Rapprochements entre les états du golfe et le mépris de la question palestinienne

Naserin ABOUD, chercheuse en relations internationales

Les récentes relations entre les Etats du Golf et Israël marquent un nouveau bouleversement  que le président américain Donald Trump tente de mener, se résumant à l’alliance entre les pays dit « sunnites » arabes et Israël contre l’Iran pour signer un accord de paix « plus léger » entre les palestiniens et Israël.

Lors du sommet de Varsovie « وارسو » en février dernier, les États du Golf n’ont eu aucune gêne à divulguer leur rapprochement avec Israël contre l’Iran ; allant même jusqu’à s’enorgueillir.

Aucune issue n’a malgré tout était trouvée afin de persuader les pays Européens d’abandonner l’accord nucléaire avec l’Iran.

Lors de la grande cérémonie d’ouverture, les ministres des affaires étrangères des Émirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite et du Bahreïn se sont assis aux côtés du premier ministre israélien Netanyahu, marquant ainsi leur complicité.

Ils se sont aussi réunis à huit clos et le premier ministre Israélien a alors divulgué une vidéo qui impliquait un éminent fonctionnaire Bahreïnien décrivant l’Iran comme un obstacle à la résolution du conflit entre Israël et les palestiniens.

Cette vidéo contenait également une déclaration du ministre des affaires étrangères des Émirats Arabes Unis défendant le « droit d’Israël » à faire exploser des cibles en Syrie.

Dès lors, le vice-président américain Mike Pines décrivit cette réunion comme « le début d’une nouvelle ère ».

Israël et certains pays du golf notamment l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, déclament ouvertement ces derniers temps une normalisation de leurs relations ; normalisation qui était plus ou moins gênante par le passé.

Par la suite, le ministre des affaires étrangères des Émirats Arabes Unis « Anwar Gargash » أنور قرقاش a appelé à accélérer le rythme de normalisation des relations entre Israël et les États arabes, considérant que cela contribuerait à résoudre le conflit Israélo-arabe.

En Mars dernier, des déclarations de « Gargash » parues dans  le journal national d’Abu Dhabi, qui considérait que le choix de nombreux pays arabes à ne pas dialoguer avec Israël était une erreur qui réfrénerait la solution pour des décennies.

Un rapport israélien a aussi révélé que les relations entre les États Arabes du Golf et Israël ont atteint un nouveau cap, après qu’un certain nombre de ministres arabes aient annoncés l’erreur du boycotte d’Israël des années précédentes et la nécessité de lui rester ouvert afin de faire progresser le processus de paix.

Le rapport israélien a évoqué deux questions pertinentes :

«Qui y a-t-il de changé dans les États du Golf »

Et comment le soutien aux palestiniens est-il devenu rapprochement avec Israël ?

Selon ce rapport ce soutien serait la cause des dommages économiques des pays du Golf.

Cette proximité est un succès considérable pour Netanyahu d’une part, et d’autre part, les  dirigeants des pays du golf ont compris l’importance de soigner leurs relations avec les pays occidentaux considérés comme un pont qui les mèneraient à Israël.

Auparavant, les pays arabes étaient fébriles à l’idée d’entretenir des relations » dites normales » avec Israël, craignant la pression de leur peuple, mais cette crainte n’est plus.

Un des exemples les plus significatifs est l’ouverture de l’espace aérien saoudien à un vol à destination d’Israël en mars 2018, brisant l’interdiction de 70 ans de vols commerciaux sur le Royaume.

Il semble que le temps d’hésitation pour cette normalisation des relations avec Israël est révolu !

Les déclarations du prince héritier dans la revue américaine « the Atlantic » viennent encore une fois démontrer cette normalisation des relations des états arabes avec Israël.

Lors de cet entretien Ben Salman a estimé, je site «les israéliens ont le droit d’avoir leur propre État nation tout comme les palestiniens», preuve supplémentaire d’un réchauffement avec Israël ; faisant de l’Iran leur ennemi commun.

De son côté le premier ministre israélien Netanyahu a présenté récemment son pays comme «l’indispensable allié» des pays arabes opposés à Téhéran.

