon et alii, puis Moon et Kim ont utilisé le taux de croissance annuel moyen pour mesurer l’accroissement de la demande. Cependant, parce que l’indicateur adopté est le PIB par habitant (exprimé en dollars US courants), il ne peut repré­senter directement l’évolution des conditions de demande. C’est pourquoi ils ont retenu un indice de croissance (PIB x taux de croissance du PIB) qui réduit ainsi les distorsions. Afin d’aller plus loin, une nouvelle variable mesurant la qualité de la demande (mesurée par enquête). Ainsi l’indice de l’éducation, utilisé dans Moon et alii, puis Moon et Kim, a été ici remplacé par le taux de scolarisation (tertiaire). En effet, l’indice d’éducation, tels qu’ils l’ont mesuré, se fonde sur la durée moyenne de scolarisation (des adultes) et les années prévues de scolarité (des enfants) [43]. Cependant, l’on peut admettre que la plupart des consommateurs sont aussi des adultes. La présente étude ne retient donc que la scolarisation supérieure, à savoir les inscriptions dans l’enseignement supérieur (% brut), qui sont liées de manière plus directe à la sophistication du comportement des consommateurs (adultes). S’agissant des variables internationales, les exportations de biens et de services (en millions de dollars US) apparaissent plus liées à la taille des conditions de demande internationale, il est donc plus raisonnable d’inclure cette variable. Quand un pays ouvre son marché, celui-ci devient plus efficace et sophistiqué. Ainsi, a-t-on retenu ici l’ouverture des marchés des biens et des services. Les autres variables utilisées dans les études précédentes ont été conservées pour cette recherche, à l’exemple de l’exportation de biens et services (en % du PIB) et diversification des exportations (% des exportations à l’exception des trois branches dominantes de l’exportation).

3/ Industries liées et d’appui

Le troisième facteur déterminant de la compétitivité nationale concerne les in­dustries liées et d’appui, compétitives tant au niveau local qu’à l’international. Les industries sont importantes pour appuyer et accélérer le développement d’autres industries au sein de l’économie nationale. Dans la présente étude et afin de me­ surer l’importance relative de ces industries, a été retenu l’état de l’infrastructure générale, notamment en matière de transport et de communication, dans ses deux aspects national et international, comme dans les études précédentes. Tandis que d’autres variables adoptées par ces mêmes études ont été conservées ici, les véhi­cules automobiles (pour 1 000 habitants) et les inscriptions à l’école (% bruts) sont à nouveau incorporés à l’étude afin de suivre la tendance moderne des affaires. Il est admis que plus de voitures signifie non seulement une bonne qualité du réseau routier, mais aussi, de manière plus générale, l’existence de bonnes infrastructures facilitant l’achat et la conduite des automobiles par les consommateurs. Le télé­phone portable est récemment devenu aussi important que le fixe et tend même à la supplanter. En ce qui concerne les variables internationales, le trafic de conte­neurs dans les ports (TEU) et les utilisateurs Internet (pour 100 personnes) ont été incorporés à nouveau, après que l’on ait reconnu que le transport maritime est au moins aussi important que l’aérien. En outre, une infrastructure Internet dense et efficace constitue une obligation pour l’environnement des affaires, notamment le commerce international de toute société moderne.

4/ Stratégie, structure et rivalité inter-entreprises

Le quatrième facteur déterminant de la compétitivité nationale réside dans l’en­vironnement commercial, à savoir les stratégies, structures et concurrence-rivalité des entreprises. Celles-ci en retour se créent, s’organisent, se gèrent en fonction de la nature de la rivalité existant entre elles[44]. Selon Porter, la concurrence, toujours au sens de rivalité, est supérieure sur le marché domestique, entre les entreprises nationales, à celle les opposant, à l’étranger, aux firmes étrangères[45]. Cet argument peut être vrai pour de économies de grande échelle telles que les États-Unis, mais pas dans des économies de taille plus réduite comme le Canada[46], la Corée du Sud et Singapour. Par conséquent, il convient d’ajouter, en tant que variables intérieures (ou domestiques), la rivalité et la stratégie des entreprises. Quant à la concurrence internationale, elle a été ajoutée récemment comme variable internationale.

