RECENSIONS

 Jean Michel Vernochet, Les fiancés de la mort, Paris, Sigest , 2017, 176p.

Ce titre peut paraître déroutant au lecteur peu averti…

Le sous-titre « la stratégie de la terreur globale » est plus explicite.

Jean Michel Vernochet – au-delà de données événementielles purement journalistiques – nous fait ici participer à une enquête de fond sur la portée de ce terrorisme moderne, sur ses fondements et sur ses objectifs…

Peu d’ouvrages pratiquent ce genre de démarche qui n’est ni aisée ni facile, et en ce sens il est précieux.

Peu d’ouvrages illustrent à ce point cette maxime d’Edward Mandel House dit « colonel House » éminence grise du président Woodrow Wilson  :

 » La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source. « 

Ce livre est une invitation à travers les cas très concrets et emblématiques d’actes terroristes, qui ont ensanglanté le monde depuis près de vingt ans, à rechercher à la fois ce qui les unit et ce qui les produit… et finalement à qui ces actes – qui n’ont rien de spontanés – profitent !

Autrement dit, quelle est leur finalité, au-delà des faits bruts et monstrueux, destinés à frapper les peuples et à marquer les esprits, qui mettent en cause des illuminés radicalisés, « les fiancés de la mort » qui n’apparaissent, après analyse, n’être véritablement que les idiots utiles d’un système très planifié : celui de « la stratégie de la terreur globale ».

Une démonstration précise et brillante qui serait à rapprocher, s’il n’en est pas l’illustration, pour ceux qui s’intéressent aux techniques de manipulation des masses, d’un rapport célèbre aujourd’hui trop peu évoqué : « le Rapport de la Montagne de fer ».

A l’origine, c’est Kennedy qui commanda ce rapport à une quinzaine d’universitaires et de membres de la société civile. Son but était de répondre à la question : « Comment s’assurer de l’assujettissement des peuples à leurs gouvernants dans un monde où l’on se trouverait, par surprise, en situation de vivre sous un régime de paix perpétuelle ? ».

La réponse, au bout de cinq ans d’analyses et de recherches, fut ce rapport dont les conclusions firent scandale, au point que l’un des participants, transgressant le secret initialement convenu, le fit publier…

C’est au président Lyndon Johnson, successeur de Kennedy après son assassinat, qu’il fut remis…

Les conclusions présentées y sont accablantes : « Rien ne peut remplacer la guerre, qualifiée de moteur de la civilisation, dont la menace comme les effets permettent seuls de garantir l’obéissance des peuples à leurs gouvernants ».

Et ce rapport, après analyse des « bienfaits civilisationnels de la guerre » préconise en cas de situation de « paix par surprise » de créer un  ennemi fictif !

Nous sommes bien dans cette situation après la chute du mur de Berlin, depuis plus de vingt ans, où après la diabolisation de Saddam Hussein, de Muhammad Kadhafi et aujourd’hui de Bachar el-Assad, nous avons assisté à la montée en puissance de mouvements terroristes, portés par l’idéologie wahhabite, créés notamment sous l’égide de Ben Laden lui-même l’homme des services spéciaux pakistanais dont les liens avec la CIA ne sont plus à démontrer ni même à établir.

C’est toute cette stratégie de la terreur dont les instigateurs « aux mains propres » – ceux de l’axe atlanto-sioniste qui financent, arment, voire même encadrent ces groupes terroristes – sont les réels bénéficiaires, que Jean Michel Vernochet nous permet de découvrir ici…

C’est un constat effrayant, dont le talent de l’auteur nous permet de prendre conscience.

Clément d’Amuriam

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Grégoire Demezon, Franck Peinaud, L’Europe face au terrorisme, coll. « La pensée stratégique », Paris, 2017, 252 p.