Selon le quotidien Israélien ‘Haaretz’, Netanyahu a également rencontré en mars 2018 Youssef al- Otayba, ambassadeur des Émirats arabes unis à Washington ; car comme nous le savons, les Émirats arabes Unis commercent secrètement depuis longtemps avec Israël.

Depuis l’existence du mouvement sioniste en 1887, trois objectifs majeurs ont été réalisés et un   4ème est en cours de réalisation ; celui de la reconnaissance d’Israël «comme état légitime» afin d’éliminer la question palestinienne et avec le soutien des arabes.

Le  premier objectif était d’obtenir la reconnaissance pour la création d’une patrie nationale juive en terre de Palestine avec l’accord officiel des grandes puissances et en toute légalité internationale ; obtenue lors de la signature de Balfour en 1917.

Le second objectif était d’assurer le plus grand nombre de juifs, objectif réalisé sous couvert de l’article 6 du mandat britannique sur la Palestine de 1922.

Troisième objectif, construire un état juif par décision de la ligue des Nations Unis en 1947 qui a donné droit aux juifs à 55,40% des terres palestiniennes, alors même que les juifs à cet époque ne jouissaient que de 5% du territoire palestinien.

La construction d’Israël a été réalisé de la manière suivante :

– Un certain nombre de massacres tel que Deir Yassin ont permis de chasser de leurs foyers  environ 750000 palestiniens.

– La défaite des États Arabes alliés dans la guerre de 1948, Etats déjà fragilisés par l’occupation Européenne.

– La signature des accords de trêve avec les pays arabes de l’anneau.

– Adhésion à l’organisation des Nations Unis en 1949.

– 1,5 million de juifs déplacés entre 1949 et 1973, exploitant d’avantage les terres de Palestine de 1967, en plus du Sinaï et Golan.

  • Un soutien massif économique et militaire provenant des États-Unis et des pays européens leur a permis d’assurer leur victoire sur les pays arabes.   
  • Une protection et un soutien indéfectible par les Nations unis, les États Unis ainsi que par les européens.

Il  leur reste maintenant à réaliser leur 4ème objectif celui de la reconnaissance d’Israël comme étant état légitimé par les arabes eux mêmes et de par la manière suivante :

  • Après la guerre de 1973, ils réussirent à sortir l’Egypte du conflit et à arracher une reconnaissance complète de l’état d’Israël par les accords de paix signés sous le nom de Camp David.

– Après avoir envahi le Liban en 1982, assiégé la résistance palestinienne puis l’expulser après 11 ans d’efforts, faisant reconnaissance palestinienne de l’Etat d’Israël et une renonciation à la Palestine de 1948 en vertu des accords d’Oslo signés en 1993.

  • Suivi par la reconnaissance de la Jordanie sous les accords de Wadi Araba en 1994.
  • En 2002, l’ensemble du système officiel arabe, représenté par la Ligue arabe, a reconnu le droit d’Israël à exister sous condition de céder aux palestiniens leur état basé sur les frontières de 1967 et dans le cadre de l’initiative de paix arabe.

Dans ce contexte historique, nous devons considérer les faits actuels, en commençant par contester la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États Unis, son droit d’annexer le Golan occupé et l’accord du siècle.

 La Palestine peut compter sur ses martyres et ses résistants, contre ces agressions et crimes subis dans la bande de Gaza et la mosquée d’Al-Aqsa.

La bataille pour une reconnaissance de la légitimité d’Israël et son droit à la terre historique de la Palestine dure depuis des décennies tout en exploitant la normalisation de l’Alliance arabe officielle, souhaitant par son biais, son intégration dans la région.

Le reste étant des détails…

Aujourdhui, notre bataille n’est pas l’obtention d’un état sur les frontières de 1967, les obstacles ne sont pas l’intransigeance israélienne ou la division palestinienne mais la question fondamentale à ce stade est : l’ennemie sioniste réussira-t-il à briser et soumettre la Citadelle de la dernière résistance qui ne renoncera jamais à la Palestine?

En considérant cela, nous devons définir nos premiers objectifs et gérer nos batailles actuelles   tels que l’affaire du siècle, les colonies, le droit de retour, Jérusalem, la mosquée d’Al-Aqsa, le Golan terre syrienne, ainsi que la question primordiale et stratégique, celle de lutter contre la légitimité d’Israël et maintenir nos droits sur l’ensemble du sol palestinien.

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