Bien que l’inégalité de traitement des étrangers et l’ouverture aux produits étran­gers aient été utilisées comme indicateurs à la fois pour les variables domestiques et internationales, dans un teste empirique antérieur, des données plus pertinentes sont désormais disponibles pour la présente étude. Il s’agit des indicateurs sur la compétitivité nationale de l’IPS, qui permettent de mesurer le degré des rivalités nationale et internationale, grâce à des enquêtes[47]. Par conséquent, l’égalité de trai­tement entre locaux et étrangers est considérée comme une variable internationale, parce que plus appropriée pour ce type de mesure.

3.4 Les résultats empiriques de l’application du modèle diamant

Les données fournies pour les variables nationales et internationales sont trans­formées en indice de compétitivité (tableau 6). Ces variables ne sont utilisées que pour fournir, à titre d’illustration, une indication de position relative vis-à-vis d’autres pays. Si l’on compare le résultat obtenu avec les études précédentes appa­raissent plusieurs points intéressants. Moon et alii ont appliqué leurs données pour les années 1992 et 1993, tandis que celle de Moon et Kim concernent la période 2004-2007[48]. Les premiers ont montré que le diamant national de la Corée du Sud était, en 1992-93, légèrement supérieur à celui de Singapour. Mais les seconds, pour 2004-07, ont fourni des résultats inverses : Singapour a dépassé la Corée, y compris en termes de diamant domestique, en tirant un large bénéfice des activités des sociétés multinationales.

Si l’on s’en tient au test empirique concernant cinq pays de l’Asie de l’Est, Singapour démontre une compétitivité supérieure pour le PIB le plus haut (51709 dollars US en 2012)[49]. Même si cet État manque de ressources, il se trouve en mesure de renforcer son diamant domestique par l’internationalisation. Le test indique sans doute aucun que plus l’internationalisation est forte, plus élevée et la compétitivité. À cet égard, la performance réalisée par la Chine, lors de trois années différentes et en termes de diamant domestique, est intéressant : la compétitivité to­tale de la Chine s’est considérablement renforcée entre 2000 et 2005, en revanche, le changement semble plutôt modeste entre 2005 et 2010. Bien que les facteurs domestiques aient progressé de façon plus favorable que dans les quatre autres pays, l’évolution des facteurs internationaux ne diffère guère de celle du Japon et de la Corée du Sud, connus comme des pays bénéficiant d’une moindre dépendance par rapport aux marchés extérieurs.

1/Analyse et discussion

Il est important, avant toute chose, de rappeler que les indices de compétitivité sont relatifs : même si la Chine accroît beaucoup l’une des composantes de son indice par rapport à la situation antérieur, il suffit qu’un pays concurrent amé­liore aussi beaucoup ce même facteur pour que la progression de la Chine soit en fait modeste concernant ce facteur. Quant à la compétitivité totale de la Chine (Figure 5), celle-ci s’est accrue de façon remarquable entre 2000 et 2005, à la fois sur le plan domestique et sur le plan global. En revanche, la taille des diamants s’est maintenue entre 2005 et 2010 : la compétitivité ne s’est donc pas beaucoup renfor­cée durant cette dernière période. Il est clair que le facteur internationalisation pro­gresse de façon insuffisante. Pour renforcer sa compétitivité, la Chine doit recourir aux investissements à l’étranger et ouvrir son marché du travail pour accueillir des catégories de main-d’œuvre plus qualifiée. De ce point de vue, un benchmarking (une analyse des performances) à partir des cas de Hong Kong et Singapour peut être très éclairant pour la Chine.

Les conditions de demande se sont bien améliorées, mais un ralentissement s’est produit à partir de 2005. Ce ralentissement apparaît plus net encore si l’on considère les seuls indices des variables internationales. Il est donc nécessaire que la Chine réduise la protection de son marché et l’ouvre à la concurrence inter­nationale. Les résultats concernant les industries reliées et d’appui, la stratégie, la structure et la concurrence des entreprises semblent meilleurs. Cependant, en ce qui concerne ces mêmes industries liées et d’appui, le progrès demeure modestes en comparaison avec les pays concurrents : la Chine est dépassée par Singapour, le Japon, la Corée du Sud et, de façon plus nette encore, par Hong Kong. Il faut donc que la Chine investisse dans les infrastructures de façon à améliorer ses résultats. Bien que la stratégie, les structures et la concurrence des entreprises aient été à l’ori­gine très favorables, progressant de façon spectaculaire de 2000 à 2005, le déclin a été assez net entre cette dernière date et 2010. De plus ce recul s’est produit du point de vue à la fois domestique et international. Ainsi que l’a dit Porter, la Chine doit promouvoir les concurrences internes et externes[50].