Tous deux officiers supérieurs de la gendarmerie nationale, les auteurs se sont attachés à évoquer à la fois la nouveauté sur le théâtre européen et la méthodologie employée des actes de terrorisme islamiste récents. À côté de cette analyse fouillée des faits et des processus de réalisation, Grégoire Demezon et Franck Peinaud ont ciblé en six chapitres, l’approche globale de la lutte contre le terrorisme développée par l’Union européenne, en se fondant sur un travail considérable de dépouillement des stratégies édictées par le Conseil de l’Union européenne, ses plans d’action ainsi que sur les nombreux rapports de la commission, du conseil, d’Europol, des assemblées françaises et d’autres documents communautaires. Selon les auteurs, l’approche globale de la lutte contre le terrorisme développée par l’Union européenne, est d’abord constituée de la question stratégique d’adaptation à ce nouveau défi, s’articulant en quatre piliers, la prévention, la protection, la poursuite et la réaction, eux-mêmes concrétisés dans un plan d’action résumé en sept objectifs prioritaires : dégager un consensus international pour lutter contre le terrorisme ; priver les terroristes de ressources financières ; développer les capacités de l’UE et des Etats membres pour identifier les terroristes, enquêter à leur sujet et les poursuivre ; sécuriser les transports internationaux et renforcer l’efficacité des contrôles aux frontières ; développer la capacité de l’UE et des Etats membres à faire face aux conséquences d’un attentat terroriste ; réduire les capacités de recrutement des groupes terroristes ; concentrer les actions menées dans le cadre des relations extérieures de l’UE sur des pays tiers prioritaires, dont la capacité de lutte contre le terrorisme peut être améliorée. C’est ensuite, selon Grégoire Demezon et Franck Peinaud, le maintien et l’amélioration de la réalité du cadre institutionnel communautaire. C’est également la prise de conscience de l’existence d’un lien consubstantiel entre « la défense de l’avant », selon Pierre de Villiers, ancien Chef d’état-major des armées françaises, et la protection des citoyens in situ. C’est, de plus, développer une prévention, notamment fondée sur la lutte contre la radicalisation et le renforcement de la coopération internationale. Le partage du renseignement, l’harmonisation des dispositions pénales, le contrôle des armes et des explosifs et la lutte contre le financement du terrorisme doivent être le fondement de la répression. Enfin l’un des aspects majeurs de cette stratégie globale de l’UE, est la recherche de la réduction des vulnérabilités des sociétés européennes. Les auteurs concluent en soulignant que « l’Union européenne s’est dotée, dès 2005, d’une stratégie ambitieuse en matière de lutte contre le terrorisme (…). Les attentats de Paris[1] (2015) puis ceux de Bruxelles (2016), par leur ampleur et l’émotion qu’ils ont suscitée, ont permis de donner un nouvel élan à cette politique » laquelle a atteint ainsi la formidable réussite et le succès antiterroriste dont peuvent s’enorgueillir les institutions de l’Union européenne, grâce à leur intelligence extrême des enjeux, leur immense capacité à traiter le défi islamiste à la racine et à leur terrible efficacité opérationnelle en amont et en aval des actes terroristes djihadistes.

Renaud Ponant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 François Waroux, James Bond n’existe pas. Mémoire d’un officier traitant, Paris, Mareuil éditions, 2017, 213 p.

L’auteur est un ancien officier traitant qui entraîne le lecteur à comprendre les différents paramètres d’ordre militaire, économique et surtout psychologique inhérent à cette activité des agents de renseignement. L’ouvrage loin de révéler des secrets d’État incompréhensibles, est au contraire très pédagogique dans l’explication de la méthode d’action des officiers traitant dans l’objectif principal de recrutement des agents qui auront à transmettre le renseignement primaire à l’OT. François Waroux passe en revue ses différentes missions aux Etats-Unis, en Éthiopie, au Sénégal, en Tunisie, au Pakistan. Il nous enseigne que le renseignement est toujours politique même s’il s’agit de guerre industrielle et technologique. Il insiste sur la caractéristique psychologique, l’action sur le mental propre aux procédures de prise de contact avec un futur agent et, même si les méthodes et les moyens employés ciblent essentiellement l’affligeante banalité des défauts humains, il apparaît que l’officier traitant doit user des mécanismes complexes de la psychologie humaine sans se mettre lui-même en danger. L’OT rend compte en permanence à la « Centrale », il est cadré par des objectifs et, en tant que militaire, l’obéissance est toujours une évidence ; il reste, malgré tout, seul sur le terrain, dépendant de l’enseignement poussé qu’il a reçu lors de son recrutement et de son instinct. Même si François Waroux reste relativement discret sur ce point, il concède l’existence du dilemme moral, en raison des nombreux mensonges, de la tromperie, de la tricherie, des vols mais surtout de la quasi-absence de confiance dans tous ses rapports humains. L’essentiel de son ouvrage concerne sa carrière effectuée lors de la guerre froide et il confirme que cette période fut d’une richesse extraordinaire en intelligence déployée dans le cadre d’une compétition intellectuelle dont la guerre économique actuelle, qui l’a remplacé, n’est qu’un pâle reflet. Malgré le saut technologique effectué depuis, rien, absolument rien ne remplace l’élément humain et les Etats-Unis ont mis beaucoup de temps à s’en rendre compte contrairement aux vieilles nations comme la France et le Royaume-Uni par exemple. L’auteur nous fait comprendre par le titre de son ouvrage passionnant que James Bond est l’antithèse non seulement de l’agent mais de l’officier traitant ; en creux, il révèle le nombre considérable de héros humbles et inconnus des services de renseignement, lesquels ont servi leur pays avec une efficacité incomparable si l’on observe les quelques vedettes le plus souvent autoproclamées que la grande presse incompétente impose à la une. Publié dans les excellentes éditions Mareuil, ce livre enrichit considérablement la connaissance et la nécessité de l’action des services au cœur du conflit larvé que se livrent les puissances.