La véritable stratégie pour la Chine est d’atteindre à la fois à la puissance économique maximale et au degré le plus élevé possible d’ouverture. Pour ce faire, il faut adopter une démarche de benchmarking, de comparaison internationale des performances. Il est possible ainsi d’en tirer des prescriptions à appliquer[51]. Néanmoins une stratégie de benchmarking ne doit pas s’appliquer à un trop petit nombre de pays. L’Inde en fournit un bon exemple : elle a voulu suivre le modèle soviétique plutôt que celui britannique et, en fin de compte, a connu la crise économique. Depuis longtemps, l’Amérique se pose en modèle plus exemplaire et durable[52]. En effet, le caractère spécifique de l’américanisation a été depuis longtemps démontré[53]. Pourtant ce modèle n’est pas non plus sans imperfections : la grande dépression des années 1930 et, de manière plus récente, la crise de 2008 en fournissent la preuve. La Chine doit donc analyser des exemples différents de façon à identifier et appliquer les meilleures politiques industrielles. Elle peut adopter une approche benchmarking par rapport aux autres pays d’Asie de l’Est, ne serait ce qu’en raison de similitudes et de points communs sur les plans politique, économique et culturel. Pour aller plus loin, ce benchmarking doit s’appliquer aux pays occidentaux comme les États-Unis ou ceux de l’Union Européenne, en particulier la France ou l’Allemagne. Les expériences de ces pays pourront enrichir le futur de la Chine.

 

Conclusion

Les plus récentes études de l’OCDE indiquent qu’en 2016, la Chine sera deve­nue la première puissance mondiale[54]. Pourtant, depuis quelques temps, l’écono­mie chinoise montre des signes d’essoufflement, bien que ses performances globales dépassent celles des autres pays BRIC. Il est donc important de s’interroger sur les principaux facteurs de retard au développement souhaité. Sont évoqués ainsi la baisse des prix de matières premières, la faiblesse des bases de l’économie, les insuffisances réelles ou supposées de la gouvernance. Mais ces faits ne peuvent pas bouleverser fondamentalement le parcours de la Chine. C’est pourquoi le présent article cherche le facteur explicatif essentiel du côté de l’internationalisation à partir d’une approche historique de la Chine et de l’Inde, grâce à l’utilisation du modèle du double diamant généralisé. Certain affirment que la Chine est déjà très inter­nationalisée, mais ils se focalisent sur l’exportation de marchandise sans analyser la totalité des relations de la Chine avec le monde.

Pour s’internationaliser avec un maximum d’effets positifs, il faut gagner le plus possible en puissance économique en acceptant, dans le court terme, un minimum d’entrées. Dans ce but, il est préférable d’adopter une stratégie de benchmarking prudente, afin de raccourcir le temps d’apprentissage, c’est-à-dire le processus de progrès par tâtonnement. Il est donc important de suivre les meilleurs exemples, afin d’éviter l’expérience de l’Inde. Le décollage de la Chine passe en effet par la diversification et l’internationalisation.

[1] »Now the Brics Party is Over, They must Wind Down the State’s Role », The Financial Times, 22 August 2013.

[2]Moon Hwi Chang, Parc Jimmyn, « Comparing Competitiveness of India and China: Are They Competing or Cooperating? », International Journal of Global Business and Competitiveness, 3(1), 2008, p. 1-8.

[3]International Institute for Management Development (IMD), Diverses documentations, The World Competitiveness Yearbook, Lausanne, Switzerland, IMD.

[4]World Economic Forum (WEF), Diverses documentations, The Global Competitiveness Report, Lausanne, Switzerland: IMD.

[5]Institute for Industrial Policy Studies (IPS), Diverses documentations, National Competitiveness Research, Seoul, Korea, IPS and IPS-NaC.

[6]Adam Smith, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations. In Charles W. Eliot, editor, The Harvard Classics. New York, P.F. Collier & Son Corporation, 1937 (1776).

[7]David Ricardo, The Principles ofPoliticalEconomy and Taxation, Baltimore, Penguin, 1971(1817).

[8]Eli Heckscher, « The Effect of Foreign Trade on the Distribution of Income », In Howard. S. Ellis & Lloyd A. Metzler, editors, Readings in the Theory of International Trade, Homewood, Irwin, 1949(1919).

[9]Michael Porter, The Competitive Advantage of Nations, New York, The Free Press, 1990.

[10]Adam M. Rugman, J.R. D’Cruz, « The « Double Diamond » Model of International Competiveness: The Canadian Experience », Management International Review, 33 (2), 1993, p. 17-39.

[11]China.org.cn., « We Can Develop a Market Economy Under Socialism »,

http://www.china.org.cn/english/features/dengxiaoping/103388.htm (consulté en novembre 2013).

[12]La Bande des Quatre ([ZHTvfîï) était une faction politique composé de quatre dignitaires du Parti Communiste Chinois à la fin de la direction de Mao Zedong. Les membres en étaient composés de la dernière épouse de Mao, Jiang Qing Zhang Chunqiao (?fè#f#), Yao Wenyuan (iîx) et Wang Hongwen (EEUÇ^Q.

[13]Moon Hwi Chang, « Internalisation + Benchmarking = Croissance Rapide d’Economique d’une Nation », Dong-A Business Review, Juin(2), 2012, p. 40-43 (en coréen).

[14]PBS, Commanding Heights: Manmohan Singh,

https://www.pbs.org/wgbh/commandingheights/shared/pdf/int manmohansingh.pdf (consulté en novembre 2013).

[15]Ibidem.

[16]Dominique Barjot, « Le « miracle économique coréen (1953-2013). Réalités et limites », in Michel Korinman et Andrea De Benedettis, « Corée du Nord, Corée du Sud : la guerre sans la guerre », Outre-Terre. Revue européenne dengéopolitique, n° 39, avril-mai 2014, p. 37-65.

[17]Ibid.

[18]Permis Raj : politique consistant à contrôler toutes les transactions commerciales soumises à l’approbation du gouvernement et de la réglementation introduit par lui.

[19]Index Mundi. India-Tariff Rate, http://www.indexmundi.com/facts/india/tariff-rate (consulté en décembre 2013).

[20]UNCTADSTAT, http://unctadstat.unctad.org/ReportFolders/reportFolders.aspx (consulté en décembre 2013).

[21]Selon la loi de Petty Clark, l’évolution des structures de la population active se caractérise par son passage du secteur primaire vers le secteur secondaire d’abord, et du secteur secondaire vers le secteur tertiaire ensuite.

[22]PBS, Commanding Heights: Manmohan Singh,

https://www.pbs.org/wgbh/commandingheights/shared/pdf/int manmohansingh.pdf (consulté en novembre 2013).

[23]Michael Porter, The Competitive Advantage of Nations, New York, The Free Press, 1990.

[24]Ibidem, p. 566.

[25]Richard M. Grant, « Porter’s Competitive Advantage of Nations: An Assessment », Strategic Management Journal, 12(7), 1991, p. 535—548.

[26]Moon Hwi Chang, Adam M. Rugman, A. Verbeke, « A Generalized Double Diamond Approach to the Global Competitiveness of Korea and Singapore », International Business Review, art.cit., 1998

[27]Moon Hwi Chang, Adam M. Rugman, A. Verbeke, « The Generalized Double Diamond Approach to International Competitiveness » In: A. Rugman, J. Van Den Broeck, A. Verbeke, (Eds.). Research in Global Strategic Management: Volume 5: Beyond the Diamond, Greenwich, CT, JAI Press, 1995, p. 97—114.

[28]Park-Barjot, Rang-Ri, « Mondialisation et avantage concurrentiel. La percée internationale de Samsung (1953-1986) », Revue Economique, vol. 58, n° 1, janvier 2007, p. 231-258 ; Dominique Barjot, Park-Barjot Rang-Ri, « Samsung : Lee Byung Chull, Créateur d’un modèle mondial, l’apport de la Business History », Korea’s Economic Development and the Role of Entrepreneurship, International Symposium to Commemorate the 100th Birthday of Lee Byung-Chull (Ho-Am), founder of Samsung Group, Federation of Korean Industries, Korean Academic Society of Business Administration, Samsung Economic Research Institute, 2010, p. 171-219.