Roger Pontus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Natacha Polony (dir.) et le Comité Orwell, Bienvenue dans le pire des mondes. Le triomphe du soft totalitarisme, Paris, Plon, 2016, 213 p.

Très éloigné des trop nombreux essais à l’apparence foisonnante et qui se révèlent d’une pauvreté conceptuelle affligeante, inversement proportionnelle à leur envahissement des grands médias complaisants, ce travail soigné, approfondi, précis et rigoureux du comité Orwell dont la présidente est Natacha Polony, concentre une réflexion affinée sur la transformation des démocraties occidentales à l’aune de la mondialisation. La démocratie moderne était presque par nature portée à sa transformation récente de nature oligarchique à partir du moment où elle se mouvait dans un cadre capitaliste où l’argent, le profit, la nature utilitariste de toute action, de toute pensée conditionnaient l’ensemble des rapports humains. Ici, la praxis se voit confortée par l’idéologie du libre-échangisme. La surpuissance de la finance internationale elle-même soutenue à la fois par la perte du pouvoir monétaire des Etats et les colossales multinationales des nouvelles technologies de l’information et communication[2], a suscité un monde dans lequel la normalisation, l’uniformisation, la répétition et le formatage des individus, sont tels que les auteurs pensent qu’il y sévit un totalitarisme de moins en moins mou est de plus en plus porté à l’absolutisme. Les méthodes de contrôle qui réduisent le champ des libertés individuelles sont d’ordre technologique et électronique, donc, a priori, difficiles à percevoir même quand il s’agit des comptes bancaires de n’importe quel particulier. Natacha Polony et les différents auteurs excellent à nous faire comprendre la progression et la réalité du processus totalitaire issu du relativisme libéral anglo-saxon, processus largement relayé par une presse marquée d’un tropisme américain, surtout new-yorkais, devanciers, sur les radios du service public notamment, de tous les produits de communication de masse d’outre-Atlantique avec une servilité déconcertante. Les auteurs établissent le constat du déracinement et de la désidentification de peuples entiers par le ciblage de l’éducation où sévissent la globalisation éducative, la novlangue (manipulation du langage) et le Tittytainment. De même, dans ce domaine et dans celui économique, la poche de résistance la plus importante tant sociale, culturelle qu’intellectuelle au rouleau compresseur de la massification, les classes moyennes, sont spécifiquement visées par la nouvelle oligarchie utilisant le multiculturalisme, la financiarisation et le néolibéralisme globalisé. Il est urgent de lire ces lignes qui nous rappellent combien le libéralisme a pu absorber le libertarisme comme composante sociale et culturelle sur la base du relativisme, du communautarisme, de l’individualisme poussé jusqu’à l’égotisme. L’apport le plus important de ce remarquable ouvrage est l’analyse objective du processus de prise de contrôle du capital numérique par le capitalisme financier, et par voie de conséquence, de la capacité de contrôle, de l’imposition d’une rentabilité aussi systématique que fausse et qui se révèle un appauvrissement pour la masse de moins en moins sécurisée sur le plan social en raison de la réduction des pouvoirs de l’État et du démantèlement de la protection sociale. L’envoûtement culturel est passé de l’aliénation télévisuelle assez basique aux nouvelles technologies, Smartphone, Internet, nanotechnologies, etc. Ce qui étonne nos auteurs est que la séduction hypnotique puisse toujours fonctionner avec autant d’efficacité ; l’élection en France du nouveau pouvoir macronien (ne recueillant pourtant que 14 % des inscrits au premier tour des législatives) n’est pas près de modifier la donne et risque de repousser aux calendes grecques l’expression de la volonté des peuples à l’échelon national. Avec cet ouvrage Natacha Polony poursuit de belle manière son travail de remise en cause de la modernité tardive.