[29]Dominique Barjot, « Corée du Sud : entre risques et opportunités d’investissement », Sécurité et stratégie, juin-septembre 2013, p. 66-76 ; « Le développement économique de la Corée depuis 1950 », Les Cahiers de Framespa, http://framespa.revues.org, 2011.

[30]The Economist Intelligence Unit, South Korea 1992—93.Annual Survey of Political and Economic Background. EIU Country Profile, 1992.

[31] »Wages of Korea and Other Major Countries », Joongangilbo, 25 février 1995.

[32]Park-Barjot Rang-Ri, Samsung. L’œuvre d’un entrepreneur hors pair, Byung Chull Lee, Paris, Economica, 2008.

[33]Moon Hwi Chang, Adam M. Rugman, A. Verbeke, « A Generalized Double Diamond Approach to the Global Competitiveness of Korea and Singapore », International Business Review, art.cit, 1998.

De ce tableau, il ressort que, pour les quatre déterminants du modèle de dia­mant, la Corée présente des indices plus concurrentiels plus élevés pour les variables domestiques, mais que Singapour présente des performances bien meilleures s’agis-sant des variables internationales. Cette différence peut être bien visualisée sur la figure 3. Il en résulte que la Corée est plus compétitive que Singapour si l’on s’en tient aux seuls déterminants domestiques, mais moins si l’on combine les variables domestiques et internationales. Près de dix ans plus tard, Moon et Kim ont à nou­veau évalué la compétitivité nationale de la Corée et de Singapour. En 1998, le diamant domestique de la Corée était plus large que celui de Singapour. Cependant celui, global, de Singapour apparaît plus vaste que celui de la Corée en raison des activités multinationales mesurées à partir des variables internationales.

En 2010, le résultat a chargé de manière notable. Singapour a dépassé la Corée du Sud, même du point de vue des conditions des facteurs ainsi que des indus­tries liées et d’appui du diamant domestique. Concernant les diamants globaux, celui de la Corée demeure plus petit que celui de Singapour, comme il l’était en 1998. Plus encore, l’écart s’est accru. Si l’on tient compte du fait que les deux pays

[34]G.K. Helleiner, « Manufactured Exports from Less-developed Countries and Multinational Firms », The Economic Journal, 83(329), 1973, p. 21-47.

[35]Singapore Department of Statistics, Report on the Census of Population 1970, vol. 1, 1973 ; Singapore Department of Statistics, Singapore Census ofPopulation 1990. Statistical Release 4: Economic Characteristics, 1993; S.A. Brah, A.L. Ong, B.M. Rao, « Understanding the Benchmarking Process in Singapore », International Journal of Quality & Reliability Management, 17(3), 2000, p. 259-275.

[36]H.C. Moon, A.M. Rugman, A. Verbeke, « A Generalized Double Diamond Approach… », International Business Review, art. cit., 1998.

[37]H.C. Moon, J.Y. Kim, « Comparing the Competitiveness of Korea and Singapore after Ten Years of Asian Economic Crisis », The Review of Business History, 25 (1), 2010, p. 75-91.

[38]Institute for Industrial Policy Studies (IPS), National Competitiveness Research, Seoul, Korea, IPS

and IPS-NaC., 2011.

[39]F. Ng, A.J. Yeats, « Major Trade Trends in East Asia: What are their Implications for Regional Cooperation and Growth? », World Bank Policy Research Working Paper, No. 3084, 2003 ; Z. Wang, « The Impact of China’s WTO Accession on Patterns of World Trade », Journal of Policy Modeling, 25(1), 2003, p. 1-41 ; J. Cutler, K. Chow, C. Chan, U. Li, « Intra-regional Trade and the Role of Mainland China », Hong KongMonetary Authority Quarterly Bulletin, December 2004, p. 5-24.

[40]H.C. Moon, A.M. Rugman, A. Verbeke, « A Generalized Double Diamond Approach to the Global Competitiveness of Korea and Singapore », art.cit, 1998 ; H.C. Moon, J.Y. Kim, « Comparing the Competitiveness of Korea and Singapore after Ten Years of Asian Economic Crisis » The Review of Business History, art. cit., 2010.

[41]H.C. Moon, A.M. Rugman, A. Verbeke, Ibidem, 1998; H.C. Moon, J.Y. Kim, Ibidem, 2010.

[42]H.C. Moon, J.Y. Kim, « Comparing the Competitiveness of Korea and Singapore after Ten Years of Asian Economic Crisis », art. cit., 2010.

[43]Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Human Development Report 2011. Sustainability andEquity: A Better Future for All, New York, UNDP, 2011.

[44]M. Porter, The Competitive Advantage of Nations, New York, The Free Press, 1990.

[45]Ibidem, p. 117.

[46]A.M. Rugman, Multinationals and Canada—United States Free Trade, Columbia, University of South Carolina Press, 1990.

[47]H.C. Moon, J.Y. Kim, « Comparing the Competitiveness of Korea and Singapore after Ten Years of Asian Economic Crisis », art. cit., 2010.

[48]H.C. Moon, A.M. Rugman, A. Verbeke, « A Generalized Double Diamond Approach to the Global Competitiveness of Korea and Singapore », art. cit., 1998 ; H.C. Moon, J.Y. Kim, « Comparing the Competitiveness of Korea and Singapore after Ten Years of Asian Economic Crisis », art. cit.,

2010.

[49]Banque Mondiale, http://www.worldbank.org (consulté en janvier 2014),

[50]M. Porter, The Compétitive Advantage of Nations, New York, The Free Press, 1990.

[51]L. Baek, J. Parc, « Korean Education and Foreign Direct Investment: Focusing on Entry Modes », Journal of International Business andEconomy, 11(1), 2010, p. 89-111.

[52]Dominique Barjot, « Americanization as cultural transfers in the economic sphere », in Dominique Barjot, ed., « Globalization-La Mondialisation », Entreprises et Histoire, n° 32, 2003, p. 41-58 ; T.J. Lowi, « American business, public policy, case-studies, and political theory », World politics 16(4), 1964, p. 677-715 ; A.D. Chandler, The visible hand: The managerial revolution in American business, Cambridge, M.A., Harvard University Press, 1977 ; M.L. Djelic, Exporting the American Model: The Postwar Transformation of European Business, New York, Oxford University Press, 2001.

[53]Maria I. Barbero, Andrés M. Regalsky, ed., Americanizacion : Estados Unidos y Américac Latina en el siglo XX, Transferencias economicas, tecnologicas y culturales, EDUNTREF, Argentine, 2003 ; Dominique Barjot, dir., Catching up with America. Productivity missions and the diffusion of American Economic and Technological Influence after the Second World War, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002; Dominique Barjot, Isabelle Lescent-Giles, Marc de Ferrière le Vayer, dir., L’Américanisation en Europe au XXe siècle : Economie, Culture, Politique, 2 vol., Centre de Recherche sur l’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest, Université Charles-de-Gaulle-Lille 3, 2002 ; Dominique Barjot, Christophe Réveillard, dir., L’américanisation de l’Europe occidentale au XXe siècle. Mythe et réalité, PUPS, 2002; Matthias Kipping & Ove Bjarnar, eds., TheAmericanisation of European Business. The Marshall Plan & the transfer of US management models, London, Routledge, 1998; Matthias Kipping & Matthias Kipping & Nick Tiratsoo, eds, Americanisation in the 20tth Europe: Economics, Culture, Politics. L’Américanisation en Europe au XX siècle : économie, culture, politique., Lille, Centre de Recherche sur l’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest, Université Charles-de-Gaulle-Lille III, 2002 ; Harm Schroeter, Americanization of the European Economy. A compact suvey of American economic influence in Europe since the 1880s, Dordrecht (Netherlands), 2005; Jonathan Zeitlin & Gary Herrigel, eds., Americanization and is limits. Reworking US Technology and Management in Post-War Europe and Japan, Oxford, Oxford University Press, 2000.

[54]« Demain, le monde parlera-t-il chinois ? », http://future.arte.tv/fr/sujet/demain-le-monde-parlera-t-il-chinois, Arte Future, 22 août 2013 (consulté en janvier 2014).

Article précédentLa Chine dans le multilatéralisme de 1971 à nos jours
Article suivantle passé et le présent des études sur l’histoire de la révolution française en Chine

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.