Roland Pipet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alexandre Trudeau, En Chine, Paris, Paulsen, 2017, 329 p.

Alexandre Trudeau, fils de Pierre Elliott Trudeau, figure politique majeure au Canada, et frère de l’actuel Premier ministre Justin Trudeau, est un réalisateur de films documentaires et un journaliste indépendant à Montréal dont les travaux ont, par exemple portés sur la classe moyenne de Badgad en guerre, sur le mur séparant Israël des territoires palestiniens, sur la détention de Canadiens soupçonnés d’activités terroristes, sur la crise humanitaire au Darfour et, plus récemment, sur le nouvel ordre mondial. L’ouvrage qu’il nous livre ici est un récit tout à fait intéressant et aux multiples facettes car l’auteur a choisi de condenser la description de ses nombreux voyages au cœur du pays au cours de ces dix dernières années avec les témoignages des personnes rencontrées quelque soit leurs statuts et activités. Son éclairage est passionnant car la tentative d’élucidation de l’énigme chinoise à laquelle nous convie Alexandre Trudeau n’est pas une, mais diverse, aussi complexe et riche que le pays lui-même diffère d’une région à l’autre, d’une atmosphère culturelle à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un statut social à l’autre. C’est ainsi que l’auteur nous fait découvrir les diversités de développement du pays, entre campagnes oubliées et mégapoles hyper-connectées, par exemple. Il faut lire les impressions de chaque rencontre, l’analyse qu’en fait le narrateur pour s’imprégner des atmosphères chinoises. Ainsi l’intellectuel Min, par exemple, qui travaille à recueillir nombre de témoignages et qui aime à étudier la période de la révolution culturelle, notamment à travers les archives, maintient une certaine ambivalence dans la perception qu’il a de l’action de Mao Tsé Toung et de l’actuelle narration du récit national, pour le premier un chef manipulant le peuple pour essayer de détruire le gouvernement qu’il a lui-même créé, et aujourd’hui, « la Chine se construit un passé fait sur mesure et facile à emballer on ne peut pas vivre sans passer donc on en fabrique un de toute pièce. Simple produit en masse près de l’usage. Je suis sûre que tu es au courant de ces méthodes. Je me suis institué scribe de cette ambition que nous avons d’effacer le passé. Pour qu’on se souvienne de ce dont nous sommes capables, du bon comme du mauvais »… Le dialogue avec la traductrice qui accompagne Alexandre Trudeau tout au long de son périple est une sorte de fil rouge pour le récit, et, à l’occasion de la description de Shanghai mais aussi de Hong Kong, les échanges sont passionnants tant intellectuellement que culturellement, où il est suggéré par exemple que Hong Kong aurait mieux préservé la culture chinoise, comme Taïwan, que la Chine elle-même. Loin d’être un seul descriptif ou un récit de voyage touristique, l’ouvrage d’Alexandre Trudeau ouvre des perspectives anthropologiques et des réflexions d’ordre civilisationnel par la force d’un récit de voyage, liant ainsi une forme agréable et dynamique à d’authentiques réflexions de fond.

Renaud Ponant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Maroun Labaki, Trump tu ne nous auras pas !, Bruxelles-Paris, La boîte à Pandore, 2017, 75 p.

Journaliste belge d’origine libanaise, l’auteur couvre depuis près de quarante ans l’actualité européenne notamment pour le quotidien Le Soir de Bruxelles et il est président du Press club Bruxelles Europe. Prenant prétexte de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, l’essai de Maroun Labaki est en réalité un plaidoyer fervent de l’Union européenne. Tout au long des cinq chapitres de son travail, l’auteur relève tous les aspects qui ont pu porter tort à la réputation de l’Union européenne comme, par exemple, le taux de participation aux élections européennes passé de 61,99 % en 1979, année des premières élections au suffrage universel à 42,54 % au dernier scrutin : « huit élections et sept baisses, C’est un peu partir en vrille » souligne l’auteur. De plus, à côté d’un euroscepticisme de droite bien connu, Maroun Labaki signale l’existence d’un discours de gauche comme celui de Paul Magnette en 2012, à l’époque ministre fédéral belge des entreprises publiques, de la politique scientifique et de la coopération au développement, délégitimant la commission dans un entretien au Morgen : « qui connaît Olli Rehn[3] ? Qui a jamais vu son visage ? Personne ! », insistant sur la RTBF, « la commission européenne n’a pas encore aujourd’hui la légitimité démocratique pour décider à la place du gouvernement » et dans La Libre, « nous devons tenir tête à la commission européenne comme les grands Etats le fond, sinon nous allons glisser vers une Europe ultralibérale » ; depuis, Paul Magnette s’est fait à nouveau connaître par le rejet provisoire du CETA, en tant que ministre président de la Wallonie. Maroun Labaki déplore que la « mécanique institutionnelle européenne unique en son genre et née de l’immense créativité des “Pères fondateurs”, (soit) d’une efficacité toute relative (…) », et que « la carte politique de l’Europe (soit) toute en clair-obscur ». Le résultat logique en est que l’Union européenne soit délégitimée aux yeux des Belges puisqu’à l’été 2006 comme le rappelle l’auteur, à la question « en général l’Union européenne évoque-t-elle pour vous une image très positive, assez positive, neutre, assez négative ou très négative ? », 54 % des Belges interrogés répondait « très positive » ou « assez positive », mais au printemps 2011, ils n’étaient plus que 47 %, et en novembre 2016, plus que 35 %… Maroun Labaki va alors de façon pertinente, se servir de deux exemples, la défense et la recherche pour redorer le blason de l’UE. Dans le premier cas, après avoir rappelé que le brexit va faire de la France la seule puissance nucléaire de l’Union et que les Etats membres ont fait baisser entre 2006 et 2014 de 32 % leurs budgets de recherche militaire, l’auteur pose ces questions pertinentes « quelle forme devra prendre cette défense ? Une armée européenne, comme elle avait été imaginée au début des années cinquante ? Le débat sera évidemment plus large et il pourrait être long ». De même, au niveau de la recherche, autre exemple choisi par Maroun Labaki, l’UE est passée de 31 % de la capacité de recherche mondiale voici vingt ans à seulement 23 % en 2014 et elle a été dépassée par la Chine qui était à 3 % 1994 ; au niveau des publications scientifiques mondiales, l’UE est passée de 34 % en 2000 à 27 %  en 2013, 75 % de la connaissance mondiale est donc produite en dehors de l’union. L’auteur indique que, selon les rapports de la commission européenne, grâce aux économies phénoménales réalisées par l’achèvement de l’intégration européenne, les investissements pour défragmenter la recherche pourraient être réalisés, ce qui lui permet d’achever son essai dynamique et combatif sur la faisabilité d’un projet fédéral.

Renaud Ponant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Atlas 2018 socio-économique des pays du monde, Paris, Larousse, 2017, 352 p.

C’est à un remarquable travail de mise à jour et d’actualisation auquel s’est attaché cette nouvelle édition de l’Atlas socio-économique des pays du monde. En effet depuis la première édition de 2003, de très nombreux bouleversements de fond sont venus remodeler la cartographie et les rapports de puissance entre les États, entre les régions d’un monde devenu multipolaire et multi-conflictuel. Cet Atlas réunit un remarquable travail cartographique, plus de deux cent cartes classées géographiquement par continent, mais également thématiquement, sur la population, le développement économique et durable, l’éducation, la santé, les régions de France et les pays francophones, etc. Ces cartes sont accompagnées d’une soixantaine de graphiques présentant des indicateurs statistiques sur la population, la santé, les conditions de vie, l’éducation, l’économie, les productions, l’énergie et l’environnement. Considérablement enrichies, les rubriques auxquelles nous sommes habitués et qui font la marque de cet Atlas, nous présentent le milieu naturel, la fiche d’identité, les données démographiques et les données économiques de chaque pays. C’est donc une véritable radioscopie de chaque composante du monde aujourd’hui dont dispose le lecteur avec ce travail d’une grande pertinence. Partant d’une description générale par continent, cet ouvrage est d’une grande précision tant dans l’étude chiffrée que dans l’analyse rédigée pays par pays. Disposant d’une très belle couverture cartonnée, d’un appareillage de légendes cartographiques complet et d’un index de 31 pages, l’Atlas 2018 socio-économique des pays du monde remplit parfaitement son rôle pour tous ceux qui veulent trouver de façon rapide et complète les données essentielles sur chaque pays du monde.

Roland Pipet

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